L`AGRICULTURE FAMILIALE FACE À LA FORÊT FAMILY FARMING
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L`AGRICULTURE FAMILIALE FACE À LA FORÊT FAMILY FARMING
1 er trimestre 2014 n° 319 NUMÉRO SPÉCIAL : L'AGRICULTURE FAMILIALE FACE À LA FORÊT SPECIAL ISSUE: FAMILY FARMING FACING FOREST NÚMERO ESPECIAL: LA AGRICULTURA FAMILIAR FRENTE AL BOSQUE BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) SOMMAIRE ÉDITORIAL Les agricultures familiales, de la déforestation à une gestion partagée des espaces forestiers ? B. Mallet 4 La revue devient plus accessible J.-F. Trébuchon 5 Plantations de teck, Tectona grandis L.f., en sylviculture paysanne au Sud Bénin A. K. N. Aoudji, A. Adégbidi, J. C. Ganglo, P. Lebailly 7 Perception locale des sols et de leur évolution dans des terroirs en cours de savanisation des populations batandu en République démocratique du Congo E. Dubiez, T. Yamba Yamba, B. Mvolo, V. Freycon 19 Productivité et valeur économique des calices de Bombax costatum Pellegr. & Vuillet en zone soudanienne du Burkina Faso I. Ouédraogo, B. M. I. Nacoulma, O. Ouédraogo, K. Hahn, A. Thiombiano 31 Dynamique de la végétation ligneuse des espaces sylvo-pastoraux villageois mis en défens dans le Sud du Bassin arachidier au Sénégal M. Badji, D. Sanogo, L. E. Akpo 43 Trajectoires des pratiques agricoles paysannes en Amazonie C. Billard, V. Gond, J. Oszwald, X. Arnaud de Sartre, B. Pokorny 53 LE POINT SUR… NOTE TECHNIQUE Place de l’agriculture itinérante familiale dans la foresterie communautaire au Gabon Q. Meunier, S. Boldrini, C. Moumbogou, A. Morin, S. Ibinga, C. Vermeulen VOS LECTURES 65 18 – 30 – 42 – 70 – 71 – 72 Des champignons symbiotiques contre la désertification : 6 écosystèmes méditerranéens, tropicaux et insulaires. Duponnois R., Hafidi M., Ndoye I., Ramanankierana H., Bâ A. M. State of Mediterranean Forests 2013. 73 Fao Agricultures familiales et mondes à venir. 74 Sourisseau J.M. (Éd. Sc) 1 2 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) CONTENTS EDITORIAL Family farming, from deforestation to a shared management of the forest spaces? B. Mallet 4 The magazine becomes more accessible J.-F. Trébuchon 5 Planting teak, Tectona grandis L.f., in smallholder farming systems in Southern Benin A. K. N. Aoudji, A. Adégbidi, J. C. Ganglo, P. Lebailly 7 Local perceptions of soils and their gradual transformation into savannah in batandu village lands in the Democratic Republic of Congo E. Dubiez, T. Yamba Yamba, B. Mvolo, V. Freycon 19 Productivity and economic value of the Bombax costatum Pellegr. & Vuillet calyx in Burkina Faso’s Sudanian Zone I. Ouédraogo, B. M. I. Nacoulma, O. Ouédraogo, K. Hahn, A. Thiombiano 31 Dynamics of woody vegetation in village woodland and grazing reserves in South Senegal’s Groundnut Basin M. Badji, D. Sanogo, L. E. Akpo 43 Patterns defining smallholder agricultural practice in Amazonia C. Billard, V. Gond, J. Oszwald, X. Arnaud de Sartre, B. Pokorny 53 FOCUS ON… TECHNICAL NOTE The coexistence of traditional slash-and-burn farming and community forests in Gabon Q. Meunier, S. Boldrini, C. Moumbogou, A. Morin, S. Ibinga, C. Vermeulen BOOK REVIEW 65 18 – 30 – 42 – 70 – 71 – 72 Des champignons symbiotiques contre la désertification : 6 écosystèmes méditerranéens, tropicaux et insulaires. Duponnois R., Hafidi M., Ndoye I., Ramanankierana H., Bâ A. M. State of Mediterranean Forests 2013. 73 Fao Agricultures familiales et mondes à venir. 74 Sourisseau J.M. (Éd. Sc) BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) SUMARIO EDITORIAL La agricultura familiar, de la deforestación a una gestión compartida de los espacios forestales? B. Mallet 4 La revista se hace más accesible J.-F. Trébuchon 5 Plantaciones de teca, Tectona grandis L.f., en silvicultura campesina en el Sur de Benín A. K. N. Aoudji, A. Adégbidi, J. C. Ganglo, P. Lebailly 7 Percepción local de los suelos y de su evolución en las tierras en proceso de sabanización del pueblo batandu en la República democrática del Congo E. Dubiez, T. Yamba Yamba, B. Mvolo, V. Freycon 19 Productividad y valor económico de cálices de Bombax costatum Pellegr. & Vuillet en la zona Sudanesa de Burkina Faso I. Ouédraogo, B. M. I. Nacoulma, O. Ouédraogo, K. Hahn, A. Thiombiano 31 Dinámica de la vegetación leñosa de los espacios silvopastoriles comunales vedados en el Sur de la Cuenca Manisera de Senegal M. Badji, D. Sanogo, L. E. Akpo 43 Trayectorias de las prácticas agrícolas campesinas en la Amazonia C. Billard, V. Gond, J. Oszwald, X. Arnaud de Sartre, B. Pokorny 53 CENTRARSE EN… NOTA TÉCNICA El lugar de la agricultura itinerante familiar en la silvicultura comunitaria en Gabón Q. Meunier, S. Boldrini, C. Moumbogou, A. Morin, S. Ibinga, C. Vermeulen RESEÑA DE LIBROS 65 18 – 30 – 42 – 70 – 71 – 72 Des champignons symbiotiques contre la désertification : 6 écosystèmes méditerranéens, tropicaux et insulaires. Duponnois R., Hafidi M., Ndoye I., Ramanankierana H., Bâ A. M. State of Mediterranean Forests 2013. 73 Fao Agricultures familiales et mondes à venir. 74 Sourisseau J.M. (Éd. Sc) 3 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) TECTONA GRANDIS / LE P OIN T SUR… Augustin K. N. Aoudji1 Anselme Adégbidi1 Jean C. Ganglo2 Philippe Lebailly3 Teak, Tectona grandis L.f., planting in smallholders’ farming system in southern Benin 1 Université d’Abomey-Calavi Faculté des sciences agronomiques Département d’économie, de socio-anthropologie et de communication pour le développement rural 01 BP 526, Cotonou Bénin 2 Université d’Abomey-Calavi Faculté des sciences agronomiques Département d’aménagement et gestion de l’environnement 01 BP 526, Cotonou Bénin 3 Université de Liège – Gembloux Agro-Bio Tech Unité d’économie et développement rural Passage des Déportés 2 5030 Gembloux Belgique Photo 1. A smallholder teak plantation during the first rotation. Photo A. K. N. Aoudji. 7 8 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) A. K. N. Aoudji, A. Adégbidi, J. C. Ganglo, P. Lebailly FOC US / TECTONA GRANDIS RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN PLANTATIONS DE TECK, TECTONA GRANDIS L.F., EN SYLVICULTURE PAYSANNE AU SUD-BÉNIN PLANTING TEAK, TECTONA GRANDIS L.F., IN SMALLHOLDERS' FARMING SYSTEMS IN SOUTHERN BENIN PLANTACIONES DE TECA, TECTONA GRANDIS L.F., EN SILVICULTURA CAMPESINA EN EL SUR DE BENÍN Cette étude se place dans le cadre du système agricole pour caractériser les modes de culture du teck, Tectona grandis L.f., sur les petites exploitations au Sud Bénin, avec pour objectif de cerner des orientations politiques à même de valoriser le potentiel de la sylviculture paysanne. La question posée est la suivante : par quels moyens les petits agriculteurs intègrent-ils la sylviculture sur leurs exploitations ? Une évaluation empirique a été menée en se basant sur un échantillon de 221 petits exploitants sélectionnés par échantillonnage en grappes sur cinq communes du département de l’Atlantique. Les données ont été recueillies par le biais d’entretiens en tête-à-tête à l’aide d’un questionnaire standardisé. Une approche à variable multiples associant analyse typologique et analyse en composante principale (Acp) a permis d’établir une typologie des systèmes de plantation du teck. Cette typologie se base sur les critères suivants : objectifs de production, superficies plantées en teck, taille de l’exploitation et contribution de la main-d’œuvre familiale à la production de bois. L’étude a permis d’identifier trois systèmes de plantation associés aux différentes stratégies d’intégration d’une activité de sylviculture paysanne. Ces trois systèmes ont été classés selon les critères suivants : « petite taille à main-d’œuvre dominante » (33,48 % de l’échantillon), « taille moyenne à capital dominant » (37,56 %), et « grande taille à capital dominant » (28,96 %). Les exploitants se spécialisent dans la production de perches pour satisfaire la demande régionale de bois d’œuvre à bas prix pour la construction urbaine. Les trois raisons principales motivant l’intégration des plantations de teck sont, dans l’ordre, la recherche de revenus, la satisfaction des besoins en bois de construction des ménages et la sécurisation des titres fonciers. Cependant, l’ordre des deux dernières est inversé dans le cas du système « grande taille à capital dominant ». La sécurité foncière et l’existence d’un marché domestique sont indispensables pour réussir le développement d’une sylviculture paysanne. This article used the farming system framework to characterise smallholder plantings of teak, Tectona grandis L.f., in southern Benin. The intention of this study was to show the policy line best suited to capturing the potential of smallholder forestry. The specific question addressed was as follows: how do smallholder farmers manage to integrate tree growing on their farms? Empirical assessments were based on a sample of 221 farmers selected through a cluster sampling procedure in five municipalities in the Atlantic district. Data were collected from face-to-face interviews based on a standardised questionnaire. A multivariate approach associating cluster analysis and Principal Component Analysis (PCA) was used to build a typology of teak planting systems. This was based on production objectives, the teak plantation area, overall farm size and the contribution of family labour to timber production. The study enabled to identify three planting systems related to different strategies for integrating teak planting on smallholdings. These planting systems were classified as “small - labour dominant” (33.48% of the sample), “medium - capital dominant” (37.56%), and “large - capital dominant” (28.96%). The farmers specialised in pole-wood production to supply urban demand for cheap construction timber in the region. The first three motivations for growing teak were to earn income, to satisfy household timber needs and to secure title to the land; however, the ranking of the last two motivations was reversed among farmers in the “large - capital dominant” planting system. Secure land tenure and the existence of a domestic market outlet are essential to successful development of on-farm tree growing. Este estudio se encuadra en el marco del sistema agrícola para caracterizar las formas de cultivo de la teca, Tectona grandis L.f., en las pequeñas explotaciones del sur de Benín con el objetivo de precisar las orientaciones políticas capaces de valorizar el potencial de la silvicultura campesina. Se planteó la siguiente cuestión: ¿qué medios utilizan los pequeños agricultores para integrar la silvicultura en sus explotaciones? Se realizó una evaluación empírica basándose en una muestra de 221 pequeños productores seleccionados mediante muestreo por conglomerados en cinco municipios del Departamento Atlántico. Los datos se recopilaron mediante entrevistas cara a cara, utilizando un cuestionario normalizado. Un enfoque multivariable, que asocia análisis tipológico y análisis de componentes principales (PCA), permitió establecer una tipología de los sistemas de plantación de teca. Dicha tipología se basa en los siguientes criterios: objetivos de producción, áreas plantadas con teca, dimensión de la explotación y contribución de la mano de obra familiar a la producción de madera. El estudio permitió identificar tres sistemas de plantación asociados a las distintas estrategias de integración de una actividad de silvicultura campesina. Estos tres sistemas se clasificaron según los siguientes criterios: “pequeña dimensión-predominio de la mano de obra” (33.48% de la muestra), “dimensión media-predominio de capital” (37.56%), y “gran dimensión-predominio de capital” (28.96%). Los productores se especializan en la producción de garrochas para satisfacer la demanda regional de madera barata para la edificación urbana. Las tres principales razones que motivan la integración de las plantaciones de teca son, por este orden: obtener ingresos, satisfacer las necesidades de madera de los hogares y asegurar los títulos de derecho sobre la propiedad. Sin embargo, el orden de las dos últimas razones se invierte en el caso del sistema “gran dimensión-predominio de capital”. La seguridad de la tenencia de la tierra y la existencia de un mercado doméstico son indispensables para desarrollar con éxito una silvicultura campesina. Mots-clés : sylviculture paysanne, système agricole, système de plantation du teck, motivation, Sud-Bénin. Keywords: smallholder forestry, farming system, teak planting system, motivation, southern Benin. Palabras clave: silvicultura campesina, sistema agrícola, sistema de plantación de teca, motivación, Benín del Sur. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) ETHNOPÉDOLOGIE / LE P OIN T SUR… Emilien Dubiez1, 2 Timothée Yamba Yamba1 Baby Mvolo1 Vincent Freycon2 Perception locale des sols et de leur évolution dans des terroirs en cours de savanisation des populations Batandu en République démocratique du Congo 1 Projet Makala 57, avenue des Sénégalais La Gombe, Kinshasa République démocratique du Congo 2 Cirad Upr Bsef 34398 Montpellier Cedex 5 France Photo 1. Paysage du terroir de Kinduala vu d’un bas-fond. Photo V. Freycon. 19 20 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) E. Dubiez, T. Yamba Yamba, B. Mvolo, V. Freycon FOC US / ETHNOPEDOLOGY RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN PERCEPTION LOCALE DES SOLS ET DE LEUR ÉVOLUTION DANS DES TERROIRS EN COURS DE SAVANISATION DES POPULATIONS BATANDU EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO LOCAL PERCEPTIONS OF SOILS AND THEIR GRADUAL TRANSFORMATION INTO SAVANNAH IN BATANDU VILLAGE LANDS IN THE DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO PERCEPCIÓN LOCAL DE LOS SUELOS Y DE SU EVOLUCIÓN EN LAS TIERRAS EN PROCESO DE SABANIZACIÓN DEL PUEBLO BATANDU EN LA REPÚBLICA DEMOCRÁTICA DEL CONGO L’agriculture d’abattis-brûlis, la production de bois énergie et l’absence de gestion des écosystèmes forestiers sont à l’origine de la dégradation et de la savanisation progressive de ces espaces. Ces phénomènes ont accentué les processus d’érosion dans les terroirs du village de Kinduala. Ils ont également conduit les populations à modifier leurs pratiques culturales en raison de la disparition progressive des espaces forestiers au profit des cultures sur savane. L’objectif de cette étude était de caractériser la perception locale des sols (typologie, évolution) par les agriculteurs d’un village de la population Batandu. Le temps de l’étude, il a été réalisé deux réunions villageoises, 36 prélèvements de sols de surface, 25 analyses physico-chimiques et étudié un profil de sol. En observant la couche superficielle du sol, les Batandu distinguent quatre types d’horizons (kanga, kibuma, nzielo, kiniengi) en fonction de leur couleur, texture et leur facilité à être travaillé lors des cultures. Ils associent préférentiellement leurs cultures avec le kibuma et le kiniengi. Les Batundu sont conscients de l’évolution de la couche superficielle de leurs sols sous l’influence des activités culturales et des pluies. Cependant, ils ne perçoivent pas clairement l’évolution de leurs sols sur une plus grande profondeur et son lien avec les processus d’érosion des sols en cours. Cette étude nous a permis d’identifier les connaissances des populations, leurs limites, et de proposer un schéma de processus d’érosion des sols. Pour freiner ce processus d’érosion des sols, des améliorations culturales devront être intégrées dans les Plans simples de gestion élaborés par les populations en complément des activités de reboisement et de plantations agroforestières à Acacia auriculiformis. Slash-and-burn cultivation, firewood production and the lack of forest ecosystem management are the main factors of the degradation and gradual transformation of these village lands into savannah. Around the village of Kinduala, these factors have accentuated erosion of its soils. They are also causing local communities to change their cropping methods as their woodlands gradually disappear and are replaced by savannah crops. The aim of this study was to characterise perceptions of soils (typology and evolution) among farmers in a Batandu village community. During the study, two village meetings were organised, 36 surface soil samples were taken, 25 physico-chemical analyses were conducted and a soil profile was investigated. When observing the surface soil layer, the Batandu distinguished between four soil horizons (kanga, kibuma, nzielo and kiniengi) according to colour and texture and how easily they could be worked. The preferred soils for crops were the kibuma and kiniengi types. The Batandu are aware of changes in the surface layers of their soils that are due to cultivation and rain. However, they do not clearly perceive changes in their soils at greater depths, or how these changes are linked to ongoing soil erosion. Through this study, we were able to identify local knowledge and its limitations and to develop a diagram of soil erosion processes. To slow down erosion, improved cultivation practices will need to be incorporated into simple management plans developed by the local communities to supplement reforestation and agro-forestry plantations of Acacia auriculiformis. La agricultura de tala y quema, la producción de leña y la ausencia de gestión de los ecosistemas forestales son la causa de la degradación y progresiva sabanización de estos espacios. Estos fenómenos han acentuado los procesos erosivos en las tierras de la aldea de Kinduala. También han hecho que la población modifique sus prácticas de cultivo debido a la progresiva desaparición de espacios forestales que han ido transformándose en cultivos de sabana. El objetivo de este estudio consistía en caracterizar la percepción local de los suelos (tipología, evolución) por los agricultores de una aldea del pueblo de los Batandu. Durante este estudio, se realizaron dos reuniones con los habitantes, 36 muestreos de suelo de superficie, 25 análisis físico-químicos y el estudio de un perfil de suelo. Al observar la capa superfical del suelo, los Batandu distinguen cuatro tipos de horizontes (kanga, kibuma, nzielo y kiniengi) en función de su color, textura y facilidad de laboreo cuando se cultivan. Sus cultivos suelen asociarse con el kibuma y el kiniengi. Los Batundu son conscientes de la evolución de la capa superficial de sus suelos bajo la influencia de las actividades de cultivo y las lluvias. Sin embargo, no perciben claramente la evolución de sus suelos más allá de la capa superficial ni la relacionan con los procesos activos de erosión de los suelos. Este estudio nos permitió identificar los conocimientos de la población local y sus límites, así como proponer un esquema del proceso de erosión de los suelos. Para frenar dicho proceso, habrá que integrar mejoras de cultivo en los Planes Simples de Gestión elaborados por la población como complemento de las actividades de reforestación y de las plantaciones agroforestales de Acacia auriculiformis. Mots-clés : connaissance locale, classification, sols, ethnopédologie, érosion, savanisation, Batandu, Bas-Congo, République démocratique du Congo. Keywords: local knowledge, classification, soils, ethnopedology, erosion, transformation into savannah, Batandu people, Lower Congo, Democratic Republic of Congo. Palabras clave: conocimiento local, clasificación, suelos, etnoedafología, erosión, sabanización, Batandu, Bas-Congo, República Democrática del Congo. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) BOMBAX COSTATUM / LE P OIN T SUR… Issaka Ouédraogo1 Blandine Marie Ivette Nacoulma1 Oumarou Ouédraogo1 Karen Hahn2 Adjima Thiombiano1 Productivité et valeur économique des calices de Bombax costatum Pellegr. & Vuillet en zone soudanienne du Burkina Faso 1 Université de Ouagadougou Ufr/Svt Laboratoire de biologie et écologie végétales 03 BP 7021 Ouagadougou 03 Burkina Faso 2 J. W. Goethe University Institute for Ecology, Evolution and Diversity Max-von-Laue-Str. 13 Hauspostfach 19 60438 Francfort-sur-le-Main Allemagne a b Photos 1. a : pied de B. costatum avant récolte des fleurs ; b : pied après récolte des fleurs. Photos I. Ouédraogo. 31 32 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) I. Ouédraogo, B. M. I. Nacoulma, O. Ouédraogo, K. Hahn, A. Thiombiano FOC US / BOMBAX COSTATUM RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN PRODUCTIVITÉ ET VALEUR ÉCONOMIQUE DES CALICES DE BOMBAX COSTATUM PELLEGR. & VUILLET EN ZONE SOUDANIENNE DU BURKINA FASO PRODUCTIVITY AND ECONOMIC VALUE OF THE BOMBAX COSTATUM PELLEGR. & VUILLET CALYX IN BURKINA FASO’S SUDANIAN ZONE PRODUCTIVIDAD Y VALOR ECONÓMICO DE CÁLICES DE BOMBAX COSTATUM PELLEGR. & VUILLET EN LA ZONA SUDANESA DE BURKINA FASO Arbre des savanes et des forêts claires sahélo-soudaniennes à guinéennes, Bombax costatum est une espèce fortement exploitée pour ses calices et menacée dans plusieurs localités au Burkina Faso. Une alternative à la conservation résiderait dans la reconnaissance de l’intérêt économique de l’espèce. Cette étude évalue la valeur monétaire de la productivité en calices de B. costatum pour fournir des arguments nécessaires à sa conservation. Pour ce faire, des individus de B. costatum ont été échantillonnés dans trois modes d’utilisation des terres ; leur production florale a été intégralement récoltée afin d’évaluer la quantité de calices produite. Des modèles allométriques ont été élaborés pour prédire la productivité en calices. La valeur monétaire des calices par pied de B. costatum a été estimée à partir de la valeur d’échange des calices secs sur les marchés en trois périodes de l’année. Les résultats montrent que la productivité en calices n’est pas significativement influencée par le mode d’utilisation des terres. Parmi les modèles allométriques ajustés, le modèle linéaire de la forme √Y = a + bX prédit le mieux la productivité en calices de B. costatum. La valeur monétaire des calices évaluée par pied varie suivant le diamètre et la période. Pour une même période, elle est de 2,57 $US pour les diamètres compris entre 10 et 25 cm et 26,10 $US pour les diamètres supérieurs ou égaux à 50 cm. Sachant que la valeur monétaire des calices ne représente qu’une partie de la valeur monétaire totale de B. costatum, il importe de sensibiliser les populations locales à la plantation de l’espèce et à des techniques de récolte peu préjudiciables. The silk cotton tree Bombax costatum is found in Sahelian-Sudanian and Guinean open woodland and savannah lands. It is heavily used for its calyxes and has come under threat in several areas of Burkina Faso. An alternative conservation approach would be to recognise the economic value of the species. This study produced an assessment in monetary value of B. costatum calyx productivity in order to support arguments for the conservation of the species. To do so, a sample of individual B. costatum trees was analysed according to three patterns of land use. All of the flowers were harvested in order to estimate the number of calyxes produced. The monetary value of the calyxes from each B. costatum tree was estimated from local market prices for dry calyxes during three periods of the year. The results show that calyx productivity is not significantly influenced by the pattern of land use. Among the adjusted allometric models used, only the linear √Y = a + bX model provided a reliable forecast of B. costatum calyx productivity. The estimated monetary value of the calyxes from each tree varied with their diameter and with the time of year. Over the same period, their value varied from 2.57 US$ for diameters of 10-25 cm and 26.10 US$ for diameters of 50 cm and more. Given that the monetary value of the calyxes represents only a part of the total monetary value of B. costatum, it is important to raise awareness locally on planting the species and using less destructive harvesting techniques. Árbol de las sabanas de los bosques abiertos de la zona climática sahelianosudanesa a guineana, Bombax costatum es una especie que sufre una intensa explotación por sus cálices y se halla amenazada en varias localidades de Burkina Faso. Una alternativa a la conservación consistiría en reconocer el interés económico de la especie. Este estudio evalúa el valor monetario de la productividad en cálices de B. costatum para aportar argumentos necesarios para su conservación. Para ello, se muestrearon individuos de B. costatum en tres modos de uso de la tierra y se cosechó totalmente la producción floral para evaluar la cantidad de cálices producida. Se elaboraron modelos alométricos para predecir la productividad de cálices. El valor monetario de los cálices por pie de B. costatum se estimó a partir del valor de cambio de los cálices secos en los mercados en tres períodos del año. Los resultados muestran que la productividad de cálices no se ve influida significativamente por el modo de uso de la tierra. Dentro de los modelos alométricos ajustados, sólo el modelo lineal de la forma √Y = a + bX predice adecuadamente la productividad de cálices de B. costatum. El valor monetario de los cálices, evaluado por pie, varía según el diámetro y el período. En un mismo período, este valor es de 2.57 $ US en diámetros de 10 a 25 cm y de 26.10 $ US en los diámetros superiores o iguales a 50 cm. Teniendo en cuenta que el valor monetario de los cálices sólo representa una parte del valor monetario total de B. costatum, es importante concienciar a las poblaciones locales para que planten esta especie y utilicen técnicas de cosecha poco dañinas. Mots-clés : Bombax costatum, conservation, espèce menacée, modèle allométrique, mode d’utilisation des terres, valeur d’échange, Burkina Faso. Keywords: Bombax costatum, conservation, threatened species, allometric model, land use pattern, market value, Burkina Faso. Palabras clave: Bombax costatum, conservación, especie amenazada, modelo alométrico, modo de uso de la tierra, valor de cambio, Burkina Faso. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) M I SE E N DÉ FE N S / LE P OIN T SUR… Dynamique de la végétation ligneuse des espaces sylvo-pastoraux villageois mis en défens dans le Sud du Bassin arachidier au Sénégal Marcel Badji1 Diaminatou Sanogo2 Léonard Elie Akpo1 1 Université Cheikh Anta Diop Laboratoire d'écologie végétale et d'écohydrologie (Ucad/Fst) BP 5005, Dakar Sénégal 2 Isra Centre national de recherche forestière (Cnrf) BP 2312, Dakar Sénégal Photo 1. Troupeau de bœufs pâturant dans la mise en défens. Photo M. Badji. 43 44 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) FOC US / GRAZING RESERVES RÉSUMÉ M. Badji, D. Sanogo, L. E. Akpo ABSTRACT RESUMEN DYNAMIQUE DE LA VÉGÉTATION LIGNEUSE DES ESPACES SYLVOPASTORAUX VILLAGEOIS MIS EN DÉFENS DANS LE SUD DU BASSIN ARACHIDIER AU SÉNÉGAL DYNAMICS OF WOODY VEGETATION IN VILLAGE WOODLAND AND GRAZING RESERVES IN SOUTH SENEGAL’S GROUNDNUT BASIN DINÁMICA DE LA VEGETACIÓN LEÑOSA DE LOS ESPACIOS SILVOPASTORILES COMUNALES VEDADOS EN EL SUR DE LA CUENCA MANISERA DE SENEGAL Au Sénégal, dans le bassin arachidier en particulier, les espaces sylvo-pastoraux intervillageois sont surexploités et menacés de disparition à cause de l’extension des terres de culture et des coupes incontrôlées de ligneux pour le bois de chauffe et le charbon de bois. Face à la menace de disparition de ces espaces, les populations environnantes ont entrepris des actions de conservation et de réhabilitation de ces espaces par la mise en défens. Cette étude évalue le processus de reconstitution de la végétation des espaces sylvo-pastoraux intervillageois suite à leur mise en défens. L’étude a été menée dans le Sud du bassin arachidier, dans la région de Kaolack, au sein des sites mis en défens à des âges échelonnés : un an, cinq ans et douze ans. Les résultats d’inventaire montrent une faible diversité spécifique de vingt-sept espèces distinctes dans la mise en défens d’une année par rapport aux deux autres détenant chacune une cinquantaine d’espèces différentes. L’analyse de variance des paramètres structuraux indique une différence significative entre le diamètre moyen et la hauteur des arbres en fonction de l’âge des trois types de peuplements. Pour les mises en défens de cinq ans, la fréquence diamétrale des arbres répond à une distribution en « L » décroissante, traduisant une dynamique régulière d’un jeune peuplement, alors que, pour celles de douze ans, il s’agit d’une distribution « en cloche » caractéristique de peuplements arborés devant atteindre un état d’équilibre. L’ensemble des mises en défens présente une bonne capacité de régénération ouvrant de bonnes perspectives pour la restauration des formations naturelles dégradées. In Senegal, and especially in the groundnut basins, woodlands and pastures lying between villages are being overexploited and are at risk of disappearing with the extension of croplands and uncontrolled wood-cutting for firewood and charcoal. Local populations have been attempting to counter the risk by restricting access to these lands to promote conservation and land rehabilitation. This study assesses the process of reconstitution of the vegetation in the village woodland and grazing reserves created. It was conducted in the southern groundnut basin in sites where reserves have been in place for one, five and twelve years. The results of the inventory show lower species diversity in the one year-old stands, with 27 distinct species, than in the other two age categories, where some 50 different species were found. The analysis of variance of the structural parameters shows a significant difference in the average diameter and height of trees according to the age of the three stand types. After five years, the diameter curve for the trees is L-shaped, reflecting the regular dynamics of a young tree stand, while the curve after twelve years has the characteristic bell shape of woodlands reaching a state of equilibrium. Regeneration capacities are high in all of the reserved lands, indicating good prospects for the restoration of these degraded natural woodlands. En Senegal, concretamente en la cuenca manisera, los espacios silvopastoriles intercomunales están sobreexplotados y amenazados de desaparición por la extensión de tierras de cultivo y las talas incontroladas para leña y carbón. Ante la amenaza de desaparición de estos espacios, las poblaciones contiguas han acometido acciones de conservación y rehabilitación de dichos espacios mediante la aplicación de una veda. Este estudio evalúa el proceso de reconstitución de la vegetación de los espacios silvopastoriles intercomunales a raíz de su protección. El estudio se realizó en el sur de la cuenca manisera, en la región de Kaolack, dentro de los sitios vedados y escalonando las edades: un año, cinco años y doce años. Los resultados del inventario muestran una baja diversidad específica, veintisiete especies distintas, en la veda de un año frente a las dos otras categorías que poseen unas cincuenta especies diferentes cada una. El análisis de varianza de los parámetros estructurales indica una diferencia significativa entre el diámetro promedio y la altura de los árboles según la edad en los tres tipos de rodales. En las vedas de cinco años, la frecuencia diamétrica de los árboles responde a una distribución en “L” decreciente que refleja una dinámica regular de un rodal joven, mientras que en las de doce años se trata de una distribución “en campana”, característica de rodales arbolados que deben alcanzar un estado de equilibrio. El conjunto de áreas vedadas presenta una buena capacidad de regeneración que abre buenas perspectivas para la restauración de formaciones naturales degradadas. Mots-clés : mise en défens, espaces sylvo-pastoraux, caractéristiques structurales, régénération, communautés villageoises, Sénégal. Keywords: reserved lands, woodland and grazing areas, structural characteristics, regeneration, village communities, Senegal. Palabras clave: aplicación de una veda, espacios silvopastoriles, características estructurales, regeneración, comunidades aldeanas, Senegal. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) ETHNOPÉDOLOGIE / LE P OIN T SUR… Smallholders’ agricultural practices trajectories in Amazonia Billard1, 2 Cécile Valéry Gond2 Johan Oszwald3 Xavier Arnauld de Sartre4 Benno Pokorny1 1 Albert-Ludwigs-Universität Freiburg Fahnenbergplatz 79085 Freiburg Germany 2 CIRAD Forest Ecosystems goods and Services Montpellier France 3 Université de Rennes 2 UMR LETG, UMR HSM 5569 Rennes COSTEL 6554 Place du recteur Henri Le Moal CS 24307 35043 Rennes cedex France 4 Université de Pau UMR SET Avenue de l’Université BP 576 64012 Pau Cedex France Palmares-2 is a district managed by Landless Workers Movement on an old fazenda. After the conflict in 1997 the government recognized the settlement of 517 families. Photograph V. Gond. 53 54 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) FOC US / ETHNOPEDOLOGY C. Billard, V. Gond, J. Oszwald, X. Arnauld de Sartre, B. Pokorny RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN TRAJECTOIRES DES PRATIQUES AGRICOLES PAYSANNES EN AMAZONIE PATTERNS DEFINING SMALLHOLDER AGRICULTURAL PRACTICE IN AMAZONIA TRAYECTORIAS DE LAS PRÁCTICAS AGRÍCOLAS CAMPESINAS EN LA AMAZONIA L’important corpus de recherches sur les changements d’utilisation des terres et de la couverture du sol en Amazonie brésilienne met généralement en évidence un effet significatif des systèmes de production paysanne. Cependant, l’influence des caractéristiques socio-économiques spécifiques des petits exploitants sur l’utilisation des terres et le changement de couverture des sols n’apparaît pas clairement. Afin de mieux comprendre cet aspect, une étude de cas dans la colonie de Palmares-2 en Amazonie brésilienne a été menée au niveau des ménages pour cerner l’influence de certaines variables socio-économiques sur leur utilisation des terres. Les changements d’utilisation des terres à l’échelle de l’exploitation familiale ont été analysés à l’aide d’images LANDSAT TM et SPOT disponibles pour 1986, 1992, 2001 et 2007. Ces données SIG (système d'information géographique) ont été associées aux informations recueillies lors d’une enquête auprès de 44 exploitants. L’analyse montre que les niveaux de revenus influencent positivement les taux de déforestation sur cette période, et que l’expansion des zones cultivées et des pâturages s’accroît avec le niveau d’éducation des ménages. La disponibilité de crédits non remboursables est corrélée avec l’expansion de jachères forestières. Les surface nues et/ou brûlées sont plus importantes parmi les exploitations à faible capital implantées moins durablement sur la région. Les résultats de cette étude indiquent clairement la pertinence des niveaux de revenus et d’éducation comme facteurs d’explication sur l’utilisation des terres et le changement de couverture des sols par les paysans d’Amazonie. The large body of research on land use and land cover changes in the Brazilian Amazon generally shows the significant effect of smallholder production systems. However, it is still unclear how far the specific social and economic characteristics of smallholders influence on land use and land cover changes. To shed more light on this aspect, the effects of selected socio-economic variables on land uses at the household level were investigated in a case study on the “Palmares-2” settlement in the Brazilian Amazon. Using LANDSAT TM and SPOT images available for 1986, 1992, 2001 and 2007, land use changes were analyzed on the scale of individual farms. The GIS (Geographic Information System) data were then combined with information from a survey of 44 farmers. Analysis showed that levels of income positively influenced deforestation rates over the period, and that the expansion of pastures and farmlands was significantly greater among households with a higher level of education. The availability of nonrefundable credits correlated with an increase in forest fallows. Areas of bare and/or burned lands were larger among family holdings with lower capital stock that were less permanently established in the area. The findings of this study suggest that income levels and education are highly relevant factors in accounting for land-use and land cover changes among Amazonian smallholders. El amplio corpus investigativo sobre cambios en el uso de la tierra y la cobertura del suelo en la Amazonia brasileña suele poner de manifiesto un efecto significativo de los sistemas de producción campesina. Sin embargo, aún no queda claro cómo influyen las características socioeconómicas específicas de los pequeños agricultores en el uso de la tierra y de la cobertura del suelo. Para comprender mejor este aspecto, se llevó a cabo un estudio de caso en los hogares del asentamiento de palmares-2, en la Amazonia brasileña, para comprender mejor la influencia de ciertas variables socioeconómicas en su uso de la tierra. Mediante imágenes disponibles de LANDSAT TM y SPOT de 1986, 1992, 2001 y 2007, se analizaron los cambios de uso de la tierra a escala de la producción familiar. Estos datos SIG (sistema de información geográfica) se asociaron a la información recogida en una encuesta realizada a 44 agricultores. El análisis muestra que los niveles de ingresos influyeron positivamente en los niveles de deforestación durante este período, y que la expansión de áreas de cultivo y pastizales aumenta con el nivel de educación de los hogares. La disponibilidad de créditos no reembolsables está correlacionada con la expansión de barbechos forestales. Las áreas de suelos desnudos y/o quemados son mayores en las explotaciones familiares con escaso capital, cuya implantación en la región es menos duradera. Los resultados de este estudio indican claramente la pertinencia de los niveles de ingresos y de educación como factores de explicación sobre el uso de la tierra y de la cobertura del suelo de los campesinos de la Amazonia. Mots-clés : dynamique paysagère, changements d’utilisation des terres et de la couverture des sols, lisières forestières en Amazonie, télédétection, analyse à l’échelle du foyer. Keywords: landscape dynamics, land use and land cover changes, Amazonian forest margins, remote sensing, household-level analysis. Palabras clave: dinámica del paisaje, cambios de uso de la tierra y de la cobertura del suelo, linderos forestales en la Amazonia, teledetección, análisis a nivel de hogar. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) ABATTIS-BRÛLIS / N OTE TEC HN IQUE Place de l’agriculture itinérante familiale dans la foresterie communautaire au Gabon Meunier1 Quentin Sylvie Boldrini1 Carl Moumbogou2 Amélie Morin1 Sostène Ibinga1 Cédric Vermeulen3 1 Nature Plus asbl Projet Dacefi Rue Bourgmestre Gilisquet, 57 1457 Walhain-St-Paul Belgique 2 WWF Gabon Projet Dacefi Montée Louis, BP 9144 Libreville Gabon 3 Université de Liège Faculté de Gembloux ABT Laboratoire de foresterie tropicale et subtropicale Unité de gestion des ressources forestières et des milieux naturels Passage des Déportés, 2 5030 Gembloux Belgique Le maraîchage en culture intercalaire du bananier pour l'optimisation des parcelles agricoles au Gabon. Photo Q. Meunier. 65 66 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2014, N° 319 (1) Q. Meunier, S. Boldrini, C. Moumbogou, A. Morin, S. Ibinga, C. Vermeulen TEC HN ICAL NOTE / SLASH-AND-BURN RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN PLACE DE L’AGRICULTURE ITINÉRANTE FAMILIALE DANS LA FORESTERIE COMMUNAUTAIRE AU GABON THE COEXISTENCE OF TRADITIONAL SLASH-AND-BURN FARMING AND COMMUNITY FORESTS IN GABON EL LUGAR DE LA AGRICULTURA ITINERANTE FAMILIAR EN LA SILVICULTURA COMUNITARIA EN GABÓN L’agriculture itinérante reste un système de production partagé par une grande majorité de groupes ethnolinguistiques, et appelé à se maintenir au Gabon. Elle s’exprime généralement dans un rayon de cinq kilomètres autour de l’unité de résidence. Au Gabon, cette zone est précisément celle destinée à accueillir depuis fin 2013 les premières forêts communautaires. Les préceptes de durabilité qui sous-tendent la notion de forêt communautaire impliquent le maintien d’un couvert forestier et pourraient entrer en contradiction avec la pratique de cette agriculture itinérante. Celle-ci prélève en effet, à chaque saison, un volume de bois soustrait au potentiel du massif concerné. Les plans simples de gestion des forêts communautaires prévoient une série agricole pour ne pas mettre en concurrence deux activités sur un même espace. Cela permet également de reconnaître la place socio-économique importante de l’agriculture en milieu rural. L’agroforesterie est une des clés pour articuler l’agriculture familiale et l’exploitation de la forêt communautaire. Conserver sur pied des arbres d’intérêt économique, social ou environnemental, d’une part, épargne de pénibles travaux d’abattage et, d’autre part, limite quantitativement l’impact de la coupe et du brûlis qui n’est plus systématique. L’introduction d’essences utiles, rares, protégées ou encore de bois d’œuvre permet également d’élever la valeur économique et patrimoniale des parcelles agricoles tout en répondant aux exigences en matière de conservation et de durabilité du plan simple de gestion de la forêt communautaire. Par ce biais, l’agriculture familiale coutumière est pérennisée et sécurisée dans l’enceinte d’une portion de forêt légalement reconnue tandis que les techniques culturales y sont optimisées. Slash-and-burn cultivation is still widespread among the vast majority of ethnolinguistic groups in Gabon, and likely to remain so in the future. It generally occurs within a five-kilometre radius around each settlement. In Gabon, this is the zone earmarked since late 2013 for the country’s first community forests. The principles of sustainability underlying the idea of community forestry imply that forest cover should be preserved. However, this can conflict with slash-andburn farming, which removes a certain amount of timber production potential from the area concerned every year. The simplified management plans for community forestry provide for cropping sequences in order to avoid competition between the two activities on the same land. This provision also acknowledges the important social and economic role of farming in rural areas. Agro-forestry is one of the keys to maintaining family farming together with community forestry. Preserving standing trees of social, economic or environmental value lessens the arduous task of felling while quantitatively reducing the impact of slashing and burning, which is no longer systematic. Introducing useful, rare or protected species or valuable timber trees also increases the economic and heritage value of agricultural lands while meeting the conservation and sustainability requirements of the simplified management plans for community forests. Traditional family farming can thus be maintained and made secure within a legally recognised portion of the forest, together with optimised cultivation techniques. La agricultura itinerante sigue siendo un sistema de producción compartido por una amplia mayoría de grupos etnolingüísticos y que tiene visos de perdurar en Gabón. Generalmente se desarrolla en un radio de cinco kilómetros alrededor del lugar de residencia. En Gabón, ésta es precisamente la zona prevista para establecer, desde finales de 2013, los primeros bosques comunitarios. Los principios de sostenibilidad en los que se basa la noción de bosque comunitario implican el mantenimiento de una cobertura forestal y podrían entrar en contradicción con la práctica de esta agricultura itinerante. Efectivamente, mediante esta práctica se extrae cada temporada un volumen de madera que se sustrae al potencial de la masa forestal en cuestión. Los planes simples de gestión de bosques comunitarios prevén un área de aprovechamiento agrícola para no poner en competencia dos actividades en un mismo espacio. Esto permite también que se reconozca el importante lugar socioeconómico de la agricultura en un entorno rural. La agrosilvicultura es una de las claves para articular la agricultura familiar y el aprovechamiento del bosque comunitario. El dejar en pie los árboles de interés económico, social o ambiental permite, por una parte, ahorrarse las arduas tareas de tala y, por otra, limita cuantitativamente el impacto de la corta y quema que ya no son sistemáticos. La introducción de especies útiles, raras, protegidas o suministradoras de madera de construcción permiten también incrementar el valor económico y patrimonial de las parcelas agrícolas, respondiendo al mismo tiempo a las exigencias en materia de conservación y sostenibilidad del plan simple de gestión del bosque comunitario. De este modo, se mantiene y protege la agricultura familiar tradicional dentro del perímetro de una parte de bosque legalmente reconocida y, a la vez, se optimizan las técnicas de cultivo. Mots-clés : agriculture itinérante, agroforesterie, forêt communautaire, plan simple de gestion, Gabon. Keywords: slash-and-burn cultivation, agro-forestry, community forest, simplified management plan, Gabon Palabras clave: agricultura itinerante, agrosilvicultura, bosque comunitario, plan simple de gestión, Gabón.