Au fil de la conversation
Transcripción
Au fil de la conversation
LE POÈTE ET LE DIPLOMATE WERNFRIED KOEFFLER JEAN-LUC POULIQUEN LE POÈTE ET LE DIPLOMATE Les mots et les actes Prologue d’Adolfo Pérez Esquivel prix Nobel de la Paix © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-54922-7 EAN : 978229654922-7 SOMMAIRE Prologue / Prólogo d’Adolfo Pérez Esquivel«««« Au fil de la conversation eFULWXUHGLSORPDWLTXHHWFUpDWLRQOLWWpUDLUH««««« &RQVXOVGLSORPDWHVHWpFULYDLQV«««««««« 3UHPLHUHWVHFRQGPpWLHU««««««««««« /HGLSORPDWHHWOHSROLWLTXH««««« 'HTXHOTXHVpFULYDLQVGLSORPDWHV«««««««« /HVRXYHQLUGH&KDWHDXEULDQGHW/DPDUWLQH«««««« 'HVUpJLPHVHWGHVFRQWUDLQWHV««««««««« /HGLSORPDWHHQVRQUR\DXPH««««««««« /HVWHUULWRLUHVGHO¶pFULWXUH«««««««««««« 'LSORPDWLHFXOWXUHOOH««««««««««««« &°XUSpULSKpULHVSURORQJHPHQWV«««««««« Epilogue La fable du coq et de l’inspecteur général… Quelques livres pour poursuivre«««««««« Index des noms cités«««««««««««« Note sur les auteurs««««««««««««« Prologue Faire cheminer le mot Il y a des personnes qui, par leur profession ont la possibilité de voyager et de rencontrer différentes cultures, religions et coutumes. Ils ne sont pas des voyageurs "volatiles" car ils doivent rester dans le pays de destination pour leur activité diplomatique, ce qui les amène à comprendre la richesse naturelle du pays, de sa société et de sa culture, de ses paysages aussi, son urbanisation et la situation socio-politique et économique des peuples. Beaucoup dépendra de leur regard car voir est une chose, regarder en est une autre, comme entendre est différent d’écouter. C’est un véritable exercice que de pouvoir s’approcher de la compréhension de l'histoire et de la vie des peuples, d’entrer dans leur condition. Il faut pour cela avoir la capacité de « donner aux mots le bon chemin ». Quelques-uns savent comment le transmettre aux lecteurs, à travers la diversité des idées et des propositions de leurs apports littéraires. Ils permettent d’approcher le vécu et les valeurs à travers la poésie ou la prose, instituant ainsi un dialogue qui va créer des ponts de communication entre les continents. Les indiens du Cauca, en Colombie, à travers leurs expériences de vie, transmises par leurs ancêtres disent : «Le mot sans action est le vide. Le mot et l’action en dehors de la communauté, c'est la mort ». La sagesse des peuples est de donner énergie et force aux mots, de savoir faire passer le message à la «communauté». Les auteurs de ce livre souhaitent nous encourager à explorer de nouvelles relations entre les mots et les actes et informer un public plus large sur l'activité diplomatique. Ils veulent aussi nous faire découvrir la richesse cachée de l'écrivain diplomate. J'ai rencontré dans ma vie des poètes-diplomates extraordinaires, et parmi eux Vinicius de Moraes du Brésil, qui a chanté ses poèmes avec beaucoup de succès. Je pense aussi à Rubén Vela, ambassadeur d'Argentine en Autriche, qui, dans ses textes a célébré la Pachamama, la Terre-Mère. Je pense à tant d’autres diplomates encore de différents pays, qui ont semé les mots, pour nous faire partager leurs pensées et de nouvelles alternatives interculturelles. Le diplomate représente son pays et doit à ce titre établir des liens sociaux, culturels, politiques et économiques. Les différents regards et expériences qui en résultent, sont présentés par les auteurs de ce livre, Wernfried Koeffler et Jean-Luc Pouliquen. Ce qu'ils appellent les différents territoires de l'écriture sont là pour révéler une prise de conscience et de responsabilité qui doit conduire à la constitution d’une culture planétaire. Parlant de l’opportunité qu’ils ont eue de visiter, sur la presqu'île de Giens, en Provence maritime, la maison de Saint-John Perse, prix Nobel de littérature en 1960, les auteurs nous font part de la richesse qui vient toujours du dialogue et du partage de la pensée. Il est vrai que dans le processus en marche de «globalisation», où il semble que le partage soit pour tous, la réalité nous dit en fait que nous sommes aujourd'hui dans un monde qui conduit à la « monoculture des pensées » et à la perte des identités. De là vient la nécessité de renforcer l’appartenance, les cultures et les valeurs des peuples. Les diplomates - écrivains cherchent à découvrir ces autres façons de regarder le monde, de pouvoir tendre des ponts d’unité et de solidarité. C’est ce qui se passe lorsque les « mots cheminent » et expriment leur message. Comme le disent les auteurs « apporter un témoignage né de deux expériences différentes : celle l'écriture et celle des ambassades » à partir d'exemples directs d'expériences vécues et donner de la sorte un nouveau point de vue. Concilier les obligations du métier avec la liberté de l'expression littéraire est un réel défi. Souvent le calme apparent d'une ambassade se voit secoué par les événements qui traversent le pays où elle se trouve, des conflits, des violations des droits de l’Homme, le manque de liberté des citoyens et citoyennes. Des situations complexes où le diplomate doit garder « équilibre et équité », afin de ne pas provoquer des situations souvent difficiles à surmonter. Personne n'est aseptique et encore moins quand il s'agit de situations humanitaires. Je peux témoigner de certaines ambassades, où leurs ambassadeurs ont contribué discrètement à sauver des vies, y compris celles de mes enfants qui ont été protégés et sortis d’Argentine, alors sous la dictature militaire, pour être amenés jusqu’à Vienne. Ce sont des actes silencieux et courageux dans la défense de la vie et je tiens à exprimer à l'ambassadeur de l'Autriche, l'un des auteurs du livre, Wernfried Koeffler, mes remerciements et ceux de ma famille, pour avoir sauvé mes trois jeunes enfants. Hildegard Goss Mayr, du Mouvement International pour la Réconciliation et promoteur du Service Paix et Justice en Amérique latine, puis le Premier ministre d'Autriche, Bruno Kreisky, ont été ceux qui ont impulsé la protection de mes enfants par l'ambassade d'Autriche pour leur sauver la vie. Le livre prend le chemin des mots, en suivant « le fil de la conversation» dans le territoire de l'écriture, afin de nous accompagner et de nous faire entrer dans ce monde de la diplomatie, généralement inconnu. Ce travail est une riche contribution à la réflexion et la recherche de nouveaux chemins à partir de l'expérience et de la vie de ceux qui depuis plusieurs années dans diverses destinations, constatent que les contextes sont différents et que les problèmes de l’homme sont les mêmes. Adolfo Pérez Esquivel %XHQRV$LUHVOHGpFHPEUH Prólogo Hacer caminar la palabra Hay personas que por su profesión o posibilidades de viajar y encontrarse con diversas culturas, religiones y costumbres, no son viajeros “volátiles”, ya que deben permanecer en el país de destino por su actividad diplomática y eso los lleva a comprender la riqueza natural del país, de su gente y su cultura, de sus paisajes, urbanización y situación socio política y económica de los pueblos. Mucho dependerá de su mirada ya que una cosa es ver y otra mirar, que una cosa es oír y otra escuchar, es un ejercicio de poder acercarse a comprender la historia y vida de los pueblos; de adentrarse en la vida si tienen la capacidad de hacer “caminar la palabra”, de algunos que han encontrado la capacidad de transmitirla a los lectores, a través de la diversidad de ideas y propuestas de sus aportes literarios que permiten acercar vivencias y valores a través de la poesía, o la prosa, estableciendo un diálogo que va generando puentes de comunicación entre los continentes. Los indígenas del Cauca, de Colombia, a través de sus experiencias de vida, transmitida a través de sus ancestros dicen: “La palabra sin acción es el vacío. La palabra y la acción por fuera de la comunidad es la muerte”. La sabiduría de los pueblos es dar energía y fuerza a la palabra, cómo llega el mensaje a la “comunidad”. Los autores dicen: “nos incitan a explorar una relación nueva entre las palabras y los hechos, poner en conocimiento de un público más amplio que la actividad diplomática y descubrir la riqueza de esa otra vertiente del escritor y diplomático". He conocido a varios extraordinarios poetasdiplomáticos, entre ellos a Vinicius da Moraes, de Brasil, quien hizo canción sus poemas con gran éxito; a Rubén Vela, embajador argentino en Austria, quien con sus poemas fue al encuentro de la Pachamama y tantos otros diplomáticos de diversos países que han sembrado la palabra, acercando pensamientos y compartiendo nuevas alternativas interculturales El diplomático representa a su país y debe establecer vínculos sociales, culturales, políticos y económicos. Esas miradas y experiencias se van expresando en el libro de los autores, Wernfried Koeffler y Jean- Luc Pouliquen. Lo que llaman diferentes territorios de la escritura que ellos nos mostraban y tomar conciencia de su responsabilidad de llegar a constituir una cultura planetaria. Expresan la posibilidad de encontrarse en casa de Saint-John Perse, premio Nóbel de literatura en 1960, en la península de Giens, en la Provence marítima; experiencia que siempre deja la riqueza del diálogo y el encuentro del pensamiento compartido. Es cierto que en la llamada “globalización” donde pareciera que el compartir es de todos, la realidad que se vive, nos dice que hoy estamos en un mundo que nos lleva al “monocultivo de las mentes” y a la pérdida de las identidades. De ahí que nace la necesidad de fortalecer la pertenencia, culturas y valores para ser pueblos. Los diplomáticos – escritores buscan descubrir esas otras formas de mirar el mundo, poder tender puentes de unidad y solidaridad, es cuando la “palabra camina” y expresa su mensaje. Como bien señalan: “aportar un testimonio nacido de dos experiencias diferentes: la de la escritura y la de las embajadas”, sustentándolas en ejemplos directos de experiencias vividas y darle un nuevo aspecto. Conciliar las obligaciones con la libertad de la expresión literaria es todo un desafío, muchas veces la tranquilidad aparente de una embajada se ve sacudida por los acontecimientos que vive el país donde se encuentran, por los conflictos, violaciones de los derechos humanos, falta de libertad de los ciudadanos y ciudadanas, situaciones complejas, pero donde el diplomático debe conservar “el equilibrio y ecuanimidad”, para no provocar situaciones muchas veces difíciles de superar. Nadie es aséptico y menos aún cuando se trata de situaciones humanitarias, puedo dar testimonio de algunas embajadas donde sus embajadores han contribuido silenciosamente a salvar vidas, entre ellas la de mis hijos que fueron protegidos y sacados de la Argentina, que se encontraba bajo la dictadura militar, hasta llegar a Viena. Son actos silenciosos y de coraje en defensa de la vida y quiero expresarle al embajador de Austria, uno de los autores del libro, Wernfried Koeffler mi agradecimiento y de mi familia, al haber salvado a mis tres pequeños hijos. Hildegard Goss Mayr, del Movimiento Internacional de la Reconciliación y promotora del Servicio Paz y Justicia en America Latina y el entonces Primer Ministro de Austria, Bruno Kreisky, fueron los que impulsaron la protección en la embajada de Austria de mis hijos para salvarles la vida. El libro lleva a recorrer el camino de la palabra, desde “el hilo de la conversación” en el territorio de la escritura que permite acompañar y adentrarse en ese mundo muchas veces desconocido de la diplomacia, para la generalidad de las personas. La obra es un rico aporte a la reflexión y búsqueda de nuevos caminos que surgen de la experiencia y vida de quienes durante varios años, en diversos destinos, encuentran que los contextos son diversos y donde los problemas humanos son los mismos. Adolfo Pérez Esquivel %XHQRV$LUHVGHGLFLHPEUHGHO Au fil de la conversation « J’ai remarqué, au fil de la conversation, que ces dialogues étaient un genre littéraire, une manière indirecte d’écrire. » -RUJH/XLV%RUJHV jSURSRVGHVHVHQWUHWLHQVDYHF2VYDOGR)HUUDUL Jean-Luc POULIQUEN : Le 2 décembre 1980, disparaissait Romain Gary dans des circonstances qui relèvent du romanesque. Quelques heures avant son suicide, il avait acheté boulevard Saint-Germain, à quelques pas de son domicile parisien, une robe de chambre rouge afin que le sang qui allait se répandre après qu’il se fut tiré une balle dans la tête, se confonde avec la couleur et atténue ainsi l’horreur de la découverte de son corps inanimé. C’est avec un vieux browning datant de ses années de guerre qu’il s’est tué. Romain Gary était écrivain, il avait été diplomate. Sa mort est une illustration tragique des relations qui peuvent se tramer entre l’écriture, la diplomatie et la vie. Il y en a fort heureusement de moins dramatiques. Wernfried Koeffler vous êtes vous-même diplomate, un métier qui vous a confronté à travers le monde à des situations périlleuses et hors du commun. Vous êtes aussi un amoureux de l’écriture. À ce titre je vous remercie d’avoir accepté cette conversation avec le poète que je suis. Elle va nous permettre de comparer nos pratiques et de croiser nos regards sur une réalité que nous ne voulons ni l’un ni l’autre faire basculer dans le mythe. Vous êtes aussi de nationalité autrichienne et ce sera pour nous un atout qui va favoriser une approche distanciée de la culture française. Alors, pour votre part à quoi attribuez-vous cet intérêt du diplomate pour l’écriture ? Écriture diplomatique et création littéraire Wernfried KOEFFLER :&¶HVWTXHO¶pFULWXUHRFFXSHXQH JUDQGH SDUWLH GH VRQ WUDYDLO /H PLQLVWqUH GHPDQGH GHV UDSSRUWV VXU WRXWHV OHV TXHVWLRQV ELODWpUDOHV RX PXOWLODWpUDOHV 0DLV DXMRXUG¶KXL R WRXW HVW VWUXFWXUp HW VFKpPDWLVpDXVHLQGXPLQLVWqUHGHO¶218RXGHO¶8(SDU H[HPSOH LO HQ UpVXOWH XQ UpGXFWLRQQLVPH pOHFWURQLTXH (W FHOXLFLFRQFHUQHDXWDQWOHIRQGTXHODTXDOLWpGHVUDSSRUWV HW FRPPXQLFDWLRQV '¶DXWUH SDUW RQ HVW VXEPHUJp SDU OD TXDQWLWp J.-L. P. : Vous voulez dire qu’à l’intérieur même de ce que vous considérez comme une écriture professionnelle, la condition actuelle du diplomate l’empêche de s’attarder sur le style, de tendre même vers la littérature. W. K. : 8Q H[HPSOH LO \ D TXLQ]H DQV DYDQW QRWUH DGKpVLRQ j O¶8( O¶DPEDVVDGHXU pFULYDLW UpJXOLqUHPHQW DX PLQLVWUHXQ©UDSSRUWSROLWLTXHªVLJQpGHVDPDLQ&¶pWDLW DYDQWO¶RUGLQDWHXU&HUDSSRUWFRQWHQDLWXQSDQRUDPDELHQ DUJXPHQWp G¶XQ VXMHW SROLWLTXH VRXYHQW G¶XQ VW\OH SHUVRQQHO HWOLWWpUDLUH /HFKHIGHPLVVLRQHQpWDLWOHVHXO UHVSRQVDEOH /H ©UDSSRUW SROLWLTXHª sui generis D GLVSDUXFRPPHRXWLOGLSORPDWLTXH,OIXWUHPSODFpSDUXQH PXOWLWXGH GH UDSSRUWV VXU GHV VXMHWV GH SOXV HQ SOXV WHFKQLTXHV /HVW\OH HVW IRUJpDORUVSDUXQYRFDEXODLUHGH WUDYDLO TXL GHYLHQW LQFRPSUpKHQVLEOH SRXU O¶KRPPH GH OD UXH /¶pFDUW HQWUH XQ VW\OH GH WUDYDLO HW XQ VW\OH OLWWpUDLUH HVW GHYHQX SOXV JUDQG TXH GX WHPSV GX ©UDSSRUW SROLWLTXHª 6L O¶RQ HVW YLFWLPH GH FH VW\OH HVWLO SRVVLEOH GHUHVWHURXGHGHYHQLUpFULYDLQ"'DQVFHVFRQGLWLRQVR SHXWRQRGRLWRQFXOWLYHUVRQVW\OHOLWWpUDLUHSURSUH" J.-L. P. : Nous voilà encore plus éloignés de cette époque où un Stendhal, par exemple, consul de France à Civitavecchia, pouvait envoyer des rapports dans lesquels perçaient des éléments que l’on allait retrouver dans /D FKDUWUHXVHGH3DUPH et qui laissaient le champ libre à une certaine confusion des genres. Mais votre remarque me renvoie en fait à Jacques Audiberti. Il faisait une distinction entre l’écriveur, l’écrivant et l’écrivain et pour lui tout auteur était amené à passer par ces trois états. De votre constat, il ressort qu’aujourd’hui, à l’intérieur d’une ambassade un diplomate ne peut être qu’un écriveur, c’est-à-dire utiliser le langage seulement comme un instrument. Lorsque vous posez la question de savoir où l’on peut cultiver son style propre, vous séparez en même temps la sphère littéraire de la sphère diplomatique. J’ai envie de vous demander alors où se situe l’intersection entre les deux et quelle est sa véritable nature ? W. K. : -H YDLV YRXV UDFRQWHU XQH SHWLWH DQHFGRWH FRQFHUQDQW OH WUDLWHPHQW GX ODQJDJH G¶XQ SRLQW GH YXH SROLWLTXHHWGLSORPDWLTXH/RUVG¶XQHUpXQLRQG¶XQJURXSH G¶H[SHUWVGHO¶8(HQPDWLqUHGHFRQWU{OHGHVDUPHPHQWVj *HQqYH DX GpEXW GHV DQQpHV MH ILV XQH SURSRVLWLRQ TXL IXW VRXWHQXH SDU O¶$OOHPDJQH 0RQ FROOqJXH IUDQoDLV V¶H[SULPD pJDOHPHQW HQ PD IDYHXU HQ TXDOLILDQW FHWWH SURSRVLWLRQGH©JHUPDQRDXWULFKLHQQHªXQHIRUPXODWLRQ TXL PH GpSOXW DVVH] -H GHPDQGDL DORUV OD SDUROH HQ UHPHUFLDQWODGpOpJDWLRQIUDQoDLVHGHVRQVRXWLHQHWGLVTXH MH O¶DFFHSWHUDLV YRORQWLHUV j FRQGLWLRQ TXH O¶RQ SDUOH GH SURSRVLWLRQ ©DXVWURDOOHPDQGHª &¶HVW FH TXH M¶REWLQV DYHFXQSHWLWVRXULUHHQFRLQGHVGpOpJDWLRQV J.-L. P. : J’ai retrouvé dans un entretien, accordé en 1994 par François-Régis Bastide, à propos d’un de ses romans, écrit après plus de dix années d’activité diplomatique, à Copenhague, à Vienne, auprès de l’UNESCO, ces paroles : « -H Q¶DL MDPDLV FHVVp GH UpGLJHU GHV WpOpJUDPPHV GHV GpSrFKHV TXL GRLYHQW rWUH FODLUV V\QWKpWLTXHV SOXW{W EUHIV WUqV RUGRQQpV GH UHYRLU OHV WH[WHV SUpSDUpV SDU PHV FROODERUDWHXUV 8QH DPEDVVDGH HVWXQHVDOOHGHUpGDFWLRQSHUPDQHQWH'¶DLOOHXUVMHSHQVH TXHFHVRXFLGHFODUWpHWGHFRQFLVLRQDLQIOXHQFpOHVW\OH GHL’Homme au désir d’amour lointain ». Elles font écho à votre propre expérience et montrent l’intersection des deux sphères. Ce n’est sans doute pas le cas pour tous les diplomates. W. K. : 'DJ +DPPDUVNM|OG SDU H[HPSOH 6HFUpWDLUH JpQpUDO GH O¶218 pWDLW XQ GLSORPDWH TXL VpSDUDLW WRWDOHPHQW OD VSKqUH GLSORPDWLTXH GH OD VSKqUH OLWWpUDLUH,OQHSXLVDLWSDVGDQVO¶XQHSRXULQVSLUHUO¶DXWUH 'DQVVRQpFULWXUHULHQGHVDYLHGLSORPDWLTXHHWSROLWLTXH 3OXW{W O¶DXWUH H[WUrPH DOOHU DX IRQG GH VHV SHQVpHV HW VHQWLPHQWVFRPPHUHVVRXUFHPHQWVSLULWXHODILQGHWURXYHU OHMXVWHPLOLHXGDQVODVROXWLRQGHVFRQIOLWV'DQVFHFDVLO Q¶\ D SDV G¶LQWHUVHFWLRQ HQWUH OHV GHX[ VSKqUHV PDLV XQH GLIIpUHQFLDWLRQYRXOXH6LXQHFRPSDUDLVRQP¶HVWSHUPLVH OHFDVRSSRVpHVWFHOXLGH%H\OH6WHQGKDORXLTXLVHPEOH XWLOLVHU VHV H[SpULHQFHV GH OD YLH GLSORPDWLTXH HQ OHV FKHUFKDQWFRQVFLHPPHQWFRPPHLQVSLUDWLRQOLWWpUDLUH$X FRQWUDLUH GH +DPPDUVNM|OG %H\OH FRPPH 8QDPXQR DVSLUDLW j O¶LPPRUWDOLWp (W GX GHUQLHU %RUJHV GLVDLW ©Quelqu’un qui désire être immortel doit être fou, hein?ª/HGLSORPDWHHVWWUqVH[SRVpDXUHJDUGGXSXEOLF 0DLV SHXWrWUH SDV VXIILVDPPHQW SRXU VDWLVIDLUH VRQ RUJXHLO SDUWLH LQWpJUDQWH GH VD SHUVRQQDOLWp (VWFH SRXU FHODTX¶LOHVVDLHGHGHYHQLUpFULYDLQSRXUrWUHLPPRUWHOHW QRQSDUGHYRLUDUWLVWLTXH"9RLOjO¶LQWHUVHFWLRQGHIRQGGHV GHX[VSKqUHV