Les poètes du Café Niké de Saragosse Abstract S`intéresser, dans

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Les poètes du Café Niké de Saragosse Abstract S`intéresser, dans
Pour citer cet article: Pegorari, Céline (2012). Les poètes du café Niké de Saragosse. Intermedia Review
1. Génération de 50: Culture, Littérature, Cinéma. nº1, 1ère série, novembre 2012, pp. 135-150.
Les poètes du Café Niké de Saragosse
Céline PEGORARI1
Abstract
This paper aims to analyze the specific role played by the Niké group in in the Spanish literary scene during the 1950's. This group, born as an outcome of the literary
meetings being held at the Niké cafe in Zaragoza, is composed in its beginning, by a
dozen poets born between 1914 and 1939 (Miguel Labordeta, Miguel Pinilla, Luciano Gracia, Guillermo Gudel, Benedicto Blancas Lorenzo, Fernando Ferrero, Miguel Luesma, Jose Ignacio Ciordia, Rosendo Tello, Raymond Salas, Julio Antonio
Gomez, Emilio Gaston, Jose Antonio Labordeta, José Antonio Rey del Corral). Regardless of their idiosyncrasies, writting a committed poetry is their common denominator. Far from the flatness of the social poetry, practiced by most of their contemporaries during the 1950s, these poets' work, thoug varying in scope, combines a
socialy concerned poetry with a more intimate approach, offering a new voice in
Spanish literature, in a time too often exclusively associated with the “Generation of
the Fifties”, namely, Ángel González, José María Valverde, Francisco Brines, Claudio Rodríguez, Jaime Gil de José Ángel Valente or Biedma.
S’intéresser, dans le cadre du présent colloque sur la «Génération des
années cinquante», aux poètes aragonais se réunissant avec plus ou moins
d’assiduité au sein du Café Niké de Saragosse durant les années cinquante
et soixante peut sembler de prime abord surprenant. Plus unis par un lien
d’amitié que par un quelconque manifeste ou programme poétique commun, ils ne constituent ni une école, ni un groupe ou une génération artistique.
Aucun de ces poètes ne figure, en outre, parmi les noms communément
associés à la dénommée «Generación de los cincuenta». Ce concept, par
ailleurs fort contestable, ne semble faire référence qu’à une liste particulièrement restreinte de poètes nés entre 1924 et 1938 et inclus dans des anthologies considérées comme canoniques. Les noms ainsi retenus, en dépit de
certaines variations entre les différents ouvrages consultés, ne sont autres
que Carlos Barral, Francisco Brines, María Victoria Atencia, José Manuel
1
Laboratoire LLACS, Université Paul Valéry-Montpellier III.
Céline Pegorari
Caballero Bonald, Miguel Fernández, Antonio Gamoneda, Jaime Gil de
Biedma, Ángel González, José Agustín Goytisolo, Félix Grande, Rafael
Guillén, Claudio Rodríguez, Carlos Sahagún et José Ángel Valente.
Les poètes du Café Niké méritent néanmoins leur place au sein de toute
histoire de la littérature des années cinquante et soixante, aux côtés des
poètes précédemment mentionnés. Sans néanmoins prétendre faire
l’ensemble de la production poétique de tous les poètes du Niké une œuvre
de premier plan, elle témoigne néanmoins d’une diversité et d’une richesse
qui contraste avec la vision unilatérale trop souvent relayée par des historiens de la littérature présentant cette dernière comme une succession de
générations d’artistes, unis par une esthétique et une problématique communes, excluant, bien souvent, ou laissant peu de place à ceux qui se situent en marge.
Les rencontres au sein du Café Niké naissent à l’initiative des poètes
Miguel Labordeta et de son ami Manuel Pinillos au début des années cinquante. Elles vont réunir des artistes tels que Guillermo Gúdel, Julio Antonio Gómez et Raimundo Salas, ainsi que Fernando Ferreró, Rosendo Tello,
Benedicto Lorenzo de Blancas, Luciano Gracia, Miguel Luesma, Emilio
Gastón, José Ignacio Ciorda, José Antonio Labordeta et José Antonio Rey
del Corral qui rejoignent, dans le courant des années cinquante, leurs camarades. La liste de ces poètes, dénommés par Rosendo Tello «los catorce de
la generación del Niké»2, serait néanmoins incomplète si nous ne citions
pas également Luis García-Abrines qui prit part activement à ces réunions
auxquelles participaient également des peintres, des cinéastes, comme Manuel Rotellar, et des amis des poètes précédemment cités. La liste la plus
exhaustive est celle fournie par la Gran enciclopedia aragonesa. Outre le
nom des poètes précédemment mentionnés, il est précisé
2
«A todos se les puede agrupar en una misma generación que yo he denominado
«Generación del Niké». Creo, no obstante, que, además de todos los inconvenientes
que quieran oponerse, si alguna distinción se puede establecer entre ellos, la más
perceptible es la de su edad; entre el más viejo y el más joven median unos veinte
años. Intentar, por otra parte, encuadrarlos dentro de generaciones vigentes en el
panorama nacional, no constituiría ningún problema según este criterio. M.Pinillos y
L. Gracia pueden pertenecer por su edad a la generación del 36; a la del 40, M.
Labordeta, Gúdel, Blancas y Ferreró, y a la del 50, los restantes”, TELLO Rosendo,
«Panorámica de la poesía aragonesa (1940-1970)», Andalán, 1973, pp.41-42.
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Aunque conocida como «peña de poetas» los nombres citados indican que la O.P.I.
de Niké apiñaba a pintores (Orús, Gaspar Gracián, Borreguero), novelistas (Valdivia), cineastas (Rotellar, Alfaro, Pomarón, Artero), autores dramáticos (Alfaro, Valdivia), ensayistas (Anguiano), críticos (Rotellar), actores (Calvo, Rotellar, J. A. Labordeta, que aún no había soñado convertirse en cantautor), activistas políticos
(Cazcarra, más tarde secretario general del Partido Comunista de Aragón; J. L Aguirre, uno de los utópicos invasores de la frontera franco-española, años después de
huir de Zaragoza), científicos (García Buñuel, Arenillas, Alfaro) y diletantes (Marín,
Lizaranzu), además del núcleo central de cultivadores de la poesía.
Contertulios intermitentes fueron el versátil Felipe Bernardos, multicrítico del desaparecido diario del Movimiento, Amanecer; José María Razquín, polígrafo de Cervera (Lérida), y ojo derecho en Cataluña de Fraga Iribarne con el transcurso del
tiempo; Pío Fernández Cueto, el legendario actor y rapsoda, a quien sostuvo la familia Labordeta durante años con su proverbial generosidad; Agustín Ibarrola, el pintor
vasco, entre cárcel y cárcel; Jorge de Oteiza, poeta y escultor, también vasco; A.F.
Molina, afincado hoy en Zaragoza y a la sazón colaborador de Cela en su refugio balear; Joaquín Mateo Blanco, uno de los hombres de F.E.T. que con más empeño trabajó por la cultura aragonesa. Por la O.P.I. de Niké pasaron Pablo Serrano, Vicente
Aleixandre, José Hierro, Fernando Quiñones, los Dicenta. Con mayor espectro artístico, la O.P.I. significó durante los años cincuenta lo que de revulsivo supuso en la
década anterior la eclosión de la escuela de Zaragoza de arte abstracto (Lagunas,
Aguayo, Laguardia, Vera, Santamaría) en la pintura española3.
C’est au début des années cinquante que commencent à se réunir certains de ces artistes dans ce lieu qui avait déjà abrité, quelques années plus
tôt, des rencontres entre différents intellectuels plus connus sous le nom de
«Peña del Niké». Il est néanmoins difficile de déterminer avec exactitude la
tenue des premières réunions dans ce café de la rue Requeté aragonés, aujourd’hui rue Cinco de marzo, entre les poètes qui font l’objet de la présente communication. Si Rosendo Tello, dans son article «Panorámica de la
poesía aragonesa», reconnaît qu’il lui est difficile de préciser la date exacte
du début de ces rencontres entre ceux qu’ils appellent, de façon quelque
peu abusive, les membres de la «escuela de poesía más representativa de
Aragón»4, Lorenzo B.de Blancas avance, néanmoins, l’année 1951.
Manuel Pinillos, dans une déclaration reprise par María Pilar Martínez
de Barca dans Manuel Pinillos o la consagración de la poesía, remet
néanmoins en question le fait d’être à l’origine des réunions du Café Niké:
3
“Peña Niké de los poetas”, Gran enciclopedia aragonesa on line,
http://www.enciclopedia-aragonesa.com/voz.asp?voz_id=9412
4
TELLO Rosendo, art.cit., p.42.
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La tertulia del Niké, cuando nosotros la llegamos a conocer, estaba formada por tres
o cuatro. Se reunían Gúdel, Gómez y Salas. Y un buen día vino Raimundo Salas a
hacerme una visita a casa, porque me habían dado el premio Ciudad de Barcelona y
me habló de la peña que tenían. Yo se lo conté a Miguel Labordeta y nos unimos a
ellos. A veces venían a mi casa, otras, íbamos allí a pasar el rato. Luego la cosa fue
tomando volumen y formamos un grupo majísimo5.
Qu’ils en soient les instigateurs effectifs ou non, Miguel Labordeta et
Manuel Pinillos constituent les figures centrales autour desquelles se réunissent les jeunes artistes de cette ville de province d’après-guerre et sont à
l’origine des réunions plus ou moins régulières dans le Café Niké de
nombre d’artistes aragonais pourtant fort hétéroclites. Miguel Labordeta
amène avec lui certains de ses amis avec lesquels il se réunissait quelques
années auparavant dans le cadre du Bar Espumosos de Saragosse. Se retrouvaient, en effet, en ce lieu, des artistes tels que Santiago Lagunas, Manuel Berdún, José Manuel Aguirre, Atilano Lamana, J. B. Uriel, José Onís,
Manuel Derqui ainsi que Miguel Labordeta et Julio Antonio Gómez.
D’après Blancas, Julio Antonio Gómez rejoint le Café Niké en 1954 et
Rosendo Tello, en 1957, grâce à José Antonio Labordeta, frère cadet de
Miguel Labordeta6.
Miguel Labordeta amène avec lui certains de ses amis avec lesquels il se
réunissait quelques années auparavant dans le cadre du Bar Espumosos de
Saragosse. Se retrouvaient, en effet, en ce lieu, des artistes tels que Santiago Lagunas, Manuel Berdún, José Manuel Aguirre, Atilano Lamana, J.B.
Uriel, José Onís, Manuel Derqui ainsi que Julio Antonio Gómez. Emilio
Gastón Sanz participe aux réunions grâce à José Antonio Labordeta et Emilio Alfaro. Toujours d’après Benedicto Lorenzo de Blancas, Guillermo
Gúdel
fue de los que inició la tertulia con Julio Antonio Gómez. Con éste vendría Raimundo Salas, y con Raimundo, Rosendo Tello. Luego vendrían también, de la mano de
Guillermo, Benedicto Lorenzo de Blancas, Luciano Gracia y Miguel Luesma. En los
primeros tiempos se había incorporado Manuel Rotellar y Ciorda, que llegó precisamente en busca de Rotellar7.
5
MARTÍNEZ BARCA, María Pilar, Manuel Pinillos o la consagración a la Poesía,
Saragosse, Institución Fernando el Católico, 2000, p.35.
6
BLANCAS, Benedicto Lorenzo de, Poetas aragoneses. El grupo del Niké, Saragosse, Institución Fernando el Católico, 1989, p.65.
7
Ibid., p.70.
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Fernando Ferreró, bien que non mentionné dans cette citation, fait partie
des poètes du Niké de la première heure.
Comme nous avons pu l’observer, le nombre d’artistes se réunissant au
sein du Café Niké s’étoffe progressivement. Les nouveaux arrivent par
petits groupes, déjà unis par des liens d’amitié. José Ignacio Escuín Borao
rapporte que Ciorda se liera plus particulièrement d’amitié avec Julio Antonio Gómez et Miguel Labordeta, «al mismo tiempo que se declaró contrario a Manuel Pinillos»8. Si Manuel Pinillos et Miguel Labordeta constituent
les deux figures centrales, Julio Antonio Gómez et José Antonio Labordeta
ramènent nombre de leurs amis. Grâce à ce dernier s’intègreront, à la fin
des années cinquante, des artistes plus jeunes, nés dans les années trente,
qui maintiennent encore vivante la mémoire de ces rencontres au Café Niké.
Certains se connaissaient du Colegio Santo Tomás de Aquino qui appartenait au père de Miguel et José Antonio Labordeta. Toujours dans les
pages introductives de José Ignacio Escuín à l’anthologie de José Ignacio
Ciorda, nous apprenons que ce dernier commença à travailler de façon irrégulière au Colegio Santo Tomás de Aquino9. Ferreró semble avoir connu
Miguel Labordeta au Colegio Santo Tomás de Aquino.
D’autres se connaissent de l’université, comme cela est le cas de José
Antonio Labordeta, Emilio Alfaro et Emilio Gastón même si chacun est
inscrit dans une faculté différente10. D’autres, par leur présence lors de
réunions dans d’autres cafés, comme par exemple, le Bar Espumosos. Si
pour certaines, le Café Niké fut un point de rencontre. D’autres se connaissaient déjà et participaient à des réunions dans d’autres lieux ou à d’autres
activités culturelles. Cela est le cas dans le cadre de la Agrupación de Artistas Aragoneses. Certains artistes des groupes «Pórtico» et «Psique» se réunissaient également au Café Niké.
Outre les liens d’amitié qui unissent certains des artistes rejoignant les
réunions du Café Niké, c’est le sentiment de ne trouver sa place dans la
société aragonaise de l’époque qui constitue, nous semble-t-il, la véritable
raison d’être de ces dernières. Ángel L. Prieto de Paula parle dans son an8
ESCUÍN BORAO, José Ignacio, “Introducción (un acercamiento al poeta y a su
poesía)”; CIORDA, José Ignacio, Poesía completa; ESCUÍN BORAO, José Ignacio
(éd.), Saragosse, Larumbe, 2009, p.11.
9
Ibid.
10
BLANCAS, ouv.cit., p. 63.
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thologie Poetas españoles de los cincuenta de la «sensación de estar en
tierra de nadie que habitara a algunos poetas de la primera generación de
posguerra, como Miguel Labordeta»11. Rosendo Tello, dans un article intitulé «Frente al espejo de Niké», présente de la façon suivante les rencontres
au sein de ce modeste café:
Niké llegó a ser un catalizador de actitudes vitales, de sensibilidad y de cultura, trenzadas en un temple anárquico contra la gazmoñería del tiempo. El aire mezquino que
respirábamos posibilitó su talante iconoclastia y heterodoxia radicales12.
Nous retrouvons cette idée dans la biographie consacrée par Antonio
Ibáñez Izquierdo au poète Miguel Labordeta :
Miguel comenzó a asistir a Niké cada vez con más asiduidad y allí se encontró con
un grupo de jóvenes que, como él, tenían inquietudes artísticas y estaban muy desencantados por no encontrar ningún vehículo que canalizara sus formas de expresión de la forma que ellos consideraban apropiada. Eran jóvenes de espíritu, rebeldes, poetas, pintores y novelistas que estaban atrapados entre sus ganas de divisar
nuevos horizontes y el castigo de vivir en una sociedad plana que no daba esperanzas a aquellos cuya vida pretendía dirigirse hacia algo más que preparar unas oposiciones o conseguir un trabajo convencional13.
Si Rosendo Tello parle de «aire mezquino», José María Aguirre, ami de
nombre d’artistes du Niké, décrit la culture dans la ville de Saragosse comme étant «al nivel del bordillo de las aceras». Comme le souligne Emilio
Alfaro dans un article publié en 1973 dans la revue Andalán, Aguirre ne fut
pas le seul à stigmatiser le monde culturel de la capitale aragonaise de cette
période:
Zaragoza, al comenzar la década de los cincuenta, era todavía un apacible poblachón, con su ir y venir de la muchedumbre por el Paseo de Independencia, sus Conferencias de San Vicente de Paúl en caritativa vigencia, su comercio tradicional, su
Tubo efervescente y una nutrida fauna de noctámbulos amistosos (…).
11
PRIETO DE PAULA Ángel L., Poetas españoles de los cincuenta, Salamanque,
Ed. Colegio de España, 1995, p.46.
12
TELLO Rosendo, La OPI-Niké: Cultura y arte independientes en una época difícil, Saragosse, Ayuntamiento de Zaragoza, Servicio de publicaciones, 1984, p.60.
13
IBÁÑEZ IZQUIERDO Antonio, Miguel Labordeta: poeta violento idílico, 19211969, Saragosse, Biblioteca Aragonesa de Cultura, Ibercaja, Obra social y cultural,
p.110.
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En tan plácido ambiente cayó como una bomba cierto artículo aparecido en un diario
zaragozano y en el que J.M.Aguirre (…) exponía su pesimismo acerca de nuestra
cultura. Voces tonantes fulminaron al audaz Aguirre, demostrando que jamás habíamos gozado de un panorama artístico-literario de mayor empaque.
Sin embargo, no había sido J. M. Aguirre el primero en conmover la apacibilidad intelectual de Zaragoza. Un grupo de artistas, capitaneado por el arquitecto Santiago
Lagunas y constituido por Aguayo, Laguardia, Antón González y Vera, entre otros
estaba minando los cimientos de un arte secular, reciamente realista y figurativo. La
exposición de pintura abstracta que Lagunas organizó como lanzamiento de la que
iba a ser conocida como «Escuela de Zaragoza» (…) era ya un hito casi inmoral.
Zaragoza disponía de su Ateneo, por supuesto. Y de su Agrupación Artística Aragonesa, donde se fraguaban recitales poéticos (en las voces de Gregorio Borao, Lolín
Canales y Manuel Rotellar casi siempre), se hacía un teatro de notable ambición (dirigido por José Otal)…Eduardo Ducay y Manuel Rotellar habían creado el que durante años fuera el Cine-Club más importante de España (…)14.
Emilio Alfaro laisse supposer que «a pesar de lo pacato de la cultura
oficial de Zaragoza, había, paralela y casi subterráneamente, unas
corrientes que bullían en su actividad y en sus ganas por transformar el
triste y lamentable estado de las cosas»15. Les rencontres de divers artistes
au sein du Bar Espumosos en témoignent, avant celles du Café Niké.
Nous ne devons néanmoins pas nous méprendre sur la nature de ces réunions au sein du Café Niké. Si elles servent de catalyseur à l’insatisfaction
des artistes y participant, elles ne doivent être en aucun cas perçues comme
un acte politique militant ni comme la manifestation d’un groupe d’artistes
subversifs ayant un programme artistique commun défini. José Carlos Mainer déplore, dans le prologue à l’étude d’Antonio Pérez Lasheras de
l’œuvre de Julio-Antonio Gómez, l’interprétation qui a été faite des réunions du Café Niké:
y los concretos lectores aragoneses – que tampoco son demasiados – pueden andar
algo más escamados en lo que se refiere a la insistente exaltación de cuanto toca a
los poetas que agruparon las sillas y divanes del desaparecido café Niké. ¡Cuántas
veces no se habrá confundido a su costa la bohemia irrisoria con la conciencia política militante, la trivialidad de la broma con la solidez de la obra, las voces con los
ecos!16
14
ALFARO Emilio, “La OPI y su mundo”, Andalán, 1973, p.45.
Ibid.
16
MAINER José Carlos, «Presentación», Una pasión sombría. Vida y obra de Julio
Antonio Gómez, Tome 1, Saragosse, Diputación de Zaragoza, 1992, p.11.
15
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Si nous pouvons reconnaître «un espíritu de rebeldía y de abierta oposición, sea contra el régimen establecido, contra el miedo e, incluso contra el
ambiente familiar», pour reprendre le commentaire de Rosendo Tello dans
un article cité par Alfredo Saldaña17, il serait, en revanche, erroné de voir le
Café Niké comme un lieu de création d’une école poétique ou de la manifestation d’une résistance politique.
C’est pourtant avec la naissance des réunions au sein de ce café qu’est
associé un renouveau dans le panorama culturel aragonais. Víctor García de
la Concha, dans La poesía española de 1935 a 1975, un des rares ouvrages
consacrés à la poésie espagnole qui fasse référence aux rencontres du Café
Niké, met en avant l’importance de ces dernières:
Pocas tertulias literarias habrán alcanzado en el país la riqueza de la que Miguel
animaba en el desaparecido café Niké, junto a Manuel Pinillos que en el 48 había
publicado un libro muy representativo de la que iba a ser su línea, y a la que acudían
los poetas Guillermo Gúdel, Fernando Ferrero, Ignacio Ciorda, Rosendo Tello, Julio
Antonio Gómez, Emilio Gastón y J. A. Labordeta, además de los hermanos Alfaro,
Tony Anguiniano y varios artistas ligados a la «Escuela de Zaragoza»18.
Benedicto Lorenzo de Blancas souligne le fait que «los años 50 y 60
presencian un sorprendente despertar zaragozano, que queda fundado y
asentado definitivamente, y que ya no ha de decaer, avivado por nuevos
fuegos y alentado por nuevas voces que ya se sucederán ininterrumpidamente»19.
À l’occasion d’un entretien avec Antón Castro, Fernando Ferreró se remémore, pourtant, de la façon suivante les réunions avec ses camarades du
Niké:
Nos instalábamos al fondo y hablábamos de todo menos de poesía. Había jóvenes
poetas que sólo acudían el sábado y el domingo, y para ellos era muy importante. A
veces se leían poemas, pocas veces, y se oía una voz al fondo que decía: «¡Vaya
mierda!». Miguel Labordeta venía los sábados por la noche: hablábamos, reíamos y
17
SALDAÑA, Alfredo, Con esa oscura intuición. Ensayo sobre la poesía de Juñlio
Antonio Gómez, Saragosse, Prensas Universitarias de Zaragoza, 1994, p. 42.
18
GARCÍA DE LA CONCHA, Víctor, La poesía española de 1935 a 1975, Madrid,
Cátedra, 1992, p.746-747.
19
BLANCAS, ouv.cit. p. 23.
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Les poètes du Café Niké de Saragosse
al final salíamos a pasear por la ciudad a las tres o las cuatro de la mañana. Aquella
era una vida alegre20.
Rosendo Tello va dans le même sens en précisant que «Niké no era una
tertulia o una peña en el estricto sentido usual de la palabra. Niké era simplemente Niké. Jamás oí decir a ninguno de los amigos: ‹Vamos a la tertulia› o ‹Vamos a la peña de Niké› o ‹Te esperamos en la tertulia› avant
d’ajouter que ‹en todo caso, tales designaciones, que cuadraban con mayor
holgura a las que por entonces funcionaban en Zaragoza, serían utilizadas
por quienes no frecuentaban nuestro ámbito»21. Il ajoute un peu plus loin
que
En Niké se peroraba de todo lo divino y lo humano y, menos de lo que se pudiera
pensar, de literatura, de poesía o arte, aunque estos temas constituyeran su profunda
razón de ser y estar. Cualquier motivo se erigía en objeto de cháchara: problemas de
política, de literatura, de poesía, de arte, de cine, de deporte, etc. (…) Contadas veces se dieron lecturas de poesía o de teatro, pero con tal carga de mortífera sorna
acogidas, que no se volvieron a repetir; las críticas resultaron demoledoras, cuando
no paralizantes, para quienes no estuvieran dotados del temple que Niké exigía a sus
neófitos22.
Nombreux sont les témoignages relatant les conversations au sein de ce
café. Antonio Pérez Lasheras insiste, en reprenant les propos d’Antón Castro, sur l’importance de Julio-Antonio Gómez: «Allí asistían a divertidas
conversaciones en las que, según su remembranza, su señorito se erigía en
el ‹clown› de la fiesta, en el centro de atención»23. Ces propos sont confirmés par la présentation qu’en fait Benedicto Lorenzo de Blancas: «JulioAntonio fue uno de los elementos más dinamizadores y más provocadores
de espectáculo y de escándalo del grupo. Tomó parte principal en las ceremonias ópicas, en las cuales asumía el liderazgo, junto con Miguel Labordeta y Manuel Pinillos»24. Mais c’est Emilio Alfaro qui transmet le mieux
l’atmosphère régnant au Café Niké:
20
«Fernando Ferreró, un diálogo, toda una vida», CASTRO, Antón, 22 avril 2007
TELLO, Rosendo, art.cit., p.48.
22
Ibid.
23
PÉREZ LASHERAS, Antonio, ouv.cit., p.65.
24
BLANCAS, Benedicto Lorenzo, ouv.cit.,p.45.
21
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Parecía el reino del barullo y de la alegría más desaforada. La personalidad de Miguel, expansiva, vital, irónica, ruidosa, dominaba el cotarro. Por «Niké», a partir de
las once, se dejaban caer Emilio Lalinde, el entrañable poeta machadiano (…), Gil
Comín Gargallo (…); Julio Antonio Gómez, embutido en detonantes jerseys, fumando cigarrillos americanos y con lujosísimas ediciones de arte en cartapacios procedentes de su oficina de habilitación de clases pasivas; Ignacio Ciorda, alias «El
Búho», hiriente crítico de los demás, buen poeta y autodestruyéndose día a día; Fernando Ferreró, poeta hermético, pintor a lo Matisse y tozudo hipocondríaco, a pesar
de su salud de hierro; Mariano Gaspar (…); José Lizaranzu (…); Rosendo Tello, el
prístino poeta de Letux (…); Emilio Gastón, con su aire deportivo y optimista y su
poesía premonitoria; Tony Anguiniano (…); Eduardo Valdivia (…), los hermanos
Sopeña (…); Julián Borreguero (…); Cazcarra; Lambea; Pedro Marín; Miguel
Luesma; Andrés Calvo…25
Les artistes du Niké se retrouvaient le plus souvent le samedi, avant que
les réunions n’aient lieu le dimanche. Mais les rencontres entre ces artistes
ne se limitaient pas au seul cadre du Café Niké ni à ces seuls jours. Certaines avaient lieu au domicile de Manuel Pinillos. Benedicto Lorenzo de
Blancas rapporte que les poètes du Niké se retrouvaient chez Julio Antonio
Gómez, comme cela était le cas de Ciorda, Raimundo Salas, Rotellar et
Luciano Gracia. Nous retrouvons également le nom de la plupart des artistes du Niké à l’occasion de divers événements qui ont lieu à Saragosse
durant les années cinquante et soixante. Cela est le cas, notamment de la
douzième exposition du «grupo Zaragoza», qui eut lieu dans la salle du
Centro Mercantil en 1965. Y figuraient des poèmes de la plupart des poètes
du Niké aux côtés des tableaux de Asensio Chueca, Santamaría, Sahún y
Vera. Il s’agissait de compositions de José María Alfonso, Mariano Anós,
Benedicto L. Blancas, Ignacio Ciorda, Fernando Ferreró, Luciano Gracia,
Julio Antonio Gómez, Guillermo Gúdel, Juan Antonio Hormigón, Miguel
Labordeta, José Antonio Labordeta, Miguel Luesma, Manuel Pinillos, José
Antonio Rey del Corral et Rosendo Tello. Nombre des artistes assidus aux
réunions du Café Niké participent au cycle de poésie organisé en 1966 par
La Dante Alighieri de Saragosse. Cet événement intitulé «Momento poético
internacional» est organisé par Manuel Luesma, secondé par Rotellar,
Gúdel et Blancas. Nous retrouverons la signature de ces mêmes artistes
dans l’ouvrage servant d’hommage à Miguel Labordeta à l’occasion de sa
mort prématurée, ainsi que dans celui, beaucoup plus tardif, intitulé OPINiké que nous avons précédemment cité en note.
25
ALFARO, E., art.cit., p. 47.
144
Les poètes du Café Niké de Saragosse
Mais l’activité la plus importante et significative reste néanmoins
d’ordre éditorial, comme le souligne Rosendo Tello:
Niké creó sus propios órganos de difusión con el lanzamiento de sus revistas y colecciones literarias. J. A. Gómez da muestras de incansable actividad: publica una
antología de siete poetas aragoneses, funda la revista Papageno y dirige la colección
Fuentetodos de poesía dentro de la editorial Javalambre, creación de Valdivia; José
Antonio Labordeta dirige la revista y colección de poesía Orejudín y M. Labordeta,
Despacho literario, con secciones de literatura, poesía, arte y cine,etc. J.Mateo
Blanco, E. Alfaro y E.Gastón fundan y codirigen Coso aragonés del ingenio, que
editará libros de poesía, narrativa, teatro y ensayo. Andadura más dilatada tendrá la
revista de poesía Poemas, dirigida por G. Gúdel y L.Gracia, quien, posteriormente,
fundará y dirigirá hasta hoy la colección del mismo nombre26.
Aucune de ces revues, qu’il s’agisse de Papageno, d’Orejudín, de Despacho literario ou de Poemas n’ont vocation de manifeste. Elles ne doivent
être, en aucun cas, appréhendées comme l’expression d’un groupe poétique. L’anthologie de poèmes de différents artistes assidus aux réunions du
Café Niké publiée dans le premier numéro de Despacho literario en est,
paradoxalement, la preuve la plus manifeste.
Les compositions de huit poètes figurent, en effet, dans ce numéro. Ces
derniers sont présentés sous le titre «Ocho poetas de la O.P.I», en référence
à la Oficina poética internacional, organisation dont Miguel Labordeta est
à l’origine. Une composition de ce poète est présente dans la modeste anthologie publiée dans Despacho literario, aux côtés de celles de Guillermo
Gúdel, José Ignacio Ciorda, Rosendo Tello, Julio-Antonio Gómez, Emilio
Gastón, Fernando Ferrero et de celles de son jeune frère, José Antonio Labordeta. Comme le souligne fort justement José Carlos Mainer, dans les
pages d’introduction à l’édition fac-similée de cette revue:
No son muchos los lazos estéticos que anudan a aquella promoción de poetas zaragozanos que fue rama del tronco común de la lírica española de los sesenta. La mayoría de sus afinidades tocan a la convivencia física, a la amistad un poco bohemia, a
la conciencia común de insólitos habitantes de una ciudad, Zaragoza, cuya vida más
real iba por muy otros derroteros. En este sentido, las páginas centrales del citado
número primero de Despacho literario son tan reveladoras respecto a lo segundo
26
145
TELLO, Rosendo, art.cit., p.57.
Céline Pegorari
como engañosas respecto a lo primero. La antología de poetas «Tiempos de poesía»
da buena muestra de quién era cada cual27.
Outre la manifestation de l’importante hétérogénéité de ces artistes,
cette anthologie témoigne également de la volonté de donner de ces poètes,
plus unis par une amitié que par un programme poétique commun, l’image
d’un groupe littéraire dont le chef de file ne serait autre que Miguel Labordeta, sans néanmoins définir les caractéristiques d’une quelconque poétique. Bien qu’erronée, c’est cette idée qui va être abondamment relayée
dans les écrits ayant pour objet ces poètes, souvent présentés comme «grupo del Niké» ou «Generación del Niké», pour reprendre la formule de Rosendo Tello, précédemment citée.
C’est en ce sens qu’est le plus souvent présentée l’aventure de la Oficina
poética internacional de Miguel Labordeta, qui est utilisée comme dénominateur commun des poètes présentés dans l’anthologie de Santiago Perdiguer, publiée dans Despacho literario. Force est d’admettre que la plupart
des artistes se réunissant au sein du Café Niké se sont joints à cette organisation. Y voir la quelconque manifestation d’un groupe défendant une
même conception de la poésie et uni autour d’une problématique commune
témoigne d’une méprise concernant l’entreprise de Miguel Labordeta. Cette
dernière ne semble avoir d’autre finalité que d’unir des poètes et artistes de
tous pays. C’est ainsi que le presente Antonio Quintilla, dont les propos
sont rapportés dans l’ouvrage qu’Antonio Ibáñez Izquierdo a consacré à
Miguel Labordeta:
Hacia el año 1950, estimulado por sus viajes y apertura hacia el exterior, funda en
Zaragoza la OPI, empresa que apareció medio en broma, en un intento de sindicar a
toda la poesía del mundo, dando como resultado un fichero con cientos de poetas
amigos catalogados de toda Europa y América, y un intercambio de publicaciones y
revistas, que habían de dar sus frutos. La OPI edita una revista, Despacho literario,
que, aunque por demás interesante, no aparece con demasiada regularidad. Su propósito es el de conjugar lo local en función de lo universal28.
27
MAINER José Carlos, «Para leer despacho literario», Despacho literario, Saragosse, Diputación General de Aragón, Departamento de Cultura y Educación, 1990,
p.2.
28
IBÁÑEZ IZQUIERDO, Antonio, ouv.cit., p.40.
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Les poètes du Café Niké de Saragosse
L’ambition de Miguel Labordeta, comme le souligne fort justement Antonio Ibáñez Izquierdo, est, en effet, de mettre en relation les artistes ne
trouvant pas leur place dans la société dans laquelle ils vivent et ne se satisfaisant pas du rôle concédé, dans cette dernière, aux artistes.
Miguel estaba gestando un ambicioso plan con el que quería implicar a
cientos de poetas y artistas que, como él, se encontraban inadaptados en el
cajón que la historia les quería incluir y que tenían todo el ímpetu para
cambiar el lenguaje poético de finales de los años 40. En secreto, movido
por el silencio y el aburrimiento de la ciudad, Miguel pasaba las horas pensando en una organización poética que parodiara la sensibilidad burocrática
de la época: la Oficinapoéticointernacional, la OPI29.
Il ajoute un peu plus loin que
la clara vocación universal de Miguel Labordeta contrastaba con las condiciones vitales del poeta, que vivía asfixiado en una ciudad gusanera que, como indica en alguno de sus poemas, era un Sydnick que había que incendiar para que se convirtiera
en ciudad dorada. ¡Poesía adelante pues!, dice el manifiesto y eso es lo que le interesaba a un hombre que tenía su carnet de Ciudadano del mundo y que con este manifiesto pretendía las proclamas poéticas al estilo de ¡Poetas del mundo, uníos!30
C’est en ce sens qu’il faut comprendre le manifeste de la Oficina poética
internacional qui, en dépit de la censure franquiste, circulait parmi les
proches et les amis de Miguel Labordeta31. Sans toutefois vouloir en minimiser l’intérêt, en aucun cas il ne peut constituer la preuve de l’existence
d’un groupe, tant les contours en sont flous. S’il témoigne, de la part des
poètes du Niké qui soutiennent Miguel Labordeta dans son entreprise, du
sentiment d’asphyxie, précédemment évoqué, de ces artistes dans cette ville
de province d’après-guerre, il ne constitue pas néanmoins un programme.
De la même façon que les rencontres au sein du Café Niké permettent aux
artistes partageant ce sentiment de se réunir, sans pour autant débattre de
questions exclusivement littéraires, de lutter contre la médiocrité ambiante
29
Ibid., p.105.
Ibid.
31
«Tenemos a la vista una desolación de revistas, colecciones y hasta, señoras y
señores, hasta de juegos florales de Jerez de la Frontera y de magnos certámenes en
pro de obras del Pilar de Zaragoza, donde la depravación laringológica llega al más
aflautado aburrimiento (neoclásicoalexnadrinorománticorilkianoburrototalenverde).
Y si bien hacen su papel, (¡qué lindo de cuerpo presente), nosotros a lo nuestro, y
alejémonos corriendo del tufillo insoportable y poesía adelante pues…», Ibid..
30
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Céline Pegorari
évoquée par José Manuel Aguirre, l’aventure de la Oficina poética internacional doit être appréhendée comme une tentative de mettre en relation les
artistes aragonais avec les autres artistes européens.
Cette volonté est d’ailleurs manifeste dans les revues précédemment citées, comme le souligne Antonio Pérez Lasheras dans le prologue à
l’édition fac-similée de la revue Papageno.
Si algo caracteriza todas esas publicaciones quizás sea su ambición universalista. Queremos decir que, de alguna manera, la intención de sus directores era romper el aislamiento provinciano de la cultura zaragozana32.
Il convient néanmoins de souligner que ce désir d’être en contact avec
des créateurs d’horizons divers ne témoigne pas de la volonté de s’inscrire
dans un courant, une école ou un groupe particuliers, mais plutôt de sortir
de l’isolement culturel, propre à cette Espagne d’après.guerre, dont souffre
la plupart des artistes aragonais se réunissant au Café Niké. Cette aspiration
est également significative du sentiment de ces artistes à ne pas trouver leur
place, comme nous l’avons précédemment souligné, au sein de la société et
du panorama culturel de la péninsule.
Miguel Labordeta semble, en effet, souffrir de sa situation quelque peu
marginalisée au sein des cercles littéraires de la péninsule. La production
poétique de ce dernier se situe, il est vrai, quelque peu en marge des
oeuvres produites à la même époque. La poésie des années cinquante et
soixante est, en effet, dominée par la poésie sociale qui sera, progressivement remise en question par les tenants d’une poésie de la «connaissance»
pour reprendre la formule consacrée. Les critiques et historiens de la littérature espagnole opposeront ainsi, dans les différentes études consacrées à la
poésie des années cinquante, les défenseurs de la poésie comme «communication» de ceux de la poésie comme «connaissance».
Si nous retrouvons des échos de ces deux conceptions de la poésie,
moins opposées qu’il n’y paraît de prime abord, dans l’œuvre de Miguel
Labordeta, ainsi que de celle des autres poètes du Café Niké, cette dernière
résiste néanmoins à ces deux approches. Il nous semble également pernicieux de chercher à synthétiser l’œuvre de ces artistes en essayant de faire
ressortir quelques caractéristiques communes. Si le propos de Rosendo
Tello, en distinguant deux tendances dans la production poétique des poètes
32
PÉREZ LASHERAS, A., «Introducción», Papageno, PÉREZ LASHERAS,
A.(Éd.), Saragosse, Diputación General de Aragón, Departamento de Cultura y Educación, 1991, p.7.
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Les poètes du Café Niké de Saragosse
du Niké, a le mérite de donner un éclairage de leur œuvre, il présente le
risque de réduire ces dernières à ces deux seules tendances et d’occulter la
richesse et la variété de ces poètes33.
S’il est indéniable que l’on retrouve dans l’oeuvre de ces poètes des
échos de la poésie de leur temps, il serait réducteur d’apprécier la production de ces artistes en fonction de ce seul critère. Bien que quelque peu
marginalisés, à l’image de Miguel Labordeta, des principaux centres et
cénacles culturels de la péninsule, les poètes du Niké ne sont pas, il est vrai,
imperméables à la poésie de leur temps. Comme le souligne María Pilar
Martínez de la Barca, dans une étude consacrée à la poésie de Manuel Pinillos,
Estas míticas reuniones del Niké, que se iniciarían a principios de los años 50 y concluirían hacia 1966 con el fallecimiento de Miguel Labordeta y el cierre del Café, se
desarrollarán a la par que el realismo social comprometido y esa nueva lírica narrativa, intimista y preocupada por la forma de mediados de siglo34.
33
«Simplificando en exceso, digamos que los poetas de Niké se mueven entre dos
líneas y maneras de entender la realidad y la realidad del poema:
a) Una visión surrealista que cuenta con explícitos antecedentes aragoneses y
que halla en M. Labordeta un excitador y formalizador poderoso. El verso libre, la
imagen de corte idílico, la incidencia prosaica con cierto regusto a lo Vallejo, un tinte de celtiberismo visceral, el tono dislocado del poema, siempre de estructura unitaria. Es una línea que gusta y frecuenta las vanguardias, pero que pocas veces aprovecha su técnica experimentalista o los geometrismos del espacio tipográfico. El
mismo M. Labordeta tardará mucho en utilizar estos recursos visuales, como se sabe. De él arrancan los pasos iniciales de I. Ciorda, J. A. Gómez, el que perpetra estas
líneas, E. Gastón y J. A. Labordeta.
b) Una visión más realista, más entrañada, en términos generales, con la realidad
del momento. De ahí un tono y una expresión más directos, coloquiales y cotidianos.
Además del verso libre, estos poetas se sirven de metros y estrofas tradicionales y su
contenido se ahusta más al tipo de poesía social que entonces se estilaba. Es la línea
que encabeza Manuel Pinillos y que siguen, por distintos caminos, L. Gracia, G.
Gúdel, B. Lorenzo de Blancas, M. Luesma Castán y R. Salas. F. Ferreró se adentra
por cauces más intelectualistas y puros, al modo de un Salinas o un Guillén, con
poemas de corte mentalista y alejados de toda estridencia expresiva. Los poetas de la
joven promoción, J. A. Rey del Corral, M. Anós y F. Villacampa, pasan también por
Niké. Rey del Corral, asiduo contertulio desde su extrema juventud, inicia allí su
obra poética, hoy muy sólida”, TELLO, Rosendo, art. cit., p.23.
34
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MARTÍNEZ DE BARCA, María Pilar, ouv.cit., p.36-37.
Céline Pegorari
Il est vrai que l’on peut observer une notable influence de
l’existentialisme dans l’œuvre de Manuel Pinillos
Manuel Pinillos representa de modo especial la poesía existencialista. Desarraigo en
todos los sentidos, familiar, social, generacional. En él llegan a cumplirse en plenitud las palabras de Dámaso Alonso: «Para otros, el mundo nos es un caos, une angustia, y la poesía una frenética búsqueda de ordenación y de ancla»35.
Cela est particulièrement le cas dans les premières oeuvres du poète, A
la puerta del hombre et Sentado en el suelo. Sa poésie va néanmoins subir
une évolution vers une poésie à dimension sociale avec les deux recueils
suivants, Demasiados ángeles et De hombre a hombre. Nous retrouvons
également des échos de cette poésie sociale dans le premier recueil de Julio-Antonio Gómez, intitulé Los negros.
35
Ibid.
150

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