Untitled - Revista Digital de Investigación Lasaliana
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Revista Digital de Investigación Lasaliana Revue Numérique de Recherche Lasallienne Digital Journal of Lasallian Research Accesso gratuito Copyright ®creative commons Istituto dei Fratelli delle Scuole Cristiane Servizio di Ricerca e Risorse Lasalliane Casa Generalizia Via Aurelia, 476 - 00165 Roma Italia Sito web: www.lasalle.org e-mail: [email protected] Supporto tecnico: Universidad La Salle Bajío, México http://revista_roma.delasalle.edu.mx Rivista intestata a: LATINDEX ULRICHSWEB DIALNET ATLA i REVUE NUMÉRIQUE DE RECHERCHE LASALLIENNE N° 10 MAI 2015 COMPRENDRE POUR TRANSFORMER Avec ce numéro 10 nous accueillons une seconde étape de la Revue numérique de recherche lasallienne. L’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes entame une nouvelle période de recherche qui trouvera son sommet avec la rédaction d’une Déclaration sur l’éducation lasallienne dans le monde d’aujourd’hui, prévue pour mai 2020. De plus, à partir de 2016 et jusqu’en 2021 le Service de la Recherche et des Ressources lasalliennes dirigera une recherche sur la mémoire lasallienne au XXe siècle. Tous ces efforts nécessitent l’appui de la force subversive de l’association lasallienne, dans une communauté qui compte plus de 90 000 éducateurs répartis dans les cinq continents et qui s’occupe de plus d’un million d’élèves. Nous présentons douze articles qui représentent la diversité du monde lasallien. Les thèmes tournent autour des effets de la culture de la commercialisation, la mondialisation et l’émergence des nouveaux types de pauvreté au XXIe siècle. Tous ces phénomènes ont eu et continuent d’avoir un impact direct dans l’éducation des citoyens de notre siècle. En tant que lasalliens, nous ne pouvons pas rester indifférents devant une réalité qui attente à la personne humaine, quelle que soit sa culture et sa foi religieuse. Nous vous invitons à participer à cette nouvelle dynamique de notre revue numérique. Nous avons besoin de réfléchir et d’agir, ensemble et par association, pour que chaque enfant et chaque jeune de cette planète parvienne à la pleine dignité de sa vie. L’éditeur. Articles del Numéro 10 (2015) 1. MONDIALISATION, NOUVEAUX TYPES DE PAUVRETÉ, ET AMÉRIQUE LATINE AU XXIE SIÈCLE Prof. Dr. José Alberto Antunes de Miranda UNILASALLE Canoas, Brésil RÉSUMÉ L’Amérique latine vit le reflet de la mondialisation et de la commercialisation de la vie, mettant en évidence l’érosion des identités sociales, une usure idéologique et politique et une déstabilisation accélérée des populations. La pauvreté et les inégalités sont des constructions sociales qui se développent et se consolident à partir des structures, des agents et des processus qui lui donnent une forme historique concrète. Depuis les temps coloniaux jusqu’à nos jours, les pays et les régions d’Amérique latine ont calqué les expressions de ces phénomènes sociaux qui, même quand certaines présentaient des particularités propres à chaque contexte historique et géographique, ont un trait commun : les très hauts niveaux de pauvreté et d’inégalité qui ont conditionné la vie politique, économique, sociale et culturelle. Mots clés : mondialisation, commercialisation, pauvreté, identité, acculturation, coopératisme, inclusion. ii 2. NOUVEAUX TYPES DE PAUVRETÉ : LES RELATIONS AU XXIe SIÈCLE Frères Michael Fehrenbach et Armand Alcazar FEC Lewis University, Chicago, USA RÉSUMÉ Afin qu’il y ait une relation entre deux personnes, entre les membres d’une communauté, entre un professeur et sa classe, il doit y avoir une communication ou un dialogue qui aient du sens. Plus qu’auparavant, au XXIe siècle la communication est électronique. Notre technologie est-elle devenue un refuge ? Une échappatoire de l’engagement émotionnel auquel nous faisons inévitablement face quand la proximité n’est pas simplement au bout de nos doigts sur un clavier ? Y a-t-il de la dopamine relâchée dans notre cerveau qui créé une dépendance à l’ordinateur, au Smartphone, à l’iPad, qui rende ces objets plus attirants qu’une personne humaine vivante qui est assise à table avec nous et qui essaie de nous contacter dans les moments de joie ou de peine ? La recherche a émis plusieurs conclusions, parfois contradictoires, de l’impact des technologies modernes sur la communauté humaine et ses relations. Quel est le degré de notre communication à l’intérieur de nos communautés lasalliennes ? Que nous vivions dans une communauté entièrement composée de Frères ou avec d’autres Lasalliens, tous et chacun nous avons une histoire qui vaut la peine d’être entendue et racontée. Notre communication les uns avec les autres a-t-elle du sens ? Souvent, certains d’entre nous espère que la messe et les repas seront la panacée à une connaissance réciproque. À quel point connaissons-nous les personnes avec qui nous vivons ? Y a-t-il un nouveau type de pauvreté dans les relations au XXIe siècle ? Mots-clés: relations, engagement, mission, communauté. 3. LA SOCIÉTÉ DU RENDEMENT. FORMES CONTEMPORAINES DE MERCANTILISME. LA VIE ET L’ÉCOLE. F. Pedro Bravo Reinoso FEC Secteur de l’Équateur, District Norandino RÉSUMÉ L’article veut analyser les conditions générées, dans les sociétés actuelles, pour développer des formes de vie et des propositions éducatives conformes aux logiques de production et d’accumulation du capital. Par cette analyse, on pourra observer les limites établies à la subjectivité et à la pratique éducative et de plus, signaler l’inconsistance d’un projet qui cherche à mercantiliser la vie. Cet article se situe dans la ligne de réflexion des pédagogiques critiques, et à partir de cette perspective, il cherche à établir des alternatives possibles aux formes de domination actuellement présentes. Mots clés : école, capitalisme, rendement, qualité éducative, pédagogie critique. 4. LE CHRÉTIEN AFRICAIN FACE AUX DÉFIS DE LA PRÉSERVATION DE LA DIGNITE HUMAINE POUR UNE CONVERSION AU REGARD DE FOI SUR L’AUTRE ET ‘’L’EN-COMMUN’’ F. Anani Valère Adonsou, FEC District du Golfe de Bénin iii RÉSUMÉ Cet article part d’un constat à savoir le hiatus entre les valeurs culturelles que l’Afrique proclame lui être propres et leur imprégnation de la vie sociale et politique. Dans le cadre du témoignage de la foi, la raison de ce clivage est à chercher dans une démarche d’inculturation nourrie par une vision statique de la culture. Démarche qui a produit des théologies de l’identité et de la différence. Au regard de leur stérilité en termes de l’apport de la proposition chrétienne au respect et à la promotion de la dignité humaine et à un vivre ensemble qualitatif, l’article propose une autre voie de l’incarnation du message chrétien : une spiritualité chrétienne en contexte de modernité africaine, fondée sur la contemplation et l’appropriation du rapport de Jésus à sa culture en homme libre. Mots clés : culture, pouvoir, modernité africaine, profane et sacré, proposition chrétienne. 5. LE POUVOIR TRANSFORMATEUR DE L’INTELLECTUEL CATHOLIQUE DANS LA RÉALITÉ D’AUJOURD’HUI F. Pedro Acevedo FEC District Antillas-Méxique Sud RÉSUMÉ L’intellectuel catholique se situe à partir de la réalité du monde présent et se laisse interpeller par les changements qui affectent la vie des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Quel rôle joue la foi dans la transformation de la réalité ? Le croyant part de la contemplation comme exercice corrélatif à l’action prophétique, comme on le voit en de nombreux passages de la Bible. Elle a des conséquences claires dans la conception d’un style de vie cohérent, dans l’option préférentielle pour les pauvres, dans une vie intérieure profonde et dans l’exercice de la compassion, de la fraternité et de la miséricorde des témoins du Christ ressuscité. Mots clés : intellectuel catholique, contemplation, réalité, croyant, Parole, miséricorde. 6. ÉQUILIBRER LE PARADOXE : DONNER UNE ÉDUCATION EN LIGNE LASALLIENNE TRANSFORMATRICE À UN MILIEU IMPRÉGNÉ PAR LE MERCANTILISME Matthew Nowakowski, Ed.D. Rachel McGee, M.L.I.S. Saint Mary’s University of Minnesota RÉSUMÉ L’éducation supérieure est confrontée à des attentes croissantes d’éducation transactionnelle : programmes accélérés, éducation en vue d’un emploi, cours techniques, diplômes surévalués, etc. Dans cette ambiance comment les éducateurs lasalliens équilibrent-ils le désir de donner une éducation transformatrice à des étudiants qui demandent une éducation transactionnelle ? Cette étude examine la réification de l’éducation, les racines transformatrices lasalliennes et le potentiel de l’éducation en ligne pour développer l’accès à des communautés d’études lasalliennes transformatrices. Mots clés : éducation supérieure, réification dans l’éducation, éducation lasallienne, éducation transformatrice, communauté d’enquête, communauté d’apprentissage en ligne. iv 7. LE POUVOIR SUBVERSIF DE L’ASSOCIATION LASALLIENNE F. Santiago Rodríguez Mancini FEC Noviciat La Salle, Cordoba District Argentine-Paraguay RÉSUMÉ Nous, lasalliens, avons découvert un trésor dans l’association, fondement de notre existence consacrée et missionnaire. Cette expérience fondatrice a des conséquences dans la manière dont nous nous situons face au problème étique qui sous-tend le capitalisme postindustriel. Récupérer notre option pour le service éducatif des pauvres implique une mémoire subversive qui offre de nouvelles clés de lecture pour cheminer vers la formation de nouvelles formes civiles et ecclésiales qui rendent compte d’une culture associative en cohésion avec la culture du don et l’économie de l’association. Mots clés : mémoire subversive, association pour le service éducatif des pauvres, mémoire lasallienne, capitalisme, culture du don, économie de l’association. 8. L’AUTOFORMATION DES LAÏCS LASALLIENS PAR LA LECTURE RELIGIEUSE EN AFRIQUE OCCIDENTALE F. Jacques Monchebi, FEC District du Golfe de Bénin RÉSUMÉ La pertinence de la formation des laïcs est toujours actuelle en Afrique, 20 ans après la publication de Ecclesia in Africa. L’auteur offre dans le présent article une réflexion sur la formation permanente des laïcs en Afrique de l’Ouest, en particulier des intellectuels, en vue de proposer une approche pédagogique centrée sur eux. L’approche pédagogique est l’autoformation du laïcat africain comme une alternative de formation permanente plus efficace pour des laïcs intellectuels au XXIe siècle face à la « nouvelle évangélisation ». Que peut-il faire pour les former efficacement ? Pour vérifier deux hypothèses on a utilisé deux méthodes de recherche : la recherche documentaire et l’enquête empirique. Tous les laïcs intellectuels africains peuvent s’autoformer par la lecture religieuse. Cela nécessite des investissements personnels et communautaires. En considérant la richesse littéraire et les nombreuses publications dans l’Église et dans l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes, les possibilités d’accès à l’information et les moyens de communication modernes, cette autoformation devient plus facile pour les lasalliens Frères et laïcs. Mots-clés : autoformation, lecture religieuse, laïcat africain, laïc lasallien, laïc intellectuel, formation permanente. 9. LA MISSION LASALLIENNE INNOVE : L’EXEMPLE DES PEUPLES INDIGÈNES DES PHILIPPINES F. Lawrence Aikee Esmeli FEC District LEAD – Secteur Philippines v RÉSUMÉ Cette étude se centre sur le recueil et l’examen d’expériences des peuples indigènes, en particulier la tribu Manobo de la région du Caraga, pour faire avancer leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance économique. L’étude analyse le conflit auquel sont confrontés les membres des tribus de l’organisation et évalue les options et stratégies pour répondre à leurs préoccupations. Par le biais de la loi sur l’Évaluation rapide de la propriété foncière, l’étude a pu recueillir et organiser des rapports de tribus et de leurs membres sur son organisation, ses plans économiques et leurs soucis et problèmes légaux. Il en est ressorti que les instruments pour protéger les droits de propriété des tribus n’ont pas réussi à assurer le respect et l’ordre nécessaires pour promouvoir et maintenir leurs plans économiques. Pour réussir à protéger les droits des tribus, des interventions économiques légales et de type organisationnel sont nécessaires. Mots clés : peuples indigènes (IPs), région de Caraga, Rapid Land Tenure Assessment (l’Évaluation rapide de la propriété foncière), droits de propriété, l’union économique des peuples indigènes (IPEU). 10. DES CHEMINS DE LA HONTE À L’AUDACE POUR LES PAUVRES F. Francisco Dionisio Pérez, FEC District Lasallien d’Amérique central-Panamá RÉSUMÉ L’auteur nous offre une réflexion personnelle sur la situation de la culture d’exclusion et les nouveaux types de pauvreté qui touchent les peuples indigènes d’Amérique centrale et d’Amérique latine en général. La pauvreté fait polémique et dépend des caractéristiques de la société où elle se manifeste. Mais c’est un fait réel qu’elle s’est diversifiée en de nouveaux types de pauvreté issus du nouvel ordre économique mondial favorisé par la mondialisation. Le monde indigène continue à vivre les conséquences du racisme et de la dépréciation sociale et culturelle dont les racines se trouvent dans la période coloniale et qui continue aujourd’hui à s’exprimer à travers un système socio-économique qui affecte l’exercice de leurs droits humains fondamentaux, en particulier celui des femmes indigènes. L’incarnation de Jésus parmi les plus pauvres continue à être un défi pour les Frères des Écoles Chrétiennes et leur insertion parmi les plus pauvres d’Amérique latine. Mots clés : indigènes, Amérique latine, pauvreté, nouveaux types de pauvreté, exclusion sociale, vulnérabilités, racisme, femmes indigènes. 11. MICHEL SAUVAGE, FSC : UN PARCOURS SPIRITUEL Rose M. Beal, Ph.D. Professeur Associé de Théologie Saint Mary’s University of Minnesota RÉSUMÉ L’espérance fragile d’un témoin, publié récemment, retrace le parcours vocationnel de Michel Sauvage comme Frères des Écoles Chrétiennes au XXe siècle, tout en défendant les différentes raisons d’espérer dans la vie de l’Institut aux XXe et XXIe siècles. Cet essai explore la dimension spirituelle de cet itinéraire, soulignant trois aspects spécifiques. D’abord l’expérience de Sauvage a été un véritable parcours enraciné et influencé par la vie plus large de l’Institut, commençant avec la préférence initiale d’insister sur la vie religieuse intérieure et de passer par la quête d’une spiritualité plus intégrale. En second lieu son parcours spirituel fut éclairé par la conviction centrale tirée de sa propre expérience et de sa lecture innovatrice des écrits spirituels de Saint Jean-Baptiste de La Salle, qu’il y avait une unité inséparable entre la vie religieuse vi et l’apostolat, ou ministère. Finalement, la mission constante de Sauvage a été d’étendre sa spiritualité personnelle au service de ses Frères, en particulier en donnant une formation qui favorise une intégration de la vie intérieure et extérieure et à travers des études érudites qui situaient la Règle dans le contexte plus riche des écrits spirituels de La Salle pour ses Frères, en particulier, les Méditations. Mots clés : Michel Sauvage, espérance, foi, vocation, vie religieuse, institut des Frères des Écoles Chrétiennes, parcours spirituel, aperçu spirituel, renouveau spirituel, Règle, Méditations, itinéraire lasallien. 12. ENTRE PERCEPTION ET ACTION. LES LASALLIENS RESPONSABLES D’UN AVENIR QUI A DÉJÀ COMMENCÉ F. Diego A. Muñoz Léon FEC Service Recherche et Resources Lasalliennes Maison généralice, Rome RÉSUMÉ Partant de cette constatation sur la réalité de l’institut des Frères des Écoles Chrétiennes, définie par le 45e Chapitre général (2014), l’auteur présente le fruit d’une recherche réalisée avec le soutien de 32 Frères de la Région lasallienne latino-américaine. Les réponses concernent essentiellement le fait de savoir comment les Frères se perçoivent eux-mêmes et ceux qu’ils servent dans l’éducation et comment ils se situent face à l’avenir. Les réponses invitent au débat sur l’avenir de l’Institut. Mots clés : Frères, condition de vie modeste, vie communautaire, oraison, association, service éducatif, profil du Frère, pauvres. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 1-6 1 GLOBALIZACIÓN, NUEVAS POBREZAS Y AMÉRICA LATINA EN EL SIGLO XXI Prof. Dr. José Alberto Antunes de Miranda1 UNILASALLE Canoas, Brasil2 RESUMEN América Latina vive el reflejo de la globalización y la mercantilización de la vida, evidenciando una erosión de las identidades sociales, un desgaste ideológico y político y una desestabilización acelerada de la población. La pobreza y la desigualdad son construcciones sociales que se desarrollan y consolidan a partir de las estructuras, los agentes y los procesos que les dan forma histórica concreta. Desde los tiempos coloniales hasta nuestros días, los países y regiones de la América Latina moldearon expresiones de esos fenómenos sociales que, aun cuando presentan peculiaridades propias en cada contexto histórico y geográfico, han compartido un trazo en común: altísimos niveles de pobres y desigualdad que han condicionado la vida política, económica, social y cultural. Palabras-clave: globalización, mercantilización, pobreza, identidades, aculturación, cooperativismo, inclusión. Estamos viviendo el debilitamiento de las sociedades, de las costumbres, de la relevancia del individuo contemporáneo en detrimento de las comunidades. Estamos en la era del consumo de masas, en la emergencia de un modo de socialización y de individualización inéditos, en una ruptura que se establece sobre antiguos patrones de solidaridad y de humildad. América Latina vive el reflejo de la globalización y de la mercantilización de la vida, presentando una erosión de las identidades sociales, desgaste ideológico y político y una desestabilización acelerada de la población. Conforme destaca Gilles Lipovetsky, “estamos viviendo una segunda revolución individualista” (LIPOVETSKY, 2005). El presente trabajo tiene como objetivo reflexionar sobre algunas paradojas de esos procesos globalizantes en América Latina que pueden promover tanto la inclusión del Otro cuanto su exclusión. La erosión sistemática del valor humano necesita ser tomada en cuenta. A pesar de las características actuales del mundo contemporáneo, la región latinoamericana en los últimos años pasó por transformaciones importantes, que incluyeron la expansión de la democracia - a pesar del difícil control sobre el populismo-, la desigualdad social, la corrupción, el tráfico de drogas y la integración de la región en el ordenamiento jurídico internacional. Ha sido evidente una madurez importante en la política y en la ley, aunque muchas veces frágil e insuficiente en el contexto de la región. Debates tales como el derecho al desarrollo, la democracia 1 Es Doctor en Estudios Estratégicos Internacionales, profesor colaborador del Programa de Maestría en Derecho y Sociedad y Asesor de Asuntos Interinstitucionales e Internacionales de UNILASALLE, Canoas, Brasil. 2 Original en Portugués. Traductor al español: H. Diego Muñoz fsc. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 1-6 participativa, el nuevo constitucionalismo y una mayor presencia de los países de América Latina en los regímenes internacionales de gobernanza global han contribuido en el avance de la sociedad latinoamericana, pero todavía resultan insuficientes para promover una mayor igualdad entre las sociedades de la región. En los últimos años, la mayor parte de los países latinoamericanos, a excepción de Cuba, actualizaron sus constituciones y leyes ordinarias. Además de eso, la mayoría de esos países han llegado a ser signatarios de los principales tratados internacionales de derechos humanos y están integrados a estructuras políticas regionales, tales como la Organización de las Naciones Unidas (ONU), la Organización de Estados Americanos (OEA) y la Unión Suramericana de Naciones (UNASUR), entre otras instancias que defienden los valores democráticos, los derechos humanos y la búsqueda de soluciones pacíficas de los conflictos. La región latinoamericana sufre también, en medio de las características del mundo contemporáneo apuntadas por Milton Campos como la competitividad, el consumo y la confusión de espíritus, que constituyen bastiones del presente estado de cosas. La competitividad comanda las formas de acción, mientras que el consumo las formas de inacción. En esa confusión de espíritus se afecta la comprensión del mundo, del país, del lugar, de la sociedad y de cada uno de nosotros (SANTOS, 2001, p.46). La leve recuperación económica del mundo en los últimos años no fue suficiente para que América Latina redujese su pobreza. Ésa es la conclusión de la Comisión Económica para América Latina y el Caribe (CEPAL), que pertenece a las Naciones Unidas (ONU), y que ha sido expuesta en el informe sobre el Panorama Social de América Latina del 2014. Uno de cada cinco latinoamericanos, cerca de 130 millones de personas, no conoce nada más que la pobreza, teniendo que sobrevivir con menos de 4$US diarios durante toda su vida. Estos son los individuos crónicamente pobres de América Latina, que permanecerán así a pesar de las iniciativas, sin precedentes, de combate a la pobreza en la región desde el advenimiento del siglo XX. La situación de las personas en la región se está tornando más precaria a medida que disminuye el avance económico que contribuyó, en el pasado, de modo significativo, en la reducción de la pobreza. El crecimiento del PIB regional sufrió una desaceleración de cerca del 6% en 2010 llegando a aproximadamente el 0.8% durante el 2014. Esa contracción ayudará probablemente a afectar negativamente a una de las causas más importantes para promover una fuerte reducción de la pobreza: un mercado de trabajo de mejor calidad. Se pueden observar variaciones significativas entre los países. Uruguay, Argentina y Chile presentan las tasas más bajas de pobreza crónica, situadas en torno al 10%. En el otro extremo, Nicaragua, Honduras y Guatemala registran las tasas de pobreza crónica expresamente más elevadas, que tienen una media del 21% y varían entre el 37% en Nicaragua y el 50% en Guatemala. Existen, pues, variaciones significativas entre los países. Incluso, en un mismo país, algunas regiones presentan tasas de incidencia de pobreza hasta ocho veces mayores que el índice más bajo. En Brasil, por ejemplo, Santa Catarina registra una tasa de pobreza crónica en torno al 5%, mientras que en Ceará ese indicador se aproxima al 40%. En América Latina los problemas sociales pasan por la cuestión urbana y rural. A pesar de la existencia de tasas porcentuales de pobreza más elevadas en las áreas rurales, la misma también es crónica en las áreas urbanas. De hecho, considerando los números absolutos, las áreas urbanas en muchos países, incluidos Chile, Brasil, México, Colombia o República Dominicana, han tenido más pobres crónicos entre 2004 y 2012 que en las áreas rurales (RELATÓRIO DO BANCO 2 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 1-6 MUNDIAL, 2015). La pobreza y la desigualdad son construcciones sociales que se desarrollan y consolidan a partir de estructuras, agentes y procesos que les dan forma histórica concreta. Los países y regiones de América Latina moldearon, desde los tiempos coloniales hasta nuestros días, expresiones de esos fenómenos sociales que, aunque presentan las peculiaridades propias de cada contexto histórico y geográfico, han compartido un trazo en común: altísimos niveles de pobreza y desigualdad, que han condicionado la vida política, económica, social y cultural. De manera reiterada, esos problemas han sido identificados como los más relevantes que han enfrentado las sociedades latinoamericanas cuando se han comprometido a buscar la consolidación de regímenes democráticos, socialmente justos. Más importante todavía se observa que, tanto la pobreza como la desigualdad, habitualmente están ligadas, se retroalimentan y se reproducen a medida que cuentan con condiciones políticas, económicas y sociales que las fortalecen. Esa interacción tiende, además de eso, a consolidar los efectos sociales nocivos coyunturales. La globalización puede ser comprendida como una fábrica de perversidades (SANTOS, 2008, p. 19) o, como lo entienden los escépticos, un mito, una idea colocada por los adeptos de la liberalización comercial que buscan destruir el Estado Social (GIDDENS, 2006, p. 21). Además, aquellos que mantienen una posición radical, creen que la globalización es un hecho concreto, cuyos efectos se pueden sentir en todas partes (GIDDENS, 2006, p. 20). La cuestión es que no se puede ignorar que procesos en curso de ese fenómeno tan complejo, no son sólo en cuanto a su definición, sino también en su forma de concretización. La globalización alcanzó en América Latina no sólo las esferas económicas, sino también las culturales y sociales, y de hecho modificó la forma cómo nos relacionamos. El proyecto de modernidad hizo que entendiéramos a la moral como algo externo a nuestra conciencia y esto desencadenó una noresponsabilidad ante la exclusión del Otro. La diseminación de una cultura globalizada, mundializada, influencia de hecho nuestros patrones de comportamiento regionales, sea para integrar culturas sea para inversamente provocar una valorización de las tradiciones y un fortalecimiento de los regionalismos manifiestos en la identidad cultural. Según Giddens, “la globalización es la razón que lleva a la reaparición de las identidades culturales en diversas partes del mundo” (GIDDENS, 1999, p. 24). La Antropología, frente a la globalización y sus efectos, profetizó la desaparición de las culturas locales y hasta incluso su aculturación; pero, esa comprensión ya no es unánime entre los antropólogos: En la verdad, lo que hoy espanta a los que estudian la globalización es la persistencia, e igualmente la renovación, de las diferencias en contextos de intensa interacción social. [...] Las identidades nacionales se forjan, por tanto, en el sentido de la domesticación de las diferencias y de las particularidades. Ahora, la intensificación del deslocamiento de poblaciones en estas últimas décadas de la periferia del sistema colonial hacia los centros hegemónicos lleva el problema de las diferencias étnicas en el corazón de las sociedades industriales avanzadas, donde el Estado parecía haber sido capaz de integrar las diferencias (MONTERO, 1997). Políticas de bloques económicos y presiones de libre comercio conviven con ideas opuestas de disolución y de afirmación de identidades. Los mecanismos de mercados comunes regionales intentan promover la protección, pero acaban también desencadenando la reafirmación de las identidades nacionales (DUPAS, 2005, p. 242). 3 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 1-6 La globalización de las comunicaciones, motivada por el medio digital de Internet, ha creado comunidades virtuales, estableciendo casi un pensamiento colectivo, inteligente, no muy diferente de aquello realizado por los integrantes de las comunidades reales: (a) su constitución es debida a personas reales; (b) las relaciones son reales; y (c), se pueden hacer “cosas reales”, como el intercambio de experiencias y sentimientos. Posibilita, por tanto, una integración multicultural y horizontal, sin liderazgos necesariamente definidos y que, en el caso de las manifestaciones sociales, a partir del año 2008, ha tendido a transformar pensamientos, países y mecanismos de participación popular en decisiones políticas, económicas y sociales (CASTELLS, 2003). La globalización ha masificado las culturas cuando ha transformado a la sociedad moderna en una sociedad de consumo; América Latina no ha quedado fuera de este proceso. Existe un nuevo orden mundial, en el cual el mercado de consumo nos hace desear la libertad, la movilidad y la flexibilidad. Según Baudrillard: Nos encontramos en pleno foco de consumo en cuanto organización total de la vida cotidiana, en cuanto homogeneización integral donde todo está comprehendido y ultrapasado en el facilismo, en cuanto trasluce una “felicidad” abstracta, definida por la simple resolución de las tensiones (BAUDRILLARD, 1995: p. 20). El reconocimiento mundial de las marcas de lujo ha acabado por incitar el deseo del consumo en individuos a escala mundial. Es a través de esa preferencia por las marcas, consumidas por estratos sociales privilegiados, que se manifiesta una “dominación suave (violencia simbólica)”, pues están ocultas las relaciones de poder que determinan a los individuos y al “orden social global”. “En ese sentido, el reconocimiento de la legitimidad de los valores producidos y administrados por la clase social dominante implica el desconocimiento social del espacio donde se encuentra, simbólicamente, la lucha de clases” (BOURDIEU, 1983, p. 17). El diálogo del yo con el Otro posibilita el autoconocimiento y el reconocimiento, el repensar nuestros procesos excluyentes de globalización. La utopía es necesaria, pues solamente con el nacimiento de una conciencia de valores fundamentales esenciales, fundadores del hombre, es como se podría pensar en alternativas. Una vuelta de la filosofía, del pensar, del ser con el Otro, hace posible que se pueda vivir en un mundo edificado por trayectorias de abajo hacia arriba (SANTOS, 2008, p. 170). Hay formas alternativas de producción y organización viables en los procesos de exclusión de la globalización. Tales fórmulas representan maneras diferentes de organización basadas en la igualdad, solidaridad y en la protección del medio ambiente y de los derechos humanos3. Existen también otras formas alternativas de globalización excluyente, que destacan que es preciso respetar la diversidad cultural que acepta diversas visiones de mundo, así como también aprender a 3 Santos destaca, por ejemplo, el cooperativismo como una práctica económica alternativa. Los valores relativos al cooperativismo se sitúan en un conjunto de siete principios que han guiado el funcionamiento de las cooperativas en todo el mundo: “(a) el vínculo abierto y voluntario – están siempre abiertas a nuevos miembros; (b) “el control democrático por parte de los miembros” – un miembro, un voto, independientemente de su participación económica o función social; (c) la participación económica de sus miembros – sea como copropietarios, sea como participantes en decisiones sobre la distribución de beneficios; (d) la autonomía y la independencia en relación al Estado y a otras organizaciones; (e) el compromiso con la educación de los miembros de la cooperativa” – para propiciarles una participación siempre más efectiva; (f) la cooperación entre cooperativas a través de organizaciones locales, nacionales y mundiales; (g) la contribución al desarrollo de las comunidades en donde está localizada la cooperativa (SANTOS, 2008, p. 34). 4 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 1-6 partir de diferencias para construir un paradigma de conocimiento y de acción cosmopolita, distinto de lo que subyace a la globalización neoliberal (SANTOS, 2008, p. 72). Por tanto, se pueden desarrollar otras formas y vías alternativas, tal como el cooperativismo, frente a los excesos de la globalización, rescatando maneras más solidarias de actividad económica en la región latinoamericana. Para ello, se debe cambiar la forma de pensar y de actuar, colocando en primer lugar la inclusión del Otro, minimizando los procesos excluyentes. Estas nuevas formas de conciencia, de resistencias o alternatividades, que colocan como premisa a la alteridad y que no permiten exclusiones, es un cambio auténtico de paradigma de cuanto significa el tolerar al Otro para vivir para el Otro. Consideraciones finales La globalización posibilitó el acortamiento de las distancias, la apertura de las fronteras y la sensación de aproximación de los individuos. Esa proximidad posibilitó la integración de culturas y, al mismo tiempo, una “aculturación” de sus comunidades virtuales a través de internet. América Latina sintió todos esos efectos, pero en la región no todos han podido disfrutar de esos beneficios y efectos positivos. Las paradojas de la globalización en América Latina incluyen y excluyen; pero, no se puede culpabilizarla como si esto no fuese responsabilidad de la humanidad, como si fuese un hecho natural. El individuo tiene responsabilidad sobre los efectos de la globalización, tanto de los positivos como de los negativos. Hoy en día se hace necesario un rescate de la moral, colocándose en primer lugar la alteridad sobre la libertad individual. Es urgente pensar en alternativas a la exclusión; eso debe pasar primero por el diálogo con el Otro. Son posibles formas distintas de pensar sobre la globalización, como ya apuntaron Milton Santos (2008) y Boaventura Santos (2002); por ejemplo, el cooperativismo que constituye una opción más solidaria en medio de la actividad económica. Es pensando en alternativas o resistencias como surge una nueva mirada sobre la inclusión del Otro, a través de una forma distinta de pensar, más altruista. Los efectos de la globalización en América Latina, así como sus paradojas, pueden operar en un mundo menos individualista y más colectivo; basta pensar las formas para hacerlo operativo. La solidaridad y la compasión por el otro, características culturales primigenias de la región latino-americana, necesitan ser preservadas. Referencias BAUDRILARD. Jean. A sociedade de Consumo. Lisboa: Edições 70, 1995. BAUMAN, Zygmunt. Globalização: as consequências humanas. Tradução: Marcul Penchel. Rio de Janeiro: Jorge Zahar ed., 1999. BOURDIEU, Pierre. Gostos de classe e estilos de vida. In: ORTIZ, Renato (org). Pierre Bourdieu: Sociologia. São Paulo: Ática, 1983. CASTELLS, Manuel. A Galáxia da Internet. Rio de Janeiro: Zahar, 2003. DUPAS, Gilberto. Atores e poderes na nova ordem global. Assimetrias, instabilidades e imperativos de legitimação. São Paulo: Unesp, 2005. 5 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 1-6 GIDDENS, Anthony. O mundo na era da Globalização. Tradução: Saul Barata. Lisboa: Editora Presença, 2006. HELD, David e MCGREW, Anthony. Pós e contras da Globalização. Tradução: Vera Ribeiro. Rio de Janeiro: Jorge Zahar ed., 2001. MONTEIRO, Paula. Globalização, Identidade e Diferença. Disponível em: < http://lw1346176676503d038.hospedagemdesites.ws/v1/files/uploads/contents/83/20080627_globaliza cao_identidade.pdf>. Acesso em: 14 nov. 2014. SANTOS, Boaventura de Sousa. Introdução: para ampliar o cânone da produção. In: SANTOS, Boaventura de Sousa (org.). Produzir para viver. Os caminhos da produção não capitalista. Rio de Janeiro: Civilização Brasileira, 2002. SANTOS, Milton. Por uma outra globalização. Do pensamento único à consciência universal. 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Is it a refuge from the emotional engagement we inevitably face when proximity is not simply in our fingertips and keyboards? Is there some dopamine released in our brains that creates an addiction to the computer, the Smartphone, the iPad that makes these devices more attractive than a living, human person who is sitting at the table with us or who is trying to reach out to us in moments of joy or grief? Research has reached multiple and sometimes contradictory conclusions about the impact of modern social media technologies on human community and relationship. How well do we communicate within our own Lasallian communities? Whether we live in an all-Brother community or with other Lasallians, each and every person has a story worth hearing and telling. How meaningfully do we communicate with one another? Oftentimes, some of us expect the mass and meals to be the automatic elixirs needed to get to know one another. How well do we know the people with whom we live? Is there a new poverty of relationships in the 21st century? Key-words: relationship, commitment, mission, community. Context Before writing a word on the topic the two authors of this article must admit to our bias of “theology as a critical reflection upon praxis. The starting point for theology is engagement with people in their situation, which is where the Word of God is revealed.”1 We incorporate a theology from below perspective, namely, beginning with actual experience and moving to authoritative endorsement. Three Starting Points The Judeo-Christian tradition begins with hospitality, with the vulnerability of Abraham to invite 3 strangers into his tent. All Abraham knows is that these three men are not of his tribe; they are strangers. Still, Abraham reaches out to the strangers2. So begins Abraham and Sarah’s relationship with the divine. 1 Mueller, JJ. Ed. Theological Foundations: Concepts and Methods for Understanding Christian Faith. Anselm Academic, (2001.), p. 333. 2 Genesis 18: 1-8. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 While De La Salle is still in his late 20’s, “he decided to invite the school teachers into his own home for meals… In later years, it was this date that was selected to mark the foundation of the Institute of the Brothers of the Christian Schools by John Baptist de La Salle.” 3 Although these teachers were young, De La Salle was himself not yet thirty. He begins a relationship in which there is no turning back. The Institute begins with his invitation to the new schoolteachers. The Rublev painting of the Trinity helps to identify that even the One God in whom we believe is a God of relationship. Three figures are sitting around an open table eating or drinking from the same vessel. No figure appears prominent over the other; the only distinguishing features are the colors of their garb. Their relationship is one of equality and openness. At the very base of our religion, Lasallian tradition and belief in God is the web of relationship. Relationships are key, not just for our existence but also for the quality of our lives, and if we listen to De La Salle, the efficacy of our work. From Inside the Family Recently, I witnessed another group seated around an open table at a family reunion. An event like this is a wonderful opportunity to reconnect with loved ones you have not seen in a while as well as a time to deepen the bonds of love with those you see more regularly. Good food, something to drink, some communal games, and the squeals of little children help build the community of family. This kind of event is a sacrament of relationship, both the symbol of the reality and something that creates what it symbolizes. While I was with my family I witnessed something that made me think about relationships in our technological age. What I observed raised some questions that have been spinning around in my head for a while. My nieces and nephews, all twenty-somethings, were sitting around a table together with their boyfriends and girlfriends. As they sat there, they were not talking, they were not looking at each other, there was no laughter, they were not holding hands. I saw no star crossed lovers. Each of them had a smart phone in their hands and they seemed totally focused on their games, texting, Facebook, or Twitter - or so it seemed to me. I watched for a while then thought, how will they actually ever have children? What is the nature of their relationships? Is this how they experience their time together normally? Are they really present to one another? Other Observations Weeks later, I was at a restaurant with a friend. A couple sitting at the next table were repeating the experience of my nieces and nephews. There was no conversation, no observable warmth, and no obvious celebration of personal connection. Once again I began to wonder how the recently developed technologies have either enhanced or diminished the nature of our relationships. Has our connection to one another become digitalized and part of a virtual universe that makes a former understanding of human interconnectedness simply a relic from a different age and a reality our youth no longer experience? Is the very nature of human relationship in trouble? Are we witnessing a new poverty - our inability to be in direct, face-to-face - intimate connection with another human person who is physically present? 3 Salm, Luke. The Work Is Yours: The Life of Saint John Baptist de La Salle. Christian Brothers Publications, Romeoville, Illinois. (1989.), p. 34. 8 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 The same question rose yet again when a friend lost her husband. After the funeral, she withdrew and would not answer her phone, would not respond to any initiative to connect with family and friends. This went on for a few years not weeks or months. But, at the same time, she began to live on Facebook and Pinterest. What did the on-line experience provide that family and friends did not? What about Technology? Has our technology become a hiding place? Is it a refuge from the emotional engagement we inevitably face when proximity is not simply in our fingertips and keyboards but a more complete experience in which we can physically touch and smell another person present in shared space? Is there some dopamine released in our brains that creates an addiction to the computer, the Smartphone, the iPad that makes them more attractive than a living, human person who is sitting at the table with us or who is trying to reach out to us in moments of joy or grief? Research has reached multiple and sometimes contradictory conclusions about the impact of modern social media technologies on human community and relationship. Current learning seems inconclusive about the value add or the diminishment these technologies have on our relationship experience. However, we have all witnessed people ignoring one another as they turn to their phone or laptop and maybe we have even done it ourselves. Titles of research articles and blogs such as “How to find true friends (and love) in 45 minutes”4 speak of a perspective that might be part of modern day hope. When our day-to-day life does not satisfy, maybe there is the possibility that something “out there” will satisfy us, and we have the tools to help us find that satisfaction. The expectation of instant intimacy is part of on-line dating services, chat rooms, Facebook, Twitter, and other similar internet tools and techno-experiences. Some people collect “friends” in venues such as Facebook in the same way people used to collect stamps or coins. Psychologically and socially it is impossible to creatively manage even 150 stable social relationships but now people have thousands of friends on line5. Do they really relate, really develop friendships and personal intimate association? What does having hundreds or even one thousand or more friends mean? Robert Dunbar’s research indicates it may mean nothing. The way in which our social world is constructed is part and parcel of our biological inheritance. Together with apes and monkeys, we're members of the primate family – and within the primates there is a general relationship between the size of the brain and the size of the social group. We fit in a pattern. There are social circles beyond it and layers within – but there is a natural grouping of 150.6 I don’t know what this means but I have some suspicions that the kinds of instant intimacy people are finding through social networking on-line might be an illusion rather than a reality. The drive for human intimacy, connection, love relationship, and the desire to know and be known is built into our DNA. We are social beings. Does the virtual reality that is now deeply imbedded in our daily experience enhance our ability to be in relationship or become a place to hide and avoid the psycho-emotional dimensions of relationships that simply cannot be turned off with a button when they become challenging? 4 David Rowan’s blog from 8 November 2011 and also featured in the 5 November 2011 issue of Time Magazine. cf. http://www.npr.org/2011/06/04/136723316/dont-believe-facebook-you-only-have-150-friends 6 cf. http://www.theguardian.com/technology/2010/mar/14/my-bright-idea-robin-dunbar 5 9 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 Sherry Turkle, psychologist, says that we are setting ourselves up for trouble because we are losing 10 our capacity for self-reflection. We are learning to be alone together. She indicates that we can hide from each other even when we are in the same physical space together. While it seems, given social media, we can’t get enough connection, young people are not gaining the skills required for face-toface relationship. Social media gives us the illusion of control. We edit, delete or turn off. She uses the phrase “I share therefore I am”. But relationships are much messier than this. The complexity of face-to-face relationship teaches us who we are at a deep level. In sustained intimate relationships we are challenged and because we are challenged we grow. Psychologist Turkle maintains that our devices do not only change what we do, but who we are. We have developed the illusion of companionship without the demands of friendship7. Robert Dunbar’s assertion that “The lesson is that there is something computationally very demanding about maintaining close relationships over a very long period of time” would suggest that when you can simply click the switch and shut the relationship down for whatever reason there is no relationship but rather simply the illusion of relationship. There is no self reflection; there is no real connection, simply, what Turkle calls pretend empathy. While we have the ability to connect with everyone and everything, we are possibly becoming less connected to our very selves and thereby we diminish our capacity for real intimacy and human community. …the popularity and instant appeal of the Internet has caused concern that individuals will become addicted to the Internet… withdraw from family relationships, experience increases in loneliness, and overall just find it impossible to reach deeper levels of intimacy in relationships. Psychologists are increasing the intensity of their studies regarding the Internet, finding this to be the case, while others disagree completely… Perhaps the 'Net is only another medium, not to be singled out, only another way that people can either benefit from it or be hurt by it, depending completely upon how they choose to use it, just as they do with any hobby, career, or lifestyle… [However] People are far more reclusive than they used to be, and the fact that social contact is necessary for human beings, collective organisms, shows that we as a societal whole have a sickness. 8 Mission In A Technological Age My experience with my nieces and nephews and my friend, my observations of couples in restaurants leads me to wonder about our mission to provide a human and Christian education especially for the poor. After many years of living and working in communities ravaged by intense poverty, I know that today even the poor in our country have access to cell phones and computers. What does providing a human and Christian education mean in the technological context in which we live? If, as De La Salle says, we are to be the Good Shepherd and the Guardian Angel to our students, we are called to a deep relationship with them. Pope Francis says the shepherd, if he or she is good, will smell like the sheep. That is a call to intimacy. It is a call to deep relationship. It is a call to a deep sense of community, care, and compassion. If we allow ourselves to be subsumed into an on-line culture that tempts us to hide from the messiness of relationship and live with the illusion of instant intimacy, what do we have to teach our students? What do we model? Who do we become and what kind of community does our educational or ministerial institution become? 7 8 cf. Sherry Turkle: Connected, but alone? http://www.ted.com/talks/sherry_turkle_alone_together cf. http://benturner.com/other/online_relationships.php Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 We can become so seduced by the ease of connecting with others online that we begin to think that these relationships are more intense, more committed and more complete than they really are. We run the risk of alienating the people who populate our daily lives in pursuit of intimacy with our online friends.9 It might be a good thing for us to take a step back and reflect upon our own use of the technology of social media to ask how it is impacting “me” personally. It might be a good thing to evaluate the connections I have with my colleagues, with my family, with myself. If it is still true that these people actually matter because we share life together, then we must find ways to build stronger shared experiences, significant connections and deeper levels of intimacy for our own sake and the sake of our students who need to experience our unconditional love and acceptance. De La Salle tells us that our children “themselves are a letter which Christ dictates to you and which you write each day in their hearts, not with ink, but by the Spirit of the Living God.”10 We are called to intimacy. Unless we experience it and learn it in relationship we are personally impoverished and have no capacity to help our students walk through the experience. Where then are the human and the Christian dimension of the education we have been called to provide? Lasallian Communities Yes, as we look out of the window at the lack of eye to eye encounters, can we also allow for that same window to become a mirror? How do we Lasallians relate to one another in community? In our Lasallian world we are fond of using words like “association” and “community.” And yes, we are quick to point out that our Founder associated us in order to run good schools and teach the poor gratuitously. Let there be no mistake about it, we are associated for Mission. In the words of Circular 461: “Association has never been an end in itself. It is ‘for the mission; with the clear purpose of giving a human and Christian education to ‘children of the artisans and the poor.”11 However, is it worthwhile to consider the affective health of each Lasallian or are we simply cogs in the wheels of fine institutions? The community, then, does not live or exist or even think of itself except in relation to the mission. Community association will have value and meaning insofar as communities continue to be a response to the reality, needs and experience of young people, especially the poor. These communities will be close-knit, in solidarity with others, active and creative.12 Associated FOR… Recently, I was at a memorial service honoring Brothers who had died over the past year. Three out of seven of the eulogists admitted to not knowing the deceased Brother very well. This admission was certainly not the first time that I had heard that opening line. Oftentimes, a community will ask either the Visitor or a layperson to eulogize a member of their community with whom the others have lived for years. Of course, there can be many reasons for someone other than a community member eulogizing the Brother. Sometimes, the reason could be that we do not know the people 9 cf. http://www.socialmediaexaminer.com/4-ways-social-media-is-changing-your-relationships/ cf. Meditations for the Time of Retreat 195.2. 11 “Associated for the Lasallian Mission…an act of HOPE.” Circular 461. General Council—Rome, Italy. Brothers of the Christian Schools, (September, 2010.), p. 40. 12 Echeverria, “Pastoral Letter. Consecrated by God the Trinity, as a community of Brothers, to make visible his gratuitous and supportive love.” (December 25, 2007) Rome: Generalate, p. 9. 10 11 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 that we live with. Recently, a friend quoted Voltaire as saying: “Religious are the only group of 12 people who live together for 50 years and yet, not a tear is shed at one another’s funeral.” Initial Formation and Community As scholastics, we had a weekly “community living session” where community members could bring up how life in the community, in school, in general, was going. On this one particular Sunday evening, a number of members of the community were thanking one another for: helping with the dishes, folding clothes that were in the dryer, being considerate, etc. After a number of comments were given, the sub-director broke in with a severe rebuke. We were reminded that there were other guys our age fighting in Viet Nam; thousands of civilians die in wars; in other parts of the world not in war torn areas there were even greater numbers of children who were battling starvation; many in the world who longed to get an education did not have the means of doing so. How could we scholastics be so self-centered as to think that these common courtesies were important? As religious, we needed to pull our heads out of our navels and take a look at the real world of need all around us. The world was bigger than our own little concerns. I can remember that amongst other emotions, most of us did feel embarrassed for our shortsighted concerns. And, this intervention did make a difference in the way that we approached community living from then on. However, what I also remember is this very sub-director left us at the end of the semester to marry a woman with whom he fell in love. As Lasallians, it’s true, we are to keep our interest in the world at large, with a “preferential option for the poor” but at the same time, can we value the healthy relationships that bolster us in our work and life? Building Bridges…or Walls Fortunately, the old idea of “the male mystique” has changed over the past few decades. Few of us today would point to the “Lone Ranger” idea of getting through life alone as optimal. As mentioned earlier, even the God in whom we believe is represented in a relationship of the Trinity. This is why we form communities. A common roof does not make a community; trust, knowledge, faith, vulnerability and a common concern for one another, does make for community. Pope Francis, writes: The individualism of our postmodern and globalized era favors a lifestyle which weakens the development and stability of personal relationships and distorts family bonds. Pastoral activity needs to bring out more clearly the fact that our relationship with the Father demands and encourages a communion which heals, promotes and reinforces interpersonal bonds. In our world, especially in some countries, different forms of war and conflict are re-emerging, yet we Christians remain steadfast in our intention to respect others, to heal wounds, to build bridges, to strengthen relationships and to “bear one another’s burdens” (Gal 6:2).13 Appropriately, the Pope has been given the century’s old title of Pontifex Maximus, the Great Bridge Builder. Whether the story is about feeding a member of the Swiss Guard, washing the feet of a Muslim woman or finding commonalities with non-Catholics and atheists, this Pope has lived into his title. But he is also known for having good friends who know him well and love him, and 13 Pope Francis, The Joy of the Gospel: Evangelii Gaudium. United States Conference of Catholic Bishops, (December 13, 2013.) #67. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 he them. He calls them on the phone; they make him shoes; men and women come to visit him, not 13 as pope, but as friend. How interesting; how normal; how healthy! Our Treasure Trove Our Lasallian communities have such opportunities! Whether we live in an all-Brother community or with other Lasallians, each and every other one of those lives is a story worth hearing and telling. But do our communities ever get together to hear about one another? Oftentimes, some of us expect that when we participate in mass and meals together then we automatically get to know one another. On some level, this may be true for strangers. But when we live with one another day after day, perhaps there needs to be more intentionality in what we share. For example, my experience at mass and community prayers is that when we have prayers of petition we can count on the same prayers from the same people. One member always prays for peace in the Middle East, another for our affiliates and benefactors, another for persons with AIDS and yet another for our students seeking jobs. Because of the regularity of the specific prayer by the specific brother, there is rarely much self-revelation, let alone faith sharing, in this kind of prayer. Former Superior, Brother Alvaro writes in his pastoral letter to the Brothers in 2007: As I said in my first words after the election, the topic that awakened the most interest among the capitulants was that of fraternal life in community. We felt an urgent need to renew our community life, to make it more Gospel-centered, to unite our strengths and gifts for the service of the mission… A community that implies living intensely our interior lives on a personal level…the community should be for the Brother the theological place of the encounter with God…14 Anyone familiar with both Brother Alvaro and the Institute understands that this emphasis on community is one of both/and rather than either/or. Both being associated for the mission AND paying close attention to those with whom we serve. In this regard, I think we may make a common assumption that simply living together implies living together well. Let’s take another example of a quid pro quo assumption. The Greatest Commandment When Jesus is asked what the greatest commandment is He gives us the well-known greatest commandments: You shall love the Lord, your God, with all your heart, with all your soul and with all your mind. This is the greatest and the first commandment. The second is like it: you shall love your neighbor as yourself. The whole law and the prophets depend on these two commandments.15 For some who read the second commandment there is an assumption that everyone loves themselves, therefore, “love others as we love ourselves.” But is the assumption that most of us “love ourselves” an accurate assumption? Does everyone have a genuine love of self? In fact, most people I know, especially most students, have a long way to go in genuinely loving themselves. Jesus’ words give us further wisdom in citing the two commandments with a primary and secondary importance. Maybe we should follow Jesus’ lead of emphasis and state that we are “associated for mission” first and commit ourselves to our community members second. 14 15 Ibid, p. 12-13. Matthew 22: 37-40 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 We also hear in the gospel of John: “This is how all will know that you are my disciples, if you 14 have love for one another.” 16 So how do we actually do this? I believe the best place to start is to hear one another’s stories. A community with which I am familiar meets once a month specifically to tell their stories to one another. They divide their stories into four parts: 1) Mission 2) Community 3) Spirituality 4) Me. One or two of the community members creates questions about one of the parts of the story. The discussion about part 4 used the following to get started: I am the son of ______________________________. Here is a little of what growing up in my family was like___________ I joined the brothers (the Lasallian Family) because _______________ I have remained because______________________________________________ One thing I have learned about myself through my relationships with my closest friends is____________ Now that I am a senior, one thing I would like those younger than me to know is___________________________________ There were eight members of the community and each shared his story. Some had known one another for 40 years and never knew a thing about family, hardship, privilege, obstacles overcome, etc. Each community member who attended was given the questions ahead of time. No one was forced to attend. Hearing each others’ stories made a difference in how we saw each other. Respect, trust, generosity toward one another only grew. A New Poverty Just a couple months ago, I emailed a Brother that I have known my entire time with the Institute. I knew he wasn’t feeling that well and I not only wanted to pay him a visit, I also wanted him to share his oral history with me. He had previously told me “that could be fun.” I did not hear back from Marvin for a few weeks. Soon after, we received notice that Brother Marvin was in ICU where he passed away peacefully. I was not as peaceful as Marvin. I knew that there was so much for the rest of us to know about this Brother who for so many years was the “custodian” of La Salle Institute in Glencoe, Missouri, committed to the poor and always went wherever he was asked to go. I am, we are, poorer for not knowing more of him. I am bolstered and richer with each community member’s story and depleted and poorer when any person’s story escapes my attention. Once again, from Pope Francis: The Christian ideal will always be a summons to overcome suspicion, habitual mistrust, fear of losing our privacy, all the defensive attitudes which today’s world imposes on us. Many try to escape from others and take refuge in the comfort of their privacy or in a small circle of close friends, renouncing the realism of the social aspect of the Gospel. For just as some people want a purely spiritual Christ, without flesh and without the cross, they also want their interpersonal relationships provided by sophisticated equipment, by screens and systems which can be turned on and off on command. Meanwhile, the Gospel tells us constantly to run the risk of a face-to-face encounter with others, with their physical presence which challenges us, with their pain and their pleas, with their joy which infects us in our close and continuous interaction. True faith in the incarnate Son of God is 16 John 13:35 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 7-15 inseparable from self-giving, from membership in the community, from service, from reconciliation with others. The Son of God, by becoming flesh, summoned us to the revolution of tenderness.17 Within each and every Lasallian community there is a storehouse of riches packed away in each of our stories. We are engaged in a noble work, followers of St. John Baptist de La Salle, yes. We are also called “Human Beings” rather than “Human Doings.” Each one of us will be just a little less poor when treated with another community member’s story. Will we be enriched, or become a victim of a new poverty of the 21st century? References General Council. Associated for the Lasallian Mission…an act of HOPE. Circular 461. Rome: Brothers of the Christian Schools (September, 2010). Echeverria, Alvaro. Pastoral Letter. Consecrated by God the Trinity, as a community of Brothers, to make visible his gratuitous and supportive love. Rome: Generalate. (December 25, 2007). Francis I, Pope. The Joy of the Gospel: Evangelii Gaudium. Washington: United States Conference of Catholic Bishops, (December 13, 2013.) # 67. 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Gilles Deleuze La cólera que quiebra al hombre en niños, que quiebra al niño en pájaros iguales, y al pájaro, después, en huevecillos; la cólera del pobre tiene un aceite contra dos vinagres. César Vallejo RESUMEN El artículo pretende hacer un análisis de las condiciones generadas, en las actuales sociedades, para desarrollar formas de vida y propuestas educativas conforme a las lógicas de producción y acumulación del capital. Por medio de este análisis, se podrá observar los límites establecidos a la subjetividad y la práctica educativa; además, señalar las inconsistencias de un proyecto que busca mercantilizar la vida. Este artículo se sitúa en la línea de reflexión de las pedagogías críticas, y desde esa perspectiva, busca establecer posibles alternativas a las formas de dominación actualmente presentes. Palabras clave: escuela, capitalismo, rendimiento, calidad educativa, pedagogía crítica. 1. Introducción Una de las tendencias crecientes en educación, a nivel internacional, es la búsqueda de acreditaciones y certificaciones de calidad para las instituciones educativas de todos los niveles. Estas acreditaciones responden a la urgencia educativa de generar procesos educativos en los cuales, no solamente más personas puedan acceder al sistema educativo; sino que también, la educación que reciban les permita desenvolverse en el mundo y comprender de manera crítica su realidad. Sin embargo, esta necesidad educativa, paradójicamente, no es satisfecha por un discurso pedagógico, pues, quiénes han ocupado la palestra para definir lo que es calidad son organismos internacionales que, desde criterios provenientes del mercado, han empezado a generar un discurso basado en estándares y procesos administrativos que poco tienen que ver con los debates pedagógicos contemporáneos. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 Para comprender este fenómeno, hay que acercarse a las condiciones que lo hacen posible, en ese sentido, este artículo se interroga sobre los efectos de las transformaciones del capitalismo en la 17 vida de los sujetos y en las acciones educativas. Para desarrollar esto, se comenzará haciendo un análisis de las transformaciones que ha tenido la subjetividad en el capitalismo tardío, y así, indagar sobre las diversas dinámicas en que opera la mercantilización de la vida; posteriormente, se estudiará el vínculo que se establece entre educación y mercado, buscando establecer, por medio del cuestionamiento del discurso de calidad educativa, las formas en las cuales la escuela se vuelve funcional a los requerimientos del capital. Y finalmente, en las conclusiones, se verán el modo de pensar algunas posibles alternativas que emergen en el escenario social y educativo. 2. La biopolítica del rendimiento El capitalismo, tal como lo había analizado Marx, posee una fuerza destructora, hasta el punto que todo lo somete a la lógica de la mercancía y al valor de cambio de las cosas. Marx utiliza una célebre metáfora para explicar esto: “El capital es trabajo muerto que sólo se reanima, a la manera de un vampiro, al chupar trabajo vivo, y que vive tanto más cuanto más trabajo vivo chupa.” (Marx, 2008: 279-280). Y si bien es cierto, los análisis de Marx se centran en la esfera económica, dentro de la contradicción generada en la relación capital-trabajo; y además, aunque la fase actual del capitalismo dista de lo que este autor estudió, no es posible desconocer los efectos destructivos que ha tenido la expansión del capitalismo, sobre todo, a nivel de aumento y consolidación de las brechas sociales. En ese sentido, la metáfora del vampiro resulta pertinente para analizar a las sociedades actuales y a los procesos de aumento de la desigualdad, fruto del funcionamiento del capitalismo global. Así, esta metáfora permite considerar dos cosas: por una parte, para analizar la desigualdad social hay que estudiar los procesos de creación de riqueza, es decir, el problema radica tanto en aquel que queda sin sangre, como en aquel que desproporcionadamente la consume toda. De tal modo que, para comprender la pobreza, hay que comprender, fundamentalmente, los procesos que intervienen en la generación de riqueza en la sociedad. Y, por otra parte, esta generación de desigualdad se da por aquello que Harvey (2014) denomina acumulación por desposesión. A este respecto, afirma: El motor económico, que es la circulación y acumulación de capital, engulle ciudades enteras solamente para escupir nuevas formas urbanas, a pesar de la resistencia de la gente que se siente totalmente alienada de procesos que no solamente remodelan los entornos en los que vive, sino que también redefinen la clase de persona en la que se tienen que convertir para poder sobrevivir1 (Harvey, 2014: 268). Interesa resaltar la última afirmación de Harvey: la redefinición de la clase de persona que demanda la circulación y acumulación del capital. ¿A qué hace referencia esto? ¿Cómo se puede comprender esta afirmación? Lo primero que hay que señalar es que el funcionamiento del capitalismo obedece tanto a sistemas económicos y políticos, como también a procesos donde hay transformaciones en la subjetividad. En esta perspectiva, la metáfora marxiana puede ser ampliada, pues, las formas de desposesión no se expresan únicamente desde aquel que es dueño de los medios de producción hacia el trabajador, tal como Marx lo había estudiado, sino que dicho de algún modo, todos hemos mutado hacia esta forma vampiresca de habitar en el mundo. 1 Las cursivas son nuestras. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 En efecto, el capitalismo tardío o transnacional –fase actual en la evolución de las formas de 18 acumulación, circulación y desposesión del capital– se expresa en formas culturales y estilos de vida que expresan la progresiva mercantizalición de la vida y la reducción de ésta a formas de consumo. Así, para Jameson: “este capitalismo avanzado, consumista, multinacional […] constituye la forma más pura de capitalismo de cuantas han existido, comportando una ampliación prodigiosa del capital, hasta territorios antes no mercantilizados.” (Jameson, 1991: 80-81). Uno de estos territorios, lo constituye el ámbito de la subjetividad, el cual es preciso analizar para comprender las profundas transformaciones que genera este sistema. Es importante señalar que la referencia a la subjetividad no tiene que ser comprendida como si ésta fuera un reflejo de las transformaciones del capitalismo, es decir, asumiendo la postura teórica que mira en el sujeto no más que un receptor pasivo de las transformaciones estructurales de la sociedad. No es posible establecer una relación directa entre la base material de la sociedad y los procesos de subjetivación. Ciertamente, esto se da de forma mucho más compleja, como se analiza a continuación. Por subjetividad se puede entender “una producción simbólico-emocional de las experiencias vividas que se configura en un sistema que, desde sus inicios, se desarrolla en una relación recursiva de la experiencia, no siendo nunca un epifenómeno de esa experiencia.” (Gonzáles Rey, 2012: 13) Por tanto, el sujeto no es una simple ‘víctima’ de las circunstancias, sino que se construye desde los diversos escenarios en los que habita. En ese sentido, la subjetividad no puede ser reducida a la individualidad, sino que constituyen formas y prácticas que se definen dentro de una organización social. Ahora bien, interesa prestar atención a las condiciones que hacen posible la emergencia de determinadas subjetividades en la fase actual del capitalismo. Para esto, resulta de utilidad el análisis que hace Foucault (2008) para describir el tipo de sujeto que emerge en la época contemporánea. De acuerdo con este autor, la sociedad experimenta la emergencia de un homo œconomicus, el cual es definidido como: …un empresario, y un empresario de sí mismo. Y esto es tan cierto que, en la práctica, va a ser el objetivo de todos los análisis que hacen los neoliberales: sustituir en todo momento el homo œconomicus socio del intercambio por un homo œconomicus empresario de sí mismo, que es su propio capital, su propio productor, la fuente de [sus] ingresos. (Foucault, 2008: 264-265) Habitamos, entonces, en una época en la que la coerción no proviene únicamente de afuera del sujeto, como una fuerza que se impone y arrasa con la capacidad de acción; sino que el sujeto se domina a sí mismo y construye su subjetividad de acuerdo con lo que el mercado propone y legitima. El poder del capital actúa sobre una de las partes más íntimas del sujeto, a saber: el deseo. Como han señalado Deleuze y Guattari (1985), el deseo tiene un componente social, pues, se construye en base a las condiciones sociales en las que se encuentra el sujeto, así que no es una cuestión meramente individual, sino condicionada a las relaciones de poder que atraviesan al sujeto en un momento determinado. Desear y ser un sujeto que desea en el capitalismo, es convertirse a sí mismo en una empresa que busca la productividad y el rendimiento en la toma de decisiones. No se trata de llevar, tan solo, una vida consumista, sino de hacer de la propia vida una mercancía, valorarla desde los criterios financieros y hacer de la subjetividad una forma de inversión de capital. Este homo œconomicus no mira la vida de forma restrictiva, es decir, no hay coerciones externas que limiten su capacidad de actuar, al ejemplo de las sociedades disciplinarias de los siglos XVIII o Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 XIX analizadas por Foucault (2006); sino que ahora, se puede observar, un exceso de positividad, es 19 decir, la ilusión siempre más fuerte de que todo es posible para el sujeto. De acuerdo con el psicoanálisis, el deseo está acompañado de una restricción que lo hace posible, de tal modo que, el sujeto no accede directamente a la cosa deseada, sino que procede de manera esquiva para llegar a ese objeto, pero ese recorrido es lo que causa placer y lo que mantiene el deseo de la cosa. Sin embargo, la perversidad con la que se construye la experiencia en el mundo contemporáneo hace que el sujeto crea que no hay tales restricciones o prohibiciones, y que puede llegar o alcanzar las cosas deseadas de manera directa y sin inconvenientes. Entonces, el sujeto se ve obligado a desear, se desconecta de las limitaciones propias del entorno y constantemente se ve frustrado, ya sea por la incapacidad de concretar sus deseos o por el reconocimiento de la vacuidad que lo atraviesa. En palabras de Žižek: …la individualización extrema se convierte en su opuesto, y lleva a la crisis de identidad terminal: los sujetos se experimentan a sí mismos como radicalmente inseguros, sin ningún ‘rostro propio’, sienten que pasan de una máscara impuesta a otra, puesto que lo que está detrás de la máscara es en última instancia nada, un vacío horroroso que ellos tratan frenéticamente de llenar con su actividad compulsiva, u oscilando entre hobbies o modos de vestir cada vez más idiosincrásicos, destinados a subrayar su identidad individual. (Žižek, 2007: 400) Si las sociedades disciplinarias - aquellas que están regidas por la presencia de una negatividad, es decir, por el ‘no’- generan locos y criminales que transgreden esas prohibiciones, la sociedad del rendimiento del capitalismo tardío produce depresivos y fracasados. Esto porque compulsivamente se ven empujados por el rendimiento y por el deseo de ser más de lo que se es; de ahí que todo esto se exprese en una batalla del sujeto contra sí mismo, que lleva a formas de autoexplotación y autodestrucción. Como se puede observar, las formas de vida que genera el capitalismo no son en absoluto libres, pues, producen nuevas obligaciones y restricciones, como por ejemplo la obligación de buscar el rendimiento personal y la sumisión al trabajo productivo: “En esa sociedad de obligación, cada cual lleva consigo su campo de trabajos forzados. Y lo particular de este último consiste en que allí se es prisionero y celador, víctima y verdugo, a la vez.” (Han, 2012: 48). Y cuando se habita en condiciones de vulnerabilidad, esta búsqueda de rendimiento se convierte en una búsqueda angustiante, por motivo de las débiles condiciones materiales en las cuales se desarrolla la vida. Y, sin embargo, esa obligación de buscar rendimiento no cesa, ya que a la vez que se generan múltiples posibilidades de vida e innumerables bienes también se restan posibilidades de su acceso a un segmento de la población. Esto revela el carácter esquizoide que tiene el capitalismo, ya que obliga al rendimiento pero no asegura las condiciones de base para una vida digna. 3. Calidad educativa o la política del rendimiento escolar La búsqueda del rendimiento, sin lugar a dudas, se manifiesta también en el ámbito educativo. La reflexión educativa ha tenido un giro, puesto que las preocupaciones políticas-pedagógicas han cedido ante los imperativos administrativos y, en muchas ocasiones, financieros. Usualmente se espera que aquellos que dirigen obras educativas sean buenos administradores y, pocas veces, buenos pedagogos. Y no porque estas dimensiones sean antagónicas o no tengan puntos en contacto; sino porque se presupone que la eficiencia/rendimiento administrativo es equivalente a un buen funcionamiento de la institución educativa. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 La preeminencia de lo administrativo hace que la escuela –entendiendo por ésta la totalidad de las instituciones educativas– pierdan una relación directa con el contexto en el cual se inscribe; y más 20 bien, la escuela refuerza las ‘paredes’ de la institucionalidad que terminan por aislarla de los problemas sociales. En efecto, la escuela se convierte en un sistema autosuficiente que busca cumplir los estándares de calidad internacionales y, con ello, reproducir las lógicas de producción del capitalismo transnacional. El contexto en el cual se inscribe la escuela desaparece como territorio de luchas sociales o de relaciones de poder y, en su defecto, el contexto se mira con los lentes que el mercado permite mirar. Así, estudios de mercado, marketing, competencia educativa, entre otros, son los términos con los cuales se analiza la realidad. En lugar de analizar las escuelas en función de criterios sociales, políticos o culturales, se impone la lógica del rendimiento y de la satisfacción del cliente. Las otras instituciones educativas son vistas como potenciales amenazas, pues, cuantas más escuelas mayor competencia para captar clientes/estudiantes. En este escenario, la brecha social tiende a acentuarse, puesto que los discursos de calidad y de acreditación internacional son aplicables y asimilables para instituciones educativas de clase media o alta; mientras que para los sectores empobrecidos se ofrecen paliativos que les permiten, tan solo, acceder a la educación. A este respecto, Bolton afirma: Escuelas pobres para pobres, escuelas ricas para ricos. Escuelas sin mucha propuesta pedagógica pensadas para los sectores empobrecidos, que en lo cotidiano contienen y asisten, encierran y disciplinan. Escuelas competitivas para ricos, que acentúan el individualismo meritocrático, el afán personal desmedido, el aislamiento frente a una realidad de empobrecimiento creciente. (Bolton, 2013: 46) Todo esto da cuenta de una progresiva despedagogización de la práctica educativa, ya que, como se ha señalado antes, la búsqueda del rendimiento administrativo se vuelve el imperativo que mueve a la práctica educativa. A este respecto, Mejía Jiménez (2011: 79) señala tres formas en las cuales se manifiesta esta despedagogización. En primer lugar, la figura del rector de la institución pasa, de ser un pedagogo, a ser un gerente que se ocupa del orden y del control administrativo de la institución. En segundo lugar, hay un control sobre lo imprevisto, de tal modo que la administración de la escuela busca controlar al detalle los procesos que ocurren al interior de la institución. Para conseguir esto, son recurrentes, y cada vez más extendidos, el uso de formularios, membretes, rejillas, entre otros mecanismos que permitirían evitar lo aleatorio en la institución. Todo esto va acompañado de una representación de estos procesos, como si fueran ‘objetivos’ y ‘neutros’, evitando así posicionar el debate pedagógico en términos políticos o culturales. Finalmente, la despedagogización de la escuela se manifiesta en la búsqueda de la satisfacción individual de los clientes, entendiendo por estos a los padres de familia que pagan por un servicio educativo. La lógica de producción que orienta a la práctiva educativa, por lo señalado antes, no es la de la producción en masa de estudiantes –al estilo de la conocida canción del grupo Pink Floyd, The Wall–, sino que la escuela busca que el cliente se sienta satisfecho por el servicio que ha contratado. Desde esta perspectiva, es como se puede interpretar la creciente búsqueda de acreditaciones internacionales para las instituciones educativas, como por ejemplo el modelo EFQM o el ISO 9001. Orientados, si bien es cierto a mejorar y/o fortalecer el segmento administrativo de la escuela, estos modelos buscan fundamentalmente que la escuela se vuelva más ‘atractiva’ para el cliente y así éste obtenga satisfacción por el producto que contrata. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 Uno de los limitantes, y muy serios, que tiene esta búsqueda compulsiva de calidad es que deja por 21 fuera conocimientos que socialmente pueden ser significativos o desestabilizadores pero poco productivos. Estas formas de comprender la calidad educativa terminan por limitar el ingreso a la escuela de otro tipo de conocimientos, tales como aquellos producidos desde el saber popular o desde los movimientos sociales, o también desde las tradiciones indígenas o afrodescendientes. Simplemente los estándares internacionales de acreditación, que son equivalentes a procesos globales de homogeneización, no contemplan otras formas de comprender la realidad dentro de las actuales sociedades. A lo sumo, se busca que este discurso de calidad proveniente del capitalismo tardío, se endulce con un discurso moral –y a veces evangelizador–, recurriendo a enunciados humanistas para justificar la adecuación de la escuela al capital. Así, por ejemplo, se habla de una formación de personas de calidad, de unos valores que son el plus de una institución. Se trata, en todo caso, de un humanismo o moralismo descontextualizado, pues sirve para evadir el problema de las opciones políticas de la institución o el análisis de las arbitrariedades culturales que se reproducen en la práctica educativa. Es importante señalar que, el problema no es la calidad educativa, lo cual, ciertamente tiene que ser una búsqueda de todas las instituciones educativas; sino que calidad es un significante vacío y, como tal, no tiene un único significado; por tanto, está sometido a procesos de disputa. En las condiciones sociales contemporáneas, calidad ha sido un significante que se ha llenado de contenido desde los parámetros y lógicas de funcionamiento del capitalismo, lo cual tiene que ser advertido y analizado para señalar sus límites. Lo que se requiere, en este caso, es pensar otros procesos de calidad que no solamente hagan resistencia a las formas de vida generadas desde el capitalismo, sino que además se conviertan en alternativas sociales para la (re)construcción de una sociedad que asegure una vida digna para todos. La escuela, vista así, no solamente reproduce las condiciones sociales, sino que también produce un modelo de sociedad, y es ahí donde es posible rastrear propuestas educativas que buscan fisurar o cuestionar el orden capitalista. Una de las tareas de la izquierda educativa es seguir elaborando una pedagogía crítica que invite a todos los actores que participan de las instituciones educativas a no desvincularse de las luchas populares, de las demandas del contexto en el cual se inscribe la escuela, de los movimientos sociales u otras formas de organización civil que generan prácticas pedagógicas. Y, de esta forma, elaborar modelos de calidad provenientes del Sur global y que apunten a la transformación de las condiciones de existencia de las personas, especialmente de los más empobrecidos. McLaren, señala a este respecto: El proyecto básico de la pedagogía crítica durante las últimas décadas ha sido para esbozar los problemas y oportunidades de la lucha política a través del medio educativo. Es incoherente conceptualizar la pedagogía crítica, como lo hacen muchos de sus exponentes corrientes, sin un vínculo con la lucha política y anticapitalista […] la pedagogía crítica se ha vuelto tan completamente psicologizada, tan liberalmente humanizada, tan tecnologizada y tan conceptualmente posmodernizada, que su corriente relación con mayores luchas de liberación parece severamente atenuada, si no fatalmente terminada. (McLaren, 2002: 10) Frente a la mercantilización de la vida y de la educación, el proyecto de una pedagogía crítica debe ayudar a ampliar los campos de visibilidad de lo que puede ser construido en educación y, en ese sentido, colaborar en la conformación de alternativas pedagógicas en las formas de organizar y diseñar la práctica educativa. La búsqueda del rendimiento, la satisfacción del cliente, el liderazgo de procesos hacia la obtención de resultados no pueden ser los únicos criterios que orienten la Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 acción educativa; como tampoco, el capitalismo puede ser el horizonte utópico que construya las 22 posibilidades sociales. De acuerdo con Han, esta sociedad del rendimiento termina por convertirse en una sociedad del dopaje, puesto que busca el rendimiento sin rendimiento, un funcionamiento de los procesos sin alteraciones y con la maximización de resultados. Y para salir de esto, como sugiere este autor, hay que construir una sociedad del cansancio, es decir, una sociedad con la capacidad de decir no y tomar distancia de los imperativos sistémicos que buscan administrar la vida. Mas, no se trata de un cansancio en el sentido de agotamiento o anulación del sujeto; sino de una espera activa. Como ejemplo de esta sociedad del cansancio han toma el modelo de la comunidad pentecostal, una comunidad que, aunque en aislamiento físico, estaba expectante y construyendo otro tipo de relaciones humanas que permitiron la continuidad del proyecto cristiano y de una vida socialmente activa. Probablemente, estos tiempos son oportunos para revisar las formas en las cuales, cotidianamente, la mercantilización de la vida ingresa a las escuelas, y para decir no a muchas prácticas pedagógicas que, por hegemónicas, desdibujan la capacidad de agencia política de educadores y educandos. 4. Conclusiones En el año 2012, a través de las redes sociales, se publicó el documental argentino La educación prohibida, bajo la dirección de Germán Doin. Este documental tuvo algunas novedades, como por ejemplo a nivel de financiamiento, distribución y exhibición; ciertamente, tuvo gran eco en diversos grupos de educadores de varios países. ¿A qué se debió su gran recepción y su utilización en varios foros pedagógicos? Uno de los puntos a favor de esta película, y es lo que se quisiera señalar para concluir este artículo, es que ésta retoma muchos de los planteamientos de las pedagogías críticas, en cuanto señala con claridad cómo el origen, organización y función de la escuela estuvo íntimamente ligado al proceso de industrialización de la sociedad. Este no es un dato menor, pues, como se ha sostenido en este artículo, las transformaciones que sufre la escuela en el mundo contemporáneo siguen adecuándose a las transformaciones del capital y a las exigencias de éste para su reproducción. Además, la película tiene un gesto interesante, ya que pretende abrir el campo de opciones posibles a nivel educativo, y para eso hace un mapeo de experiencias pedagógicas que están aconteciendo en Iberoamérica y que pueden ser catalogadas como modelos alternativos de educación. La alusión a este documental sirve para señalar lo siguiente: no solo que otra educación es posible, sino que realmente está aconteciendo y teniendo efecto en diversos sectores del planeta. El problema, como se ha señalado antes, es que los modelos actuales de calidad educativa buscan un rendimiento administrativo de la escuela que no permite visibilizar otro tipo de opciones u otro tipo de prácticas pedagógicas. Calidad educativa se ha convertido, en las condiciones sociales actuales, en la capacidad de ser elegido por el mercado, razón por la cual, la escuela busca acreditarse, no para sí misma, sino para satisfacer las exigencias del capitalismo, y así, mostrarse agradable a las formas de acumulación de capital del mundo contemporáneo. A juicio de los tecnócratas de la educación, la validez de una escuela se mide en su capacidad competitiva, en caso contrario estará destinada a desaparecer. Pero, la cuestión que evita Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 preguntarse este pensamiento tecnocrático, es ¿cuántas escuelas tienen que desaparecer para que 23 subsistan las de calidad? La escuela se halla en una encrucijada, ya que tiene la tarea de dar respuesta a las exigencias de la sociedad y, a la vez, se ve limitada en su acción, por cuanto estas exigencias se vuelven equivalentes a aquellas que son provenientes del mercado. La escuela busca responder a los requerimientos que aseguran la reproducción de las formas capitalistas de vida, ya que eso tiene mayor reconocimiento o, al menos, es socialmente más aceptable. Sin embargo, parafraseando a Marx, se podría afirmar: un fantasma recorre el mundo, el fantasma de la ‘educación prohibida’. Esta educación, volviendo a la película, es la que precisa ser explorada, visibilizada, con el fin de generar redes de acción y trabajo cooperativo que contribuyan a transformar las condiciones de producción de la escuela. Se puede, incluso afirmar que, así como los modelos internacionales de acreditación se han implementado en diversos países y contextos; es tiempo de que los modelos provenientes de las pedagogías críticas o de la educación popular se universalicen y se conviertan en paradigmas educativos del mundo contemporáneo. Las alternativas que surgen en este tiempo es que, cuanto más se expande el capitalismo, más aumentan sus contradicciones, y es ahí donde emergen las posibilidades de cambio hacia modelos de vida más sostenibles y humanos. Como sostiene Harvey: “existen suficientes contradicciones imperiosas dentro del campo del capital para abrigar muchos motivos para la esperanza.” (2014: 283). De allí que, como sugiere este autor, se requiere de un humanismo revolucionario que haga frente a las desigualdades generadas por clase, condición étnica, género o generación. Y en ese caso, la educación sigue teniendo un rol importante, ya que puede contribuir en la generación de miradas críticas de la realidad, y en la visibilización de institucionalidades y acciones políticas emergentes. En definitiva, es momento de empezar a pensar las currícula, las formas de organización escolar y la finalidad de la escuela desde la agenda de los movimientos sociales, comunidades de base y, en general, desde las expectativas de emancipación presentes en las diversas sociedades. Referencias bibliográficas Bolton, P. (2013). Educación y vulnerabilidad: experiencias y prácticas de aula en contextos desfavorables. Buenos Aires: La Crujía. Deleuze, G., & Guattari, F. (1985). El Anti Edipo. Capitalismo y esquizofrenia. Barcelona: Paidós. Foucault, M. (2006). Vigilar y castigar. Nacimiento de la prisión. Buenos Aires: Siglo XXI. Foucault, M. (2008). Nacimiento de la biopolítica. Curso en el College de Francia (1978-1979). Buenos Aires: Fondo de Cultura Económica. Gonzáles Rey, F. (2012). La subjetividad y su significado para el estudio de los procesos políticos: sujeto, sociedad y política. En C. Piedrahita Echandía, Á. Díaz Gómez, P. Vomarro (compiladores), Subjetividades políticas: desafíos y debates latinoamericanos (págs. 11-29). Bogotá: Universidad Distrital Francisco José de Caldas. Han, B.-C. (2012). La sociedad del cansancio. Barcelona: Herder. Harvey, D. (2014). Diecisiete contradicciones y el fin del capitalismo. Quito: IAEN. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 16-24 Jameson, F. (1991). El posmodernismo o la lógica cultural del capitalismo avanzado. Barcelona: Paidós. Marx, K. (2008). El capital I. Crítica de la economía política. México: Siglo XXI. McLaren, P. (2002). Pedagogía crítica en la época de la resignación. Barbecho. Revista de Reflexión Socioeducativa (2), 8-12. Mejía Jiménez, M. R. (2011). Educaciones y pedagogías críticas desde el Sur. (Cartografías de la educación popular). Lima: Consejo de Educación de Adultos de América Latina. Žižek, S. (2007). El espinoso sujeto. El centro ausente de la ontología política. Buenos Aires: Paidós. 24 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 25 LE CHRÉTIEN AFRICAIN FACE AUX DÉFIS DE LA PRÉSERVATION DE LA DIGNITE HUMAINE POUR UNE CONVERSION AU REGARD DE FOI SUR L’AUTRE ET ‘’L’EN-COMMUN’’ Frère Anani Valère ADONSOU District du Golfe du Bénin RÉSUMÉ Cet article part d’un constat à savoir le hiatus entre les valeurs culturelles que l’Afrique proclame lui être propres et leur imprégnation de la vie sociale et politique. Dans le cadre du témoignage de la foi, la raison de ce clivage est à chercher dans une démarche d’inculturation nourrie par une vision statique de la culture. Démarche qui a produit des théologies de l’identité et de la différence. Au regard de leur stérilité en termes de l’apport de la proposition chrétienne au respect et à la promotion de la dignité humaine et à un vivre ensemble qualitatif, l’article propose une autre voie de l’incarnation du message chrétien : une spiritualité chrétienne en contexte de modernité africaine, fondée sur la contemplation et l’appropriation du rapport de Jésus à sa culture en homme libre. Mots clés : culture, pouvoir, modernité africaine, profane et sacré, proposition chrétienne. INTRODUCTION Au lendemain du Concile Vatican II, PAUL VI (1969), à Kampala, a présenté le christianisme en Afrique comme arrivé à « maturité ». Cette appréciation du pontife romain est faite sur le critère de la qualité de la rencontre des peuples africains avec le Christ. Selon PAUL VI, « l'Église du Christ est vraiment implantée sur cette terre bénie ». Implantation évoque l’idée de fixation, d’installation de manière pérenne. En ce sens, les caractéristiques propres d’une communauté se réclamant du Christ ont trouvé un lieu d’ancrage et d’expression1. Le Christianisme qui est le leur, reconnu « mature », doit donc refléter toutes les richesses d’un tel attribut2. Partant de cette maturité, PAUL VI confie aux chrétiens africains un mandat et une responsabilité. « Vous Africains, vous êtes désormais vos propres missionnaires ». Les termes de référence de cette mission sont la formation des chrétiens dans la diversité de leur état de vie et la prise en charge de leur vie spirituelle et temporelle. Cette prise en charge recèle du coup l’engagement pour les Africains à être des « frères qui doivent sauver leurs frères ». Cet appel à une œuvre de salut des siens par la médiation de leurs ressources humaines propres doit se déployer dans une Église à visage africain : « Vous pouvez et vous devez avoir un christianisme 1 Cf. Dictionnaire Larousse, « Implantation » et « implant » au sens médical. Un christianisme vécu avec une personnalité africaine propre ; qui assume, éclaire et dynamise les réalités, les expériences, la totalité de l’existence des croyants ; qui a un sens au cœur des traditions et cultures locales et exprimé à partir des catégories langagières et des symboles propres ; qui a une pédagogie de la transmission de la foi qui opère chez le croyant une authentique et véritable metanoïa. 2 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 africain » (PAUL VI). Par cette invitation, en termes de possibilité et d’exigence, il atteste du coup l’harmonie des deux dimensions de leur identité : « chrétiens et africains ». L’unité de cette double 26 composante identitaire renvoie à une modalité d’expression du message évangélique : l’inculturation. C’est la possibilité de l’Évangile de s’insérer dans toute culture, d’intégrer ses valeurs et ses richesses dans ses modes d’expressions, de la purifier et la transformer. Possibilité et exigence dont la traduction en actes est de laisser l’Évangile modeler leur vision du monde. Les données de la foi doivent trouver des formes d’incarnation dans la spécificité de leurs manières de penser, de vivre leurs relations humaines et d’agir. Le Christ doit être leur raison de vivre et le sens de leur existence en tant qu’Africains et disciples du « premier-né d’une multitude de frères »3. Depuis cet appel de Kampala de PAUL VI, un long travail de réflexion, d’exploration des données de l’articulation entre foi et culture a été réalisé4. Par ailleurs, l’Église à travers ses institutions éducatives a formé un nombre important et significatif de l’élite sociale et politique africaine. Les fidèles chrétiens catholiques sont également au cœur de la vie des cités africaines. Par rapport à la population du continent, ils y représentent un pourcentage relatif5. Toutefois, la fécondité de leur témoignage ne saurait être évaluée en terme numérique. Elle relève plutôt du paradigme de la parabole du Royaume, identifié au «levain dans la pâte »6. Les africains ont un rôle spirituel à dimension universelle à jouer selon BENOÎT XVI dans « Africae Munus » (2011) : « Un précieux trésor est présent dans l’âme de l’Afrique où je perçois ‘le poumon spirituel pour une humanité qui semble en crise de foi et d’espérance’, grâce aux richesses humaines et spirituelles inouïes de ses enfants » (n° 13). L’attestation pour l’Afrique et ses enfants des attributs de maturité et de référence pour l’humanité en vue de vivifier sa foi et son espérance contraste avec la face peu reluisante du tableau actuel des réalités et des conditions de leur existence. Ce paradoxe constitue une interpellation pour la conscience croyante. La responsabilité du chrétien africain ne peut être totalement exclue face à la faillite dans bien des domaines d’activités qu’exigent la relation à l’autre et la vie en commun. Dans un « continent saturé de mauvaises nouvelles » (JEAN-PAUL II, 1995), la question de l’engagement des chrétiens catholiques pour une vie digne de leurs frères et sœurs mérite d’être posée. Quels liens les Africains ont-ils noué et établissent-ils en contexte de « modernité » entre les données de leur culture et spiritualité propres avec les propositions de la foi chrétienne ? Quel est le fondement des expressions de leur foi ? S’ils doivent être les médiateurs sur le plan horizontal du salut de leurs frères et sœurs, comment leur foi se met-elle au service de ce projet ? 3 Rm 8, 29. La question de l’inculturation a donné lieu dans la période postconciliaire à une forte production dans les domaines christologique, liturgique, pastoral, spirituel…Retenons entre autres les ouvrages aux titres évocateurs : Vincent MULAGO, Un visage africain du christianisme, Paris, Présence Africaine, 1965 ; Fabien Eboussi BOULAGA, Christianisme sans fétiche, Paris, Présence Africaine, 1981 ; Oscar BIMWENYI-KWESHI, Discours théologique négro-africain. Problème des fondements, Paris, Présence Africaine, 1981 ; Jean-Marc ELA, Ma foi d’Africain, Paris, Karthala, 1985. 5 Exhortation post-synodale « Ecclesia in Africa » l’estimait 14% (cf. n° 38). Selon l’Annuaire statistique de l’Église 2013, le nombre de catholiques a augmenté de 4,3%, entre 2010 et 2011, tandis que la population a augmenté de 2,3 6 Mt 13, 33. 4 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Je me propose d’investir ces questions dans le cadre d’une « analyse politique du fait chrétien » en Afrique (MBEMBE, 1988)7. Cadre qui se justifie par le fait que les chrétiens africains vivent leur 27 foi dans un espace public régi par des lois et caporalisé par des institutions. Cet espace de l’ « encommun», c’est-à-dire partagé avec d’autres, est le lieu de leurs différents types d’activités humaines (H. ARENDT, 1983)8 et de leur lutte pour se situer dans l’organisation sociale (WEIL, 1989). Leurs enjeux et les stratégies qui y sont mises en œuvre se doivent être mises en rapport avec leur foi. Le lieu d’expression et de révélation de celle-ci est le monde qui est le leur (METZ, 1971)9. Les faits et les réalités de l’Afrique les plus prégnants et ceux dont font état les exhortations postsynodales « Ecclesia in Africa » et « Africae Munus » serviront de matériaux de base à cette analyse. La démarche consistera à élucider les paradoxes des richesses culturelles et spirituelles dans leur expression existentielle du divin chrétien en Afrique. La révélation de leur intelligibilité permettra du coup d’indiquer les pistes pour l’avènement d’une spiritualité du chrétien africain qui embrasse effectivement la totalité de son existence ; une spiritualité qui, de par sa force d’irrigation de la pensée et du cœur, ne peut ne pas être au service de la protection et de l’assomption de l’humanité en l’autre. L’esprit de foi lassalien nourrira ces perspectives de la réappropriation authentique de la foi. I- LE DISCOURS AFRICAINES SUR LES VALEURS DES TRADITIONS CULTURELLES J’ai évoqué le problème de la vie en Dieu, de son projet pour les hommes, qui n’est pas la traduction conséquente en acte des valeurs culturelles et spirituelles reconnues à l’Afrique. Pour en avoir une meilleure saisie et intelligibilité, le rappel de ces valeurs et le discours théologique dont elles ont fait l’objet s’avèrent nécessaires. Aussi, je me propose en premier lieu de les présenter à partir de la recension qu’en fait le Magister, particulièrement dans l’Exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Africa ». Les travaux des chercheurs (ELA, 1985 ; MANA, 1994)10 ont eu à insister sur les données que répertorie ce document ecclésial et que je mettrai par ailleurs en lumière. Le second moment est la modalité de l’articulation de ces valeurs à la proposition chrétienne. C’est le travail de l’inculturation dont les résultats ont été regroupés sous les vocables de « théologie de la différence » et « théologie de l’identité » (MBEMBE, 1998, p. 49). 1.1. Les valeurs culturelles de l’Afrique selon le Magister Une analyse de « Ecclesia in Africa » (JEAN-PAUL II, 1995, nos42 et 43) révèle cinq pôles qui synthétisent les plus profonds désirs des Africains, ce qui à leurs yeux a éminemment du prix, la matrice qui structure leur existence : le sens de la transcendance, la conscience de la réalité du péché, la famille, l’amour et le respect de la vie, la solidarité et la vie communautaire. 7 Achille Mbembe, analysant le christianisme et l’État en société postcoloniale, parle de la « revanche des sociétés africaines ». Expression qui désigne les stratégies des africains à profiter des avantages du christianisme, contourner ses exigences et à se libérer des structures de contrainte de l’État (Cf. Afriques indociles. Christianisme, pouvoir et État en société postcoloniale, Paris, Karthala, 1988, p. 30). 8 Il s’agit de la « Vita activa » qui selon Hannah Arendt désigne toutes les activités de l'homme et répartie en trois catégories : le travail, l'œuvre et l'action. L’action est l'activité qui correspond à la condition humaine de la pluralité, c'est-à-dire l'interaction des hommes entre eux, nommée politique par les Grecs. 9 Joan Baptist Metz, parlant du rapport entre la foi et le monde, le définit comme « une théologie politique ». 10 L’auteur résume l’approche des chercheurs en termes d’un « univers culturel caractérisé par cinq choix d’existence » (p. 18). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Le sens de la transcendance JEAN-PAUL II exprime cette ouverture à la transcendance ainsi : « Les Africains ont un profond sens religieux, le sens du sacré, le sens de l'existence de Dieu Créateur et d'un monde spirituel » (n°42). La transcendance se comprend donc au sens que le religieux est au cœur de la vision du monde de l’Africain. Un monde qui n’est pas réduit à sa dimension matérielle et ne peut donc être considéré exclusivement comme lieu et source de consumérisme. Il est aussi saisi comme réceptacle de l’invisible, lieu d’expérience spirituelle. Un riche champ symbolique permet de vivre cette relation à l’invisible. La civilisation africaine est une civilisation du symbole. Dans la mesure où le rapport de l’homme à l’homme, de l’homme à la nature, passe par l’invisible qui constitue le lieu symbolique où toute réalité peut advenir à un sens, le vrai réel est invisible et le visible n’est qu’apparence : tout est symbole. L’Africain vit dans une ‘’forêt de symboles’’, mode privilégié de sa relation à l’univers (ELA, 1985, p. 59). Pour les Africains, ce monde invisible est celui de Dieu, des esprits – bons ou malins – et des ancêtres avec qui ils sont en communion. Ce monde spirituel régule leur vie dans le monde visible. Les ancêtres étant pour eux des personnes qui dans leur existence terrestre ont excellé dans la pratique de la vertu, leur servent de modèle. Leur croyance en Dieu leur offre des repères, des ressources pour faire le bien et renoncer à tout acte qui est contraire à ses décrets dont la plupart sont identiques à la deuxième partie du Décalogue. Cette foi en Dieu induit premièrement qu’une posture d’athéisme n’a pas, en principe, de place dans la mentalité africaine. La philosophie de la « mort de Dieu » n’y a pas droit de cité. L’Africain ne peut concevoir son existence sans la référer à cet être qui le surpasse incommensurablement et qui lui donne « la vie, le mouvement et l’être »11 : Dieu. Elle ne saurait donc être analysée dans le cadre de la problématique de « la sortie de la religion » (GAUCHET, 1985, p. 290). Le monde pour lui est « enchanté » plutôt que « désenchanté ». La vie de l’Africain est régie, non par le régime de l’autonomie absolu du sujet, mais par celui de « théonomie ». C’est le « sujet convoqué » par Dieu, qui tout en assumant sa liberté et sa responsabilité, répond favorablement et sans cesse à son appel (COMTE, 2009, pp. 122-131). Benoît XVI (2009) fait fond sur ce sens de la transcendance de l’Africain pour le proposer comme référence à l’humanité. L’Afrique, « un immense poumon spirituel pour une humanité en crise de foi et d’espérance ». Une humanité qui a besoin de « patrimoine spirituel et culturel…encore plus que de matières premières ». L’homme dans l’évaluation de ses intérêts doit faire preuve de lucidité en ne sacrifiant pas sa vie sur l’autel de sa volonté de conquête du monde (Mc 8, 36) 12. C’est dans ce cadre de la hiérarchie des besoins spirituel et matériel qu’il faut inscrire en second lieu le sens du sacré. Ce sens suppose la reconnaissance d’un monde profane. Il désigne le fait que certaines réalités ou choses du monde, dès lors qu’elles sont reconnues comme investies par le sacré, sont soustraites à l’usage utilitaire (MIRCEA, 1965). Dire de l’Africain qu’il a le sens du sacré, c’est qu’il reconnaît en des lieux, en des objets, en des temps, une fonction et un sens référés au monde invisible. Reconnaissance en même temps que sa véritable identité ne peut se définir et se construire dans l’unique rapport utilitariste au monde. Sa vie est aux antipodes de celle de « l’homme unidimensionnel » (MARCUSE, 1964). Homme dont les besoins sont contrôlés par une société orientée fondamentalement dans la logique économique, technologique, de la productivité. 11 Act 17, 28. Homélie du pape Benoît à l’ouverture de la IIè Assemblée Spéciale pour l’Afrique, Basilique Vaticane, 04 octobre 2009. 12 28 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Le moyen et la finalité d’une telle orientation, quoiqu’inscrite dans une organisation politique démocratique, est l’asservissement de l’individu. La contrainte exercée sur lui est de vivre dans une 29 culture où seule doit prévaloir la pensée concrète, opérationnelle. N’y est digne d’intérêt que ce qui relève du tangible, du saisissable. Autrement dit, cette culture exclue, entre autres13, la dimension du sacré, du divin. Il est par ailleurs imposé à l’individu de faux besoins par des intérêts sociaux et qui justifient « un travail pénible, l’agressivité, la misère et l’injustice » (MARCUSE. p. 30). Relevant le choix du respect absolu du monde invisible et de l’ouverture permanente à la transcendance, comme un des cinq choix d’existence14, MANA le présente ainsi : C’est une option qui consiste à penser, à être et à vivre quotidiennement la vie humaine comme une ouverture au monde transcendant qui lui donne son sens et lui assure sa solidité par les valeurs profondes qu’elle sème dans la société. Cette confiance au monde transcendant se structure dans des systèmes de rituel, des liturgies ou d’obligations sociales qui médiatisent le monde invisible dans les relations entre l’homme et le réel, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et l’absolu ( p. 18). Il évoque l’idée de « confiance au monde transcendant ». Le terme confiance étymologiquement signifie se fier à quelqu’un, c’est-à-dire avoir en quelque sorte foi (fiance, fides en latin). Il renvoie ainsi à l’acte de croire. Croire c’est « mettre sa confiance en quelqu’un, en quelque chose », « confier quelque chose à quelqu’un », autrement dit créditer de quelque chose à quelqu’un, placer en lui toute sa créance. Ainsi dans le cas précis, le monde transcendant que l’on crédite devient-il par ce biais digne de la confiance qu’on lui accorde (cf. LE BOUËDEC & SOËTARD, 2011, pp. 109-110). Au regard des valeurs que concrétise la vie, des obligations sociales que traduit cette confiance à la transcendance, se comprend la conscience de la réalité du péché. De façon plus précise, le péché, terme de la théologie chrétienne désignant la rupture de l’alliance avec Dieu, correspond dans bien des traditions africaines à la notion de faute morale. La faute morale recouvre diverses catégories d’actes : l’acte mauvais ou méchant, le défendu, l’interdit. Dans une vision unitaire du monde où les êtres des différents règnes sont en lien les uns avec les autres, ces actes perturbent l’harmonie générale et de la communauté. Par le péché, la vie personnelle comme collective sont atteintes dans leur intégrité et dynamisme. Vie pour laquelle l’Africain voue amour et respect. Amour et respect de la vie Dans la tradition africaine, la vie est un bien précieux auquel est accordé protection. Le respect dont elle est l’objet et sa préservation sont maintenus dans le temps de sa manifestation. Que ce soit dans sa phase originaire d’émergence, dans le moment où elle est accueillie ou à l’instant de son achèvement, sa sauvegarde est assurée. Aucune restriction n’est imposée à sa reproduction. « Les fils et les filles de l'Afrique aiment la vie […]. Les Africains respectent la vie qui est conçue et qui naît. Ils apprécient la vie et rejettent l'idée qu'elle puisse être supprimée […]. Les Africains manifestent leur respect pour la vie jusqu'à son terme naturel. » (JEAN-PAUL, n°43)15. C’est dans le même esprit que l’enfant est reconnu et accueilli comme valeur (OUATTARA, 2010, p.12). 13 L’esthétique et tout ce qui peut donner une représentation de la réalité d’une manière symbolique ou métaphorique, donc autre que concrète sont exclus de la société unidimensionnelle. 14 Ces cinq choix d’existence sont : Le choix du respect absolu du monde invisible, le choix de la communauté comme valeur cardinale, la tradition comme cadre d’épanouissement des êtres, les piliers de la confiance dans le destin (l’invisible, la communauté et la tradition), le choix de la vie (Christ d’Afrique. Enjeux éthiques de la foi africaine en Jésus-Christ, Paris, Karthala, 1994, pp. 18-19). 15 JEAN-PAUL II évoque par ailleurs les pressions que subissent les Africains de la part des « soi-disant civilisations progressistes ». « Des pratiques contraires à la vie leur sont toutefois imposées par le biais de systèmes économiques qui ne servent que l'égoïsme des riches » (n° 43). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Dans cette pensée de JEAN-PAUL II, les réalités auxquelles renvoient implicitement la 30 préservation, la protection de la vie font parties de celles dont traite la bioéthique : avortement, eugénisme, euthanasie. En contexte africain, la problématique du respect de la vie couvre d’autres champs étrangers à la bioéthique, telle qu’elle est définie dans le monde occidental. Il faut y inscrire toutes les thématiques étudiées dans les cadres conceptuels de « pouvoirs sorciers » et du « pouvoir de tuer »16. Émarge également au domaine de la vie la santé dans ses différentes formes 17. L’accueil de l’étranger dans la culture africaine relève aussi de cette attitude positive vis-à-vis de la vie. « L’Africain faisant bon accueil à l’étranger, ne fait que s’inscrire dans le sens de la générosité d’une vie qu’il expérimente au-dedans de lui-même, vie faite d’appel à l’unité, à la communication, à la solidarité. » (OUATTARA, p. 13). Cette vie qui est respectée a pour premier lieu d’accueil et de protection et d’épanouissement, la famille. L’importance du sens de la famille La famille joue un rôle fondamental dans la culture africaine (JEAN-PAUL II, n° 43). Dans la culture occidentale, la famille est de type nucléaire. Elle comprend un couple uni par les liens juridiques du mariage et le fruit qui en résulte, les enfants. C’est la triade père-mère-enfants. La famille africaine est fondamentalement caractérisée par son extension. Elle s’étend au-delà de la famille nucléaire et englobe la parentèle, c’est-à-dire l’ensemble des personnes qui ont un lien de parenté entre elles. Ce lien se fonde sur les alliances matrimoniales, la consanguinité et la descendance d’un ancêtre commun. Ainsi, la famille s’élargit à la dimension du clan regroupant les parents proches et lointains. La vie, les relations au sein de cette famille au sens large sont marquées par un fort attachement affectif au groupe. Le sens de la solidarité et de la vie communautaire s’éclaire à la lumière des déterminants de ce lien. Sens de la solidarité et de la vie communautaire La famille africaine correspond à la forme « communautaire » (Gemeinschaft) de socialisation définie par TÖNNIES et reprise par WEBER18. Selon TÖNNIES, la communauté émane d’une « volonté organique», « vie organique », considérée comme « vraie » et « durable », engageant tout l’être, fondée sur les sentiments naturels et des rapports de sang. Les individus y « restent liés malgré toute séparation ». Elle s’oppose à la forme « sociétaire » (Gesellschaft), fondée sur le calcul et le contrat. 16 La revue « Politique africaine » a consacré des dossiers à ces thématiques. « Le pouvoir de tuer » (1982, n°7) est consacré aux aveux sous la torture, à la violence multiforme à l’école… « Pouvoirs sorciers » (2000, n°79) traite des « dynamismes de l’invisible en Afrique ». Ceux-ci renvoient entre autres aux meurtres diaboliques, à la sorcellerie et aux démembrements rituels d’enfants et de femmes. Je reviendrai plus amplement sur ces pratiques de la négation de la vie dans la révélation des paradoxes par rapport à ces valeurs dont le traitement est en cours. Ces thématiques ont été toutefois prises en compte aux deux synodes sur l’Afrique. Au second synode, l’insistance sur la question de la sorcellerie a été forte. « Africae Munus » en parle explicitement au n° 93. 17 Santé physiologique, mentale, affective, psychologique. 18 WEBER oppose radicalement formes communautaires et sociétaires, et opère un triple déplacement par rapport à l’approche de TÖNNIES : - en considérant les deux formes de groupement comme types-idéaux qui coexistent dans toutes relations sociales. Le facteur temps, favorisant la sédimentation des valeurs sentimentales, peut faire muer une relation sociétaire en communautaire ; - en les présentant non comme statiques mais en tant que « deux processus dynamiques d’instauration de relations sociales » et dont le second requiert la volonté des membres ; - en définissant « le passage historique de la forme communautaire dominante à la forme sociétaire dominante en termes de rationalisation sociale ». Je suis les idées de ces deux auteurs dans leur exposition par Claude DUBAR, La Socialisation, Paris, Armand Collin, 2000, pp. 90-95. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 La vie communautaire africaine repose donc sur « un droit naturel » et non pas sur la « volonté 31 réfléchie ». De ce fait, c’est l’individu membre d’une communauté qui est valorisé, sans que son individualité ne soit niée. Ce ne sont pas ses attributs propres qui ont la préséance dans la déclinaison de son identité mais le principe relationnel. L’individu est d’abord le fils de… frère, cousin, croisé ou parallèle, neveu – et la liste des filiations et de la parentèle est longue – membre de telle famille, de tel village, de telle ethnie, de telle région. La vie communautaire est ainsi régulée par une anthropologie où la vie de l’homme est saisie comme ouverture à l’altérité, une vie altruiste. Dans la logique de cette conception de l’homme, le collectif prime sur l’individuel, l’interdépendance sur l’autonomie absolue. Le projet personnel doit être subordonné au projet commun. Dans cette conception de la famille, nul ne peut dire « Je » que dans le cadre du « Nous ». Le « Nous » est reconnu et projeté dans le « Je » et vice-versa. Comme dans toutes les formes traditionnelles de regroupement humain, « l’individu n’existe pas pour luimême, il ne travaille pas pour son intérêt mais pour l’édification de la communauté, il est essentiellement le représentant de la communauté, dont l’unité s’incarne en lui. » (SAVDADOGO, 2002, p.143-144). Ce que la famille et le clan attendent de chacun de ses membres, c’est de s’inscrire dans l’ordre des aspirations qui sont les leurs. L’individu, don de sa famille, se doit d’être à son tour contre-don. Le principe de la réciprocité est éminemment au cœur des mobiles d’actions des membres. Il est orienté par les valeurs qui déterminent leurs droits et devoirs. Le cadre clanique est le lieu où chacun trouve protection et sécurité et son équilibre personnel. L’appartenance au clan exige d’être acteur dans la mise en œuvre d’une de ses valeurs fondamentales : la solidarité. Elle se décline en hospitalité généreuse à tous, en partage des biens et en actes concrets multiformes d’assistance mutuelle. Se soustraire aux obligations claniques en général, et au devoir de solidarité en particulier, équivaut à faire le choix d’une énorme fragilité existentielle, d’une solitude angoissante et en définitive de mort sociale. Au total, l’option pour la vie communautaire est une valeur cardinale de l’existence sociale : Si l’on entend par valeur cardinale celle qui ordonne toutes les autres valeurs et constitue le principe de leur intelligence théorique et pratique, les structures sociales de base dans le monde africain sont celles qui donnent à la vie communautaire le statut d’un lieu d’accomplissement collectif, de référence métaphysique essentielle, où l’individu n’acquiert sa vérité d’être qu’en se conformant à l’ordre de son univers culturel (MANA, p. 18). L’ensemble des valeurs culturelles qui précèdent et relevées par le Magister font partie du corpus des matériaux des théologies de l’identité et de la différence. 1.2. Les valeurs culturelles dans les théologies africaines de l’identité et de la différence Ces théologies ne se comprennent qu’en référence à deux événements majeurs de la trajectoire historique de l’Afrique19. Le premier est sa rencontre avec l’Occident. Elle s’est effectuée sous le mode, du conflit, de la violence20. Le romancier KANE (1961) la présente ainsi : 19 On peut également penser à la traite négrière, mais elle ne consiste pas dans la présente réflexion un événement déterminant la manière des Africains de vivre leur foi dans la cité. 20 Pierre Ouattara fait remarquer de façon pertinente que l’entité désignée par l’Afrique n’existait pas au départ de cette rencontre. « Au commencement, aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y Africain, ni tradition africaine. L’Afrique n’est-elle pas en effet le produit de l’histoire, celle qui commence véritablement par une commune violence subie, une commune soumission de différents peuples d’un même continent à l’esclavage et à la colonisation » (cf. La culture de l’amabilité. Comment penser autrement l’éducation en Afrique ? Côte d’Ivoire, L’Harmattan, 2010, p. 47). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Le matin de l’occident en Afrique fut constellé de sourires, de coups de canon et de verroteries brillantes. Ceux qui n’avaient point d’histoire rencontraient ceux qui portaient le monde sur leurs épaules [...]. Le monde connu s’enrichissait d’une naissance qui se fit dans la boue et dans le sang (p. 59). Dans cette description apparaissent d’une part, le déni d’une historicité à des peuples et d’autre part, les attributs d’esprit de domination et de maîtrise du monde de l’Occident. L’occident n’a pas « maîtrisé sa maîtrise » vis-à-vis des autochtones africains. Il les a assujettis, mis sous tutelle. Dans cet état d’assujettissement, les autochtones avaient en commun dans la pluralité de leur appartenance ethnique, la servilité et la satisfaction des intérêts de leurs « maîtres ». Ceux-ci n’ont point « l’égalité des échanges pour objet et leur rôle ne consiste pas le moins du monde à respecter le repos, la liberté, les croyances ou les biens d’autrui. Leur énergie, leurs talents, leurs lumières, leur dévouement sont appliqués à créer ou à exploiter l’inégalité » (VALERY, cité par BOULAGA, 1993, p. 95). L’Occident, dans son projet de pérenniser les sources des moyens de sa propre survie, devait asseoir sa domination sur les « sociétés-autres ». Cette domination a été assurée par la production d’un savoir sur la culture africaine qui la légitimait et l’usage des moyens pour l’inscrire dans la durée. Le contenu fondamental de ce savoir est la négation de toute valeur à l’histoire, aux traditions, aux traits culturels propres aux Africains. La relation de l’homme occidental avec leur univers était vécue sur le mode de l’hostilité, du mépris et du rejet. Aux spécificités culturelles, aux habitus 21 des Africains, il fallait substituer ceux de l’Occident qui seuls ont un sens et sont crédités de positivité. Rôle qui a été dévolu entre autres à l’école. Pour transformer les peuples primitifs de nos colonies, pour les rendre le plus possible dévoués à notre cause et utiles à nos entreprises, nous n’avons à notre disposition qu’un nombre très limité de moyens, et le moyen le plus sûr c’est de prendre l’indigène dès l’enfance, d’obtenir de lui qu’il nous fréquente assidûment et qu’il subisse nos habitudes intellectuelles et morales pendant plusieurs années de suite ; en un mot, de lui ouvrir des écoles où son esprit se forme à nos intentions (HARDY, cité par QUENUM, 1998 p.101). Tels furent le principe et la mise en œuvre de l’historique idéologie de la « mission civilisatrice ». Le deuxième événement sur la scène africaine est la propagation de la foi chrétienne. Moment de l’exode du christianisme tel que l’Occident l’a remoulé dans ses schèmes culturels vers un monde africain qui a sa propre vision du monde. Son expansion s’est édifiée, comme l’écrit MBEMBE (1988), sur « une définition moniste et totalitaire de l’humain en général et de l’indigène en particulier » (p. 43). À partir de ce socle conceptuel à double versant, poursuit-il, le Dieu des chrétiens va être défini contre les complexes religieux et les systèmes symboliques propres aux sociétés noires. « La divinité occidentale », pour survivre, se doit de défaire les « dieux indigènes ». « Cette logique de l’affrontement et de l’exclusion avait une parenté nette avec la logique proprement coloniale » (Ibid.). Aussi MBEMBE fait-il remarquer que les théologies africaines de la différence et de l’identité ont porté leur insistance sur « le peu de distance que la prédication missionnaire a instauré entre la révélation chrétienne et le projet occidental de domination des sociétés noires » (p. 37). La posture du christianisme par rapport à ce projet de domination est évaluée en termes d’ambiguïté. 21 « L’habitus est un ensemble lié de manières de pensée, de sentir et d’agir qui étant apprises et partagées par une pluralité de personnes servent d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte » (ROCHER Guy, Introduction à la sociologie. L’action sociale, Malesherbes, éd. HMH, 1968, p. 111). 32 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 D’une part, il proclama aux indigènes l’unité de l’humanité vis-à-vis de Dieu qui est un. Il fit valoir, d’autre part, que parce que l’humanité est une vis-à-vis de Dieu, qui, seul est Dieu, il fallait exclure que quiconque (et donc les indigènes y compris) soit exclu. Au même moment, il accepta comme partenaire responsable de son discours, la culture et le langage de son temps, ce que l’intelligence de ce temps avait fini par imposer à son système d’entendement comme vérité dernière sur l’homme noir (MBEMBE, p. 40). Le procès fait à la prédication missionnaire est qu’elle ne s’est pas démarquée de manière radicale du jeu de la domination de l’entreprise coloniale. Sa proposition du message évangélique aux peuples africains s’est également opérée selon une logique d’affrontement, d’exclusion et de conquête. Considéré comme païen, le mode de vie traditionnel africain doit être combattu. Son contenu est mauvais et ainsi disqualifié comme lieu de connaissance du vrai Dieu de la révélation. Si l’image de Dieu est oblitérée ou méconnue, il suit de là pour l’homme africain d’être la proie aux passions et aux vices (cf. BOULAGA, 1981, p. 25). La prédication missionnaire a un fondement anthropologique précis : Elle prenait appui sur une « anthropologie de l’indigène » qui faisait de ce dernier un objet de malédiction susceptible de n’advenir au statut de sujet que par la médiation conjuguée de sa conversion au christianisme et de son auto-soumission à la technologie coloniale du pouvoir. Le christianisme colonial avait considéré d’emblée ce que l’individu savait de lui-même, de son passé et de son rapport au monde comme dépourvu de sens (MBEMBE, p. 40). L’Évangile prêché dans ce contexte est antinomique à l’œuvre de rédemption du Christ. Son message et toute sa vie avaient pour fin ultime la libération de l’homme de toutes formes de chaînes22. Par son action salvifique, il a offert à ses frères, quels que soient les lieux et les singularités de leur vécu de l’unique humanité, les ressources et la grâce d’une vie en abondance. Si la mort du Seigneur est centrale dans l’expérience de l’Église et de la foi, elle renvoie aux conflits historiques où Dieu se situe toujours du côté des faibles. Jésus crucifié assume en lui-même le cri de l’homme depuis Abel (Gn 4, 8) […]. Jésus meurt pour que l’homme soit debout : tel est le centre du message évangélique (ELA, 1985, p. 140). Toutes les productions des théologies de l’identité et de la différence ont pour visée de rétablir la vérité de la mémoire de Jésus et de permettre aux peuples chrétiens africains de la vivre de manière authentique. Elles constituent donc à la fois une critique de la prétention de l’Occident à être détenteur de l’unique manière d’être humain et de dire le divin. Il s’agit pour elles, tout en déconstruisant l’absolu occidental (MBEMBE, pp. 35-50), de réhabiliter les faits de culture et les traditions de l’Afrique face au déni de valeur dont ils ont été enté et de légitimer leur droit et leur validité à exprimer le divin chrétien. La réalité indéniable de départ est que l’Occident a exprimé la mémoire de Jésus de Nazareth dans les catégories langagières, les traits culturels qui lui sont propres. Ce passage d’un moule culturel juif du message chrétien à son inscription dans les traits caractéristiques des traditions et cultures occidentales a une valeur relative. Aussi, les susdites théologies s’appuient sur cette relativité pour dévoiler le fait que si « ‘le Christ’ par lequel Dieu fait chair est le ‘langage de Dieu en acte’, aucune culture ne peut plus rendre témoignage de la vérité de Dieu en sacralisant et en dogmatisant… sa 22 Il est attribué au théologien congolais Bimwenyi-Kweshi dans le cadre de l’invention du Christ dans la théologie africaine, cette déclaration sur le meurtre du Christ occidental en Afrique : « Si le Christ que les Occidentaux nous ont apporté est le vrai, il doit être crucifié sur toutes les collines et les montagnes de nos pays dans toutes nos savanes et nos forêts. Son sang devra couler sur nous et sur nos enfants jusqu’à la fin des temps » (KÄ MANA, Christ d’Afrique. Enjeux éthiques de la foi africaine en Jésus-Christ, Karthala, 1994, p. 20). 33 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 manière de s’y rapporter » (MBMEBE, p. 49). Leur finalité est de mettre fin à un vécu du christianisme à travers des concepts, des rites et symboliques liturgiques et personnalité d’emprunt. 34 Ce projet est une réponse à une des demandes du Concile Vatican II pour l’activité missionnaire de l’Église : assumer « toutes les richesses des nations qui ont été données au Christ en héritage (cf. Ps 2, 8) ». Demande reprise par PAUL VI dans son appel de Kampala : « L’expression, c’est-à-dire le langage, la façon de manifester l’unique foi, peut être multiple et par conséquent originale conforme à la langue, au style, au tempérament, au génie, à la culture de qui professe cette unique foi. Sous cet aspect, un pluralisme est légitime, même souhaitable ». Et PAUL VI d’inviter à l’exigence d’avoir un « christianisme africain ». Il a ainsi autrement repris les termes de référence précis de cette tâche d’inculturation voulue par le Concile et qui incombe à toutes les Églises particulières en général et aux jeunes Églises en particulier : Elles empruntent aux coutumes et aux traditions de leurs peuples, à leur sagesse, à leur science, à leurs arts, à leurs disciplines, tout ce qui peut contribuer à confesser la gloire du Créateur, mettre en lumière la grâce du Sauveur, et ordonner comme il le faut la vie chrétienne (Ad Gentes n° 22). L’orientation de ce projet est de soumettre toute la révélation chrétienne, dans ses différentes formes d’expression dans le temps et dans la tradition à un nouvel examen23. L’objectif qui est visé est d’arriver à une compréhension de la même révélation par des voies différentes. Les artisans des théologies de la préservation de l’identité culturelle se sont engagés dans cette optique en « ressuscitant » les matériaux anthropologiques africains de l’époque précoloniale (valeurs, arts, rites, initiations, culte des ancêtres…) pour les réarticuler au message évangélique. Dans ce contexte, entre autres réalisations, plusieurs figures du Christ ont été élaborées : « le Christ-Ancêtre, le Christ-Maître Initiateur, le Christ-Chef ». Des gestes, des symboles, des produits de l’art africain (ornement, instruments musicaux comme les tam-tams et balafons) sont investis dans la liturgie. J’analyserai la pertinence de ces productions théologiques à l’occasion de la compréhension des paradoxes du vécu de la foi chrétienne en Afrique. Avant cet examen, la tâche présente est de dresser le tableau des réalités négatives de l’existence des africains. Parmi toutes ces valeurs qui précèdent, celle de la vie, me semble-t-il, est un concept englobant pour une telle présentation. Le concept de vie est totalisant en ce sens que rien de tout ce qui se rapporte à l’homme ne peut y être exclu. En d’autres termes, toutes les autres valeurs peuvent être rattachées à la vie. L’ouverture à la transcendance, l’appartenance à une communauté, le sens du péché sont des réalités qui nourrissent la vie, l’entretiennent, l’encadrent et l’orientent. II- LES OCCURRENCES DE LA NÉGATION DE LA VIE EN AFRIQUE : UNE RÉPUDIATION DES VALEURS CULTURELLES JEAN-PAUL II, dans « Ecclesia in Africa », a totalisé les problèmes du continent sous la figure de l’homme violenté, blessé et entre vie et mort, dans son itinéraire de Jérusalem à Jéricho (Lc 10, 3037). « L'Afrique est un continent où d'innombrables êtres humains — hommes et femmes, enfants et jeunes — sont étendus, en quelque sorte, sur le bord de la route, malades, blessés, impotents, marginalisés et abandonnés » (n° 41). Ce tableau n’est pas un regard afro-pessimiste sur la situation du continent, dans la mesure où bien des acteurs de la scène sociale et politique sont auxiliaires, promoteurs de la vie. Il atteste néanmoins la crise profonde de l’Afrique dans les domaines religieux, politique, culturel et social qui ne peut être occultée. 23 « Pour réaliser ce dessein, il est nécessaire que dans chaque grand territoire socioculturel, comme on dit, une réflexion théologique soit encouragée, par laquelle, à la lumière de la Tradition de l’Église universelle, les faits et les paroles révélés par Dieu, consignés dans les Saintes Écritures, expliqués par les Pères de l’Église et le magistère, seront soumis à un nouvel examen. » (Concile Vatican II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église/ Ad Gentes n° 22). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Cette image de l’Afrique souffrante, déshumanisée et en situation de crise24, décrite en 1994, est 35 demeurée la même à la veille du deuxième synode pour l’Afrique25. Si la vie à laquelle l’Africain voue amour et respect y est sans vie, vidée, niée, c’est que les valeurs tant proclamées et reconnues au continent ne s’incarnent pas dans l’existence concrète. Ce qui est aimé ne peut être détruit. Pourtant, ici c’est le paradoxe. Une situation commune est, sans aucun doute, le fait que l'Afrique est saturée de problèmes : dans presque toutes nos nations, il y a une misère épouvantable, une mauvaise administration des rares ressources disponibles, une instabilité politique et une désorientation sociale. Le résultat est sous nos yeux : misère, guerres, désespoir (JEAN-PAUL II, n°40). Litanie des modalités à travers lesquelles la vie n’est pas honorée et accueillie. Ce visage multiforme du refus de l’hospitalité à la vie se présente dans une configuration pyramidale. Au sommet, elle est annihilée par l’État par diverses formes d’exactions, d’oppression des citoyens. À la base, les citoyens, selon leur position hiérarchique dans l’organisation sociale, les ressources de pouvoir dont ils disposent pour exploiter les autres membres de la communauté politique. « Les soleils des indépendances » n’ont pas brillé pour les citoyens au point que certains se demandent à quand le retour des colonisateurs ! 2.1. La conspiration du pouvoir contre la vie : État prédateur et « États-patron » L’État est l’ensemble des institutions d’une communauté historique particulière qui agissent de manière synergique en vue de la protéger contre « les dangers qui la menacent, soit de l’intérieur (décomposition), soit de l’extérieur (oppression ou suppression par d’autres États) » (WEIL, p. 140). Il est ainsi le garant du bien commun de la collectivité et dont il régule la vie (cf. SAVADAGO, 2002, pp. 163 ; 180). Telles sont les caractéristiques majeures de l’État moderne fondé sur un type d’autorité légal et rationnel. Dans sa forme démocratique, l’État n’est pas gouverné par des dirigeants infaillibles et au pouvoir illimité. Des instances intermédiaires dont le pouvoir législatif contrôlent leurs actions et leurs relations avec les citoyens. Dans son engagement à construire des États modernes, l’Afrique postcoloniale a tout d’abord produit des régimes politiques tyranniques. Leur disparition a été supplantée par quelques rares régimes démocratiques26. Dans leur majorité, les systèmes politiques africains actuels sont ambigus. Ils ne sont ni traditionnels ni de types véritablement modernes. Ils sont de type néopatrimonial (MEDARD, 1990) et dont l’idéologie officielle est « la politique du ventre » (BAYARD, 1989). Son mot de ralliement est le proverbe africain « « La chèvre broute là où elle est attachée ». L’État néopatrimonial27 est caractérisé par la confusion des domaines public et privé. Cette confusion est illustrée par le comportement des dirigeants africains qui usent des ressources 24 A voir tous les domaines qui sont considérés par la crise, on peut dire avec MANA qu’elle concerne « l’ensemble des conditions de l’existence ». Une existence comme l’a présentée ARENDT, qui est « la vie et l’œuvre, déterminée par le pouvoir de la parole et l’action,… de la capacité de communiquer dans un espace public et d’agir pour créer un monde nouveau, un nouveau commencement. » (KÄ MANA, L’Afrique va-t-elle mourir ? Essai d’éthique politique, Paris, Karthala, 1993, p. 23.) 25 Instrumentum Laboris de la IIè Assemblée Spéciale pour l’Afrique : L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, publié à Yaoundé le 19 mars 2009, n° 6. 26 L’exemple du Sénégal, du Ghana, du Bénin. 27 Concept dérivé du patrimonialisme défini par Max WEBER, dans « Économie et société » comme un démembrement de l’autorité traditionnelle. Exercée en Europe au Moyen Âge par le prince qui assimile ressources de son royaume ou de sa seigneurie à son patrimoine personnel. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 publiques et du pouvoir comme leur patrimoine privé. Dans un état néopatrimonial, les contrepouvoirs sont sans pouvoir. Propriétés des dirigeants, leur rôle comme institutions de contrôle de 36 l’action gouvernementale n’est plus mis au service de la protection des intérêts des populations. La porte est ainsi ouverte à leur exploitation sans limite. C’est à juste titre que la soif du pouvoir est identifiée comme une des racines du mal africain : « La soif du pouvoir provoque le mépris de toutes les règles élémentaires d’une bonne gouvernance, utilise l’ignorance des populations, manipule les différences politiques, ethniques, tribales et religieuses, et installe la culture du guerrier comme héros… »28. Le déficit de bonne gouvernance démultiplie les souffrances infligées aux populations. En tant que bonne gestion des affaires publiques, elle a besoin au prime abord d’un cadre politique et institutionnel qui respecte les droits de l’homme et les principes démocratiques de l’État de droit. Ses éléments constitutifs sont la gestion transparente et responsable de toutes les ressources quelles qu’elles soient, leur juste répartition légalement encadrée en tenant compte des plus vulnérables et la reddition de compte de la part des dirigeants29. La réalité est que l’État africain postcolonial est un État prédateur et assassin. Ceux qui en ont la destinée ont conduit les sociétés à la ruine30. Les ressources naturelles sont confisquées par la nomenklatura au pouvoir. Les fonds publics sont détournés et les capitaux transférés vers les banques étrangères. Les injustices demeurent impunies31. L’État prédateur affame les masses laborieuses des villes et des campagnes. Les populations, face à la maladie, n’ont d’autre assurance que leurs maigres ressources. Celles-ci, déjà insuffisantes pour leur subsistance, leur sont extorquées par des guérisseurs mystificateurs et véreux qui aggravent leur mal. Impuissantes et abandonnées à leur triste sort, elles ne se remettent pour la plupart qu’à la mort pour leur délivrance. Pour rester chevillés aux pouvoirs, les gouvernants utilisent la violence contre les concitoyens à travers guerres, tortures… et institue un système général de corruption32. Au total l’État exerce la violence de deux manières : « la violence active et la violence passive » (CHABAL, 1991, p. 58). La première désigne tout ce qui est cruauté et relève de l’arbitraire : « rafle, détention, torture, abus de pouvoir, incarcération, exécution... ». Elle est productive pour le pouvoir en place. La violence du pouvoir cherche en partie à humilier ceux contre lesquels elle s’exerce, on conçoit que la violence ainsi engendrée au sein de la société se prête aussi à cette dynamique de l’humiliation. Or si l’humiliation est peu productive, elle remplit un rôle important (la production de la peur) pour le maintien du pouvoir dans la mesure où…où elle démontre tout l’arbitraire qu’il contient (CHABAL, p. 57) La violence passive est celle de « l’incompétence », de « l’incapacité à gouverner efficacement », de la « faillite politique et administrative », telle que présentée ci-dessus. Selon CHABAL, la violence passive est plus destructrice que la violence active. « En Afrique, aujourd’hui la famine tue plus que la guerre et la répression » (p. 58). Dans l’appauvrissement et l’exploitation des masses africaines, l’État prédateur se présente aussi 28 Instrumentum Laboris de la IIè Assemblée Spéciale pour l’Afrique : L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, publié à Yaoundé le 19 mars 2009, n° 11. 29 cf. Article 9(3) de l’Accord de partenariat entre les membres du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d’une part, et la Communauté européenne et ses États membres, d’autre part in Commission de Venise, Étude n° 470/2008, Sur les notions de « bonne gouvernance » et de « bonne administration », Strasbourg, 8 avril 2011 30 Instrumentum Laboris de la IIè Assemblée Spéciale pour l’Afrique n° 50. 31 Ibid. n° 57. 32 Les variantes de la corruption et la sémiologie populaire et les discours qui la légitiment permettent de se rendre compte de son extension dans des pratiques ordinaires de la vie (cf. La corruption au quotidien, Revue politique africaine, n° 83, octobre 2001). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 comme « État-client » qui s’associe à des « États-patron » (BADIE, 1996) appartenant à des réseaux 37 internationaux: De connivence avec des hommes et des femmes du continent africain, des forces internationales exploitent cette misère du cœur humain qui n’est pas spécifique aux sociétés africaines. Elles fomentent des guerres pour écouler des armes. Elles soutiennent des pouvoirs politiques irrespectueux des droits humains et des principes démocratiques pour garantir en contrepartie leurs avantages économiques (exploitations des ressources naturelles, acquisition de marchés importants, etc.)33. Les acteurs de la conspiration contre les populations sont à reconnaître sans méprise. Du dedans la pleine responsabilité des dirigeants y est engagée. Du dehors les grandes puissances ne la nourrissent pas leurs différentes stratégies (cf. ELA, p. 157). Les dirigeants ne sont pas les seuls assoiffés de pouvoir. Certains africains, faute d’en disposer dans les structures de l’organisation sociale et politique, cherchent à l’acquérir au moyen des pratiques occultes, telle que la sorcellerie. 2.2. La négation de la vie au cœur de la société civile La manducation de la vie des autres : quête de pouvoir occulte La sorcellerie est un phénomène du monde invisible. Ce monde est considéré comme le lieu d’occurrence de faits inexplicables par une démarche rationnelle et scientifique. Les termes dans les langues africaines pour la désigner traduisent l’idée de « force occulte ». La sorcellerie, selon BENOÎT XVI (2011), « connaît actuellement une certaine recrudescence » (n° 93)34. Dans de nombreuses régions d’Afrique, on s’interroge de plus en plus sur la prolifération supposée de la sorcellerie, notamment dans des secteurs modernes de la société – surtout en ville –, par rapport à de nouvelles formes d’enrichissement et d’entreprise, aussi bien dans la politique qu’à l’université, à l’hôpital, etc. (GESCHIERE, 2000, p. 18-19)35 Outre sa corrélation avec la politique, la sorcellerie est une réalité de la modernité africaine. Elle fait partie également des stratégies d’acquisition des biens matériels. Identifiée comme ductile et changeante et présente dans tous les sites de la réalité sociale, la sorcellerie a un statut de « marqueurs » dans la compréhension des mutations sociales en Afrique aujourd’hui (BERNAUT & TONDA, 2000, p. 14). Sa pratique dans la modernité africaine est fondamentalement liée à la problématique du pouvoir (GESCHIERE, 1995). Elle n’est plus comme dans les sociétés rurales dites traditionnelles « un système ritualisé, monopolisé par une classe de spécialistes, destiné à restaurer l’harmonie sociale ». 33 Instrumentum Laboris de la IIè Assemblée Spéciale pour l’Afrique, n° 12. Les études consacrées au problème de la sorcellerie en Afrique depuis les années 90 sont nombreuses. Ces études établissent ses liens avec la modernité. Ce rapport entre «sorcellerie» et «modernité» s’est imposé par ce qui est constaté de façon insistante «sur le terrain». « Les enjeux ouverts par les liens entre ‘’sorcellerie’’ et ‘’modernité’’ dépassent largement le seul contexte des études africaines. Ce lien offre…un point de départ stratégique pour concevoir la complexité de la modernité en tant que telle: son ‘’enchantement’’, sous un désenchantement apparent, et l’importance continue du secret comme essentiel à toute forme de pouvoir, qui dérange encore et toujours le rêve d’une transparence accrue. » (GESCHIERE Peter, « Sorcellerie et modernité. Retour sur une étrange complicité » in Pouvoir sorcier, politique africaine, 79, 2000, p. 32). 35 SCHATZBERG dans « sorcellerie comme dynamique de causalité politique » fait remarquer par ailleurs que « Bien des Africains comprennent la sorcellerie comme un mode de causalité parce qu’ils sont persuadés que de sombres forces influencent souvent de manière décisive les événements quotidiens, tels les matchs de football, ainsi que ceux de la haute politique. Ils sont également persuadés que la sorcellerie est un moyen parmi d’autres de réaliser certains projets de la vie de tous les jours, et que les politiciens ne s’en privent pas pour atteindre leurs propres buts politiques » (in Politique Africaine, 79, 2000, p. 36). 34 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 C’est aujourd’hui un langage fluctuant autant qu’un nombre de techniques sans cesse changeantes, offertes à tout venant. Mais ce langage, ces pratiques obéissent sans doute à une préoccupation centrale: ordonner les rapports de forces dans le concret ou dans l’imaginaire. (BERNAUT & TONDA, 2000, p.7). Si elle est « offerte à tout venant », la sorcellerie n’est donc plus une « ressource » à la seule portée des puissants. Les faibles, les personnes fragiles, peuvent aussi en disposer puisqu’elle ne relève pas d’une législation qui en octroie l’autorisation, la permission. Elle leur est accessible en tant qu’« énergie » selon leur désir36. La sorcellerie, selon BERNAUT & TONDA, est « considérée comme ressource, énergie ou capital dont disposeraient ou non les individus en fonction des situations et des positions occupées dans l’organisation des rapports de forces. » (p. 8). Ces rapports de force sont en jeu dans deux sphères : la première est constituée par les structures relationnelles (parentales, villageoises, urbaines, et dans leurs spécifications professionnelles, politiques, de voisinage, etc.) et les structures mentales et affectives ; la seconde est celle de l’économie et le domaine public de l’État. Dans le cadre de la confrontation des forces, des écarts se creusent, des espaces sont libérés dans ces différentes sphères. Il y a écarts quand les relations familiales connaissent des déchirures, se décomposent ; quand la situation économique et politique est désastreuse. La sorcellerie est mise à contribution, à la fois « comme ressource ou capital d’ordonnancement du monde, technique ou moyen de réduction et de réalisation des écarts. » (BERNAUT & TONDA, p. 8). En s’investissant dans la sorcellerie, certains acteurs sociaux aujourd’hui en Afrique visent à se doter d’un pouvoir, autre que rationnel, qui leur permet soit de tirer parti dans le champ de domination de leurs communautés et de l’État soit de satisfaire des intérêts matériels37. Le trafic des organes humains et leur consommation participent de cette quête de pouvoir, de ce matérialisme et consumérisme au moyen des pratiques occultes38. Cela a été fortement illustré lors de la guerre au Libéria de 1989-1997 (ELLIS, 2000, pp. 66-82). De nombreux combattants ont consommé des parties du corps humain (p. 67). « Monrovia furent choqués de voir ces hommes éventrer les corps de leurs victimes, manger leur chair et leurs organes, notamment le cœur » (p. 66). Une telle pratique est localement justifiée par la croyance selon laquelle « l’essence d’une personne est contenue dans son cœur et son sang, et qu’en les consommant un guerrier acquiert une partie du pouvoir de sa victime » (Ibid.). L’objectif de cette manducation macabre est de prendre l’ascendance en pouvoir sur l’adversaire : « manger le cœur d’un homme valeureux sur le front nous rend aussi forts que lui…» (Ibid.), affirment les belligérants ; ou encore, de décupler ses propres forces : la consommation de la chair humaine rend les combattants plus forts (p. 67). La sorcellerie est aussi analysée comme « mode de causalité politique » (SCHATZBERG, 2000, pp. 33-47). Un mode qui doit être associé aux perspectives moderne, scientifique et religieuse si l’on 36 OUATTARA fait cette distinction entre pouvoir et puissance où le premier est de l’ordre de la loi et le second corrélé au désir. « Ne faut-il pas soigneusement distinguer pouvoir synonyme de droit, d’autorisation, de permission et la puissance au sens de la capacité, de l’énergie ? (May, Can). La puissance doit-elle forcément s’accaparer de tout le pouvoir social ? » (Pierre Saïdou OUATTARA, Culture de l’amabilité, Comment penser autrement l’éducation en Afrique, Paris, l’Harmattan, 2010, p. 85). 37 MBEMBE écrit à ce propos : « Les langages contemporains de la sorcellerie posent aussi la question du traitement des conflits, de la justice et de la vengeance, dans des sociétés où le désordre prime sur la loi, même lorsqu’elle existe théoriquement. La sorcellerie contemporaine peut donc être interprétée comme le langage de la suspicion à l’égard des modalités du pouvoir dans l’Afrique postcoloniale. Elle questionne, sous une forme métaphorique, les formules de redistribution des biens en vigueur et les inégalités qui en découlent dans la mesure où nombreux sont ceux qui sont exclus du part partage. » (Afrique indociles, p. 64). 38 BERNAUT & TONDA rapportent le cas des personnes qui « vendent aujourd’hui leur clitoris, achètent les organes sexuels des autres, exterminent des enfants et en extorquent cœurs, sang, pénis ou crânes, commettent l’inceste avec leurs filles ou leurs nièces » (p. 12). 38 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 veut comprendre la réalité politique africaine contemporaine. « Sa place dans cette combinaison se justifie par l’influence qu’exerce souvent le monde invisible sur le comportement politique en 39 Afrique. De fait, « les Africains pensent que la sorcellerie existe au cœur de leur monde politique et, en conséquence, leurs interprétations et compréhensions des événements politiques accordent assez souvent une influence causale importante au rôle joué par les sorciers. » (SCHATZBERG, p. 34). Ils l’utilisent comme moyen de compréhension du politique et instrument pour l’atteinte de certains résultats dans ce domaine (SCHATZBERG, p. 33). La contre-violence comme réponse à celle de l’État Les populations africaines ne jouissent pas des biens qu’elles produisent par leur travail. À cela, s’ajoutent les exactions de l’État contre elles. Si des mouvements de révolte populaire se notent par endroits – révolte contre la faim, révolte contre la vie chère – contre les pouvoirs en place, ce qui donne se donne plus à voir est la contre-violence au sein de la société civile. Elle est exercée contre les plus fragiles : « le plus fort agresse le plus faible » (CHABAL, p. 57). Certains pays ont été le théâtre de scènes tragiques de xénophobie, où l’étranger symbolisait tous les malheurs de la société et servait de bouc émissaire : des êtres humains ont été brûlés vifs, déchiquetés, de familles ont été dispersées, des villages détruits39 ». Il faut noter là le traitement réservé à l’étranger celui qui en Afrique est en théorie considéré être chez soi hors de chez lui. Celui à l’endroit de qui ne requiert pas chez l’autre, son hôte, un « parcours de reconnaissance » (RICŒUR, 2005). L’étranger […] pour être reçu en toute cordialité, pour être invité à partager un repas, un litre de vin de palme, un coin de chambre, il n’a pas besoin d’être d’abord connu ! Il est simplement accueilli comme une personne à laquelle l’on était depuis longtemps habitué, un membre de la communauté (SAVADOGO in OUATTARA 2010, pp.10-11). « Étonnante nature de l’Africain chez qui la reconnaissance précèderait la reconnaissance ! » fait justement remarquer OUATTARA (p. 11). Elle ne se vérifie pas aucunement dans cette description. Que signifie alors une nature qui n’est pas naturelle si non qu’elle est une fiction, de l’ordre de l’imaginaire ? Cette valeur du bon accueil de l’étranger, logée dans l’imaginaire africain n’expliquerait-il pas justement les scènes de xénophobie recensées sur le continent depuis la veille des indépendances40. Ce rejet de l’autre, cette haine de l’autre appellent à porter un regard sur la culture africaine autre que celui qui asservit les Africains. 2.4. La vie étouffée : la servilité culturelle Les traits culturels dont se réclame l’Afrique dans le souci de marquer sa différence surtout avec la culture occidentale se révèlent comme un piège. Il en est ainsi de l’idée de la grande famille qui s’étend jusqu’au clan et à l’ethnie. Les membres s’y reconnaissent comme frères. Cette fraternité se vit – même pas toujours – dans les limites du groupe d’appartenance. Elle ne va pas au-delà de l’ethnie. Des relations humaines qui ne se nouent qu’avec ses « semblables » est une asphyxie de la vie. La vie est ouverture à l’autre, différent des siens. Elle est accueil de la différence. L’Africain 39 Instrumentum Laboris de la IIè Assemblée Spéciale pour l’Afrique, n° 50. Les étrangers, notamment les Béninois, Burkina Be Togolais, ont été expulsés de la Côte d’Ivoire en 1958. Le Nigéria et le Gabon en firent de même dans les années 80. Les actes de maltraitance des étrangers africains, le pillage de leurs biens sont récurrents depuis la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud. Ils sont l’œuvre des Noirs Sud-africains ! 40 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 qui enferme ses relations dans le cadre restreint de la famille élargie est assujetti par la culture incarnée par celle-ci. Il ne répond plus ainsi à l’exigence et à l’appel intérieur pour lui à être une 40 personne libre. Sa capacité à apporter du nouveau, à être créatif est du même coup annihilée. Les interrogations de OUATTARA (2010) sont une invitation à se libérer du « sacré » de l’ethnie pour donner vie à la vie à l’échelle individuelle et étatique. La vie que célèbre l’Afrique traditionnelle n’est-elle pas une vie qui tend à étouffer la créativité dans ses enfants en qui et par qui elle veut pourtant être honorée ? Comment honorer la vie en menant une existence d’esclave culturel ?... Pour le bien des nations africaines et de l’Afrique en général, pour que la vie y soit véritablement honorée, ne faut-il pas que soit combattu l’esprit tribal, l’esprit de clan ou ethnique, qui constitue une forme de dictature identitaire ? (p. 19). La voie qui s’offre d’abord aux Africains pour se libérer de cette « dictature identitaire » est leur engagement pour une pensée autonome. 2.5. Une crise de la vie de l’esprit J’entends ici l’expression vie de l’esprit au sens des capacités mentales et cognitives, plus précisément celle de penser. La capacité à penser, c’est-à-dire à produire un discours autonome qui questionne les opinions et les soumet à l’épreuve rationnelle de la justification et de la véracité. Réfléchir par soi-même est une naissance à soi dans sa singularité, sa propre individualité. « Naître à sa propre individualité implique l’exigence de penser par soi-même et non par procuration » (OUATTARA, p. 33). La naissance à son individualité propre n’implique pas rupture d’avec l’exigence de solidarité. Individualité qui n’est pas synonyme de repli sur soi, d’égoïsme. L’égoïste s’attache excessivement à lui-même. Il recherche exclusivement de façon voulue et calculée, son plaisir et son intérêt personnels. Il choisit ce dont il a envie sans s’inquiéter du sort des autres. Il manque de sens social, de la vie communautaire. Une communauté d’égoïstes est celle où les membres vivent « seuls ensemble ». Il est paradoxal par exemple que l’Afrique où la solidarité est considérée comme une des données par excellence de son identité culturelle soit le théâtre des attitudes d’insensibilité et d’indifférence. Voilà deux indicateurs supplémentaires pour reconnaître l’égoïste dont les manifestations sont le fait de se montrer étranger aux événements, aux souffrances et aux injustices. Fait concret également qu’est l’habitude à se mettre en retrait, à ne pas s’engager, tout en désirant profiter, ultérieurement, des efforts des autres. Bien d’autres exemples peuvent être évoqués par rapport à la « défaite de la pensée » en Afrique. Comment expliquer l’échec des Africains à incarner les valeurs dont ils sont porteurs ? Comment comprendre l’accaparement des biens publics par les dirigeants quand ceux-ci sont censés honorer la vie ? Car garder les ressources étatiques pour soi seul prive les autres citoyens des besoins nécessaires à leur vie. Comment justifier l’assassinat de l’adversaire politique dans un univers culturel de respect de la vie et du sens du péché ? Autant d’interrogations qui donnent à penser à l’absence de pensée sur les valeurs culturelles africaines. Elles ne sont pas élevées au statut d’objets de réflexion par l’individu africain pour en saisir le sens, en déterminer la portée, donner les raisons de leur conservation et identifier les champs de leur actualisation. Non soumises à la réflexion, à la critique objective, elles ne peuvent être vécues que de façon aveugle, grégaire. Les conséquences dans les différentes sphères de la vie sociale et politique en sont désastreuses. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 La crise de la vie de l’esprit est en même temps crise de l’esprit de la vie sur le plan individuel et communautaire. L’esprit ici renvoie au sens donné à la vie. Sens qui est la fois signification et 41 direction. OUATTARA (2010) donne des pistes pour la détermination de ce sens. Elle doit partir tout d’abord, en portant un autre regard porté sur soi, du changement des mentalités, condition pour l’avènement d’un type nouveau d’Africain. La perception par ailleurs des désastres occasionnés par les mentalités du moment constituerait une onde de choc pour faire l’option d’une autre manière d’être. (Cf. p. 9) 41 La non intégration des réalités concrètes de l’existence de l’Africain dans le monde d’aujourd’hui a rendu inopérant les théologies de l’identité et de la différence. Les contradictions entre les valeurs proclamées et le comportement des Africains devraient leur servir d’alerte pour penser autrement l’articulation de la culture africaine et la foi chrétienne. III- DE LA FAILLITE DES THEOLOGIES DE L’IDENTITE ET DE LA DIFFERENCE A UNE THEOLOGIE POUR LA MODERNITE AFRICAINE Le projet des théologies de l’identité et de la différence est de revaloriser le patrimoine culturel africain déprécié pendant la période coloniale et de s’en servir pour la retraduction de façon originale des données cardinales du christianisme. La cause de la faillite d’un tel projet est à chercher dans le statut des valeurs traditionnelles africaines dans la modernité. 3.1. Une vision statique de la culture Toute culture est dynamique. Et aucune ne peut exister en vase clos au risque de se muer en idéologie ou en mythe. Tout en conservant ses caractéristiques originaires et originales, elle se modifie dans la rencontre avec d’autres cultures. Qui plus est, « la culture n’existe pas comme une réalité "en soi", en dehors des individus, même si toute culture a une relative indépendance par rapport à ceux-ci » (CUCHE 1996, p. 35). Elle est incarnée par les individus de la communauté historique qui l’ont en partage. Les traits culturels sont saisis à travers leur manière d’être, de penser, d’exprimer leurs sentiments, d’agir et de vivre en commun. Ils les transmettent de façon informelle dans les actions et les pratiques quotidiennes et par l’éducation aux nouvelles générations. Soumise aux changements, la culture est donc liée au temps. Ainsi, les cultures africaines de la période précoloniale ne sont pas demeurées intactes dans leur rencontre avec l’Occident et leur entrée de force dans la modernité. Cette donnée du changement culturel dans la temporalité n’a pas été prise en compte par les théologies de la différence et de l’identité. Dans cette volonté d’affirmer la spécificité de la culture africaine et son droit à dire le divin dans l’universel chrétien, elles ont tenu des discours à partir des matériaux culturels « fossiles ». Les critiques par rapport à cette vision fixiste de la culture et son usage dans la démarche d’inculturation font nombre. Elle est en rupture avec l’histoire réelle des peuples africains. L’étude du patrimoine culturel des sociétés s’est faite hors de leur champ historique et contexte, de leurs sens et rationalité. On ne peut donc ainsi « sous prétexte d’ ‘’inculturer’’ le christianisme, faire l’impasse sur les espaces-temps (ancestral et contemporain) qui les provoquent et qu’elles affrontement. » (MBEMBE, 1988, p. 57) 41 Même moyen que préconise le Concile Vatican II pour que l’ordre social et son progrès soient mis au service du bien des personnes : « Il faut travailler au renouvellement des mentalités et entreprendre de vastes transformations sociales. » (Concile Vatican II, Gaudium et Spes, n° 26, §3). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 L’univers culturel africain du passé, constitué de récits mythiques, des pratiques rituelles avec leurs divers symboles et de codes moraux, était en consonance avec les structures, les réalités et 42 l’organisation des sociétés. Ces données culturelles sont remodelées selon les époques sous les influences extérieures. Une culture immuable, intemporelle, qui est donc à l’abri des influences de l’histoire est un mythe (MANA, 1993, p.74). « C’est l’idée de quelques idéologues et quelques despotes... un mensonge trop grossier pour ne pas recouvrir des intérêts et une stratégie de domination », écrit TOURAINE (1994, pp. 235-236). Tel le discours du Président français Nicolas Sarkozy à l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar, reprenant dans un psittacisme impensable les affirmations de HEGEL dans La Raison dans l’histoire42. Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire… L’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin… Le problème de l'Afrique, c'est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l'éternel retour, c'est de prendre conscience que l'âge d'or qu'elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu'il n'a jamais existé. (SARKOZY, 2007). Un tel discours est soit idéologique soit révélateur d’une ignorance des changements culturels et sociaux tels que mis en lumière par les sciences sociales. La certitude est qu’il relève du « fétichisme culturel ». La critique de BOULAGA (1977), allant dans le sens d’une évaluation lucide et objective de la fécondité des valeurs africaines, invite à une rupture avec ce fétichisme culturel : « Nulle part […] les valeurs traditionnelles ne prennent en charge la direction et l’animation spirituelle de l’appareil technique et industriel ni même les appareils sociopolitiques » (p. 277). L’absence de prise de ces valeurs sur les susdits domaines d’activité et de l’existence appelle à porter un regard autre sur le mode réel d’inscription des Africains dans la modernité. Les discours classiques issus de la négritude et de l’ethnologie coloniale, caractéristiques des théologies de l’identité et de la différence doivent laisser place à une « théologie contextuelle ». Face à la souffrance et à la misère des peuples en Afrique, la théologie doit être orientée dans le sens de l’adaptation à l’époque et aux réalités du lieu de sa production et de la formulation de ses objectifs. La tâche de la théologie africaine est d’intégrer le sujet africain et sa manière de concrète de vivre la foi au lieu d’un discours apologétique plus soucieux de l’exaltation et de la revendication d’une spécificité chrétienne africaine. L’homme africain doit assumer la responsabilité de la manière dont sa foi est à l’épreuve des réalités et défis du continent (cf. METZ, 1979)43. Une théologie qui intègre la manière dont les africains se réapproprient et produisent une autre compréhension des données du christianisme ; un travail de production d’une autre intelligence de la foi où les chrétiens africains mobilisent des « stratégies symboliques et matérielles, des luttes sociopolitiques ». Nécessité d’une contextualisation de la foi dans la mesure où le champ religieux n’est pas fermé par lui-même mais est en interaction avec d’autres pratiques sociales (MBEMBE, 1998, p. 32-33). La réalisation de ce projet exige des Africains d’intégrer radicalement dans leur existence et d’approfondir la manière dont le Christ au cœur de sa culture a vécu en homme libre. La conquête 42 Selon HEGEL, les nègres, tels nous les voyons aujourd’hui, tels ils ont toujours été et que leur situation n’est susceptible d’aucun changement. Ils sont en dehors de l’histoire consciente du monde. 43 Ce fut la thématique de la conférence panafricaine des théologiens du tiers monde à Accra en 1977. La problématique portait sur l’option que devra faire la théologie africaine : « Libération ou adaptation ? ». À l’avenir, disait le communiqué final, elle devra être une « théologie en situation », une théologie engagée, au service de la « lutte contre toutes les formes d’oppression et de ségrégation ». Tout en allant dans le sens de la libération, elle se démarque de la vision latino-américaine de ce type de théologie. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 et l’accès à cette liberté à l’exemple du Christ n’est réalisable que par un certain nombre de 43 conversions : conversions intellectuelle, culturelle, éthique, sociopolitique et spirituelle. 3.2. Un regard christocentrique « L’invention du Christ » en Afrique n’a pas généré une lumière intellectuelle et une force spirituelle pour les Africains les engageant pour la transformation de l’existant social et politique. Le « Christ-Ancêtre », le « Christ Maître d’initiation », le « Christ-chef »…sont des discours théologiques d’une pure revendication du droit à la différence dans l’absolu chrétien. Le Christ, l’homme libre des Évangiles, au contraire, est porteur d’un message de libération individuelle au service de l’édification d’une communauté de personnes dont l’humanité n’est pas défigurée. Contempler et imiter Jésus, homme libre Les Africains, pour sortir de l’enfermement d’une vie dans le regard de la communauté, doivent se mettre résolument à l’école de Jésus dans sa manière d’exercer la liberté. Une liberté qui s’actualise dans l’immersion des réalités sociales et culturelles du peuple juif mais dans une distance critique par rapport à elles. Dans le Nouveau Testament plusieurs titres ou noms sont donnés à Jésus (Messie, Fils de Dieu, Fils de l’homme, Serviteur). Tous ces noms sont objets de discussion quant à leur « sûreté historique ». Ce qui est certain, comme l’affirme DUCOQ (1973), la vie de Jésus le révèle comme homme libre : « La conscience de Jésus n’est pas à chercher ailleurs que là où elle s’est rendue visible : dans sa personnalité libre » (p .69). Toutes ses décisions, ses relations avec les personnes quelles qu’elles soient, son rapport avec les différentes institutions de la vie sociale (famille, castes religieuses, pouvoir politique) émanent de sa liberté souveraine. Il engage sa liberté de manière très précoce. Il affirme à l’âge de douze ans son option d’une relation privilégiée avec son Père au moment où ses parents adoptifs le cherchaient après la célébration de la pâque à Jérusalem : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être chez mon Père ? » (Lc 2,49). Il donne de nouveaux critères de constitution et de reconnaissance des liens familiaux. Ceux-ci ne sont plus déterminés ni par la consanguinité, ni par la filiation. L’appartenance à sa famille requiert une exigence : la mise en pratique de la volonté du Père (Mt 12, 49-50). De par ce critère, Jésus offre particulièrement aux Africains de s’insérer dans un nouveau type de famille qui les libère de leur forme de solidarité communautaire qui non seulement est sélective, discriminante mais aussi asphyxie les membres. « La vie en communauté est le cadre d’une solidarité qui englobe tous les individus, qui exclut toute opposition entre eux » (SAVADOGO, 2002, p. 292). L’attachement à la famille transforme les membres en débiteur insolvable44. La solidarité africaine obéit aux intérêts globalement matériels que les membres de la communauté attendent les uns des autres. Or la solidarité inspirée par le Christ est humanisante, comme le rappelle le pape FRANÇOIS (2013). 44 Alain Marie, parlant de l’Africain qui a réussi ses études et s’insère dans le monde du travail, décrit ainsi sa situation : « Sa réussite, parce qu’elle s’inscrit dans un programme conçu et mis en œuvre par son entourage, est d’emblée hypothéquée par les attentes, les espoirs et les efforts que celui-ci a concentrés sur elle : plus qu’aucun autre enfant du lignage, sans aucun doute, le jeune homme qui réussit dans ses études, est un fondé de pouvoir très lourdement endetté. » (« Avatars de la dette communautaire. Crise des solidarités, sorcellerie et procès d’individualisation » in L’Afrique des individus, Paris, Karthala, p. 254). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Nous éduquer à la solidarité signifie alors nous éduquer à l’humanité : édifier une société qui soit vraiment humaine veut dire mettre toujours au centre la personne et sa dignité, et ne jamais la vendre à bas prix, à la logique du profit45. Cette solidarité à dimension universelle ne peut que se suivre qu’en se constituant sujet. L’élévation de soi à cette à stature s’opère par le processus d’individualisation46. Celle-ci est définie par MARIE (1997) comme : La prise de distance, objective et subjective, de la personne vis-à-vis de ses inscriptions et déterminations sociales, ce qui implique que l’on conçoive la possibilité matérielle de s’affranchir de l’appartenance communautaire et, par suite, la possibilité intellectuelle (et affective) de se mettre à distance réflexive et critique des fondations éthiques qui sous-tendent les ressorts de sa solidarité (p. 73). De fait, la solidarité selon METZ (1979), est une catégorie fondamentale de la théologie politique du sujet. Le sujet en tant qu’individu libre et qui vit à hauteur de sa majorité (KANT) exprimée véritablement à travers un souci à la fois concret et pratique pour les conditions publiques de l’exercice de la raison critique (p.153). La majorité est tout autant question de vie morale de l’individu que de structures et de relations sociales. Cette dans cette identité du sujet que Jésus exprime son être propre non dans une posture solipsiste, autarcique, mais dans l’intersubjectivité, l’accueil de l’altérité sans faire acception de personne47. Jésus ne laisse pas les relations étouffer la réalisation de sa mission et son besoin de solitude, de prendre du recul. Il se crée un espace intérieur, un temps d’intimité avec son Père dans la prière 48. Il prend ses distances par rapport au désir de la foule qui ayant bénéficié des bienfaits de la multiplication du pain, voulait le faire roi (Jn 6, 14-15). Jésus s’est montré aussi libre vis- à-vis de la religion (Loi et traditions). Jésus en se référant à la Loi ne cherche pas à rompre avec elle ou à l’abolir. Il dit plutôt être venu pour l’accomplir (cf. Mt 5, 1719). Selon Jésus, la loi ne doit pas asservir l’homme mais mis au service de son épanouissement. « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. Sachez que le Fils de l’Homme est Seigneur, même du sabbat » (Mc 2, 27-28). La référence finale dans l’observance de toute loi est la charité qui prend en compte les situations. Jésus a fait preuve d’une liberté suprême à travers laquelle, il rend libre l’humanité entière. Il la rend libre en premier lieu à l’égard de Dieu. « Jésus délivre [d’un] Dieu imaginaire» (DUCOQ, p. 104), que l’homme se forge à partir de ses désirs tel par exemple qu’il soit garant de l’ordre social (pp. 122-123). Jésus rend aussi libre l’humanité à l’égard de l’homme du fait que son pardon libère du cercle vicieux de la vengeance et de la haine meurtrière. En définitive, Jésus témoigne d’une liberté intérieure qui brille en une « attitude libérante » (DUCOQ, p. 34). 45 Message pour la Journée mondiale de l’alimentation, 2013. Processus qu’il faut, selon MARIE, différencier de celui d’individuation de la personne. Celle-ci est la production, la reconnaissance et l’utilisation des différences qui sont spécifiques à l’individu telles que les attributs, les dons et les dispositions caractérielles. La personne concrète y est perçue et reconnue dans son unité et dans son unicité (cf. L’Afrique des individus, p. 61) 47 « Dieu ne fait pas de différence entre les personnes. » (Rm 2, 11). Voir aussi : Ga 2, 6 ; Ep 6, 9. 48 « Au petit matin, alors qu’il faisait encore nuit, Jésus se leva, sortit et s’en alla dans un lieu désert. Il y resta en prière. Simon et ses compagnons se mettent à sa recherche et, quand ils le trouvent, ils lui disent : “Tout le monde te cherche.” Il leur dit alors : “Sortons d’ici, allons aux villages voisins pour que j’y prêche aussi ; c’est pour cela que je suis sorti.” » (Mc 1, 35-38). 46 44 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Un contrat de vie pour les Africains : le discours inaugural de Jésus Au début de son ministère public, Jésus, reprenant le prophète Isaïe, présente l’orientation fondamentale de sa mission. L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a consacré pour donner aux pauvres une bonne nouvelle. Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce de la part du Seigneur (Is 61, 1-2)49. Ce discours inaugural est l’expression profonde de l’esprit qui anime de Jésus, un projet de libération totale de l’homme. Il est la manière dont il veut engager sa vie. C’est le cœur de son cœur où se loge sa compassion pour toutes les souffrances humaines et sa volonté de l’habiter. La suite de Jésus engage ainsi tout disciple à être partenaire de ce projet en se l’appropriant. Les situations humaines évoquées dans ce tableau sont à l’image de celles qui génèrent le désespoir dans les sociétés africaines. De ce fait, Jésus donne aujourd’hui à ses disciples africains cette charte comme chantier à réaliser, tant au niveau individuel que collectif. Elle n’est pas seulement une parole adressée à une personne pour la tirer d’affaire seule, mais une parole qui, une fois investie dans la conscience et dans la profondeur de tout l’être, devient une dynamique de changement à l’échelle de la société tout entière, un principe de solidarité. (MANA, 1994, p. 47). En ajoutant que cette Écriture s’accomplit dans le présent, Jésus situe cette mission de lutte contre toute dégradation de l’humain non dans un avenir lointain mais dans l’éternel présent. Une actualité pour l’Afrique dont la paupérisation des masses est d’autant plus massive : L’Afrique constitue un lieu décisif pour la stratégie Jésus dans l’histoire du monde aujourd’hui. Jésus investit en elle les grandes énergies pour faire mûrir la conscience humaine et lui faire faire un pas de plus dans l’avènement de l’humain (MANA, p. 49). Pour mener ce combat, Jésus investit les pauvres eux-mêmes dans l’esprit des Béatitudes : « En avant les pauvres » (Mt 5). Les pauvres du continent sont ceux qui sont matériellement démunis, les chômeurs, les victimes d’injustice, qui sont laissés pour compte dans les périphéries de la société…bref les personnes fragiles. Ce sont aussi les riches qui n’ont pas de colonne vertébrale intérieure. Jésus les libère en leur conférant la capacité d’être des acteurs agissants dans le combat pour sortir de leur détresse. Jésus a une stratégie : semer dans la conscience de ceux qui n’ont rien, qui ne sont rien, et qui ne valent rien aux yeux de l’ordre établi, les énergies pour créer un monde nouveau, de solidarité, de liberté, où chacun peut, par la force de l’amour, compter sur les autres et bâtir avec eux des structures de vie pleine » (MANA, 1994, p. 51). Les pauvres en Afrique déploient déjà leurs énergies en ce sens. Ils sont à l’œuvre dans une forme de contestation, d’insoumission qui doit encore s’élever à la hauteur des enjeux de leur misère et des injustices qu’ils subissent. La dérision politique, les chansons d’humour corrosif à l’endroit des dirigeants participent de cette « politique par le bas ». Jésus totalise dans ce discours tous les défis que les chrétiens africains doivent relever au niveau politique, économique et social et culturel. 49 Voir Lc 4, 18-19. 45 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 3.3. Par-delà le profane et le sacré : le regard de foi sur toute réalité Le ciel à Dieu, la terre aux hommes Par contraste du déclin de la pratique religieuse dans les sociétés de vieille tradition chrétienne, les Africains sont loués pour leur attachement à la vie spirituelle. Les Églises remplies, les liturgies festives, l’attachement aux dévotions et la ruée vers les lieux de pèlerinage, les nombreux baptêmes annuels sont, entre autres, les faits évoqués pour attester la forte vitalité du Christianisme en Afrique. Les nombreux cultes qui y ont cours sont ainsi retenus comme critères d’évaluation de l’existence chrétienne. La prédominance si non la « consommation » du sacré occulte la problématique centrale de l’être chrétien : la foi comme matrice de l’existence globale. OUATTARA (2010) fait état de cette réalité de l’absence de la mise en jeu de la foi dans la vie concrète quand il dit des Africains : Ils demeurent indécis dans la pratique de leur foi. Dans leurs faits et agissements au quotidien, ils n’obéissent pas en réalité au Dieu de leur profession de foi officielle, celui de leur appartenance confessionnelle. Lorsqu’ils agissent, on ne sait plus trop à quel Dieu ils obéissent ou se fient. Si dans les discours les plus courants et à travers la multiplicité des différents cultes, Dieu ne leur semble pas étranger, à voir par contre leurs agissements, il leur serait, selon toute vraisemblance, inconnu (pp. 26-27). Le problème ainsi identifié est la vérité de l’effectivité de la transcendance dont les Africains sont dits être ouverts. Plus précisément, la proposition chrétienne n’affecte pas et n’oriente pas leurs comportements. Ils peuvent reprendre à leur compte les paroles mêmes du psalmiste : « Les cieux sont la demeure du Seigneur mais la terre, il l’a donnée aux hommes » (Ps 115, 16). Par cette séparation des deux mondes divin et humain, ne vivent-ils pas dans un registre de « désenchantement du monde » ? (WEBER, 1964). Comment comprendre le fait que l’affirmation de la foi en Dieu donne lieu à ce qui s’apparente à une sécularisation ? En effet, la sécularisation étymologiquement dérive de siècle et renvoie à la vie mondaine, au profane. Elle est ainsi définie par BERGER (1971) : « Nous entendons par sécularisation le processus par lequel des secteurs entiers de la société et de la culture sont soustraits à l’autorité des institutions et des symboles religieux » (p. 174.). En ce sens, les Africains évincent Dieu des domaines d’activités de leur vie. Leur vie se partage entre deux pôles radicalement séparés : d’un côté le culte relevant du sacré et de l’autre les sphères d’activités correspondant au profane. Avant l’évangélisation, les sociétés africaines vivaient selon les systèmes socioreligieux qui prenaient en charge la totalité de leur existence. Ce complexe religieux imprégnait toutes leurs activités, orientait et rythmait le temps social. Il marquait et encadrait l’espace social et offrait un code éthique pour la vie en commun. La proposition chrétienne a déstructuré cet univers religieux. Les croyances défaites n’ont pas véritablement trouvé de répondant adéquat dans les données de la foi chrétienne. L’Église en Afrique, après l’œuvre des premiers évangélisateurs, s’est plutôt engagée fortement dans la « sacramentalisation » que d’annoncer le Christ de manière qu’il devienne la véritable source pour l’orientation de la vie dans toutes ses dimensions. D’où ce type de « schizophrénie spirituelle » qui se donne à voir dans l’être-au-monde des Africains. D’un côté les célébrations religieuses dans des espaces et temps sacrés, de l’autre la vie sociale soustraite à toutes influences du patrimoine spirituel chrétien50. Les actions sociales dans cette situation de répudiation de Dieu 50 Il me semble qu’à la lumière de ce dualisme peut se comprendre en partie le fait d’avoir une population à 94% de chrétiens au Rwanda et qu’il y ait eu extermination d’un million de personnes en cent (100) jours en 1994. Celles qui ont cherché refuge même dans des églises n’ont pas pu échapper à la mort ! 46 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 dans le monde ne poursuivent en définitive comme seuls buts que les intérêts personnels souvent sans référence éthique d’inspiration chrétienne. La foi n’est pas adhésion à des vérités professées de 47 manière intellectuelle mais des convictions qui s’incarnent dans l’agir. Comme le dit Saint Jacques, « Il sera facile de dire à quelqu’un : “Tu as la foi et moi les œuvres ? Montre-moi donc cette foi sans les œuvres, et je te ferai voir ma foi à partir des œuvres.” » (Jc 2, 18). Plus radicalement, l’élucidation du problème du clivage entre foi vie sociale et politique chez les chrétiens africain est à chercher dans le contexte, la nature de leur conversion et les mobiles qui y président. Selon MBEMBE, c’est un contexte de défaite où les vaincus répondent par des ruses (p. 77). En répondant à la question de savoir « pourquoi se sont-ils ‘’convertis », l’on a trop souvent négligé la part de ruse et de calcul qui convainquit les natifs de ‘’fréquenter’’ les systèmes religieux et symboliques victorieux des confrontations qu’ils ne pouvaient plus différer. On n’a pas jeté suffisamment de soupçon sur ce qu’il y eut de simulacre dans la manière dont ils théâtralisèrent ce qui s’apparente bel et bien à la défaite de leurs dieux et de leurs codes de référence. (p. 77) On ne peut pas justifier toutes les conversions au christianisme en Afrique précoloniale par « la simulation » pour garantir sa « sécurité » dans un contexte de violence. L’histoire de l’Église en Afrique au contraire atteste la sincérité de l’adhésion au christianisme d’innombrable africains 51. Il est tout autant aussi vérifié que « des individus, des groupes et des catégories… surent localiser dans la proposition missionnaire des atouts nouveaux, manipulables à des fins sans rapport direct avec des buts dits spirituels » (MBEMBE, p. 85)52. Tout compte fait, il demeure que la problématique de l’adhésion au christianisme doit intégrer « la revanche des sociétés païennes »53 et l’incidence de la foi sur l’agir dans le monde social et politique. Une foi chrétienne dont « l’enjeu est de faire fleurir sur nos terres cette nouvelle conscience de la présence de Dieu au cœur du monde » (MANA, p. 49) Le sacré est dans le profane : l’expérience spirituelle de Jésus Une des attitudes constantes de Jésus dans les Évangiles est le dévoilement du sens spirituel de toutes les réalités et situations. Il ne réduit jamais les éléments de la création, les faits de la vie, les rencontres et expériences humaines à leur dimension horizontale, profane. La contemplation des oiseaux du ciel et des fleurs des champs lui donne de reconnaître la providence de Dieu qui doit susciter chez l’homme confiance et abandon (cf. Lc 12, 24-31). Les éléments constitutifs de la production agricole, le travail de la boulangère… sont pour lui des références dans l’identification des caractéristiques du Royaume (Mt 13, 3-8 ; Lc 13, 18-21). L’offrande de la pauvre veuve au trésor du temple est pour lui l’expression d’une personne qui a radicalement fait le choix de Dieu. De nombreux autres exemples encore attestent l’expérience spirituelle de Jésus à travers les choses ordinaires, simples, de la vie la vie quotidienne. 51 Les nombreux témoins de la foi, à travers l’engagement chrétien, l’exemplarité de la vie chrétienne, telle par exemple au Burkina, celle d’Alfred Simon Diban KI-ZERBO ; les Martyrs de l’Ouganda, Bienheureuse Clémentine Anwarite, vierge et martyre du Zaïre (République démocratique du Congo), Victoire Rasoamanarivo de Madagascar ; Bienheureuse Joséphine Bakhita du Soudan Bakanja, martyr du Zaïre (Cf. Ecclesia in Africa, n°34). 52 Aujourd’hui encore, des personnes se convertissent au christianisme pour des motifs sociologiques : honte de ne pas être appelé dans son milieu par un nom chrétien ; appartenir à l’Église en tant qu’institution qui a une forte valeur et crédibilité sociale ; la participation aux offices dominicales comme moment de se « montrer » socialement (apparat vestimentaire et autres) ; rencontrer des personnes qui de par leurs fonctions et leur position sociale peuvent toujours aider dans la résolution des problèmes… 53 L’usage des registres ancestraux, des croyances traditionnels et les données du christianisme selon les situations et les enjeux en termes de profit et d’efficacité. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 Jésus participe certes à la vie liturgique de son peuple avec ses temps et espaces sacrés. Il se donne des moments privilégiés de rencontre avec son Père dans la prière. Toutefois, dans son mode global 48 d’existence, la distinction entre monde profane et monde sacré se trouve abolie. N’est-ce pas ce qu’il veut faire intériorisé à la samaritaine ? « L’heure vient, et elle est déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. » (Jn 4, 23). L’absence de ce dualisme est dit pourtant caractérisée la spiritualité africaine, puisque selon la théologie africaine, « la vie « humaine est fondamentalement unité » (MVENG & al., 1987, p. 56). Une spiritualité plus unitaire dans laquelle il n’existe pas séparation entre le temporel et le spirituel (ibid.). C’est ce qu’affirment les théologiens africains : « Dans la dynamique traditionnelle, il n’y avait de dichotomie entre le sacré et le profane. Au contraire, c’est dans le contexte profane que se vivait l’expérience du sacré » (cf. MVENG & al., p. 56). Si telle est la spiritualité africaine, les Africains doivent se convertir pour renouer avec elle. Ainsi, ils peuvent découvrir dans toute activité, toute situation et en toute personne la présence de Dieu. Le regard de foi lasallien : un antidote à « la schizophrénie spirituelle » Le regard de foi lasallien relève de cette spiritualité du Christ où en toute chose il fait la volonté du Père. Jean-Baptiste de La Salle a été à cette école spirituelle du Christ. Ses écrits par ailleurs en exposent le contenu et les moyens pour la vivre. LA SALLE n’a qu’une seule vision des réalités terrestres. Elles n’ont pas de raison d’être en elles-mêmes. Elles n’existent que comme signes, comme révélatrices d’une autre présence : celle de Dieu. Elles doivent conduire le croyant à Dieu. S’il nous est bien permis d’aimer les créatures et quelque chose dans le monde, mais nous ne devons les aimer que par rapport à Dieu, et ce ne sera plus alors aimer la créature mais aimer Dieu dans la créature54. Cet amour de Dieu auquel il donne la primauté est le fondement du regard de foi. Vivre de l’esprit de foi, c’est « ne rien envisager que par les yeux de la foi, à ne rien faire que dans la vue de Dieu, à attribuer tout à Dieu55». Il définit l’esprit de foi, dans le « Recueil », comme celui qui « se règle et se conduit, en toutes choses, par des maximes et des sentiments de foi, tirés particulièrement de la sainte Écriture ». La foi est une attitude qui permet d’approfondir la connaissance des choses et ainsi dépasser leur caractère apparent pour accéder à leur vérité 56. Celui qui possède l’esprit de foi, fait tout « dans la vue de Dieu ». Dans son action il fait « attention à Dieu » et considère « Dieu pour principe et pour fin de tout ce [qu’il] fait »57. L’attention à Dieu est une autre expression de la « présence de Dieu » qu’il développe longuement dans la Méthode d’Oraison. Dieu étant présent partout, le chrétien ne peut donc mener son existence dans une perspective dualiste. Toutes les formes de restriction de la vie à une seule dimension dont le matérialisme et l’individualisme sont dès lors exclues. Dans la rencontre avec Dieu, la visée du chrétien est l’obéissance à ses « ordres » et la réalisation de sa « volonté en toutes choses ». Le chrétien doit intégrer les ordres et la volonté de Dieu à trois niveaux : les reconnaître dans tout agir et les adorer dans tout ce qui est, et dans tous événements de cette vie 58 ; servir de régulateur et de balise à l’agir et à la conduite ; constituer la finalité de l’agir. 54 Méditations pour le Temps de la Retraite, 201, 2. Règles communes des Frères des Écoles Chrétiennes, n° 2,2, 1717. 56 Méditations pour les dimanches 40, 2. 57 Recueil de différents petits traités, p. 79. 58 Recueil de différents petits traités, pp. 84-85. 55 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 25-51 L’esprit de foi lasallien traduit bien le concept de spiritualité en tant qu’ « option fondamentale et d’horizon signifiant de l’existence humaine » (MVENG & al., p. 56). Le chrétien africain qui 49 s’approprie les données et les modalités du regard de foi est à même de se libérer de tout fétichisme culturel et de vivre dans toute communauté comme créateur de vie et sentinelle de la dignité humaine. CONCLUSION La vie, le message et l’œuvre rédemptrice du Christ offrent de manière totalisante toutes les références pour une spiritualité susceptible de structurer, d’orienter et d’irriguer tous les domaines de la vie. Cette spiritualité ne peut réellement et profondément trouver son ancrage dans la texture des données cardinales de la vision du monde de l’homme africain que si celui a le regard fixé sur le Christ. Jésus homme libre qui ne se laisse pas inféodé ni par sa communauté ni par les traditions culturelles de son peuple. Traditions et cultures, comme en Afrique, qu’idéologues et oppresseurs fossilisent, en les déconnectant de la temporalité. Il vit toutes les situations en référence à la volonté de son Père. Il indique la voie aux Africains qui par cette séparation entre les domaines sacré et profane répudient leur regard de foi des actes quotidiens de leur existence. L’exercice de la foi frappé d’interdit dans le séculier dans un continent pourtant réputé ouvert à la transcendance est l’expression spécifique aujourd’hui du « désenchantement du monde » en Afrique. De ce fait, le type de conversion que les Africains ont à opérer est de passer de la consommation du sacré à un vrai « enchantement du monde », c’est-à-dire non pas seulement en discours mais aussi dans l’agir, à l’exemple du Christ. Ils ont à considérer les sphères d’activités, sociale, économique, culturelle et politique comme des lieux théologiques. Lieux de l’expérience de l’intersubjectivité, particulièrement dans le politique, qui doivent être en même temps espaces de rencontre avec Dieu. Autant de sites où, du « visage » (LEVINAS) de l’autre, du différent que soi, vient pour eux l’appel à ne pas porter atteinte à sa dignité. Seul le Christ se doit d’être leur référence, pour exercer cette responsabilité qui s’impose à eux à la vue du visage d’autrui. En définitive, leurs stratégies, qui constituent pour eux des « revanches » pour s’adapter aux mutations de la société africaine où ils sont en proie à l’oppression et à la déshumanisation, sont à être converties en celles du Christ. Le maintien dans la durée d’une foi chrétienne d’Africain dans l’existence concrète et globale et dans une intelligence du Christ toujours renouvelée exige aussi d’être « sujet » : auteur de sa propre vie, une vie pensée et une pensée de la vie en Christ. Ainsi, la vie de chaque Africain constituera un antidote contre « la civilisation de l’anti-frère » (ELA, p. 29). Références bibliographiques AMIN, S. Afrique de l’Ouest bloquée, Paris Minuit, 1971. BADIE, B. L’État importé, Paris, Fayard, 1996. BAYART, Jean-François. L’État en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989. BENOÎT XVI, Exhortation post-synodale « Africae Munus » (L’engagement de l’Afrique), Lomé, Saint Augustin Afrique, 2011. 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Pedro Acevedo Distrito Antillas – México Sur RESUMEN El intelectual católico se sitúa desde la realidad del mundo de hoy y se deja interpelar por los cambios que afectan la vida de los hombres y mujeres de hoy. ¿Qué papel juega la fe en la transformación de la realidad? La condición creyente parte de la contemplación como ejercicio correlativo a la acción profética, tal y como aparece en repetidas ocasiones en la Biblia. Tiene consecuencias claras en la asunción de un estilo de vida coherente, la opción preferencial por los pobres, una vida interior profunda y el ejercicio de la compasión, la fraternidad y la misericordia como testigos de Cristo resucitado. Palabras-clave: misericordia. intelectual católico, contemplación, realidad, creyente, Palabra, Introducción Pensar en lo que puede ser el aporte del intelectual católico o la intelectual católica en la realidad del mundo de hoy, es pensar en lo que esa misma realidad nos exige como cristianos y cristianas y los instrumentos de análisis, las categorías culturales, las identificaciones de las situaciones presentes en el mundo de hoy y la manera cómo, desde la fe, podemos contribuir a esa transformación y desde ese horizonte ser capaces de construir una sociedad más justa e igualitaria. Partir de la realidad Si hacemos un análisis de la realidad del mundo de hoy, descubrimos que estamos en continuos cambios y que esa situación despierta entre nosotros y nosotras respuestas diferentes, que van desde el miedo y el encerramiento en situaciones del pasado, hasta intentos de respuestas profundas y comprometedoras desde la fe y que nos lleva a reinterpretar la doctrina clásica de la Iglesia en muchos aspectos de su vida interna, de sus estructuras, de su teología, de la concepción de la moral, de su espiritualidad y de nuestra condición de hombres y mujeres creyentes que seguimos y asumimos un estilo de vida a partir de la persona de Jesús de Nazaret. El análisis de la realidad nos lleva a acentuar algunas situaciones relevantes en el mundo de hoy, tales como: a) Aumento de la pobreza en nuestras sociedades y, de manera particular, podemos decir que un gran número de personas en nuestros países del hemisferio sur no llega a cubrir las necesidades básicas de salud, alimentación, vivienda y acceso al estudio. Esta situación que se da en los niveles más bajos de la sociedad, contrasta enormemente con el crecimiento macroeconómico que ofrecen las estadísticas oficiales de algunos países. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 52-57 b) El fenómeno de la nueva geografía a nivel político, económico, social y cultural, originado por el fenómeno de la globalización o de la mundialización; en ese sentido, nos dice Ignacio 53 Ramonet: “La mundialización financiera ha creado su propio estado. Un poder sin sociedad. Este rol es ejercido por los mercados… las sociedades realmente existentes son sociedades sin poder y todo esto no deja de agravarse”1. c) Pensemos la importancia y el poderío de China en el aspecto económico, la nueva hegemonía de USA, las revueltas en el mundo árabe, los gobiernos de izquierda en América Latina y el Caribe, la crisis que se avecina en Europa por la situación económica y, actualmente, la falta de una generación política a la altura de la crisis apocalíptica que se vive. Además, las dificultades que se desprenden en muchos lugares de África, Asía y el Medio Oriente por el integrismo religioso musulmán. d) El fenómeno de la migración y lo que supone en la dinámica interna de los países; grandes capitales del mundo están dominadas por extranjeros (París, Madrid, etc.). El Papa Francisco ha insistido mucho en este tema de la migración, ya que el mismo tiene consecuencias directas en todos los países. Hay que ver las reflexiones que ese están haciendo en la actualidad a causa de tantas personas fallecidas en el Mar Mediterráneo. e) Unida a la migración, está el fenómeno de la interculturalidad en nuestros países, ya que las sociedades y los desplazamientos humanos originan una diversidad que hay que asumir e integrar. La cultura es un fenómeno diverso, pero en la actualidad se torna diversa y desafiante por los aspectos a integrar, respetar y entender. Nosotros y nosotras estábamos acostumbrados y acostumbradas a trabajar con grupos homogéneos, pero esa situación ha variado enormemente, sin referirnos a los cambios que se están operando dentro de las mismas culturas de nuestros países. f) Los cambios tecnológicos que crecen de manera vertiginosa y crean una cultura y una manera de entender la vida; en el aspecto de la comunicación, la tecnología está ocasionando una verdadera revolución y un estilo propio, sobre todo en las nuevas generaciones. g) La destrucción del planeta, ya que si bien hay un crecimiento en la conciencia ecológica, el deterioro del planeta está ocasionando serios problemas a nivel del medio ambiente, la agricultura, la calidad de vida, la salud, etc.; esta situación se está convirtiendo en una verdadera amenaza para la humanidad. Señalo solamente un ejemplo: ¿Qué va a suponer para la humanidad la falta de agua en el futuro? h) El fenómeno del narcotráfico y su influencia directa en la escalada de violencia, inseguridad ciudadana y la falta de control del Estado en nuestros países. Su relación con los estamentos policiales y militares hace más dramático este fenómeno y origina serios niveles de corrupción en los diversos estamentos del Estado. Hay zonas de nuestros países que están dominados totalmente por el narcotráfico. i) La ausencia de una ética y de unos fuertes referentes morales y sociales en nuestros países impiden que se vislumbren nuevos caminos ya que, de una u otra forma, todos estamos implicados, y se necesitan cambios tan radicales que a partir de las estructuras que tenemos se hace imposible realizarlos. 1 Juan Antonio Estrada. Religiosos en una sociedad secularizada, por un cambio de modelo. Madrid, Editorial Trotta, 2008, p. 128. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 52-57 Frente a toda esta situación, nos preguntamos ¿Qué papel juega la fe en la transformación de esta realidad? ¿Cuál ha de ser nuestra función como personas creyentes? ¿Qué podemos aportar desde 54 nuestra condición profesional en cambiar estas situaciones? Desde nuestra condición de profesionales católicos se nos abre un mundo de posibilidades que esbozaremos de manera breve en la presente reflexión. El compromiso cristiano desde la condición profesional Primeramente tenemos que ubicarnos en un punto de partida, que no es más que situarnos desde nuestra condición de creyentes dentro de las situaciones mismas que hemos descrito, que la tradición cristiana ha denominado contemplación. Sabemos que este término en la Biblia, como nos dice Fabio Ciardi, “está correlacionado con la acción profética, con la capacidad de “ver” el “revelarse de Dios” y en el Nuevo Testamento, la palabra contemplación – en griego Theoria – se encuentra una sola vez en el Evangelio de Lucas: “y toda la multitud de los que estaban presentes en este espectáculo – Theoria – (y se refería a la crucifixión del Señor), viendo lo que había acontecido, se volvían golpeándose el pecho” (Lucas 24,48). Ella es acto de toda la comunidad cristiana, como aparece en el nosotros eclesial, típico de San Juan: “y nosotros vimos su gloria, gloria como del unigénito del Padre, lleno de gracia y de verdad” (Jn 1,14)”2. Situarnos a partir de esta mirada creyente de la realidad es tomar conciencia, como nos dice el documento conciliar Gaudium et Spes (No.45), que “El Señor es el fin de la historia humana”. Esto supone, a su vez, una confianza en las personas, en el mundo en el que vivimos y en el que Dios está presente, no de manera mágica sino de manera real en las diferentes situaciones de la condición humana. Creer en estas situaciones es, además, mirar y transformar esa misma realidad con ojos de fe; dicha mirada nos invita a ampliar la perspectiva y a no quedarnos solamente ante los hechos mismos, y esta novedad en la mirada, que es la explicitación de la fe en la misma; ella es una mirada esperanzadora, nos mueve a la transformación histórica con un proyecto, que es poner al Señor Jesús en medio del mismo y, como nos dice Gustavo Gutiérrez, “Esperar en Cristo es, al mismo tiempo, creer en la aventura histórica, lo que abre un campo infinito de posibilidades a la acción del cristiano”3. Desde esta mirada esperanzadora es como podemos encontrar el sentido profundo de lo que significa contemplar este mundo y luchar por su transformación; vuelve a decirnos Fabio Ciardi: …contemplación no es, por lo tanto, una evasión de la historia, sino la capacidad de mirar fijamente al Cristo crucificado y después reconocerlo en la historia de cada persona y del mundo entero. Ésta debe de entenderse como una progresiva toma de conciencia de la presencia de Dios en la vida, que supera el mero conocimiento, hasta el envolvimiento total en la adhesión y en la conformación con Cristo, hasta hacerla testigo de su amor y de su acción liberadora; como un ponerse totalmente al servicio del proyecto de Dios, por su realización de la vida de cada persona y toda la sociedad.4 2 Fabio Ciardi, artículo titulado “Balconear o Caminar”, publicado en la Revista Vida Religiosa: Conocer la realidad y caminar con Esperanza. Vida Religiosa: “Despierta y Camina” – Número monográfico (No.3 / 2014/ Vol. 116) Madrid, España, p. 29 (253) y 30 (254). 3 Gustavo Gutiérrez. Hacia una Teología de la Liberación. Colección Iglesia Nueva No.8. Indo American Press Service. Bogotá, Colombia 1971, p. 76. 4 op.cit. Ciardi, p. 30 / (254). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 52-57 Esta toma de conciencia que adquirimos a través de la contemplación nos lleva a asumir un estilo de vida y una asunción de una misión, que a su vez implica la dimensión comunitaria, y un sentirnos 55 parte de un proyecto eclesial. El estilo de vida que llamamos el estilo de vida militante y que ha sido una expresión acuñada por los movimientos de acción católica especializada, antes del Concilio Ecuménico Vaticano II, quiere expresar esta dedicación como una tarea o una misión. Dicho estilo de vida, en el intelectual católico, lo lleva a asumir un compromiso solidario con los pobres y excluidos de la sociedad. Todo proyecto cristiano pasa así, no solo por un estilo de vida acorde con la realidad de los pobres y excluidos, sino por un compromiso real y efectivo que ayuda a su organización, a su toma de conciencia y transformación de su situación de pobreza y exclusión. Esta opción preferencial por el pobre entraña en su interior un proyecto político que puede asumirse en el proyecto partidario o en la transformación u organización en la sociedad civil; pero, en todo caso, hay que tomar conciencia de que la política no debemos de reducirla meramente al compromiso partidario, ya que en su sentido más profundo es la animación interior hacia la justicia y la búsqueda del bien común. Este compromiso, como hombres y mujeres creyentes, es cada vez más necesario dentro de la inserción en la sociedad civil. Los niveles de desigualdad en América Latina y El Caribe ocasionan serias dificultades en la mayoría de la población en materia de salud, educación, vivienda y seguridad social; estas situaciones exigen por parte nuestra, por parte de los grupos eclesiales y de la Iglesia misma, no sólo respuestas eficaces, sino actitudes compasivas y misericordiosas como ha venido insistiendo el Papa Francisco desde el inicio de su pontificado. Pero toda incidencia en la realidad, desde la condición de creyente, comporta no solamente un estilo de vida coherente, sino además una experiencia comunitaria fuerte y esperanzadora, alegre y abierta a los otros, capaz también de animar a sus integrantes a crecer en el compromiso. Esto hace posible que vivamos una espiritualidad apta para sostenernos en el compromiso y en la experiencia de Dios. Esta dimensión comunitaria, también propia de los movimientos eclesiales, se hace hoy más que nunca necesaria para encontrarnos con el Jesús que nos llama y que es capaz de iluminar nuestro caminar en la medida que escuchemos su Palabra, asumamos con alegría muestra responsabilidad y nos comprometamos a explicitar la voluntad de Dios en la realidad tan cuestionadora que vivimos, tal como nos dice en el Nuevo Testamento, “que quiere que todos los hombres se salven y lleguen al conocimiento de la verdad” (1Tm 2, 4). La fuerza del compromiso y de la misión han de llevar al o a la intelectual creyente a tener una vida interior profunda, apoyada en el Evangelio, que se vive de manera personal, pero aun también de manera comunitaria. Este clima, esta dimensión y esta referencia continua al Evangelio son los elementos necesarios para la vivencia de una espiritualidad que unifique la vida y el compromiso, el estilo de vida y la misión a la que el Señor nos ha llamado. En todo este proceso de acercamiento a la realidad la persona de Cristo adquiere la referencia fundamental para nuestro caminar. Él es el hilo conductor y la memoria a partir del cual releemos todo lo que va aconteciendo y lo que se nos presenta en el horizonte de nuestra vida y de nuestra misión. En dicho seguimiento encontramos la conexión, la compasión y la actitud misericordiosa con todas aquellas personas crucificadas por este sistema inhumano donde la economía de nuestro mercado se coloca como absoluto, excluyendo y descartando seres humanos, y no objetos. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 52-57 Frente a esta situación el Señor nos llama a seguir proclamando que Cristo nos ha traído la compasión, la fraternidad y la misericordia, en la medida que ha vencido la muerte y que, por lo 56 tanto, vivir en esta dimensión de la fe y del amor es hacer posible el Reino de Dios que aspira a la justicia universal, a partir de la experiencia de la Resurrección: En medio de una realidad tocada por fronteras que dividen y excluyen, que señalan pobres y ricos, propios y extraños, hombres y mujeres, mayores y niños, blancos y negros, buenos y malos, religiosos y ateos, parados y trabajadores, casados y divorciados, locos y cuerdos, listos y torpes, primeros y últimos… el Resucitado muestra un poder único y universal que presenta un horizonte de fraternidad universal, que ya no tiene vuelta atrás de ningún modo; lo católico se abre en la universalidad de la dignidad de lo humano que ha de llegar a toda la tierra y a todos los días de la historia: “me ha sido dado todo poder en el cielo y en la tierra. Vayan, pues y hagan discípulos a todas las gentes bautizándolas en el nombre del Padre y del Hijo y del Espíritu Santo, y enseñándoles a guardar todo lo que yo les he mandado. Y he aquí que yo estoy con ustedes todos los días hasta el fin del mundo” (Mt 28, 18-20)5. A manera de conclusión Sabemos que nuestro compromiso tiene que estar fundado en la persona de Cristo y tener como referencia fundamental el amor gratuito de Dios, que nos ama, porque precisamente Él es amor y quiere lo mejor para nosotros y nosotras. Nuestro caminar y nuestras opciones tienen que ir en esa línea para que verdaderamente podamos escuchar los clamores y sufrimientos de los que sufren; y es justamente lo que nos dice Gustavo Gutiérrez, que nuestra vida comienza por la gratuidad, que la misma nos tiene que llevar a anunciar que somos testigos de la Resurrección y que anunciamos la vida por encima de toda situación de muerte. La muerte no podrá vencer, como lo hemos experimentado en la Resurrección, al Dios que nos ama y nos llama a la gratuidad y a la esperanza6. Asumir esa situación es estar siempre abiertos y abiertas a la esperanza, y pudiéramos pedir esta gracia y este don a lo largo de nuestras vidas y confiar así en que Dios nos ama y que somos portadores de vida y esperanza, por lo que decimos: Haz de mí Haz de mí, Señor, una persona sensible a todo lo humano. Haz de mí, Señor, una persona capaz de llegar a ese secreto donde cada hombre y mujer viven y mueren, luchan y esperan, buscan y ansían la felicidad. Haz de mí, Señor, una persona a quien nada verdaderamente humano le deje indiferente. Haz de mí, Señor, una persona tan evangélica y seguidora de Jesús, que se estremezca ante el dolor y las lágrimas de las personas que lloran, ante la ilusión y la esperanza de los que sueñan caminos nuevos. 5 Cáritas Española. ¿Qué has hecho con tu hermano? (Gn 4, 9) – Corre el riesgo del encuentro con el otro. Cuaresma y Pascua 2015, Madrid, Enero 2015. 6 Gustavo Gutiérrez, “Cómo decirle al pobre que Dios lo ama” Entrevista de Vida Pastoral, Ediciones San Pablo, México. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 52-57 Haz de mí, Señor, una persona que ame al mundo y los problemas de la humanidad. ¿Cómo anunciar que eres Dios de encarnación, si me mantengo al margen de los grandes interrogantes de la humanidad de hoy? ¿Cómo anunciar un futuro que no acaba, si sólo sé ver las huellas de la muerte sin horizonte de resurrección? Haz de mí, Señor, un experto en humanidad asumiendo siempre y en todas partes la solidaridad por el hombre que Jesús mismo practicó con su trato con los pobres y necesitados, con los que buscaban la verdad, con los que eran injustamente tratados, con los heridos al borde del camino, con los excluidos por la sociedad. Haz de mí, Señor, una persona de verdad en medio de la mentira; una persona de libertad en medio de las modernas esclavitudes; una persona de palabra en medio de quienes roban la Palabra. Haz de mí, Señor, una persona de bondad en medio de los que siembran cizaña; una persona de humanidad en medio de los que deshumanizan; una persona de Vida en medio de tanta muerte. Haz de mí, Señor, una persona de Buena Noticia en medio de la noche del mundo.7 Referencias CÁRITAS ESPAÑOLA. ¿Qué has hecho con tu hermano? (Gn 4, 9) – Corre el riesgo del encuentro con el otro. Cuaresma y Pascua 2015, Madrid, Enero 2015. CÁRITAS ESPAÑOLA. ¿Qué has hecho con tu hermano? (Gn 4, 9) – La esperanza nos abre a los hermanos. Adviento y Navidad 2014-2015, Madrid, Septiembre 2014. CIARDI, Fabio. “Balconear o Caminar”, Revista Vida Religiosa: Conocer la realidad y caminar con Esperanza. Vida Religiosa: “Despierta y Camina” – Número monográfico (No.3 / 2014/ Vol. 116) Madrid, España. ESTRADA, Juan Antonio. 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Saint Mary's University of Minnesota ABSTRACT Higher education faces growing expectations for transactional education: quick throughput programs, education for employment, technical coursework, inflated grades, etc. In this environment, how do Lasallian Educators balance a desire to provide transformative education with student demands for transactional education? This paper examines the commodification of education, Lasallian transformative roots, and the potential of online education to expand access to transformative Lasallian learning communities. Key words: High education, commodification in education, Lasallian education, transformative education, community of inquiry, online learning communities. Introduction According to the news article “Wall of Shame” (2015, March 28), U.S. American higher education exports high-quality education to countries abroad; however, the system needs to expand access beyond elite students. This is not news. Lasallian educators opened doors to underserved populations centuries ago. Despite the efforts of many educational systems, the need to expand educational access persists. In the face of growing need, Lasallian educators must explore new opportunities to advance the Lasallian mission. Brothers of the Christian Schools (2015) state, “There is an urgent need to find new roadmaps that encourage creativity and innovation in the pursuit of the common good,” (p. 11). To that end, this paper examines the potential of online education to extend the reach of transformative Lasallian learning communities. Commodification of Education The debate on the purpose, outcomes, assessment, and mission of higher education rages on in our homes, classrooms, legislatures, and in the media. Is “education for employment” the driving force behind academic inquiry and education? Are universities and colleges financial hostages to offering popular, quick throughput, high-revenue producing programs? Can we find a balance of offering specialized training while teaching to the common good, the holistic development of the student as a transformed and educated person? To understand the paradox of transformative and transactional education, one must examine its underlying assumptions. Classically defined, education is a process of growth and change, ultimately benefitting both society and the individual as new knowledge and truth are discovered Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 (Benezet, 1971). However, in many cases, the focus of education changed from a search for truth, to a search for a job, which fundamentally altered the higher educational landscape. As Apple (1995) 59 warned, education fueled by the free-market as a means of perceived social and economic advancement will lead to the replication of dominant hegemonies and established extrinsic reward systems. Movement towards transactional education pressured universities to “dispense higher education more quickly, with more flexibility,” (Benezet, 1971, p. 2). Foucault (2008) argued that as vocabulary evolves in an established hegemony, the expectations, motivations, and accepted practices of that system also evolve. Sanders (2014) suggested that the neoliberal movement manifested changes within university operating cultures as a result of free market relationships. In this context, the relationship between teacher and student becomes service provider and customer. According to Fullerton (2013), students reported that their primary motivation for pursuing a college education was to procure a better paying job than those available to high school students. White (2007) noted that students perceived grades to be the significant product taken from the university, as opposed to learning. In addition, participants reported an adversarial relationship with university administration, often feeling the university was more interested in “efficiency and the bottom line” than providing quality education (White, 2007, p. 597). A student explained this succinctly, “I am a business major. By requiring me take classes in areas like music, theater, literature and so on, the university is just trying to make money off students by requiring additional classes that are not needed in my chosen career field,” (Fullerton, 2013, p. 33). Saunders (2014) suggested that students are sensitive to tuition costs, university revenues, their power as a consumer, and accountability of the university to their consumer sovereignty. However, in examining the literature, a strong theme of connection shined through the challenges of commodification. Students desired strong and positive relationships with their faculty (Fullerton, 2013; Saunders, 2014; White, 2007). One student mentioned the desire for “teachers to focus on them as people,” (White, 2007, p. 598). Fullerton (2013) also noted that a student desired “teachers who care about their students,” (p. 34). This maxim is as timeless as it was in biblical and ancient times, as well as in the era of De La Salle. The connection between students and teachers is the relational bond of education. Perhaps, as Fullerton (2013) suggested, new technologies, such as cell phones, virtual communities, and social networking could provide enhanced opportunities for faculty to reach out to students. Fundamental to the Lasallian teaching charisma is the ability to adapt and to expand access to education. Using these technologies, Lasallian educators could meet new generations of students where they are and deliver transformative educational experiences in new ways. Transformative Roots of Lasallian Education Do not dare describe anything in which the internal state of your spirit is not reflected in some way or other Bellow, 2015, p. 115 In contrast to the recent commodification of education, Lasallian education sought to foster transformative education since its inception in 17th century France. Saint John Baptist de La Salle envisioned students entrusted to the care of the Brothers of the Christian Schools and later lay teachers, all of whom would find salvation through education (De La Salle, 1994; Salm, 1996). This Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 signifies the critical point that Lasallian pedagogy centers on the relationships and community 60 between teachers and students. Within the context of 17th century French Spirituality, De La Salle’s God was a “God marked by two qualities: wisdom and gentleness” (Calligan, 2014). This spirituality rests on well versed scripture, including, “the good shepherd” (John 10:10, New American Bible Revised Edition) and “if we live in the Spirit, let us also follow the Spirit” (Gal. 5:25). Lasallian schools foster holistic development, both intellectually and spirituality so that an abundant life is lived in the known presence of their God. Students come to know the teacher as their “frère” or “brother” and that “this teacher was ‘with’ the student, not ‘over’ the student” (Calligan, 2014, p. 52). Partially in response to the Counter-Reformation and the Council of Trent (1545-1563), educators increasingly recognized the need for inclusive Catholic education. In the educational world of 17 th century France, one manifestation of this movement was the systematic style of education, spirituality, and formation of teachers developed by the Brother’s of the Christian Schools (De La Salle, 1996; Sauvage, 1999). Early Brothers developed, recorded, and sustained this system of education through community, formal meetings, and careful preservation of written records (Blain, 2000; Hermans & Sauvage, 1999). This attention to history and learned practice within the Institute of the Brothers of the Christian Schools helped establish the critical process of teacher formation. Moving forward to present day, the Lasallian teacher still leans about the transformational nature of education through formation and practice (Mueller, 2008). Through formation and practice, the Lasallian teacher develops their own identity as a teacher (Botana, 2004). As a result of this development, the teacher may begin to experience teaching as vocation and ministry as opposed to a job and career. This praxis aligns with the meditations written for the Brothers as in this passage: Consider Jesus Christ as the Good Shepherd of the Gospel, who seeks the lost sheep, puts it on his shoulders, and carries it back to the fold. Because you are taking his place, consider that you are obliged to do the same thing. Ask him for the grace needed to procure the conversion of hearts (De La Salle, 1994, p. 439). Through this lens, Lasallian educators are depicted as transformative partners in a process of ministry that leads to wholeness and/or salvation. These are the core values that Lasallian educators strive to protect. Lasallian Innovations of Transformative Education Lasallian education boasts a rich history of reinvention while still maintaining fundamental transformative elements, such as the teacher-student partnership. Early Lasallian education combined content instruction, such as French and mathematics, in concert with catechesis in to help students in the process of learning to make meaning of their world (De La Salle, 1996; Salm, 1996). In later centuries, teachers in Lasallian tertiary education added a liberal arts component to content and specialized technical instruction to provide an education that developed students able to critically analyze and work in their world. De La Salle pushed familial, ecclesiastical, societal, educational, and religious life boundaries and encouraged the development of an adaptable pedagogy (Burkhard, 1994). Mouton (2011) reminded us that De La Salle frequently assumed the role of “mischief maker” in adapting “unconventional and innovative efforts to establish these schools.” It is in this very spirit of innovation that Lasallian educators must be willing to reignite in meeting the needs of present day students. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 This innovative spirit is crucial to the success of Lasallian institutions, especially in light of recent challenges within higher education. Today’s Catholic university must balance fidelity to mission, 61 evolving demands of students, and the external forces perceived from the secular culture in which our schools operate. Mann (1991) suggested, “…what is needed is dialogue in which both religion and culture make their contribution by drawing the best out of one another” (p. 94). Which brings us to the critical juncture of asking, what does transformative education look like in today’s Catholic university? Himes (2015) offers a place to start, suggesting that the Catholic intellectual tradition “requires the fullest possible development of the human person in all aspects of his or her being” (p. 24). This modern definition resonates soundly with a Lasallian teaching charism dedicated to the holistic development of students. In current day, students still view education as a vessel of hope in a search for wholeness (Rose, 1989). Students seek to transcend poverty of class, predicament, position, and spirit through education. Mezirow and Associates (2000) describes transformative education as a framework of how adult learners construe, validate, and reformulate the meaning of their experiences. Ultimately, students are transformed to accept, adapt, and utilize new paradigms of perspectives in their lives (Cranton, 1994). While students desire a transformative education, higher education institutions face numerous challenges in its delivery. Garrison and Kanuka (2004) highlight the challenge of delivering a transformative process in a transactional culture, by stating: The current challenge for administrators, policymakers, and faculty of higher education institutions is to acknowledge and accept that there have been significant and irreversible changes in societal demands, funding shortfalls, competition, technological innovations, and student demographics. As a result, there is a critical need to move creatively and assertively to confront and adapt to those changes (p. 102). In this climate, higher education institutions must strategize effectively to attract students who desire a transactional experience while simultaneously engaging them in a transformative education. Expansion of Lasallian Education through Online Learning Communities To advance the holistic development of students, it is crucial that Lasallian institutions embrace new opportunities for fostering transformative education. One promising opportunity is online education. While on the surface online learning may seem impersonal and far from transformative, this platform possesses the capacity for high levels of interaction unavailable within face-to-face programs. This interactive environment may be leveraged to build learning communities, foster transformative learning, and expand Lasallian reach far beyond the bounds of the traditional classroom. With pluralistic forces of religion, culture, and educational pedagogies in heated conversation, the holistic development of students must welcome the integration of technology, online and blended delivery modalities, and an expanded definition of “learning community” as described by De Thomasis (2013): The Catholic school must identify itself to all as a true community of learners seeking information, knowledge, truth, and wisdom. In such a community there can be no prohibition or curtailment of inquiry that would inhibit the truly free and reasonable academic pursuit of knowledge and understanding (p.19). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 Redefining learning communities resonates with the original teaching charism of the Institute, 62 which aspired to increase access to education for those who sought it. Undoubtedly, online education possesses substantial potential for cultivating transformative learning communities. Garrison and Kanuka (2004) commented on the transformative potency of online education, stating “A source of this transformation stems from the ability of online learners to be both together and apart […] and to be connected to a community of learners anytime and anywhere, without being time, place, or situation bound” (Garrison & Kanuka, 2004, p. 96). Online education also benefits from the transformative power of written communication. Most online communication is text-based, which enables students to engage in more discourse, craft messages carefully, think critically about subject matter, and to substantiate their thoughts with facts (Meyers, 2008). Online discourse becomes democratized, providing equal opportunity for each student to express one’s thoughts without interruption, which is particularly important for participating members of marginalized populations (Bender, 2003; Meyers, 2008). Through written communication, “participants can confront questionable ideas and faulty thinking in more objective and reflective ways than might be possible in a face-to-face context” (Garrison & Kanuka, 2004, p. 99). Learning management system records all content, which further incentivizes thoughtful communication (Meyers, 2008). With these advantages, it is not surprising that many students feel more comfortable communicating online (Meyers, 2008). Through online communication, students learn in community, alongside peers and faculty. Effective online learning communities create a sense of belonging, which develops trust and grounds open communication (Garrison & Kanuka, 2004). Trust and sense of belonging balance the vulnerability required for “free and open dialogue, critical debate, negotiation and agreement the hallmark of higher education” (Garrison & Kanuka, 2004, p. 97). Ultimately, learning together (and by association) enables online students and faculty to develop communities of inquiry. A Model for Transformative Online Learning Communities Over the last decade, Garrison, Anderson, and Archer (2000) developed the community of inquiry (CoI) model, one of the most prominent models explaining the creation of online learning communities: Figure 1. Elements of an educational experience. Reprinted from "Critical inquiry in a text-based environment: Computer conferencing in higher education," by D. R. Garrison, T. Anderson, and W. Archer, 2000, The Internet and Higher Education, 2(2-3), p. 88. Copyright 2000 by Elsevier. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 As depicted in Figure 1, CoI consists of three components: cognitive presence, teaching presence, 63 and social presence. The CoI components interact with each other to varying degrees, depending on the subject matter, communications technology, and learners (Garrison, Anderson, & Archer, 2010). Altogether, cognitive, teaching, and social presence constitute the online educational experience (Garrison, Anderson, & Archer, 2010). Fundamentally, this model assumes that learners construct knowledge in community (Shea & Bidjerano, 2009a). Garrison, Anderson, and Archer (2000) defined cognitive presence as the degree to which CoI participants can “construct meaning through sustained communication” (p. 89). Cognitive presence consists of four phases: triggering event, exploration, integration, and solution (Garrison, Anderson, & Archer, 2000). Initial findings indicated that students did not reach the integration and solution phases (Garrison, Anderson, & Archer, 2001). However, in a more recent study, students reported having achieved all four practical inquiry model phases (Shea & Bidjerano, 2009a). Due to contradictory findings, Garrison, Anderson, and Archer (2010) questioned the validity of the four stages, but ultimately, the authors attributed the low completion rates to poor instructional design given that the assignments did not require students to reach the integration and solution phases. Social presence constitutes interpersonal interactions between students and teachers and is reflected in open communication, group cohesion, and emotional expression (Garrison, Anderson, & Archer, 2000). According to Garrison, Anderson, and Archer (2000), social presence enables CoI members to “project their personal characteristics into the community, thereby presenting themselves to the other participants as real people” (p. 89). Student to student communication builds trust (Cranton, 2006). Moreover, social presence contributes to student persistence. Boston, Diaz, Gibson, Ice, Richardson, and Swan (2010) reported that, “analysis of over 28,000 student records and survey data demonstrate a significant amount of variance in re-enrollment can be accounted for by indicators of Social Presence” (p. 3). Social presence factors, such as peer support and a sense of belonging, contribute to student persistence (Hart, 2012). Faculty can cultivate social presence by introducing themselves, requiring students to introduce themselves to each other, detailing expectations for student participation in the syllabus, and fostering critical reflection and discourse (Meyers, 2008). Teaching presence sets the tone for meaningful discourse. According to CoI, the teacher performs a tutoring role, providing guidance, feedback, validation, attention to emotions, and conflict mediation (Garrison, Anderson, & Archer, 2000; Menchaca & Abate Bekele, 2008; Taylor, 1998). The CoI teacher is not authoritative (Belenky & Stanton, 2000; Durrington, Berryhill, & Swafford, 2006). Responsibilities include instructional management, building understanding, and direct instruction (Garrison, Anderson, & Archer, 2000). Instructors may enhance cognitive presence through the use of problem-based, reflective, or collaborative learning (Conrad & Donaldson, 2004; Cummins & Sayers, 1997; Meyers, 2008; Yukselturk & Yildirim, 2008). Instructors may also promote community through the use of technology. Ice, Curtis, Phillips, and Wells (2007) reported that using audio rather than text feedback enhanced student satisfaction, nuance, content retention, and perceptions that the faculty cared about the student. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 64 Figure 2. Relationships between teaching, social, and cognitive presence. Reprinted from "Learning presence: Towards a theory of self-efficacy, self-regulation, and the development of a communities of inquiry in online and blended learning environments," by P. Shea and T. Bidjerano, 2010, Computers & Education, 55(4), p. 1723. Copyright 2010 by Elsevier. As illustrated in Figure 2, the CoI presences interact with each other. Both social and teaching presence are associated with cognitive presence (Garrison, Anderson, & Archer, 2010; Shea & Bidjerano, 2009a). Shea and Bidjerano (2009a) reported that the “highest levels of cognitive presence are evident when students rate both teaching and social presence most highly” (p. 213). However, cognitive, social, and teaching presence differs in the degree and nature to which they interact (Shea & Bidjerano, 2010). Teaching presence is clearly the most influential of the three CoI components (Shea & Bidjerano, 2009b). Shea and Bidjerano (2009b) reported that “70% of the variation in students’ levels of cognitive presence can be modeled based on their reports of their instructors’ skills in fostering teaching and social presence” (p. 551). As illustrated in Figure 2, development of social presence depends upon teaching presence (Shea & Bidjerano, 2009a). Garrison and Arbaugh (2007) elaborate, stating that teaching presence is “a significant determinant of student satisfaction, perceived learning, and sense of community” (p. 163). Likewise, Richardson and Swan (2003) found a correlation between high social presence ratings and satisfaction with the instructor. Teaching presence bears even greater influence on online students. Shea and Bidjerano (2009a) reported that students enrolled in online courses with high teaching presence have higher cognitive presence than those enrolled in blended courses. While the CoI model addresses key constructs, such as teaching, social, and cognitive presence, it fails to acknowledge the critical contribution of learner self-efficacy. Shea and Bidjerano (2010) examined the relationship between the CoI model and self-efficacy, finding a strong correlation between teaching presence, social presence, and self-efficacy. Therefore, Shea and Bidjerano (2010) proposed a revised model, which incorporated a new construct called learner presence as depicted in Figure 3. Learner presence involves self-regulated learning and acknowledges that the “extent to which students believe that they achieve significant learning and the effort that they expend depends partly on their sense of efficacy” (Shea & Bidjerano, 2010, p. 1727). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 65 Figure 3. Revised community of inquiry model including “learner presence.” Reprinted from "Learning presence: Towards a theory of self-efficacy, self-regulation, and the development of a communities of inquiry in online and blended learning environments," by P. Shea and T. Bidjerano, 2010, Computers & Education, 55(4), p. 1727. Copyright 2010 by Elsevier. Alignment of the CoI Model with Lasallian Education The CoI model described by Garrison, Anderson, and Archer (2000) resonates with core Lasallian values, particularly transformation and inclusion. De La Salle founded Lasallian education “upon the conviction that no youngster and no family no matter how economically, affectively, intellectually, or spiritually in need should ever think that they have been forgotten or should ever have to wonder whether or not they’ve been passed over by God or by the rest of us” (Mann, 2012, p. 103). Both approaches describe a co-created educational experience, with the associative presence of teacher and learner working together in community to study, question, and discover. The CoI model also aligns with Lasallian educational practices. Teaching presence and the relationship between brother (lay) teacher and student are key parts of Lasallian education. De La Salle (1996) expected instructors to deliver frequent feedback, participative lessons, and structured assessments as regular components of the Lasallian classroom. As Mueller (2008) and Calligan (2014) suggest, Brother Teachers were instructed to be reflective, patient, and caring when addressing issues with students. Online and blended learning environments offer a similar immediacy of feedback and communication between teachers and students, enabling faculty to make adjustments to the teaching, cognitive, or social components of the educational experience. Social presence has also been a fundamental component in Lasallian education since its inception. Lasallian schools offered the boys of 17th century France structure, acceptance, and faith (Blain, 2000). Repetitive classroom prayer, procedures, songs, and traditions served to reinforce feelings of belonging and acceptance (Hermans & Sauvage, 1999; Lasalle, 1996). Transformative online pedagogy offers students these opportunities to develop social presence as well, through interactive group work, engaging classroom traditions, such as forums, debates, and blogs, and synchronous video meetings and chats. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 Early Lasallian educators promoted self-efficacy (i.e. learner presence) by assigning students additional leadership roles, such as door keeper, monitor, prayer reciter, and supervisor (De La 66 Salle, 1996). These roles engaged students in the community, building a sense of belonging and rewarding students for participation. In online communities today, Lasallian educators could assign students additional roles of debate leader, group facilitator, and team leader to develop and encourage social presence. Cognitive presence requires learners to construct meaning in community, a key component of transformative learning (Garrison, Anderson, & Archer, 2000). Likewise, Lasallian educators helped students construct meaning of their world and the presence of their God through personcentered instruction, frequent feedback, and peer to peer learning. Together these elements fostered a holistic and transformative education, dependent on relationships and community, inspired by a gentle, wise, and present God. Preliminary Empirical Support for the CoI Model at a Lasallian University The CoI model presents a promising theoretical framework for delivering transformative Lasallian education online. Preliminary research confirms the potential of the CoI model for Lasallian institutions. McClure and Wise (2014) used the CoI model to explore how students at a Midwestern Lasallian university experienced learning in a blended online community. Study participants included nine adult students enrolled in a blended doctoral program at a Midwestern Lasallian university (McClure & Wise, 2014). As part of the program, the participants attended a two week residency and then completed the remaining coursework online (McClure & Wise, 2014). Throughout the program, the participants engaged in collaborative learning fostered by group work, presentations, and various technologies, such as learning management systems, high-speed microphones, speakers, discussion boards, wikis, blogs, collaborative web documents, video conferencing, lecture capture software, webinars, which were employed asynchronously and synchronously (McClure & Wise, 2014). McClure and Wise (2014) elicited lived experiences through phenomenological interviews, which averaged fifteen minutes, included six questions, and focused on aspects of the educational experience that helped participants to learn. Five themes emerged, which represented factors that enhanced student learning during an online blended community experience (McClure & Wise, 2014). As illustrated in Table 1, the McClure and Wise (2014) themes overlap considerably with the CoI model. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 Related CoI Model Component Teaching presence McClure and Wise (2014) Themes 1.“Design and structure processes that result in deeper understanding through challenging work, reasonable pacing and scaffolding of learning.” 2.“Faculty responsiveness to students that includes consistent rapid feedback for clarification as well as pushing thinking to go deeper.” Social Presence 3.“Everyone has a voice-we all can see it, and we can all contribute together and this grows the learning.” 4.“Face to Face: the relationship base is built and deepens, including celebrations of accomplishments AND Online: the depth of dialogue, inclusiveness, and diverse perspectives help to grow the community.” Learner Presence 5.“What you bring as an individual: You need a level of independence, personal initiative and excitement for facing the challenges, BUT you also need to be able to step out of your comfort zone, reach out and sometimes make yourself vulnerable.” Table 1. CoI Model and McClure and Wise (2014) Themes Together these elements foster a community of inquiry that enhances collaborative learning. According to McClure and Wise (2014), “The warm digital habitat, that grows deeper in person, offers a deep learning context to which each must bring their own commitment, initiative, and vulnerability.” Likewise, Shea and Bidjerano (2010) argue that teacher, learner, and social presence are all fundamental to cultivating a community of inquiry, which in turn fosters cognitive presence. The Future of Lasallian Education and Online Learning Communities How online education is perceived and approached is critical in understanding and developing strategies to deliver a transformative Lasallian education. Is online simply a new delivery modality, or is online delivery the new core of the education? Arguably, the former aligns with fundamental Lasallian educational values. Extending transformative educational opportunities to students, regardless of academic preparation, level, or attainment, continues to be a keystone of Lasallian transformative education. With the growth of online, blended, and technology-enhanced delivery modalities comes great opportunity and unique challenges for Lasallian institutions. Reaching out through the “virtual world” vastly increases the number of students Lasallian institutions can reach. To extend this “institutional reach,” Lasallian institutions must consider how they will maintain fidelity to mission and the person-centered teaching charism of the Institute. To that end, theoretical models, such as CoI, may be leveraged to deploy transformative Lasallian education online. Care 67 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 58-71 must be given to social presence, to ensure that proper cognitive, social, psychological, and spiritual development occurs for the student. Moreover, special attention needs to be paid to teaching 68 presence. De La Salle established sophisticated systems for developing faculty, which remain highly relevant (Hines, 2012). These systems could be further developed and deployed for online faculty formation. Furthermore, open door enrollment policies require Lasallian educators to scaffold online learning, building necessary supports for students with wide-ranging academic experiences, aptitudes, and skills. Attention to instructional design may enhance learner presence and self-efficacy. Finally, practical technical challenges, such as availability of computer hardware, software, bandwidth, and technical support services, need to also be considered. Moving forward, significant research is needed regarding the efficacy, efficiency, and metrics of Lasallian transformative education delivered online. Further research will enable Lasallian educators to continue discerning and developing transformative Lasallian pedagogy, within the paradox of a culture of commodity. References Apple, M. (1995). Education and power. New York, NY: Routledge. Belenky, M. F. & Stanton, A. V. (2000). Inequality, development, and connected knowing. In J. Mezirow & Associates (Eds.), Learning as transformation: Critical perspectives on a theory in progress (pp. 71200). San Francisco: Jossey-Bass. Bellow, S. (2015, March 4). Reflections on Alexis de Tocqueville. The American Scholar, Spring, 110-115. Bender, T. (2003). 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Palabras-clave: memoria subversiva, asociación para el servicio educativo de los pobres, memoria lasallana, capitalismo, cultura del don, economía de la asociación. To the gold O thou sweet king-killer (…) Thou ever young, fresh, loved and delicate wooer, (…) O thou touch of hearts! Think, thy slave man rebels, and by thy virtue Set them into confounding odds, that beasts May have the world in empire! Timón de Atenas, IV, III William Shakespeare Duras palabras estas, las del poeta inglés. Duras y premonitorias. Dichas a comienzos del desarrollo del capitalismo, el poder bestial del dinero se despliega hoy por todo el planeta. Duras, como las del Papa Francisco en Cerdeña, en 2013, ante los jóvenes desempleados, privados de esperanza y dignidad: “es la consecuencia de una elección mundial, de un sistema económico que lleva a esta tragedia; un sistema económico que tiene en el centro un ídolo, que se llama dinero.”1 Éste es nuestro punto de partida: el problema económico es fundamentalmente ético. Ha sido una elección mundial. Y, digámoslo también desde el comienzo, ante ella, como ante todo, es preciso sostener una mirada dialéctica. El capitalismo es al mismo tiempo lo mejor y lo peor que pudo haber elegido la humanidad. cf. https://w2.vatican.va/content/francesco/es/speeches/2013/september/documents/papafrancesco_20130922_lavoratori-cagliari.html 1 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 72-79 Por otro lado, los lasallanos tenemos un tesoro que hoy estamos redescubriendo: la asociación como el fundamento de nuestra existencia consagrada y misional. La memoria del hecho asociativo y su 73 dinámica tienen un poder subversivo que es preciso desplegar y detonar para una auténtica renovación social. Una historia y un modo de salir adelante El Distrito al que pertenezco, Argentina-Paraguay, está enclavado en la tierra y en la historia de dos países ricos y resilientes, sometidos periódicamente a crisis económicas, dictaduras, picos inflacionarios y violencias de todo tipo. Paraguay es, por todo esto, uno de los países más desiguales de América. Por otra parte, Argentina es un país en el que la economía ha tenido, desde el inicio, un lugar preponderante en la conformación de las preocupaciones cotidianas y en las motivaciones de la gente. Y esto, no siempre desde marcos éticos evangélicamente perfilados. Más bien, por el contrario, podríamos pensar que el ideario liberal ha conformado mucho de nuestra idiosincrasia. Con aire profético lo decía el H. Joseph, Superior General, a los primeros Hermanos que llegaron por estas costas en 1889: “En ese país que es como un gran casino, donde todo se compra y se vende, ustedes deben ser un testimonio de pobreza.” Desde la crisis del Estado de Bienestar - fundado por el primer peronismo en Argentina, lo mismo que el vecino Paraguay con sus diferencias propias o el Chile pinochetista - nuestros países se convirtieron en uno de los bancos de prueba del neoliberalismo con los “Chicago Boys” a cargo. Eran los albores de esta tercera fase de desarrollo del capitalismo que estaba configurándose, y que triunfaría en eso que llamamos globalización y su lógica cultural bautizada como posmodernidad. Su despuntar, entre 1945 y 1973, con la creación del primer estilo global norteamericano en plena Guerra Fría. Su cristalización, en torno a la crisis de 1973: el petróleo, el fin del patrón oro, el fin de las guerras de liberación, el comienzo del fin del comunismo triunfante. El resultado: el Capitalismo de tercera fase, global, multinacional, postindustrial que después de 1989 se erige triunfante con la pretensión de no tener alternativas. Un tipo de relaciones sociales que produce y se retroalimenta con un estilo de vida al que llamamos “posmoderno”: novedad permanente, ruptura, civilización de imágenes y reproducciones, artificiosidad, estetización de la vida. Un mundo mucho más humano que el del pasado, porque la naturaleza ha huido definitivamente. Un mundo en el que todo se ha vuelto mercancía. Un mundo en el que la economía parece dominarlo todo. Un pensamiento único detrás de él: el neoliberalismo y lo que fue, luego, el Consenso de Washington. En términos del Magisterio de la Iglesia, una forma de idolatría: …un sistema conocido como “neoliberalismo”; sistema que haciendo referencia a una concepción economicista del hombre, considera las ganancias y las leyes del mercado como parámetros absolutos en detrimento de la dignidad y del respeto de las personas y los pueblos. Dicho sistema se ha convertido, a veces, en una justificación ideológica de algunas actitudes y modos de obrar en el campo social y político que causan la marginación de los más débiles. De hecho, los pobres son cada vez más numerosos, víctimas de determinadas políticas y de estructuras frecuentemente injustas (Juan Pablo II, EA 56). Las raíces de nuestra propuesta: La memoria subversiva de la asociación para el servicio educativo de los pobres Para frenar la debacle económica y social que la aplicación de las recetas neoliberales trajo a nuestra región, nuestro Distrito comenzó, en 1980, lo mismo que otros, a utilizar el procedimiento Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 72-79 de la centralización de fondos y la planificación centralizada de gastos. Pero esto, claramente, no era sino una solución técnica que no terminaba de responder al problema. Porque, de lo que 74 efectivamente se trata, es de encontrar un modo de trabajar sobre el corazón de los actores de la economía, de manera que una cultura del don reemplace una cultura del egoísmo. Es por eso que, veinte años después, con la profunda reconfiguración de nuestro Distrito desde la Asociación entre Seglares y Hermanos para el servicio educativo de los pobres, comenzó a andar la idea de la necesidad de un Horizonte de la Economía. Su finalidad es la de proponer un marco de referencia ético para la actividad económica que el puro mercado. Este horizonte, largamente discutido y madurado, hunde sus raíces en la teología y las ciencias sociales, en las pedagogías críticas y en la filosofía. Eso que llamamos “horizonte” es un modo de aludir a los intereses que institucionalmente promovemos y desde los que queremos tomar decisiones. Un horizonte es, metafóricamente, el alcance de la vista y el ordenador de las distancias en las que tiene sentido una dirección. Para nosotros es claro que, en el comienzo de los procesos educativos y formativos individuales, los horizontes personales y los institucionales no tienen por qué coincidir. Y somos conscientes de la conflictividad que esto implica para la formación y para los procesos pedagógicos y pastorales. El capitalismo de cuño neoliberal implica entes individuales compitiendo entre sí, movidos por el interés utilitario, en compañía de un Estado inhibido de todo, excepto del cuidar las instituciones del mercado frente los avances de la política: la propiedad privada irrestrictamente comprendida, los contratos garantizados sin límites, la estabilidad monetaria, la libertad de precios de todos los mercados, las limitaciones para todo tipo de acción colectiva. Todo es mercancía y todo se resuelve en el libre mercado. Este es, claramente, un modo antiasociativo moderno de vivir. Raíces de nuestro horizonte: la memoria lasallana El mismo año de la muerte de nuestro Padre Juan Bautista de La Salle, Daniel Defoe publicaba su Robinson Crusoe. Toda la novela es un tremendo emblema del capitalismo naciente. Una escena nos conmueve por encima de otras: es el capítulo 18, en el que la aparición de la huella humana en la playa es ocasión para el terror, el temor a ser devorado y a perder la cosecha pendiente. El otro es un enemigo. Su huella es inquietud. Y la aparición de su rostro abre, para el personaje, “una ocasión única de procurarme un criado” (Defoe, 1904, p. 208). ¡Qué lejos estaba este modo de ver al hombre respecto de la manera en que La Salle nos invita a comprender nuestra vida y a enseñar a nuestros alumnos! De ningún modo podemos pensar que nuestro Padre fuera un hombre a quien lo económico lo tuviera sin cuidado. Los detalles de las contabilidades trabajadas por el H. Léon Marie Aroz en los Cahiers Lasalliens nos muestran un hombre ocupado hasta el detalle. Más de la mitad de las cartas autógrafas incluyen la problemática económica de los Hermanos con indicaciones, recomendaciones, reconvenciones. Sabemos que exigía para cada fundación una renta que garantizara un ingreso a los Hermanos. Pero, sabemos también que se conformaba con menos, fundado en el compartir los bienes, en la austeridad de vida y en la confianza ante el futuro. Fe en la Providencia que implica siempre la providencia de sí y el compartir generoso. Este es el núcleo subversivo de nuestra memoria. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 72-79 Raíces de nuestro horizonte: la memoria de la primera comunidad cristiana Para nuestro Padre, la obra de la Sociedad de las Escuelas Cristianas es una asociación de profundas raíces bíblicas en la que se revive aquel espíritu de la primera comunidad cristiana donde todo era puesto en común y nadie pasaba necesidad (He 4,32-35). Lo sabemos; ese primer espíritu no fue fácil de sostener a lo largo de la historia. Mirar por sí descuidando la comunión es el pecado original de la Iglesia (He 5, 1-11). Y ese pecado es revivido continuamente. Así como aquellos corintios ricos que no querían esperar a sus esclavos (1Cor 11,17-22), un continente que se confiesa cristiano, como América, escandaliza al mundo por producir inequidades enormes y sostenerlas globalizadamente. La colecta organizada por Pablo a favor de las comunidades empobrecidas en Palestina (1Cor 16; 2Cor 8) habla de unas prácticas pastorales que incluyen necesariamente una dimensión económica alternativa a las formas imperantes. Una memoria que nos ofrece unas claves Necesitamos crear y recrear la fuerza subversiva de la memoria cristiana y lasallana en todos sus aspectos. La puesta en común de los bienes, la austeridad de los medios y la centralidad de la misión en la vida de la asociación son claves que no pueden ser perdidas de vista. Y son claves que, al mismo tiempo, abren perspectivas sobre la organización social general. En los últimos años se ha ido abriendo paso la distinción entre Distrito/misión. Sin embargo, no parece que esto pueda sostenerse del todo en buena teología y en la historia del Instituto. ¿Qué cosa convocaría a un Distrito si no es su misión? ¿Qué cosa lo conformaría? ¿Y podrían distinguirse, legítimamente, bienes del Distrito y bienes de la misión? Nuestro Distrito ha querido entender esto de otro modo al que, desde algunas instancias, se recomendaba y considerar unitariamente misión compartida– comunidades – servicios educativos y pastorales. Si lo más auténticamente lasallano es una asociación laical para el servicio educativo de los pobres, se hace claro que ella necesita formas civiles y eclesiales nuevas. No es sólo una cuestión técnica. Se trata de crear una cultura asociativa nueva para el servicio educativo de los pobres. La propuesta de una cultura distrital de asociación para el servicio educativo de los pobres Lo que en nuestro Distrito hemos llamado “economía de asociación” se encuadra en la llamada economía social y solidaria (Joseph Stiglitz, Jean Paul Fitoussi, Amartya Sen, José Luis Coraggio). Nuestra reflexión teórica sobre el asunto, como lo hemos dicho, estuvo precedida por el ejercicio práctico del compartir y enfrentar juntos las necesidades, lo mismo que por una reflexión compartida con empresas que trabajaban en la línea de la economía de comunión del Movimiento Focolar en plena crisis del 2001. La intencionalidad tiene que ver con la institucionalización de nuevas prácticas de producción, distribución, circulación y consumo que aseguren la vida para todos porque arraigan en criterios éticos, no meramente operativos. Se trata de poner la economía al servicio de la vida del Distrito: toda la vida y la vida de todos. 75 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 72-79 Esto nos lleva a considerar la riqueza de un modo alternativo al neoliberal. Riqueza no es todo lo mercantilizable. Riqueza es todo lo que es útil para la vida: la subsistencia de todos, la protección 76 de todos, el afecto, el entendimiento entre todos, la participación, el ocio, la creación, la identidad, la libertad. Estas son las necesidades de la vida. Necesidades que nunca se satisfacen; más bien, se realizan crecientemente. Los ejes de esta nueva cultura del don y de la economía de asociación La economía de asociación tiene que satisfacer las necesidades de la vida distrital y de la misión que es su sentido. Por eso debe promover la dignidad de todos los actores de la misión, sobre todo si son pobres, promoviendo el bien común. El bien común no es la suma de los bienes individuales, sino el conjunto de las condiciones de la vida social que posibilitan el desarrollo de la asociación y de las personas. Es, entonces, algo que atañe a todos a la vez, algo que se logra en la colaboración de todos y que se conserva en la custodia de todos. Los actores de la misión – fundamentalmente, los niños y adolescentes que convocan a la misión y los trabajadores de la educación que acudimos a la convocatoria - son sujetos de derechos. Esos derechos son los ejes estructurantes de la economía de la asociación y de la cultura del don. Y la custodia, promoción y ejercicio de estos derechos son procesos de subjetivación, al mismo tiempo de consolidación del bien común. Entre los derechos de la niñez y adolescencia, interesa especialmente destacar: 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. El derecho a la vida, a la identidad y al desarrollo de la propia personalidad. El derecho a una familia en el seno de la cual crece. El derecho a ser escuchado en todo lo que sean sus propios intereses. El derecho a emitir sus opiniones por el medio que prefiera y a ser escuchado. El derecho a la libertad de pensamiento, de conciencia y de religión. El derecho al respeto de su vida privada. El derecho a unos medios de comunicación que programen contenidos adaptados a él. El derecho a ser protegido por los adultos, a ser refugiado, a ser adoptado. El derecho a vivir como los otros niños cuando tenga problemas físicos o mentales. El derecho a educarse gratuitamente desarrollando sus capacidades. Una educación que le enseñe acerca de la paz, de la amistad, de la igualdad y del respeto por el ambiente natural. 11. El derecho a divertirse, a dedicarse al juego y a las actividades que más le gusten. El derecho al reposo. 12. El derecho a ser protegido del trabajo, de todo tipo de explotación, de cualquier discriminación por lengua, cultura o religión, de la droga, de la violencia sexual, de la guerra y la violencia. 13. El derecho a ser considerado siempre inocente, a tener un juicio justo, si fuera el caso y a recibir un tratamiento según su edad, si fuera encontrado culpable. Y entre los derechos de los trabajadores, condición en la que la misión se encarna efectivamente: 1. 2. 3. El derecho a la justa remuneración, según y de acuerdo a lo estipulado por la ley, pero recordando que el salario justo de una persona adulta es aquel que le permite fundar y mantener dignamente su familia y, al mismo tiempo, asegurar su futuro (LE 18). El derecho al descanso. El derecho a ambientes laborales que no dañen la salud física, psíquica o espiritual. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 72-79 4. 5. 6. 7. 8. 9. El derecho a la salvaguarda de la personalidad, sin que exista ningún tipo de coacción de 77 conciencia. El derecho a la jubilación y a la seguridad social. Los derechos derivados de la maternidad y la paternidad. El derecho a la formación permanente en servicio. El derecho de reunión y de asociación gremial, y El derecho de huelga cuando constituye un recurso inevitable, si no necesario, para la obtención de un beneficio proporcionado. Este doble eje, muchas veces, se revelará conflictivo. Por eso, en la economía de asociación es necesario crear estructuras participativas de diálogo en las que pueda ejercerse un auténtico discernimiento de alternativas de lucha social que no dañen los derechos de ninguno. Es un diálogo que se regula en la justicia. No la justicia de un mero acuerdo de partes, sino la del reconocimiento de la identidad de todos, la del encuentro con la verdad, sobre todo del hombre, sobre cada varón y cada mujer, cada niño y cada adulto. Un encuentro claramente procesual e histórico. La justicia es una construcción siempre abierta a más. Una justicia consciente de sus límites que han de ser siempre rebasados por la misericordia social (DIM 14). Considerar estos derechos en una cultura del don lleva a la construcción de comunidades para la misión en las que la justicia del salario es sobrepasada por la fiesta de la comunión. Esto implica una concepción no liberal del problema, una idea de trabajo en el que el predominio no lo tiene el capital sino el don gratuito por parte de todos. Los principios organizativos de esta cultura del don La cultura del don es un modo de organización social en el que las personas no se traban en una competencia impiadosa por el acceso a los bienes que consideran fundamentalmente como escasos. Tanto en las culturas jerárquicas con su economía centralizada, como en las culturas de inspiración liberal con sus economías de libre mercado, el estatus de los individuos queda fijado por su capacidad de control y acceso a las cosas, a esos bienes escasos. En las culturas del don, en cambio, su estatus queda fijado por la capacidad de entregar bienes sin esperar nada en reciprocidad. Es la cultura de la gracia. El capital de una asociación está compuesto tanto por bienes económicos como por bienes simbólicos, sociales y culturales: nuestro modo de entender la educación y la evangelización, nuestros archivos y bibliotecas, hemerotecas y videotecas, nuestro acervo editorial, nuestros edificios nuevos e históricos, el conjunto de las obras artísticas que conservamos, el conjunto de las obras musicales que hemos compuesto, nuestros museos; pero también las relaciones sociales y el prestigio que hemos construido en más de trescientos años, la santidad que brilla en las personas, tanto como los fondos que manejamos. Todo ello es trabajo humano acumulado. Un capital que no ha tenido origen sino en la solidaridad internacional precedente: así nacen los distritos y las obras, de la comunión de bienes que se abre al don. Todo ello son medios para la misión que da sentido a la existencia de nuestra comunidadasociación. Es claro que, como problema ético que es el que está por debajo de esta situación, es la política la que conduce a la economía, no al revés. Una economía de asociación para esta cultura del don busca conjugar eficiencia y solidaridad, pero es ésta la que guía. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 72-79 Los pilares o principios que se derivan del diálogo entre ambos derechos estructurantes de nuestra 78 economía de asociación son: 1. La socialización. La vida humana se vive en comunidad. Y ésta reviste una pluralidad de formas de socialización. Por eso, en el Distrito promovemos la creación de asociaciones, comunidades e instituciones que nos permitan desarrollar mejor nuestra misión. En ellas, cada persona encontrará las maneras de desarrollar sus cualidades, su iniciativa y su responsabilidad. En ellas verá garantizadas la satisfacción de sus derechos. 2. La subsidiaridad. La construcción de la asociación tiene los fundamentos de su vida en las agrupaciones de base, expresiones de cultivo de iniciativas sociales, deportivas, culturales, recreativas o profesionales, que siempre tienen un componente económico y político. Espontáneamente la vida social nos lleva a agruparnos en estas búsquedas. Todo un tejido social surge al interior del Distrito, en el que se dan múltiples formas de sociabilidad. Por el principio de subsidiaridad, no corresponde a las instancias superiores absorber o quitar a las comunidades menores lo que ellas pueden hacer y proporcionarse por sí mismas. Más bien, corresponde ayudarlas a que puedan generar vida por sí mismas. Toda instancia superior tiene que estar al servicio de las menores en apoyo, promoción y desarrollo, buscando su sustentabilidad. De este modo, el principio de la subsidiaridad implica tanto actitudes de afirmación y acción como de negación y abstención por parte de las instancias superiores de una organización. Sin embargo, en ciertas circunstancias, cuando las instancias menores se ven impedidas de lograr sus propios fines, corresponde a las superiores ejercer temporalmente una función de suplencia. 3. La participación. Es la contraparte de la subsidiaridad. Por este principio, las instancias menores no agotan su aporte a la vida social en sí mismas sino que construyen la vitalidad de la casa común de la asociación, al compartir con otras instancias de su mismo nivel o con las superiores. La participación no es un derecho sino un deber que todos aceptamos cumplir consciente y responsablemente en la construcción del bien común. Las instancias de conducción y animación deberán procurar que existan las condiciones de posibilidad que aseguren el ejercicio de la participación, sobre todo de quienes estén en desventaja. La adopción de formas democráticas dentro del Distrito se realiza siempre con las limitaciones que le impone el marco de la estructuración canónica de la vida religiosa, la legislación civil y educativa. Esta participación en la tarea cotidiana de la educación y en la construcción de la comunión es el principal valor de nuestra economía de asociación. 4. La solidaridad. La interdependencia que, de hecho, todos vivimos, se transforma en solidaridad ética y social cuando acogemos la exigencia moral que ella comporta y la convertimos en un proyecto. La creación de estructuras solidarias es el modo de superar las estructuras de pecado (cf. SRS 36; 37). Por eso, la solidaridad no es un puro sentimiento sino una determinación firme y perseverante de empeñarnos en la construcción del bien común, por el que todos nos hacemos responsables de todos (cf. SRS 38). Por la solidaridad nos ponemos en disposición de perdernos por aquel que se encuentra oprimido, de servir a aquel que se encuentra en necesidad (cf. SRS 38). Cuando nos hacemos solidarios, no sólo nos abrimos a una amplitud horizontal por la que nuevas personas o situaciones son tocados por una generosidad expansiva. La verdadera solidaridad crea un espacio para una expansión vertical de la libertad, por la cual damos un salto hacia un nuevo horizonte de intereses y abrimos nuestros horizontes en respuesta a un Dios siempre más grande, eso que llamamos conversión. El cultivo de la solidaridad nos lleva a descubrirnos siempre en deuda con los demás (Rm 13,8) y a cuidar las condiciones de vida de la humanidad presente y futura, sobre todo en lo referido al medio ambiente, al patrimonio cultural, al conocimiento científico y tecnológico, a las realizaciones artísticas y artesanales. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 72-79 Nuestra asociación se preocupa por el medio ambiente, porque éste es un bien de toda la humanidad. Salvaguardar un ambiente natural seguro y saludable. Por eso nos interesamos en la 79 construcción de políticas públicas en este sentido y en educar para este interés. En este sentido, nuestra propia planificación económica debe tener en cuenta el impacto ambiental de nuestros propios proyectos. La solidaridad interna del Distrito es un modo de redistribución del capital económico, social, cultural y simbólico. Esta solidaridad debe estar acompañada de un estilo sobrio en el ejercicio de la misión. La simple factibilidad económica de un proyecto no es razón suficiente para su desarrollo. Los lasallanos trabajamos para construir en nosotros un corazón de pobre que no nos haga extraños al mundo de los pobres. Es evidente que la construcción histórica de esta cultura del don con su economía de asociación requieren una serie de estructuras concretas, de procedimientos administrativos y, sobre todo, de un tipo de formación que trascienda lo técnico para calar en el corazón de cada actor distrital. Por ejemplo: presupuestos participativos, participación amplia en la toma de decisiones, práctica de la justicia curricular, formación de comunidades intencionales, criterios evangélicos en el uso del capital como realidad no exclusivamente económica, centralización y auditorías sobre las distintas unidades de base… Nuestra asociación tiene su fuente en la comunión absoluta del don mutuo que es la Trinidad Santa. En ella, lo común está siempre antes que lo propio, por la perfecta y absoluta entrega de unos en otros. En ellas, son las relaciones de amor y de conocimiento las que constituyen la identidad. Por Cristo, en el Espíritu, hemos recibido el carisma de la asociación para el servicio educativo de los pobres. Lo recibimos en nuestro Bautismo y lo ratificamos en nuestra opción de vida por la asociación. En cada eucaristía celebramos esta comunión construida en la materialidad cotidiana del ministerio. Allí pedimos perdón por nuestras faltas contra la justicia. Allí recibimos la gracia del don de aquel que dio la vida para que la haya en abundancia. El problema económico es un problema ético y místico. Cambiar esa elección mundial comienza por cambiar puntualmente las elecciones que tenemos a mano para transformar la cultura institucional de la que somos directamente responsables. Y desde allí, por la educación, llegar a muchos más. Referencias Anderson, P., 2000. Los orígenes de la posmodernidad. Barcelona: Anagrama. Defoe, D., 1904. Robinson Crusoe. Buenos Aires: La Nación. Jameson, F., 1996. Teoría de la posmodernidad.. Primera ed. Madrid: Editorial Trotta. Siglas utilizadas DIM (1980) Juan Pablo II, Carta encíclica sobre la Divina Misericordia, Dives in misericordia EA (1999) Juan Pablo II, Exhortación postsinodal sobre la Iglesia en América, Ecclesia in America LE (1981) Juan Pablo II, Carta encíclica sobre el valor del trabajo humano, Laborem exercens SRS (1987) Juan Pablo II, Carta encíclica en el vigésimo aniversario de la Populorum progressio, Sollicitudo rei socialis. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 80 L’AUTOFORMATION DES LAÏCS LASALLIENS PAR LA LECTURE RELIGIEUSE EN AFRIQUE OCCIDENTALE F. Jacques Monchebi, FEC District du Golfe du Bénin RÉSUMÉ La pertinence de la formation des laïcs est toujours actuelle en Afrique, 20 ans après la publication de Ecclesia in Africa. L’auteur offre dans le présent article une réflexion sur la formation permanente des laïcs en Afrique de l’Ouest, en particulier des intellectuels, en vue de proposer une approche pédagogique centrée sur eux. L’approche pédagogique est l’autoformation du laïcat africain comme une alternative de formation permanente plus efficace pour des laïcs intellectuels au XXIè siècle face à la « nouvelle évangélisation ». Que peut-il faire pour les former efficacement ? Pour vérifier deux hypothèses on a utilisé deux méthodes de recherche : la recherche documentaire et l’enquête empirique. Tous les laïcs intellectuels africains peuvent s’autoformer par la lecture religieuse. Cela nécessite des investissements personnels et communautaires. En considérant la richesse littéraire et les nombreuses publications dans l’Église et dans l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes, les possibilités d’accès à l’information et les moyens de communication modernes, cette autoformation devient plus facile pour les lasalliens Frères et laïcs. Mots-clés : autoformation, lecture religieuse, laïcat africain, laïc lasallien, laïc intellectuel, formation permanente. Une autre question se présente : l'Église en Afrique a-t-elle formé suffisamment les laïcs, pour les rendre capables d'assumer toutes leurs responsabilités civiques et de réfléchir sur les affaires d'ordre sociopolitique à la lumière de l'Évangile et de la foi en Dieu ? C'est un devoir pour les chrétiens d'exercer une influence sur le tissu social, pour transformer les mentalités et les structures de la société de telle sorte qu'elles reflètent mieux les desseins de Dieu sur la famille humaine. C'est pourquoi j'ai souhaité pour les laïcs une formation complète qui les aide à mener une vie pleinement cohérente.1 Introduction La pertinence de la formation des laïcs est toujours actuelle en Afrique, 20 ans après la publication de Ecclesia in Africa, l’Exhortation apostolique postsynodale pour l’Afrique (1995). L’Église en a conscience et œuvre pour former un laïcat africain « autonome, engagé et plénier », par la création d’écoles et instituts de formation permanente des laïcs. Cependant, le constat montre que de nombreux laïcs restent toujours peu ou pas bien formés2, alors qu’ils sont très engagés dans les 1 Jean Paul II (1995 : 54). Des études statistiques sur la formation des laïcs africains sont peu disponibles. Je me base sur des observations empiriques personnelles faites au niveau des laïcs que j’ai connus. 2 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 structures ecclésiales et dans la société au niveau économique, social, culturel et politique. Par conséquent, leur influence chrétienne dans la transformation culturelle des sociétés africaines est 81 peu perceptible. J’offre dans le présent article une réflexion sur la formation permanente des laïcs en Afrique de l’Ouest, en m’intéressant au cas particulier des laïcs intellectuels, en vue de proposer une approche pédagogique centrée sur les laïcs. Elle vise à promouvoir la responsabilité personnelle des laïcs dans leur propre formation religieuse, compte tenu de leur niveau intellectuel grâce à leur formation humaine et professionnelle. Je cherche à répondre à la question : comment les laïcs catholiques intellectuels peuvent-ils participer à leur propre formation religieuse pour devenir plus engagés et pléniers d’une part, et pour influencer positivement la transformation culturelle des sociétés africaines d’autre part ? L’approche pédagogique est l’autoformation du laïcat africain comme une alternative de formation permanente plus efficace pour des laïcs intellectuels au XXIè siècle face à la « nouvelle évangélisation ». Elle tient compte du contexte moderne d’accès facile à l’information et de communication plus rapide, grâce aux nouvelles technologies. Cet article comporte quatre parties : d’abord le cadre d’étude de ma recherche, ensuite la présentation sommaire des progrès et des défis de la formation permanente des laïcs en Afrique, suivie de l’autoformation des laïcs ouestafricains, comme une solution pédagogique pour relever certains défis de formation. Enfin la pratique lectorale des laïcs intellectuels, laquelle est leur investissement personnel dans leur formation permanente. Je me suis intéressé particulièrement aux laïcs engagés3 dans les établissements lasalliens du District d’Afrique de l’Ouest et du District du Golfe du Bénin, deux Districts de l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes en Afrique occidentale, pour étudier concrètement l’autoformation des laïcs lasalliens par la lecture religieuse. I - Cadre théorique de l’étude Il s’agit de définir les concepts utilisés et de d’expliquer l’approche d’étude. Le thème « l’autoformation des laïcs par la lecture religieuse en Afrique occidentale » se situe dans le champ de la pédagogie en général et de la pédagogie des adultes en particulier. Il porte sur le sujet de la formation permanente des laïcs africains, en particulier de l’autoformation des laïcs engagés dans les centres lasalliens de l’Afrique occidentale. 1.1 Définition des concepts Les concepts à définir sont : l’autoformation, la lecture religieuse et le laïcat africain. L’autoformation et la lecture religieuse concernent la pédagogie des adultes appliquée au domaine de la religion et au laïcat africain. L’autoformation est une méthode individuelle et collective de formation permanente, tandis que la lecture religieuse en est un moyen, une technique. 3 Les statistiques de l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes, de 2001 à 2012, révèlent que le nombre des laïcs (hommes et femmes) engagés la mission éducative lasallienne en Afrique vaut 10 fois celui des Frères. Les statistiques de Mars 2013 précisent 2198 laïcs (1519 hommes et 679 femmes) engagés (Cf. Mémento 2014). Dans le District de l’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso et Niger), il y avait 365 laïcs enseignants et membres du personnel administratif. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 1.1.1 L’autoformation L’autoformation est une méthode individuelle et collective de formation permanente. Qu’est-ce que la formation permanente ? La formation « qu’elle soit technique, professionnelle, militaire, sportive (…) est la préparation de l’individu à telle ou telle fonction sociale »4. Son objet (aussi son but) est la fonction que va assumer la personne formée ou la mission qu’elle va accomplir. On distingue la formation initiale et la formation permanente. La formation continue ou permanente concerne ceux qui sont déjà rentrés dans la vie active et ont donc quitté la formation initiale (première formation obtenue au terme d'un cycle d'étude dans le cadre éducatif et dans le cadre d'apprentissage et d'expérience acquise au sein de l'entreprise). Elle leur permet de pouvoir continuer à se former pour améliorer leurs compétences et de s'adapter aux nouvelles technologies, pratiques ou méthodes appliqués en entreprise. Aussi, elle permet la reconversion professionnelle. Les formes d'éducation populaire ou encore d'autoformation en font également partie. La formation continue concerne des adultes et non plus des enfants.5 Cette définition de la formation permanente peut s’appliquer à la religion. Dans l’Église, la formation permanente concerne tous les fidèles catholiques adultes, après l’étape catéchétique de l’initiation chrétienne et la formation initiale particulière de certains (prêtres et personne consacrées), pour les former à bien vivre leur vocation et à bien accomplir leur mission dans l’Église et dans la société. Elle est une formation intégrale du chrétien à la fois humaine, spirituelle, doctrinale et pastorale. Dans l’optique de la formation permanente, l’autoformation apparaît comme un moyen d’apprentissage utilisant les capacités d'autonomie de l'apprenant. Elle lui permet de se former à son rythme à travers l'exploitation de ressources spécifiques ou non. Il existe cinq principaux courants de l’autoformation : autoformation intégrale, autoformation existentielle, autoformation éducative, autoformation sociale et autoformation cognitive : 1ère forme : L’autoformation intégrale ou l’autodidaxie consiste pour l’apprenant d’apprendre en dehors de tout système institutionnel de formation. Une des formes de l’autoformation intégrale, c’est la formation basée sur sa propre expérience. Ainsi, une personne qui a suivi une formation pour un CAP mécanique-automobile ne peut prétendre être autodidacte dans son métier puisqu’elle a été formée. 2ème forme : L’autoformation existentielle fait référence à l’histoire de vie, l’autobiographie. À l’a différence de l’autodidacte qui apprend dans un rapport d’utilité extérieure (apprendre un métier, un savoir-faire…), l’autoformation existentielle vise à user de sa propre expérience pour son développement personnel. Elle dépasse donc le cadre de la formation professionnelle pour être de l’éducation permanente. 3ème forme : 4 5 Olivier REBOUL (1989 : 17). Formation sur le site Wikipedia : fr.wikipedia.org/wiki/Formation. 82 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 L’autoformation éducative consiste à apprendre au sein d’un dispositif de formation, Formation Ouverte et A Distance (FOAD), Atelier de Pédagogie Personnalisée (APP)… tout 83 en développant son autonomie. L’enseignant-formateur n’intervient alors qu’à titre ponctuel comme un guide, facilitateur dans l’accession au savoir. Plusieurs termes existent pour qualifier ce genre d’autoformation : l'autoformation assistée (Bertrand Schwartz), l'autoformation tutorée (Philippe Carré). 4ème forme : L’autoformation sociale permet d’apprendre par le biais des réseaux sociaux constitués (ex : les cercles d’études) en dehors des systèmes de formation formalisés. Chaque personne est libre d’adhérer ou non. L’autoformation est réalisée grâce au caractère collectif des échanges et des interactions sociales. 5ème forme : L’autoformation cognitive : il s’agit du rapport à la métacognition « apprendre à apprendre ». L’intérêt est porté sur comment la personne réalise son propre apprentissage. C’est une sorte de méthodologie de l’apprentissage individuel. Toutes ses formes d’autoformation sont des attitudes que les adultes développent pour leur formation dans un cadre institutionnel ou en dehors de ce cadre. Hormis la troisième forme, les autres formes d’autoformation se pratiquent en dehors de tout système de formation formalisé. Parmi ces cinq formes d’autoformation, l’autodidaxie, l’autoformation cognitive et l’autoformation sociale sont utiles à la formation permanente des laïcs pour un « laïcat autonome » qui assure sa propre formation permanente. En effet, l’autodidaxie insiste sur l’autonomie de l’apprenant, l’autoformation cognitive la renforce en privilégiant l’apprentissage individuel et l’autoformation sociale l’invite à l’ouverture aux autres au sein des réseaux sociaux par des échanges et des interactions sociales. Ces trois modes d’autoformation sont complémentaires et peuvent bien correspondre aux laïcs intellectuels africains sans exclure tout de même l’autoformation existentielle et l’autoformation éducative. 1.1.2 La lecture religieuse La lecture est une activité intellectuelle qui consiste à lire et à comprendre ce qui est lu. Elle est une activité qui dépend du désir individuel de savoir, suscité par la volonté de s’informer et de se former. Sa pratique est exigeante la compétence du lecteur mais surtout son autonomie. Celui-ci doit s’investir, mobiliser des moyens pour l’acquisition des livres, consacrer du temps pour la lecture et faire l’effort de comprendre les contenus de sa lecture. Selon Isaïe Bintou Koulibaly, il y a cinq formes de lecture selon leur utilité : la lecture d’information (journaux, magazines et brochures) pour s’informer ; la lecture de distraction (romans, bandes dessinées) pour s’évader ; la lecture d’acquisition (ouvrages pédagogiques et didactiques) pour apprendre et savoir ; la lecture de ravissement (grandes œuvres de littérature classique) pour se cultiver et la lecture d’élévation (livres sacrés, livres de philosophie, de sagesse et de spiritualité)6 pour être transformé. J’envisage la lecture religieuse comme une lecture d’élévation et une lecture d’acquisition. En effet, elle consiste à lire les livres religieux dans le but est la pratique religieuse mais aussi la formation 6 cf. Isaïe Bintou Koulibaly (2008 : 11-13). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 religieuse. Elle est au service de l’autoformation comme un moyen privilégie qui permet au laïc intellectuel, en tant que adulte et lettré, de se former, d’organiser soi-même les activités 84 d’acquisition de connaissances pour se cultiver, pour approfondir sa foi, pour mieux la vivre, afin de bien accomplir sa mission dans l’Église et dans la société. La lecture religieuse porte essentiellement sur les livres religieux qui sont, par exemple, la Bible, les documents officiels de l’Église, les récits écrits de la vie et des œuvres des saints, les livres de piété chrétienne, les livres et manuels de catéchèse pour adultes, et d’autres livres édités et diffusés pour la formation chrétienne des adultes. Ces livres religieux sont de plus en plus accessibles aujourd’hui en format imprimé (disponible dans les librairies et les bibliothèques chrétiennes) et/ou en format numérique (disponibles sur internet). 1.1.3 Laïcat africain Le terme laïcat est utilisé souvent pour désigner l’organisation des fidèles laïcs 7 dans l’Église. Le laïcat africain est appliqué aux organisations des laïcs en Afrique. Dans le contexte géographique de mon étude, l’Afrique occidentale, les laïcs y sont organisés en Conseil Régional du Laïcat de l’Afrique de l’Ouest (RLAO) en Français ou Regional Council of the Laity of West Arica (RCLWA) en Anglais, dans l’espace ecclésial sous-régional de la CEREAO (Conférence Épiscopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest). Par conséquent, j’utilise dans cet article le terme laïcat ouestafricain pour désigner les laïcs, en particulier les intellectuels, des pays de l’Afrique occidentale. Le motif du choix de l’Afrique occidentale est la présence lasallienne. En effet, l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes y est présent dans sept pays : le Bénin, le Togo, l Côte d’Ivoire et la Guinée pour le compte du District du Golfe du Bénin, puis le Niger et le Burkina Faso, pour le compte du District de l’Afrique de l’Ouest. J’ai préféré l’expression Afrique occidentale à celle d’Afrique de l’Ouest pour éviter la confusion avec le District de l’Afrique de l’Ouest. 1.2 Problème, approche d’étude et hypothèses de recherche Ma réflexion part d’un constat général qui pose le problème de la participation des laïcs intellectuels à leur propre formation. Le laïcat africain est de plus en plus organisé et engagé, mais il est peu formé à cause de l’insuffisante des structures ecclésiales de formation des laïcs. Que peut-il faire pour remédier à cette situation ? Attendre ou prendre en charge lui-même sa formation ? Dans une approche pédagogique de formation permanente centrée sur les laïcs eux-mêmes, qui valorise leur responsabilité personnelle, et qui se base sur les technologies de communication du XXIè siècle, l’autoformation semble être une solution adéquate au problème posé. Ainsi la première question est de savoir comment les laïcs intellectuels peuvent-ils participer activement à leur propre formation en Afrique au XXIè siècle afin d’être plus formés pour leur mission dans l’Église et la société ? La deuxième question, par quel moyen les laïcs intellectuels peuvent-ils assurer leur autoformation ? 7 « Sous le nom de laïcs, on entend ici l'ensemble des chrétiens qui ne sont pas membres de l'Ordre sacré et de l'état religieux sanctionné dans l'Église, c'est-à-dire les chrétiens qui, étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au peuple de Dieu, faits participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l'Église et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien » (Lumen Gentium, 31). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 Je formue deux hypothèses. La première hypothèse est celle de l’autoformation : dans un contexte où la formation du laïcat africain est peu assurée dans les structures ecclésiales, l’autoformation est 85 plus favorable aux laïcs intellectuels. La deuxième hypothèse établit le rapport entre l’autoformation et la lecture religieuse : dans le même contexte d’insuffisance de structures ecclésiales de formation du laïcat africain, la lecture religieuse est un moyen formatif efficace pour la réussite de l’autoformation des laïcs intellectuels. 1.3 La méthode de recherche Pour vérifier ces deux hypothèses j’ai utilisé deux méthodes de recherche : la recherche documentaire et l’enquête empirique. 1.3.1 La recherche documentaire Elle a porté sur la lecture de plusieurs ouvrages dont les plus utiles sont des travaux d’études et de conférence, et des documents officiels de l’Église. Deux communications du 3ème Congrès panafricain du laïcat organisé à Yaoundé au Cameroun en 2009, m’ont permis de comprendre les progrès et les défis de la formation du laïcat africain et du laïcat ouestafricain. Quatre documents officiels de l’Église : Christifideles laici, Verbum Domini, Ecclesia in Africa et Africae Munus m’ont permis de comprendre l’enseignement de l’Église sur la formation du laïcat. Deux travaux de recherche universitaire sur les pratiques lectorales des Africains (en France et en Côte d’Ivoire) m’ont permis de comprendre l’utilité pédagogiques de la lecture dans l’autoformation. Les résultats de la recherche documentaire ont permis la rédaction de la deuxième partie. 1.3.2 L’enquête empirique Elle est adressée aux laïcs intellectuels et aux structures éducatives catholiques pour trois objectifs. Au niveau des personnes, savoir comment les laïcs intellectuels participent à leur autoformation par la lecture religieuse. Au niveau des établissements secondaires catholiques, savoir comment ils contribuent à la formation des collaborateurs laïcs par l’accompagnement et la création de conditions favorables à la lecture religieuse ; savoir aussi comment ils organisent au niveau de la formation religieuse l’apprentissage de la lecture religieuse pour les élèves. L’échantillon de l’enquête est constitué de laïcs (hommes et femmes) classés en trois sous-groupes. Les laïcs engagés dans des centres lasalliens des deux Districts de l’Afrique occidentale ; ils sont désignés par le terme laïcs lasalliens. Les laïcs engagés dans des établissements secondaires catholiques de Bobo-Dioulasso8 ; ils sont désignés par le terme collaborateurs laïcs. Et les laïcs non engagés dans l’éducation ; ils sont désignés par le terme laïcs paroissiens. Les collaborateurs laïcs et les laïcs paroissiens servent de témoins et permettent de faire la comparaison dans l’analyse des résultats pour distinguer ce qui est communs à tous les laïcs de ce qui est particulier aux laïcs lasalliens. Les établissements secondaires sont de deux sous-catégories : les établissements lasalliens et les établissements catholiques. Les derniers servent de témoin et dans l’analyse des résultats pour 8 Deuxième principale ville du Burkina Faso, située au sud-ouest, de 489 967 habitants en 2006 (Recensement général de la population et de l’habitation –RGPH- de 2006 du Burkina Faso). La population actuelle de Bobo-Dioulasso a peut-être doublé. Le Noviciat Interafricain des Frères des Écoles Chrétiennes, ma communauté de mission, est dans cette ville depuis 1997. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 distinguer ce qui est communs aux établissements secondaires catholiques de ce qui est particulier 86 aux établissements lasalliens. Deux questionnaires9 sont élaborés pour recueillir les informations. Le premier questionnaire est envoyé au chef d’établissement lasallien pour recueillir les informations correspondantes. Le même questionnaire est adressé aux établissements catholiques témoins, avec des adaptations nécessaires. Le second questionnaire individuel est envoyé aux laïcs lasalliens et aux collaborateurs laïcs par le bief du chef d’établissement qui les choisit selon leur degré d’engagement. Le même questionnaire est envoyé aux laïcs paroissiens avec des adaptations nécessaires. Au total, l’échantillon de l’enquête est composé de 13 établissements secondaires catholiques et de 67 laïcs intellectuels. Les 13 établissements scolaires sont : 6 établissements lasalliens du District du Golfe du Bénin (3 au Togo, 2 au Bénin et 1 en Guinée), 2 établissements lasalliens du District d’Afrique de l’Ouest (tous deux du Burkina Faso) et 5 établissements catholiques témoins de BoboDioulasso (Burkina Faso). Les 39 laïcs lasalliens sont choisis sur la base de 3 personnes par établissement scolaire ; les 15 collaborateurs laïcs sur la base de trois personnes par établissement catholique et les 13 laïcs paroissiens, de façon aléatoire sur des paroisses de Bobo-Dioulasso. Pour les résultats de l’enquête, au total 30 laïcs (12 femmes et 18 hommes, de 35 à 79 ans) sur les 67 et 8 chefs d’établissement10 (4 lasalliens et 4 catholiques) sur 13 ont envoyé leurs réponses. Parmi les 30 laïcs, il y a 11 laïcs lasalliens (4 femmes et 7 hommes), 9 collaborateurs laïcs (5 femmes et 4 hommes) et 10 laïcs paroissiens (3 femmes et 7 hommes). Les informations recueillies sont analysées et intégrées dans la troisième et la quatrième partie de cette étude. L’âge et le sexe des enquêtés n’est pas considérés dans l’analyse des résultats. II La formation du laïcat africain: progrès et défis 2.1 L’enseignement de l’Église sur la formation du laïcat L’enseignement de l’Église postconciliaire privilégie la formation du laïcat et encourage la création de structures ecclésiales de formation des laïcs. Je cite à titre d’exemple les références relatives à la formation des laïcs dans quatre documents du Magistère : Christifideles laici (1987), l’Exhortation sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde, Verbum Domini (2010) l’Exhortation apostolique post-synodale sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Église, Ecclesia in Africa (1995) et Africae Munus (2011), les Exhortations apostoliques postsynodales pour l’Afrique. 2.1.1 Christifideles laici (59-63) La formation religieuse des laïcs est définie comme une « formation intégrale à vivre dans l'unité dont ils portent la marque dans leur être même de membres de l'Église et de citoyens de la 9 J’ai distribué directement, main à main, les questionnaires à Bobo-Dioulasso. Mais je me suis servi d’internet pour l’envoi des questionnaires aux chefs d’établissements lasalliens du District du Golfe du Bénin. La réception des réponses a suivi les mêmes voies. 10 2 établissements lasalliens du Togo : Collège Saint Augustin de Togoville (2 laïcs) et Collège Saint Athanase de Dapaong (1 laïc) ; 1 établissement lasallien du Bénin : Collège Catholique La Salle d’Akassato (4 laïcs) ; 1 établissement lasallien du Burkina Faso : Collège de Tounouma de Bobo-Dioulasso (3 laïcs) ; 1 laïc du Collège Mgr Steinmetz de Bohicon (Bénin). 4 établissements secondaires catholiques de Bobo-Dioulasso : Groupe scolaire NotreDame de l’Annonciation de Colma (1 laïc), Complexe scolaire Notre-Dame du Carmel (3 laïcs), Centre de Formation Professionnelle Claire Amitié (3 laïcs) et Centre de Formation Professionnelle Sainte Angèle (2 laïcs). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 société humaine ». Elle comporte la formation spirituelle, la formation doctrinale et la formation humaine. Cette formation se fait par l'Église et dans l'Église sous la responsabilité du Pape, de 87 l’Évêque, des prêtres, des religieux et des laïcs dans divers lieux comme la paroisse, les petites communautés ecclésiales, la famille chrétienne, les écoles et les universités catholiques, les groupes, les associations et les mouvements. En particulier, cette exhortation aborde clairement l’autoformation des laïcs. « Dans l'oeuvre de la formation, certaines convictions se révèlent particulièrement nécessaires et fécondes. La conviction, tout d'abord, qu'il n'y a pas de formation véritable et efficace si chacun n'assume pas et ne développe pas par lui-même la responsabilité de sa formation : toute formation, en effet, est essentiellement "auto-formation". » (63) 2.1.2 Ecclesia in Africa et Africae Munus Les deux exhortations postsynodales pour l’Afrique précisent l’enseignement de l’Église sur la formation des laïcs dans le contexte africain. Ecclesia in Africa insiste sur les conditions à créer pour favoriser la formation biblique des laïcs : …intensifier les efforts pour faciliter l'accès à l'Écriture sainte, notamment par des traductions intégrales ou partielles de la Bible… accompagnées de guides de lecture pour la prière, l'étude en famille ou en communauté… promouvoir une formation biblique des membres du clergé, des religieux, des catéchistes et des laïcs en général… [et] favoriser l'apostolat biblique grâce au Centre biblique pour l'Afrique et Madagascar ainsi qu'à d'autres structures similaires, à encourager à tous les niveaux (58). L’insistance sur la lecture religieuse et l’apostolat biblique est répétée dans Africae Munus : Selon saint Jérôme, « ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ». La lecture et la méditation de la Parole de Dieu nous donnent non seulement « la science éminente de Jésus-Christ » (Ph 3, 8), mais encore, elles nous enracinent plus profondément dans le Christ et orientent notre service de la réconciliation, de la justice et de la paix. La célébration de l’Eucharistie dont la première partie est la liturgie de la Parole, en constitue la source et le sommet. Je recommande donc que l’apostolat biblique11 soit promu dans chaque communauté chrétienne, dans la famille et dans les mouvements ecclésiaux (150). 2.1.3 Verbum domini Au numéro 87, la Lectio divina est proposée comme la méthode de lecture biblique ou de la lecture priante de la Parole de Dieu. Elle « est capable d’ouvrir au fidèle le trésor de la Parole de Dieu, et de provoquer ainsi la rencontre avec le Christ, Parole divine vivante ». Elle comporte cinq étapes : 11 L’évaluation de l’Apostolat biblique en Afrique a été faite en juillet 2011 au cours d’un Séminaire continental organisé à Yaoundé (Cameroun) par le Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) et le Centre biblique pour l’Afrique et Madagascar (BICAM) pour la relance de la Pastorale et de l'Apostolat biblique. À la lumière de l’Exhortation apostolique post-synodale du Pape Benoît XVI relative au Synode de 2008 dédié à « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église », les participants ont reconnu que « l’apostolat biblique n’a pas encore pleinement pris racine dans certains pays du continent africain ». Pour faire face à cette situation, il est proposé de promouvoir la diffusion des documents du Magistère tels que « Dei Verbum », « Ecclesia in Africa » et « Verbum Domini » ainsi que de la « Lectio Divina » ; de redéfinir à la lueur de l’Exhortation « Verbum Domini » les activités de l’Apostolat biblique ; de renforcer la capacité des femmes dans le cadre de la promotion de l’Apostolat biblique. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 a) la lecture (lectio) du texte avec la question sur la connaissance authentique de son contenu : que dit en soi le texte biblique ? b) la méditation (meditatio) avec la question que nous dit le texte 88 biblique ? c) la prière (oratio) avec la question : que disons-nous au Seigneur en réponse à sa parole ? Elle est requête, intercession, action de grâce et louange, et la première manière par laquelle la Parole transforme le chrétien ; d) la contemplation (contemplatio), au cours de laquelle le lecteur adopte le même regard que Dieu pour juger la réalité, et se demande : quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il ? La Parole de Dieu se présente ici comme un critère de discernement : « elle est vivante, (…) énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12) ; e) enfin l’action (actio), qui porte l’existence croyante à se faire don pour les autres dans la charité. Les informations des ces quatre documents du Magistère, montrent donc que l’Église a bien clarifié la formation permanente des laïcs, en particulier l’autoformation et la pratique de la Lectio divina. Celle-ci n’est qu’une forme de lecture d’utilité plus liturgique et spirituelle que formative. Dans le concret comment les enseignements de l’Église sont-ils appliqés au laïcat africain ? 2.2 Les progrès et les défits dans la formation du laïcat africain Les informations sont extraits de deux communications au 3ème Congrès panafricain des laïcs catholiques au Cameroune en 2012. La Conférence12 animée par Mrg Jean MBARGA a énuméré quatre grands progrès auxquels correspondent trois défis importants. La Contribution13 du CRLAO présentée par M. DAMBO, a présenté la situation du laïct ouestafricain. 2.2.1 La situation de formation du laïcat africain en général Le premier progrès est l’éveil du laïcat africain à son identité et la vitalité dans son apostolat conformément à l’ouverture dynamique apportée par le Concile Vatican II sur la vocation et le ministère du laïcat. En Afrique les laïcs ont créé une floraison d’associations : mouvements, instituts, communautés pour assurer leur apostolat, mais leur premier défi est l’élargissment du champ d’apostolat des laïcs dans les domaines telles que l’ecclésiologie, l’interreligieux, l’œcuménisme, l’apostolat biblique, la liturgie, la liberté religieuse, l’église et société. Le deuxième progrès est l’échos très positif de Christifideles laici en Afrique. Une plus grande ampleur est donnée à la vocation et à la mission des laïcs africains dans l’Église et dans la société. Le laïcat africain « connaît au mieux son identité, sa dignité, sa responsabilité dans la communion et la mission de l’Église », mais il fait face à un deuxième défi à plusieurs volets. D’abord, l’appel à approfondir la responsabilité à assumer sa vocation à la sainteté, sa participation à la vie de l’ÉgliseCommunion, sa coresponsabilité dans l’Église-Mission, sa mission dans l’évangélisation, son apostolat pour la dignité de l’homme et de la famille, son action dans la politique, l’économie sociale et la culture. Ensuite, le laïcat africain doit assurer son service de la charité sous diverses formes et selon toutes les catégories telles que, les enfants, les jeunes, les femmes, les malades, les personnes âgées, dans la pastorale de l’Église. Enfin, il doit connaître son droit et son devoir de formation. 12 La Conférence de Mgr MBARGA a pour thème : Les fidèles laïcs d’Afrique dans l’Église-famille de Dieu ; un sacrement de communion et de réconciliation. Mgr Jean MBARGA est évêque d'Ebolawa et Consultant auprès du Conseil pontifical des laïcs et ancien aumônier des laïcs. Le document de sa Conférence est disponible sur internet. 13 Le document est disponible sur internet. Source : Agence vaticane Fides. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 Le troisième progrès est en rapport avec les résultats de l’encyclique Redemptori missio (1990). Les laïcs africains ont compris leur rôle spécifique dans la mission de l’Église pour l’inculturation et la 89 lecture des signes du temps. Mais ils doivent relever un troisième défi, l’évangélisation en contexte interreligieux où le dialogue ne doit pas exclure leur mission et leur engagement. Le quatrième progrès est relatif à Ecclesia in Africa. Après le 1er synode pour l’Afrique, les laïcs ont accentué leur apostolat en créant de nombreuses associations nouvelles, différentes des anciennes venues des Églises-mères d’Europe, des associations totalement ‘‘made in Africa’’; leur engagement dans les services pastoraux s’est intensifié ; une nouvelle croissance dans la personnalisation de la vie spirituelle est observée ; l’appel à l’autofinancement a eu des échos favorables ; beaucoup d’Églises particulières sont aujourd’hui portées par l’engagement des fidèles laïcs. Mais le laïcat africain très organisé et engagé doit relever le défi de sa propre formation. Les trois défis ainsi identifiés touchent la formation, le cheminement et l’accompagnent des laïcs. Selon Mgr MBARGA, la tâche formatrice et de cheminement en faveur du laïcat africain est que : « l’Église doit organiser la formation des fidèles laïcs de telle sorte qu’ils connaissent bien ce qu’ils croient ! Qu’ils rendent compte de ce qu’ils croient, qu’ils vivent ce qu’ils croient, qu’ils aiment ce qu’ils vivent et qu’ils se réalisent dans ce qu’ils vivent. » Pour ce faire, elle doit « assurer leur formation en Ecriture sainte, en catéchèse, en Doctrine sociale de l’Église ; mettre en place des universités catholiques pour la formation des intellectuels témoins de l’Évangile dans le monde ; et pour les catholiques africains engagés dans la vie publique : assurer la formation et l’accompagnement pour le témoignage des laïcs dans le monde. » Il propose aussi que « les femmes catholiques soient initiées à la formation, la responsabilisation et la protection des femmes contre certaines idéologies des agences des Nations Unies » ; et que « les hommes catholiques soient formés à devenir des pères responsables ! Des bons et fidèles époux ; des acteurs catholiques organisés en association pour mieux assumer des engagements et des témoignages. » Pour ce qui concerne la formation et l’accompagnement, Mgr MBARGA définit cinq axes dont deux peuvent favoriser l’autoformation des laïcs : la Lectio divina et la révision de vie puis l’éclairage doctrinal et la diffusion de l’enseignement de l’Église. 2.2.2 La situation du laïcat ouestafricain en particulier En Afrique occidentale, les laïcs sont à l’image du laïcat africain bien organisé et engagé. Des progrès sont réellement faits au niveau de leur organisation et de leur engagement. Il existe un Conseil Régional du Laïcat de l’Afrique de l’Ouest (CRLAO) à l’échelle géographique de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Cette organisation catholique régionale expérimente la communion au-delà des différences linguistiques par l’adoption des trois langues officielles (anglais, français et espagnol) parlés par les laïcs, en vue de l’enrichissement culturel mutuel. L’objectif principal du laïcat ouestafricain est de « promouvoir la sanctification des fidèles laïcs eux-mêmes, l’évangélisation, l’animation de l’ordre temporel par l’esprit chrétien et la manifestation au cœur du monde de la charité du Christ ». Il s’agit pour le laïcat ouestafricain, en communion avec les autres chrétiens, de « travailler à l’émergence et à la formation d’un laïcat plénier, mature, parvenu à la stature de l’homme juste pour l’ordre social juste. » Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 Pour la formation d’un laïcat plénier et mature en Afrique occidentale, le CRLAO a deux priorités : « rendre l’Église visible à travers un laïcat formé, organisé et engagé dans l’Église et dans le 90 monde » et « promouvoir en collaboration avec les Conseils Nationaux du Laïcat, la formation doctrinale, spirituelle et humaine de tous les fidèles laïcs afin de les faire passer d’un « laïcat concessionnel » à un « laïcat plénier ». Un Secrétariat chargé de la formation et de la spiritualité des fidèles laïcs est créé. Au niveau des moyens, le laïcat ouestafricain compte surtout sur l’implantation des Conseils Nationaux Locaux (CNL), l’auto-prise en charge financière, la bonne collaboration clergé-laïcat et le fonctionnement effectif des secrétariats chargés. Il souhaite qu’au sein de l’Église « les clercs aident les fidèles laïcs à jouer pleinement leur rôle et à occuper la place qui est la leur ». Les six défis à relever par le CRLAO en Afrique occidentale montrent la nécessité de la formation permanente du laïcat ouestafricain pour résoudre des problèmes dans le domaine économique, politique, social et culturel. Voici ces défis et leur besoin de formation correspondants : a) L’instabilité politique, économique et sociale des pays de l’Afrique de l’Ouest (les crises militaires, les crises électorales, les crises religieuses et de sécession dans plusieurs pays, puis le comportement des laïcs engagés en politique comme les manœuvres déloyales, les mensonges, les détournements de fonds publics, le maintien au pouvoir) sont des freins à l’évangélisation mais aussi expriment un grand besoin de formation des laïcs sur la Doctrine sociale de l’Église ; b) L’athéisme grandissant par l’indifférence religieuse et le christianisme de façade par la connivence des chrétiens avec les sciences ésotériques montrent la nécessité d’une formation spirituelle pour approfondir la foi et purifier la piété des laïcs ; c) Les menaces sur la famille comme le rejet de la vérité sur la vie humaine, le rejet de tout engagement en faveur du respect de la vie, l’idéologie du genre, le relativisme et l’hédonisme sont des signaux de la nécessité de formation sur l’enseignement de l’Église sur la vie, la famille et le sacrement du mariage ; d) L’influence néfaste de la communauté internationale (à travers la promotion de la dépénalisation de l’homosexualité, de la notion du genre et de la pensée unique, et le règlement intéressé des conflits) et les medias et Internet (qui se substituent aux parents) sont signes de besoins de formation sur la morale chrétienne et sur la Doctrine de l’Église Catholique. Tous ces besoins de formation des laïcs devraient être pris en compte dans les écoles et instituts de formation permanente que l’Église souhaite et encourage. Mais la réalité empirique montre un grand déficit de structures de formation crées14 pour œuvrer à l’émergence et à la formation d’un laïcat plénier, mature, parvenu à la stature de l’homme juste pour l’ordre social juste en Afrique de l’Ouest. J’emprunte au P. Théophile Kisalu Kungu, deux éléments pour décrire le problème. Dans son approche évaluative de la formation des adultes conformément aux dispositions du 1er Synode pour l’Afrique, Ecclésia in Africa (94), celui-ci soulignait deux points. D’une part que : …les différents centres catéchétiques organisent en fait la formation des « auxiliaires » de la pastorale (catéchistes, responsables des communautés de base, animateurs ou assistants pastoraux). Il 14 Il manque d’études statistiques sur les centres et instituts de formation des laïcs créés en Afrique d’occidentale. En plus des centres de formation des catéchistes, il existe des instituts ou écoles de formation permanente théologique. Par exemple, le Centre de formation théologique d’Ouagadougou (Burkina Faso) et le Centre Saint Augustin de Dakar qui offrent une formation théologique aux laïcs. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 s’agit plus de former des dirigeants que d’offrir une formation à toute la communauté, et plus particulièrement aux adultes. »15 D’autre part qu’en dépit du constat amer qu’en Afrique « la formation à la foi est trop souvent restée au stade élémentaire » (EIA 76), rien de consistant n’a été proposé, et surtout amorcé par les Églises locales, pour améliorer la formation chrétienne des adultes.16 Dans un tel contexte de formation sélective et insuffisante, l’autoformation des laïcs peut offrir une voie plus large et efficace de formation, car par elle le laïcat est non seulement responsable de sa propre formation mais il peut aussi bien se former conformément aux défis à relever et à ses centres d’intérêt. III L’autoformation des laïcs lasalliens ouestafricains L’autoformation des laïcs peut être une réelle alternative efficace pour relever les défis du XXIè siècle auxquels le laïcat est confronté en Afrique occidentale. Les résultats de l’enquête réalisée permettent de vérifier les deux hypothèses de mon étude, par cette affirmation quand on considère la formation permanente offerte aux laïcs engagés dans les établissements lasalliens. 3.1 Conditions de formation permanente des collaborateurs laïcs Dans les deux Districts de l’Afrique occidentale, des sessions de formation humaine, spirituelle et lasallienne sont souvent organisées pour les laïcs lasalliens par la Commission chargée de la Mission Éducative Lasallienne soit au niveau du District, soit au niveau des établissements selon un calendrier défini (trimestriel, semestriel ou annuel). Les laïcs lasalliens en ont une très bonne appréciation. Mais cela ne peut être suffisant pour promouvoir un laïcat lasallien bien « formé et plénier ». Dans un tel cadre de formation, comment les laïcs lasalliens assument-ils leur autoformation ? 3.2 Les formes d’autoformation des laïcs lasalliens Les laïcs lasalliens assurent leur formation permanente de deux manières et pour trois motifs : par l’autodidaxie ou par l’autoformation éducative plus dans le but d’approfondissement de la foi (en première position) que de l’engagement apostolique (en deuxième position) et de la connaissance de l’Église (en troisième position). En effet, à la question de savoir « à quelle occasion avez-vous lu les exhortations apostoliques postsynodales pour l’Afrique… ? », 3 laïcs lasalliens sur 11 se sont servi de l’autodidaxie (lecture personnelle) et 6 laïcs lasalliens sur 11, d’une session de formation ou d’une récollection. Ces résultats prouvent que l’autoformation éducative emporte sur l’autodidaxie. Ils révèlent aussi que le cadre de formation qu’offre l’établissement lasallien est toujours un stimulant pour les laïcs à participer à leur formation permanente. Est-ce le cadre de formation, et non l’établissement lasallien spécifiquement, qui favorable chez les laïcs lasalliens l’action de se former pour approfondir la foi, approfondir l’apostolat et connaître 15 16 Join-Lambert et Ndongala (2008 : 54-58). Idem 91 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 davantage l’Église ? Les réponses des laïcs paroissiens permettent de dire que c’est le cadre de formation qui favorise cette action de se former. Parce que les sessions de formation sont choisies 92 en première position avec 3 laïcs paroissiens sur 5, quand 1 laïc paroissien sur 5 choisit la lecture personnelle. Les réponses des collaborateurs laïcs montrent également cette influence du cadre de formation. Donc, à cause de l’influence positive du cadre de formation comme les sessions, les retraites et les récollections, les laïcs lasalliens assurent leur formation permanente plus par l’autoformation éducative que par l’autodidaxie. Dans ce cas, ils sont plus dépendants du cadre institutionnel et de la formation permanente organisée ; par conséquent ils sont moins autonomes. Il y a une nécessité de les former à développer l’autoformation cognitive, l’autodidaxie et l’autoformation sociale. Leur « apprendre à apprendre » afin d’« apprendre en dehors de tout système institutionnel de formation » pour apprendre ensemble avec leurs pairs dans des groupes constitués et non formels. Du fait que la façon dont l’autonomie des laïcs lasalliens, des collaborateurs laïcs et des laïcs paroissiens est exercée au cours des sessions et des récollections n’est pas très perceptible, la première hypothèse de l’étude se vérifie seulement au niveau de l’autoformation éducative. Il convient de retenir que l’autoformation éducative est plus favorable aux laïcs intellectuels africains. L’hypothèse initiale a besoin d’être vérifiée au niveau des trois formes d’autoformation cognitive, intégrale et sociale. Ce sont elles qui pourraient bien mettre en évidence l’autonomie des laïcs intellectuels. Comment la lecture religieuse pratique par les laïcs lasalliens peut-elle révélée l’exercice de leur autonomie ? IV La lecture religieuse par les laïcs lasalliens L’investigation dans les établissements secondaires (lasalliens et catholiques) et auprès des laïcs lasalliens, des collaborateurs laïcs et des laïcs paroissiens cherchait à connaître l’organisation et le fonctionnement de leur lecture religieuse. Les résultats présentent les formes de lecture pratiquées, l’existence de bibliothèque dans les établissements pour le personnel laïc et les investissements personnels des laïcs dans la lecture religieuse. 4.1 La lecture par contrainte professionnelle et la lecture libre La lecture est d’une utilité pédagogique capitale, car elle sert de moyen d’enseignement et d’apprentissage. Les laïcs lasalliens et les collaborateurs laïcs en sont très conscients. Ils pratiquent la lecture très souvent par leur profession d’enseignant et s’en servent quotidiennement dans les activités pédagogiques. Mais ce principal usage permanent de la lecture à l’école est fait plus par contrainte professionnelle que par un choix libre des enseignants. Dans cette pratique lectorale leur soumission à l’autorité institutionnelle est plus engagée que leur autonomie personnelle. Pour la lecture religieuse en particulier, la contrainte du choix et de l’usage de la lecture sont moindres parce qu’ils dépendent plus de la volonté et du désir de chaque laïc lasallien de se former. Elle est plus libre et dépend de l’autonomie du lecteur. L’enquête a permis de découvrir le degré d’exercice de l’autonomie des laïcs lasalliens dans la lecture religieuse pour l’autoformation. Mais elle a permis aussi de comprendre qu’une bibliothèque et une documentation chrétienne sont des conditions nécessaires. L’autonomie des laïcs lasalliens est mesurée par leurs initiatives personnelles dans l’organisation et la pratique de leur lecture religieuse, par exemple la fréquence de lecture, les moyens d’accès aux livres, le choix des livres religieux et les occasions de lecture de ces livres. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 4.2 La bibliothèque du personnel laïc Les résultats de l’enquête dans les établissements lasalliens, structures de formation religieuse des laïcs lasalliens, montrent que tous ne disposent pas de bibliothèque du personnel laïc et n’offrent pas une documentation religieuse aux laïcs lasalliens. 1 établissement lasallien sur 4 dispose d’une bibliothèque du personnel laïc. Dans les trois autres établissements lasalliens (tous du District du Golfe du Bénin) le personnel laïc fréquente la même bibliothèque que les élèves. L’unique établissement qui dispose de bibliothèque du personnel laïc, lui offre également une documentation religieuse. Tandis que les trois autres, les mêmes, ne le font pas. Ce fait révèle que 3/4 des établissements lasalliens ne créent pas les conditions nécessaires et favorables à l’autoformation des laïcs par la lecture religieuse. Le constat est différent dans les établissements catholiques : 3 établissements catholiques sur 4 disposent d’une bibliothèque du personnel laïc et 2 établissements sur 4 offrent une documentation religieuse aux collaborateurs laïcs. Pourquoi les 3/4 des établissements lasalliens de l’enquête souffrent-ils de cette situation ? Comme ces trois établissements lasalliens appartiennent au District du Golfe du Bénin, est-ce une particularité de ce District ? On peut penser que la fréquentation commune de la bibliothèque par les élèves et le personnel laïc explique cela. Si c’est le cas, il se pose tout de même le problème de création des conditions nécessaires à l’autonomie des laïcs lasalliens. Car ils ont besoin d’avoir un cadre de lecture et de livres propres à eux au sein de l’établissement. 4.3 L’investissement des laïcs lasalliens dans la lecture religieuse En dépit des conditions moins satisfaisantes qui peuvent exister dans les établissements lasalliens où ils sont engagés, les laïcs lasalliens pratiquent la lecture religieuse par leur initiative privée. À la question « en tant que catholique laïc (que) et intellectuel(le), quelle est votre pratique dans la lecture de la Bible, des livres religieux et des documents officiels de l'Église ? », 7 laïcs lasalliens affirment pratiquer la lecture quotidienne et 4 laïcs lasalliens, une lecture hebdomadaire. 6 collaborateurs laïcs sur 9 pratiquent également la lecture quotidienne. Les résultats des laïcs paroissiens sont peu clairs. Donc aussi bien les laïcs lassalliens que les collaborateurs laïcs font preuve d’initiative privée dans la lecture religieuse. Pour leur accès aux livres religieux 8 laïcs lasalliens sur 11 donnent une réponse affirmative. Un parmi eux précise ses moyens d’accès aux livres : « par achat, par emprunt, par téléchargement de documents numériques sur internet ». 7 collaborateurs sur 9 et 6 laïcs paroissiens sur 10 répondent aussi affirmativement. Donc aussi bien les laïcs lassalliens, les collaborateurs laïcs que les laïcs paroissiens, tous prennent également des initiatives privées dans l’accès aux livres religieux. Parmi les livres auxquels les laïcs lasalliens ont accès et qu’ils ont lu, on peut citer quatre catégories : a) livres de piété (en tête avec 5 laïcs lasalliens sur 11, 5 collaborateurs sur 9 et 5 laïcs paroissiens sur 10), par exemple, livre de neuvaine de prière ; b) livres liturgiques (en seconde position avec 3 laïcs lasalliens sur 11, 2 collaborateurs sur 9 et 3 laïcs paroissiens sur 10) : Bible et livrets liturgiques pour la messe, par exemple Parole de Vie au Togo et diffusée dans les autres pays de la sous-région ; c) la biographie des saints et la revue catholique La Croix (2 laïcs lasalliens sur 11, 1 collaborateur sur 9) ; d) autres publications catholiques (cités de façon dispersée par tous les 93 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 enquêtés) : encycliques, lettres pastorales des évêques, documents de catéchèse, livres de 94 spiritualité. Ces résultats révèlent un réel investissement personnel des laïcs lasalliens, des collaborateurs laïcs et des laïcs paroissiens dans la lecture religieuse. Ils prouvent l’exercice de leur autonomie dans cette activité formative. Mais la gamme des types de livres lus montre que leur lecture religieuse a une dominance liturgique : lecture pour la prière et pour l’écoute de la Parole de Dieu. Même si 5 laïcs lasalliens sur 11 affirment que le motif de leur lecture religieuse est l’approfondissement de la foi, il apparaît clairement que celle-ci vise moins la formation doctrinale (2 laïcs lasalliens sur 11) et la formation apostolique (3 laïcs lasalliens sur 11). Donc la lecture religieuse des laïcs lasalliens, même si elle est autonome, elle se révèle plus pieuse que formative. La deuxième hypothèse qui établit le rapport entre l’autoformation et la lecture religieuse n’est pas confirmée. Car la lecture religieuse des laïcs lasalliens est très liée à la piété qu’à la formation spirituelle. Par ailleurs, les résultats de l’enquête révèlent que chez les laïcs lasalliens les initiatives de lecture religieuse sont très individuelles. En dehors des sessions de formation et des récollections, il n’existe pas chez eux des initiatives privées collectives, des rencontres en petits groupes de deux ou trois personnes, pour organiser des lectures de livres religieux ou pour échanger sur leurs contenus, afin de partager leurs connaissances et de s’enrichir mutuellement. Pour l’autoformation sociale, l’esprit collectif par la création de club de lecture religieuse et d’échange autour des livres religieux est à promouvoir chez les laïcs lasalliens. 4.4 La contribution des établissements catholiques Quelques suggestions sont faites par certains laïcs pour la contribution des établissements catholiques à la formation religieuse des jeunes. Ils proposent pour la promotion de la lecture biblique : a) de rendre la Bible plus accessible aux enfants et aux jeunes sous des formats de livres pour la jeunesse ; b) d’approvisionner les bibliothèques scolaires en livres religieux ; c) sensibiliser les élèves et de les former à la lecture de la Bible ; d) leur organiser des jeux et concours bibliques ; e) d’étudier un livre religieux au cours de l’enseignement religieux comme on étudie les romans dans les cours de littérature. Ces suggestions montrent bien l’intérêt que les laïcs ont pour la lecture religieuse et la lecture biblique en particulier. Conclusion Au terme de cette étude, il se révèle que les laïcs lasalliens de l’Afrique occidentale ont une expérience d’autoformation par la lecture religieuse. Ils assument de façon responsable leur autoformation par des initiatives privées pour organiser et pratiquer la lecture religieuse. Mais celleci est plus au service de la piété que de la formation spirituelle, doctrinale et pastorale. Les deux hypothèses de l’étude ne sont totalement pas confirmées par l’enquête. La première qui porte sur l’autoformation l’est partiellement, car l’enquête a permis de découvrir la capacité d’autoformation éducative des laïcs lasalliens. Ceux-ci ont à développer l’autoformation cognitive, l’autoformation intégrale et l’autoformation sociale pour augmenter leur autonomie dans la formation permanente. La deuxième hypothèse qui établit le rapport entre l’autoformation et la lecture religieuse n’est pas aussi totalement confirmée. Car l’enquête a permis de découvrir que la lecture religieuse des laïcs lasalliens est plus pieuse que formative. Elle a besoin d’être ouverte aux livres de formation spirituelle, doctrinale et apostolique. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 L’utilité de l’étude est d’avoir fourni une documentation qui permet de comprendre que le laïcat 95 africain est très organisé et engagé, mais qu’il a surtout besoin d’être formé et accompagné. Les laïcs lasalliens en font partie. Ils ne sont pas bien organisés. Les deux District du Golfe du Bénin et de l’Afrique de l’Ouest ont différentes expériences à ce niveau. L’organisation effective et la formation des laïcs lasalliens sont pour eux de grands défis à relever. Je suis convaincu que tous les laïcs intellectuels africains peuvent s’autoformer par la lecture religieuse. Cela nécessite des investissements personnels et communautaires. En considérant la richesse littéraire et les nombreuses publications dans l’Église et dans l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes, les possibilités d’accès à l’information et les moyens de communication modernes, cette autoformation devient plus facile pour les lasalliens Frères et laïcs. Elle peut être mise au profit de la formation pour la mission éducative lasallienne. Cet article n’est qu’une petite contribution dans le vaste champ de recherche dans les domaines de la formation et de la mission des lasalliens en Afrique. Je remercie tous ceux qui m’ont aidé et encouragé dans la réalisation de cette étude : les chefs d’établissements, les laïcs et mes Frères du Noviciat. Références BENOÎT XVI (2010), Verbum Domini, Exhortation apostolique postsynodale. Rome : Libreria Editrice Vaticana. BENOÎT XVI (2011) Africae Munus, Exhortation apostolique postsynodale. Rome : Libreria Editrice Vaticana CARRÉ, Philippe. L’autoformation accompagnée en APP ou les sept piliers revisités... Nanterre : Université Paris X – Nanterre, Centre de Recherche Education Formation Secteur « Savoirs et rapport au savoir », disponible sur internet. Disponible sur internet. http://www.pratiques-de-laformation.fr/etutorat/data/downloads/7pillierscarre.pdf DAMBO, Valentin (Président du CRLAO). « Contribution du conseil régional du laïcat de l’Afrique de l’ouest à la table ronde sur le thème : “expériences, témoignages et réflexions sur les priorités, les problèmes et les défis de l’évangélisation dans les différentes régions du continent”. Cas de l’Afrique de l’ouest pour le Conseil Régional du Laïcat de l’Afrique de l’Ouest (CRLAO) », 3ème Congrès panafricain des laïcs catholiques a pour thème "Être témoins de Jésus-Christ en Afrique aujourd'hui", Yaoundé (Cameroun), 4-9 septembre 2012. JEAN-PAUL II (1995), Christifideles laici, Exhortation apostolique post-synodale sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Église et dans le monde, 1988. 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Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 80-96 REBOUL Olivier (1989), La Philosophie de l’Éducation, PUF, Que sais-je ?, 1ère édition, Paris. TRAORE Regina Série (1993), Pratiques de lecture des étudiants Abidjanais, Université d'Abidjan. Cote d'Ivoire. Documents Concile Œcumenique Vatican II (1966), Lumen gentium, Constitution dogmatique sur l'Église. Ecclesia in Africa, Exhortation apostolique postsynodale. Rome: Libreria Editrice Vaticana. Institut des Frères des Écoles Chrétiennes. Mémento. Rome : Maison généralice, 2014. 96 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 97 BREAKING GROUND FOR THE LASALLIAN MISSION: THE CASE FOR INDIGENOUS PEOPLES OF THE PHILIPPINES Br. Lawrence Aikee Esmeli FSC District of LEAD Sector of Philippines ABSTRACT This study focused on gathering and examining the experiences of the IPs, particularly the Manobo tribe in the Caraga region in advancing their rights to self-determination and economic empowerment. The study sought to analyze the conflicts faced by the member tribes of the organization and evaluate options and strategies in addressing their concerns. Through the use of the Rapid Land Tenure Assessment, the study was able to collect and organize stories of the IPEU and its member tribes regarding its organization, its economic plans and their legal concerns and issues. Findings showed that instruments to protect the property rights of the IPs such as the IPRA have not been successful in gaining the respect and order that is needed to promote and sustain their economic plans. To achieve the protection of rights of the IPs, economic, legal and organizational interventions are needed. Key words: indigenous peoples (IPs), Caraga region, Rapid Land Tenure Assessment, property rights, Indigenous Peoples’ Economic Union (IPEU). Narrative of IPs in the Philippines The interest on indigenous peoples (IPs) has increased in the past 20 years as the Philippines continue to examine and define its identity through its colonial past. As academics and development workers uncover years of struggle and defeat, the IPs undeniably hold the key to the nation’s history. Beyond excitement from archaeological finds and exotic appreciation of indigenous culture by the colonized majority, the quest for historical justice remains a quagmire, if not an arduous struggle. Worldwide, the IPs comprise a third of the world's poorest and disadvantages include the basic social services such as health, education and human rights among many other forms of deprivation (UNDP, 2010). They have long faced marginalization through their exclusion from the dominant political systems and regimes and threatened with extinction along with their languages, cultures, customs and lives. Land tenure security, ownership and exploitation of natural resources, political determination and autonomy (ADB, 2007) are just some of the conflicts that the IPs experience even after a United Nations Declaration on the Rights of Indigenous Peoples in 2007. In the Philippines, the IPs constitute about 14.1 million (NCIP, 2010), more than a tenth of the total population and comprise about 110 ethnolinguistic groups. Some tribes live in forest ecosystems, while others are found in the plains and coasts. The IPs from the Cordillera Administrative Region (CAR), in Luzon Island, make up to 33% while the Mindanao Islands tribes take up to 61% (UNDP, 2010). It is important to note, however that census and registration continue to be a problem for most IPs. Despite being tagged as a disadvantaged sector in RA 8425 or the Social Reform and Poverty Alleviation Act, the National Statistics Coordination Board has reported that Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 poverty statistics for the IP sector was not generated in the IP sector due to data constraints from existing censuses and surveys (NSCB, 2011). Absences of birth certificates and unregistered 98 marriages in some areas only prove the IP exclusion, as 92% of them remain invisible in the planning statistics of the government (Philippine Daily Inquirer, 2013). Republic Act 8731 or the Indigenous Peoples Rights Act (IPRA) has been lauded as a progressive measure in the region, ‘being at the forefront of recognizing the rights of the country’s indigenous people’ (Perez, 2004). The ADB notes that the Philippines and Malaysia have the legislation that assigns the most rights to IPs (ADB, 2007). Years hence, a pilot study on the Indigenous Peoples’ rights to ancestral domains was conducted through the METAGORA project (NSCB, 2006) and reported that seven out of 10 members of the IP are aware of the rights to the ancestral domains and lands. Aside from awareness, it also described realizations and violations experienced by the IP. The study posted the following information: Highest rated rights: right to develop lands, right to ownership, right to safe and clean water. 41% of IPs experienced violations of rights on their ancestral domains Of these violations, 64.9% was about illegal entry, 48.7% encroachment, 29.5% experienced pollution and 11.4% were displaced. The Philippine Partnership for Development of Human Resources in the Rural Areas (PhilDHRRA) in May 2008 released the Philippine Asset Reform Card which assessed the asset reform thrusts of the government. Concerning the IPRA, the study concluded that “the IPs ownership and rights over their ancestral domain are far from secure despite the IPRA.” They reported that 69% of the activities done within their ancestral domains are done without their consent and 44% of the respondents have conflicting claims over their ancestral domains (PhilDHRRA, 2008). Lederach (2005) recounts his discussion with an indigenous elder in Luzon Island. He quotes him: …some believe that ancestral domain is essentially a term that refers to land fights where indigenous people claim historical rights to a piece of land when outside groups want the land, or the minerals, forests or water. I suppose that is true. But for us ancestral domain is not about the land as if it were a legal question of title. For us, it is the place is where our ancestors live. Where they live is where we are people. You take away our place, you take away our past. You take our past, and we cease to be (p.132). In the discussion of indigenous peoples’ needs, a paradigm check is necessary, especially for non-IP academics in order to promote a fair perspective. Call for assistance to the De La Salle Brothers The Indigenous Peoples Economic Union (IPEU), a network of 31 Tribal Leaders in the CARAGA region in Mindanao Island wrote a formal letter to the President of De La Salle Philippines, Br. Jose Mari Jimenez FSC, requesting assistance in their goal to promote their rights and self-determination as Lumads in Mindanao. The members of IPEU also comprise ALLUMAD or the Alyansang Lumad Mindanao, a party list organization that was recognized and campaigned for a seat in the 2010 and 2013 National Elections. The tribal leaders are as well applicants and holders of Certificate of Ancestral Domain Claim (CADC), Certificate of Ancestral Domain Title (CADT) and Certificate of Ancestral Land Title (CALT) who organized to assert their rights. The letter written by Julius Mabandos, whom they consider a Sultan and who for them was a duly Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 elected representative of legitimate datus in their network of tribes, contained their concern for the youth of the IPEU member tribes who were mostly of Manobo ancestry. They sought for assistance 99 in the education of the young and the governance of the elder leaders primarily in the proper stewardship of their resources in their ancestral domains. Through this assistance, they believe that economic self-determination and eventually the preservation of their culture will be achieved. De La Salle Philippines and committed a long-term training of local leaders on governance through the De La Salle University (DLSU) Jesse Robredo Institute of Governance. Two immediate responses were given; first, a workshop where the tribal leaders were able to share their experiences, and second, a study to assess the land tenure security of the group members, from which the author was directly involved. This invitation to be of service to the indigenous peoples comes at an opportune time when after one hundred years of presence in the Philippines, the De La Salle Brothers continue to seek new forms of commitment to be of service the young, especially to the poor through education. The organization IPEU is seen in their increased determination to exercise their rights to access to their resources through envisioned economic prospects in agroforestry and large-scale agriculture. This brings the study to ask the following relevant questions: 1. As IP groups seeking security of land tenure, what are the challenges that the organization will face in their vision to use their resources? 2. At the organization level, what options does the organization have in addressing these concerns? Objectives of the Study This study generally aims to determine how the IPEU can be assisted in their fight against oppression. The general objective is hoped to be realized through the following objectives: 1. Analyze the conflicts on land tenure and access faced by the member tribes of the organization; and, 2. Evaluate options and strategies for the organization in addressing their issues on land tenure and access. Significance of the Study The study is a humble attempt to address first, the need of the organization in planning of programs and activities for their respective ancestral domains and second, the need for relevant literature for cases and experiences of the IPs in the Caraga region. The organization believes that in order for their groups to survive and meet their daily basic needs, they would need to utilize the resources, from which they believe are part of their ancestral domains. The study hopes to help the organization by presenting the facts and figures regarding security of land tenure and access to their resources, which is the response as well of the author to their written request. While literature on IPs slowly increases, much has yet to be contributed specifically in their experiences of land tenure and access considering that the Indigenous Peoples’ Rights Act was enacted only 17 years ago. Cases and field studies such as this attempt may count as a resource for this marginalized sector. This initiative by the IPEU is one important opportunity to conduct this Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 study because the author will be granted access to their documents, organizational network and 100 even logistics which otherwise would be very difficult to seek. Property Rights and Resources of the Indigenous Peoples For a deeper understanding of the organization's situation, this study assumes that land tenure security is the key to the economic empowerment of the members of the IPEU (DFID, 2014). Of the three definitions of UN-HABITAT (2008) on land tenure security, this study used two of these, namely: 1) “the degree of confidence that land users will not be arbitrarily deprived of the rights they enjoy over land and the economic benefits that flow from it; and 2) the certainty that an individual’s rights to land will be recognized by others and protected in cases of specific challenges.” In the assessment of land tenure security, property rights were focused upon. A property right is “the exclusive authority to determine how a resource is used, whether that resource is owned by government or by individuals” (Alchian, 2008). As the researcher studies exercise of property rights through ownership and control over resources, Edella Schlager and Ellinor Ostrom’s (1992) major scholarly work is of great help. In Property-Rights Regimes and Natural Resources: A Conceptual Analysis (1992), three important concepts offered were adapted in this study: bundle of rights, holders of rights and legitimacy of holders. Common-property resource, being defined as “property owned by government, by no one, or owned and defended by a community of resource users” (Ostrom and Schlager, 1992) was applied to the areas to be studied. Ostrom (1976) refers to rights as “particular actions that are authorized” in the resource areas. It is argued that there are five rights associated in natural resources use which are as follows: 1. Access: the right to defined physical property. 2. Withdrawal: the right to obtain the “products” of a resource. 3. Management: The right to regulate internal use patterns and transform the resource by making improvements. 4. Exclusion: The right to determine who will have an access right and how that right may be transferred. 5. Alienation: The right to sell or lease either or both of the above collective-choice rights. Holders of these rights are distinguished into four types: owner, proprietor, claimant and authorized user. These holders are associated with specific bundle of rights as described in Table 1. Owner Proprietor Claimant Authorized User Access X X X X Withdrawal X X X X Management X X X Exclusion X X Alienation X Table 1. Holders and Bundles of Rights Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 Legitimacy of holders depend whether they are de jure, or those actions towards resources that are 101 enforced and authorized through legal and constitutional means, or de facto, where actions are agreed upon by resource users but are not recognized by the government. Framework of Analysis A theory of change (Weiss, 1995) is adapted to provide a causal pathway in the analysis of the findings in this research. As adopted from Domingo (2013) in promoting property rights and development, Figure 1 graphically represents the expected contexts encountered in this study, its supposed interventions and respective intermediate and final outcomes. Figure 1. Framework of Analysis Research Design A key feature of this research is the use of the rapid land tenure assessment to describe and organize information about the contexts that the IPEU faces. In 2010, Galudra et al. through the World Agroforestry Center published the RaTa: A Rapid Tenure Assessment Manual for Identifying the Nature of Land Tenure Conflicts. Culled from experiences from Indonesia, it serves as a tool in describing relationships between land tenure and land claims and facilitating policy options and interventions in conflict analysis. Galudra et al. argue that in analyzing resource management issues – access, claims, control and distribution through tenure assessment can help analyze conflicts and future decisions. This assessment was chosen to assist the IPEU in analyzing the various experiences of their member tribes in the pursuance of their economic visions. To be able to execute their plans, they need assessment in order for them to make informed decisions. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 Date and Place of Study 102 A preliminary visit was made on April 24-28, 2014 to assess the feasibility of the study and data gathering was done on September 4-8, 2014. The study maintained a focus on the organization, IPEU and its member tribes. The organization operates in the Caraga region in Mindanao across five provinces: Agusan del Norte, Agusan del Sur, Surigao del Norte, Surigao del Sur and Dinagat Islands. Created through Republic Act No. 7901 in 1995, the region has 6 cities, namely Butuan, Cabadbaran, Bayugan, Surigao, Tandag and Bislig. While the majority of its population is Visayan, the region is also home to the Manobo and Mamanwa tribes. Figure 2 illustrates the Caraga region map. About 71% of its land are forests and it is also abundant in mineral deposits such as iron, gold, silver, nickel, chromite, manganese and copper (NNC, 2014). Figure 2. Map of Caraga Region Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 The Respondents and Informants 103 The IPEU has set eight member tribes as part of their first phase of development, noting their respective CADT / CADC statuses, hectarage, representatives and relevant resources. For purposes of security and privacy, names have been changed into codes. Those who belong to this phase are listed in Table 2. CADT-CADC AREAS No. of Hectares Datu Representative Project Potential & Known Mineral Reserves CADT 1 – Bislig, Surigao del Sur 15,800 Bae 3 Tree plantation (cacao, rubber, palm oil, crops), Hydropower & energy source CADT 2 – Veruela, Agusan del Sur 30,453 Datu 5 Tree plantation (cacao, rubber, palm oil, banana, rice and crops), Hydropower & energy resource Bae 1, Datu 1 Tree plantation (cacao, coffee, rubber & crops), gold, silver, copper & nickel Hydro power & energy source CADT 3 – Cabadbaran, Agusan del Norte (Case 1) 26,000 CADT 4 – Sibagat, Agusan del Sur 26,000 Datu 6 Tree plantation (rubber, coffee & crops) Gold, copper & coal, Hydropower & energy source CADC 1 – Trento, Agusan del Sur (Case 2) 22,000 Datu 2 Tree plantation (cacao, palm oil & crops), Gold & copper Hydropower & energy source CADC 2 – Santa Josefa, Agusan del Sur (Case 3) 10,000 Datu 3 Tree plantation (cacao, banana, bamboo, palm oil, rice & corn) Bae 2, Datu 4 Tree plantation (fruits, rubber, palm oil, cacao, coffee, crops) Gold, copper & carbon Hydropower & energy source Datu 7 Tree plantation (coffee, rubber & crops) Manganese, Hydropower & energy source CADC 3 – Bayugan, Agusan del Sur (Case 4) 38,000 CADC – 4 San Antonio RTR Agusan del Norte 15,000 TOTAL 189,253 Table 2. IPEU First Phase of Development While in the process of implementing their development goals, they note that these areas confront various issues and conflicts over ownership and control of their resources. The group and the member tribes maintain that these are their lands and resources and that despite these problems, they will continue to exercise their rights and use the resources for their families’ survival and Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 development. When asked about which of these areas are most problematic and could be the areas for the assessment, the Sultan chose four areas namely, CADT092 and three CADC holders in the 104 municipalities of Trento, Santa Josefa and Bayugan (highlighted in light green). Key informants for the four cases are the respective representatives of their tribes. Research Instruments Site Visits. Visits were facilitated by the organization but transportation costs were shouldered by the author. IPEU has committed to send with the author a vehicle with a driver, and a security detail who will also act as a liaison in providing contact and advanced arrangements with the communities concerned. Key Informant Interviews (KII). The study prioritized the opinion of the member tribes in gathering relevant data. In the description of the conflict, interviews were conducted with the member tribe’s leaders, depending on the sample provided by the IPEU, taking into consideration as well constraints in logistics, transportation and accommodation costs, distance, health, well-being and safety of the informants. The guide for semi-structured interviews also provided by Galudra which were translated into Filipino (or Visaya, whenever needed) and were used as the springboard for discussion among the tribal leaders. Review of Documents and Photographs. Documents presented by the tribal leaders were examined and photographed for reference. This was also used to support claims of incidents and proof of identity. Data Collection Procedure The rapid land tenure assessment contained specific inputs and outputs through respective phases (Galudra, 2010). These phases included: 1) locating and mapping potential sites, 2) competing claims dimension, 3) actor analysis, 4) assessment, 5) policy study and 6) policy option. Figure 3 illustrates these phases and the needed methods and references. Data Analysis To fulfill the first objective of this study, which is to analyze the conflicts on land tenure and access faced by the member tribes of the organization, the following were used to organize and analyze data that were gathered: Mapping of Tenure and Conflicting Claims, where spatial dimension and geographical boundaries of land and resource use were expected to help in structuring discussion and help identify actors. Competing Claims Time Line, where history of competing claims and sequence of events helped clarify dynamics and key issues. Actor Analysis, where key actors were identified and assessed of their interests, power and potential impacts over land tenure conflicts. Guide Questions for Semi-Structured Interviews, where basic information was gathered and the general situation was drawn from the participants. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 105 Figure 3. Steps in Rapid Land Tenure Assessment Findings from the Study The Indigenous Peoples’ Economic Union (IPEU) According to the fact sheet provided by the IPEU Chairman and its Executive Director, the purpose of the alliance is to “serve as the institutional vehicle and strategy for the economic and cultural empowerment of the Lumad tribes”. In their vision and mission statement, they wish to achieve the following: Targeted investment return; Resource sustainability; Inclusive growth and; Capital build-up Their Lumad Union Program and its structure are illustrated in Figure 4. They proclaim to have 21 clan owners of CADT in their membership with a total hectarage of 470,000 – 150,000 of which have been committed to the future projects of IPEU. In their governance principles, they note that “with the release of the draft Bangsamoro Basic Law (bill) last April 14, 2014 it is evident that the National Government has no regard for the IPs’ rights… and despite being at the core and adjacent to the Bangsamoro territory their efforts (to consult their communities and stakeholders) were never heard and recognized by the Bangsamoro Transition Commission.” While they do not wish to form an autonomous territory, they wish to support their ancestral domains most of which are situated near each other. In their economic agenda, they have prioritized a resource pool system wherein their member tribes will contribute to their collective development as illustrated in their Resource Pool System from their framework paper. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 View from Four Stories While the intention was to interview individual tribal leaders, upon arrival in the area were various leaders who wished to listen to the discussion. The author as well encouraged them to contribute, out of respect and value to their experiences. Some either added or simply affirmed what the leader/s has/have shared. The following case studies provide a profile of the areas and as well a discussion in accordance with the provided list of objectives from the Rapid Land Tenure Assessment framework. For the safety and security of the informants, their real names were withheld. Case 1 In their refurbished association center, Datu 1 and Bae 2 started the discussion with their complaint on a hydroelectric power generator project by X Hydropower Corporation Inc. covering 24 hectares that allegedly was recently approved by the NCIP. She explained that her father had a second wife from which she had a half-brother, Datu 1.2. She said that it was her half-brother who claimed the land that was supposed to be hers. Despite the awarding of the CADT to their clan, she said that the NCIP recognized her half-brother for this project which led her to file a complaint to the Ombudsman. She won but the Memorandum of Agreement between the tribe and the X Hydropower Corporation Inc. has already been approved. Given her illiteracy, she asked help from a forester, Mr. A whom they trusted to prepare documents on their behalf. At present, she has been recognized by the NCIP but the project has not started. A letter of assurance was given by the NCIP however, that their clan will benefit from its proceeds. She added another case of encroachment from a number of small scale miners especially those extracting gold. She said that her half-brother sold half of her land to a certain Tony through the Barangay Captain. Datu 1 mentioned that the Barangay Captain maintained a small gold processing plant inside his house. She shared various instances where the Barangay Captain threatened and demeaned her verbally and through short message service (SMS). Another case is a mining exploration that involved drilling but she was able to apprehend them. A lawyer, allegedly from the exploring company offered money to them but she refused, saying they can live with rootcrops, and that they only seek respect. She emphasized that what they have originally planned for the area was to cultivate the land for agriculture and that they do not want to mine because they do not want to destroy the soil. However, part of their land was included the Cabadbaran River Watershed Forest Reservation (Presidential Proclamation No. 834) of 16,000 hectares but their customary farm has long been approved by the DENR. Within the discussion, Bae affirmed the presence of the New People’s Army (NPA) in the forests and the military detachment near the entrance of their association center. Datu mentioned that they could not start their own bagani (tribal army) to secure the area because they are concerned about the reaction of the NPA. To date, they are awaiting the opening of the hydropower project but still on a stalemate with the Barangay Captain regarding their operation of a small gold processing plant in their house. They are also anticipating the IPEU agro-forestry projects. 106 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 Case 2 Datu 2 is the tribal chieftain of their town’s Council of Elders. They have a center for their tribal organization, complete with tarpaulins and posters explaining their organization and its officers. He started with a discussion on a competing tribal leader whom he contested legitimacy from Datu 2.4. In 2005, he was recognized by the NCIP as the real tribal leader. Despite a survey in 2010, the official title has yet to be released. This delay fuels the opposition in arguing that their organization is not yet the official owner of the area and its resources. He vehemently said that the people around their area do not respect their ancestral domain. He cited that various financiers and illegal miners continue to operate in their claimed area. Through the years, however, they have allowed these through permits that were applied and approved by their organization. He focused his discussion on his concerns, however, on the rampant illegal logging. He mentioned the death of his son on July 2, 2013 who was shot outside of their area when he tried to bring out logs from their ancestral domain. His son said that since the illegal loggers were able to bring out logs which were supposed to be theirs, he could do the same because it belongs to them. There were two trucks of illegal logs that were able to pass through the DENR checkpoint but when it was his son’s turn, he was apprehended. The son threatened to report the financiers of the other two trucks who passed the checkpoint but he was shot soon after. Apart from violence, these illegal operators are also able to make roads or bridges whenever and wherever they want to. He said that they could have asked help from the Public Attorney’s Office for help but they have a sense of distrust against government officials. Their area also included a forest reservation of 500 hectares but they said they are unfazed by the prohibition of the DENR to use this area since a lot of illegal loggers operate there. He reported also a conflict against another Barangay Captain who forged a project with the DENR on the National Greening Program involving some 800 hectares within their ancestral domain. He tried to claim the falcata trees planted in their area but the Barangay Captain did not agree. In addition to these, he added situations when he received reports that migrants whom they have accommodated in their land sold some of their parcels. While the area was not mentioned, he said that they would still involve them in their future projects. When asked about the project proposals of the IPEU, he said that this would give them hope for a better source of income. He remained unfazed with the cases of violence and the other encroachment saying that they would still be able to plant trees and make use of their resources. 107 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 Case 3 Datu 3 came with his wife and four other datus from their area. For security and logistical considerations, the author met them near the Trento highway at a bakery shop. He started with his complaint regarding the NCIP when their tribe applied in 2010 but was stalled due to lack of funding. When his father died recently, he had to reapply on their tribe’s behalf, now as the head claimant at the age of 25. He cited numerous claims to their lands especially from various local government agencies (exvice governor, mayor, police, Barangay officials) and from migrants who were already able to farm about 600 hectares from their claim. A certain Barangay Captain allegedly barred them from entering a forest which was still within their ancestral domain. He specifically mentioned the claim also by former Vice-Governor of some 97 hectares for a palm oil plantation and Y Multipurpose Cooperative of approximately 300 hectares for the same purpose. He related three counts of violence and murder attempts to three of their members - first, a member was burned alive in his house, allegedly by the migrants; second, an ambush (but details were not mentioned) and third, Datu 3.2. The last attempt was last March 9, 2014 which included him and his wife on a motorcycle but only Datu 3.2 was shot. He said that the NCIP is the only institution from which they could seek for help. Despite the years that had passed, however, their area has not been surveyed and no reply has been given to them regarding their application. He said that since the CADC survey in 1972 and the numerous claims over their land, no resolution has been provided yet. They said that they are safe within their territory but danger is outside where they are met with hostility. They initially proposed to have a bagani force (or a tribal army) but they were forbidden to carry firearms. While they continue to farm for subsistence, they could only drink rainwater due to the high acidity and turbidity of their ground water. They related as well how some Koreans were able to discover minerals from their land. They also said that their soil is flammable and that a white substance (possibly talc) is present in their area, aside from gold and high-octane fuel. While admitting that they do not have enough financial resources to seek help from a private lawyer, they raise their hopes with the IPEU on their economic plans. 108 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 Case 4 Bae 2 currently serves as the municipal tribal officer of Bayugan. Her husband, Datu 4 shares their house for this office where they meet with various tribal leaders and members for concerns. They have the biggest area from among these four cases but is also a basket case of conflicts on land tenure. Their area is a source of gold, copper, silver, manganese, limestone, coal and timber. While they have been working with two large scale mining companies, there are a lot of other mining groups that did not ask for their permission to operate despite the area being part of a civil reservation by virtue of Presidential Proclamation No. 1122 in 1973. Aside from mining activities, they have reported various agroforestry initiatives in the past, specifically a Gmelina plantation that operated for about four years. By virtue of Presidential Proclamation No. 734, the Andanan watershed, with an area of 15,000 hectares belonged to their claimed area. Bae 2 affirmed that access to that area is open and people have been free to plant whenever and wherever they wish to. To date, they strongly condemn the inclusion of parcels of their claimed domain in the Comprehensive Agrarian Reform Program of about 1900 hectares. Despite numerous letters of complaints to the Municipal Agrarian Reform Officer, no reply was received. Another is the delay and postponement of the NCIP in their petition for delineation despite releasing 2.5 million for the survey since 5 years ago. They suspect that the cause of delay was because they shared their plan with the Mines and Geosciences Bureau (MGB) of the DENR of not allowing mining applications in their area should they finally receive their CADT. A copy of their petition for identification, recognition and delineation to the DENR in 1995 can be seen in Appendix L. Within the discussion, Datu affirmed the presence as well of the New People’s Army (NPA), the Revolutionary Proletariat Army (RPA), various bandidos (loose criminals) and syndicates in the area. He mentioned that the NPA opposes the CADT application but they have plans for them in the future when they start the projects with the IPEU. He admitted that they used to work together in driving out the mining companies in the past through the destruction of their mining equipment. He said that if they become successful in receiving the CADT, he would be able to talk to them and work out an agreeable arrangement. Analysis Different Land Contexts, Confused Property Rights Using the lens provided by Ostrom on property rights, the cases provided above illustrate both similarities and differences and contexts. Following the proposed theory on bundles and holders of rights, various inconsistencies may be observed. First, actors claim different types of rights or combinations depending on their interest. Access and withdrawal have been combined in Ostrom’s proposal but some actors exercise only access but not withdrawal, others do both. Some try their best to manage and some exclude. In the case of the NPA, they have been only proven to have access to the land claimed by some tribes but not necessarily withdraw and manage resources. Part of the difficulty in considering the government as a single actor is the fact that various executive agencies and levels of government are involved in different ways of claiming combinations of the bundle of rights. Some government agencies are involved in access and withdrawal, such as the Barangay Captain and some local officials. 109 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 Second, these mixed behaviors of actors not only confuse the contexts but also blur the distinctions between the holders of rights. Despite the fact that a tribe has been given full rights over the land by 110 virtue of the IPRA, the government through its different agencies and officials send mixed messages to the IPs. While it is assumed that owners, which is the case for the CADT holders, are given full rights over their ancestral domain, the government still proves its ownership of the land by exercising the bundles of rights of an owner while proclaiming that it is not. From the cases mentioned, it seems that even unauthorized users are able to claim full the bundle of rights to the land as seen in the actions of illegal miners and loggers. Third, while legitimacy is supposedly provided by the government in order for the IP groups to become de jure owners, the inaction of the NCIP and the claims by the local government fuel the conflict between them and the IPs. While the government had legitimized ownership to the IP groups through the IPRA, it is the same government, through the actions of various government units – Barangay officials, local government, etc. that claim ownership and exercise all rights over ancestral domains. Immediate arbitration is necessary to stop not only unauthorized access but also life-threatening tension and conflict brought about by competition for ownership. Interventions and Options If the tribal leaders and the IPEU wish to continue with their plans, various interventions are needed in three areas - first, support in planning of sustainable economic plans, second, increased access to legal services and third, providing opportunities to strengthen the organization. Economic Interventions Risks have to be managed as the IPEU proceeds with its phases of development. While the economic plans of the organization are detailed in a process, a deeper assessment is necessary in order for their plans to be sustainable. There is danger on both ends – from the input of capital and technology to the areas provided for in the proposed projects. It is understandable that economic benefits are needed immediately but reckless execution of these projects, notwithstanding the conflicts raised by the member tribes will eventually raise the risk of hampering these opportunities for development. The leadership needs to provide mechanisms as well to screen and select business partners for their projects. It is also hoped that necessary environmental assessments are done to preserve and sustain their resources. Legal Interventions While access to legal services remains to be a challenge for the tribal leaders experiencing problems, much can be done to discuss and explore possible legal options for the organization to take initiatives from. The implementation of various laws affecting ancestral domain areas is seen to be a source of conflict specifically: 1) the involvement of the local government in various affairs affecting land tenure and access to resources as seen in the cases of intimidation of the tribal leaders and the control of resources in the ancestral domain by the Barangay Captain; 2) the coverage of parts of the ancestral domain by the various laws on national natural resources (presidential proclamations, NIPAS Act) being declared as forest reservations or watersheds; 3) the coverage of parts of the ancestral domain by the Comprehensive Agrarian Reform Law, as seen in the distribution of parcels of land within the tribal territory, and 4) the varied roles and actions of the Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 National Commission on Indigenous Peoples despite being the main agency in protecting the rights 111 of the indigenous peoples in the areas studied. Capability Building Interventions The issues presented also open opportunities for skills development of the organization. While the determination of the tribal leaders in securing their land tenure is present, their skill to engage in self-protection remains limited specifically in securing their domain borders, given the amount of their logistical resources and increasing access to legal services and considering illiteracy and inability of leaders to maintain coordination with respective government agencies. Their desire to benefit from the resources within their ancestral domain continue to be a dangerous gamble, as provided in the experiences shared by the leaders and from what the organization plans to do. Through capability building measures however, these can be addressed from a platform provided for by the IPEU. Options for De La Salle Philippines As Brothers and Lasallian Partners continue to seek various ways to be in direct service to the poor, this invitation encourages the Sector of Philippines to be discerning yet bold in its steps in providing access to services, which may not necessarily limited to education. While traditional schools have been the strength of the sector, much traction has been gained over the recent decades in innovating and diversifying the means to be of service not only to the students but also for the rest of the country, most especially through research and extension services done by higher educational institutions. As evident in the forum in June 2014, which was organized to gather support for the IPEU, assistance could take the form of legal services, economic planning and business incubation and research projects to document and sustain their heritage through culture and history, all of which could support the aforementioned interventions. Conclusion This study focused on gathering and examining the experiences of the IPs, particularly the Manobo tribe in the Caraga region in advancing their rights to self-determination and economic empowerment. The study sought to analyze the conflicts faced by the member tribes of the organization and evaluate options and strategies in addressing their concerns. Through the use of the Rapid Land Tenure Assessment, the study was able to collect and organize stories of the IPEU and its member tribes regarding its organization, its economic plans and their legal concerns and issues. The organization and four member tribes and their respective areas were visited. Key informant interviews and document reviews were conducted gather their experiences, their plans and the challenges that they face. Findings showed that instruments to protect the property rights of the IPs such as the IPRA have not been successful in gaining the respect and order that is needed to promote and sustain their economic plans. To achieve the protection of rights of the IPs, economic, legal and organizational interventions are needed. Among the different studies and narratives of property rights, the IPs continue to face insecurity in land tenure, despite legal instruments to do otherwise. The confusion and inconsistencies from the side of the government in protecting ancestral domains and the relentless disrespect of illegal Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 97-115 miners and foresters to the sacredness of their land further prove the need for assistance and 112 empowerment for the member tribes of the IPEU. The initiative of the IPs in creating an organization and deciding to achieve development collectively is ingenious and inspiring. Despite the violence and discrimination, their desire for peaceful coexistence with the prevailing social order and their dream for sustainable development is worthy of support. The member tribes interviewed have consistently expressed their hope on the IPEU. It is incumbent therefore for the alliance, with all the resources it has, to promote the welfare of the Lumad IPs. From the issues presented, there is no other option but collective action. Given their experiences, a member tribe cannot just simply think of its own concerns but hope for interdependence both for the security and economic development of their fellow Lumad IPs. The alliance needs to be careful in engendering the interests and welfare of its member tribes. The power that the member tribes have bestowed upon its leadership can work for the better or for the worse. This movement is a welcome improvement in the struggle of the IPs and an opportunity as well in the asset development of our country. The ancestral domains undeniably comprise the last stronghold of the best economic resources the Philippines has. The country is indebted to the IPs in the stewardship of its wealth and it deserves to be extended support and protection for this shared dream. References ADB Environment and Social Safeguard Division Regional and Sustainable Development Department. 2002. Indigenous Peoples/Ethnic Minorities and Poverty Reduction. Asian Development Bank. Manila, Philippines. ADB Evaluation Study. 2007. Indigenous Peoples Safeguards. Asian Development Bank. Manila, Philippines. ALCHIAN, ARMEN. 2008. “Property Rights.” The Concise Encyclopedia of Economics. Library of Economics and Liberty. [http://www.econlib.org/cgi-bin/cite.pl Accessed December 5, 2014] BEAUCLERK, JOHN AND NARBY, JEREMY. 1988. Indigenous Peoples: A Field Guide for Development. Oxfam. 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Francisco Dionisio Pérez, fsc Distrito Lasallista de Centroamérica-Panamá RESUMEN El autor ofrece una reflexión personal sobre la situación de la cultura de exclusión y las nuevas pobrezas que afectan a los pueblos indígenas de Centroamérica y de América Latina en general. La pobreza es polisémica y relativa a las características de la sociedad en que se manifiesta. Pero es un hecho real que ha derivado en nuevas pobrezas, producto del nuevo orden económico mundial favorecido por la globalización. El mundo indígena continúa viviendo las consecuencias del racismo y del menosprecio social y cultural, cuyas raíces encontramos en el período colonial, y que hoy en día se siguen expresando a través de un sistema socioeconómico que afecta el ejercicio de sus derechos humanos fundamentales, especialmente el de las mujeres indígenas. La encarnación de Jesús entre los más pobres sigue siendo un desafío para los Hermanos de las Escuelas Cristianas y su inserción entre los más pobres de América Latina. Palabras clave: indígenas, América Latina, pobreza, nuevas pobrezas, exclusión social, vulnerabilidad, racismo, mujeres indígenas. Vino un visitante donde el hombre rico y, dándole pena tomar su ganado, sus vacas y sus ovejas, para dar de comer a aquel hombre llegado a su casa, tomó la ovejita del pobre y dio de comer a aquel hombre llegado a su casa. 2 Samuel 12, 4 En nuestra vida, es muy probable que nos hayamos encontrado con muchas reflexiones que nos han invitado a volver la vista hacia los olvidados; sin embargo, considero que no solo es un deber cristiano fijar nuevamente nuestra mirada hacia ellos, sino apropiarse de esa convicción, como Jesús, que optó por los más pobres. El siguiente artículo, es un sencillo aporte de una reflexión personal sobre la situación de la cultura de exclusión y las nuevas pobrezas que congelan la mirada desorbitante de los pueblos indígenas de Centroamérica, y de América Latina en general. Las estadísticas nos indican que: La última ronda de censos revela que existen más de 36,6 millones de indígenas en América Latina, lo cual representa un considerable siete por ciento de la población total. México, Guatemala, Perú y Bolivia concentran las poblaciones más numerosas, tanto en términos absolutos como porcentuales, representando más del 80 por ciento del total regional (aproximadamente 30 millones).1 1 Banco Mundial. Los Pueblos Indígenas en América Latina Balance político, económico y social al término del Segundo Decenio Internacional de los Pueblos Indígenas en el Mundo. Práctica Global para la Resiliencia Urbana, Rural y Social América Latina y el Caribe. Nueva York, septiembre de 2014. Borrador presentado para discusión en la Conferencia Mundial de Pueblos Indígenas, p. 9. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 Posiblemente, se trate de una situación triste, retadora y desafiante ante las nuevas cadenas de opresión y olvido que siguen padeciendo miles de hermanos y hermanas indígenas de 117 Centroamérica y A. L. que, sin duda, los patrones de opresión siguen siendo los mismos. A veces, solo cambian de nombre y de país. Espero que este sencillo aporte sea una oportunidad de hacer resurgir inquietud, acción y compromiso, desde las rutas de un profetismo que tanta falta hace. Nuevas pobrezas y el fenómeno de la exclusión social: breves palabras Para una mejor comprensión y ubicación en el tema, conviene empezar aclarando el concepto de este término: pobreza. Se trata del estado de escasez de recursos materiales para vivir dignamente. “La pobreza absoluta es una condición caracterizada por una privación severa de las necesidades humanas básicas que incluye: alimentos, agua potable saludable; así como condiciones de higiene, de salud, de vivienda, de educación y de información” (Naciones Unidas, 1995).2 La pobreza es polisémica y "relativa" a las características de la sociedad en que se manifiesta. No es lo mismo la pobreza en un país desarrollado que la de uno subdesarrollado. En los países prósperos existen también situaciones de pobreza quizás en una escala menor que en la realidad latinoamericana y en la de otros países pobres; pues como diría Eduardo Galeano, "Toda riqueza se nutre de alguna pobreza". Las nuevas pobrezas: son las nacidas del progreso salvaje, de la competencia ilimitada, del neoliberalismo inhumano (sic), de la ausencia de ética, de la degeneración de los valores, etc. Se puede evidenciar tal flagelo en la desesperación por el sinsentido de la vida, el azote de la droga, el abandono de las personas en la edad avanzada o en la enfermedad, la marginación o la discriminación social y la forma degenerada de hacer política. El desequilibrio ecológico, los problemas de la paz (guerras), el desprecio de los derechos humanos fundamentales de tantísimas personas, especialmente de los niños serían, entre otras, manifestaciones de estas nuevas pobrezas. A consecuencia de las transformaciones industriales y sociales provocadas por las innovaciones tecnológicas, la maximización productiva y la relativa obsolescencia de los otrora importantes sectores productivos agrícolas, la pobreza ha alcanzado a otros colectivos de ciudadanos cuyo rasgo común es su salida provisional o permanente del mercado laboral «normalizado». Se trata del fenómeno denominado como nueva pobreza, y que incluye a desempleados, subempleados, trabajadores no regularizados, informales o, simplemente, ilegales (Naciones Unidas, 1995).3 El fenómeno mundial, más conocido como globalización, le ofrece a la sociedad la integración en un único mercado capitalista, lo que resulta para los que no cuentan con capital estar fuera de las oportunidades de desarrollo económico. Al globalizar el mundo, se globalizan a su vez los recursos que la naturaleza ofrece para el buen vivir de las personas; sin embargo, mientras no cuenten con capital, se les puede ir de las manos y terminan siendo industrializados y/o explotados. En este sentido, uno de los resultados de la globalización es la pobreza humana: la pérdida de la dignidad de la persona, pues al perecer el equilibrio en el manejo de los medios, recursos y oportunidades para todos, unos pocos resultan propietarios de lo que pertenece a toda una humanidad. La pobreza lingüística es otro fenómeno. La pérdida del lenguaje entendida como la totalidad del saber, conocimiento y hacer de la persona, no es solo carencia de la palabra hablada. Se empiezan a estandarizar el lenguaje y los saberes de los pueblos. La comunicación se debilita. El lenguaje es 2 3 cf. Naciones Unidas (1995). cf. Idem, p. 6. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 riqueza intangible, pero grandiosa porque nos permite conocernos: conocer al otro y conocer el 118 contexto. No obstante, está en peligro. En las pobrezas ya referidas, se está desarrollando la cultura de exclusión, entendida ésta como el hacer y el ser que asume como normal el sentido de apropiarse, sin importar si los demás están bien. La benevolencia que es un lazo que nos une al Bien, que es Dios, se rompe cada día. La persona es capaz de hacer cosas grandes cuando desarrolla su sentido de la solidaridad, es decir, cuando se pone en lugar del otro, cuando siente la necesidad o dolor del otro; sin embargo, esa actitud decae frente al capitalismo, es decir, frente al materialismo al que está llegando la sociedad. Los nuevos pobres son, ante todo, trabajadores cuya parte en el reparto del valor que producen se ha reducido considerablemente desde hace unos 25 años (sobre todo, si se excluye de la estadística al 1% de los “salarios” muy altos que, de hecho, son una forma de camuflar beneficios). Los “asalariados pobres” representan una parte creciente, ya tengan un trabajo precario, insuficiente para vivir dignamente o sean parados; se trata masivamente de mujeres, asalariadas a tiempo parcial a la fuerza, que “prefieren” a veces replegarse a su hogar vistas las escasas rentas ofrecidas y los horarios impuestos. Los nuevos pobres son también esos millones de pequeños productores, campesinos privados de tierras o cercados en las tierras menos fértiles y accesibles, confrontadas a la privatización del agua y al poder económico de las grandes empresas agro-exportadoras. Estas empresas reciben la mayor parte de las subvenciones de los Estados que les conceden un gran apoyo político en las negociaciones internacionales. La reducción de las ayudas públicas a los cultivos de alimentos, por recomendación de las instituciones de la mundialización, ha significado la miseria y el éxodo rural masivos, la privación de derechos sociales básicos, de poder político, por tanto, para millones de campesinos entre las poblaciones más pobres del planeta.4 La falta de participación en segmentos de la población hace mella en la vida socioeconómica y cultural de los pueblos indígenas. Esto se va manifestando en la carencia práctica de derechos, recursos y capacidades básicas, como el acceso a la legalidad, al trabajo, a la educación, a las TICs, a los sistemas de salud y protección social, etc. En general, se puede definir como la suma de situaciones de privación o pobreza que se supone son componentes y causas de la exclusión. Lo paradójico es que la existencia de las fronteras culturales es más importante que las fronteras nacionales. El tratar de "concretar" algo sobre el concepto de cultura en la postmodernidad ayudaría a su comprensión, pues su síntesis podría estar en el Informe Mundial de la Cultura de la UNESCO (año 2000): "Cultura es una forma de vida y una forma de vivir juntos". Separa, pues, todos los modelos culturales y todas las formas de interacción humana, derivados de la nueva antropología, universalizadora y neutra. En oposición a esta noción están las actividades especializadas e institucionalizadas, originadas de la cultura occidental, que promueve la burguesía pudiente. Pero la crisis de la cultura occidental justamente tiene que ver con el colapso de su aspiración universal, cuestionada apenas concluida la Segunda Guerra Mundial, cuando se comenzó a hablar de la "post-cultura" (Steiner, 1971) o del "fin de la cultura" (Eliot, 1975). Las nuevas pobrezas y la cultura de exclusión son más que una plataforma de la dinámica del sistema capitalista que impera en nuestros países y en Latinoamérica en general. Porque, desde la perspectiva de los poderosos, de cara a los pueblos indígenas, la pobreza no es pobreza sino la manera o la forma de no trabajar. Dicho de otro modo: pobreza es pereza. La cultura de exclusión es un tema que no tiene uno solo sino varios contextos. Además, la aculturación continúa y va reforzando las consecuencias de las nuevas pobrezas y de la cultura de la exclusión. 4 cf. Samary (2009), p. 214. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 Bajo una mirada más atenta y responsable, la globalización también tiene sus bondades, vista desde 119 la óptica de la solidaridad entre los pueblos. Debe esto conjuntarnos a convidar en la paz, en la comunión de las culturas y en el mutuo apoyo en contraposición del egoísmo fatal. Una solidaridad adecuada a la era de la globalización exige la defensa de los Derechos Humanos.5 Sabemos que tal fenómeno, también…alimenta nuevas esperanzas, pero origina grandes interrogantes6 Diría, hace unos meses atrás el Papa Francisco, en su encuentro con los dos mil miembros de la Federación de Organismos Cristianos de Servicio Internacional de Voluntariado (FOCSIV): “Hoy la pobreza ha cambiado de rostro y también entre los pobres hay gente con expectativas diferentes: aspiran a ser protagonistas, se organizan y, sobre todo, practican esa solidaridad que existe entre los que sufren, entre los últimos.”7 De aquí, entonces, nace el sentimiento de heredar a las nuevas generaciones una consistente solidaridad y que solo se podrá hablar de equidad y libre intercambio cuando lo equitativo nazca de la base de la justicia social. Que nuestra preocupación por el pobre sea nuestra agenda de vida y, entonces, cuando se nos pregunte como a Caín: “¿Dónde está tu hermano?” (Génesis 4:9) responderemos sin titubeos: “Aquí está, Señor”. La urgencia de actitudes que hagan memoria de un Jesús que fundió su vida con los olvidados ayudará a que no tengan cabida las acciones anticristianas de aquel rico que impunemente tomó el cabrito del pobre para ofrecer un banquete a su amigo (2 Samuel 12, 1-4). Sería mucho más triste todavía si, en medio de tanto dolor, se optase por la frase lapidaria de la cruz: “¡Sálvate a ti mismo, si eres Hijo de Dios, y baja de la cruz!”. (Mt 27, 40). Si algo debe interpelar nuestra conciencia es la situación de pobreza de miles y millones de personas en el mundo que claman en medio de la miseria. La solidaridad, desde la visión del Papa Francisco, es hasta una refundación de vida que nos lleva a tomar riesgos extremos e incluso perder la vida: “Solidaridad con los pobres es pensar y actuar en términos de comunidad, de prioridad de la vida de todos, en vez de apropiación de bienes por parte de algunos. También, es luchar contra las causas estructurales de la pobreza, la desigualdad, la falta de un trabajo y una casa, la negación de los derechos sociales y laborales”. Acentuando mejor este asunto de la solidaridad coherente y no parchado, exhorta diciendo que: “la solidaridad es una forma de hacer historia con los pobres, evitando presuntas obras altruistas que reducen al otro a la pasividad.”8 Causas, flagelos e impactos en el mundo indígena Para ir comprendiendo mejor la situación indígena, es necesario tomar conciencia sobre estos otros aspectos: El lastre del período Colonial, sigue pesando Para todos estos males, también tiene sus motivos y su ruta amaga desde la colonización. Nuestras culturas indígenas no son puras ni ideales, también tienen sus limitaciones, pero eran culturas sumamente avanzadas y aventajados a comparación de otras culturas en cuanto a la astronomía, arte, arquitectura, matemática, ingeniería… Son pueblos que cuentan con su propia identidad, forma de creer, de concebir la naturaleza, etc. La irrupción total ocurrió en 1492, cuando se trajo en definitiva un cambio de estilo de vida bajo nuevos conceptos de convivencia y de visión del mundo 5 Pontificio Consejo Justicia y Paz (2008), p. 235. op.cit., N. 362, p. 234. 7 Alocución del Papa (4/12/2014), p. 1. 8 Idem, p. 1. 6 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 en su totalidad. De aquí la lucha por sobrevivir y sortearse en situaciones adversas: “Aunque con el tiempo estos contactos hayan contribuido a una emancipación innegable, los pueblos indígenas 120 siguen siendo, hasta hoy en día, víctima de una evolución que no han podido decidirla o influenciar por sí mismos”9. Muchos flagelos siguen hoy día haciendo mella en la vida de las comunidades indígenas. Al parecer se van, más bien, mejorando las formas de opresión: más sigilosas, pero letales. Un sistema opresivo que tiene sus orígenes con la conquista. “La colonialidad del poder como patrón de dominación-explotación se configuró sobre una organización racial del trabajo. En este sentido, a partir del siglo XVI, raza/trabajo fundamentan relaciones sociales no sólo asimétricas sino somáticamente diferenciadas.”10 De aquí, el origen del racismo, el menosprecio, el ver a los pueblos indígenas como raza inferior causante de la pobreza de los países… una visión despectiva persigue a tantos pueblos originarios de estas tierras. El despojo de bienes, de sus tierras, de sus creencias, sigue teniendo su lastre en la actualidad. El fierro de las dictaduras América Latina estuvo nuevamente bajo el telón de las dictaduras en su máximo esplendor a partir de los años cincuenta en adelante. Los daños fueron fatales sobre todo en países donde la presencia indígena es fuerte. Situaciones que desataron odios, racismo, exclusión y exterminio. Cantidades de informes revelan tales situaciones de vejámenes y constantes violaciones a los derechos humanos: Pero si las Dictaduras llegaron a concretarse, no es tan solo por el apoyo norteamericano, es porque encontraron un espacio apropiado en la sociedad latinoamericana, heredera de algo más que diferencias sociales de la etapa oligárquica. Una sociedad jerarquizada, que asume y acepta el paternalismo benefactor de la clase gubernamental y el autoritarismo militar prusiano. Una sociedad que hereda también el desprecio hacia el indígena, que si bien se mantuvo siempre en lucha constante por el acceso a la tierra, frente a la autoridad gubernamental usurpadora, fueron las dictaduras quienes reprimieron más fuertemente las comunidades existentes. Comprendemos que las dictaduras tienen no solo aristas políticas, sino también económicas, ideológicas y sociales. Examinar esos factores comunes en la génesis política, social e ideológica que las hizo posibles, nos entrega un recurso más para la comprensión de la identidad latinoamericana.11 Muchos de los pueblos, especialmente indígenas, sufrieron estos embates, siguen sin superar la situación, y en muchos casos la herida sigue viva todavía. Llegó el alto al fuego, el fin de las guerras, pero siguen las batallas por sobrevivir, pues los cepos de las injusticias siguen haciendo de las suyas bajo el yugo de la exclusión. En la actualidad, bien nos resume esta realidad imperante una mujer maya y joven, al expresar lo siguiente: A los pueblos indígenas, se les ha considerado como un retraso al desarrollo del país, mientras que las mujeres indígenas sufren los peores embates de la exclusión, empezando con los servicios para satisfacer sus necesidades básicas y son a las que se les ha violado sus derechos fundamentales, ésta exclusión se ve evidenciado en la escasísima participación de las mujeres indígenas en la vida social, política, económica o jurídica del país. Las personas con más recursos los toman como escaleras para llegar al poder. Existen más y mejores oportunidades a personas no indígenas para desempeñar un cargo público o privado, especialmente gozar de un empleo. Éste tipo de situaciones ha hecho que muchas personas emigren hacia otros países en busca de una mejor vida, arriesgando sus vidas en la travesía. 9 Lombaerts (2005), p. 25. Martínez-Andrade (2008), N. 9. 11 cf. González Castro (s/f). 10 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 Consecuencias que estorban las conciencias El mundo indígena debe liar el día a día con situaciones como las que a continuación se enumeran, debido a que, sin duda, son las cargas de nunca acabar. Comprender que las profundas transformaciones económicas han venido a sentenciar a más familias a la miseria, la participación social en la vida política del país es, cada vez, una odisea y la participación en el bienestar público que no es más que un sistema excluyente. Esto ha dado un giro total sobre el concepto incluso de pobreza, pues todavía decían algunos: el pobre tiene donde vivir y qué comer, mientras que el miserable depende de lo que pueda conseguir en el día a día. Sin embargo, lo que distingue a los pueblos indígenas es la fuerza con la que las disparidades existentes entre el campo y la ciudad los golpean. Además, las poblaciones indígenas urbanas siguen siendo altamente vulnerables en comparación con los pobladores urbanos no indígenas, y están expuestas a nuevas dimensiones de exclusión. El porcentaje de personas indígenas que viven en asentamientos urbano-marginales es considerablemente superior al de personas no indígenas; la mayoría de las veces del doble o más. 12 La raíz de la situación es profunda y las atenciones han sido, más bien, paliativas. Hablo aquí de aquellos que no han alcanzado un nivel digno de vida. En el último documento borrador presentado por el Banco Mundial en la Conferencia Mundial de Pueblos Indígenas, dice lo siguiente: Mientras que la región ha experimentado importantes avances en términos de reducción de la pobreza, los pueblos indígenas se han beneficiado poco o nada del crecimiento de la última década. En promedio, el número de indígenas que viven en la pobreza ha disminuido, pero la brecha que media entre ellos y otros sectores de América Latina se ha mantenido igual o se ha expandido.13 El Presupuesto anual de los gobiernos es insuficiente para las causas indígenas. En algunos casos falta de voluntad política y en otros, con Gobiernos subdesarrollados, lo que dedican a cultura es mínimo. La exclusión de los pueblos indígenas no solamente les impide disfrutar de los potenciales beneficios del crecimiento económico de la región, sino que también resulta costosa y perjudicial para las economías latinoamericanas. Eliminar la exclusión social, por lo tanto, no solo es importante en sí mismo, a fin de construir una sociedad más equitativa, justa y próspera, sino que también constituye una necesidad colectiva, ya que es poco probable que América Latina venza la pobreza y alcance el desarrollo sostenible sin la participación efectiva de sus sociedades indígenas.14 Un resumen, en la voz de una mujer maya tz´utujil, expresa su sentir: En nuestra actualidad, no sólo en nuestro país sino en todo el mundo, ha surgido un nuevo problema social, las nuevas pobrezas que van desde la falta de solidaridad con los que lo necesitan; existen pobres que ayudan a empobrecer a los que los rodean, buscan el bien individual antes del bien común. Claro, es bueno buscar el bien individual, pero siempre y cuando beneficie a los que nos rodean. La cultura de exclusión en nuestra actualidad y en nuestra sociedad ha sido cada vez más fuerte, cada día se tiene que lidiar con personas, instituciones y hasta el mismo Estado que permite el trato discriminatorio y excluyente hacia la sociedad. Muchos jóvenes viven en la desesperación de conseguir un empleo para poder sobrevivir cada día; empresas e instituciones en su mayoría han sido politizadas porque lo que pretenden es tener el control sobre otras personas. 12 Lo político ha rebasado la sana conciencia Banco Mundial (2014), p. 9. Idem, p. 8. 14 Idem, p. 9. 13 121 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 Ha hecho tremenda mella la forma de actuar de los no indígenas al imponer un sistema del quehacer 122 político. Dicho sistema no concuerda con la concepción política de los pueblos, que en muchos casos su base es el consenso y la elección de un líder que pueda guiarlos, y no únicamente por medio de la emisión de votos. Pues es sabido que: Los pueblos indígenas tienen formas de gobierno y procesos de toma de decisiones tradicionales que reafirman su derecho a la autodeterminación, el mismo que se encuentra protegido por los artículos 5, 20 y 34 de la Declaración de las Naciones Unidas sobre los Derechos de los Pueblos Indígenas. Las autoridades tradicionales pueden ser beneficiosas no solo para la preservación cultural y la continuidad histórica, sino también como en vista de la autonomía que detentan.15 Toda mala práctica política atenta contra la convivencia comunitaria de los indígenas y el espíritu de servicio, puesto que se ve que todo va concluyendo en una nueva visión de vida en la que cada uno velará por su lado. A pesar de ello, los comunitarios siguen organizándose y tratando de buscar soluciones a sus problemas y algunos no logran su pleno reconocimiento por parte de las instituciones gubernamentales. Al parecer, el organizarse todavía se ve con recelo: El derecho a la autodeterminación también ha sido un aspecto controvertido de la participación política indígena, principalmente porque los países lo pueden percibir como una potencial ruta a la secesión o a la interrupción de la integridad territorial del Estado. La experiencia de la década pasada ha demostrado, sin embargo, que, muy por el contrario, la autodeterminación refuerza la participación y el compromiso de los pueblos indígenas en los procesos conducidos por el Estado.16 En la actualidad, creo que Guatemala no es la excepción, la manipulación y la compra de votos está a la orden del día. La corrupción es a todo nivel y lo más grave es que se ve como ya normal que al llegar al poder se malverse descaradamente. Son estos mensajes que dan giro total a una concepción de vida y de mundo de los pueblos indígenas que, cayendo en las trampas del sistema, concluyen también siendo uno más. Sin duda esto influye en una nueva forma de construir y “reordenar a las comunidades”. Se sabe que algunos de los representantes de los pueblos indígenas han tenido cierta injerencia en actos de corrupción; pero, en general, han sido situaciones aisladas y solapadas. Como dice el dicho popular: “una golondrina no hace verano”. Poco o nada se ha recibido de apoyo por parte de los Gobiernos, directamente en términos de financiamiento, a proyectos de impacto para los pueblos indígenas. De esta forma, resulta nada fácil incursionar en la vida política de un país cuando por herencia ya venía cultivando prejuicios racistas y que, aunque se dice que se ha hecho camino, hay muchos cabos sueltos todavía. Un camino que dice haberse transitado va del del “asimilacionismo” hacia una agenda multicultural… “que apunta a preservar las diferencias culturales y salvaguardar los derechos de los pueblos indígenas a reproducir su cultura e idiomas, manejar sus tierras y sus recursos naturales y gobernarse a sí mismos de acuerdo a su propio sistema político y a sus propias normas tradicionales.”17 En las mismas leyes habrá que revisar la falta de una definición jurídica, clara y universal, de lo que es el indígena. El estire y encoge sigue, pues: “Gobiernos, pueblos indígenas y actores privados están lidiando durante décadas, o incluso siglos, con una cultura institucional que privilegiaba la asimilación como el fin último de las políticas y prácticas que involucraban a pueblos indígenas”.18 Sucede, pues, que la adulteración de manifestaciones culturales indígenas para fines de imagen política o de consumo turístico es lo más normal que se pueda ver. Pues 15 16 17 18 Idem, p. 47 Ibidem. Idem, p. 44. Idem, p. 52. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 resulta que nuestras instituciones estatales ni son "pluri, multi e inter culturales". Son fachadas de 123 mucho lastre, de porosidad y barniz de una sociedad agrietada. La pobreza, una polilla que carcome la vida El azote diario de la pobreza sigue avanzando en sus niveles alarmantes, especialmente con grupos indígenas que incluso han perdido tierras y bienes o han sido confiscados; esto los ha llevado a vivir condenados a emigrar sin rumbo o a engrosar las filas de los que se van a las grandes ciudades. Este problema los desinstala, los divorcia y los arraiga de un proceso de vida comunitaria, social, cultural, política e incluso religiosa. Un nuevo orden de vida sale a relucir y se ven obligados a cambiar los esquemas de vida e incluso mentales. “La pobreza no es una característica natural de los pueblos indígenas, sino un subproducto de una prolongada historia de agresiones externas a sus valores y sus sistemas productivos.”19 Un recuento a nivel latinoamericano ilustra un poco la situación de pobreza de los pueblos indígenas y para tener una referencia, el siguiente texto reza: El porcentaje de personas indígenas que viven en situación de pobreza moderada ($4/día) en el Perú cayó en puntos porcentuales entre principios y fines de la década del 2000, y en 22 puntos porcentuales en Bolivia; pero en Guatemala aumentó en casi 8 puntos. Al mismo tiempo, sin embargo, la distribución desproporcional de la prosperidad ha acentuado la brecha de la pobreza que separa a los pueblos indígenas de los no indígenas por un margen aún mayor durante el mismo período. En Bolivia, por ejemplo, la brecha de la pobreza entre personas indígenas y no indígenas aumentó en un 9 por ciento; en Ecuador, en un 13 por ciento; en Guatemala, en un 4 por ciento; y en Brasil, en un 99 por ciento. La pobreza extrema ($2,5/día), por su parte, descendió en alrededor de 19 puntos porcentuales en Bolivia, 11 puntos porcentuales en Brasil, 12 puntos en Chile, 17 en Ecuador y 20 en el Perú, pero aumentó en casi 10 puntos en Guatemala. Como revelan estas brechas, en los países latinoamericanos, para los cuales existe información disponible, los pueblos indígenas actualmente tienen cerca del doble de probabilidades de ser pobres, 2,7 veces más probabilidades de ser indigentes y tres veces más probabilidades de vivir con menos de 1,25 dólares al día.20 En el intento por paliar la pobreza, surge la situación de empleo que, también exacerba el escenario; ya que la competencia es grande y el poco acceso a la educación profesional también sepulta las posibilidades de optar a un buen empleo. En otras palabras, es muy difícil competir en el sistema económico actual y mucho menos luchar con una economía de mercado que cada día va a pasos agigantados, puesto que los pueblos indígenas no cuentan con capital para competir. La falta de un trabajo seguro, también priva la posibilidad de contar con los beneficios sociales, tales como seguro social, jubilación digna y otros servicios. Bolivia, Brasil y Guatemala se encuentran entre los cuatro países que parecen acusar las mayores brechas salariales. Un estudio del BID reveló que las minorías étnicas ganan en promedio 38 por ciento menos que las no minorías, independientemente de su formación, localización espacial (rural o urbana) o sector socioeconómico. En el caso de las mujeres indígenas, la brecha salarial es aún más marcada. En Panamá las brechas son aún más acentuadas. Los hombres indígenas ganan en promedio un por ciento menos que los hombres no indígenas, mientras que las mujeres indígenas ganan aproximadamente un por ciento menos que las mujeres no indígenas. 19 20 Idem, p. 53. Idem, p. 54-55. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 En Bolivia, México, Ecuador y Guatemala, todos países con una nutrida población indígena, las personas que no pertenecen a minorías tienen entre 1,3 y 2,3 veces más probabilidades de tener acceso a saneamiento que los indígenas. Algo parecido ocurre con el acceso a electricidad.21 La limitación de las personas a participar en la vida pública dependerá mucho del nivel de exclusión étnico, porque los resultados serán menores en cuanto a capital humano. En definitiva, se acepte o no, los pueblos indígenas tienen mucho que aportar en materia de desarrollo, y su estilo de vida, su historia, sistemas culturas y formas de organización en varios niveles estarán en contraposición con una sociedad individualista y egoísta. Una identidad roída por el racismo y enfrascada en la negación Se ve con tristeza y preocupación una pérdida lenta de valores tales como: la complementariedad (la persona y la Madre Tierra), los deseos de buscar consensos, el apoyo comunitario, el sentido de las artes, la ciencia, la cultura y el idioma. Es preocupante que hay un significativo número de jóvenes que ya no hablan el idioma nativo del lugar, quedando esto reservado, únicamente, a los ancianos. Si bien la existencia de pueblos indígenas cuyas lenguas nativas han caído en desuso se debe en parte a los procesos recientes de indigenización y etnogénesis, la pérdida del idioma indígena en general está asociada a situaciones de pobreza, exclusión social y falta de participación política. Aunque la extinción de las lenguas no es un proceso nuevo, diversos informes sugieren que esta tendencia se está acelerando en el contexto de la globalización, especialmente entre las comunidades económicamente vulnerables22. El avance tecnológico de este mundo también va absorbiendo a las culturas y va creando nuevos modelos de sociedad más consumistas e individualistas. Todo en contraposición de una forma de vivir desde la comunión. A pesar de ellos no ha habido un buen beneficio adecuando respecto a las tecnologías; más bien, la idea de consumismo ha opacado también las miras de sacarle provecho adecuadamente. Los pueblos indígenas, sin embargo, no se han beneficiado equitativamente de este crecimiento exponencial, ni de la democratización de dichas tecnologías durante la última década. Mientras que en algunos países de América Latina el número de suscriptores de teléfonos móviles supera el número de habitantes, los indígenas en general tienen la mitad de probabilidades de ser dueños de un celular.23 Aunado a este flagelo, también el sufrimiento de un pueblo por la privatización de sus territorios, de sus recursos naturales, especialmente el agua y el daño inminente de la minería a cielo abierto. Para terminar de complicar más el panorama poblacional, la enfermedad mundial de las drogas infecta de manera sorprendente comunidades enteras, ya sean desplazadas de sus territorios o presa fácil del tráfico de droga. A simple vista, el dinero fácil compromete en su totalidad a la persona, a la familia y a las comunidades. Un flagelo que sigue en el tapete y no hay quién se arriesgue darle solución. Si esto es lo que pasa, también el Racismo tiene su parte de daño que reportar. Sin duda, es una herencia colonial que fue muy bien institucionalizada con el despojo y bajo la caracterización de los pueblos indígenas como una raza inferior. No es sino hasta 1970, cuando las Naciones Unidas tomaron partida en la lucha contra el racismo, al solicitar llevar a cabo un estudio sobre el problema de la discriminación a pueblos indígenas. Por supuesto, los resultados son desalentadores: se enumeran acciones que van contra la dignidad, menosprecio, irrespetos, manipulación, apropiación 21 Idem, p. 57-59. Idem, p. 18. 23 Idem, p. 61. 22 124 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 de los bienes, situación precaria, poca atención en salubridad y educación y exclusión de la agenda del Estado. Los señalamientos hacia pueblos indígenas de ser atrasados, culpables de la pobreza de 125 un país, de ser indios (despectivo en Guatemala), ignorantes, son un sentimiento de rechazo, odio y no aceptación. La raza inferior, condenada al vicio y a la pereza, incapaz de orden y progreso, ¿merece algo mejor? La violencia institucional, el terrorismo del Estado, se encargan de que no quede duda ninguna. El texto continúa haciendo referencia a los mayas: “¡Esta raza inferior había descubierto la cifra cero, antes que los matemáticos europeos! Entonces conocían la edad del Universo con una sorprendente precisión, mil años antes que los astrónomos de nuestra era”.24 El ejercicio atávico de prejuicios negativos y la clara discriminación de lo indígena, por parte de los blancos y de algunos extranjeros, es dolorosa. Una pobreza con rostro de mujer Muchas mujeres siguen atrapadas en el ciclo de la pobreza, que unos años atrás fue denominada el fenómeno como la feminización de la pobreza. La mundialización de la economía afecta la realidad femenina mundial. Pero, en este punto concreto, es más todavía la situación de las mujeres indígenas. Es cierto, y no hay que negarlo, que hemos heredado un machismo férreo que no ha hecho más que menospreciar a la mujer o reducirla a la simple tarea de ser madre y nada más. Es más, durante la guerra interna en Guatemala, las mujeres sufrieron considerablemente y, en muchos casos, quedaron viudas. Pero, desde otra óptica, las mujeres son las que encabezan el hogar, luchan en el día a día por sus hijos y, es más, son las que transmiten inconfundiblemente la fe. Las mujeres indígenas son bien claras en este sentido: la adhesión a Dios es casi el pan de cada día. Por eso nuestra Iglesia debe mucho a las mujeres: esa transmisión de fe hacia los hijos, el trabajo arduo en las parroquias y en sus pueblos es, sin duda, invaluable. Empoderar a las mujeres indígenas es una vía efectiva para reducir la exclusión social y la pobreza, así como para crear formas innovadoras de autodesarrollo. Las mujeres indígenas de América Latina enfrentan obstáculos al interior de los movimientos indígenas para mantener su unidad y defender sus intereses de género.25 Sabemos que en otros escenarios de América Latina, las mujeres indígenas han tenido un poco más de protagonismo y superación de barreras. Tal es el caso siguiente: En Bolivia, donde los pueblos indígenas representan la mayoría de la población, 41 de los 130 diputados son indígenas, pero solo nueve de ellos son mujeres. No obstante, cabe resaltar que, a pesar de estas brechas, las mujeres indígenas están en general mejor representadas en la esfera política que las mujeres no indígenas.26 Lo siguiente puede sonar a exageración; pero, por ejemplo si únicamente en la tierra existieran cien personas, se calcula que quince o más serían analfabetos y, de estos, diez serían mujeres. Las mujeres, a pesar de su situación, son productivas e importantes en sus comunidades, debido a que ejercen con mucha solvencia y responsabilidad tareas no solo domésticas, sino agrícolas, ganaderas, comerciales, etc. Querámoslo o no, la pobreza que ha condenado a las mujeres afecta a toda una sociedad, y de aquí sus consecuencias. 24 Educación, una ruta a seguir Lombaerts (2005), p. 31. Banco Mundial (2014), p. 49. 26 Ibidem. 25 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 Está demostrado que uno de los caminos hacia un sano desarrollo de las personas y de las 126 sociedades es la Educación. Un instrumento que pone de pie a los que están de rodillas, sacándolos de la pobreza, y la apertura a mejoras en cuanto a calidad de vida en general. Se calcula que en el mundo hay más de 50 millones de menores fuera del sistema escolar. Entendemos que las cifras nunca son exactas, pero nos orientan a visualizar este panorama al que hay que seguir dando respuestas. Es más alarmante, todavía, leer este informe del Banco Mundial: Más de 61 millones de niños de las naciones en desarrollo no reciben ningún tipo de educación, y más de la mitad de ellos son niñas. En algunos países, hasta la mitad de los estudiantes que ha asistido a la escuela primaria no puede leer una oración, y un tercio no puede hacer operaciones matemáticas básicas. Los modelos de educación tradicionales no están proporcionando a estos alumnos el acceso a educación de alta calidad que necesitan para poder ingresar mejor preparados a la fuerza laboral.27 Primordialmente el apostar por la educación también influye mucho en revertir la situación de exclusión que viven muchos pueblos indígenas, al reducir las brechas y abrir nuevas oportunidades para salir adelante. Debe ser una educación vinculante en todo sentido, también, desde el empleo. No se puede hablar de educación sin enfocarse hacia las oportunidades de empleos, en el sentido de contar con personas capacitadas y formadas para tal efecto. En la actualidad resulta difícil optar a un trabajo, concretamente para el indígena, especialmente las mujeres. Muchas de ellas cuentan con créditos universitarios y están desempleadas. Es, también, de alguna forma, el rostro del racismo, la exclusión y la visión política de un país. En general, las mujeres indígenas y rurales tienen niveles más altos de analfabetismo y deserción escolar, lo cual afecta adversamente sus posibilidades de aprovechar oportunidades económicas, contribuyendo con ello a incrementar las tasas de desempleo y exacerbar la vulnerabilidad. No obstante, existe una brecha más acentuada entre los hombres y las mujeres indígenas en comparación con los hombres y mujeres no indígenas, y las mujeres indígenas se encuentran en especial desventaja.28 La culminación de la escuela primaria para las mujeres indígenas de las zonas rurales es 50 por ciento más baja que la de los hombres no indígenas, y la disparidad en la tasa de culminación de secundaria también es considerable, siendo de 23 por ciento frente a 10 por ciento. Sin embargo, sigue habiendo una brecha entre niños y niñas indígenas y no indígenas. Esta brecha es más profunda en los países con poblaciones indígenas pequeñas, diversas y dispersas, como Brasil, Colombia, Costa Rica y Venezuela, probablemente debido a las dificultades intrínsecas de atender a cientos de sociedades indígenas29 Se rescata que, en varios países, los programas de educación bilingüe intercultural se han puesto en marcha para responder a la demanda indígena hacia una educación más adecuada a su contexto. Al parecer, el programa necesita revisión, pues tiene la tentativa de seguir trabajando un modelo que únicamente ayuda a los niños y niñas indígenas haciendo un recorrido en la asimilación cultural y lingüística. Parte de las debilidades de la Educación Bilingüe intercultural se debe mucho a la poca aplicación coherente de la misma, un pobre diseño y focalización. Las fallas detectadas en la implementación de una EIB que efectivamente promueva conocimientos y valores indígenas, al mismo tiempo que dote a los niños y niñas indígenas de las herramientas intelectuales que requerirán en sus sociedades, cada vez más globalizadas, se reflejan también en la 27 cf. Banco Mundial (2014). Idem, p. 70. 29 Idem, p. 69. 28 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 fuerte correlación que existe entre el alfabetismo y la pérdida de las lenguas nativas. La inmensa mayoría de los indígenas que no pueden leer ni escribir son hablantes de su lengua.30 Si vemos las estadísticas nada favorables, se dirá que falta mucho por hacer. Aunado a esto, en el caso de Guatemala, las escuelas dejan mucho que desear. Tienen déficit atencional, personas mal formadas, plazas otorgadas por la conveniencia política partidista del momento; escuelas en la auténtica ruina, si consideramos la infraestructura y no digamos en material didáctico. Los gobiernos de turno no logran todavía impactar en los procesos formativos, serios y convincentes. Por otro lado, es de reconocer los esfuerzos de instituciones que laboran con los indígenas y que, a pesar de tantos obstáculos, siguen su apuesta por los excluidos. Entre otras iniciativas, se destaca el papel de los centros de estudios de los Hermanos de las Escuelas Cristianas que, sin duda, han hecho buen recorrido en el país. Palabras finales Toca, sin duda, seguir luchando por el acceso a una representatividad equitativa y proporcional para defender los derechos de los pueblos indígenas y gobernar en justicia. Seguir conscientes de que, aunque la historia nos ha hecho a un lado, tenemos un rol importante que cumplir en el desarrollo de nuestros pueblos y de las regiones. Que nuestro estilo de vida no se vea absorbido por las nuevas corrientes de pensamiento, de vida; más bien, que logren enriquecerse positivamente. Potenciar más la autodeterminación que nos ayude a impulsar programas de desarrollo; para esto, necesitamos unirnos y solicitar el apoyo de otras instituciones que logren enfocarse en nuestra visión. Se sabe y se palpa que la brecha que separa a los pueblos indígenas de los pueblos en Latinoamérica se ha ampliado aún más. Basta con observar que la cobertura de los servicios que se deben ofrecer es en realidad precaria. Es notoria la falta de compromiso por parte de los Estados en favor de programas puntuales que ayuden a eliminar estas brechas de modo significativo. Toca seguir luchando contra el peso de cinco siglos de intolerancia, discriminación y, en muchos casos, de aniquilamiento. Nuevamente, el informe diría al respecto: La información relativa a esferas clave del desarrollo, sin embargo, tales como el acceso a atención de salud, el acceso a la justicia y la participación política, sigue siendo escaso y desigual, y por lo tanto es difícil de sistematizar y utilizar para diseñar políticas de desarrollo. A lo largo y ancho de la región encontramos prácticas positivas y negativas pero, una vez más, la región carece de un repositorio de conocimiento que permita aprender de las experiencias y errores previos. No existen objetivos de desarrollo que contemplen los puntos de vista y las necesidades especiales de la población indígena, mientras que objetivos globales transnacionales como los ODM no están incidiendo en las necesidades especiales de las minorías étnicas, no se están enfocando en lo que es relevante para ellas o, lo que es más probable, ambas cosas.31 Parece ser que muchos pueblos siguen con la condena de emigrar a las ciudades en asentamientos urbanos nada seguros que garantice una mejor vida. Un reto que no nos deja tranquilos, ni satisfechos; más bien, nos sigue preocupando. Y, como se dijo antes, parece ser que se debe apostar y repensar nuevamente por la educación como una de las respuestas ante tanto flagelo. A diario, las políticas sociales y económicas implantadas son un grave motivo de preocupación, pues la exclusión étnica se convierte en el símbolo de exclusión con tremendas consecuencias. 30 31 Banco Mundial (2014), p. 75. Idem, p. 78. 127 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 Nuestros pueblos tienen mucho que ofrecer al mundo actual: tantas experiencias de vida como su concepción del mundo, su concepto de vida, la solidaridad comunitaria y la espiritualidad. 128 Necesitamos seguir profundizando ante las situaciones que enfrentan las nuevas generaciones para que se traduzcan en una mejora esencial como fuente para procurar nuevas condiciones de vida y, de esta manera, profundizar en la identidad y dignidad, en la lucha por todos los avances de participación y reconocimientos de nuestros derechos. Toca, en consecuencia, escribir una nueva epistemología; teorizar sobre la ciencia y la cultura de los pueblos, una formación donde coexistan el mundo y la persona; el seguir generando intercambio de experiencias con las nuevas generaciones salientes y entrantes, el compartir la espiritualidad donde puedan convivir todos, el generar producción con responsabilidad bajo un sano equilibrio, el cultivar la simplicidad de cara al mundo consumista que despilfarra, el respeto profundo por la madre tierra, en contraposición a la destrucción de la ecología, la visión holística de cara a la fragmentación, el seguir descubriendo la vivencia del Evangelio, el sentido de hospitalidad ante el individualismo, la búsqueda de consenso en pro de la comunidad ante el egoísmo individual… Las amenazas de nuevas corrientes de vida siguen su curso y con fuerza diría una joven mujer maya tz´utujil: Uno de los retos más grandes es unificar ideas, solidarizarse con los demás quienes lo necesitan. En la actualidad se va sintiendo entre nosotros el divisionismo por las propias ideologías. Eso ha provocado el no lograr establecer un sistema equitativo en los países latinoamericanos. Como mujer indígena, mi gran reto es apostarle a la educación desde la niñez, mostrarles una nueva forma de vida, comenzando con los valores, desde esa manera se iniciaría un cambio más incluyente. Bajo la mirada de los Hermanos de las Escuelas Cristianas se trata de seguir con su apertura, con su valentía para ir dando respuestas a estos flagelos; el apostar por los pobres, especialmente con los indígenas, como ya lo van haciendo algunos Distritos32. El seguir inspirándose en un Dios que desde el punto de vista cristiano se encarnó en una cultura a través de su Hijo Jesús, como una gran lección de inculturación. Distritos que encaminen sus proyectos de Salvación, desde el camino de Jesús, y que nacen en contraposición de los poderes del momento. Distritos donde los olvidados serían su agenda de vida, entrelazando la Buena Nueva como hilo conductor en los contextos sociales, culturales, religiosas y políticas del momento. El seguir a un Jesús que pasó haciendo el bien. Pero nada costará si la Región Latinoamericana Lasallista (RELAL) se implicara un poco más en dar seguimiento a proyectos distritales en pro de los pueblos indígenas, el escuchar a Hermanos indígenas sobre su visión del Instituto para enriquecer más al Instituto con nuevas acciones. Por ejemplo, sería interesante enriquecer los planes de formación desde los aportes y valores de los pueblos indígenas, esencialmente la espiritualidad… Se necesita abrir ventanas y puertas para que ventilen aires renovados. Bajo esta misma mirada e inspiración por los olvidados, un día el Fundador pudo abrir sus ojos y se sintió IMPRESIONADO por la situación de abandono de los hijos de los artesanos y de los pobres. Iniciando así un éxodo, desinstalándose del confort que su estatus social dentro de la sociedad francesa del momento le ofrecía y, en contraposición de la mentalidad de la época, tuvo que recorrer veredas, sequedad y dudas; aunque sin perder la vista hacia una nueva respuesta educativa por los pobres. 32 Nota del Editor: Distrito como unidad administrativa y pastoral del Instituto de los Hermanos de las Escuelas Cristianas. Corresponde al término Provincia del Código de Derecho canónico. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 116-130 El repensar en la educación para los pueblos indígenas puede ayudar a reformular el futuro. Una 129 educación que esté inmersa en el mundo indígena, desde su mentalidad, y no únicamente desde la cultura occidental. Con respecto a las acciones, diría un Hermano: “En grupo (de Hermanos, profesores, colaboradores, alumnos) discernir qué obra o qué proyectos atender para ayudar al mundo indígena a conservar sus valores y vivir dignamente, superando las Nuevas Pobrezas. Estudiarlos y diseñarlos seriamente y con garantías de futuro.” Referencias Banco Mundial (2014). Los Pueblos Indígenas en América Latina Balance político, económico y social al término del Segundo Decenio Internacional de los Pueblos Indígenas en el Mundo. Práctica Global para la Resiliencia Urbana, Rural y Social América Latina y el Caribe. Nueva York, septiembre de 2014. Borrador presentado para discusión en la Conferencia Mundial de Pueblos Indígenas. Bastos Santiago y Aura Cumes, (coord.) (2007). Mayanización y Vida Cotidiana. La ideología cultural en la sociedad guatemalteca. Vol. 1-3, Guatemala: FLACSO CIRMA Cholsamaj. Herman Lombaerts, fsc (2005). La Salle en el Corazón de la sociedad contemporánea multicultural y religiosa. 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First, Sauvage’s experience was truly a journey embedded in and influenced by the larger life of the Institute, beginning with Sauvage’s early preference for emphasis on the internal religious and transitioning to a quest for a more integral spirituality. Second, his spiritual path was illuminated by the central insight, drawn from his own experience and his innovative reading of John Baptist de La Salle’s spiritual writings, that there is an inseparable unity between religious life and the apostolate, or ministry. Lastly, Sauvage’s consistent mission was to extend his personal spirituality in service to his Brothers, especially through providing for formation that fostered an integration of the interior and exterior life and through scholarship that situated the Rule within the richer context of De La Salle’s spiritual writings for his Brothers, in particular, the Meditations. Key words: Michel Sauvage, hope, faith, vocation, religious life, Institute of the Brothers of Christian Schools, spiritual journey, spiritual insight, spiritual renewal, Rule, Meditations, Lasallian itinerary. In The Fragile Hope of a Witness: The Itinerary of Brother Michel Sauvage (1923-2001), Miguel Campos, FSC, and others bring readers into conversation with Michel Sauvage, FSC. Their purpose was, in Sauvage’s words, to reflect on the experience of the Lasallian Institute in the 20th century and “to reread this page of history.”1 Rising above the many ups and downs of the Institute’s life in these tumultuous years, Sauvage hoped to illuminate the grand thrusts of adaptation, renewal and refoundation that successively characterize the modern Institute. For Sauvage, those movements offered cause for hope for the individual Brother and the Institute as a whole, then and for the future. The scope of the narrative and the depth of the reflection provided by Sauvage make The Fragile Hope of a Witness a rare and valuable testament in its own right. This study, however, seeks to read beneath the text to recognize the spiritual dimension of Sauvage’s itinerary. His journey is fundamentally the path of vocation – in his case, the particular vocation of the lay Brothers of the Christian Schools. Three of the most prominent aspects of Sauvage’s spirituality are directly connected to his experience of being called to ministry as a Christian Brother. First, his spirituality developed over time as his experience of fraternal life unfolds. Sauvage’s spiritual journey is conditioned by his desire to respond whole-heartedly to God’s call to live a life of holiness in the specific context of the Institute. Second, the essential 1 Michel Sauvage, and Miguel Campos, The Fragile Hope of a Witness: The Itinerary of Brother Michel Sauvage (1923-2001), Lasallian Studies 18 (Rome: Brothers of the Christian Schools, 2014), 27. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 insight of Sauvage’s spirituality was the recognition of an inseparable unity between the interior and exterior lives, between the so-called “religious life” and the life of ministry. This conviction was the 132 guiding light for his spiritual journey from the late 1940s to the end of his life. Lastly, Sauvage’s personal spiritual journey was itself a service to his Brothers. Convinced that Lasallian spirituality must find holiness in both the interior life and the apostolate, he devoted himself for more than fifty years to instilling an integrated spirituality into the life of the Institute. A Spiritual Journey Sauvage’s spirituality must be understood to be the product of progressive development over a lifetime’s journey. Referring simply to Sauvage’s “spirituality” risks glossing over the developmental impetus that characterized his life. The Fragile Hope of a Witness reflects the man’s constant striving. Through to the end, Sauvage sought to find ways to live out his relationship with God and with others, especially his Brothers, in dynamic, Gospel-inspired ways. His journey is marked by three phases of development. The first stage, characterized by a preference for the interior life, began in 1934, when Sauvage entered the Junior Novitiate. Sauvage found the nearly-exclusive attention given to the interior religious life in the Junior Novitiate, Novitiate and Scholasticate appealing.2 During these years, Lasallian formation was influenced by the then-common Catholic perception that the primary purpose of the religious state was the spiritual perfection of the individual brother or sister. The work they did in and for the world was a secondary consideration. Thus, the emphasis was continually and exclusively (or nearly so) on the religious life rather than the apostolate. Sauvage described the distinction between the two in this way: Religious life was prayer, asceticism, communal and interior life, observance of the Rule, and fidelity to the vows of poverty, chastity, and obedience. The apostolate, for the Brother, was his scholarly activity related to teaching the catechism, four and a half hours per week.3 In these years, he lived completely within the communal structures of the Institute, with little connection to the world beyond the Institute. Even the effects of World War II were felt only insofar as they prompted a merger of Lasallian houses of formation. In the name of “religious separation from the world,” the Brothers intentionally distanced themselves from the national and political life of France.4 It is not surprising that in this isolation and as an adolescent, Sauvage would adopt the prevailing spiritual attitudes of his formators. The second phase of Sauvage’s spiritual journey, a rejection of the sufficiency of the interior religious life in light of the demands of the apostolate, began in 1942, when he went to university. Sauvage became disillusioned with the Institute’s excessive concern for the religious life at the cost of attention to the Brother’s apostolate. His disillusionment arose on a number of fronts. First, he realized that he and his fellow Brothers were not adequately prepared to serve as teachers, whether of secular subjects or as catechists. Despite the Institute’s purported commitment to catechesis, Sauvage received little training beyond memorization of the catechism. Theology and biblical studies had been entirely outside the realm of formation in the Novitiate and Scholasticate. 5 Hours were spent on rigid observation of the Rule and the ritualistic practice of interior prayer while little 2 FHW, 52, 62-64, and 67. Sauvage later attributed the appeal of the individualistic spirituality to his adolescent mindset, having entered the Junior Novitiate at the age of 11. 3 FHW, 60. 4 FHW, 71. 5 FHW, 67 and 132. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 attention was given to teacher preparation. Second, Sauvage recognized a dramatic disconnect between religious life within the Institute and the life of the surrounding world. His personal 133 experience of the chasm between the two took place at university and while in military service at the end of World War II. Living outside the confines of Institute structures, Sauvage discovered a freedom and unity in interpersonal relationships that challenged the attraction the exclusively religious life held for him.6 As the war came to a close, Sauvage’s own experience was reinforced by that of other Brothers whose war experiences had compelled them to a new spirituality: In short, these Brothers were forced to refocus their religious life on the essence of religious commitment: willingness to hear the Word and to discern God’s call in the unexpectedness of actual events.7 Lastly, in the years immediately following the war, Sauvage and his Brothers found themselves, with the rest of France, in the midst of a Catholic renewal embracing domestic evangelization, various Catholic Action movements, and a return to the theological and liturgical sources of the early church. The Brothers were aware of “the development of a new style of human, spiritual, and ecclesial formation for young people who were considering priesthood that applied the resources of these various renewal movements.”8 They hoped that such renewal could similarly extend to their own Institute, which was dissatisfying in contrast. Sauvage’s instinct that the integration of religious life and the apostolate were essential in his own spiritual life prompted a vocational crisis that lasted from 1945 to 1948, when he professed his perpetual vows.9 Could he, Michel Sauvage, vow to live within the structures of an Institute which he believed had no authentic spiritual life?10 The 1946 General Chapter and subsequent 1947 revision of the Rule did nothing to assuage his concerns. Sauvage and his confrères had great hopes that the General Chapter would be “inspirational,” “open,” and “spiritual.”11 By spiritual, he meant encouraging and supporting a “personal religion centered on faith in Christ and the gift of self in apostolic service.”12 Their hopes were not fulfilled: “Our disappointment was as great as were our expectations.”13 The revised Rule further convinced Sauvage of the Institute’s spiritual disequilibrium: By the sheer weight of things, the concept of regularity focused especially on a limited approach to the religious life: the observance of the vows, their related virtues, prayer, and asceticism. The apostolate was of no concern.14 As he approached the time to make his perpetual vows, Sauvage resolved the crisis through interrogation of his “inner call” to be a Christian Brother: This personal experience [of taking vows in a time of darkness] reinforced my belief for the future that the question of fidelity to the vocation must be situated primarily in the inner domain of the relationship between a human being and God.15 6 FHW, 76-78. FHW, 83. 8 FHW, 86. 9 FHW, 77-78. 10 FHW, 67 and 128. 11 FHW, 87-88. 12 FHW, 88. 13 FHW, 90. 14 FHW, 104. 15 FHW, 127-28. 7 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 Regardless of his disillusionment with what he perceived as the spiritual barrenness of the Institute, 134 he resolved to remain committed to the calling given him by God. Sauvage entered the third phase of his spiritual journey, the synthesis of interior religious life and exterior apostolate, following his perpetual profession in 1948. There is a certain irony in Sauvage’s resolution of his vocational crisis. He came to terms with his concern about the excessive interiority of Lasallian practices of spirituality largely through interior testing of his calling. Almost immediately, however, his vocational commitment led Sauvage to determine his external actions. Not only would he take his perpetual vows, he committed to taking positive action to improve the Institute’s spiritual life.16 Thus, what began as a personal and largely internal crisis established the direction of Sauvage’s life as Christian Brother for decades to come. From this point forward, he worked to inculcate in the Institute an appreciation for the integral wholeness of religious life and the apostolate/ministry. He made his personal spiritual insight a gift to his Brothers. A Spiritual Insight The essential and persistent feature of Sauvage’s spirituality in the third – and longest – phase of his spiritual journey is quite simple: holiness encompasses both the interior, or religious, life and the exterior life of the apostolate (that is, ministry). For more than fifty years, Sauvage would explore this principle personally and on behalf of the Institute. Initially, his path was somewhat isolated from the larger life of the Institute. He noted that for a time he “distanced” himself from De La Salle and “the ideal of observance” emphasized in what he had been taught regarding the Rule in favor of other Catholic spiritualities he found more productive.17 In time, he was delighted to discover that his spiritual insight was consistent with De La Salle’s own spiritual vision for the Brothers. Sauvage’s conviction that holiness is embedded in, not separate from, one’s daily work and life ran counter to two premises that were operative in at least parts of the Catholic church, including within religious communities such as the Institute, prior to Vatican II. First, holiness was seen largely as the specialized domain of religious men and women (those consecrated, whether by ordination or vows, to lives separate from the secular context in which most lay people live). Second, the purpose of religious life was individual perfection. Perhaps due to the distinction regarding holiness made between the lay state and the religious and ordained states, this second premise tended toward an expectation that perfection was achieved through that which was distinct from rather than shared with the lay state. In other words, those practices uniquely characteristic of religious life – including structures of prayer and piety, life according to a communal rule and discipline, and the evangelical counsels – were seen as more essential than the work of the apostolate – for example, teaching, care of the sick, or care of the poor – which were tasks also undertaken by lay people. Beginning as early as the 1930s and continuing into the 1950s, however, French Catholic movements to evangelize the increasingly secular nation and encourage faith-inspired action by the laity in partnership with the ecclesial hierarchy challenged those two premises. In the decade following the war, Sauvage was sustained more by the theology and spirituality that accompanied these movements than by the practices common to the Christian Brothers and the teachings of De La Salle (as Sauvage knew them at the time). One example comes from French Dominican theologian Yves Congar, who proposed that “[holiness] is not the onerous privilege of priests and religious alone, it is the obligation of all Christians whatever in virtue of the one Christianity that is 16 17 FHW, 129. FHW, 64. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 common to them all.”18 He observed that “each form of life has its own conditions, duties, and resources,” that the “states and conditions of life are diverse.”19 Thus, the holiness of the faithful, 135 “their ‘being in Christ,”20 takes place within the tasks and concerns of their daily lives. In the late 1950s, Sauvage’s judgment of De La Salle’s spirituality changed dramatically while writing his doctoral dissertation on the Christian Brother’s vocation as a lay catechist. As he neared the end of his project, he experienced “a true intellectual and spiritual conversion to John Baptist De La Salle.”21 The turning point came when he read De La Salle’s Meditations for the Time of Retreat. “This complete reading for me was like a bedazzlement, a lightning bolt. I discovered a realistic, dynamic, theological, mystical, apostolic, and – in a nutshell – deeply spiritual text.”22 Previously, he had accepted the separation of religious life from the apostolate as an artifact of the 17th century and looked outside the Lasallian tradition for inspiration for the future of the Institute. Reading the Meditations, he recognized his error: Ultimately, what amazed me the most in studying the Mediations for the Time of Retreat of Saint John Baptist De La Salle is that this text never envisages the religious life of the Brother as separate from its apostolic dimension.23 The spiritual shortcomings of the contemporary Institute could not be attributed to De La Salle. The issue, rather, was the limited reading of the Founder’s writings and, in particular, the emphasis given to the Rule over his spiritual writings in recent generations. Sauvage saw that the unity of the interior and exterior, of religious life and apostolate, was the foundation of Lasallian life, not an innovation as some claimed and he himself had believed.24 Sauvage’s delight in his discovery is palpable in the account he gave of it in The Fragile Hope of a Witness. His own spiritual instinct, which had provoked a crisis that had brought into question his ability to profess his perpetual vows, was in fact consistent with the Institute as founded by De La Salle. A Spiritual Renewal The third aspect of Sauvage’s spiritual journey is apparent in his response to this insight regarding the unity of religious life and the apostolate: his commitment to renewing the spiritual life of the Institute. What began as a question of personal spirituality very quickly became for him an issue of communal life. For Sauvage, his own spiritual disposition was embedded in the life of the Institute, even when he experienced a tension between the two. Initially, that had meant his appropriation of the rituals of religious life taught to him at the Junior Novitiate. He prayed as a Brother was taught to pray. When he became aware of the limitations of that approach, it was not enough to resolve the tension through adaptation of his own personal practices. The account in The Fragile Hope of a Witness makes it clear that Sauvage felt compelled to reconcile his spiritual perspective with the Institute’s. However, he found it impossible to simply adopt the Institute’s practices, which would undermine the authenticity of his God-given vocation. Instead, he worked relentlessly to change the Lasallian understanding of religious life and spirituality. These efforts fall into two periods. Initially, Sauvage sought to introduce a new spiritual 18 Yves Congar, Lay People in the Church, trans. Donald Attwater (Westminster, MD: Newman Press, 1965), 400. Originally published in 1953. 19 LPC, 400. 20 LPC, 401. 21 FHW, 265-66. 22 FHW, 267. 23 FHW, 274. 24 FHW, 274-275. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 orientation into the life of the Institute. Later, after his personal conversion to De La Salle’s spirituality, he worked to re-introduce the Meditations De La Salle wrote for his Brothers as an 136 essential element in the life of the Institute and the interpretation of the Rule. Beginning in the mid-1940s, Sauvage participated in a movement for what he described as “creative but smothered adaptation.”25 His contributions to the new Lasallian journal, Catéchistes, and his efforts to reform the program of religious education for the French Brothers exemplify the adaptive approach. In this period (lasting from before the 1946 General Chapter through the General Chapter of 1956), Sauvage believed the spiritual limitations of the 20th century Institute were a product of a slavish attachment to the 17th century words of the founder, John Baptist De La Salle, particularly as found in the Rule. He had been introduced to a Lasallian spirituality grounded in De La Salle’s Rule and a Collection of Various Short Treatises, both of which Sauvage described as “ascetical writings.”26 This spirituality was static (neither mystical nor apostolic, cut off from the contemporary world), negative (emphasizing denial, authority, observance, and uniformity), and narrow (lacking in vision and dynamism).27 Thus, he believed De La Salle’s spirituality was insufficient for the challenges of the contemporary world and sought alternatives that would allow appropriate adaptation of the Lasallian tradition to the current context. In proposing adaptation, he and his like-minded colleagues ran into considerable opposition from Christian Brothers who were devoted to perpetuating the cult of De La Salle (albeit, viewed through a narrow lens). After discovering De La Salle’s Meditations and the spiritual opening they offered, Sauvage’s own conversion to De La Salle immediately took on communal implications, calling for service to his Brothers. From this point forward, supported by his discovery of the Lasallian heritage as well as by the language of “adapted renewal” used by Vatican II in Perfectae Caritatis (the Decree on the Adaptation and Renewal of Religious Life), Sauvage’s efforts shifted from developing a new Lasallian spirituality to recovering in its fullness the spiritual heritage of De La Salle. In 1957, the Institute – or at least its leadership – was reluctant to hear and accept Sauvage’s interpretation of De La Salle’s spirituality. The 38th General Chapter in 1956 had continued to accept a dichotomy between religious life and the apostolate and in general made virtually no progress in reconsidering the life of the Institute in any immediately significant way. 28 In hindsight, however, Sauvage saw that the Chapter’s decision not only to revise the Rule but to do so without insisting on literal interpretation of the 17th century text created room for the necessary debate about the nature of the practices of religious life vis-à-vis the specific life of the individual Brother.29 The commonly-held position that the Brother’s religious life was separate from and had priority over his apostolate could be confronted by the practical reality whereby: …many Brothers realized that their gift of self in apostolic activity supported their spiritual life, inspired their prayer, and stimulated their search for God, who calls them into union and sends them to serve humanity. This is the essence of the spiritual teaching of John Baptist De La Salle.30 Sauvage contributed to applying this awareness arising from the personal practice of individual Brothers to the Institute’s way of speaking about the relationship between religious life and the apostolate through his work with the Lasallian journal Orientations, his service at the Jesus 25 FHW, 13. FHW, 269. 27 FHW, 266. 28 FHW, 181-87. 29 FHW, 254-257. 30 FHW, 251. 26 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 Magister Institute, and later, in administrative roles such as the Assistant for Formation of the 137 Institute.31 The Second Vatican Council (1962-1965) offered Sauvage the opportunity to connect his interpretation of De La Salle’s spirituality to the larger Catholic understanding of vocation and holiness. During the Council, he was involved with council deliberations through the participation of his brother, Jean, who was at that time bishop of Annecy. Jean Sauvage and several of his brother bishops stayed at the Christian Brothers Generalate during the Council sessions; there, Michel Sauvage joined them for meals and as a result was aware of the issues unfolding at the Council. He later attended Council sessions and contributed directly to Perfectae Caritatis (the Decree on the Adaptation and Renewal of Religious Life) and Gravissimum Educationis (the Declaration on Religious Education).32 The dialogue and documents of the Council established Sauvage’s convictions about the inseparable connection between holiness and life as the teaching of the Church through repeated reference found in Lumen Gentium, Gaudium et Spes, and elsewhere. For example, in language reminiscent of the passages quoted from Congar above, the Second Vatican Council taught in Lumen Gentium that all the faithful are called to holiness (LG 39) and that it is in and through “the conditions, duties and circumstances of their lives” that people “increase in holiness” (LG 41). This integrative approach to holiness was clearly consistent with the spiritual insight Sauvage had experienced twenty years earlier and had discovered in De La Salle’s writings from the 17th century. The period following the Council presented Sauvage other opportunities to advance his program for a more complete and informed reading of De La Salle’s writings. The Institute moved quickly to meet in General Chapter in 1966 (extended to a second session in 1967) to begin the renewal called for by the Council and required by Pope Paul VI. One of the developments at the 39 th General Chapter was the drafting of The Christian Brother in the World Today: A Declaration, attributed by some to the inspiration and pen of Sauvage.33 In his words: …the Declaration offers a renewed vision of the Brother’s religious life, of his consecration and vocation, by shifting from the religious state to the Gospel life of the Brother; of his mission, by shifting from duality to unity; of his community, by shifting from the gregarious uniformity of individuals to the communion of free persons endowed with the diverse gifts of the Spirit.34 Ultimately accepted by the Chapter and serving as a companion to the revised Rule, the Declaration formalized for the Institute integral totality of religious life and apostolic ministry. 35 In Sauvage’s view this totality corresponded to De La Salle’s own understanding of consecration, pertaining to the total commitment of the Brother’s person, life and activities, not simply to a profession of vows.36 Nonetheless, Sauvage’s assessment of the revised Rule of 1967 was mixed. On the one hand, it offered a more spiritually grounded understanding of prayer, focusing on communal and relational dimensions more than structures.37 On the other hand, the debates surrounding the 31 FHW, 225, 285-87 and 454. FHW, 307-310. 33 FHW, 411-12. 34 FHW, 414. 35 FHW, 419-422. 36 FHW, 426. Sauvage’s understanding of De La Salle’s view appears to have been informed, in this case, by his reading of the Meditations for the Time of Retreat (cf. Michel Sauvage and Miguel Campos, Announcing the Gospel to the Poor: The Spiritual Experience and Spiritual Teaching of St. John Baptist de La Salle, trans. Matthew J. O’Connell (Romeoville, IL: Christian Brothers National Office, 1981, 223 p.). 37 FHW, 443-44. 32 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 revision demonstrated the difficulties that actual implementation of spiritual renewal would face in 138 practice.38 th In the years following the 39 General Chapter, Sauvage served in a number of leadership roles for the Institute, each of which allowed him to share his spiritual vision with individual Brothers and more broadly through institutional structures. His method for constructing a Lasallian spirituality was to place the Rule within the context of De La Salle’s spiritual writings, particularly the Meditations for the Time of Retreat. Sauvage dedicated himself to overcoming the hegemony of Rule and the asceticism many Brothers interpreted it as requiring. Instead, the Rule should be seen as a tool supporting a vocational life grounded in the Gospel, which is essentially relational and outward-reaching. Sauvage’s appropriation of De La Salle’s spirituality was further shaped in the 1970s by the scholarship of Br. Miguel Campos, FSC, in his dissertation on The Gospel Itinerary of Saint John Baptist De La Salle (1974). Sauvage and Campos co-authored two books on De La Salle’s spirituality: Announcing the Gospel to the Poor: The Spiritual Experience and Spiritual Teaching of St. John Baptist De La Salle (originally published in 1976) and A Commentary on John Baptist De La Salle’s Explanation of the Method of Mental Prayer: Encountering God in the Depths of the Mind and Heart (originally published in 1989). Both texts merit reading in their own right. Here, they are considered briefly for what they contribute to an understanding of Sauvage’s own spirituality and his commitment to the spiritual formation of his Brothers. Sauvage described these books, along with his doctoral dissertation (which had first led him to discover De La Salle’s Meditations) as “syntheses of John Baptist de La Salle.”39 Reading the Meditations for the Time of Retreat and Meditations for the Principal Feast Days, Sauvage and Campos proposed that De La Salle’s spirituality was grounded in the conjunction of the lived experience of the Brothers and divine revelation of Scripture: It is clear, then, that the essential source of Lasallian spirituality is actual experience and sacred Scripture as a unity. More accurately, the source is the faith-inspired awareness that the history of salvation is unfolding here and now: God is at work in the foundation of the Institute.40 For De La Salle, holiness and service are inextricably intertwined. Pointing to De La Salle’s writings about consecration in the Meditations, for example, the two concluded that: De La Salle’s language makes it clear that in his view it is impossible at any point to separate, much less oppose, commitment to God and commitment to human beings, relationship to God and exercise of ministry, attention to God alone and realistic concern for the welfare of the young. 41 The Brother’s interior and exterior acts are reciprocal: While the exercise of the ministry sends a man to prayer, the activity of prayer in turn sends him back to the ministry. More accurately, in his ministerial activity no less than in his prayer the Brother stands before God with the youngsters.42 In this view, taken from De La Salle’s Meditations, holiness is not a matter of vows or of ritual practices. It is the practice of living in relationship with God and with others – with others because 38 FHW, 445. FWH, 575. 40 AGP, xviii. 41 AGP, 224. 42 AGP, 233. 39 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 of relationship with God, with God through relationship with others – always inspired and enabled 139 by the presence of the Holy Spirit.43 The Meditations for the Time of Retreat transformed Sauvage’s view of De La Salle and the spirituality he proposed for the Brothers. Not so De La Salle’s Explanation of the Method of Mental Prayer, to which Sauvage said he always reacted “coldly.”44 His effort to understand and appreciate the Explanation despite the challenges it posed for him is a testimony to the authenticity of Sauvage’s intention to recover on behalf of the Institute a fuller appreciation of De La Salle’s spiritual teaching. How easy it would be for Sauvage to dwell only on the writings he personally preferred! His purpose, however, was to renew Lasallian spirituality based on the writings of the Founder. His second book with Campos, A Commentary on John Baptist De La Salle’s Explanation of the Method of Mental Prayer, reflects Sauvage’s personal struggle with some aspects of De La Salle’s writings. Sauvage’s own spiritual awareness led him to emphasize the interconnectedness of the internal and external life and to see holiness emerging from the integration of the two. His discovery that De La Salle shared this view was pivotal for his life as a Brother. However, Sauvage could not ignore the fact that he and De La Salle were not entirely like-minded regarding the relationship of the interior to the exterior. As a result, in their Commentary, Sauvage and Campos repeatedly acknowledged that De La Salle at times opposed the interior and exterior life, implying a separation of prayer and life.45 They admitted to being struck by “a kind of dissonance” when reading the Explanation, in which “the Brother’s ministry is practically absent.”46 Sauvage and Campos responded in two ways to this tendency of the Founder. First, they acknowledged it as the product of a dualistic anthropology, common in De La Salle’s historical context.47 They chose to interpret the Explanation in light of a more contemporary incarnational anthropology attuned to the presence of God in and through history. Though this approach did, in a sense, revise rather than recover De La Salle’s spirituality, they found sufficient evidence of a more integrative view in De La Salle’s other writings (especially his Meditations) to justify it. Second, they proposed that the Explanation be studied with reference to Scripture and other Lasallian writings, especially De La Salle’s Meditations.48 The Meditations incorporated a use of Scripture oriented toward an apostolic life of service, not simply the pursuit of individual holiness.49 The God who is adored in the depths of a Brother’s soul is the same God who calls that Brother to ministry. The inward movement of mental prayer comes from and leads to the outward movement of service.50 Thus, an integrated reading of De La Salle’s writings disallows any prioritization of the interior or separation of religious life and apostolate. From the moment of his discovery of De La Salle’s Meditations for the Time of Retreat, Sauvage continued to argue that the unity of religious life and the apostolate were essential elements of De La Salle’s spirituality for the Brothers from the Institute’s foundation. In one of his last papers, given at the 1997 Commission on the Educational Mission of the Latin American Lasallian Region 43 AGP, 235-237. FHW, 574. 45 Miguel Campos and Michel Sauvage, A Commentary on John Baptiste de La Salle’s Explanation of the Method of Mental Prayer: Encountering God in the Depths of the Mind and Heart, trans. Oswald Murdoch (Rome: Brothers of the Christian Schools, 1995), 27-28, 162, 183, 215, 295 and 332. 46 Commentary, 372. 47 Commentary, 378-79. 48 Commentary, 375-76. 49 Commentary, 183. 50 Commentary, 267, 273 and 295. 44 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 131-140 in Araruama, Brazil, Sauvage described De La Salle’s vision of the Lasallian journey in this way: “A spiritual evangelical itinerary involves both the consecration of a life and the consecration by a 140 life.”51 Borrowing a favorite phrase from Fr. Michel Rondet, SJ, he concluded, “[The Brothers] consecrate their life, but life consecrates them.”52 Sauvage’s own spiritual journey began with an early awareness of God’s call to be a Christian Brother. From an initial inward focus, his life experience led Sauvage to look outward, finding holiness at the intersection of his devotion to God and his service to the world. Through his studies, he discovered that his spiritual instinct corresponded to the vision John Baptist de La Salle had for his Brothers in founding the Institute. From that moment on, Sauvage worked tirelessly to recover De La Salle’s integrative spirituality for his Brothers and to incorporate it into the very structure of the Institute. Such was his spiritual journey, personal and communal to the very end. 51 52 FWH, 602. FWH, 603. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 141 ENTRE LA PERCEPCIÓN Y LA ACCIÓN LASALLISTAS RESPONSABLES DE UN FUTURO QUE YA COMENZÓ H. Diego A. Muñoz León fsc Servicio de Investigación y Recursos Lasalianos Casa Generalizia, Roma RESUMEN A partir de siete constataciones sobre la realidad del Instituto de los Hermanos de las Escuelas Cristianas, definidas por el 45º Capítulo General (2014), el autor presenta el producto de una investigación realizada con el apoyo de treinta y dos Hermanos de la Región Latinoamericana Lasallista. Las respuestas tienen que ver fundamentalmente con la forma cómo los Hermanos se perciben a sí mismos, a quiénes sirven en la educación y cómo se sitúan ante el futuro. Las respuestas invitan al debate por el futuro del Instituto. Palabras-clave: Hermanos, condición modesta de vida, vida comunitaria, oración mental, asociación, servicio educativo, perfil del Hermano, pobres. Introducción No es fácil investigar acerca de una comunidad internacional. Menos, cuando se trata de un Instituto religioso presente en 77 países1. El Instituto de los Hermanos de las Escuelas Cristianas actualmente está conformado por 4110 Hermanos y 378 jóvenes en formación (aspirantes, postulantes y novicios) distribuidos en 680 comunidades. Con el apoyo directo de 91.643 educadores, el Instituto atiende 1.038.080 estudiantes en 993 centros educativos distribuidos en los cinco continentes. ¿Cuáles son las perspectivas de futuro de una comunidad religiosa internacional situada en el espinoso campo educativo, tan diverso y complejo como la multiculturalidad y multireligiosidad del mundo de hoy? El objetivo de este artículo es de presentar los resultados de una encuesta realizada a 32 Hermanos2 de 7 de los Distritos de la Región Latinoamericana Lasallista (RELAL): AntillasMéxico Sur, Argentina-Paraguay, Brasil-Chile, Bogotá, Bolivia-Perú, México Norte y Norandino. Estos Distritos comprenden 14 de los 20 países de América Latina y el Caribe que cuentan con presencia lasallista desde finales del siglo XIX o comienzos del XX. ¿De dónde surge este estudio? El Instituto de los Hermanos de las Escuelas Cristianas celebró, entre los meses de abril y junio de 2014, su 45º Capítulo General. Ésta es una asamblea de carácter pastoral y administrativo, la máxima autoridad del Instituto, quien determina las líneas maestras de acción para un período de siete años (cf. R.103). En este caso, los Hermanos capitulares han colocado en manos del nuevo Superior General y su Consejo una serie de propuestas que deben ser llevadas a cabo con el apoyo del Instituto entero, y evaluadas periódicamente, entre los años 2014 y 2021. 1 cf. Estadística oficial del Instituto de los Hermanos de las Escuelas Cristianas, Diciembre 2014. De los 32 Hermanos: 2 ejercen cargo de Visitadores; 7 son rectores de universidades, directores o coordinadores académicos; 7 trabajan como profesores o son parte de una comunidad que desarrolla un trabajo de catequesis en una escuela; 8 son directores de casas de formación de Hermanos; 4 son asesores o responsables de Pastoral (educativa, juvenil o vocacional); finalmente, 4 son directores de comunidad, estudiantes o jubilados. 2 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Al hacer una lectura del documento oficial del 45º Capítulo General, contenido en la Circular 469 3, 142 se constata que los Hermanos capitulares partieron de un análisis de la realidad del Instituto. En este estudio convertimos siete de dichas inferencias en preguntas abiertas, y pedimos libremente el concurso de Hermanos para que aportaran su opinión acerca de tres aspectos fundamentales relacionados con la manera cómo se perciben a sí mismos, a quiénes sirven en la educación y cómo se sitúan ante el futuro. Entendiendo, pues, que no se trata de un estudio susceptible de un tratamiento estadístico, se propone que el conjunto de las respuestas sean leídas como una narración en primera persona, que se ofrece a los lectores para promover un diálogo, desde la diversidad del Instituto que somos4. Seguramente así podremos recrear nuestra manera de percibirnos y de actuar en función de que el futuro no sea simplemente un buen deseo, sino una realización. Punto de partida Constataciones sobre la realidad del Instituto aportadas por los capitulares en la Circular 469: Hoy día, en cuanto Hermanos, […] algunos de nosotros estamos tentados de preguntar si hay un futuro viable, si hay algo por qué esperar […] Si bien parece que hay un mayor interés en profundizar su espiritualidad, muchos Hermanos viven absorbidos por una actividad y una burocracia que les deja poco tiempo para la oración mental o interior, el “primero y principal de sus ejercicios.” (C. 469, § 1.3). En algunos lugares, los Hermanos no están abiertos a compartir con los Laicos la responsabilidad para la misión, lo que lleva a que los Hermanos asuman demasiada responsabilidad, a menudo sin una preparación adecuada (C. 469, § 1.4). Aunque parece que hemos hecho un mayor esfuerzo en la pastoral vocacional, globalmente el número de novicios ha decrecido en las últimas décadas (C. 469, § 1.6). Tal vez nuestro actual estilo de vida comunitaria y de oración en común no sea atractivo para los jóvenes de hoy (C. 469, § 1.7). Vemos cómo obras dedicadas a los pobres se cierran por razones exclusivamente económicas, mientras se expanden las instalaciones escolares al servicio de estudiantes de clase media y de los ricos (C. 469, § 1.7). En los foros de reflexión pedagógica, tanto a nivel nacional como internacional, apenas se oye nada que proceda de los educadores lasalianos (C. 469, § 1.7). Mientras ha habido una crisis financiera global, nuestra vida personal y comunitaria apenas ha experimentado ninguna inconveniencia, lo que ha hecho que nuestras vidas estén desconectadas de la realidad económica de la gente a quien servimos (C. 469, § 1.7). 3 De fecha del 30 de noviembre de 2014. Disponible en: http://www.lasalle.org/wpcontent/uploads/2011/07/Circ469_Actas45CG_spa.pdf 4 Se trata de asumir la lógica de la narración como un dispositivo metodológico (cf. Connelly y Clandinin, 2008, p. 17), capaz de evidenciar las percepciones de Hermanos acerca de su realidad, escritas en primera persona. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Éste es el texto que nos sirvió de base para proponer preguntas abiertas a nuestros encuestados5. Aquí se trata de confrontar las percepciones de los Hermanos capitulares con las opiniones de 143 Hermanos in situ. Se presenta, en consecuencia, la categorización de las respuestas, realizadas a través de la metodología de análisis de contenido6, para finalmente incentivar al diálogo a nivel local y regional. Categorización de las respuestas 1. Cómo nos percibimos a nosotros mismos 1.1 ¿Las comunidades de Hermanos, independientemente del lugar donde prestan su servicio, viven como las personas de condición modesta, tal como afirma la Regla actual (R. 60b)? Los entrevistados manifiestan dos posiciones antagónicas con respecto al estilo de vida de las comunidades de Hermanos en la Región: a. Una primera opción: las comunidades de los Hermanos viven como la gente de condición modesta. “Es una situación general de las comunidades del Distrito”. “Llevamos una vida sencilla y con mucho espíritu de pobreza”. “No hay lujos en ninguna de nuestras comunidades”. Llevamos una vida modesta, con las comodidades sencillas para la realización de la misión y del descanso personal y comunitario”. Mantenemos “relaciones cercanas con las personas del sector donde vivimos, sin discriminación”. Debido a la situación actual del país, “sentimos más las necesidades… [y] nos sometemos a lo que hay…”. “En general, creo que las comunidades tratan de ser mesuradas y agradecidas cuando cuentan con todos los servicios, porque son conscientes de la tendencia consumista e individualista”. “En el Distrito tenemos normativas muy claras sobre el presupuesto de las comunidades. La administración del Distrito está centralizada. El valor enviado a la comunidad para cada Hermano va de acuerdo con personas que viven en condición modesta”. b. Una segunda opción: nuestras comunidades están lejos de una situación modesta de vida. “Nuestro estilo de vida está más cerca de un estilo burgués que el de una familia de condición modesta”. “La comunidad satisface con creces las necesidades y tiene gastos, avalados por el Distrito, muy por encima de lo que podrían gastar familias de condición modesta”. Aunque el presupuesto comunitario se maneja partiendo del criterio de lo que gana un profesor principiante, queda claro que el Hermano no debe afrontar los gastos de un padre de familia. “Las comunidades no tienen un nivel de vida alto - más bien de clase media – pero tampoco como el de nuestros colegas de misión”. “No se trata de lujos o extravagancias... [sino que] tenemos muchas facilidades y seguridades”. 5 Algunos de ellos manifestaron cierta incomodidad por la imprecisión de las preguntas, y solicitaron incluso que se revisaran si se llegaran a utilizar en un próximo estudio. 6 Se han trabajado las inferencias siguiendo la metodología de categorización propuesta por Bardin (2009). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 c. Reflexiones en torno a los elementos que determinan la condición “modesta” de la vida 144 comunitaria “Hay camino para andar si nos comparamos con el nivel de vida de la gente más pobre”. “Si bien en la mayoría de las comunidades se vive con cierta moderación y frugalidad, no se puede decir que llevamos un estilo de vida semejante al que ostentan las familias de condición modesta: fácilmente nos dejamos tentar por la sociedad de consumo, hacemos sentir mal a los empleados… con nuestra condición de religiosos, exigiendo trato especial y privilegios y poniendo de manifiesto nuestra condición de dueños de la obra…”. Preocupa la manera cómo los Hermanos “nos dedicamos a exigir cosas, seguridades… en fin, comodidades que no responden a lo esencial. Aún más preocupante es cuando, a pesar de tener todo lo necesario, no nos entregamos por entero a la misión”. Hay quienes viven en condición modesta pero “son prepotentes, dominadores y poco fraternos”. Esta incoherencia “…se debe, según lo que he visto, a los procesos de formación inicial”. “Hay Hermanos desconectados de la realidad económica de la gente y otros que viven como personas de condición modesta” en las mismas comunidades… Las nuevas generaciones de Hermanos manejan otros conceptos de pobreza. Habría que investigar esta cuestión para evitar moralismos”. “En ocasiones algunos de nuestros Hermanos se han desclasado”. Muchas veces, “la obsesión del mundo actual por la tecnología se nos cuela, generando muchas veces una distancia con nuestros destinatarios. Valga lo mismo en cuanto a los vehículos que utilizamos…” “El proteccionismo económico, propio de la vida religiosa, nos aleja de la vida modesta y de la alegría y sencillez de corazón que ella nos brinda”. “Sentir la necesidad, encargarse de las compras, ver los gastos y compartir la vida cotidiana de la gente… nos permite, en todo momento, ser conscientes de la realidad y asumir una conciencia crítica de cara a nuestros bienes”. Debemos “…reflexionar sobre los beneficios económicos que recibimos de la misión… que en más de una ocasión se consideran como derechos”. “La burocracia central y la de algunas obras han crecido de manera alarmante, lo que permite a los directivos viajar mucho y bien…” “Nuestra organización es tan perfecta que es imposible que pueda vivir pobremente”. “Ortodoxia y ortopraxis no coinciden ni por lo más remoto en mi vida diaria. Es la dichosa esquizofrenia”. d. Algunos criterios aportados por los encuestados para pensar en la condición “modesta” “El término modesto puede ser impreciso y depender del lugar donde está la comunidad”. La condición modesta tiene sus matices e interpretaciones. “Lo que poseemos ha sido fruto del trabajo de muchos que, perteneciendo al Instituto, han entregado su vida”. Además, vivimos “…de nuestro salario como educadores, aunque el Distrito ofrece recursos” para atender las necesidades de las comunidades. “La fidelidad a la misión o a la vida consagrada no puede ser reducida a una pretendida y teórica condición modesta: esto sería muy fácil y cómodo.” Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 1.2 En algunos lugares hay Hermanos poco abiertos a compartir con los Laicos la responsabilidad de la misión y, por tanto, asumen muchas responsabilidades sin una preparación adecuada (C. 469, 145 § 1.4). ¿Los Hermanos estamos siendo absorbidos por la actividad y la burocracia, de tal forma que tenemos poco tiempo para la oración mental (C. 469, § 1.3)? Las respuestas recibidas son mayoritariamente afirmativas. Aunque hay Hermanos que manifiestan que en su vida personal y comunitaria se dan espacios cotidianos de oración, la mayoría llama la atención acerca de este asunto, que “es un descuido que luego pasa y pasará factura”. a. Quienes no se sienten absorbidos por la actividad y la burocracia afirman que: El proyecto comunitario ha sido un elemento importante para salvaguardar la vida espiritual de los Hermanos. La comunidad organiza tiempos para la escuela, la pastoral, la oración y la Eucaristía; “los ritmos comunitarios buscan garantizar los espacios de oración, retiro y reflexión”. Los Hermanos se esfuerzan “por contrarrestar” el poco tiempo disponible a causa del trabajo escolar. La regularidad de la comunidad parece esencial y ayuda a mantener una disciplina personal. La oración desde la realidad vivida “ha sido un espacio privilegiado”… independientemente de las labores asumidas como profesional. Es importante “recordar la invitación del Fundador, de no hacer distinción entre los deberes de nuestro estado y los de nuestra salvación”. “Vivimos una cierta nostalgia de una vivencia plena de la oración”. b. La mayoría afirma que los Hermanos disponen de poco tiempo para la oración mental: “Somos pocos Hermanos y estamos repartidos en muchas obras, lo que hace que estemos recargados de trabajo… [sin embargo] tenemos períodos de intensa vida espiritual y fraterna, distribuidos a lo largo del año…”. “Todo lo relacionado con la misión se torna urgente. La mayoría de los Hermanos no soporta, en conciencia, dejar la misión para después, cuando son responsables de ella”. La actividad escolar “demanda mucha energía y entusiasmo, aunque también genera cansancio y desconcierto si no se cuenta con una disciplina personal que cuide la vida interior. Creo que la generación actual, los más jóvenes, tenemos más dificultad para vivir disciplinadamente”. “Existe poco aprecio por la oración mental, posiblemente porque no se insiste [suficientemente] en los procesos de formación”. “Le dedicamos más tiempo al trabajo que a la oración y descuidamos la Eucaristía dominical”. “Es desconcertante encontrarse con Hermanos que no se preocupan por la oración comunitaria y no dedican el tiempo necesario para su preparación; también hay quienes dicen amar la oración, pero en la vida comunitaria son nulos”. En otros Hermanos se observa que solamente buscan “…comodidad, menos trabajo, menos oración, poca preparación y más actividades sociales…” y menos tiempo “para el trato con las personas, el acompañamiento [pastoral] a los jóvenes y profesores”. “Veo… sobre todo una pérdida creciente del sentido religioso”. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 c. Cuando se piensa en la oración mental: “Es demasiado difícil evaluar la oración mental de los Hermanos… se da en lo íntimo del ser: cada quien es responsable de ella y sabrá responder. Sin embargo, la vida de fe se manifiesta en la vida cotidiana. Nuestras acciones reflejan la calidad de nuestra oración”. Ni el activismo ni la burocracia son responsables de la falta de oración; “son esgrimidas como una falsa excusa por la pérdida de interés. Si se redujese la actividad de los Hermanos no se abrirían más espacios de oración. Es más una cuestión de certezas de vida”. “Un buen gestor sabe delegar tareas y tiene tiempo para su vida personal y comunitaria… Es muy fácil culpar a la burocracia. La cuestión es de opción y de organización”; “…si tuviéramos más disciplina habría tiempo para todo”. “Hay un problema en torno a la oración y a la vida interior… pero sería un error continuar acentuando la tensión actividad-oración como la causa. Las causas deben ser buscadas en los cambios de contexto cultural, los necesarios cambios en el contexto religioso y en […] las nuevas sensibilidades espirituales”. “La formación ha de preparar para la autonomía espiritual, pues uno de los males de nuestro estilo de vida es la extrema dependencia de la comunidad, que actúa como garante de todo…” No obstante, la mediación de la comunidad sigue siendo indispensable. 1.3 ¿Qué impacto ha tenido el tema de la asociación en tu Distrito en estos últimos 7 años? ¿Este tema se ha traducido en decisiones concretas que afectan la animación de la misión lasaliana? El 50% de las respuestas están a favor y el 50% en contra, por diversos motivos. En el proceso de categorización hemos intentado poner en evidencia los criterios esgrimidos por los encuestados. a. Una primera opción: La asociación ha tenido un impacto positivo y se traduce en decisiones concretas que repercuten en la misión lasallista Por qué se afirma el impacto positivo: El tema de la asociación “se viene trabajando desde hace mucho tiempo” en el Distrito. Es un tema que genera “mucho compromiso”. “Hoy entendemos que la primera asociación es la que realizamos entre los Hermanos y que adquiere su pleno sentido desde la atención educativa a los menos favorecidos”. Todavía existen dudas respecto a los grados de vinculación con los Seglares, más allá del trabajo en conjunto. “Al principio, el tema causó mucho recelo por parte de los Hermanos debido al control que ejercían los Seglares sobre las obras y la forma cómo las gestionaban”. Pero el clima ha cambiado y el Hermano “no hace sombra ni entorpece” la animación en conjunto. “Definir y reglamentar esta vinculación es… una dificultad, por lo que se ha optado por vivirla más” desde el carisma. Nos hemos visto en la necesidad “de profundizarlo, más como identidad y misión”. “Nos cuestionábamos sobre la calidad de nuestras relaciones con los Seglares, porque daba la impresión de que no lográbamos comunicar el entusiasmo y el nivel de pertenencia que exige nuestro carisma”. “Nos faltaba mayor creatividad para encarar iniciativas tendientes a una mayor integración entre Hermanos y Seglares”. En el Distrito, se ha comprendido que existen Seglares “asociados a la misión, no a los Hermanos”; es decir, Seglares que manifiestan un compromiso intenso, fe, celo y dedicación a la misión educativa. “Parece evidente que la conformación burocrática de grupos no podía ser considerada como la única forma posible de asociación”. Hoy “existe más claridad sobre los ideales que unen a Hermanos y Seglares y una mayor disposición para trabajar con horizontalidad, generosidad y 146 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 corresponsabilidad”. “En este momento hay un buen ambiente de acogida por parte de grupos deseosos de vivir nuestro carisma, sobre todo entre los directivos. Poco a poco vamos llegando a 147 compromisos concretos”. Decisiones concretas que ha impulsado la asociación en la animación de la misión lasallista: Existe una organización distrital, incluso en algunos casos con reconocimiento civil. “Se han creado grupos de asociación… en varias comunidades educativas del Distrito”. Existen grupos lasallistas que piden una forma de reconocimiento. Las comunidades de Hermanos manifiestan una clara apertura a los Seglares. “Hemos avanzado en la comprensión de esta dinámica asociativa y se buscan maneras para ser más creativos y, así, responder a una misión que no sólo es educativa sino, además, evangelizadora”. Se ha hecho evidente “una mayor relación de confianza e interdependencia” entre Hermanos y Seglares. Existe un plan de formación conjunta de Hermanos y Seglares. Se “han venido dando avances en cuanto a la formación y consideración de los liderazgos para asumir la dirección, animación y acompañamiento de una determinada obra”. Este proceso de comprensión ha mejorado a partir del estudio de la Circular 461 (2010). El Distrito cuenta con módulos de formación explícitos sobre el tema de la asociación. Incluso se han diseñado, en algunos Distritos, itinerarios formativos; se trata de cursos de formación con contenidos definidos y experiencias de consagración por parte de los asociados. Hermanos y Seglares comparten la animación del Distrito y de los centros educativos. “Hay Seglares en puestos directivos”, tanto en centros educativos privados como públicos/de convenio/fiscales. Además, el “Consejo de la Misión Educativa se torna, cada vez más, en una realidad visible e importante”. Los Seglares participan en las asambleas distritales. Se han creado “organismos de decisión en donde participamos Hermanos y Seglares en igualdad de condiciones”. “Hemos tenido la política de ir dejando los puestos de dirección y administración a los Seglares desde hace mucho tiempo… Los Hermanos animamos, pastoral y pedagógicamente las obras, junto a los Seglares”. b. Una segunda opción: La asociación no ha tenido el impacto esperado Por qué se niega el impacto de la asociación: “Aunque hay apertura” hacia el tema, “creo que nos ha faltado más decisión y confianza en los Seglares”. “Últimamente está decayendo algo la experiencia por falta de acompañamiento”. Incluso se busca evaluar las experiencias para reconducir la asociación. En algún Distrito, experiencias de despido de educadores comprometidos han afectado el proceso de asociación, con consecuencias negativas para el desempeño del centro educativo. La asociación ha tenido un impacto “pragmático”; ha servido para ir “dejando más responsabilidades en manos de los Seglares, lo que nos ha permitido mantener, e incluso expandir, nuestro servicios educativos a más alumnos”. Pero ha incidido poco “en la convicción personal de cada Hermano y de cada comunidad religiosa de considerarse corazón, memoria y garantía del carisma lasallista. Seguimos siendo un poco dueños de nuestros centros, ahora operados en un mayor número por nuestros empleados Seglares”. En algunos Hermanos “de cierta influencia” este tema “ha generado resistencias y oposición”. “Cuando hablamos de la asociación pensamos en los Seglares”, y no consideramos que es un tema Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 esencial para los Hermanos, no negociable. El carisma no es para nuestro uso exclusivo; está presente en la Iglesia laical. “Nos disgusta que los clérigos nos miren por encima del hombro”, pero 148 reaccionamos de igual manera con nuestros Seglares. “Si nos encerramos en nuestros cuarteles de invierno, que el último apague la luz y cierre la puerta, porque nuestra historia se acabó”. Existen “muchos factores que dificultan el ser asociado del Instituto: por un lado, las convicciones personales del asociado y, por otro, lo que los Hermanos esperan del asociado”. Al parecer, ambas expectativas no concuerdan. Incluso, “los Hermanos tenemos miedo a ser sucedidos por los Seglares”, debido a experiencias pasadas en las que estos últimos se han querido apoderar de nuestros centros educativos. “No ha habido una decisión clara de formar grupos de asociados”. Ha existido un problema de “absolutización de modelos” de asociación de otros Distritos, cuyas experiencias “escandalizan, porque son extremistas” y porque son sólo una respuesta al problema de la disminución del número de Hermanos. Por eso, “no queremos poner en riesgo el legado que hemos recibido, esto es, no queremos que se desdibuje nuestra identidad de Hermanos, ni que tampoco se desvirtúe la misión y el carisma”. Somos “menos arriesgados - muy temerosos - porque algunas experiencias de asociación son leídas más como un acta de rendición de cara al fracaso de la vocación de los Hermanos”. 1.4 En los foros de reflexión pedagógica apenas se oye nada que proceda de los educadores lasalianos (C. 469, § 1.7). ¿Existe alguna participación de los Lasalianos en las instancias de reflexión educativa de tu país? La pregunta no ayudaba ciertamente a determinar datos más precisos. Por el momento, hemos organizado el contenido las respuestas favorables, ya que algunos encuestados afirmaban tajantemente que no existía reflexión educativa alguna en el seno del Distrito: En Argentina, “tenemos un lugar fundamental en la Federación de Asociaciones Educativas Religiosas de Argentina (FAERA)”. Se promueve la reflexión en la educación popular y la pedagogía crítica. Se cuenta con la Editorial “La Crujía”. “En el contexto de la educación católica, los Lasallanos somos reconocidos fundamentalmente en tres temas: misión compartida, espiritualidad y estructuras de animación; pastoral educativa y escolar; educación popular en la escuela”. En Bolivia, a través de la Universidad, se tiene contacto con la reflexión educativa del país. A nivel de los Colegios, a través de la Asociación Nacional de Colegios Privados (ANDECOP). En Brasil, los Lasallistas participan activamente en la Associação Nacional das Escolas Católicas y varios Hermanos y Lasallistas son miembros de los Consejos estatales de Educación. Se busca participar en los organismos de Defesa de Crianças e Adolescentes a nivel estatal y nacional. En Colombia “sí hay participación de los Lasallistas en las instancias de reflexión educativa, sobre todo a niel universitario, por medio de revistas pedagógicas. Con todo la participación es principalmente de Seglares”. Hay presencia de Lasallistas en la Confederación Nacional Católica de Educación (CONACED) y en los encuentros organizados por el Ministerio de Educación Nacional (MEN). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 2. En México, “hay participación de instituciones lasallistas en el área de la Educación 149 Superior católica y privada”. En República Dominicana “tenemos representatividad en el organismo que evalúa la marcha del Nuevo Proyecto Educativo… y participamos en el Observatorio del Presupuesto en Educación”. En Venezuela, a través de la Asociación Venezolana de Educación Católica (AVEC) y en consultas nacionales sobre la calidad de la educación. A quiénes servimos 2.1 La vida comunitaria de los Hermanos está desconectada de la realidad económica de la gente a quien servimos (C. 469, § 1.7). ¿A quiénes servimos actualmente? Por tanto, ¿de qué realidad económica hablamos? a. Categorías de destinatarios de la misión educativa lasallista Apoyados en las respuestas de los encuestados podemos identificar tres tipos de familias destinatarias de nuestro servicio educativo en la Región Latinoamericana Lasallista: Familias de clase media-media alta: se refiere a “familias con ingresos económicos por encima de la media nacional”. “Es una clase social económicamente enriquecida”, “hijos de empresarios exitosos”. “Son personas que tienen casa propia, con dos automóviles y todos sus hijos estudiando en escuela privada. Normalmente cuentan con atención médica privada. Es frecuente que ambos padres gocen de un empleo remunerado y que salgan de vacaciones una o dos veces por año. No son pocos los que llegan a tener al menos un viaje al extranjero cada año”. En esta categoría la población estudiantil tiene la posibilidad de “acceder a variados y mejores recursos tecnológicos, y acceso a la cultura, lo que les permite incrementar el conocimiento”. En estos establecimientos se ofrecen becas para familias de otros estratos socio-económicos. Generalmente en esta categoría se ubican a las Universidades, debido a que atienden a estudiantes provenientes “en su mayoría de clase media y media alta”, aunque también mantienen un sistema de becas que favorece el servicio a estudiantes de bajos recursos. En estos ambientes, las comunidades de Hermanos viven dentro de “un contexto con estilos de vida muy diferentes a las personas que habitan en las periferias”. Familias de clase media, con tendencia al empobrecimiento: Se trata de una clase media asociada “a carencias familiares, sociales e infraestructurales”. Parece que incluye un amplio rango de familias que va de “una clase media empobrecida” a “una clase popular emergente” (“profesionales, comerciantes, choferes, albañiles…”). Poseen “ciertos recursos”, pero son insuficientes para afrontar las vicisitudes socio-políticas de los países; en general esta situación coyuntural repercute en la calidad de vida de la población. En su mayoría es “una población que tiene acceso a los servicios básicos y que puede cubrir las necesidades más urgentes de la familia, aunque esto signifique el abandono de sus hijos por dedicarse al trabajo”. En estos ambientes, las comunidades de Hermanos cubren con sobriedad sus “necesidades materiales”, incluso de manera austera. Sin embargo, la situación precaria que se vive en el entorno podría hacer ver a los Hermanos como quienes “lo tienen todo, mientras que el entorno… [les] reclama mayor entrega y generosidad”. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Familias pobres, con alto nivel de vulnerabilidad: Se trata de familias “en situación de riesgo en zonas urbanas”, en “centros de misión”; también de “campesinos de zonas 150 rurales”, familias de mineros desplazados e incluso poblaciones indígenas. Se atienden estudiantes provenientes de una realidad económica en alto riesgo. La vulnerabilidad de las familias se manifiesta, sobre todo, en “Mamás solas o golpeadas, con mucha fragilidad frente a la injusticia, a la violencia de género, a los salarios injustos”. Son situaciones que permanecen ocultas socialmente. En otros casos, se trata poblaciones campesinas que sufren las consecuencias de políticas estatales y que las obligan a desplazarse de sus tierras, generando una situación económicamente crítica; carecen de lo necesario para su sustento semanal y para atender las necesidades escolares de sus hijos. En estos ambientes, las comunidades de Hermanos viven en comunión con las precariedades de la población, aunque saben que cuentan con el apoyo del Distrito para atender sus urgencias básicas, sobre todo de alimentación, salud y transporte. Otras dos categorías de destinatarios “pareciera” que no formaran parte de la población que atendemos actualmente. Se refiere a dos grupos extremos en la escala socio-económica. “Nuestras obras se encuentran en la banda de las frecuencias medias; el ultravioleta y el infrarrojo no los tocamos”. Se trata, por una parte, de familias ricas/millonarias y, por otra, de grupos sociales en límites de pobreza y marginalidad, tales como “niños de la calle, drogadictos, enfermos de SIDA y migrantes” (entendidos como desplazados por la violencia en su propio país)7. b. Observaciones en torno a la misión educativa lasallista Las respuestas recibidas ponen en evidencia la diversidad de un servicio educativo presente en contextos sociales y económicos variados, propia de un Instituto implantado en suelo latinoamericano por más de ciento cincuenta años. Los Hermanos asumimos la misión a la cual hemos sido llamados institucionalmente, “por voto de obediencia”, “con dedicación y sin acepción de personas, credos, ambientes, culturas y nacionalidades”. Es evidente el espíritu de solidaridad que algunos Hermanos hacen notar entre obras de diferentes niveles económicos; los centros educativos con más recursos atienden las necesidades de quienes atienden a los más pobres, a falta de un apoyo estatal. Los sistemas educativos nacionales plantean de hecho serias restricciones a la hora de la toma de decisiones. En las obras educativas privadas/particulares, los Hermanos pueden trabajar como docentes, mientras que en el sistema público/oficial/fiscal es mucho más difícil, “debido a los requisitos burocráticos del sistema educativo gubernamental”. En este segundo caso, “no se pueden tomar decisiones de carácter administrativo” si los Hermanos no son funcionarios del gobierno de turno. Y esto implica comulgar con una opción ideológica determinada. En algunas respuestas se manifiesta un evidente sentimiento de insatisfacción cuando se habla del servicio educativo de los pobres. “No veo cómo se puede realmente cumplir eso que repetimos a boca llena: para el servicio educativo de los pobres. No es que no se quiera, al menos en mi caso; es que no sabemos cómo”. En otros casos, se evidencia el compromiso distrital en convicciones y hechos: “Aunque los destinatarios pobres de nuestro servicio educativo rondan el 25% del conjunto, la mayor parte de las comunidades están comprometidas con ellos”. “Hablamos de una realidad económica de niños y jóvenes en riesgo, en consonancia con los llamados apremiantes del Instituto…”. No obstante, se constata que, en obras educativas situadas en barrios marginados y pobres, “nuestros alumnos no son precisamente los pobres o más necesitados”. Esas obras nacieron para los pobres, pero “…inevitablemente - y qué bueno – han conseguido que esos primeros pobres 7 Nota del investigador: En la RELAL existen experiencias de este tipo, pero no fueron consideradas por los encuestados. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 hayan ocupado un puesto en la sociedad y en el trabajo, que les ha permitido mejorar 151 ostensiblemente”. Por otra parte, en muchos de los países de América Latina la clase media está sufriendo un acelerado proceso de empobrecimiento. En este contexto, “los Hermanos estamos compartiendo las penurias con el resto de la personas que componen nuestras comunidades educativas”. “La crisis que vive el país se ve reflejada en la poca disponibilidad que se tiene para favorecer un mejor servicio educativo. Pudiéramos ser más arriesgados y creativos, tener mayor presencia entre los pobres y ofrecer una formación que dignifique a la persona y le ayude a superar sus necesidades. Sin embargo, cómo hacer esto sin abandonar o cerrar obras que existen y que también requieren de nuestra presencia”. En este contexto tan volátil, “…mirar a quienes servimos hace parte de la crisis actual del Instituto, puesto que nuestra opción preferencial por los pobres se ha ido desplazando para atender una población con una situación económica mucho más elevada. Puede ser que esto se deba a un proceso de progreso paralelo al de los pobres que antes servíamos mayoritariamente. En este sentido, también participamos de las tensiones propias de la clase media, esto es, una crisis de identidad, de no saber a dónde pertenecer: si a los ricos o a los pobres…” 2.2 Las obras educativas dedicadas a los pobres se cierran por razones exclusivamente económicas, mientras que se expanden las instalaciones escolares al servicio de la clase media y de los ricos (C. 469, § 1.7). En los últimos 7 años, ¿se han cerrado obras educativas al servicio de los pobres? ¿Cuáles han sido los motivos? El siguiente cuadro presenta un resumen por Distritos/Sectores de obras educativas destinadas a los pobres que han sido cerradas en los últimos 7 años. Los datos se han recogido sólo a partir de las respuestas obtenidas8: Distrito/Sectores Cierre X Antillas-México Sur X Argentina-Paraguay X Bogotá X México Norte Ecuador X X X X Medellín X X X 8 Centro educativo/ iniciativas Escuelas Esperanza de México Centro de Formación Lasallista (Cd. México) Escuela de Añatuya, Santiago del Estero (Argentina) (no se aportaron ni nombres ni número de obras) Preparatoria en Monclova Centro comunitario Chihuahua) El Cebollar Escuela Normal Superior San Pío X, Ismina Colegio Juan Pablo II, Apartadó Colegio Laura Montoya, Chigorodó Colegio Compartir, Cali Razones/Observaciones Desconocidas Desconocidas Falta de personal, aislamiento. Diferencia de criterios con el Obispo. Dificultades para mantener contratos con el gobierno Problemas económicos Problemas económicos Problemas económicos Problemas de convenio entre el Distrito y el Ministerio Educación Problemas de convenio entre Distrito y Obispado Los datos obtenidos no han sido precisos del todo. Se han confrontado las respuestas de los participantes del mismo Distrito para ofrecer estos datos. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Observaciones en torno al cierre de las obras dedicadas al servicio de los pobres: 152 Los problemas económicos no han sido la causa exclusiva del cierre de las obras al servicio de los pobres en la Región en los últimos 7 años, según los datos recogidos en los cuestionarios. Otros motivos son: los problemas con los organismos gubernamentales e incluso con la Iglesia local. Los participantes en el cuestionario aportaron datos de obras educativas abiertas o reorientadas para el servicio educativo de los pobres: Distrito/Sectores Apertura Reorientación X Argentina-Paraguay X X X Brasil-Chile X X X X Bogotá X Medellín X Centro educativo/ iniciativas Nueva sección en Colegio de Florida (Bs. Aires) Obra en Capiibary (Paraguay) Colégio La Salle Zé Doca (Nordeste Brasil) Nueva Escola en BeiraMoçambique para el 2016 Transformación de la Escola João XXIII (Moçambique) Presencia de Hermanos en San Vicente Ferrer Reconfiguración de obras de asistencia social Voluntariado Misionero Lasallista Escuela Normal Superior de Gigante (Huila) Internado para estudiantes en Ismina Razones/Observaciones Educación especial y gratuita Aumento de alumnos en y en las obras sociales lasallistas. Problemas con la legislación nacional Nueva obra Norandino del Distrito Dos nuevos Sectores plantean la imposibilidad de abrir nuevas obras educativas: Sectores Bolivia Venezuela Motivos Dificultades para ejercer la dirección y selección de personal docente Falta de personal o difícil momento económico del país Observaciones en cuanto a la apertura o mantenimiento de las obras destinadas a los pobres: Algunos Sectores señalan que la legislación educativa nacional está dificultando la creación o mantenimiento de obras al servicio de los pobres, debido a las restricciones en cuanto a la toma de decisiones, manejo del personal docente y ayudas presupuestarias. 2.3 En los últimos 7 años, ¿se han ampliado los servicios educativos a personas de clase media y gente rica? ¿Cuáles han sido los motivos? Las respuestas dan a entender que los Distritos han hecho un esfuerzo por mantener las obras educativas al servicio de las familias de clase media-media alta y de la clase media con tendencia al empobrecimiento (cf. A quiénes servimos, p. 149). Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Motivos: 3. 153 En general, se han mantenido las obras del Distrito “y lo que ha aumentado es el número de alumnos”. Se ha experimentado la “fuerte presión de los padres” de familia para disponer de mayor número de cupos en nuestros centros. Se sigue valorando el tipo de educación que ofrecemos. Las familias no desean que sus hijos vayan a la escuela pública/oficial, porque es sinónimo de baja calidad. El desafío actualmente es cómo afrontar la crisis económica, cuando nuestros centros deben sobrevivir en un contexto educativo muy competitivo, que exige una mayor calidad en el servicio. “Algunas de nuestras instituciones se han quedado obsoletas y sin renovación física”. Se ha dado un impulso importante a la Educación Superior Lasallista. Se busca que la Universidad colabore en la formación docente, sobre todo para los niveles de primaria y secundaria. Cómo nos situamos ante el futuro 3.1 Nuestro estilo de vida tal vez no sea atractivo para los jóvenes de hoy (C. 469, § 1.6). Se constata que el número de novicios ha decrecido en las últimas décadas (C. 469, § 1.5). ¿Cuántos jóvenes han ingresado al Noviciado en tu Distrito en los últimos 7 años? ¿Cuántos continúan en el Instituto? Es interesante comprobar que 1/3 de los encuestados manifiestan que carecen de datos para responder a esta pregunta. ¿Indiferencia o falta de información a nivel distrital? No es posible determinarlo con lo que han expresado. Dos Hermanos afirman: “Se necesita consultar las estadísticas de cada Distrito” para trabajar sobre datos fidedignos. Tomando en cuenta sólo la información suministrada por los 2/3 de los encuestados, es posible construir un índice de perseverancia de los Novicios en los Distritos/Sectores encuestados, a sabiendas que la información podría no ser del todo fidedigna. De lo que se trata aquí es de percibir un posible grado de perseverancia de los novicios de los últimos 7 años en la Región. Distrito 9 Brasil-Chile Bogotá Ecuador Medellín Perú México Norte 10 Antillas-México Sur 11 Argentina-Paraguay Venezuela Bolivia 9 Ingresos en los últimos 7 años 54 40 23 30 19 16 42 11 08 25 Cuántos han perseverado 48 22 14 18 12 10 20 06 04 06 Índice regional promedio Relación perseverancia 4/5 3/5 3/5 3/5 3/5 3/5 1/2 1/2 1/2 1/5 Índice de perseverancia 0.8 0.6 0.6 0.6 0.6 0.6 0.5 0.5 0.5 0.2 1/2 0.5 Considerando sólo el número de novicios que ingresan al primer año de Noviciado. Con la información suministrada, no se puede confirmar si ese dato incorpora a los novicios de México Norte o no. 11 Incorpora dos novicios provenientes de Haití y uno enviado al noviciado de Brasil. 10 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Algunos comentarios de los encuestados: Son relativamente pocos los novicios que continúan, “pocos para lo esperado”; aunque parece que los que ingresan ahora traen una mejor preparación personal - religiosa y lasallista - y una mejor vivencia comunitaria. Parece que el decrecimiento en el número de Hermanos se verifica en los primeros años de Votos Temporales o antes de la Profesión perpetua. “Es llamativa la falta de perseverancia de los formandos. Si hubieran perseverado la mitad de los Hermanos jóvenes tendríamos un sector muy pujante… Por supuesto que esta realidad nos cuestiona como Hermanos mayores. ¿En qué estamos fallando?” ¿No hemos sido capaces de encarnar el carisma de La Salle en la sensibilidad y la hondura del alma de nuestro pueblo? “Las estadísticas son bastante claras. El Distrito está haciendo un esfuerzo significativo en la renovación de sus programas de formación, la formación de Formadores, la Pastoral vocacional y el acompañamiento a los Hermanos jóvenes… Los jóvenes de hoy son muy distintos de los del pasado. Somos conscientes de la ineficacia de los métodos tradicionales. Estamos trabajando en la perspectiva de los itinerarios formativos”. Pareciera que el proceso vocacional se ha visto “más como alternativa de estudio profesional” y promoción social. Una vez que adquieren un grado académico, dejan el Instituto. 3.2 ¿Cuál es el perfil de “Hermano” que los jóvenes de tu Distrito identifican? ¿Cuál es el perfil de “Hermano” ideal que tienen los Hermanos de tu Distrito? ¿Existe coherencia o no entre los dos perfiles? Centramos la presentación de las respuestas en tres aspectos: primero, una revisión de elementos teóricos comúnmente aceptados; segundo, la lista de los documentos del Instituto que han servido de referencia a los Hermanos encuestados para pensar sobre el perfil del Hermano (sin comentarios), y tercero, una serie de observaciones que permiten percibir el grado de discrepancia que existe entre el modelo ideal y la realidad al interior de las comunidades de la Región. a. Perfil del Hermano de cara a los Hermanos jóvenes Características del ideal del Hermano: En general se considera al Hermano como una “persona consagrada al servicio educativo desde una motivación religiosa”; con “profundo sentido religioso, sencillo y comprometido con la misión educativa; con sentido de pertenencia y proyección social”; “que vive en comunidad y ejerce su misión compartida (asociada) en la misión educativa”. “De sólida piedad y vida espiritual proyectada en la misión”. “Apasionado por el Evangelio”. “Que tiene a Cristo como el norte de su vida”. Atento “a los necesitados”. Abierto “a las nuevas exigencias del mundo de los jóvenes”. “Comprometido en una obra educativa al servicio de los pobres”. Comprometido con grupos 154 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 juveniles y en la animación pastoral. “Comprometido socialmente, acompañando al pueblo 155 en sus luchas”. “Generoso y coherente con sus principios”. “Inteligente y crítico”. “Con una personalidad equilibrada”. Fraterno y capaz de establecer sanas relaciones con los estudiantes, los padres de familia y las personas con las que trabajan. Inserto “en el mundo educativo”. “Dedicado a la educación”. “Sabe preparar bien” a sus estudiantes con una educación de calidad. “Trabajador, preparado y abnegado”. Es nítido su empeño “para que la escuela vaya bien”. “Bien formado psicológica, social, intelectual, doctrinal y espiritualmente”; “preparado profesionalmente”, con una “formación académica” adecuada para atender mejor a los niños y jóvenes. “Que ama su vocación y su Instituto”. Digno de “confianza en el Distrito” para asumir responsabilidades desde temprano. Comentarios al perfil ideal del Hermano: “Nuestro estilo de vida no fue creado para ser atractivo. Todo lo contrario; fue creado para ser desafiante. Y será atractivo en la medida en que sea desafiante…Por lo tanto, no podemos partir […] del principio de que tenemos que ser muchos. No son muchos los que tienen potencial para situarse en las fronteras, los desiertos y las periferias… es mejor asumir que seremos pocos los escogidos.” En el proceso de formación, “…en general, las diferencias [de perspectivas] son bien recibidas y se alienta a los Hermanos a construir su propio itinerario de vida, de fidelidad al llamado que Dios le ha hecho en esta vocación.” b. Documentos de referencia para estudiar el perfil del Hermano: La Regla del Instituto Los documentos del 45º Capítulo General La Circular 466: “Se llamarán Hermanos” El Perfil del Hermano Latinoamericano y del Caribe de la RELAL c. Críticas a la percepción del perfil del Hermano “Evidentemente los Hermanos mayores tendemos a ser críticos con las nuevas generaciones, y con frecuencia lo hacemos con poca objetividad, creyendo que cualquier pasado fue mejor, cosa que dudo”. “Algunos Hermanos mayores viven en su área de confort. En otros hay cansancio crónico”. Para algunos no está claro la forma cómo los jóvenes entienden el perfil del Hermano en cuanto “religioso”; parece que esto depende del testimonio de los Hermanos que han tenido cerca. “Es claro que los dos perfiles [de los Hermanos mayores en relación con los jóvenes] no coinciden, porque los jóvenes no conocen del todo nuestro estilo de vida y porque los Hermanos vamos descubriendo otros elementos que son más atractivos que el amor inicial”. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 La mayoría de los jóvenes han conocido a los Hermanos en las obras, “como personas que se dedican de lleno a la misión; poco se ve al religioso. Lo profesional resalta más que lo de 156 consagrado, incluso que lo de Hermano”. Al principio, los jóvenes ven a los Hermanos “como hombres de mucha fe y entrega; luego se encuentran con hombres de mucha fe pero muy operativos [pragmáticos]”. “El perfil es muy poco convincente si no se percibe la identidad” del Hermano a profundidad. “En realidad, nuestro Hermanos jóvenes, durante sus años de formación profesional, van perdiendo y sacrificando algunos… aspectos importantes, sobre todo… [aquellos] que alimentan su vida espiritual”. “Dan mucha importancia a su formación intelectual, y dicen no tener tiempo para atender a su formación teológica-espiritual-pastoral-lasallista, con el consiguiente desequilibrio formativo. Tenemos que anotar también la carencia de buenos Directores, sobre todo para el Escolasticado”. Se siguen percibiendo dos elementos básicos en la vida del Hermano: “su buen desempeño en la actividad educativa institucional y su comportamiento religioso estándar (vida regular de oración, vida ordenada y exigente)”. Pero la integración entre la vida interior y el ministerio no siempre es evidente; “nos percatamos del desajuste y eso influye en nuestros ideales; y es claro el descontento cuando no cumplimos con nuestras expectativas”. Quizás no hemos sabido afrontar esta discrepancia entre perfiles “a través de un mejor entendimiento del cambio cultural”, que nos envuelve a todos: jóvenes, de edad media y mayores. Los jóvenes no siempre identifican con claridad la motivación religiosa de los Hermanos, “debido a la variedad de prácticas religiosas y a la ambigüedad de nuestro comportamientos en las comunidades; no siempre nos comunicamos bien ni exteriorizamos con profundidad y claridad nuestra vida interior”. “Existen Hermanos cuyas amistades y relaciones se prestan a malos comentarios”. Aunque teóricamente los jóvenes entienden el perfil austero del Hermano, en la práctica “acaban buscando comodidades y ciertos lujos… Resulta muy atractiva la imagen de los Hermanos que viven con cierta holgura su voto de pobreza”. Su “actitud ante el voto de pobreza es sumamente permisiva, no privándose de los últimos adelantos tecnológicos, ropa… cuando la mayoría de ellos son de extracción popular”. Pareciera que los Hermanos jóvenes tienden a verse como administradores “o gloriarse por… ostentar un cargo, así no lo merezcan”. “Los Hermanos mayores esperan mucho de los jóvenes para que puedan asumir responsabilidades en las obras… por parte de los jóvenes, la tensión está en querer cubrir las expectativas de preparación profesional para asumir los puestos directivos y no defraudar a los Hermanos que tantas esperanzas tienen sobre ellos”. “Debido a las Universidades, se nota que los Hermanos Jóvenes… en general se ven como profesores universitarios y ocupando puestos directivos en las Universidades”. La invisibilidad vocacional del Hermano puede comprometer negativamente el futuro del Instituto: “Creo que el perfil del Hermano es el de una especie en peligro de extinción, que puede ser vista raras veces en su hábitat natural, que son las aulas, patios, capillas y demás instalaciones escolares. Se les llega a avistar más seguramente en puestos directivos. Los que se llegan a ver son en general ya viejos. Sin embargo, hay instituciones privilegiadas que cuentan con algún Hermano joven, que normalmente imparte clases y con quien se puede contactar y hasta crear vínculos”. “Corremos el peligro de suponer cómo nos ven… no vendría mal un estudio científico en este sentido”. “Nos llevaríamos más de una sorpresa”. Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Conclusión: Para incentivar el diálogo Somos parte de un Instituto más que tricentenario. En su larga trayectoria fue casi borrado del mapa durante la Revolución Francesa; luego surgió nuevamente con fuerza y comenzó a expandirse tímidamente en el mundo entero, sobre todo a mitad del siglo XIX, hasta que las leyes francesas de la secularización de 1904 obligaron a muchos Hermanos a optar por una vida misionera. Ya disperso en los cinco continentes en el siglo XX, las nuevas realidades políticas, eclesiales y educativas cambiaron radicalmente su aspecto. Hoy el Instituto va configurando un nuevo rostro, todavía difícil de comprender, aún a 50 años del Concilio Vaticano II y del 39º Capítulo General. El 45º Capítulo General ha dejado abierta la puerta a que pensemos “si hay un futuro viable” (C. 469, § 1.3) para nosotros. Estoy convencido que es una invitación honesta que merece el ejercicio de un discernimiento de los Hermanos a todo nivel. Las respuestas que hemos leído nos invitan a situarnos en un amplio espectro que va: desde la conciencia de mantenernos en una zona de confort hasta el deseo de ir más allá de la periferia, rompiendo esquemas y aventurando nuevos retos para el futuro; desde la necesidad de institucionalizar una vida regular hasta la apertura a una nueva manera de ser comunidad, afectada por los nuevos movimientos culturales que están transformando a la Iglesia y a la sociedad actuales (y, por supuesto, a nosotros mismos); desde la conciencia de un Instituto centrado-en-sí-mismo, necesitado de sobrevivir, a la convicción de un Instituto descentrado-de-sí-mismo, capaz de asumir la aventura arriesgada de un Evangelio siempre joven y siempre audaz; desde la conciencia de ser - como Hermanos, “vocacionalmente hablando” - seguros o, más bien, desafiantes. En el sustrato de cada percepción se maneja una antropología, una filosofía y una teología específica, un modelo de Vida Religiosa, una manera de ser Iglesia y de concebir la educación. Esta presentación deja abierta la discusión para los próximos seis años. Necesitamos recrear nuestras miradas, nuestros lenguajes, nuestras convicciones; especialmente, nuestro compromiso con la construcción de un futuro, sin olvidar que la Obra es de Dios y que nosotros somos sus colaboradores y ministros, a quienes Jesucristo pedirá cuenta de su fidelidad (cf. MTR 205,1,1). Y me atrevo a añadir, de su fidelidad creativa. Referencias Bardin, Laurence (2009). Análise de conteúdo. São Paulo, Edições 70. Connelly, Michael y Clandinin, D. Jean (2008). Relatos de Experiencia e Investigación Narrativa. En: Larrosa et at. Déjame que te cuente. Ensayos sobre narrativa y educación. Buenos Aires: Laertes. Hermanos de las Escuelas Cristianas (2008). Regla de los Hermanos de las Escuelas Cristianas. Roma: autor. 157 Revista Digital de Investigación Lasaliana – Revue numérique de Recherche lasallienne – Digital Journal of Lasallian Research (10) 2015: 141-158 Hermanos de las Escuelas Cristianas (2014). Documentos del 45º Capítulo General. Circular 469 del 30 de noviembre de 2014. “Esta obra de Dios es también nuestra obra”. Roma: Consejo General. Disponible en: http://www.lasalle.org/wp-content/uploads/2011/07/Circ469_Actas45CG_spa.pdf Hermanos de las Escuelas Cristianas (2014). Estadísticas al 31 de Diciembre de 2014. Roma: autor. 158