p. 13 Vision planétaire de l`humanité et de son avenir selon Teilhard
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p. 13 Vision planétaire de l`humanité et de son avenir selon Teilhard
Français – p. 1 English – p. 6 Spanish – p. 13 Vision planétaire de l'humanité et de son avenir selon Teilhard de Chardin. Augustin Udías, S. J., Géophysicien de l’Université "Complutense" de Madrid. Deux anniversaires Pendant cette année 2015, nous avons célébré deux anniversaires : le cinquième centenaire de la naissance de Sainte Thérèse d’Avila et le soixantième anniversaire de la mort de Pierre Teilhard de Chardin. Sur le premier anniversaire nous avons eu beaucoup d'écrits et de célébrations, mais on a à peine parlé du deuxième. On peut penser que ce sont deux personnalités complètement différentes, et pourtant, malgré la distance dans le temps et la différence de leurs formes de vie, ils ont beaucoup de choses en commun. Tous deux ont cherché dans la réalité de leurs vies des chemins nouveaux, dans des temps d’extrême agitation qui furent, pour Thérèse, ceux de la réforme protestante et du renouveau de la vie contemplative et, pour Teilhard, ceux de deux guerres mondiales et de l'influence grandissante de la science qui, avec la vision évolutive de l'univers, interpellait la pensée chrétienne. Les deux personnages ont axé leur mystique sur la figure du Christ, et tous deux sont restés fidèles à l'Église, malgré la multitude des incompréhensions et des doutes. Un pèlerin de l’Avenir Pèlerin de l’Avenir, c'est l'adjectif que Teilhard se donna à lui-même, et ce fut la meilleure description de ce qu'il voulait être. En 1923 il avait écrit au paléontologue Henri Breuil une lettre qui disait ceci: "Pèlerin de l'Avenir, je reviens d'un voyage entièrement effectué dans le passé". Son travail de géologue et de paléontologue pourrait surtout indiquer le contraire, c'est-à-dire son intérêt pour le passé, le passé de la Terre, le passé de la vie, le passé de l'Homme. Cependant, pour lui, le passé n'était qu'un moyen de connaître l’avenir. C'était précisément le futur qui était le principal sujet de ses préoccupations. Il était convaincu que nous ne pouvons pas comprendre le futur sans comprendre le passé et son évolution dans le temps. C'est ainsi que l'évolution du cosmos, de la vie, et de l'homme, étaient au cœur de sa vision du monde, vision qu'il projetait vers l’avenir. Beaucoup plus tard, en 1952, Teilhard écrivait à son frère Joseph :" La géologie actuellement, dans ma pensée, est remplacée par l'humain et l'ultra-humain… la "néo-anthropologie" a pris actuellement la première place dans mes réflexions et dans mes conversations". Ceci signifie que c'était le futur, comme futur de l'humanité (la néo-anthropologie) qui occupait le centre de ses préoccupations et qui prenait la place du passé (la géologie). Pour Teilhard, avec l'apparition de l'homme, la ligne de l'évolution est passée de la pure évolution biologique à l'évolution humaine, qui se réalise dans le sociétal. C'est dans ce domaine que l'évolution va se réaliser, jusqu'à la consommation totale de l'Univers. Le Pèlerin de l’Avenir devra suivre les pas de l'évolution de l'humanité en regardant toujours vers le futur, vers l'avenir. Nous pouvons suivre ce voyage à travers ses écrits. (Les références sont prises dans les Oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin, Vol. 1-13, Paris, éd. du Seuil, 1955-1976) L'émergence de la noosphère Dans le processus de l'évolution il y a deux moments où Teilhard rencontre ce qu’il appelle une discontinuité dans la continuité. Ce sont d’une part l'apparition de la vie et d’autre part l'apparition en l'homme de la conscience et de la pensée. Le premier événement est à l'origine d'une nouvelle 1 couche ou enveloppe de la Terre, la "biosphère". Le deuxième est l'apparition de la connaissance réfléchie ou conscience. Non seulement l'homme a la connaissance, mais en même temps il sait qu’il sait. Cette caractéristique le met à un autre niveau que celui des animaux, et ainsi apparaît une nouvelle couche dans l'enveloppe qui entoure la Terre, couche que Teilhard appelle la "noosphère". Teilhard a utilisé ce concept pour la première fois en 1925, en se référant à la couche consciente de la Terre, la sphère de la réflexion et de la pensée. Une fois que la pensée est apparue sur la Terre, il se crée un autre processus dynamique et irrésistible au niveau planétaire et cosmique ; c'est ce qu'il appelle la "socialisation" et la "planétisation". Pour Teilhard, la "planétisation" c’est l'origine et le développement de tous les processus culturels et sociaux qui tendent à réunir les hommes au niveau de la planète, en une victoire sur tous les intérêts individuels et communautaires. Ce processus, de dimensions planétaires, est conditionné par les limites de la sphère terrestre, qui oblige les hommes à avoir une organisation chaque fois plus serrée entre eux, à créer des unités sociales chaque fois plus complexes, jusqu'à envahir la totalité de la planète. Ce processus d'organisation humaine est, en réalité, la suite des mêmes processus d'évolution cosmique, qui sont d'une complexité croissante, et qui sont à l' œuvre dans toute l'histoire de l'univers. Le concept de "planétisation" utilisé par Teilhard est comparable au terme moderne de "globalisation", c'est-à-dire des mouvements sociaux qui affectent la planète entière. L'influence de l'homme sur la Terre n'est pas uniquement sociétale. Dans le domaine de la géologie, nous voyons émerger aujourd'hui une nouvelle époque géologique, qui est le résultat de l’influence de l'homme sur la Terre, et qu’on nomme l’"anthropocène" : époque nouvelle, venant à la suite de la dernière époque géologique, l'Holocène. Il y a différentes propositions sur la date marquant le début de cette époque : certains disent qu’elle a commencé il y a 8000 ans avec l’apparition de l'agriculture, d'autres disent que c’est à la fin du XVIIIème siècle avec la révolution industrielle. Du point de vie teilhardien l'anthropocène serait une conséquence de l'impact physique sur la Terre du déroulement et du progrès de la noosphère. Teilhard trouve deux mouvements ou deux possibilités dans la formation de la "noosphère" ; c'est ce qu'il appelle deux types de socialisation : une socialisation d'expansion, et une socialisation de compression. La première serait une prédominance de l'individu et des groupes qui se répandent sur tout le territoire. C'est ce qui s'est passé aux premiers temps, avec les groupes de chasseurscueilleurs et les premières civilisations. Dans ce modèle on tient compte surtout des besoins des individus et on augmente les possibilités de chacun, de chaque petit groupe, qu’il soit familial ou tribal. Le but recherché est l'individu : ses besoins, ses droits, son bien-être, son bonheur, mais aussi celui des groupes : des familles, des tribus, des corporations, des régions ou des nations. Teilhard appelle aussi cette situation : la solution plurielle dominante, pendant que l'humanité se répand pour occuper toute la Terre. La socialisation de compression suppose une nouvelle dynamique, c'est ce que Teilhard appelle "totalisation" et "personnalisation" à des niveaux supérieurs. Ce processus commence lorsque, toute la Terre étant occupée, la population mondiale continue de grandir, faisant augmenter l'organisation humaine, l'amenant vers une humanité plus rassemblée jusqu'à former un unique corps social. Ce processus est dû à l'augmentation des organisations politiques, sociales, culturelles, religieuses, économiques et techniques. A l’importance accordée à l’individu est substituée l’importance de la société. L’unité se situe au niveau planétaire, c'est-à-dire qu’elle doit inclure toute l'humanité. Teilhard considère que ce processus n'est pas uniquement une somme composée d’unités humaines indépendantes les unes des autres, mais qu'il est l'émergence d’une nouvelle unité sociale au niveau planétaire. Même si Teilhard emploie le mot "sociale", cette nouvelle société qui est en train de se former au sein de la noosphère est le produit d'un "processus physique irrésistible". Il provient de la "cérébralisation" des individus, c'est à dire de l'évolution des formes animales du cerveau, vers une lignée de cerveaux plus complexes, déjà présente au commencement du passage vers la "noosphère" ; nous allons maintenant vers ce que Teilhard appelle "la néo-cérébralisation collective" qui, au niveau planétaire, est orientée vers une unité finale (8, 1-183). 2 Dans son analyse Teilhard propose trois éléments de socialisation : une mémoire collective, qui est le résultat des expériences communes, un réseau de communications qui se répand par toute la Terre, et l'émergence d'une nouvelle faculté qui serait "une vision commune". Nous pouvons voir aujourd'hui que ces éléments sont tous les jours de plus en plus actuels et en croissance intensive. Par exemple les communications très limitées à l'époque de Teilhard, ont beaucoup progressé grâce à de nouveaux outils, comme les téléphones mobiles, internet, les réseaux sociaux, etc.… Comme le disait Teilhard, la "noosphère", couche pensante de la Terre, continue à augmenter sa "température" à augmenter son "psychisme", en un processus externe et interne de planétisation. L'humanité réalise une réflexion sur elle-même, qui peut être considérée comme une "deuxième humanisation"(5, 157-175). Dans ce processus, au contraire de ce qu'on pouvait espérer, la collectivisation nous apporte une plus grande personnalisation et non une dépersonnalisation. Les personnes, en tant qu'individus, ne perdent pas leur personnalité, mais au contraire, elles l'augmentent vers un niveau plus élevé. Le résultat de ces processus dans le développement de la "noosphère", dit Teilhard, est la création d'une nouvelle unité, ou d'un nouveau "super-organisme", ou "un super-corps" qui a comme base la connaissance. Il croit que nous devons passer d'une interprétation juridique entre les hommes, à une interprétation organique, ou biologique. Le principal outil pour ce processus, est le progrès des moyens de communication. Même si Teilhard ne connaissait à son époque que des moyens limités comme le téléphone, la radio, la télévision, il en prévoyait le développement de telle façon qu'ils puissent se convertir en ce qu'il appelait "une machine libératrice" de la noosphère. Il voulait dire que ce serait une libération de la communication, qui échapperait ainsi aux limites imposés par "le spatio-temporel". Il voyait dans les nouveaux modes de communication la contribution à une formation de ce qu'il appelait "une co-conscience éthérée". Il n'a jamais dit ce qu'il entendait par ce concept, mais nous pouvons y voir une prémonition de ce que nous appelons aujourd'hui le "monde virtuel" et le "cyber-espace" d'Internet et des réseaux sociaux. Dans ce processus Teilhard reconnaît le rôle prédominant de la science et de la technologie qui sont à la pointe de l'évolution humaine. Pour Teilhard la recherche scientifique n'est pas seulement une activité due à l'effort humain, même s'il est très important, mais elle est la "Grande Affaire du Monde", la fonction humaine vitale, aussi vitale que la nourriture et la reproduction. C'est par elle que l'homme peut créer la mystique, qui formera une vraie unanimité humaine.(9, 258). L' esprit de la Terre Une fois que les éléments conscients sont apparus sur Terre, c'est-à-dire, la "noosphère", et que se sont établis les courants vers sa plus grande unification, il reste encore deux possibilités à l'humanité, à cause de sa nature libre : chacun peut choisir entre chercher son bien personnel, ou bien construire solidairement le bien de l’humanité. De cette façon, l'homme est appelé à continuer la ligne de l'évolution vers une plus grande unité, ligne qui était déjà présente dans tout l'univers depuis les origines. Teilhard met en relation ce problème avec le fondement de l'éthique. Les éléments libres de la noosphère se confrontent au problème de savoir que choisir, ce que l'on doit faire : c'est la question de base de l'éthique. Les deux possibilités que nous avons indiquées sont le résultat de deux systèmes d'éthique ou de morale : l'un basé sur un individualisme statique, l'autre sur une collectivisation évolutive. La première donne la priorité à l'individu et aux intérêts personnels, elle est la résultante d'une conception plurielle de l'humanité, chose qui est contredite par le mouvement général de l'évolution et qui ne peut pas s'interrompre avec l’émergence de l'homme. La deuxième est la conséquence de l'évolution cosmique au niveau de la noosphère qui doit toujours prendre la direction d'une unité grandissante au niveau social, avec une augmentation de la personnalisation et de la spiritualisation. Ce processus doit régir les actes humains en prenant en considération la nature libre de ses éléments. 3 Teilhard a écrit: ‘’Il n'y a pas seulement des esprits sur la Terre. Le monde continue : il y aura un Esprit de la Terre.’' (6, 23-57).L’Esprit de la Terre est précisément ce qui rend possible le mouvement convergent des éléments libres de la noosphère vers sa consommation dans ce que Teilhard appelle le "Point Oméga". L'Esprit de la Terre, c’est en même temps quelque chose dans l’avenir, qu'on obtiendra par le travail de l'ensemble de l'humanité, et quelque chose déjà du présent, qui pousse les hommes dans cette direction. Teilhard écarte la possibilité "d'une mort totale" de l'humanité, la mort est exclue à cause de la présence de l'esprit, qui est à l'œuvre déjà depuis le commencement de l'univers et qui est forcément quelque chose de permanent. Une fois cet obstacle vaincu, il reste encore deux mouvements opposés au processus d'unification ; ce sont la répulsion et le matérialisme. La première naît de la répulsion instinctive existant entre les molécules humaines elles-mêmes, tendance que l'on retrouve dans toute initiative individualiste. La deuxième, on la retrouve dans un retour en arrière du processus d'évolution cosmique, qui doit toujours aller vers une plus grande spiritualisation. Teilhard est bien conscient que dans l’organisation sociale existent plusieurs voies pour que l'humanité puisse progresser, mais il les réduit à deux : "évolution de pluralité", et "évolution d'unité". La première nous conduit à la divergence, dont les éléments s'opposent les uns aux autres, mus qu'ils sont par ce qu’il nomme "une mystique de séparation". Nous retrouvons cette tendance dans les particularismes et les nationalismes qui cherchent leur satisfaction dans la progression des individus ou des groupes en concurrence les uns contre les autres. Ces tendances au niveau des individus, tribus, ou peuples s'opposent à une vraie unification au niveau planétaire, en introduisant dans l'évolution au niveau conscient un élément de dégradation et de mort. En arrière-plan nous y rencontrons toujours "l'esprit d'égoïsme" qui est l'opposé de "l'Esprit de la Terre", lequel est le véritable esprit de l'évolution. Même si ces tendances sont très fortes, elles seront vaincues par le processus unificateur impulsé par l'Esprit de la Terre. Un autre concept que Teilhard utilise dans ce contexte est celui du "Sens de la Terre", qu'il définit comme un sens passionné pour le destin commun de l'humanité qui ouvre nos cœurs à l'appel du monde vers une véritable unanimité. Pour lui, la seule unanimité possible est celle qui se réalise par l'Esprit de la Terre animée par le Sens de la Terre (6,39-47). Nous avons encore besoin de nous demander, quelle est la force qui peut amener les hommes vers l'unité, en vainquant tous les obstacles. Pour Teilhard, la réponse est évidente, cette force doit être capable d'impulser le processus librement, et elle ne peut pas être autre que l'amour. Ainsi peut-il dire : "L’Amour est la plus universelle, la plus formidable, et la plus mystérieuse des énergies cosmiques" (6, 40-42). Elle constitue au niveau humain la continuité de ce qu'il appelle "l'énergie radiale", c'est-à-dire l'énergie qui propulse l'évolution de la matière, à partir des premières synthèses des particules élémentaires et de la vie, en commençant par la première cellule. Cette force, au niveau humain, prend la forme de l'amour, puisque l'amour est la seule force qui peut unir sans nier l'individu. Il le dit: " Seule une union réalisée par amour a la propriété non seulement de différencier, mais aussi de personnaliser les éléments qu'elle organise" (6, 180-192). C'est pourquoi il voit l'évolution humaine comme une dynamique qui va vers l'unité, impulsée par l'amour, sans perdre l'individualité ni la personnalité des éléments qu'elle réunit. La vision évolutive de l'univers est celle que Teilhard a assumée en partant des sciences, et elle ne lui permet aucune autre perspective. Cette vision se base sur un univers dynamique dont l’évolution est de forme convergente, en suivant une ligne de plus en plus complexe, des particules élémentaires à l'homme. Selon lui, la continuité de cette tendance au niveau conscient de l'homme suppose un mouvement vers l’unité, dont le moteur est la force de l'amour. La Grande Option Comme nous l’avons vu, Teilhard pense que l'humanité ou la noosphère sont poussées par la force de l'amour vers une unification croissante. Cependant, les éléments de la noosphère, c'est-à-dire les 4 individus, sont libres dans le choix de leur avenir. Comment faire fonctionner ces deux choses que sont la liberté, et l'union imposée par L'Esprit de la Terre ? C'est le plus difficile des problèmes que Teilhard doit résoudre, c'est-à-dire : la convergence de la noosphère et la nature libre de ses éléments. Est-ce que ces éléments libres, qui sont les personnes, ne pourraient pas, elles, choisir la divergence ? Le libre arbitre des éléments de la noosphère, et leur nécessaire convergence, semblent deux choses opposées en soi. Teilhard traite ce problème dans son essai, "La Grande Option" (5, 5581). L'humanité, face à son avenir a plusieurs pistes à suivre, Teilhard énumère les suivantes : optimisme ou pessimisme, optimisme d'évasion ou d'évolution, évolutionnisme de pluralité ou d'unicité. Il élimine une à une les alternatives négatives pour en garder finalement une seule qui est l'évolution d'unicité. Cependant, à cause de l' expérience que nous avons des tendances humaines vers la dispersion, nous avons des doutes sur l' inévitable convergence vers l'unité. Pour résoudre ce problème Teilhard commence par considérer deux sortes d'unification : celle qui est forcée et celle qui est libre. Celle qui est forcée est le résultat de l'effet des deux courbes de la noosphère : la courbe géométrique ou géographique et la courbe mentale ou psychique. La première est conditionnée par la courbure sphérique de la Terre qui rapproche les gens en une proximité physique. La deuxième est le résultat de la nature réflexive de la noosphère, qui a tendance à créer des unités sociales chaque fois plus grandes. Mais l'expérience nous montre que malgré ces conditionnements, la réalité d'une humanité scandaleusement et chaotiquement dispersée, continue d’être un fait. Comment être certains que malgré toutes les tensions qui s'opposent, l'humanité arrivera à réaliser l'unité souhaitée ? L’expérience ne nous montre-t-elle pas surtout le contraire ? Pour assurer la convergence vers l'unité, Teilhard doit proposer l'existence d'une nouvelle et force d'attraction, une force définitive, qui contrôlera les mouvements de la noosphère. Comme les courbes géométriques et psychiques, elle doit avoir une dimension planétaire, elle ne doit pas agir par la force, mais avec la liberté. Son influence est semblable à la "séduction", elle est créée par un centre super-personnel, le Point Oméga, qui agit à partir de la liberté et sur la liberté. De la même façon que pour la noosphère la force unificatrice c'est la force de l'amour ; l'influence du Point Oméga ne peut agir qu’à partir d'un véritable "super-amour". La convergence unificatrice de la noosphère, cette fois-ci, est assurée, et elle se réalisera dans la phase finale de l'évolution cosmique, le Point Oméga, du fait de la présence de l’amour et de son attraction. C'est cette présence et cette attraction qui préservent d'une possible et définitive option négative, condamnant le monde à l'abîme d'une multiplicité divergente. Mais en même temps, cette attraction laisse la liberté aux éléments de la noosphère de pouvoir choisir. Nous avons déjà dit sous quelle forme le phénomène moderne de la globalisation, peut être interprété comme un signe, encore fragile, de la convergence humaine que postule Teilhard. A ce signe, nous pouvons en ajouter d'autres qui apparaissent dans notre société actuelle et qui peuvent être interprétés dans le même sens, par exemple l'accroissement des communications mondiales, l’inquiétude concernant les affaires internationales et leur interconnexion, l'augmentation et l'importance des organismes internationaux, (Nations-Unies, tribunaux de justice internationaux, etc.…). Malgré cela, notre époque est le témoin de beaucoup de tendances divergentes, comme l'individualisme, les nationalismes, la violence, le terrorisme, les guerres. La technologie qui a créé beaucoup de conditions pour accroître l'unité humaine est responsable aussi de façons de vivre qui augmentent les tendances à l'individualisme, comme le consumérisme et les grandissantes inégalités sociales. En regardant cette situation, nous pouvons nous demander s'il est raisonnable de souscrire à la vision optimiste de Teilhard. Il faut soupeser les signes présents, même si nous sommes loin de voir de vrais signes d'une convergence humaine. On ne doit pas oublier que Teilhard a développé sa pensée à l'époque de l'entre-deux guerres mondiales, mais aussi pendant la guerre froide, et il sut dépasser ces expériences négatives. Aujourd'hui, nous avons besoin de son optimisme pour pouvoir discerner, entre les signes obscurs la lumière qui brille au loin, espérance pour l’avenir de l'humanité. 5 La dimension christologique Dans le contexte de la convergence de l’humanité, Teilhard introduit le rôle de la foi chrétienne. Pour lui, elle est en consonance avec cette convergence, et c'est pour cela qu'elle est ‘’la religion de l'avenir’’, puisqu'elle a en elle-même d'une façon implicite ce qu’il nomme ‘’le Sens Humain’’. Le sens humain est ce qui amène tout homme à sa consommation dans l'unité, et pour le chrétien, cette consommation arrivera à son terme avec l'union finale des hommes dans le Christ. C'est pour cette raison qu'il dit : "La lumière du Christ loin d’être éclipsée par l'éclat grandissant des idées d’Avenir, de Recherche et de Progrès, se découvre comme le foyer même destiné à soutenir leur ardeur" (11, 2144). Sa conclusion est que seul le Christ peut combler les aspirations humaines de notre temps. Dans l'épilogue de son œuvre fondamentale," Le Phénomène humain" (1,1-348), intitulé "Le phénomène chrétien ", Teilhard ose une interprétation chrétienne sur toute l'évolution cosmique dans laquelle le Point Oméga est la figure du Christ. L'attraction exercée par le Point Oméga, qui dirige la noosphère par la force de l'amour vers sa convergence, se réalise vraiment par la présence historique de Jésus de Nazareth. En lui s’est rendu présent dans la noosphère elle-même le centre ultime vers lequel elle tend, et ainsi elle s'identifie avec le Christ. C’est pour cette raison qu’il est la présence dans l'histoire humaine du Point Oméga, qui attire tout vers lui par l'amour, et où tout aura en lui sa dernière consommation. C’est ainsi que Teilhard résout la tension existant entre la nature libre de l'homme et sa convergence vers l'unité. Dans cette interprétation, la cosmogénèse de l'évolution devient une véritable "christogénèse", puisque le pôle ou centre définitif de l'évolution s'identifie au Christ, Dieu incarné. L'unité de l'humanité et de tout l'univers dans le Christ est ce qu'il appelle le Christ Total ou Universel. Conclusion Teilhard de Chardin conçoit l'humanité comme la couche pensante de la Terre ou noosphère. De la même façon que la biosphère est la transition de l'inanimé au vivant, la noosphère est la transition de l'inconscient au conscient et au pensant. Teilhard trouve que le sens de l'évolution cosmique est dans la lignée d'une plus grande complexité, avec des éléments qui s'unissent pour former de nouvelles unités, chaque fois plus complexes. Ce processus doit être aussi présent dans la noosphère, où les groupes humains s'unissent chaque fois plus au travers de leur socialisation et de leur planétisation. La force unificatrice qui est présente dans l'évolution cosmique est responsable de l'attraction mutuelle entre ses éléments afin de former des centres chaque fois plus complexes ; au niveau de la conscience, elle prend la forme de l'amour. Grâce à cette force, la noosphère ou l'humanité évolue jusqu’à trouver sa consommation finale en l’unité avec le Point Oméga, qui l'attire vers lui. Du point de vue chrétien, le Point Oméga s'identifie avec le Christ en qui tous les hommes et tout l'Univers trouveront pour finir leur consommation dans l'Unité. 6 A PLANETARY VISION OF HUMANITY AND ITS FUTURE ACCORDING TO TEILHARD DE CHARDIN Agustin Udías, s.j., a geophysicist from Complutense University in Madrid Two anniversaries During the past year 2015, we celebrated two anniversaries: the fifth centenary of the birth of Saint Teresa of Avila and the sixtieth anniversary of the death of Pierre Teilhard de Chardin. On the first anniversary we had a lot of writings and celebrations, but we barely talked about the second. One may think that they are two completely different personalities, yet despite the distance in time and their different forms of life, they have many things in common. Both sought new ways in the reality of their lives, in their times of extreme agitation: those of the Protestant reform and the renewal of contemplative life for Teresa, and, for Teilhard, those of two world wars and of the growing influence of science, with the evolutionary view of the universe, which questioned Christian thought. Both characters have focused their mystique on the figure of Christ, and both have remained faithful to the Church, despite the multitude of misunderstandings and doubts. A Pilgrim of the Future A “Pilgrim of the Future” (Pèlerin de l’Avenir), appellative which Pierre Teilhard de Chardin applied to himself, may be the best description of what he wanted to be. In 1923, he wrote: “A Pilgrim of the Future, I return from a journey made entirely in the Past”. His dedication to geology and paleontology could rather indicate the contrary, an interest for the past: the past of the Earth’s formation, the past of life, the past of man. However, for him the past was only a means to understanding the future. The future was always the principal object of his enquiries. But he was very aware that we cannot look into the future if we don’t know the past and its evolution in time. Thus, cosmic evolution is at the center of his vision which he projected to the future. Late in his life in 1952 he wrote: “Geology is at present displaced for me by the human and the ultra-human…the neoanthropology takes the first place now in my reflections and conversations”. He meant by this that the future, understood as the future of man (neo-anthropology), occupies now the center of his interest instead of the past (geology). For him with the appearance of man (the noosphere), the line of evolution has passed from the biological evolution to the social evolution. It is in the latter that evolution will continue to the final achievement of the whole universe. The Pilgrim of the Future will have to follow the steps of the evolution of humanity looking always toward what is ahead. We can follow this journey through his works. (Quotations are to be found in the works by Teilhard de Chardin in French, volumes 1 to 13, edited by Le Seuil, Paris, 1955 - 1976) The emergence of the noosphere In the process of evolution there are two moments of what Teilhard calls discontinuity in continuity, the appearance of life and of consciousness or thought. The first gives origin to a new layer or envelope of living matter over the Earth, the “biosphere” (term introduced by the geologist Eduard Suess, 1831-1914). The second corresponds to the appearance of the human with his reflexive knowledge or consciousness. Man not only knows, but he is aware of his own knowledge, he knows that he knows. Teilhard used the term “noosphere”, for the first 7 time in 1925, for this new envelope of conscious matter on Earth, the sphere of reflection or thought.Once conscious thought has appeared on Earth, a new dynamic and irresistible process at planetary and cosmic levels begins which Teilhard calls human “socialization” or “planetization”. By planetization Teilhard understands the establishment of all cultural and social processes at the planetary level overcoming individual and group interests. Planetary motion is conditioned by the limited spherical form of the Earth’s surface that forces the humans to organize more and more among themselves, creating units of greater social complexity filling the whole planet. This process of human organization is actually a continuation of the cosmic tendency of increasing complexity present in the whole history of the universe. Teilhard’s planetization can be compared with the modern term of globalization, that is, social processes affecting the whole world. The influence of man on all aspects of the Earth has raised the proposal of a new geological epoch, the “anthropocene”, dominated by humanity, which is considered to follow the holocene. There are several proposals for the beginning of this epoch, which varies from about 8000 years ago with the beginning of the farming revolution to the end of the 18th century with the industrial revolution. One can see the anthropocene as the consequence of the impact on the physical Earth of the development and progress of the noosphere. Teilhard finds two movements or stages in the formation of the noosphere which he calls two types of “socialization”: a socialization of expansion and a socialization of compression. The socialization of expansion implies that individuation and civilization was present in the first human groups as they moved from hunter-gatherer tribes to the first civilizations. This stage stresses the needs and values of the individuals and fosters the increasing possibilities of separated persons. Emphasis is put at the individual person, his needs, rights, welfare and happiness and also at groups, be them families, tribes or nations. We are still today in many aspects at this stage. Teilhard also calls this stage the pluralistic solution, which is present as humanity expands to occupy the complete surface of the Earth. The socialization of compression implies “totalization” and “personalization” at a higher level. This process takes place as world population keeps increasing and human organization becomes more tightly united in order to form just one social body. Social, cultural, religious, political, economic, and technical organizations contribute to this process. The emphasis on the individual is, at this stage, superseded by the emphasis on the social. Unity is now placed at the planetary level, that is, it must be formed by the whole humanity. Teilhard sees this process not as a merely additive one made up of human units, but as the emergence of a new social unity at planetary level. Although he uses the word “social”, the new unity of the noosphere is achieved through, what he calls, a “physical irresistible process”. From the “cerebralization” of the individual, that is, the evolution of animal forms along the line of more complex brains, in the first stages of the noosphere, we pass now to what can be called a “collective cerebralization” at planetary level in search for a final unity. Immediately after the experience of the Second World War, which Teilhard saw as the most terrible shock suffered by the living layers of the Earth, he insisted in the inevitable human unifying process of planetization. Though the war was a confrontation that moved in a direction opposite to what he had hoped for, he realized that after the war the world started to became more connected through a process of increasing socialization. In his analysis, he presents three elements of the socialization: collective memory which results in an accumulation of common experiences; a network of communications covering the whole Earth and the emergence of a new faculty of common vision. We can see that these elements are present and keep growing in the world today. For example, global communication, very limited still in Teilhard’s times, has greatly increased with the new instruments of communication media, such as, mobile phones, internet, social-networks, etc. As Teilhard 8 expresses it, the noosphere, the thinking envelope of the Earth keeps increasing its “temperature”, raising its “psychisme” in an external and internal human planetization. Humanity becomes totally reflected over itself in what can be called a “second hominization”. In this process, contrary to what we may think, the collectivization leads also to an increase in personalization. Individuals don’t lose their personalities, but increase them at a higher level. The result of these processes in the development of the noosphere is, in Teilhard’s view, the creation of a new unity or “superorganism” based on knowledge. Another term he uses is that of a “superbody” (supercorps). He considers that we must pass from a juridical interpretation of the links between men to an organic or biological one. A powerful instrument in this process is the progress in the communication media. Although Teilhard knew only the very limited media of his times (telephone, radio, television), he foresaw their increasing progress in power, so that they could truly become what he calls a “liberating machine” (machine libératrice) of the noosphere. He understood this as a liberation from the constraints to communication imposed by space-time limits. Teilhard saw the media as contributing to the formation of what he called an “ethereal co-conscience” (co-conscience éthérée). He doesn’t elaborate what he means by this, but we can see here a premonition of the “virtual-world” and the “cyber-space” of the internet and the social networks. In this process a predominant role is played by science and technology which form the arrowhead of human evolution. Thus, for Teilhard, scientific research is not just a part of human effort, important as it may be, but the “great affaire of the world” (La Grande Affaire du Monde), the vital human function, as vital as nutrition and reproduction. He insists that it is through science that man can create a mystique that will form a true human unanimity. The spirit of the Earth Once thinking conscious elements have appeared on the Earth, the noosphere, and the currents toward their greater unification have been established, two possibilities are still open for humanity because of its free nature: each person might choose either to seek his own good, the individual achievement or to build in solidarity the good of the world. In this form humanity would continue at the conscious level the line of evolution toward a greater unity present in the whole universe. Teilhard links this problem with the foundation of morality. The free elements of the noosphere are faced in their action with the problem of choosing what ought to be done: the basic question of ethics. The two possibilities we have mentioned result in two ethical or morals systems: one based on a static individualism and the second on an evolutionary collectivization. The first which give priority of individual and personal interest is the result of a pluralistic conception of humanity. This contradicts the general movement of evolution, which cannot be stopped with the emergence of man. The second is a consequence of evolution at the level of the noosphere which must continue in the direction of greater unity at social level through an increase in personalization and spiritualization. This must rule human actions taking into account the free nature of its elements. As Teilhard wrote: “There are not only spirits on the Earth. The world must continue: it will be one Spirit of the Earth” (Esprit de la Terre). The “Spirit of the Earth” is what makes possible the convergent motion of the free elements of the noosphere toward their final achievement in the Omega Point. He places the Spirit of the Earth in the future, as something to be achieved by the unanimous work of humanity and at the same time as something already present which impulses the noosphere in that direction. He rules out first the possibility of a total death (la mort totale) of humanity, excluded by the presence of the spirit from the very origins of the cosmic evolution. Such death would indicate the world to be what he calls “a monster of the spirit”. For Teilhard the spirit constitutes precisely the indestructible part of the 9 universe and therefore something necessarily permanent. Once this obstacle is saved, two motions opposed to this unifying process are still present: repulsion and materialization. The first springs up from the instinctive repulsion of the human molecules for each other, a tendency which is present in every individualistic interaction. The second corresponds to a reversal in the cosmic evolution which must tend always toward a greater spiritualization. Teilhard is aware that in the social organization there are many roads along which humanity can make its way. He reduced them to two: “evolution of plurality” and “evolution of unity”. The first leads to divergence, where the elements tend to oppose each other, moved by what he called a “mystique of separation”. This tendency can be seen in the growth of particularisms and nationalisms, which seek satisfaction in a progress of individuals or groups against each other. This, for Teilhard, would be to introduce, in the evolution at the conscious level, an element of desegregation and death. Beginning with the individual and extended to any group, tribe or nation, this tendency is opposed to a true unification at planetary level. Behind this motion one can always find the “spirit of egoism” opposed to the Spirit of the Earth, which is really the spirit of evolution. No matter how strong these particularizing tendencies present themselves, they will be overcome by the unifying process which is driven by Spirit of the Earth. Another expression Teilhard uses in this context is the “Sense of the Earth” (Sens de la Terre) which he defines as a passionate sense of the common destiny of humanity. This Sense of the Earth opens our hearts to the call of the world to a true unanimity. Unanimity is a word often used by Teilhard to indicate the unity at conscious level. For him the only unanimity or human unity which is really natural and real is that achieved by the Spirit of the Earth and fostered by the Sense of the Earth. We still need to know which force will drive men toward this unity overcoming all the obstacles. Teilhard’s answer is very clear, stating that the force behind this process, which must be realized in freedom, cannot be other than that of love. For him “love is the most universal, the most formidable and the most mysterious of the cosmic energies”. This may seem strange, but Teihard uses this word in the very general sense of a mutual internal affinity (affinité mutuelle interne). Thus at the human level love is a continuation of what he has called the “radial energy”, that is, the energy that has been the driving force of evolution from the very beginnings of the synthesis of elementary particles of inanimate matter. At the human level, that is, for persons, this force takes the form of love, for love is the only force that can achieve unity without negating individuality. In his own words: “Only a union realized for love and in love has physically the property not only to differentiate, but to personalize the elements that it organizes”. His conception of human evolution is, then, a dynamic one, tending toward unity through the impetus of love, without losing the individuality and personality of those who are united. The insight Teilhard has induced from the natural sciences does not allow for other approaches, since they show a dynamic universe in a converging evolution through the line of ever increasing complexity, from the elementary particles to the human. The continuation of this tendency at the conscious level of the noosphere implies a motion toward its unity through the force of love. Social sciences show us also a progressing motion of humanity along its history, which tends always to some kind of unity. The great option As we have seen, Teilhard sees the world at the noosphere level driven by the force of love toward an ever greater unification. However, the elements of the noosphere, that is, individual persons, are free to choose their future. How can we fit this with the inevitable union implied in the Spirit of the Earth? Here we find the most difficult problem Teilhard has to solve: the necessary convergence of 10 the noosphere and the free nature of its elements. Can the elements of the noosphere freely choose not to converge? The noosphere’s freedom of choice and its necessary convergence toward unity seem to be opposed to each other. Teilhard considers this problem is his essay titled “The great option” (La grande option). Faced with his future, humanity is presented with a variety of possible roads to follow: pessimism or optimism, optimism of evasion or of evolution, evolutionism of plurality or evolutionism of unity. One by one Teilhard rules out the negative choices to remain with the evolution of unity as the only possible choice. Nevertheless, the experience of human tendencies toward dispersion can still make us doubt of the inevitability of the convergence toward unity that Teilhard presents as a necessity. To solve this problem he distinguishes two types of unifications: forced and free. The forced one results as a consequence of what he calls the geometric or geographic and the mental or psychic curvatures of the noosphere. The first is conditioned by the finite spherical surface of the Earth which brings people more and more physically together. The second by the conditions of the conscious reflexed nature of the noosphere, which tend to create a forced coalescence. However, experience shows us the scandalous and chaotic dispersion of humanity. How can we be sure that in spite of all difficultiesthe noosphere will arrive to the desired union? Is not experience showing us just the opposite? Teilhard has to bring here a new and final attraction that will control the movements of the noosphere. Like the first two (the geometric and psychic curvatures), this third power is also of planetary dimensions, but it will not act in a forced form but as a free one. Its operation is in the way of “seduction” by a “superpersonal” Center, the Omega Point, which operates through a free consent. Since at the noosphere level the unifying motion is made through the force of love, the influence of the Omega Point can only be through a truly “super-love”. The unifying convergence of the noosphere is, thus, guaranteed and ends in the final focus of the cosmic evolution, the Omega Point, precisely by the presence and attraction through love of the same Omega Point. This presence and action prevents the possibility of a definitive negative option that would doom the world to the abyss of diverging multiplicity and at the same time respect the freedom of choice of the noosphere. We have mentioned that the modern phenomenon of globalization may be interpreted as a sign, weak as it may be, of the human convergence postulated by Teilhard. This sign can be seen also in various other phenomena present today in society, for example, in the increase in world communications, rapid global transportation, concern for international affairs and strengthening of the role of the international organizations (United Nations, International Criminal Court, etc.). However, modern times are also witness to many divergent motions, such as, nationalisms, violence, wars and terrorism. Technology which has created many conditions for human unity is also responsible of ways of life which foster individualistic tendencies, such as consumerism and growing inequalities. In view of this, one may ask if there is a reasonable ground for Teilhard’s optimistic view. It is a matter of weighting the evidences at hand, though we are still too far away to see clear signs of a true human convergence. We must not forget that Teilhard developed his vision during the time of two world wars and the tragic divisions present during the cold war. Today we need some of his optimism to be able to see, through the many dark signs, the light at the end of the tunnel which shines as a hope for the future of mankind. The Christological dimension 11 In this context, Teilhard introduces the role of the Christian faith as a force which works in the same direction as that of the human convergence. For him Christianity has to become the “religion of the future” (religion de l’avenir) by discovering what he calls the “Human Sense” (Sens Humain), which is really already implicit in it, as he recognizes. The human sense is the drive of all men toward a unified achievement, and, for a Christian, this achievement is fulfilled by the union of all men in Christ. Thus, he adds that “the light of Christ is not eclipsed by the shining of the ideas of future, research and progress, but it occupies the center which sustains its fire” and concludes that Christ is the only one who can save the human aspirations of our time. In the epilogue of his fundamental work, The human phenomenon, entitled “The Christian phenomenon” (Le phénomène chrétien), Teilhard ventures a Christian interpretation of the whole cosmic evolution in which the Omega Point is identified with the figure of Christ. The postulated attraction of the Omega Point which drives the noosphere through love to its convergence is realized in the historical presence of Jesus of Nazareth. The universe, then, through the convergence of humanity tends really to an ultimate unity which can only be achieved in union with Christ. Christ is, then, the Presence of the Omega point in the human history, attracting human progress toward himself, and thus helping its achievement. In this way Teilhard finally solves the tension between the free nature of the noosphere and its convergence into unity. In this interpretation the cosmogenesis of evolution becomes truly a “Christogenesis”, since the pole of evolution is identified with incarnated Christ. The unity of humanity and the universe with Christ is what Teilhard calls the “total” or “universal” Christ. Conclusion Teilhard de Chardin conceives humanity as the thinking envelope of the Earth or the noosphere. As the biosphere was the transition from the non-living to the living, the noosphere is the transition from the unconscious to the fully conscious and thinking. As he has followed the line of cosmic evolution in the direction of an ever greater complexity, with elements uniting to form new more complex unities, he proposes that this process must also be present in the noosphere. The unifying process in which the human groups become more a more united is now called socialization and planetization. The unifying force present in cosmic evolution and responsible for its direction through the mutual attraction of its elements toward greater complex centers takes at the conscious level the form of the force of love. Through the force of love the noosphere will eventually achieve in freedom its final unity in the Omega Point who is attracting it toward himself. From the Christian point of view, the Omega Point is identified with Christ in whom all men and the whole universe will finally unite. 12 Una visión planetaria de la humanidad y su futuro según Teilhard de Chardin Agustín Udías, s.j., Geofísico. Universidad Complutense. Madrid Dos aniversarios Este año celebramos dos aniversarios, el quinto centenario del nacimiento de Santa Teresa de Jesús y el sesenta aniversario de la muerte de Pierre Teilhard de Chardin. Sobre el primero mucho se está escribiendo y celebrando, mientras que del segundo apenas se oye hablar. Pueden parecer do figuras totalmente distintas, sin embargo, a pesar de la gran distancia en el tiempo y la forma de vida, tienen mucho en común. Los dos encontraron desde la realidad de la vida nuevos caminos en tiempos convulsos, para Teresa por la reforma protestante con la renovación de la vida contemplativa y para Teilhard por las dos guerras mundiales, con la influencia de la ciencia y la visión evolutiva del universo en el pensamiento cristiano. Los dos centraron su misticismo en la figura de Cristo y los dos se mantuvieron hijos fieles de la Iglesia, a pesar de las muchas incomprensiones y sospechas. Un peregrino del futuro Un “Peregrino del Futuro” (Pèlerin de l’Avenir), apelativo que Teilhard de Chardin se aplicó a sí mismo, puede ser la mejor descripción de lo que él quiso ser. En 1923, Teilhard había escrito en una carta al paleontólogo Henri Breuil: “Como un Peregrino del Futuro, yo vuelvo de un viaje totalmente hecho en el pasado”. Su dedicación a la geología y la paleontología podría más bien indicar todo lo contrario, es decir, un interés por el pasado, el pasado de la Tierra, el pasado de la vida, el pasado del hombre. Sin embargo, para él el pasado era solamente un medio para comprender el futuro. Era el futuro lo que constituía realmente el principal objeto de sur preocupaciones. Pero él estaba totalmente convencido de que no podemos mirar hacia el futuro si no comprendemos antes el pasado y su evolución en el tiempo. De esta forma la evolución del cosmos, la vida y el hombre estaban en el centro de su visión sobre el mundo que el proyectaba hacia el futuro. Mucho más tarde en 1952, Teilhard escribía a su hermano Joseph: “La geología en el presente está desplazada en mi consideración por lo humano y lo ultra-humano… La neoantropología toma ahora el primer lugar en mis reflexiones y conversaciones. Con esto quería decir que era realmente el futuro, entendido como el futuro de la humanidad (la neo-antropología), lo que ocupaba en realidad el centro de sus intereses en lugar del pasado (la geología). Para Teilhard con la aparición del hombre la línea de la evolución ha pasado de la pura evolución biológica a la evolución humana realizada a través de lo social. Es en esta última que la evolución continuará hasta realizarse la consumación total del universo. El Peregrino del Futuro tendrá que seguir los pasos de la evolución de la humanidad mirando siempre hacia el futuro, hacia lo que está por delante. Podemos seguir este viaje a través de sus escritos (Las citas están dadas con el volumen y páginas de sus obras completas en francés. Pierre Teilhard de Chardin (1955-1976). Oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin, Vol. 1-13. Paris, Éditions du Seuil.) La emergencia de la noosfera En el proceso de la evolución hay dos momentos en los que Teilhard encuentra lo que llama una discontinuidad en continuidad: la aparición de la vida y la aparición en el hombre de la consciencia y el pensamiento. El primero da origen a una nueva capa o envoltura sobre la Tierra, la “biosfera”. El segundo momento corresponde a la aparición del conocimiento reflejo o consciencia. El hombre no solo conoce, sino que es consciente en el mismo acto de su conocer. Esta característica le pone a otro nivel que los animales y de esta manera aparece una nueva envoltura sobre la Tierra, a la que Teilhard llama la “noosfera”. Teilhard usó este término por primera vez 1925, para referirse a la capa de materia consciente sobre la Tierra, la esfera de la reflexión y el pensamiento. Una vez que ha aparecido el pensamiento sobre la Tierra se establece un nuevo proceso dinámico e irresistible a un nivel planetario y cósmico que él llama “socialización” y “planetización”. Teilhard entiende por planetización la generación y desarrollo de todos los procesos culturales y sociales que tienden a unir a los hombres a un nivel planetario venciendo los intereses individuales y de grupos. Este proceso de dimensión planetaria está condicionado por la limitación de la superficial esférica de la Tierra que 13 fuerza a los hombres a una organización cada vez más fuerte entre ellos, creando unidades de cada vez mayor complejidad social extendidas hasta llenar todo el planeta. Este proceso de organización humana forma, en realidad, la continuación de los procesos de la evolución cósmica, siguiendo la línea de una creciente complejidad, presentes en toda la historia del universo. El término planetización, usado por Teilhard, se puede comparar con el término moderno de “globalización”, es decir, de procesos sociales que afectan a todo el planeta. La influencia del hombre sobre la Tierra no se reduce a lo social. Dentro del campo de la geología se propone hoy une nueva época geológica, resultado de la influencia del hombre sobre la Tierra, a la que se da el nombre del “antropoceno”, que seguiría a la considerada hoy como la última época geológica, el holoceno. Hay varias propuestas respecto al comienzo de esta época, para unos habría empezado hace unos 8000 años con el comienzo de la agricultura y para otros con el final del siglo XVIII y el comienzo de la revolución industrial. Desde el punto de vista del pensamiento teilhardiano, el antropoceno sería una consecuencia del impacto físico sobre la Tierra del desarrollo y progreso de la noosfera. Teilhard encuentra dos movimientos o estadios en la formación de la noosfera que él llama dos tipos de socialización: una socialización de expansión y una socialización de compresión. La primera implica la preeminencia del individuo y los grupos en expansión sobre el territorio y estuvo presente en los primeros grupos humanos desde las tribus de cazadores-recolectores y las primeras civilizaciones. En este estadio se refuerzan los valores y las necesidades cada vez mayores de los individuos y se incrementan las posibilidades de cada persona o pequeño grupo familiar o tribal. El énfasis se pone en los individuos, sus necesidades, derechos, bienestar y felicidad y también en las de los grupos bien sean familias, tribus, gremios, regiones o naciones. Teilhard también llama a este estadio la solución pluralística predominante mientras la humanidad se expande para ocupar toda la Tierra. La socialización de compresión implica una dinámica nueva de lo que Teilhard llama “totalización” y “personalización” a niveles superiores. Este proceso empieza a tomar lugar cuando, ocupada toda la Tierra, la población mundial sigue creciendo incrementándose la organización humana que lleva a une humanidad more fuertemente unida para ir formando un único cuerpo social. A este proceso contribuye el incremento en las organizaciones políticas, sociales, culturales, religiosas, económicas y técnicas. El énfasis en el individuo es sustituido por el énfasis en lo social. La unidad se pone en el ámbito planetario, es decir, debe incluir toda la humanidad. Teilhard ve este proceso no como meramente aditivo compuesto por unidades humanas independientes, sino como la emergencia de una nueva unidad social a nivel planetario. Aunque Teilhard usa la palabra “social”, la nueva unidad que se va formando en la noosfera es fruto de un “proceso físico irresistible”. De la “cerebralización” de los individuos, es decir, la evolución de formas animales en la línea de cerebros más complejos, presente en los primeros estadios del paso a noosfera, pasamos ahora a lo que Teilhard llama une “neo-cerebralización colectiva” a nivel planetario dirigida hacia una unidad final (8, 1-183). Teilhard presenta en su análisis tres elementos de la socialización: une memoria colectiva resultado de la acumulación de experiencias comunes, una red de comunicaciones que cubre toda la Tierra y la emergencia de une nueva facultad de une visión común. Hoy podemos ver cómo estos elementos están cada vez más presentes y creciendo en intensidad. Por ejemplo, las comunicaciones a nivel global, muy limitadas todavía en tiempos de Teilhard, has crecido con nuevos instrumentos, como los teléfonos móviles, internet, las redes sociales, et. Como lo expresaba Teilhard, la noosfera, la envoltura pensante de la tierra sigue aumentando su “temperatura”, subiendo su “psiquismo”, en un proceso externo e interno de planetización. La humanidad realiza une reflexión sobre si misma en lo que puede considerarse como una “segunda humanización” (5, 157-175). En este proceso, al contrario de lo que podía esperarse, la colectivización lleva a una mayor personalización y no a una despersonalización. Las personas individuales no pierden su personalidad, sino que la aumentan a un nivel más alto. El resultado de estos procesos en el desarrollo de la noosfera es según Teilhard la creación de una nueva unidad o “super-organismo” o “super-cuerpo” basado en el conocimiento. Piensa que se debe pasar de la interpretación jurídica entre los hombres a una orgánica o biológica. Un poderoso 14 instrumento en este proceso lo constituye el progreso en los medios de comunicación. Aunque Teilhard solo conocía los limitados medios de su tiempo (teléfono, radio, televisión) previó su incremento en poder de tal forma que pueden convertirse en lo él llamó una “máquina liberadora” (machine libératrice) de la noosfera. Él lo entendía como una liberación en la comunicación de los límites espacio-temporales. Veía los medios de comunicación contribuyendo a la formación de lo que llamaba una “co-conciencia etérea” (co-conscience éthérée). No elaboró qué entendía por este término, pero podemos ver en él une premonición de lo que hoy llamamos el “mundo-virtual” y el “ciber-espacio” de internet y la redes sociales. En este proceso Teilhar reconoce el papel predominante de la ciencia y la tecnología que forman la punto de flecha de la evolución humana. Para Teilhard la investigación científica no es solamente una parte del esfuerzo humano, por muy importante que sea, sino lo que él llamó el “gran negocio del mundo” (la Grande Affaire du Monde) la función humana vital, tan vital como la nutrición y la reproducción. Es a través de ella que el hombre puede crear la mística que puede formar une verdadera unanimidad humana (9, 258). El Espíritu de la Tierra Una vez que han aparecido los elementos conscientes sobre la Tierra, es decir, la noosfera, y se han establecido las corrientes hacia su creciente unificación, todavía están abiertas dos posibilidades a la humanidad debido a su naturaleza libre: cada persona puede elegir buscar su propio bien o en solidaridad construir el bien de la humanidad. De esta forma el hombre está llamado libremente a continuar la línea de la evolución hacia una mayor unidad presente desde sus orígenes en todo el universo. Teilhard relaciona este problema con el del fundamento de la ética. Los elementos libres de la noosfera se enfrentan con el problema de elegir qué es lo que se debe hacer: la cuestión básica de la ética. Las dos posibilidades que hemos presentado resultan en dos sistemas de ética o moral: uno basado en un individualismo estático y otro en una colectivización evolutiva. La primera que da prioridad al individuo y a los intereses personales es el resultado de una concepción pluralística de la humanidad, lo que contradice el movimiento generalizado de la evolución que no puede interrumpirse con la emergencia del hombre. La segunda es consecuencia de la evolución cósmica al nivel de la noosfera que debe seguir siempre en la dirección de una creciente unidad a nivel social con un incremento en la personalización y la espiritualización. Este proceso debe regir las acciones humanas tomando en consideración la naturaleza libre de sus elementos. Teilhard escribió: “No solo hay espíritus en la Tierra. El mundo debe continuar: hay un solo Espíritu de la Tierra (Esprit de la Terre)” (6,23-57). El Espíritu de la Tierra es precisamente el que hace posible el movimiento convergente de los elementos libres de la noosfera hacia su consumación en lo que Teilhard llama el “Punto Omega”. El Espíritu de la Tierra es al mismo tiempo algo del futuro que se logrará por el trabajo unánime de la humanidad y algo ya presente que impulsa a los hombres en esa dirección. Teilhard descarta la posibilidad de una muerte total (la mort totale) de la humanidad, que queda excluida por la presencia del espíritu ya desde los mismos orígenes del universo. Para Teilhard el espíritu constituye precisamente la parte indestructible del universo y es algo necesariamente permanente. Una vez que se salva este obstáculo quedan, sin embargo, dos movimientos que se oponen al proceso de unificación: repulsión y materialización. El primero nace de la instintiva repulsión de las moléculas humanas entre sí, tendencia presente en toda interacción individualista. La segunda corresponde a una vuelta hacia atrás en el proceso de evolución cósmica que debe tender siempre hacia una mayor espiritualización. Teilhard es consciente de que en la organización social existen muchos caminos por los que puede progresar la humanidad. El los reduce a dos: “evolución de pluralidad” y “evolución de unidad”. El primero conduce a la divergencia, en la que los elementos tienden a oponerse unos a otros, movidos por lo que él llama una “mística de separación”. Esta tendencia se puede encontrar en el crecimiento de los particularismos y nacionalismos, que buscan su satisfacción en el progreso de los individuos o grupos enfrentados unos con otros. Estas tendencias a nivel de individuos, tribus o pueblos se oponen a una verdadera unificación a nivel planetario et introducen en la evolución a nivel consciente un elemento de disgregación y muerte. Detrás de ellas uno puede encontrar siempre el “espíritu de 15 egoísmo” opuesto al Espíritu de la Tierra, que es realmente el espíritu de la evolución. Sin embargo, a pesar de que estas tendencias pueden ser muy fuertes serán vencidas por el proceso unificador impulsado por el Espíritu de la Tierra. Otro término que Teilhard utiliza en este contexto es el del “Sentido de la Tierra” (Sens de la Terre), que define como un apasionado sentido del destino común de la humanidad que abre nuestros corazones a la llamada del mundo a una verdadera unanimidad. Para él la única unanimidad humana posible es la que se realiza por el Espíritu de la Tierra alentada por el Sentido de la Tierra (6, 39-47). Necesitamos todavía plantearnos cuál es la fuerza que lleva a los hombres hacia la unidad superando todos los obstáculos. Para Teilhard la respuesta es muy clara, esta fuerza tiene que ser capaz de impulsar el proceso en libertad y no puede ser otra que la del amor. Así puede afirmar que “el amor es la más universal, la más formidable y la más misteriosa de las energías cósmicas” (6, 40-42). Constituye a nivel humano la continuación de lo que él llama la “energía radial”, esto es, la energía que impulsa la evolución de la materia desde las primeras síntesis de las partículas elementales, y de la vida desde la primera célula. A nivel humano esta fuerza toma la forma del amor, ya que el amor es la única fuerza que puede lograr unidad si negar individualidad. En sus propias palabras: “Solamente una unión realizada por el amor tiene la propiedad no solo de diferenciar sino también de personalizar los elementos que organiza” (6, 180-192). De esta forma su concepción de la evolución humana es una dinámica que tiende hacia la unidad por el impulso del amor, sin perder la individualidad y personalidad de los elementos que une. Su visión evolutiva del universo, que Teilhard ha asumido a partir de las ciencias, no le permite otra perspectiva. Esta visión muestra un universo dinámico que evoluciona de forma convergente en la línea de una creciente complejidad, desde las partículas elementales al hombre. Para él la continuación de esta tendencia al nivel consciente del hombre implica un movimiento hacia su unidad movido por la fuerza del amor. La gran opción Como hemos visto, Teilhard concibe la humanidad o la noosfera como impulsada por la fuerza del amor hacia una creciente unificación. Sin embargo, los elementos de la noosfera, es decir, las personas individuales, son libres para elegir su futuro. Como encajan estas dos cosas entre sí, la libertad y la unión implicada en el Espíritu de la Tierra ? Este es el problema más difícil que Teilhard tiene que resolver: la necesaria convergencia de la noosfera y la naturaleza libre de sus elementos. Acaso no pueden estos elementos, las persona, elegir el no converger? La libertad de elección de los elementos de la noosfera y su necesaria convergencia, parecen dos cosas que se oponen entre sí. Teilhard trata este problema en su ensayo titulado “La gran opción” (5, 55-81). Enfrentada con su futuro a la humanidad se le presentan una variedad de caminos a seguir. Teilhard enumera las siguientes alternativas: optimismo o pesimismo, optimismo de evasión o de evolución, evolucionismo de pluralidad o de unidad. Una por una va eliminando las alternativas negativas para al fin quedarse solo con la evolución de unidad. Sin embardo, la experiencia de las tendencias humanas hacia la dispersión puede todavía hacernos dudar de la inevitabilidad de la convergencia hacia la unidad. Para resolver este problema Teilhard empieza por considerar dos tipos de unificación la forzada y la libre. La forzada resulta del efecto de las dos curvaturas de la noosfera, la geométrica o geográfica y la mental o psíquica. La primera está condicionada por la curvatura esférica de la Tierra que atrae a las personas a una mayor cercanía física. La segunda resulta de las condiciones de la naturaleza refleja de la noosfera que tiende a crear unidades sociales cada vez mayores. Sin embargo, la experiencia nos muestra también que, a pesar de estos dos condicionantes, sigue siendo una realidad la escandalosa y caótica dispersión de la humanidad. Como podemos estar seguros de que a pesar de todas las tendencias opuestas la humanidad llegara a la unidad deseada? No nos está la experiencia mostrando precisamente lo contrario? Para asegurar la convergencia hacia la unidad Teilhard tiene que proponer la existencia de una nueva y definitiva atracción que controle los movimientos de la noosfera. Como las dos primeras (curvaturas geométricas y psíquicas) esta tercera tiene también dimensiones planetarias, pero no actúa forzando sino desde la libertad. Su influencia se asemeja a la de la “seducción” y es debida a un centro super- 16 personal, el Punto Omega, que actúa desde y sobre la libertad. Como a nivel de la noosfera el movimiento unificador es por la fuerza del amor, la influencia del Punto Omega solo puede ser a través de un verdadero “super-amor”. La convergencia unificadora de la noosfera queda de esta forma asegurada y llegara a su realización en el foco final de la evolución cósmica, el Punto Omega, precisamente gracias a su presencia y atracción por el amor. Es esta presencia y atracción la que previene la posibilidad de una definitiva opción negativa que condene el mundo al abismo de una multiplicidad divergente. Al mismo tiempo esta atracción respeta la libertad de elección de los elementos de la noosfera. Hemos mencionado ya como el fenómeno moderno de la globalización puede interpretarse como una señal, aunque todavía débil, de la convergencia humana postulada por Teilhard. A este signo podemos añadir otros que van surgiendo en la sociedad actual y que pueden interpretarse también en este sentido, por ejemplo, el incremento en las comunicaciones globales, la preocupación por los asuntos internacionales y su interconexión y el fortalecimiento del papel de los organismos internacionales (Naciones Unidas, organismos de justicia internacional, etcétera). Sin embargo, también los tiempos modernos son testigos de muchas tendencias divergentes, como el individualismo, los nacionalismos, violencia, terrorismo y guerras. La tecnología que ha creado muchas condiciones que fomentan las tendencias individualísticas, como el consumismo y las crecientes desigualdades sociales. En vista de esta situación nos podemos preguntar si existen motivos razonables para mantener la postura optimista de Teilhard. Se trata de pesar los indicios presentes, aunque todavía estemos lejos de ver signos claros de una verdadera convergencia humana. No debemos de olvidar que Teilhard desarrollo su pensamiento durante el tiempo de las dos guerras mundiales y la trágica división de la guerra fría y supo sobreponerse a estas experiencias negativas. Hoy necesitamos un poco de su optimismo para poder ver, a través de los muchos signos oscuros, la luz que brilla a lo lejos como esperanza para el futuro de la humanidad La dimensión cristológica En el contexto de la convergencia de la humanidad es que Teilhard introduce el papel de la fe cristiana que para él está en consonancia con esta convergencia y de esta forma constituye realmente la “religión del futuro” (religion de l'avenir), al reconocer implícito en ella misma, lo que él llama el “sentido humano” (Sens Humain). El sentido humano es lo que empuja a todo hombre a su consumación en la unidad y para el cristiano esa consumación se llevara a cabo por la unión final de los hombres en Cristo. Por eso puede decir que “la luz de Cristo no se eclipsa por el brillo de las ideas del futuro, la ciencia y el progreso, sino que precisamente ella ocupa el centro que sostiene su fuego” (11, 21-44). Concluye así que solo Cristo es el único que puede realmente salvar las aspiraciones humanas de nuestro tiempo. En el epilogo de su obra fundamental, El fenómeno humano (1, 1-348), titulado “El fenómeno cristiano” (Le phénomène chrétien), Teilhard aventura una interpretación cristiana de toda la evolución cósmica en la que el Punto Omega se identifica con la figura de Cristo. La atracción postulada del Punto Omega, que conduce la noosfera por la fuerza del amor hacia su convergencia, se realiza realmente en la presencia histórica de Jesús de Nazaret. En él se ha hecho presente en la misma noosfera el centro último hacia el que ella tiende y que se identifica así con Cristo mismo. El es, por lo tanto, la presencia del Punto Omega en la historia humana, atrayendo todo hacia sí mismo por el amor y donde todo tendrá su última consumación. De esta manera, Teilhard resuelve finalmente la tensión entre la naturaleza libre del hombre y su convergencia hacia la unidad. En esta interpretación la cosmogénesis de la evolución se convierte en una verdadera “cristogénesis”, ya que el polo o centro definitivo de la evolución se identifica con Cristo, Dios encarnado. La unidad de la humanidad y el universo entero en Cristo es lo que Teilhard llama el Cristo Total o Universal. Conclusión Teilhard de Chardin concibe la humanidad como la envoltura pensante de la Tierra o noosfera. Como la biosfera es la transición de lo inanimado a lo viviente, la noosfera es la transición de lo inconsciente a lo consciente y pensante. Teilhard ha encontrado la dirección de la evolución cósmica en la línea de 17 una mayor complejidad, con los elementos uniéndose para formar nuevas unidades cada vez más complejas. Este proceso debe estar también presente en la noosfera en la que los grupos humanos se unen cada vez más a través de su socialización y planetización para formar una sola unidad. La fuerza unificadora presente en la evolución cósmica responsable de la mutual atracción de sus elementos para formar centros cada vez más complejos, a nivel consciente toma la forma del amor. A través de esta fuerza la noosfera o humanidad evoluciona hasta encontrar su consumación final en la unidad con el Punto Omega se identifica con Cristo en quien todos los hombres y todo el universo encontraran finalmente su consumación en la Unidad, 18