p. 13 Vision planétaire de l`humanité et de son avenir selon Teilhard

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p. 13 Vision planétaire de l`humanité et de son avenir selon Teilhard
Français – p. 1
English – p. 6
Spanish – p. 13
Vision planétaire de l'humanité et de son avenir selon Teilhard de Chardin.
Augustin Udías, S. J., Géophysicien de l’Université "Complutense" de Madrid.
Deux anniversaires
Pendant cette année 2015, nous avons célébré deux anniversaires : le cinquième centenaire de la
naissance de Sainte Thérèse d’Avila et le soixantième anniversaire de la mort de Pierre Teilhard de
Chardin. Sur le premier anniversaire nous avons eu beaucoup d'écrits et de célébrations, mais on a à
peine parlé du deuxième. On peut penser que ce sont deux personnalités complètement différentes,
et pourtant, malgré la distance dans le temps et la différence de leurs formes de vie, ils ont beaucoup
de choses en commun. Tous deux ont cherché dans la réalité de leurs vies des chemins nouveaux,
dans des temps d’extrême agitation qui furent, pour Thérèse, ceux de la réforme protestante et du
renouveau de la vie contemplative et, pour Teilhard, ceux de deux guerres mondiales et de
l'influence grandissante de la science qui, avec la vision évolutive de l'univers, interpellait la pensée
chrétienne. Les deux personnages ont axé leur mystique sur la figure du Christ, et tous deux sont
restés fidèles à l'Église, malgré la multitude des incompréhensions et des doutes.
Un pèlerin de l’Avenir
Pèlerin de l’Avenir, c'est l'adjectif que Teilhard se donna à lui-même, et ce fut la meilleure description
de ce qu'il voulait être. En 1923 il avait écrit au paléontologue Henri Breuil une lettre qui disait ceci:
"Pèlerin de l'Avenir, je reviens d'un voyage entièrement effectué dans le passé". Son travail de
géologue et de paléontologue pourrait surtout indiquer le contraire, c'est-à-dire son intérêt pour le
passé, le passé de la Terre, le passé de la vie, le passé de l'Homme. Cependant, pour lui, le passé
n'était qu'un moyen de connaître l’avenir. C'était précisément le futur qui était le principal sujet de
ses préoccupations. Il était convaincu que nous ne pouvons pas comprendre le futur sans
comprendre le passé et son évolution dans le temps. C'est ainsi que l'évolution du cosmos, de la vie,
et de l'homme, étaient au cœur de sa vision du monde, vision qu'il projetait vers l’avenir. Beaucoup
plus tard, en 1952, Teilhard écrivait à son frère Joseph :" La géologie actuellement, dans ma pensée,
est remplacée par l'humain et l'ultra-humain… la "néo-anthropologie" a pris actuellement la première
place dans mes réflexions et dans mes conversations". Ceci signifie que c'était le futur, comme futur
de l'humanité (la néo-anthropologie) qui occupait le centre de ses préoccupations et qui prenait la
place du passé (la géologie).
Pour Teilhard, avec l'apparition de l'homme, la ligne de l'évolution est passée de la pure évolution
biologique à l'évolution humaine, qui se réalise dans le sociétal. C'est dans ce domaine que
l'évolution va se réaliser, jusqu'à la consommation totale de l'Univers. Le Pèlerin de l’Avenir devra
suivre les pas de l'évolution de l'humanité en regardant toujours vers le futur, vers l'avenir. Nous
pouvons suivre ce voyage à travers ses écrits. (Les références sont prises dans les Oeuvres de Pierre
Teilhard de Chardin, Vol. 1-13, Paris, éd. du Seuil, 1955-1976)
L'émergence de la noosphère
Dans le processus de l'évolution il y a deux moments où Teilhard rencontre ce qu’il appelle une
discontinuité dans la continuité. Ce sont d’une part l'apparition de la vie et d’autre part l'apparition
en l'homme de la conscience et de la pensée. Le premier événement est à l'origine d'une nouvelle
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couche ou enveloppe de la Terre, la "biosphère". Le deuxième est l'apparition de la connaissance
réfléchie ou conscience. Non seulement l'homme a la connaissance, mais en même temps il sait qu’il
sait. Cette caractéristique le met à un autre niveau que celui des animaux, et ainsi apparaît une
nouvelle couche dans l'enveloppe qui entoure la Terre, couche que Teilhard appelle la "noosphère".
Teilhard a utilisé ce concept pour la première fois en 1925, en se référant à la couche consciente de
la Terre, la sphère de la réflexion et de la pensée. Une fois que la pensée est apparue sur la Terre, il
se crée un autre processus dynamique et irrésistible au niveau planétaire et cosmique ; c'est ce qu'il
appelle la "socialisation" et la "planétisation". Pour Teilhard, la "planétisation" c’est l'origine et le
développement de tous les processus culturels et sociaux qui tendent à réunir les hommes au niveau
de la planète, en une victoire sur tous les intérêts individuels et communautaires. Ce processus, de
dimensions planétaires, est conditionné par les limites de la sphère terrestre, qui oblige les hommes
à avoir une organisation chaque fois plus serrée entre eux, à créer des unités sociales chaque fois
plus complexes, jusqu'à envahir la totalité de la planète.
Ce processus d'organisation humaine est, en réalité, la suite des mêmes processus d'évolution
cosmique, qui sont d'une complexité croissante, et qui sont à l' œuvre dans toute l'histoire de
l'univers. Le concept de "planétisation" utilisé par Teilhard est comparable au terme moderne de
"globalisation", c'est-à-dire des mouvements sociaux qui affectent la planète entière. L'influence de
l'homme sur la Terre n'est pas uniquement sociétale. Dans le domaine de la géologie, nous voyons
émerger aujourd'hui une nouvelle époque géologique, qui est le résultat de l’influence de l'homme
sur la Terre, et qu’on nomme l’"anthropocène" : époque nouvelle, venant à la suite de la dernière
époque géologique, l'Holocène. Il y a différentes propositions sur la date marquant le début de cette
époque : certains disent qu’elle a commencé il y a 8000 ans avec l’apparition de l'agriculture,
d'autres disent que c’est à la fin du XVIIIème siècle avec la révolution industrielle. Du point de vie
teilhardien l'anthropocène serait une conséquence de l'impact physique sur la Terre du déroulement
et du progrès de la noosphère.
Teilhard trouve deux mouvements ou deux possibilités dans la formation de la "noosphère" ; c'est ce
qu'il appelle deux types de socialisation : une socialisation d'expansion, et une socialisation de
compression. La première serait une prédominance de l'individu et des groupes qui se répandent sur
tout le territoire. C'est ce qui s'est passé aux premiers temps, avec les groupes de chasseurscueilleurs et les premières civilisations. Dans ce modèle on tient compte surtout des besoins des
individus et on augmente les possibilités de chacun, de chaque petit groupe, qu’il soit familial ou
tribal. Le but recherché est l'individu : ses besoins, ses droits, son bien-être, son bonheur, mais aussi
celui des groupes : des familles, des tribus, des corporations, des régions ou des nations. Teilhard
appelle aussi cette situation : la solution plurielle dominante, pendant que l'humanité se répand pour
occuper toute la Terre. La socialisation de compression suppose une nouvelle dynamique, c'est ce
que Teilhard appelle "totalisation" et "personnalisation" à des niveaux supérieurs. Ce processus
commence lorsque, toute la Terre étant occupée, la population mondiale continue de grandir, faisant
augmenter l'organisation humaine, l'amenant vers une humanité plus rassemblée jusqu'à former un
unique corps social. Ce processus est dû à l'augmentation des organisations politiques, sociales,
culturelles, religieuses, économiques et techniques. A l’importance accordée à l’individu est
substituée l’importance de la société. L’unité se situe au niveau planétaire, c'est-à-dire qu’elle doit
inclure toute l'humanité. Teilhard considère que ce processus n'est pas uniquement une somme
composée d’unités humaines indépendantes les unes des autres, mais qu'il est l'émergence d’une
nouvelle unité sociale au niveau planétaire. Même si Teilhard emploie le mot "sociale", cette
nouvelle société qui est en train de se former au sein de la noosphère est le produit d'un "processus
physique irrésistible". Il provient de la "cérébralisation" des individus, c'est à dire de l'évolution des
formes animales du cerveau, vers une lignée de cerveaux plus complexes, déjà présente au
commencement du passage vers la "noosphère" ; nous allons maintenant vers ce que Teilhard
appelle "la néo-cérébralisation collective" qui, au niveau planétaire, est orientée vers une unité finale
(8, 1-183).
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Dans son analyse Teilhard propose trois éléments de socialisation : une mémoire collective, qui est le
résultat des expériences communes, un réseau de communications qui se répand par toute la Terre,
et l'émergence d'une nouvelle faculté qui serait "une vision commune". Nous pouvons voir
aujourd'hui que ces éléments sont tous les jours de plus en plus actuels et en croissance intensive.
Par exemple les communications très limitées à l'époque de Teilhard, ont beaucoup progressé grâce
à de nouveaux outils, comme les téléphones mobiles, internet, les réseaux sociaux, etc.… Comme le
disait Teilhard, la "noosphère", couche pensante de la Terre, continue à augmenter sa "température"
à augmenter son "psychisme", en un processus externe et interne de planétisation. L'humanité
réalise une réflexion sur elle-même, qui peut être considérée comme une "deuxième
humanisation"(5, 157-175). Dans ce processus, au contraire de ce qu'on pouvait espérer, la
collectivisation nous apporte une plus grande personnalisation et non une dépersonnalisation. Les
personnes, en tant qu'individus, ne perdent pas leur personnalité, mais au contraire, elles
l'augmentent vers un niveau plus élevé.
Le résultat de ces processus dans le développement de la "noosphère", dit Teilhard, est la création
d'une nouvelle unité, ou d'un nouveau "super-organisme", ou "un super-corps" qui a comme base la
connaissance. Il croit que nous devons passer d'une interprétation juridique entre les hommes, à une
interprétation organique, ou biologique. Le principal outil pour ce processus, est le progrès des
moyens de communication. Même si Teilhard ne connaissait à son époque que des moyens limités
comme le téléphone, la radio, la télévision, il en prévoyait le développement de telle façon qu'ils
puissent se convertir en ce qu'il appelait "une machine libératrice" de la noosphère. Il voulait dire
que ce serait une libération de la communication, qui échapperait ainsi aux limites imposés par "le
spatio-temporel". Il voyait dans les nouveaux modes de communication la contribution à une
formation de ce qu'il appelait "une co-conscience éthérée". Il n'a jamais dit ce qu'il entendait par ce
concept, mais nous pouvons y voir une prémonition de ce que nous appelons aujourd'hui le "monde
virtuel" et le "cyber-espace" d'Internet et des réseaux sociaux. Dans ce processus Teilhard reconnaît
le rôle prédominant de la science et de la technologie qui sont à la pointe de l'évolution humaine.
Pour Teilhard la recherche scientifique n'est pas seulement une activité due à l'effort humain, même
s'il est très important, mais elle est la "Grande Affaire du Monde", la fonction humaine vitale, aussi
vitale que la nourriture et la reproduction. C'est par elle que l'homme peut créer la mystique, qui
formera une vraie unanimité humaine.(9, 258).
L' esprit de la Terre
Une fois que les éléments conscients sont apparus sur Terre, c'est-à-dire, la "noosphère", et que se
sont établis les courants vers sa plus grande unification, il reste encore deux possibilités à l'humanité,
à cause de sa nature libre : chacun peut choisir entre chercher son bien personnel, ou bien construire
solidairement le bien de l’humanité. De cette façon, l'homme est appelé à continuer la ligne de
l'évolution vers une plus grande unité, ligne qui était déjà présente dans tout l'univers depuis les
origines. Teilhard met en relation ce problème avec le fondement de l'éthique. Les éléments libres de
la noosphère se confrontent au problème de savoir que choisir, ce que l'on doit faire : c'est la
question de base de l'éthique. Les deux possibilités que nous avons indiquées sont le résultat de deux
systèmes d'éthique ou de morale : l'un basé sur un individualisme statique, l'autre sur une
collectivisation évolutive. La première donne la priorité à l'individu et aux intérêts personnels, elle est
la résultante d'une conception plurielle de l'humanité, chose qui est contredite par le mouvement
général de l'évolution et qui ne peut pas s'interrompre avec l’émergence de l'homme. La deuxième
est la conséquence de l'évolution cosmique au niveau de la noosphère qui doit toujours prendre la
direction d'une unité grandissante au niveau social, avec une augmentation de la personnalisation et
de la spiritualisation. Ce processus doit régir les actes humains en prenant en considération la nature
libre de ses éléments.
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Teilhard a écrit: ‘’Il n'y a pas seulement des esprits sur la Terre. Le monde continue : il y aura un Esprit
de la Terre.’' (6, 23-57).L’Esprit de la Terre est précisément ce qui rend possible le mouvement
convergent des éléments libres de la noosphère vers sa consommation dans ce que Teilhard appelle
le "Point Oméga". L'Esprit de la Terre, c’est en même temps quelque chose dans l’avenir, qu'on
obtiendra par le travail de l'ensemble de l'humanité, et quelque chose déjà du présent, qui pousse
les hommes dans cette direction. Teilhard écarte la possibilité "d'une mort totale" de l'humanité, la
mort est exclue à cause de la présence de l'esprit, qui est à l'œuvre déjà depuis le commencement de
l'univers et qui est forcément quelque chose de permanent. Une fois cet obstacle vaincu, il reste
encore deux mouvements opposés au processus d'unification ; ce sont la répulsion et le
matérialisme. La première naît de la répulsion instinctive existant entre les molécules humaines
elles-mêmes, tendance que l'on retrouve dans toute initiative individualiste. La deuxième, on la
retrouve dans un retour en arrière du processus d'évolution cosmique, qui doit toujours aller vers
une plus grande spiritualisation.
Teilhard est bien conscient que dans l’organisation sociale existent plusieurs voies pour que
l'humanité puisse progresser, mais il les réduit à deux : "évolution de pluralité", et "évolution
d'unité". La première nous conduit à la divergence, dont les éléments s'opposent les uns aux autres,
mus qu'ils sont par ce qu’il nomme "une mystique de séparation". Nous retrouvons cette tendance
dans les particularismes et les nationalismes qui cherchent leur satisfaction dans la progression des
individus ou des groupes en concurrence les uns contre les autres. Ces tendances au niveau des
individus, tribus, ou peuples s'opposent à une vraie unification au niveau planétaire, en introduisant
dans l'évolution au niveau conscient un élément de dégradation et de mort. En arrière-plan nous y
rencontrons toujours "l'esprit d'égoïsme" qui est l'opposé de "l'Esprit de la Terre", lequel est le
véritable esprit de l'évolution. Même si ces tendances sont très fortes, elles seront vaincues par le
processus unificateur impulsé par l'Esprit de la Terre. Un autre concept que Teilhard utilise dans ce
contexte est celui du "Sens de la Terre", qu'il définit comme un sens passionné pour le destin
commun de l'humanité qui ouvre nos cœurs à l'appel du monde vers une véritable unanimité. Pour
lui, la seule unanimité possible est celle qui se réalise par l'Esprit de la Terre animée par le Sens de la
Terre (6,39-47).
Nous avons encore besoin de nous demander, quelle est la force qui peut amener les hommes vers
l'unité, en vainquant tous les obstacles. Pour Teilhard, la réponse est évidente, cette force doit être
capable d'impulser le processus librement, et elle ne peut pas être autre que l'amour. Ainsi peut-il
dire : "L’Amour est la plus universelle, la plus formidable, et la plus mystérieuse des énergies
cosmiques" (6, 40-42). Elle constitue au niveau humain la continuité de ce qu'il appelle "l'énergie
radiale", c'est-à-dire l'énergie qui propulse l'évolution de la matière, à partir des premières synthèses
des particules élémentaires et de la vie, en commençant par la première cellule. Cette force, au
niveau humain, prend la forme de l'amour, puisque l'amour est la seule force qui peut unir sans nier
l'individu. Il le dit: " Seule une union réalisée par amour a la propriété non seulement de différencier,
mais aussi de personnaliser les éléments qu'elle organise" (6, 180-192). C'est pourquoi il voit
l'évolution humaine comme une dynamique qui va vers l'unité, impulsée par l'amour, sans perdre
l'individualité ni la personnalité des éléments qu'elle réunit. La vision évolutive de l'univers est celle
que Teilhard a assumée en partant des sciences, et elle ne lui permet aucune autre perspective.
Cette vision se base sur un univers dynamique dont l’évolution est de forme convergente, en suivant
une ligne de plus en plus complexe, des particules élémentaires à l'homme. Selon lui, la continuité de
cette tendance au niveau conscient de l'homme suppose un mouvement vers l’unité, dont le moteur
est la force de l'amour.
La Grande Option
Comme nous l’avons vu, Teilhard pense que l'humanité ou la noosphère sont poussées par la force
de l'amour vers une unification croissante. Cependant, les éléments de la noosphère, c'est-à-dire les
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individus, sont libres dans le choix de leur avenir. Comment faire fonctionner ces deux choses que
sont la liberté, et l'union imposée par L'Esprit de la Terre ? C'est le plus difficile des problèmes que
Teilhard doit résoudre, c'est-à-dire : la convergence de la noosphère et la nature libre de ses
éléments. Est-ce que ces éléments libres, qui sont les personnes, ne pourraient pas, elles, choisir la
divergence ? Le libre arbitre des éléments de la noosphère, et leur nécessaire convergence, semblent
deux choses opposées en soi. Teilhard traite ce problème dans son essai, "La Grande Option" (5, 5581). L'humanité, face à son avenir a plusieurs pistes à suivre, Teilhard énumère les suivantes :
optimisme ou pessimisme, optimisme d'évasion ou d'évolution, évolutionnisme de pluralité ou
d'unicité. Il élimine une à une les alternatives négatives pour en garder finalement une seule qui est
l'évolution d'unicité. Cependant, à cause de l' expérience que nous avons des tendances humaines
vers la dispersion, nous avons des doutes sur l' inévitable convergence vers l'unité. Pour résoudre ce
problème Teilhard commence par considérer deux sortes d'unification : celle qui est forcée et celle
qui est libre. Celle qui est forcée est le résultat de l'effet des deux courbes de la noosphère : la
courbe géométrique ou géographique et la courbe mentale ou psychique. La première est
conditionnée par la courbure sphérique de la Terre qui rapproche les gens en une proximité
physique. La deuxième est le résultat de la nature réflexive de la noosphère, qui a tendance à créer
des unités sociales chaque fois plus grandes. Mais l'expérience nous montre que malgré ces
conditionnements, la réalité d'une humanité scandaleusement et chaotiquement dispersée, continue
d’être un fait. Comment être certains que malgré toutes les tensions qui s'opposent, l'humanité
arrivera à réaliser l'unité souhaitée ? L’expérience ne nous montre-t-elle pas surtout le contraire ?
Pour assurer la convergence vers l'unité, Teilhard doit proposer l'existence d'une nouvelle et force
d'attraction, une force définitive, qui contrôlera les mouvements de la noosphère. Comme les
courbes géométriques et psychiques, elle doit avoir une dimension planétaire, elle ne doit pas agir
par la force, mais avec la liberté. Son influence est semblable à la "séduction", elle est créée par un
centre super-personnel, le Point Oméga, qui agit à partir de la liberté et sur la liberté. De la même
façon que pour la noosphère la force unificatrice c'est la force de l'amour ; l'influence du Point
Oméga ne peut agir qu’à partir d'un véritable "super-amour". La convergence unificatrice de la
noosphère, cette fois-ci, est assurée, et elle se réalisera dans la phase finale de l'évolution cosmique,
le Point Oméga, du fait de la présence de l’amour et de son attraction. C'est cette présence et cette
attraction qui préservent d'une possible et définitive option négative, condamnant le monde à
l'abîme d'une multiplicité divergente. Mais en même temps, cette attraction laisse la liberté aux
éléments de la noosphère de pouvoir choisir.
Nous avons déjà dit sous quelle forme le phénomène moderne de la globalisation, peut être
interprété comme un signe, encore fragile, de la convergence humaine que postule Teilhard. A ce
signe, nous pouvons en ajouter d'autres qui apparaissent dans notre société actuelle et qui peuvent
être interprétés dans le même sens, par exemple l'accroissement des communications mondiales,
l’inquiétude concernant les affaires internationales et leur interconnexion, l'augmentation et
l'importance des organismes internationaux, (Nations-Unies, tribunaux de justice internationaux,
etc.…). Malgré cela, notre époque est le témoin de beaucoup de tendances divergentes, comme
l'individualisme, les nationalismes, la violence, le terrorisme, les guerres. La technologie qui a créé
beaucoup de conditions pour accroître l'unité humaine est responsable aussi de façons de vivre qui
augmentent les tendances à l'individualisme, comme le consumérisme et les grandissantes inégalités
sociales. En regardant cette situation, nous pouvons nous demander s'il est raisonnable de souscrire
à la vision optimiste de Teilhard. Il faut soupeser les signes présents, même si nous sommes loin de
voir de vrais signes d'une convergence humaine. On ne doit pas oublier que Teilhard a développé sa
pensée à l'époque de l'entre-deux guerres mondiales, mais aussi pendant la guerre froide, et il sut
dépasser ces expériences négatives. Aujourd'hui, nous avons besoin de son optimisme pour pouvoir
discerner, entre les signes obscurs la lumière qui brille au loin, espérance pour l’avenir de l'humanité.
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La dimension christologique
Dans le contexte de la convergence de l’humanité, Teilhard introduit le rôle de la foi chrétienne. Pour
lui, elle est en consonance avec cette convergence, et c'est pour cela qu'elle est ‘’la religion de
l'avenir’’, puisqu'elle a en elle-même d'une façon implicite ce qu’il nomme ‘’le Sens Humain’’. Le sens
humain est ce qui amène tout homme à sa consommation dans l'unité, et pour le chrétien, cette
consommation arrivera à son terme avec l'union finale des hommes dans le Christ. C'est pour cette
raison qu'il dit : "La lumière du Christ loin d’être éclipsée par l'éclat grandissant des idées d’Avenir, de
Recherche et de Progrès, se découvre comme le foyer même destiné à soutenir leur ardeur" (11, 2144). Sa conclusion est que seul le Christ peut combler les aspirations humaines de notre temps.
Dans l'épilogue de son œuvre fondamentale," Le Phénomène humain" (1,1-348), intitulé "Le
phénomène chrétien ", Teilhard ose une interprétation chrétienne sur toute l'évolution cosmique
dans laquelle le Point Oméga est la figure du Christ. L'attraction exercée par le Point Oméga, qui
dirige la noosphère par la force de l'amour vers sa convergence, se réalise vraiment par la présence
historique de Jésus de Nazareth. En lui s’est rendu présent dans la noosphère elle-même le centre
ultime vers lequel elle tend, et ainsi elle s'identifie avec le Christ. C’est pour cette raison qu’il est la
présence dans l'histoire humaine du Point Oméga, qui attire tout vers lui par l'amour, et où tout aura
en lui sa dernière consommation. C’est ainsi que Teilhard résout la tension existant entre la nature
libre de l'homme et sa convergence vers l'unité. Dans cette interprétation, la cosmogénèse de
l'évolution devient une véritable "christogénèse", puisque le pôle ou centre définitif de l'évolution
s'identifie au Christ, Dieu incarné. L'unité de l'humanité et de tout l'univers dans le Christ est ce qu'il
appelle le Christ Total ou Universel.
Conclusion
Teilhard de Chardin conçoit l'humanité comme la couche pensante de la Terre ou noosphère. De la
même façon que la biosphère est la transition de l'inanimé au vivant, la noosphère est la transition
de l'inconscient au conscient et au pensant. Teilhard trouve que le sens de l'évolution cosmique est
dans la lignée d'une plus grande complexité, avec des éléments qui s'unissent pour former de
nouvelles unités, chaque fois plus complexes. Ce processus doit être aussi présent dans la noosphère,
où les groupes humains s'unissent chaque fois plus au travers de leur socialisation et de leur
planétisation. La force unificatrice qui est présente dans l'évolution cosmique est responsable de
l'attraction mutuelle entre ses éléments afin de former des centres chaque fois plus complexes ; au
niveau de la conscience, elle prend la forme de l'amour. Grâce à cette force, la noosphère ou
l'humanité évolue jusqu’à trouver sa consommation finale en l’unité avec le Point Oméga, qui l'attire
vers lui. Du point de vue chrétien, le Point Oméga s'identifie avec le Christ en qui tous les hommes et
tout l'Univers trouveront pour finir leur consommation dans l'Unité.
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A PLANETARY VISION OF HUMANITY AND ITS FUTURE ACCORDING TO TEILHARD DE CHARDIN
Agustin Udías, s.j., a geophysicist from Complutense University in Madrid
Two anniversaries
During the past year 2015, we celebrated two anniversaries: the fifth centenary of the birth of Saint
Teresa of Avila and the sixtieth anniversary of the death of Pierre Teilhard de Chardin. On the first
anniversary we had a lot of writings and celebrations, but we barely talked about the second. One
may think that they are two completely different personalities, yet despite the distance in time and
their different forms of life, they have many things in common. Both sought new ways in the reality
of their lives, in their times of extreme agitation: those of the Protestant reform and the renewal of
contemplative life for Teresa, and, for Teilhard, those of two world wars and of the growing influence
of science, with the evolutionary view of the universe, which questioned Christian thought. Both
characters have focused their mystique on the figure of Christ, and both have remained faithful to
the Church, despite the multitude of misunderstandings and doubts.
A Pilgrim of the Future
A “Pilgrim of the Future” (Pèlerin de l’Avenir), appellative which Pierre Teilhard de Chardin applied to
himself, may be the best description of what he wanted to be. In 1923, he wrote: “A Pilgrim of the
Future, I return from a journey made entirely in the Past”. His dedication to geology and
paleontology could rather indicate the contrary, an interest for the past: the past of the Earth’s
formation, the past of life, the past of man. However, for him the past was only a means to
understanding the future. The future was always the principal object of his enquiries. But he was very
aware that we cannot look into the future if we don’t know the past and its evolution in time. Thus,
cosmic evolution is at the center of his vision which he projected to the future. Late in his life in 1952
he wrote: “Geology is at present displaced for me by the human and the ultra-human…the neoanthropology takes the first place now in my reflections and conversations”. He meant by this that
the future, understood as the future of man (neo-anthropology), occupies now the center of his
interest instead of the past (geology). For him with the appearance of man (the noosphere), the line
of evolution has passed from the biological evolution to the social evolution. It is in the latter that
evolution will continue to the final achievement of the whole universe. The Pilgrim of the Future will
have to follow the steps of the evolution of humanity looking always toward what is ahead. We can
follow this journey through his works. (Quotations are to be found in the works by Teilhard de
Chardin in French, volumes 1 to 13, edited by Le Seuil, Paris, 1955 - 1976)
The emergence of the noosphere
In the process of evolution there are two moments of what Teilhard calls discontinuity in
continuity, the appearance of life and of consciousness or thought. The first gives origin to a
new layer or envelope of living matter over the Earth, the “biosphere” (term introduced by the
geologist Eduard Suess, 1831-1914). The second corresponds to the appearance of the human
with his reflexive knowledge or consciousness. Man not only knows, but he is aware of his
own knowledge, he knows that he knows. Teilhard used the term “noosphere”, for the first
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time in 1925, for this new envelope of conscious matter on Earth, the sphere of reflection or
thought.Once conscious thought has appeared on Earth, a new dynamic and irresistible
process at planetary and cosmic levels begins which Teilhard calls human “socialization” or
“planetization”. By planetization Teilhard understands the establishment of all cultural and
social processes at the planetary level overcoming individual and group interests. Planetary
motion is conditioned by the limited spherical form of the Earth’s surface that forces the
humans to organize more and more among themselves, creating units of greater social
complexity filling the whole planet. This process of human organization is actually a
continuation of the cosmic tendency of increasing complexity present in the whole history of
the universe. Teilhard’s planetization can be compared with the modern term of globalization,
that is, social processes affecting the whole world. The influence of man on all aspects of the
Earth has raised the proposal of a new geological epoch, the “anthropocene”, dominated by
humanity, which is considered to follow the holocene. There are several proposals for the
beginning of this epoch, which varies from about 8000 years ago with the beginning of the
farming revolution to the end of the 18th century with the industrial revolution. One can see
the anthropocene as the consequence of the impact on the physical Earth of the development
and progress of the noosphere.
Teilhard finds two movements or stages in the formation of the noosphere which he calls two
types of “socialization”: a socialization of expansion and a socialization of compression. The
socialization of expansion implies that individuation and civilization was present in the first
human groups as they moved from hunter-gatherer tribes to the first civilizations. This stage
stresses the needs and values of the individuals and fosters the increasing possibilities of
separated persons. Emphasis is put at the individual person, his needs, rights, welfare and
happiness and also at groups, be them families, tribes or nations. We are still today in many
aspects at this stage. Teilhard also calls this stage the pluralistic solution, which is present as
humanity expands to occupy the complete surface of the Earth. The socialization of
compression implies “totalization” and “personalization” at a higher level. This process takes
place as world population keeps increasing and human organization becomes more tightly
united in order to form just one social body. Social, cultural, religious, political, economic,
and technical organizations contribute to this process. The emphasis on the individual is, at
this stage, superseded by the emphasis on the social. Unity is now placed at the planetary
level, that is, it must be formed by the whole humanity. Teilhard sees this process not as a
merely additive one made up of human units, but as the emergence of a new social unity at
planetary level. Although he uses the word “social”, the new unity of the noosphere is
achieved through, what he calls, a “physical irresistible process”. From the “cerebralization”
of the individual, that is, the evolution of animal forms along the line of more complex brains,
in the first stages of the noosphere, we pass now to what can be called a “collective
cerebralization” at planetary level in search for a final unity.
Immediately after the experience of the Second World War, which Teilhard saw as the most
terrible shock suffered by the living layers of the Earth, he insisted in the inevitable human
unifying process of planetization. Though the war was a confrontation that moved in a
direction opposite to what he had hoped for, he realized that after the war the world started to
became more connected through a process of increasing socialization. In his analysis, he
presents three elements of the socialization: collective memory which results in an
accumulation of common experiences; a network of communications covering the whole
Earth and the emergence of a new faculty of common vision. We can see that these elements
are present and keep growing in the world today. For example, global communication, very
limited still in Teilhard’s times, has greatly increased with the new instruments of
communication media, such as, mobile phones, internet, social-networks, etc. As Teilhard
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expresses it, the noosphere, the thinking envelope of the Earth keeps increasing its
“temperature”, raising its “psychisme” in an external and internal human planetization.
Humanity becomes totally reflected over itself in what can be called a “second hominization”.
In this process, contrary to what we may think, the collectivization leads also to an increase in
personalization. Individuals don’t lose their personalities, but increase them at a higher level.
The result of these processes in the development of the noosphere is, in Teilhard’s view, the
creation of a new unity or “superorganism” based on knowledge. Another term he uses is that
of a “superbody” (supercorps). He considers that we must pass from a juridical interpretation
of the links between men to an organic or biological one. A powerful instrument in this
process is the progress in the communication media. Although Teilhard knew only the very
limited media of his times (telephone, radio, television), he foresaw their increasing progress
in power, so that they could truly become what he calls a “liberating machine” (machine
libératrice) of the noosphere. He understood this as a liberation from the constraints to
communication imposed by space-time limits. Teilhard saw the media as contributing to the
formation of what he called an “ethereal co-conscience” (co-conscience éthérée). He doesn’t
elaborate what he means by this, but we can see here a premonition of the “virtual-world” and
the “cyber-space” of the internet and the social networks. In this process a predominant role is
played by science and technology which form the arrowhead of human evolution. Thus, for
Teilhard, scientific research is not just a part of human effort, important as it may be, but the
“great affaire of the world” (La Grande Affaire du Monde), the vital human function, as vital
as nutrition and reproduction. He insists that it is through science that man can create a
mystique that will form a true human unanimity.
The spirit of the Earth
Once thinking conscious elements have appeared on the Earth, the noosphere, and the currents
toward their greater unification have been established, two possibilities are still open for
humanity because of its free nature: each person might choose either to seek his own good,
the individual achievement or to build in solidarity the good of the world. In this form
humanity would continue at the conscious level the line of evolution toward a greater unity
present in the whole universe. Teilhard links this problem with the foundation of morality.
The free elements of the noosphere are faced in their action with the problem of choosing
what ought to be done: the basic question of ethics. The two possibilities we have mentioned
result in two ethical or morals systems: one based on a static individualism and the second on
an evolutionary collectivization. The first which give priority of individual and personal
interest is the result of a pluralistic conception of humanity. This contradicts the general
movement of evolution, which cannot be stopped with the emergence of man. The second is a
consequence of evolution at the level of the noosphere which must continue in the direction of
greater unity at social level through an increase in personalization and spiritualization. This
must rule human actions taking into account the free nature of its elements.
As Teilhard wrote: “There are not only spirits on the Earth. The world must continue: it will
be one Spirit of the Earth” (Esprit de la Terre). The “Spirit of the Earth” is what makes
possible the convergent motion of the free elements of the noosphere toward their final
achievement in the Omega Point. He places the Spirit of the Earth in the future, as something
to be achieved by the unanimous work of humanity and at the same time as something already
present which impulses the noosphere in that direction. He rules out first the possibility of a
total death (la mort totale) of humanity, excluded by the presence of the spirit from the very
origins of the cosmic evolution. Such death would indicate the world to be what he calls “a
monster of the spirit”. For Teilhard the spirit constitutes precisely the indestructible part of the
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universe and therefore something necessarily permanent. Once this obstacle is saved, two
motions opposed to this unifying process are still present: repulsion and materialization. The
first springs up from the instinctive repulsion of the human molecules for each other, a
tendency which is present in every individualistic interaction. The second corresponds to a
reversal in the cosmic evolution which must tend always toward a greater spiritualization.
Teilhard is aware that in the social organization there are many roads along which humanity
can make its way. He reduced them to two: “evolution of plurality” and “evolution of unity”.
The first leads to divergence, where the elements tend to oppose each other, moved by what
he called a “mystique of separation”. This tendency can be seen in the growth of
particularisms and nationalisms, which seek satisfaction in a progress of individuals or groups
against each other. This, for Teilhard, would be to introduce, in the evolution at the conscious
level, an element of desegregation and death. Beginning with the individual and extended to
any group, tribe or nation, this tendency is opposed to a true unification at planetary level.
Behind this motion one can always find the “spirit of egoism” opposed to the Spirit of the
Earth, which is really the spirit of evolution. No matter how strong these particularizing
tendencies present themselves, they will be overcome by the unifying process which is driven
by Spirit of the Earth. Another expression Teilhard uses in this context is the “Sense of the
Earth” (Sens de la Terre) which he defines as a passionate sense of the common destiny of
humanity. This Sense of the Earth opens our hearts to the call of the world to a true
unanimity. Unanimity is a word often used by Teilhard to indicate the unity at conscious
level. For him the only unanimity or human unity which is really natural and real is that
achieved by the Spirit of the Earth and fostered by the Sense of the Earth.
We still need to know which force will drive men toward this unity overcoming all the obstacles.
Teilhard’s answer is very clear, stating that the force behind this process, which must be realized in
freedom, cannot be other than that of love. For him “love is the most universal, the most formidable
and the most mysterious of the cosmic energies”. This may seem strange, but Teihard uses this word
in the very general sense of a mutual internal affinity (affinité mutuelle interne). Thus at the human
level love is a continuation of what he has called the “radial energy”, that is, the energy that has been
the driving force of evolution from the very beginnings of the synthesis of elementary particles of
inanimate matter. At the human level, that is, for persons, this force takes the form of love, for love
is the only force that can achieve unity without negating individuality. In his own words: “Only a
union realized for love and in love has physically the property not only to differentiate, but to
personalize the elements that it organizes”. His conception of human evolution is, then, a dynamic
one, tending toward unity through the impetus of love, without losing the individuality and
personality of those who are united. The insight Teilhard has induced from the natural sciences does
not allow for other approaches, since they show a dynamic universe in a converging evolution
through the line of ever increasing complexity, from the elementary particles to the human. The
continuation of this tendency at the conscious level of the noosphere implies a motion toward its
unity through the force of love. Social sciences show us also a progressing motion of humanity along
its history, which tends always to some kind of unity.
The great option
As we have seen, Teilhard sees the world at the noosphere level driven by the force of love toward
an ever greater unification. However, the elements of the noosphere, that is, individual persons, are
free to choose their future. How can we fit this with the inevitable union implied in the Spirit of the
Earth? Here we find the most difficult problem Teilhard has to solve: the necessary convergence of
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the noosphere and the free nature of its elements. Can the elements of the noosphere freely choose
not to converge? The noosphere’s freedom of choice and its necessary convergence toward unity
seem to be opposed to each other. Teilhard considers this problem is his essay titled “The great
option” (La grande option). Faced with his future, humanity is presented with a variety of possible
roads to follow: pessimism or optimism, optimism of evasion or of evolution, evolutionism of
plurality or evolutionism of unity. One by one Teilhard rules out the negative choices to remain with
the evolution of unity as the only possible choice. Nevertheless, the experience of human tendencies
toward dispersion can still make us doubt of the inevitability of the convergence toward unity that
Teilhard presents as a necessity. To solve this problem he distinguishes two types of unifications:
forced and free. The forced one results as a consequence of what he calls the geometric or
geographic and the mental or psychic curvatures of the noosphere. The first is conditioned by the
finite spherical surface of the Earth which brings people more and more physically together. The
second by the conditions of the conscious reflexed nature of the noosphere, which tend to create a
forced coalescence. However, experience shows us the scandalous and chaotic dispersion of
humanity. How can we be sure that in spite of all difficultiesthe noosphere will arrive to the desired
union? Is not experience showing us just the opposite?
Teilhard has to bring here a new and final attraction that will control the movements of the
noosphere. Like the first two (the geometric and psychic curvatures), this third power is also of
planetary dimensions, but it will not act in a forced form but as a free one. Its operation is in the way
of “seduction” by a “superpersonal” Center, the Omega Point, which operates through a free
consent. Since at the noosphere level the unifying motion is made through the force of love, the
influence of the Omega Point can only be through a truly “super-love”. The unifying convergence of
the noosphere is, thus, guaranteed and ends in the final focus of the cosmic evolution, the Omega
Point, precisely by the presence and attraction through love of the same Omega Point. This presence
and action prevents the possibility of a definitive negative option that would doom the world to the
abyss of diverging multiplicity and at the same time respect the freedom of choice of the noosphere.
We have mentioned that the modern phenomenon of globalization may be interpreted as a sign,
weak as it may be, of the human convergence postulated by Teilhard. This sign can be seen also in
various other phenomena present today in society, for example, in the increase in world
communications, rapid global transportation, concern for international affairs and strengthening of
the role of the international organizations (United Nations, International Criminal Court, etc.).
However, modern times are also witness to many divergent motions, such as, nationalisms, violence,
wars and terrorism. Technology which has created many conditions for human unity is also
responsible of ways of life which foster individualistic tendencies, such as consumerism and growing
inequalities. In view of this, one may ask if there is a reasonable ground for Teilhard’s optimistic view.
It is a matter of weighting the evidences at hand, though we are still too far away to see clear signs of
a true human convergence. We must not forget that Teilhard developed his vision during the time of
two world wars and the tragic divisions present during the cold war. Today we need some of his
optimism to be able to see, through the many dark signs, the light at the end of the tunnel which
shines as a hope for the future of mankind.
The Christological dimension
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In this context, Teilhard introduces the role of the Christian faith as a force which works in the same
direction as that of the human convergence. For him Christianity has to become the “religion of the
future” (religion de l’avenir) by discovering what he calls the “Human Sense” (Sens Humain), which is
really already implicit in it, as he recognizes. The human sense is the drive of all men toward a unified
achievement, and, for a Christian, this achievement is fulfilled by the union of all men in Christ. Thus,
he adds that “the light of Christ is not eclipsed by the shining of the ideas of future, research and
progress, but it occupies the center which sustains its fire” and concludes that Christ is the only one
who can save the human aspirations of our time. In the epilogue of his fundamental work, The
human phenomenon, entitled “The Christian phenomenon” (Le phénomène chrétien), Teilhard
ventures a Christian interpretation of the whole cosmic evolution in which the Omega Point is
identified with the figure of Christ. The postulated attraction of the Omega Point which drives the
noosphere through love to its convergence is realized in the historical presence of Jesus of Nazareth.
The universe, then, through the convergence of humanity tends really to an ultimate unity which can
only be achieved in union with Christ. Christ is, then, the Presence of the Omega point in the human
history, attracting human progress toward himself, and thus helping its achievement. In this way
Teilhard finally solves the tension between the free nature of the noosphere and its convergence into
unity. In this interpretation the cosmogenesis of evolution becomes truly a “Christogenesis”, since
the pole of evolution is identified with incarnated Christ. The unity of humanity and the universe with
Christ is what Teilhard calls the “total” or “universal” Christ.
Conclusion
Teilhard de Chardin conceives humanity as the thinking envelope of the Earth or the noosphere. As
the biosphere was the transition from the non-living to the living, the noosphere is the transition
from the unconscious to the fully conscious and thinking. As he has followed the line of cosmic
evolution in the direction of an ever greater complexity, with elements uniting to form new more
complex unities, he proposes that this process must also be present in the noosphere. The unifying
process in which the human groups become more a more united is now called socialization and
planetization. The unifying force present in cosmic evolution and responsible for its direction through
the mutual attraction of its elements toward greater complex centers takes at the conscious level the
form of the force of love. Through the force of love the noosphere will eventually achieve in freedom
its final unity in the Omega Point who is attracting it toward himself. From the Christian point of
view, the Omega Point is identified with Christ in whom all men and the whole universe will finally
unite.
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Una visión planetaria de la humanidad y su futuro según Teilhard de Chardin
Agustín Udías, s.j., Geofísico. Universidad Complutense. Madrid
Dos aniversarios
Este año celebramos dos aniversarios, el quinto centenario del nacimiento de Santa Teresa de Jesús
y el sesenta aniversario de la muerte de Pierre Teilhard de Chardin. Sobre el primero mucho se está
escribiendo y celebrando, mientras que del segundo apenas se oye hablar. Pueden parecer do
figuras totalmente distintas, sin embargo, a pesar de la gran distancia en el tiempo y la forma de vida,
tienen mucho en común. Los dos encontraron desde la realidad de la vida nuevos caminos en
tiempos convulsos, para Teresa por la reforma protestante con la renovación de la vida contemplativa
y para Teilhard por las dos guerras mundiales, con la influencia de la ciencia y la visión evolutiva del
universo en el pensamiento cristiano. Los dos centraron su misticismo en la figura de Cristo y los dos
se mantuvieron hijos fieles de la Iglesia, a pesar de las muchas incomprensiones y sospechas.
Un peregrino del futuro
Un “Peregrino del Futuro” (Pèlerin de l’Avenir), apelativo que Teilhard de Chardin se aplicó a sí
mismo, puede ser la mejor descripción de lo que él quiso ser. En 1923, Teilhard había escrito en una
carta al paleontólogo Henri Breuil: “Como un Peregrino del Futuro, yo vuelvo de un viaje totalmente
hecho en el pasado”. Su dedicación a la geología y la paleontología podría más bien indicar todo lo
contrario, es decir, un interés por el pasado, el pasado de la Tierra, el pasado de la vida, el pasado
del hombre. Sin embargo, para él el pasado era solamente un medio para comprender el futuro. Era
el futuro lo que constituía realmente el principal objeto de sur preocupaciones. Pero él estaba
totalmente convencido de que no podemos mirar hacia el futuro si no comprendemos antes el pasado
y su evolución en el tiempo. De esta forma la evolución del cosmos, la vida y el hombre estaban en el
centro de su visión sobre el mundo que el proyectaba hacia el futuro. Mucho más tarde en 1952,
Teilhard escribía a su hermano Joseph: “La geología en el presente está desplazada en mi
consideración por lo humano y lo ultra-humano… La neoantropología toma ahora el primer lugar en
mis reflexiones y conversaciones. Con esto quería decir que era realmente el futuro, entendido como
el futuro de la humanidad (la neo-antropología), lo que ocupaba en realidad el centro de sus intereses
en lugar del pasado (la geología). Para Teilhard con la aparición del hombre la línea de la evolución
ha pasado de la pura evolución biológica a la evolución humana realizada a través de lo social. Es en
esta última que la evolución continuará hasta realizarse la consumación total del universo. El
Peregrino del Futuro tendrá que seguir los pasos de la evolución de la humanidad mirando siempre
hacia el futuro, hacia lo que está por delante. Podemos seguir este viaje a través de sus escritos (Las
citas están dadas con el volumen y páginas de sus obras completas en francés. Pierre Teilhard de
Chardin (1955-1976). Oeuvres de Pierre Teilhard de Chardin, Vol. 1-13. Paris, Éditions du Seuil.)
La emergencia de la noosfera
En el proceso de la evolución hay dos momentos en los que Teilhard encuentra lo que llama una
discontinuidad en continuidad: la aparición de la vida y la aparición en el hombre de la consciencia y
el pensamiento. El primero da origen a una nueva capa o envoltura sobre la Tierra, la “biosfera”. El
segundo momento corresponde a la aparición del conocimiento reflejo o consciencia. El hombre no
solo conoce, sino que es consciente en el mismo acto de su conocer. Esta característica le pone a
otro nivel que los animales y de esta manera aparece una nueva envoltura sobre la Tierra, a la que
Teilhard llama la “noosfera”. Teilhard usó este término por primera vez 1925, para referirse a la capa
de materia consciente sobre la Tierra, la esfera de la reflexión y el pensamiento. Una vez que ha
aparecido el pensamiento sobre la Tierra se establece un nuevo proceso dinámico e irresistible a un
nivel planetario y cósmico que él llama “socialización” y “planetización”. Teilhard entiende por
planetización la generación y desarrollo de todos los procesos culturales y sociales que tienden a unir
a los hombres a un nivel planetario venciendo los intereses individuales y de grupos. Este proceso de
dimensión planetaria está condicionado por la limitación de la superficial esférica de la Tierra que
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fuerza a los hombres a una organización cada vez más fuerte entre ellos, creando unidades de cada
vez mayor complejidad social extendidas hasta llenar todo el planeta. Este proceso de organización
humana forma, en realidad, la continuación de los procesos de la evolución cósmica, siguiendo la
línea de una creciente complejidad, presentes en toda la historia del universo. El término
planetización, usado por Teilhard, se puede comparar con el término moderno de “globalización”, es
decir, de procesos sociales que afectan a todo el planeta. La influencia del hombre sobre la Tierra no
se reduce a lo social. Dentro del campo de la geología se propone hoy une nueva época geológica,
resultado de la influencia del hombre sobre la Tierra, a la que se da el nombre del “antropoceno”, que
seguiría a la considerada hoy como la última época geológica, el holoceno. Hay varias propuestas
respecto al comienzo de esta época, para unos habría empezado hace unos 8000 años con el
comienzo de la agricultura y para otros con el final del siglo XVIII y el comienzo de la revolución
industrial. Desde el punto de vista del pensamiento teilhardiano, el antropoceno sería una
consecuencia del impacto físico sobre la Tierra del desarrollo y progreso de la noosfera.
Teilhard encuentra dos movimientos o estadios en la formación de la noosfera que él llama dos tipos
de socialización: una socialización de expansión y una socialización de compresión. La primera
implica la preeminencia del individuo y los grupos en expansión sobre el territorio y estuvo presente
en los primeros grupos humanos desde las tribus de cazadores-recolectores y las primeras
civilizaciones. En este estadio se refuerzan los valores y las necesidades cada vez mayores de los
individuos y se incrementan las posibilidades de cada persona o pequeño grupo familiar o tribal. El
énfasis se pone en los individuos, sus necesidades, derechos, bienestar y felicidad y también en las
de los grupos bien sean familias, tribus, gremios, regiones o naciones. Teilhard también llama a este
estadio la solución pluralística predominante mientras la humanidad se expande para ocupar toda la
Tierra. La socialización de compresión implica una dinámica nueva de lo que Teilhard llama
“totalización” y “personalización” a niveles superiores. Este proceso empieza a tomar lugar cuando,
ocupada toda la Tierra, la población mundial sigue creciendo incrementándose la organización
humana que lleva a une humanidad more fuertemente unida para ir formando un único cuerpo social.
A este proceso contribuye el incremento en las organizaciones políticas, sociales, culturales,
religiosas, económicas y técnicas. El énfasis en el individuo es sustituido por el énfasis en lo social.
La unidad se pone en el ámbito planetario, es decir, debe incluir toda la humanidad. Teilhard ve este
proceso no como meramente aditivo compuesto por unidades humanas independientes, sino como la
emergencia de una nueva unidad social a nivel planetario. Aunque Teilhard usa la palabra “social”, la
nueva unidad que se va formando en la noosfera es fruto de un “proceso físico irresistible”. De la
“cerebralización” de los individuos, es decir, la evolución de formas animales en la línea de cerebros
más complejos, presente en los primeros estadios del paso a noosfera, pasamos ahora a lo que
Teilhard llama une “neo-cerebralización colectiva” a nivel planetario dirigida hacia una unidad final (8,
1-183).
Teilhard presenta en su análisis tres elementos de la socialización: une memoria colectiva resultado
de la acumulación de experiencias comunes, una red de comunicaciones que cubre toda la Tierra y la
emergencia de une nueva facultad de une visión común. Hoy podemos ver cómo estos elementos
están cada vez más presentes y creciendo en intensidad. Por ejemplo, las comunicaciones a nivel
global, muy limitadas todavía en tiempos de Teilhard, has crecido con nuevos instrumentos, como los
teléfonos móviles, internet, las redes sociales, et. Como lo expresaba Teilhard, la noosfera, la
envoltura pensante de la tierra sigue aumentando su “temperatura”, subiendo su “psiquismo”, en un
proceso externo e interno de planetización. La humanidad realiza une reflexión sobre si misma en lo
que puede considerarse como una “segunda humanización” (5, 157-175). En este proceso, al
contrario de lo que podía esperarse, la colectivización lleva a una mayor personalización y no a una
despersonalización. Las personas individuales no pierden su personalidad, sino que la aumentan a un
nivel más alto.
El resultado de estos procesos en el desarrollo de la noosfera es según Teilhard la creación de una
nueva unidad o “super-organismo” o “super-cuerpo” basado en el conocimiento. Piensa que se debe
pasar de la interpretación jurídica entre los hombres a una orgánica o biológica. Un poderoso
14
instrumento en este proceso lo constituye el progreso en los medios de comunicación. Aunque
Teilhard solo conocía los limitados medios de su tiempo (teléfono, radio, televisión) previó su
incremento en poder de tal forma que pueden convertirse en lo él llamó una “máquina liberadora”
(machine libératrice) de la noosfera. Él lo entendía como una liberación en la comunicación de los
límites espacio-temporales. Veía los medios de comunicación contribuyendo a la formación de lo que
llamaba una “co-conciencia etérea” (co-conscience éthérée). No elaboró qué entendía por este
término, pero podemos ver en él une premonición de lo que hoy llamamos el “mundo-virtual” y el
“ciber-espacio” de internet y la redes sociales. En este proceso Teilhar reconoce el papel
predominante de la ciencia y la tecnología que forman la punto de flecha de la evolución humana.
Para Teilhard la investigación científica no es solamente una parte del esfuerzo humano, por muy
importante que sea, sino lo que él llamó el “gran negocio del mundo” (la Grande Affaire du Monde) la
función humana vital, tan vital como la nutrición y la reproducción. Es a través de ella que el hombre
puede crear la mística que puede formar une verdadera unanimidad humana (9, 258).
El Espíritu de la Tierra
Una vez que han aparecido los elementos conscientes sobre la Tierra, es decir, la noosfera, y se han
establecido las corrientes hacia su creciente unificación, todavía están abiertas dos posibilidades a la
humanidad debido a su naturaleza libre: cada persona puede elegir buscar su propio bien o en
solidaridad construir el bien de la humanidad. De esta forma el hombre está llamado libremente a
continuar la línea de la evolución hacia una mayor unidad presente desde sus orígenes en todo el
universo. Teilhard relaciona este problema con el del fundamento de la ética. Los elementos libres de
la noosfera se enfrentan con el problema de elegir qué es lo que se debe hacer: la cuestión básica de
la ética. Las dos posibilidades que hemos presentado resultan en dos sistemas de ética o moral: uno
basado en un individualismo estático y otro en una colectivización evolutiva. La primera que da
prioridad al individuo y a los intereses personales es el resultado de una concepción pluralística de la
humanidad, lo que contradice el movimiento generalizado de la evolución que no puede interrumpirse
con la emergencia del hombre. La segunda es consecuencia de la evolución cósmica al nivel de la
noosfera que debe seguir siempre en la dirección de una creciente unidad a nivel social con un
incremento en la personalización y la espiritualización. Este proceso debe regir las acciones humanas
tomando en consideración la naturaleza libre de sus elementos.
Teilhard escribió: “No solo hay espíritus en la Tierra. El mundo debe continuar: hay un solo Espíritu de
la Tierra (Esprit de la Terre)” (6,23-57). El Espíritu de la Tierra es precisamente el que hace posible el
movimiento convergente de los elementos libres de la noosfera hacia su consumación en lo que
Teilhard llama el “Punto Omega”. El Espíritu de la Tierra es al mismo tiempo algo del futuro que se
logrará por el trabajo unánime de la humanidad y algo ya presente que impulsa a los hombres en esa
dirección. Teilhard descarta la posibilidad de una muerte total (la mort totale) de la humanidad, que
queda excluida por la presencia del espíritu ya desde los mismos orígenes del universo. Para Teilhard
el espíritu constituye precisamente la parte indestructible del universo y es algo necesariamente
permanente. Una vez que se salva este obstáculo quedan, sin embargo, dos movimientos que se
oponen al proceso de unificación: repulsión y materialización. El primero nace de la instintiva
repulsión de las moléculas humanas entre sí, tendencia presente en toda interacción individualista. La
segunda corresponde a una vuelta hacia atrás en el proceso de evolución cósmica que debe tender
siempre hacia una mayor espiritualización.
Teilhard es consciente de que en la organización social existen muchos caminos por los que puede
progresar la humanidad. El los reduce a dos: “evolución de pluralidad” y “evolución de unidad”. El
primero conduce a la divergencia, en la que los elementos tienden a oponerse unos a otros, movidos
por lo que él llama una “mística de separación”. Esta tendencia se puede encontrar en el crecimiento
de los particularismos y nacionalismos, que buscan su satisfacción en el progreso de los individuos o
grupos enfrentados unos con otros. Estas tendencias a nivel de individuos, tribus o pueblos se
oponen a una verdadera unificación a nivel planetario et introducen en la evolución a nivel consciente
un elemento de disgregación y muerte. Detrás de ellas uno puede encontrar siempre el “espíritu de
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egoísmo” opuesto al Espíritu de la Tierra, que es realmente el espíritu de la evolución. Sin embargo, a
pesar de que estas tendencias pueden ser muy fuertes serán vencidas por el proceso unificador
impulsado por el Espíritu de la Tierra. Otro término que Teilhard utiliza en este contexto es el del
“Sentido de la Tierra” (Sens de la Terre), que define como un apasionado sentido del destino común
de la humanidad que abre nuestros corazones a la llamada del mundo a una verdadera unanimidad.
Para él la única unanimidad humana posible es la que se realiza por el Espíritu de la Tierra alentada
por el Sentido de la Tierra (6, 39-47).
Necesitamos todavía plantearnos cuál es la fuerza que lleva a los hombres hacia la unidad superando
todos los obstáculos. Para Teilhard la respuesta es muy clara, esta fuerza tiene que ser capaz de
impulsar el proceso en libertad y no puede ser otra que la del amor. Así puede afirmar que “el amor es
la más universal, la más formidable y la más misteriosa de las energías cósmicas” (6, 40-42).
Constituye a nivel humano la continuación de lo que él llama la “energía radial”, esto es, la energía
que impulsa la evolución de la materia desde las primeras síntesis de las partículas elementales, y de
la vida desde la primera célula. A nivel humano esta fuerza toma la forma del amor, ya que el amor es
la única fuerza que puede lograr unidad si negar individualidad. En sus propias palabras: “Solamente
una unión realizada por el amor tiene la propiedad no solo de diferenciar sino también de personalizar
los elementos que organiza” (6, 180-192). De esta forma su concepción de la evolución humana es
una dinámica que tiende hacia la unidad por el impulso del amor, sin perder la individualidad y
personalidad de los elementos que une. Su visión evolutiva del universo, que Teilhard ha asumido a
partir de las ciencias, no le permite otra perspectiva. Esta visión muestra un universo dinámico que
evoluciona de forma convergente en la línea de una creciente complejidad, desde las partículas
elementales al hombre. Para él la continuación de esta tendencia al nivel consciente del hombre
implica un movimiento hacia su unidad movido por la fuerza del amor.
La gran opción
Como hemos visto, Teilhard concibe la humanidad o la noosfera como impulsada por la fuerza del
amor hacia una creciente unificación. Sin embargo, los elementos de la noosfera, es decir, las
personas individuales, son libres para elegir su futuro. Como encajan estas dos cosas entre sí, la
libertad y la unión implicada en el Espíritu de la Tierra ? Este es el problema más difícil que Teilhard
tiene que resolver: la necesaria convergencia de la noosfera y la naturaleza libre de sus elementos.
Acaso no pueden estos elementos, las persona, elegir el no converger? La libertad de elección de los
elementos de la noosfera y su necesaria convergencia, parecen dos cosas que se oponen entre sí.
Teilhard trata este problema en su ensayo titulado “La gran opción” (5, 55-81). Enfrentada con su
futuro a la humanidad se le presentan una variedad de caminos a seguir. Teilhard enumera las
siguientes alternativas: optimismo o pesimismo, optimismo de evasión o de evolución, evolucionismo
de pluralidad o de unidad. Una por una va eliminando las alternativas negativas para al fin quedarse
solo con la evolución de unidad. Sin embardo, la experiencia de las tendencias humanas hacia la
dispersión puede todavía hacernos dudar de la inevitabilidad de la convergencia hacia la unidad. Para
resolver este problema Teilhard empieza por considerar dos tipos de unificación la forzada y la libre.
La forzada resulta del efecto de las dos curvaturas de la noosfera, la geométrica o geográfica y la
mental o psíquica. La primera está condicionada por la curvatura esférica de la Tierra que atrae a las
personas a una mayor cercanía física. La segunda resulta de las condiciones de la naturaleza refleja
de la noosfera que tiende a crear unidades sociales cada vez mayores. Sin embargo, la experiencia
nos muestra también que, a pesar de estos dos condicionantes, sigue siendo una realidad la
escandalosa y caótica dispersión de la humanidad. Como podemos estar seguros de que a pesar de
todas las tendencias opuestas la humanidad llegara a la unidad deseada? No nos está la experiencia
mostrando precisamente lo contrario?
Para asegurar la convergencia hacia la unidad Teilhard tiene que proponer la existencia de una nueva
y definitiva atracción que controle los movimientos de la noosfera. Como las dos primeras (curvaturas
geométricas y psíquicas) esta tercera tiene también dimensiones planetarias, pero no actúa forzando
sino desde la libertad. Su influencia se asemeja a la de la “seducción” y es debida a un centro super-
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personal, el Punto Omega, que actúa desde y sobre la libertad. Como a nivel de la noosfera el
movimiento unificador es por la fuerza del amor, la influencia del Punto Omega solo puede ser a
través de un verdadero “super-amor”. La convergencia unificadora de la noosfera queda de esta
forma asegurada y llegara a su realización en el foco final de la evolución cósmica, el Punto Omega,
precisamente gracias a su presencia y atracción por el amor. Es esta presencia y atracción la que
previene la posibilidad de una definitiva opción negativa que condene el mundo al abismo de una
multiplicidad divergente. Al mismo tiempo esta atracción respeta la libertad de elección de los
elementos de la noosfera.
Hemos mencionado ya como el fenómeno moderno de la globalización puede interpretarse como una
señal, aunque todavía débil, de la convergencia humana postulada por Teilhard. A este signo
podemos añadir otros que van surgiendo en la sociedad actual y que pueden interpretarse también en
este sentido, por ejemplo, el incremento en las comunicaciones globales, la preocupación por los
asuntos internacionales y su interconexión y el fortalecimiento del papel de los organismos
internacionales (Naciones Unidas, organismos de justicia internacional, etcétera). Sin embargo,
también los tiempos modernos son testigos de muchas tendencias divergentes, como el
individualismo, los nacionalismos, violencia, terrorismo y guerras. La tecnología que ha creado
muchas condiciones que fomentan las tendencias individualísticas, como el consumismo y las
crecientes desigualdades sociales. En vista de esta situación nos podemos preguntar si existen
motivos razonables para mantener la postura optimista de Teilhard. Se trata de pesar los indicios
presentes, aunque todavía estemos lejos de ver signos claros de una verdadera convergencia
humana. No debemos de olvidar que Teilhard desarrollo su pensamiento durante el tiempo de las dos
guerras mundiales y la trágica división de la guerra fría y supo sobreponerse a estas experiencias
negativas. Hoy necesitamos un poco de su optimismo para poder ver, a través de los muchos signos
oscuros, la luz que brilla a lo lejos como esperanza para el futuro de la humanidad
La dimensión cristológica
En el contexto de la convergencia de la humanidad es que Teilhard introduce el papel de la fe
cristiana que para él está en consonancia con esta convergencia y de esta forma constituye
realmente la “religión del futuro” (religion de l'avenir), al reconocer implícito en ella misma, lo que él
llama el “sentido humano” (Sens Humain). El sentido humano es lo que empuja a todo hombre a su
consumación en la unidad y para el cristiano esa consumación se llevara a cabo por la unión final de
los hombres en Cristo. Por eso puede decir que “la luz de Cristo no se eclipsa por el brillo de las ideas
del futuro, la ciencia y el progreso, sino que precisamente ella ocupa el centro que sostiene su fuego”
(11, 21-44). Concluye así que solo Cristo es el único que puede realmente salvar las aspiraciones
humanas de nuestro tiempo.
En el epilogo de su obra fundamental, El fenómeno humano (1, 1-348), titulado “El fenómeno
cristiano” (Le phénomène chrétien), Teilhard aventura una interpretación cristiana de toda la evolución
cósmica en la que el Punto Omega se identifica con la figura de Cristo. La atracción postulada del
Punto Omega, que conduce la noosfera por la fuerza del amor hacia su convergencia, se realiza
realmente en la presencia histórica de Jesús de Nazaret. En él se ha hecho presente en la misma
noosfera el centro último hacia el que ella tiende y que se identifica así con Cristo mismo. El es, por lo
tanto, la presencia del Punto Omega en la historia humana, atrayendo todo hacia sí mismo por el
amor y donde todo tendrá su última consumación. De esta manera, Teilhard resuelve finalmente la
tensión entre la naturaleza libre del hombre y su convergencia hacia la unidad. En esta interpretación
la cosmogénesis de la evolución se convierte en una verdadera “cristogénesis”, ya que el polo o
centro definitivo de la evolución se identifica con Cristo, Dios encarnado. La unidad de la humanidad y
el universo entero en Cristo es lo que Teilhard llama el Cristo Total o Universal.
Conclusión
Teilhard de Chardin concibe la humanidad como la envoltura pensante de la Tierra o noosfera. Como
la biosfera es la transición de lo inanimado a lo viviente, la noosfera es la transición de lo inconsciente
a lo consciente y pensante. Teilhard ha encontrado la dirección de la evolución cósmica en la línea de
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una mayor complejidad, con los elementos uniéndose para formar nuevas unidades cada vez más
complejas. Este proceso debe estar también presente en la noosfera en la que los grupos humanos
se unen cada vez más a través de su socialización y planetización para formar una sola unidad. La
fuerza unificadora presente en la evolución cósmica responsable de la mutual atracción de sus
elementos para formar centros cada vez más complejos, a nivel consciente toma la forma del amor. A
través de esta fuerza la noosfera o humanidad evoluciona hasta encontrar su consumación final en la
unidad con el Punto Omega se identifica con Cristo en quien todos los hombres y todo el universo
encontraran finalmente su consumación en la Unidad,
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