librairie Ombres Blanches

Transcripción

librairie Ombres Blanches
ombres blanches
Photographie : Minkkinen (se reporter p. 18).
107
programme sept./oct. 2014
www.ombres-blanches.fr librairie en ligne
à toulouse – librairie en ville
chrétiens des origines
l e s r e n c o n t r e s d’ombres blanches
p. 32-33
mercredi 10 septembre/18 h
Frédérique Martin
Sauf quand on les aime p. 4-5
jeudi 11 septembre/18 h
Biz’art pop : Dominique Roux
La photographie est un jeu
d’enfant p. 18
vendredi 12 septembre/18 h
Armand Gatti, J.-J. Hocquard
Armand Gatti p. 31
samedi 13 septembre/16 h
Antigone Trogadis
Grecques p. 28-29
samedi 13 septembre/18 h
Claude Spielmann
Vos yeux d’absence
p. 26-27
lundi 15 septembre/17 h 30
Yves le Pestipon
Classiques au détail p. 32-33
lundi 15 septembre/18 h
H. Kodmani
La Syrie promise p. 29
mardi 16 septembre/18 h
Lydie Salvayre
Pas pleurer p. 4
mercredi 17 septembre/18 h
Médiathèque Cabanis
Robert Goolrick
La chute des princes p. 15
mercredi 17 septembre/18 h
Bertrand Tavernier,
L’Ouest, le vrai p. 22
jeudi 18 septembre/18 h
Hommage à Felix Guattari
Stéphane Nadaud p. 26-27
jeudi 18 septembre/18 h
Yanick Lahens
Bain de lune p. 5
p. 34-35
p. 23
vendredi 3 octobre/17 h 30
Médiathèque Cabanis
Frédéric Beigbeder
Oona & Salinger
p. 8
vendredi 3 octobre/18 h 30
Olivier Truc
Le détroit du loup p. 12
samedi 4 octobre/16 h 30
Au Théâtre Garonne
Robert Darnton, De la censure,
L’affaire des Quatorze
p. 21
lundi 22 septembre/18 h
Valérie Igounet
Le Front National p. 27
mardi 23 septembre/18 h
I. Desesquelles,
Les hommes meurent,
les femmes vieillissent p. 8-9
mercredi 24 septembre/18 h
Emmanuel Carrère
Le Royaume p. 3
jeudi 25 septembre/18 h
Leonardo Padura
Hérétiques p. 16
vendredi 26 septembre/18 h
Au Théâtre Garonne
Élisabeth Roudinesco
Sigmun Freud p. 20
vendredi 26 septembre/18 h
John King, White Trash
p. 14
lundi 6 octobre/18 h
Jean-Benoît Meybeck
album Centre de Rétention
administrative
p. 30
mardi 7 octobre/17 h 30
Polars du Sud
Deon Meyer p. 11
mercredi 8 octobre/16 h
Suzanne Varga, 12 banquets qui
ont changé l’Histoire
p. 24-25
mercredi 8 octobre/18 h
Adam Zamoyski
1812 : Napoléon en Russie
p. 24
jeudi 9 octobre/18 h
Éric Maravélias
La faux soyeuse
p. 10
samedi 27 septembre/14 h
Atelier Créatif avec N. Lacombe
Séance de dédicaces p. 34-35
samedi 27 septembre/17 h 30
Kristina Tóth, Code-barres
p. 17
vendredi 10 octobre/17 h
Éric Reinhardt
L’amour et les fôrets
p. 9
vendredi 10 octobre/19 h
M. Traversier, Lina Prosa
Lecture Lampedusa Beach
p. 30-31
samedi 11 octobre/17 h
Luba Jurgenson
Au lieu du péril p. 28
Les rencontres se tiennent dans la salle des débats de la librairie à l’exception de :
à l’extérieur
Le Royaume
EMMANUEL CARRÈRE
p. 7
vendredi 19 septembre/18 h
Éric Vuillard
Tristesse de la Terre p. 6
samedi 20 septembre/14 h
Atelier créatif avec Magali
Bardos p. 34-35
samedi 20 septembre/16 h 30
Festival Manifesto, F. Huguier
Au doigt et à l’œil p. 19
samedi 20 septembre/19 h
Lecture de Nathalie Vinot
L’extricable, Raymond Borde
mardi 30 septembre/18 h
Aro Sáinz De La Maza
Le bourreau de Gaudí p. 13
mercredi 1er octobre/18 h
Georges Vigarello
Le sentiment de soi p. 25
jeudi 2 octobre/18 h
Jean-Marie Blas de Roblès
L’île du point Némo
rayon jeunesse
café littéraire
mercredi 24 septembre à 18 h
Rencontre avec Emmanuel Carrère autour de la parution de son roman Le Royaume (éditions P.O.L).
EMMANUEL CARRÈRE est
diplômé de l’Institut d’Études
Politique de Paris et auteur de
nombreux romans, récemment
Limonov (2011). Il débute comme
critique pour Positif et Télérama
avant d’écrire son premier roman
L’Amie du Jaguar en 1983. Depuis
son deuxième roman, Bravoure
(1984), fidèle à son éditeur P.O.L,
Emmanuel Carrère enchaîne succès publics et critiques, tout en
menant de front une carrière de
scénariste et de réalisateur.
Une fresque
Le Royaume raconte l’histoire des
débuts de la chrétienté, vers la fin
du 1er siècle après Jésus Christ. Il
raconte comment deux hommes,
essentiellement, Paul et Luc, ont
transformé une petite secte juive
refermée autour de son prédicateur crucifié sous l’empereur
Tibère et qu’elle affirmait être
le messie, en une religion qui
en trois siècles a miné l’Empire
romain puis conquis le monde et
Duccio di Buoninsegna, Les adieux (détail).
p. 36
samedi 6 septembre/11 h
Guy Mothe
Le bestiaire loufoque p. 34-35
lundi 8 septembre/17 h 30
H. Prade, Les irréguliers de la
littérature francophone du XXe
jeudi 18 septembre/20 h
A. Lesternin et le CNES
Atlas plus du ciel et de l’espace
Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse Tél. : 05 34 45 53 33. E-mail : [email protected] Internet : http://www.ombres-blanches.fr
Mise en pages : Petits Papiers,Toulouse Impression : Groupe reprint – Parchemins du midi
jeudi 4 septembre/18 h
Biz’art pop Photographie
Chema Madoz et
A.-R. Minkkinen p. 18
vendredi 5 septembre/18 h
Teresa Berganza, O. Bellamy
Un monde habité par le chant
3
concerne aujourd’hui encore le
quart de l’humanité.
Cette histoire, portée par Emmanuel Carrère, devient une fresque
où se recrée le monde méditerranéen d’alors, agité de soubresauts
politiques et religieux intenses
sous le couvercle trompeur de la
pax romana. C’est une évocation
tumultueuse, pleine de rebondissement et de péripéties, de personnages hauts en couleur.
Mais le royaume c’est aussi, habilement tissée dans la trame historique, une méditation sur ce
que c’est que le christianisme,
en quoi il nous interroge encore
aujourd’hui, en quoi il nous
concerne, croyants ou incroyants,
comment l’invraisemblable renversement des valeurs qu’il propose (les premiers seront les
derniers, etc.) a pu connaître ce
succès puis cette postérité.
Comme toujours dans chacun
de ses livres, depuis l’Adversaire
(2000), l’engagement de l’auteur
dans ce qu’il raconte est total. Pen-
dant trois ans, il y a vingt-cinq ans,
Emmanuel Carrère a été un chrétien fervent, catholique pratiquant,
on pourrait presque dire avec
excès. Il raconte aussi, en arrière
plan de la grande Histoire, son
histoire à lui, les tourments qu’il
traversait alors et comment la religion fut un temps un havre ou une
fuite. Et si, aujourd’hui il n’est plus
croyant, il garde la volonté d’interroger cette croyance, d’enquêter
sur ce qu’il fut, ne s’épargnant pas,
ne cachant rien de qui il est, avec
cette brutale franchise, cette totale
absence d’autocensure qu’on
lui connaît. Il faut aussi évoquer
la manière si particulière qu’à
Emmanuel Carrère d’écrire cette
histoire. D’abord l’abondance et
la qualité de la documentation qui
en font un livre où on apprend
beaucoup de choses. Ensuite, cette
tonalité si particulière qui passe
dans un même mouvement de la
familiarité à la gravité. Le royaume
est un livre total, drôle et grave,
mouvementé. ■
4
pour bernanos
5
caraïbes
Pas Pleurer
Bain de Lune
LYDIE SALVAYRE
YANICK LAHENS
Rencontre avec Lydie Salvayre autour de la parution de son roman Pas Pleurer (Éditions du Seuil).
Rencontre avec Yanick Lahens autour de la parution de son roman Bain de Lune (Éditions Sabine
Wespieser).
mardi 16 septembre à 18 h
Deux voix entrelacées. Celle,
révoltée, de Georges Bernanos,
témoin direct de la guerre civile
espagnole, qui dénonce la terreur
exercée par les nationaux avec la
bénédiction de l’Église catholique
contre les « mauvais pauvres ». Son
pamphlet, Les Grands Cimetières
sous la lune, fera bientôt scandale.
Celle, roborative, de Montse, mère
de la narratrice et « mauvaise
pauvre », qui, soixante-quinze
ans après les événements, a tout
gommé de sa mémoire, hormis
les jours radieux de l’insurrection
libertaire par laquelle s’ouvrit
la guerre de 36 dans certaines
régions d’Espagne, jours que
l’adolescente qu’elle était vécut
avec candeur et allégresse dans
son village de haute Catalogne.
Deux paroles, deux visions qui
résonnent étrangement avec
notre présent, comme enchantées
par l’art romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté,
entre brutalité et finesse, portées
par une prose tantôt impeccable,
tantôt joyeusement malmenée. ■
YANICK LAHENS vit en Haïti et
a notamment publié chez Sabine
Wespieser La Couleur de l’aube
(2008) et Guillaume et Nathalie
(2013). Dans ses romans, comme
dans ses nouvelles et ses essais,
elle brosse sans complaisance le
tableau de la réalité caribéenne.
Sauf quand on les aime
Elle occupe sur la scène littéraire
haïtienne une position très singulière par son indépendance d’esprit et l’autorité que lui confèrent
ses actions de terrain. Longtemps
professeur de littérature, Yanick
Lahens consacre aujourd’hui une
grande partie de son temps à une
fondation destinée à former les
jeunes générations aux stratégies
de développement durable.
FRÉDÉRIQUE MARTIN
mercredi 10 septembre à 18 h
Puissances
souterraines
Rencontre avec Frédérique Martin autour de la parution de son roman
Sauf quand on les aime (Belfond).
FRÉDÉRIQUE MARTIN vit près
de Toulouse, récompensée pour
sa nouvelle L’écharde du silence
(Le Rocher, 2004), elle a également publié un roman pour la
jeunesse Zéro le monde (Thierry
Magnier, 2005), un recueil de
poésie : Papier du sang (N & B,
2006), et, chez Belfond : Le vase
où meurt cette verveine (2012).
« LA TRENTAINE basanée,
l’homme hurle sur la jeune fille
noire à côté de laquelle il s’affale.
Plusieurs voyageurs sont à proximité : une femme blonde d’un
certain âge, mince dans son cuir
sombre, plongée dans un livre ;
deux amis en pleine conversation et qui se sont tus aussi sec ;
un solitaire avachi au milieu de
ses sacs ; le regard focalisé sur ses
chaussures éraflées ; une jeune
fille livide, manifestement terrorisée, et une italienne qui marmonne avec un accent prononcé,
dos à la scène. Le train franchit
une zone boisée. Dans la prison
des vitres, les visages blafards
tranchent sur la masse sombre
des arbres. La voix de la fille noire
monte dans les tours, trahissant
la peur qui s’est emparée d’elle
depuis que ce type inconnu s’est
mis à l’injurier, à lui bloquer le
passage parce qu’elle refuse de lui
donner son numéro de portable. »
Claire, Juliette, Kader et Tisha :
ils n’ont pas beaucoup plus de
vingt ans, et la vie les a déjà
malmenés. Dans un monde peu
accueillant ils se sont rencontrés,
adoptés, et ont fabriqué ensemble
une nouvelle famille. Ils s’aiment
d’amour ou d’amitié, se frôlent
et se heurtent. Tisha bouscule
tout ; Claire aime Tisha ; Juliette
n’aime pas Kader. Mais la petite
bande tente à tout prix de préserver humour, tendresse et solidarité. Jusqu’au jour où la violence
du dehors leur impose la mesure
du réel. Sauf quand on les aime
ébauche le portrait d’une jeunesse silencieuse qui peine à se
mettre au monde. Une jeunesse
en quête d’amour et de liberté,
confrontée au défi de rêver son
avenir. ■
Après trois jours de tempête, un
pêcheur découvre, échouée sur la
grève, une jeune fille qui semble
avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée
s’élève, qui en appelle à tous les
dieux du vaudou et à ses ancêtres,
pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s’est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l’ample roman familial
que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont
précédé la jeune femme afin d’élucider le double mystère de son
agression et de son identité. Les
Lafleur ont toujours vécu à Anse
John Constable, Orage sur la mer, 1824.
Deux visions
Helios Gómez, La révolution graphique.
LYDIE SALVAYRE est née en
1948 à Autainville. Elle est la fille
d’exilés espagnols qui ont fuit
le franquisme et tenté de faire le
deuil de leur pays natal. Auteur
d’une douzaine de romans, parmi
lesquels La Déclaration (Julliard,
1990), La Compagnie des spectres
(Seuil, 1999) et BW (Seuil, 2009),
ses livres sont traduits dans une
vingtaine de langues. Au cœur de
ses ouvrages, on retrouve la figure
autoritaire du père, les thème du
travail et les inégalités sociales. Certains de ses livres ont été adaptés
au théâtre. En 2013, elle participe
à la rédaction de certaines notices
du dictionnaire Les Femmes
mystiques (Flammarion) tout en
publiant le portrait de Sept femmes
aux éditions Perrin.
jeudi 18 septembre à 18 h
Bleue, un village d’Haïti où la terre
et les eaux se confondent. Entre
eux et les Mésidor, devenus les
seigneurs des lieux, les liens sont
anciens, et le ressentiment aussi.
Il date du temps où les Mésidor
ont fait main basse sur toutes les
bonnes terres de la région.
Quand, au marché, Tertulien Mésidor s’arrête comme foudroyé
devant l’étal d’Olmène (une
Lafleur), l’attirance est réciproque.
L’histoire de ces deux-là va s’écrire
à rebours des idées reçues sur les
femmes soumises et les hommes
prédateurs. Mais, dans cette île
également balayée par les ouragans politiques, des rumeurs de
terreur et de mort ne tardent pas
à s’élever. Un voile sombre s’abat
pour longtemps sur Anse Bleue.
Pour dire le monde nouveau,
celui des fratries déchirées, des
déprédations, de l’opportunisme
politique, Yanick Lahens s’en
remet au chœur immémorial des
paysans : eux ne sont pas dupes,
qui se fient aux seules puissances
souterraines. Leurs mots puissants,
magiques, donnent à ce roman
magistral une violente beauté. ■
en amérique
romanesque
7
Tristesse de la terre
L’île du Point Némo
ÉRIC VUILLARD
JEAN-MARIE BLAS DE ROBLÈS
Rencontre avec Éric Vuillard autour de son roman Tristesse de la terre paru aux éditions Gallimard.
Rencontre organisée dans le cadre du Colloque « Images malgré tout ? Revoir 14 » (Université
Toulouse Jean-Jaurès – laboratoires « Cultures anglo-saxonnes » et « Patrimoines, littérature,
histoire »). Débat animé par Sylvie Vignes et Jean-Yves Laurichesse.
Rencontre avec Jean-Marie Blas de Roblès autour de son roman L’île du Point Némo paru aux éditions
Zulma.
vendredi 19 septembre à 18 h
ÉRIC VUILLARD né en 1968 à
Lyon, est écrivain et cinéaste. Il est
l’auteur des livres, Le Chasseur
(Michalon, 2000), et aux éditions
Léo Scheer : Bois vert (2002), Tohu
(2005) et Conquistadors (2009).
Il a également réalisé deux films :
L’homme qui marche (2007) et
Mateo Falcone (2009) et publie en
2012 deux récits chez Actes Sud,
La bataille d’Occident et Congo.
Ce simulacre
Alors, le rêve reprend. Des centaines de cavaliers galopent, soulevant des nuages de poussières. On
a bien arrosé la piste avec de l’eau
mais on n’y peut rien, le soleil
cogne. L’étonnement grandit, les
cavaliers sont innombrables, on
se demande combien peuvent
tenir dans l’arène. C’est qu’elle fait
cent mètre de long et cinquante
de large ! Les spectateurs applaudissent et hurlent. La foule regarde
passer ce simulacre d’un régiment
américain, les yeux sortis du crâne.
Les enfants poussent pour mieux
voir. Le cœur bat. On va enfin
connaître la vérité.
On pense que le reality show est
l’ultime avatar du spectacle de
masse. Qu’on se détrompe. Il en
est à l’origine. Son créateur Buffalo Bill, le metteur en scène du
fameux Wild West Show. Tristesse
de la terre, d’une écriture acérée et rigoureusement inventive,
raconte cette histoire. ■
jeudi 2 octobre à 18 h
J.-MARIE BLAS DE ROBLÈS
est un philosophe et écrivain français.Après plusieurs année d’enseignement au Brésil, en Chine et à
Taïwan, il se consacre à l’écriture
et publie aux éditions du Seuil La
mémoire du riz (1982), L’impudeur des choses (1987), Là où les
tigres sont chez eux (Zulma, 2008),
La montagne de minuit (Zulma,
2010).
Mise en abyme
Martial Canterel, richissime opiomane, se laisse interrompre dans
sa reconstitution de la fameuse
bataille de Gaugamèles par son
vieil ami Holmes (John Shylock…).
Un fabuleux diamant, l’Anankè, a
été dérobé à Lady MacRae, tandis
que trois pieds droits chaussés
de baskets de marque Anankè
échouaient sur les côtes écossaises, tout près de son château…
Voilà donc Holmes, son majordome et l’aristocratique dandy,
bientôt flanqués de Lady MacRae
et de sa fille Verity, emportés, pour
commencer, dans le Transsibérien
à la poursuite de l’insaisissable
Enjambeur Nô. Par une mise en
abyme jubilatoire, cette intrigue
rebondissante vient s’inscrire dans
les aléas d’une fabrique de cigares
du Périgord noir où, comme aux
Caraïbes, se perpétue la tradition
de la lecture, à voix haute, des
aventures de Jean Valjean ou de
Monte-Cristo. Bientôt reprise par
Monsieur Wang, voyeur high-tech,
et fondateur d’une usine de montage de liseuses électroniques…
Avec une ironie abrasive, ce
roman-tsunami emporte toutes
les constructions réalistes habituelles et ouvre d’extraordinaires
horizons de fiction. Cette folle
équipée romanesque est aussi la
plus piquante réflexion sur l’art
littéraire, doublée d’une critique
radicale des idéologies et de la
gouvernance anonyme, tentaculaire, qui nous aliène jusque dans
notre intimité. ■
Vos yeux d’absence
CLAUDE SPIELMANN
samedi 13 septembre à 18 h
Rencontre avec Claude Spielmann autour de son ouvrage Vos yeux
d’absence (La tête à l’envers).
CLAUDE SPIELMANN est psychanalyste, membre du Cercle
Freudien. Il a publié de nombreux
textes dans différentes revues et
livres collectifs en France et au
Québec. Il a dirigé un numéro
spécial de la revue Panoramique :
Cent an de Divan. Il a dirigé
également le livre Jacques Hassoun… de mémoire, actualité
de la transmission (éditions érès)
et co-dirigé : Jacques Hassoun,
Extraits d’une œuvre (L’Hamattan).
UN HOMME se souvient. Dans
le désordre de sa mémoire,
l’image obsédante du regard de
trois femmes qui ont marqué
sa vie. Trois regards qui s’entrecroisent, se chevauchent et s’entremêlent. Comment pourrait-il
se repérer dans le dédale de ces
regards qui le fascinent, qu’il ne
cesse d’interroger et auxquels il
ne peut se soustraire, tant il est
prisonnier de cette passion du
regard ? C’est dans l’anarchie de
ses souvenirs qu’il tente de trouver des réponses, celles qui lui
permettraient de s’approprier les
moments marquants de son existence pour en retrouver le goût et
le plaisir. ■
Affiche socialiste révolutionnaire de Lev Brodaty, 1917 (détail).
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un couple impossible
quelques lecteurs
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Oona & Salinger
L’amour et les forêts
FRÉDÉRIC BEIGBEDER
ÉRIC REINHARDT
À la Médiathèque José Cabanis
Rencontre avec Frédéric Beigbeder autour de la parution de son roman Oona & Salinger paru
aux éditions Grasset.
Rencontre avec Éric Reinhardt autour de son roman L’amour et les forêts paru aux éditions Gallimard.
vendredi 3 octobre à 17 h 30
FRÉDÉRIC BEIGBEDER est né
en 1965. Écrivain, critique littéraire
au Figaro Magazine, animateur du
Cercle sur Canal + et directeur de
la rédaction du magazine Lui, il est
également l’auteur de 99 francs
(2000) porté à l’écran par Jan Kounen et de L’amour dure trois ans
(1997) qu’il a lui-même adapté
au cinéma en 2012. Aux éditions
Grasset il a récemment publié Windows on the word (2003), L’égoïste
romantique (2005), Au secours
pardon (2007) et Un roman français (2009).
Prodigieuse fiction
« Il arrive toujours un moment où
les hommes semblent attendre la
catastrophe qui réglera leurs problèmes. Ces périodes sont généra-
lement nommées : avant-guerres.
Elles sont assez mal choisies pour
tomber amoureux. En 1940, à New
York, un écrivain débutant nommé
Jerry Salinger, 21 ans, rencontre
Oona O’Neill, 15 ans, la fille du plus
grand dramaturge américain. Leur
idylle ne commencera vraiment
que l’été suivant… quelques mois
avant Pearl Harbor. Début 1942,
Salinger est appelé pour combattre
en Europe et Oona part tenter sa
chance à Hollywood.
Ils ne se marièrent jamais et
n’eurent aucun enfant.» L’auteur
imagine, pour expliquer les causes
de la disparition de J. D. Salinger en
1953, une histoire d’amour impossible avec Oona, la fille du dramaturge américain Eugene O’Neill.
Un roman de l’amour, de l’insou-
vendredi 10 octobre à 17 h
ÉRIC REINHARDT est né à
Nancy en 1965. Romancier et éditeur d’art, il vit et travaille à Paris. Il
est l’auteur de cinq romans, citons
entre autres chez Stock Le moral
des ménages (2002), Existence
(2004), Cendrillon (2007) et Le système Victoria (2011) Élisabeth ou
l’Équité, créée au théâtre du RondPoint en novembre 2013, est sa première pièce de théâtre.
Récit poignant
Début 2008, le narrateur reçoit
la lettre d’une lectrice, Bénédicte
Ombredanne, qui souhaite le voir
pour lui expliquer comment son
dernier roman a changé sa vie.
ciance des avants-guerres, Oona
est une prodigieuse fiction bâtie
sur une hypothèse biographique
factuelle : une « faction », selon le
néologisme inventé par Frédérique Beigbeder. ■
Les hommes meurent, les femmes vieillissent
ISABELLE DESESQUELLES
mardi 23 septembre à 18 h
ISABELLE
DESESQUELLES
a été libraire à Toulouse puis a
fondé une résidence d’écrivains,
la maison De Pure Fiction. Les
hommes meurent, les femmes
vieillissent est son huitième
roman après Je me souviens
de tout et La vie magicienne
(Julliard), La mer l’emportera
et Quelques heures de fièvre
(Flammarion), Un homme
perdu (Naïve). Elle est aussi
l’auteur d’un livre de contes
pour enfants Le chameau le plus
rapide du désert aux éditions Le
Chêne Jeunesse et d’un récit aux
éditions Stock Fahrenheit 2010.
DIX PORTRAITS de femmes.
Quatre générations. Une famille.
Naître, grandir, aimer, donner la
vie ou mourir, elles sont toutes à la
veille de ces heures qui marquent
une existence. Elles sont dix.
Mères, sœurs, cousines, petites et
arrière-petites-filles, elles vont
chercher un oubli à L’Éden, l’institut de beauté d’Alice. Certaines
sont au bout de leur existence,
d’autres au début. Tour à tour,
elles dévoilent leurs secrets, leur
fragilité aussi. Sans rien dissimuler, elles disent la jouissance
et la défaite, l’allégresse à aimer
et les renoncements. Les rides et
les bonheurs. Toutes sont terriblement attachantes et font face
à un silence qu’elles apprivoisent.
Celui d’Ève, l’absente, sans
laquelle elles ont appris à vivre.
Autour de son souvenir, elles
réapprendront à être une famille.
« La bouche la plus scellée n’empêchera pas un corps de révéler ce
qu’on a fait de lui. » ■
Egon Schiele, Portrait de Valerie Neuzil, 1912.
Rencontre avec Isabelle Desesquelles autour de son roman Les hommes meurent, les femmes
vieillissent (Belfond).
Habituellement, l’auteur évite
de rencontrer des lecteurs trop
enthousiastes afin de protéger sa
vie privée. Cette fois, les arguments
avancés par la lectrice sont si forts
qu’ils décident de la rencontrer.
Il découvre une femme de 35
ans, plutôt jolie, frêle et gracieuse.
Après avoir parlé de littérature, la
conversation s’oriente sur la vie
de Bénédicte. Elle lui raconte les
tourments de sa vie conjugale : son
mari est un pervers narcissique. Le
harcèlement qu’elle subit l’amène
à développer un cancer. Quand
le narrateur rencontre la jeune
femme, il est déjà trop tard, elle se
sait condamnée…
On retrouve ici tous les éléments
qui ont fait le succès des deux précédents romans d’Éric Reinhardt,
Cendrillon et Le système victoria :
modernité technique, profondeur
des personnages et densité de
l’intrigue.
Bénédicte Ombredanne se hisse
au niveau d’une Emma Bovary, et
le roman saisit de manière remarquable un fait de société pour
imposer une grande figure romanesque. Récit poignant d’une
émancipation féminine, L’amour
et les forêts est un texte fascinant,
où la volonté d’être libre se dresse
contre l’avilissement. ■
10
banlieue noire
polar d’afrique
11
La faux soyeuse
7 jours
ÉRIC MARAVÉLIAS
DEON MEYER
Rencontre avec Éric Maravélias autour de son roman La faux soyeuse (Série noire Gallimard).
Rencontre organisée en collaboration avec Polars du Sud Jean-Marc Laherrère.
Rencontre avec Deon Meyer autour de l’ensemble de ses romans et plus particulièrement de 7 jours
(Seuil, 2013). Rencontre organisée dans le cadre du 6e festival international de Toulouse Polars du Sud
qui se tient du 10 au 12 octobre. Rencontre animée par Jean-Marc Laherrère.
jeudi 9 octobre à 18 h
Lent glissement
DEON MEYER est né en 1958
à Paarl, en Afrique du Sud, et a
grandi dans une ville minière de
la Province du Nord-Ouest. Ancien
journaliste, puis rédacteur publicitaire et stratège en positionnement
Internet, il est aujourd’hui l’auteur
unanimement reconnu de best-sellers traduits dans une quinzaine de
pays, citons entre autres aux éditions du Seuil ; Les soldats de l’aube
et Jusqu’au dernier (2003), L’âme
du chasseur (2005), Le pic du
diable (2007), Lemmer, l’invisible
(2008), Treize heures (2010) et À
la trace (2012).
« En partie autobiographique, cet
impressionnant premier roman
met en scène un jeune homme,
Franck, dans les années 80 et 90.
Dans la banlieue sud de Paris,
entre Bagneux et Cachan, c’est
l’histoire d’un lent glissement dans
la déchéance. Dealer, puis toxico,
Franck se raconte, au présent, fin
1999, et au passé, depuis le début
des années 80, pour tenter d’expliquer comment il a pu en arriver là.
À la fois document, récit, fiction, La
faux soyeuse immerge le lecteur
dans une expérience infernale, sans
issue, épuisante et accablante.»
TÉLÉRAMA
Resque foisonnante
Ballet macabre
« Je suis couvert de sang mais je suis
bien. Rien à foutre. Dans l’univers
cotonneux et chaud de la défonce
opiacée, le sang n’est rien. La mort
n’est rien. Et moi-même je ne suis
rien. Joies et chagrins se succèdent
dans une espèce de brouillard
confus, un ballet macabre, et rien
ne subsiste de tout cela, sinon parfois, au détour du chemin, un sentiment de gâchis irréversible qui me
prend à la gorge. Nos vies de parias
sont comme de frêles esquifs
privés de gouvernail. Sans plus
personne à bord. Elles sont ballottées au creux de flots tourmentés,
secouées par des vents inconnus et
changeants qui les mènent à leur
gré vers des côtes plus ou moins
hospitalières, incapables que nous
sommes de changer ne serait-ce
que la moindre virgule au récit
chaotique de nos existences.» ■
mardi 7 octobre à 17 h 30
Le 6e Festival international des littératures
policières de Toulouse aura lieu
les 10, 11 et 12 octobre 2014 au Forum de
la Renaissance, Métro Terminus Basso-Combo
Créée en octobre 2008, l’association Toulouse Polars du Sud a pour
but de promouvoir et de propager les littératures policières et
étrangères dans leurs diversités. Pour ce faire, Toulouse Polars du
Sud organise chaque année un festival dans le quartier populaire
du Mirail à Toulouse, lieu d’échanges et de croisement des cultures
notamment des peuples du Sud en proposant au public des rencontres et des animations avec des écrivains. Toutes les informations sur le festival sont à retrouver sur www.toulouse-polars-dusud.com.
« Lui, chef de file du polar sud-africain ? L’idée fait sourire ce romancier peu loquace. Ce n’est pas à
moi de le dire, botte-t-il en touche.
En tout cas, pionnier du genre dans
son pays. Ce fait-là, au moins, est
incontestable. Meyer n’a pas seulement révolutionné la littérature
afrikaans, résume, sur son blog,
l’écrivain Mike Nicol, son compatriote. Il l’a aussi fait découvrir
aux anglophones, et ses livres ont
ouvert le genre à de nouvelles voix.
Encore Deon Meyer aura-t-il
attendu la fin de l’apartheid pour
apparaître sur la scène littéraire.
Le 2 février 1990, lorsqu’il entend
à la télévision le président De
Klerk annoncer la libération des
prisonniers politiques, l’émotion
le submerge. Quelques semaines
plus tard, je me suis rendu compte
que désormais j’étais libre d’écrire
les histoires que j’avais en tête. Son
expérience de journaliste l’avait,
en effet, vacciné. Embauché, après
ses études, comme reporter poly-
valent dans un quotidien afrikaner,
il n’avait pas tardé à abandonner
le métier, las de la censure qui
s’exerçait à tous les échelons de la
hiérarchie. Sa démission l’obligea
à cumuler trois boulots : écrivain à
l’aube, il était publicitaire dans la
journée et maquettiste la nuit.
En 1994, l’année qui voit le
triomphe de l’ANC aux élections
générales, Deon Meyer fait donc
paraître, à trente-six ans, son premier roman, un thriller non traduit
en anglais. Le deuxième, publié en
1999, Jusqu’au dernier, est aussitôt adapté en série télévisée en
Afrique du Sud, et les sept suivants
connaîtront un destin international. Le roman policier avait toujours été très populaire chez les
Sud-Africains, habitués à dévorer
les auteurs américains. Mais personne n’en écrivait. D’abord parce
qu’ils auraient été censurés sous
l’apartheid et, ensuite, il n’était pas
possible d’écrire une histoire où
les personnages principaux étaient
des policiers tant qu’ils étaient au
service d’un État représentant le
mal absolu. […] Pour écrire ses
polars, Deon Meyer conserve ses
réflexes de journaliste. Il s’entretient avec une foule de spécialistes
et repère les lieux de ses intrigues.
De l’Afrique du Sud post-apartheid,
des fractures raciales et sociales
qui s’exprimaient au cours de sa
période de transition démocratique, des difficultés à faire coexister des anciens du parti boer et
des vétérans de l’ANC, des différences culturelles qui continuent,
de moins en moins, à la diviser,
Deon Meyer aura brossé, de livre
en livre, et maintenant au cinéma,
une fresque foisonnante, richement détaillée : guerres des gangs,
attaque terroriste, corruption policière et politique, trafics de drogue,
d’armes, d’organes, d’animaux sauvages, rapts d’enfants… » ■
12
polar sur blanc
13
polar plein sud
Le détroit du loup
Le bourreau de Gaudí
OLIVIER TRUC
ARO SÁINZ DE LA MAZA
Rencontre avec Olivier Truc autour de la parution du livre Le détroit du loup paru aux éditions
Metailié. Rencontre organisée en collaboration avec l’association Polars sur Garonne. Débat
animé par Ida Mesplede.
Rencontre avec Aro Sáinz de la Maza à l’occasion de la parution de son roman Le bourreau de Gaudí
paru aux éditions Actes Sud. Roman traduit de l’espagnol par Serge Mestre.
vendredi 3 octobre à 18 h 30
mardi 30 septembre à 18 h
ARO SÁINZ DE LA MAZA est
OLIVIER TRUC est journaliste,
il vit à Stockholm depuis 1994 où
il est le correspondant du Monde
et du Point. Spécialiste des pays
nordiques et baltes, il est aussi
documentariste. Il est l’auteur de
L’Imposteur (Calmann-Lévy), et du
Dernier Lapon (Métailié, 2012).
Police des rennes
Hammerfest, petite ville de l’extrême nord de la Laponie.Les bords
de la mer de Barents, le futur Dubai
de l’Arctique… Tout serait parfait
s’il n’y avait pas quelques éleveurs
de rennes… L’histoire se déroule
au printemps, quand la lumière
ne vous lâche plus, obsédante.
Autour du détroit du Loup qui
sépare l’île où se trouve Hammerfest de la terre ferme, des drames
se nouent. Alors que des rennes
traversent le détroit à la nage, un
incident provoque la mort d’un
jeune éleveur. Peu après, le maire
de Hammerfest est retrouvé mort
près d’un rocher sacré qui doit
être déplacé pour permettre la
construction d’une route longeant
le détroit. Et les morts étranges se
succèdent encore. À Hammerfest,
les représentants des compagnies
pétrolières norvégiennes et américaines ont tout pouvoir sur la
ville, le terrain constructible est
très convoité, ce qui provoque
des conflits avec les éleveurs de
rennes qui y font paître leurs animaux l’été. Les héros de ce grand
centre arctique de la prospection
gazière sont les plongeurs, trompela-mort et flambeurs, en particulier
le jeune Nils Sormi, un plongeur
d’origine sami. Klemet et Nina
mènent l’enquête pour la police
des rennes. Mais pour Nina, troublée par les plongeurs, une autre
histoire se joue, plus intime, plus
dramatique. Les jeunes plongeurs
qu’elle découvre lui rappellent ce
père scaphandrier qui a disparu
depuis son enfance. Subissant
cette lumière qui l’épuise, elle va
partir à la recherche de ce père
mystère, abandonnant Klemet à sa
mauvaise humeur, à ses relations
ambiguës avec son ombre.
Et c’est une police des rennes
en petite forme qui va faire
émerger une histoire sombre
venue des années 1970, dévoilant les contours d’une patiente
vengeance tissée au nom d’un
code d’honneur venu d’un autre
monde, montrant à quel prix a été
bâtie la prospérité de la région.
Deuxième roman d’Olivier Truc,
Le détroit du Loup confirme les
talents de l’auteur et sa capacité
à nous emmener sur des terrains
insoupçonnés. ■
né à Barcelone en 1959. Il est éditeur et traducteur. Le Bourreau de
Gaudi est sa première incursion
dans le genre policier.
Polar de Barcelone
« Il y a la Sagrada Familia, les Ramblas, le parc Güell, le marché de la
Boqueria, le musée Dali, la plage,
les tapas. Et il y a les petites ruelles
sombres du Barrio Gótico, ou du
Raval où s’agglutinent les vendeurs de drogue et les prostituées,
les immeubles délabrés où s’entassent des familles, poussées là
par la misère dans leur pays ou par
la crise qui sévit en Espagne. Bienvenue à Barcelone, ville aux deux
visages, aux deux langues et aux
deux cultures. Loin du tourisme
de masse, la cité que donnent
jeudi 25 septembre à 18h30
à l’Institut Cervantes (31, rue des Chalets-Toulouse)
Rencontre avec les auteurs Eduardo Berti
et Ricardo Sumalavia
EDUARDO BERTI né à Buenos Aires en 1964, est écrivain, traducteur, critique littéraire, scénariste et aussi éditeur. Très jeune, il collabore dans les
journaux les plus importants d’Argentine. Héritier le plus fidèle de la tradition du fantastique et du texte bref, issue de Borges, Bioy Casares et Cortázar,
Eduardo Berti a publié son premier roman en français chez Grasset en 1999 :
Le désordre électrique. Souvent traduit par Jean-Marie Saint-Lu, il est publié
ensuite par Actes Sud. Citons entre autres : Tous les Funès (2005), L’ombre du
boxeur (2009), L’Inoubliable (2011), Le Pays imaginé (2013).
RICARDO SUMALAVIA est né Lima en 1964 et vit à Bordeaux depuis 2005. Il
est l’auteur d’un premier roman, Que la tierra te sea leve en 2006 et a publié les
recueils de nouvelles : Retratos familiares (2001), Enciclopedia mínima (2004)
et Plèces (Cataplume, 2010). Ses nouvelles font partie de certaines anthologies
éditées au Pérou, au Mexique, en Espagne et en Argentine. Il est également
directeur de la Collection Underwood éditée à Lima et codirecteur de la revue
Nudos à Bordeaux.
à voir bon nombre d’écrivains
prend des airs plutôt sombres. Barcelone est aussi la capitale espagnole du polar. Elle est la ville du
roman noir par excellence, affirme
Paco Camarasa, l’un des plus fins
connaisseurs de cette littérature,
fondateur de la librairie Negra y
Criminal, unique en son genre en
Espagne, et directeur du festival
du roman policier BCNegra. Elle
regroupe en son sein tout ce qu’il
faut : les faits divers les plus tordus,
les personnages les plus intrigants
et les maisons d’édition les plus
importantes.
L’Histoire a imprimé des marques
profondes sur le polar de Barcelone, indique Alex Martn Escrib.
Universitaire, professeur de littérature, il dirige Crims.cat, une collection de polars en catalan. Avec
les Jeux, Barcelone entre en effet
dans une nouvelle ère ; les auteurs
de polar vont se faire l’écho du
désenchantement que ceux-ci
ont provoqué au sein de la population. Leur ville est certes sous
les feux de la rampe, mais à quel
prix ? Celui d’une perte d’iden-
tité et d’une course effrénée à
la construction, à la destruction,
selon eux, de ce qui faisait tout le
charme de Barcelone.»
M. FERNANDEZ,
LE MONDE DES LIVRES
Envers du décor
Aro Sáinz de la Maza nous livre ici
une enquête palpitante sur la piste
de Gaudi, du symbolisme maçonnique et des expropriations subies
par de nombreux habitants de
Barcelone sacrifiés sur l’autel de la
modernité et du tourisme.
Remarquable roman policier où
se manifestent aussi bien les pressions politiques, les rivalités entre
les différents corps de polices,
que les mœurs discutables de
nombreux membres de la haute
bourgeoisie catalane, Le bourreau
de Gaudí plante l’envers du décor
d’une cité unanimement saluée
pour sa beauté et son intelligence
architecturales. Difficile, pourtant, de continuer à n’y voir que
la « ville des prodiges » d’Eduardo
Mendoza. ■
14
bitume anglais
sur la route
15
White Trash
La chute des princes
JOHN KING
ROBERT GOOLRICK
Rencontre avec John King à l’occasion de la parution de son roman White Trash aux éditions Au diable
vauvert.
À la Médiathèque José Cabanis
Rencontre avec Robert Goolrick autour de son roman La chute des princes (éditions Anne Carrère).
Débat animé par Brice Terrecillas.
vendredi 26 septembre à 18 h
JOHN KING né en 1960 en
Angleterre, a connu un succès
immédiat avec son roman Football
Factory (1998), adapté au cinéma
par Nick Love en 2004 et premier
tome d’une trilogie composée de
La Meute et Aux Couleurs de l’Angleterre (L’Olivier, 2000, 2005), une
fresque remarquable de la culture
prolétaire britannique aujourd’hui.
Dans ses trois autres romans
Human Punk (L’Olivier, 2003),
White Trash (2014) et The Prison
House (à paraître), il continue,
dans le style naturaliste qui lui est
propre, à s’inspirer et à explorer
le peuple anglais, sa culture et les
racines sociales de la violence :
punks, hooligans et autres joyeux
damnés.
White trash, littéralement déchet
blanc, est un terme d’argot américain très péjoratif, désignant à l’origine la population blanche pauvre.
Le terme date du milieu du XIXe
siècle. Il était alors tout particulièrement utilisé pour désigner des
Blancs dont on jugeait, par dérision
ou non, qu’ils se situaient encore
plus bas que les Noirs américains
de l’époque sur l’échelle sociale :
travailleurs non qualifiés ou agriculteurs pauvres. Le terme est proche
de redneck, qui désigne de manière
plus spécifique les habitants des
campagnes, mais il est nettement
plus insultant. Le White Trash Fast
Food est aussi un bar rock très
couru de Berlin. White trash est
également un titre musical interprété par le groupe de rock Skid
Row et une musique de Marilyn
Manson apparue sur l’album Smells
Like Children. Le groupe Blood for
Blood en fait aussi référence dans
leurs chansons.
À travers la confrontation entre
Ruby, une infirmière passionnée par son métier, et M. Jeffries,
consultant en milieu hospitalier
responsable des dépenses et des
ressources, ce roman noir met en
scène le démantèlement des services sociaux britanniques et la
fracture sociale.
Loin de ces caricatures, l’écrivain évoque des gens ordinaires,
héritiers des cultures populaires
anglaises imprégnées de foot, de
musiques et de modes vestimentaires. « La société anglaise a toujours été traversée par des mouvements symboliques qui imbibent
les manières de vivre », résume
l’auteur installé à Londres.
Encore une fois, John King, venu à
l’écriture en lisant George Orwell,
décrit son Angleterre. Celle de
quartiers ravagés par les années
Thatcher, rongés par le chômage
et l’alcoolisme. Une Angleterre
qui attend le week-end pour évacuer son mal-être dans les pintes
de bière, les chants et les coups
de poing. L’Angleterre du « white
trash » britannique moderne, aux
antipodes des cortèges du jubilé de
la Reine et des robes de Kate Middleton.» ■
FRANCK BERTEAU, LE MONDE
ROBERT GOOLRICK est un
écrivain américain, auteur aux éditions Anne Carrère des romans ;
Une femme simple et honnête
(2009), Féroces (2010) et Arrive
un vagabond (2012). Son roman
Une femme simple et honnête, fera
prochainement l’objet d’une adaptation cinématographique confiée
au réalisateur David Yates.
hommes vont vendre leur âme
au dollar et se consumer dans
une ronde effrénée, sublime et
macabre. Ils ont signé pour le frisson, une place sur le manège le
plus enivrant que la vie ait à leur
offrir.
Et ces princes vont jouer toute la
partie : les fêtes, les drogues, l’alcool,
les corps parfaits des deux sexes,
les pique-niques dans la vaisselle de
luxe, les costumes sur mesure taillés par des Anglais dans des tissus
italiens, les Cadillac, le sexe encore
et toujours, les suites à Las Vegas,
des morts que l’on laisse en che-
Vite, toujours plus vite
« New York, années 1980. Robert
Goolrick nous invite au bal des
vanités, où une bande de jeunes
12e exposition photographique Biz’art Pop
du 5 septembre au 25 octobre
sur les murs du jardin Raymond VI (métro Saint Cyprien)
L’association Biz’art pop expose Arno Rafael
Minkkinen, Chema Madoz, Michel Birot et Vladimir Vasilev autour du thème « JEU ».
Pour ces quatre grands photographes, ce thème,
parfois représenté comme une rupture avec
le réel, est initiateur d’expérimentations, de
transformations, d’assemblages et d’images
en mouvements. Pour les boxeurs de Vladimir
Vasilev, le jeu n’est pas une activité secondaire,
et si on exerce la boxe pour contenir sa démesure, tout est affaire de rythmes, d’estimation et d’assauts. Michel
Birot, surnommé L’œil du rugby, a suivi ce sport au plus près des joueurs
pendant vingt ans, immortalisant les collisions, les entremêlements dans
la boue, la force physique et sensuelle des corps à l’effort et en sueur. Tel
un photographe prestidigitateur, Chema Madoz dérègle et métamorphose
n’importe quel objet du quotidien, et, dans ses réinventions joueuses, se
côtoient le surréalisme, l’ambiguïté et parfois l’absurde. Entre les paysages
naturels et le corps d’Arno Minkkinen qu’il engage comme une déclaration
de présence ou un acte de coexistence, il y a une osmose, ludique et parfaite. Les photographies d’Arno Minkkinen accordent humour et poésie,
et si le jeu est un point de départ factuel, il est surtout, chez cet immense
artiste, une manière d’être. Toutes les informations sont à retrouver sur le
site internet
www.bizartpop.com
Jean-Honoré Fragonard, La fête à Saint-Cloud (détail).
Loin des caricatures
mercredi 17 septembre à 18 h
min mais pour lesquels il n’est pas
besoin de s’attarder parce qu’on va
les retrouver vite.Vite, toujours plus
vite, c’est la seule règle de ce jeu.
Aller suffisamment vite pour ne pas
se laisser rattraper. Parce que les
princes sont poursuivis par de terrifiants monstres : le sida, les overdoses, le regard chargé de honte de
leurs parents, le dégoût croissant
de soi-même, un amour s’excusant
de n’avoir sauvé personne.Avec La
Chute des princes, Robert Goolrick
a écrit l’un des plus grands romans
sur l’Amérique et l’argent depuis
Gatsby le Magnifique.» ■
16
vers la havane
17
depuis budapest
Hérétiques
Code-barres
LEONARDO PADURA
KRISZTINA TÓTH
Rencontre avec Leonardo Padura autour de la parution de son dernier roman, récemment traduit
en français chez Metailié: Hérétiques.
Rencontre avec Krisztina Tóth autour de son roman Code-barres paru aux édition Gallimard.
En partenariat avec l’Association Franco-Hongroise Midi-Pyrénées et l’Institut Hongrois de Paris.
jeudi 25 septembre à 18 h
LEONARDO PADURA est né
à La Havane en 1955. Diplômé de
littérature hispano-américaine, il est
romancier, essayiste, journaliste et
auteur de scénario pour le cinéma.
Aux éditions Métailié, il est entre
autres l’auteur des livres : Electre à
La Havane (1998), l’Automne à
Cuba (2000), Passé Parfait (2001)
et Les brumes du passé (2006).
Liberté de création
« L’auteur de L’Homme qui aimait
les chiens (Métailié, 2011) vient de
publier un nouveau roman, Herejes
(Tusquets, Barcelone, 2013). C’est
un plaidoyer pour la liberté de
création et un vibrant hommage
aux hérétiques et aux déviants.
Aussi bien ceux qui s’insurgeaient
jadis contre les dogmes religieux,
que les dissidents des pouvoirs
temporels, nos contemporains.
Avec Herejes, Leonardo Padura
s’aventure beaucoup plus loin,
puisque la recherche des origines
d’un portrait peint par Rembrandt
l’amène au XVIIe siècle. Presque un
tiers de son long récit est situé à
Amsterdam, tandis qu’un épilogue
nous transporte vers les persécutions antisémites de la même
époque en Pologne.
Le roman commence à La Havane,
en 1939, alors que le Saint-Louis,
un navire chargé de réfugiés juifs
fuyant le nazisme, tente vainement
d’obtenir l’autorisation de débarquer ses passagers, refusée par les
autorités de Cuba, puis celles des
États-Unis et du Canada. Revenus
en Europe, beaucoup d’entre eux
ont été victimes de la Shoah. Un
tableau de Rembrandt, qui devait
servir de monnaie d’échange à une
famille du paquebot, disparaît à ce
moment, pour ressurgir presque
soixante ans plus tard dans une
vente aux enchères à Londres. Un
descendant de cette malheureuse
famille cherche alors à percer le
mystère et surtout à comprendre
l’attitude de son père, balloté entre
la fidélité à la tradition religieuse et
l’assimilation à la société cubaine,
avant de choisir l’exil en Floride.
La première partie du roman
explore donc La Havane des
années pré-révolutionnaires et
met en lumière les mésaventures,
les exaltations et les dilemmes de
sa communauté juive, presque
entièrement émigrée après l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro. La
deuxième partie, sans doute la plus
dense et la plus surprenante sous la
plume d’un écrivain cubain, décrit
l’apprentissage d’un jeune séfarade
dans l’atelier de Rembrandt, malgré
l’interdit qui pèse sur la production et la détention d’images chez
les dévots de la Loi de Moïse. La
troisième partie, enfin, ramène au
premier plan le détective Mario
Conde, personnage récurrent des
polars de Padura, déjà sollicité dans
la partie contemporaine du début.
Cette fois, l’enquêteur désenchanté
découvre les tribus urbaines de
la jeunesse cubaine en rupture
de ban, les frikis, punks, emos,
vampires et autres déviants, pour
essayer d’élucider la disparition
d’une jeune fille.» ■
PAULO A. PARANAGUA,
JOURNALISTE AU MONDE
samedi 27 septembre à 17 h 30
KRISZTINA TÓTH est née en
1967. Après la publication de nombreux volumes de poésie à Budapest, elle est considérée comme
l’une des meilleurs poètesse de sa
génération. Code-barres, sa première œuvre en prose, a reçu un
accueil très enthousiaste en Hongrie.
Faisceau de preuves
« Krisztina Tóth, se présente en
quinze chapitres comme autant
de nouvelles. Les intitulés sont
chaque fois assortis d’une expression contenant le mot « ligne ».
En français, ce n’est pas tout à
fait raccord avec le titre général,
puisqu’un code-barres est constitué de traits, non de lignes, mais
peu importe. L’ensemble est le faisceau de preuves d’une existence :
quinze stations dans la vie et le
corps d’une jeune femme.
Est-ce toujours la même ? Ce
n’est pas certain, cela se pourrait.
Festival Manifesto Toulouse
du 19 septembre au 4 octobre 2014
ManifestO est l’invitation toulousaine aux nouveaux talents de la photographie contemporaine internationale. En onze ans, le festival ManifestO a permis à plus de 250 photographes d’exposer à Toulouse, devenant rapidement
une véritable porte d’entrée dans le circuit national d’exposition et de professionnalisation. Chaque édition se place sous le parrainage d’un photographe
de renom. Cet invité d’honneur préside le jury de sélection et un grand espace
d’exposition lui est consacré aux côtés des lauréats : David Hamilton, le collectif Tendance Floue, Les Krims, Joan Fontcuberta, Jane Evelyn Atwood, JeanChristian Bourcart, Denis Dailleux ou encore Alain Fleischer sont ainsi venus
à la rencontre des Toulousains. Pour l’édition 2014, Michel Vanden Eeckhoudt
sera l’invité d’honneur avec son exposition Doux-Amer. Les expositions sont
libres d’accès et encadrées par des conférences, des tables-rondes, des ateliers.
Toutes les informations sont à retrouver sur le programme et le site www.festival-manifesto.org
Adulte, la narratrice est la mère
d’un petit garçon, et une épouse
qui se découvre trompée. Elle a 20
ans puis 35 dans « Homme inhabité (ligne de démarcation) » en
ouverture du livre. Elle vient voir
le Vieux, qui aurait pu être son
grand-père, pense-t-elle, et dont le
lecteur ne parvient pas à démêler
s’il est son père, mais alors il ne
ressemble pas au père couturé de
cicatrices dans « La clôture (ligne
de sang) », ou le dernier mari de
sa grand-mère. Il va mourir. Dans
la maison, tout est pareil et pourtant quelque chose a changé, la
crasse gagnait les couverts dans
leur étui de métal, une odeur
bizarre les pièces. La visiteuse perçoit la décomposition à l’œuvre,
et s’apprête à vomir une fois à
table devant son assiette de soupe.
Krisztina Tóth décrit froidement
les petits vers qui gigotent à la surface.
Le ravage patient toujours me fascine, a-t-elle écrit dans un poème
du seul recueil disponible en français, le Rêve du Minotaure, traduit
par ses soins avec une relecture
de Lionel Ray (Caractères, 2001).
Le pourrissement est une obsession, il se faufile dans les peaux
les plus tendres. L’enfance est frappée de septicémie, de gale. « Carte
de fourmilière (ligne de crête) »
est le séjour cauchemardesque
d’une petite fille chez une sorcière méchamment dégoûtante.
La vieille est une sorte d’artiste,
du moins elle passe son temps à
dessiner, ainsi Tóth enrichit-elle
toujours les situations. Dans « Miserere (dernière ligne) », par quoi
Code-barres se termine, la narratrice revoit un ami de ses parents,
un vieillard à présent, dont l’intestin reflue dans la gorge. Ce texte,
qui raconte d’abord des vacances
d’été, sandales et rosée, grenouilles
et garnements, commence par
une phrase qui vaut pour Codebarres tout entier : Même lorsqu’il
se décompose, le monde n’en
demeure pas moins un tissu de
lois, un réseau de connexions
tantôt impénétrables, tantôt
scintillantes dans la lumière de
l’aube, le bout de chaque fil noué
à un autre recoin du temps.» ■
Claire Devarrieux,
Libération.
18
Pour la 12e édition du festival photographique
Biz’art populaire, les photographes Arno Rafael Minkkinen,
Chema Madoz, Michel Birot et Vladimir Vasilev exposent
autour du thème « JEU » au jardin Raymond VI à Toulouse
du 5 septembre au 25 octobre 2014.
Nous accueillons à cette occasion
deux rencontres à la librairie.
Débat entre Chema Madoz et Arno Rafael Minkkinen,
suivi d’une signature de leurs livres. Le débat sera
animé par Muriel Adrien, maître de conférences à l’Université Jean Jaurès, campus du Mirail, et la traduction
sera assurée par Eve Ollier.
> CHEMA MADOZ, né à Madrid en 1958, découvre la prise
de vue et le tirage photographique en autodidacte au
début des années 1980, dans l’effervescence créative de
la Movida. Reprenant des études d’histoire de l’art et de
photographe professionnel en cours du soir, il réalise sa
première exposition et remporte son premier prix en 1984.
Travaillant d’abord en extérieur, en explorant les rapports
singuliers qu’il créé entre ses personnages et leur environnement, il se consacre ensuite de façon exclusive à photographier des objets et construit au fil du temps une œuvre
reflet de son monde intérieur. Chema Madoz travaille à
partir d’un vocabulaire d’objets qu’il combine, retravaille,
assemble, oppose jusqu’à obtenir des rencontres inattendues, où le surréalisme et l’absurde ne sont jamais loin.
Extrait de la notice de Florence Pillet
(Galerie Esther Woerdehoff).
> ARNO RAFAEL MINKKINEN, né en 1945 en Finlande,
émigre aux États-Unis en 1951 où il apprend la photographie et développe sa sensibilité au fur et à mesure de ses
rencontres avec des artistes comme Ralph Gibson, Harry
Callahan, Minor White, Lisette Model. Exposé dans le monde
entier, ses œuvres figurent également dans de nombreuses
collections. « Depuis vingt-cinq ans que je fais des images,
j’ai appris que les différentes parties de mon corps peuvent
se distordre au-delà des limites physiques et anatomiques,
souvent au-delà même du seuil de la douleur. C’est pour
cela que je photographie rarement d’autres personnes.
Les paysages, qu’ils soient grandioses ou insignifiants, m’attirent d’égale façon. Je me demande comment je peux utiliser mon corps pour exprimer la stupéfiante majesté ou la
profonde simplicité de ce qui existe déjà. Comment trouver
une autre idée capable d’exprimer la relation entre notre
corps et la terre qu’il habite.»
19
Au doigt et à l’œil
FRANÇOISE HUGUIER
samedi 20 septembre à 16 h 30
Rencontre avec Françoise Huguier à l’occasion de la parution de son autobiographie Au doigt et à
l’œil paru aux éditions Sabine Wespieser. Rencontre organisée dans le cadre du Festival Manifesto.
Le Festival accueillera F. Huguier ce même jour samedi 20 sept. à 15 h dans le jardin du Grand Rond.
jeudi 11 septembre à 18 h
Conférence de Dominique Roux autour du thème
« La photographie est un jeu d’enfant ».
> DOMINIQUE ROUX est responsable du Centre de documentation photographique de la Galerie du Château d’Eau
à Toulouse et professeur d’Histoire de la photographie à
l’Université de Toulouse Le Mirail et à l’ETPA.
« En écho à l’exposition « Jeu » présentée sur les murs du Jardin Raymond VI par l’Association Biz’art pop, cette conférence propose un parcours dans l’œuvre d’artistes qui,
mêlant vérité et fiction se jouent de la prétendue objectivité de l’image photographique pour l’interroger avec
humour dans son rapport à la représentation.
À l’instar de Magritte écrivant sous la peinture de sa pipe
qu’elle n’en est justement pas une, ils s’appuient sur les
évidences pour mieux les dénoncer et entre « l’art et le
cochon » brouiller les pistes en nous faisant passer des vessies pour des lanternes ».
À découvrir également le catalogue de l’exposition dont la
couverture a été réalisée par Jean-Pierre Schneider.
Jean-Pierre Schneider est un peintre français né en 1946. Il
vit et travaille à Paris. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de
Lille, il expose régulièrement en France depuis 1969. Il est
actuellement représenté par la Galerie Berthet-Aittouarès.
Deux publications sont disponibles autour de son travail
Jean-Pierre Schneider, le vif du sujet (Éditions Le temps qu’il
fait, 2011) avec les textes de Bernard Chambaz et Michel
Dieuzaide et Jean-Pierre Schneider (Éditions Galerie BerthetAittouarès, 2008).
Françoise Huguier, Les trois lavabos, appartement communautaire, Russie.
jeudi 4 septembre à 18 h
sur l’objectif
Héros de l’ordinaire
Depuis bientôt quarante ans, Françoise Huguier arpente le monde,
les podiums et les coulisses à la
recherche de la bonne lumière
et du cadrage parfait. Dans sa préface au « Photo poche » consacré
au travail de cette grande dame
de la photographie, Gérard Lefort
évoque ainsi son style, reconnaissable entre tous : «Au moment de
refermer les livres de Françoise
Huguier, juste après s’être baigné
dans une centaine de ses photographies, que reste-t-il ? Un prolétaire russe qui boit à même le bec
d’une bouilloire dans une fonderie
de nickel de Norilsk. Une jeune
fille bozo en soutien-gorge incongru à Mopti au Mali. Une évanescence de bleu outremer à la fin
d’un défilé Thierry Mugler en jan-
vier 1997. Un beau jeune homme
fier et triste, manœuvre dans une
plantation cambodgienne. Tous
sont comme les personnages
d’une fiction internationaliste.
Tous sont héros de l’ordinaire.»
Celle dont l’enfance a été marquée
par un épisode déterminant, elle
fut enlevée, à huit ans, par des Viêtminhs au Cambodge et resta otage
huit mois dans la « jungle maudite »,
a décidé aujourd’hui de poser des
mots, et uniquement des mots, sur
son étonnant parcours. Son autobiographie revient au plus intime
de ses choix photographiques, à
commencer par celui d’apprendre
le métier comme employée en
laboratoire, où elle passait ses journées dans le noir à développer des
plan-films. C’est aussi le portrait
d’une femme libre et déterminée
qui jamais ne se laisse rien imposer et très tôt, après avoir publié
ses premiers reportages dans 100
idées, Rock & Folk ou Libération,
s’est lancée dans des projets personnels d’envergure, sujets d’autant de livres : Sur les traces de
l’Afrique fantôme (Maeght, 1990),
En route pour Behring (Maeght,
1993), Sublimes (sur le monde de
la mode, Actes Sud, 1999) Kommounalki (sur les appartements
communautaires de Saint-Pétersbourg, Actes Sud, 2008) ou Les
Nonnes (en Colombie, Filigranes,
2013).
Françoise Huguier apparaît ici
comme une exploratrice qui n’a
rien à envier aux pionnières du
siècle passé : Au doigt et à l’œil
se lit aussi comme un formidable
roman d’aventures. ■
20 f r e u d – l e f e u e n e u r o p e
censure – livres en feu
Biographie de Sigmund Freud
De la censure
ÉLISABETH ROUDINESCO
ROBERT DARNTON
Au Théâtre Garonne / dans le cadre de House on Fire
Rencontre avec Elisabeth Roudinesco autour de la parution de sa biographie consacrée à Sigmund
Freud (Seuil).
Au Théâtre Garonne / dans le cadre de House on Fire
Rencontre avec Robert Darnton à l’occasion de la parution des
ouvrages : De la censure et L’affaire des Quartorze aux éditions
Gallimard, collection NRF essai.
ÉLISABETH
samedi 4 octobre à 16 h 30
ROUDINESCO
est historienne, docteur en lettres
modernes et sciences humaines.
Intéressée par la psychanalyse, elle
devient membre de l’École de la
Cause Freudienne de Paris fondée
par Jacques Lacan en 1964. Élisabeth Roudinesco a surtout écrit
sur la psychanalyse, notamment
sur les théories freudiennes et
lacaniennes, citons entre autres :
Histoire de la psychanalyse en
France (Seuil, 1986), Jacques
Lacan, esquisse d’une vie, Histoire
d’un système de pensée (Fayard,
1993) et Lacan envers et contre
tout (Seuil, 2011).
ROBERT DARNTON est président des Bibliothèques de l’Université d’Harvad et ancien professeur de l’Université de Princeton.
On lui doit des travaux majeurs
sur l’histoire du livre, de la lecture
et de la Bohême littéraire au siècle
des lumières. Il est notamment
l’auteur, aux éditions Gallimard des
livres : Édition et sédition, l’univers
de la littérature clandestine au
XVIIIe siècle (1991), Le Diable dans
un bénitier, l’art de la calomnie
en France 1650-1800 (2010) et
Apologie du livre (2011).
Nouvelles archives
L’auteur se livre à une comparaison de l’usage de la censure dans
trois pays à des périodes différentes : la France des Bourbons,
l’Inde coloniale et la république
démocratique d’Allemagne. Il
prend en compte deux aspects de
ce phénomène : la répression, qui
Des centaines d’ouvrages ont été
écrits de par le monde sur le médecin viennois, fondateur de la psychanalyse (1856-1939), et quelques
dizaines de biographies lui ont été
consacrées. Pourquoi proposer
aujourd’hui une nouvelle lecture
de sa vie et de son œuvre ?
D’abord parce que, depuis la dernière en date de ses biographies,
celle de Peter Gay (Hachette, 1991),
de nouvelles archives ont été
ouvertes aux chercheurs (sur ses
patients, notamment) et l’essentiel
de sa correspondance est désormais accessible. Mais aussi, surtout,
parce qu’il restait beaucoup à
dire sur l’homme et son œuvre. Et
d’abord ceci : l’invention de la psychanalyse est profondément liée à
la critique de la famille traditionnelle, que Freud aura éprouvé dans
sa propre enfance, lui, l’aîné des
huit enfants d’Amalia et de Jacob
Freud, né à Freiberg, en Moravie.
Et encore ceci : le fondateur de la
De la censure
psychanalyse est d’abord un Viennois de la Belle-Époque, sujet de
l’Empire austro-hongrois, héritier
des Lumières allemandes et juives.
Quant à la psychanalyse elle-même,
elle est le fruit d’une entreprise collective, d’un cénacle romantique au
sein des sciences occultes, la part
obscure de nous même, transformant volontiers ses amis en ennemis, à la fois Faust et Mephisto en
quelque sorte. Toujours au nom
de la raison et des Lumières. Que
Freud encore, penseur de la modernité, mais conservateur éclairé en
politique, n’aura cessé d’agir en
contradiction avec son œuvre. Le
voici en son temps, dans sa famille,
en son cénacle, entouré de ses
collections, de ses femmes, de ses
enfants, de ses chiens, le voici enfin
en proie au pessimisme face à la
montée des extrêmes, pris d’hésitations à l’heure de l’exil londonien
ou il finira sa vie. Le voici dans notre
temps aussi, nourrissant nos interrogations de ses propres doutes, de
ses échecs, de ses passions. ■
ne se traduisait pas de la même
façon dans les trois systèmes
évoqués, et la collaboration entre
auteurs et censeurs sur le sens des
textes.
La répression est la première
dimension : Mlle Bonafon, treize ans
d’internement dans un couvent
pour un avoir écrit un conte de
fées politique (Tanastès) ; Mukunda
Lal Das, trois ans « d’emprisonnement rigoureux » pour avoir chanté
des chants suggestifs ; Walter Janka,
cinq ans d’isolement carcéral pour
avoir publié Lukács, un auteur
tombé en disgrâce. Mais la deuxième dimension comparative est
herméneutique : la censure était
une lutte sur le sens. Elle impliquait
le décodage de référence dans un
roman à clé ou des querelles sur la
grammaire sanskrite, elle supposait
toujours des débats interprétatifs
qui conduisaient à une collaboration entre censeurs et auteurs.
House on Fire au Théâtre Garonne avec Ombres Blanches
House on Fire est un réseau fondé
en 2012 par dix théâtres et festivals européens, dont Garonne, qui
accompagne et produit spectacles,
événements et publications dont le
point commun est de s’attaquer à
des thèmes brûlants – politiques,
économiques, sociaux, environnementaux. Les questions, évoquées
par des spectacles comme par
des installations, des concerts, font
aussi l’objet de conférences, de
débats, de journées de réflexion.
Ces derniers font l’objet d’une coopération fréquente entre Garonne
et Ombres blanches, depuis le
début de saison précédente. Sur ce
début de nouvelle saison, les deux
rencontres ici décrites seront suivies par deux soirées déjà programmées :
SAMEDI 18 OCTOBRE
DE 15 H À 19 H
Laurent Mauvignier, romancier, et
Ivan Jablonka, historien, dialogueront autour du thème : L’histoire est
une littérature contemporaine/La
littérature est une histoire contemporaine. Le titre de cette journée
est repris du livre que publie Ivan
Jablonka en septembre, dans la
Librairie du XXIe siècle, au Seuil.
Laurent Mauvignier publie pour sa
part aux Éditions de Minuit l’un des
romans événements de la rentrée :
Autour du monde.
MARDI 4 NOVEMBRE
À PARTIR DE 17 H
Sandra Laugier et Albert Ogien
présenteront Le Principe Démocratie/Enquêtes sur les nouvelles
expérimentations politiques (Éditions La Découverte).
Ex-libris pour le révérend >illiam Thomas Bree.
vendredi 26 septembre à 18 h
21
Les deux parties comprenaient
la façon du donnant-donnant : la
complicité, la collaboration et la
négociation caractérisaient la façon
dont auteurs et censeurs opéraient,
au moins dans les trois systèmes
étudiés ici.
L’affaire des Quatorze
Poésie, police et réseaux de communication à Paris au XVIIIe siècle.
L’auteur a retrouvé dans les
archives de la Bastille le dossier
de quatorze personnes emprisonnées en 1749 à Paris à cause
d’une chanson qui se moquait du
roi Louis XV et de sa maîtresse.
De cette anecdote, qui n’avait
jusqu’alors retenue l’attention de
personne, Robert Darnton tire
les mailles d’un étonnant filet :
celui de la communication politique dans le Paris populaire du
XVIIIe siècle où, des siècles après
Gutenberg, la plupart des hommes
et des femmes ne maîtrisaient pas
la lecture. Constamment, ils échangeaient de vive voix des informations, qui n’ont pour l’essentiel
pas laissé de traces. Or voici une
occasion exceptionnelle d’écrire
une histoire de la communication
à partir de son élément majeur,
l’oralité. ■
22
éternel western
contre, tout contre
23
L’Ouest, le Vrai
L’extricable
BERTRAND TAVERNIER
RAYMOND BORDE LU PAR NATHALIE VINOT
Rencontre avec Bertrand Tavernier : Apologie du Western, autour de la collection L’Ouest, le Vrai
(Collection dirigée par Bertrand Tavernier, Éditions Actes-Sud). Rencontre suivie d’une séance
de dédicaces, Bertrand Tavernier est l’invité de la Cinémathèque de Toulouse, pour une journée
d’hommage au wertern : où il présentera à 16 h 30 La Chevauchée des bannis d’André De Toth
et à 21 h : L’Appât de Anthony Mann.
Lecture du livre de Raymond Borde : L’extricable paru aux éditions Joëlle Losfeld. La lecture par
la comédienne Nathalie Vinot sera celle de la deuxième partie du livre. Elle suivra celle de
la première partie, lue par Jacques Bonaffé à la Cinémathèque de Toulouse vendredi 19 septembre
à 19 h 30.
tager ses coups de cœur ? En devenant directeur de la collection
« L’Ouest, le Vrai », chez Actes Sud.
Les deux premières publications à
son actif, Des clairons dans l’aprèsmidi de Ernest Haycox, et Terreur
apache de W. R Burnett, sont de
grandes fresques épiques, pleines
de lyrisme, de mélancolie, et étonnamment modernes.
Un genre qui parle de
la loi, de l’écologie…
« J’ai choisi ces romans pour
leur originalité, pour leur
fidélité aux événements historiques, pour leurs personnages
attachants, le suspense qu’ils
créent, – mais aussi pour leur
art d’évoquer des paysages si
divers dont leurs auteurs sont
amoureux : Oregon, Dakota,
Texas, Arizona, Wyoming…
L’Ouest, le vrai : quel irrésistible
dépaysement ! »
BERTRAND TAVERNIER
« Sa passion dévorante pour le western a poussé le réalisateur Bertrand Tavernier à aller voir, par-delà
les metteurs en scène et les scénaristes, les livres qui avaient inspiré
ses films préférés. Il a découvert un
genre littéraire méconnu en dehors
des États-Unis. Comment faire par-
John Ford, Howard Hawks, Delmer Daves, Anthony Mann, Robert
Aldrich se battent en duel au
panthéon des grands réalisateurs.
En littérature, James Fenimore
Cooper, auteur du Dernier des
Mohicans est pratiquement le
seul qui vient instantanément à
l’esprit. « Les gens pensaient que
c’était une littérature enfantine.
Le film noir a entraîné l’émergence d’une littérature noire. Le
western n’a pas eu cette chance »,
explique Bertrand Tavernier. C’est
à l’âge de 18 ans qu’il a, pour la
première fois, plongé dans un livre
sur l’Ouest américain. « De temps
en temps, on me disait que les
romans étaient formidables. J’ai
franchi le pas avec The Ox-Bow
incident (adapté au cinéma par
William Wellman, en 1943, et sorti
en France sous le titre L’étrange
incident). « C’est un genre qui
devient actuel. Il nous parle de
l’écologie, de la loi, de l’ordre, de la
nature, de la manière de détruire,
de spolier une race… Autant de
sujets qui ont gardé une actualité ! », énumère-t-il.
Custer jugé
sévèrement
Illustration avec Des clairons dans
l’après-midi, dont l’adaptation
cinématographique Les clairons
sonnent la charge est peu convaincante. Le roman de Ernest Haycox
(1899-1950) est pourtant superbe,
[…] Ernest Haycox, qui s’était
énormément documenté, livre un
jugement certes sévère sur Custer,
soulignant son côté infantile, sûr
de lui, mais éloigné de la posture
de diva mégalomane qu’en donna
Arthur Penn dans Little Big Man.
Passionnant.
Des hommes à nu
Le deuxième ouvrage présenté
est Terreur apache de W.R. Burnett, plus connu comme auteur de
romans noirs (Quand la ville dort)
ou comme scénariste (Scarface).
Ce livre, qui a inspiré le superbe
Fureur apache de Robert Aldrich,
avec Burt Lancaster, nous plonge
dans une poursuite haletante entre
des soldats, guidés par un éclaireur
tenace et une bande d’Apaches
véloces qui se sont enfuis d’une
réserve et sèment la terreur parmi
les colons. Les événements et l’écriture sèche, dépouillée de Burnett
mettent les hommes à nu… Et
l’insatiable Bertrand Tavernier promet déjà cinq autres ouvrages à
paraître, parmi lesquels Le passage
du canyon, ou L’aventurier du Rio
Grande, à n’en pas douter essentiels pour les fans de western.» ■
THIERRY CHARPENTIER,
LE TÉLÉGRAMME
samedi 20 septembre à 19 h à la librairie Ombres Blanches
Pamphlet
Vous est rassurés
Pour marquer les Cinquante ans
de la Cinémathèque de Toulouse,
il nous a semblé important de
mettre en lumière le travail d’écrivain et d’intellectuel de son fondateur Raymond Borde. Outre ses
écrits sur le cinéma, sur le travail
des Cinémathèques, ses livres sur
le burlesque, sur le Film noir, sur
le Cinéma Réaliste allemand, Raymond Borde est l’auteur d’écrits
sur le surréalisme. Il est aussi l’auteur d’un roman écrit à vingt ans
et publié tardivement en 1995
par les éditions Joëlle Losfeld, Le
24 Août 1939. En 1963, le livre
L’extricable, publié par l’éditeur
surréaliste Éric Losfeld, provoqua
des réactions enthousiastes parmi
la jeunesse des années de l’aprèsguerre et du gaullisme. Dans ce
pamphlet, Raymond Borde exprimait à l’égard du monde contemporain un rejet qui devait exploser en mai 68.André Breton a aimé
ce texte qui allait dans le sens
des exigences surréalistes et qui
reste, malgré sa date de publication, d’une actualité surprenante.
L’Extricable reste un livre-culte.
La Cinémathèque et la librairie en
proposent une lecture intégrale
en deux parties d’environ une
heure. Et à deux voix. Dans l’alternance Masculin/Féminin s’exprimera au mieux la colère et les
interrogations encore vivaces de
Raymond Borde. Jacques Bonaffé
sera l’invité de la rue du Taur le
19, avant qu’à Ombres blanches
nous entendions la deuxième
partie du texte par la comédienne
Nathalie Vinot.
«Avec Tergal vous ferez jeune
et Simca a pensé dans les 200
modèles de capotes anglaises, à
votre style de conduite. La speakerine de la TV vous regarde dans le
blanc des yeux et la technique de
base à la radio consiste à bafouiller
et à improviser, pour vous rendre
copain de l’émission merdeuse
que vous avalez comme un bœuf
en daube ? Vous êtes rassurés. Les
amis vous entourent des millions
d’êtres chers et de chers inconnus. Le monde est fraternel. On
s’occupe de vous.» ■
R. BORDE
Clovis Trouille, Sous le culte des sorcières en flirt (détail).
mercredi 17 septembre à 18 h
Cinquante ans de Cinéma
à Toulouse
Fondée le 12 février 1964 par Raymond Borde et l’équipe de cinéphiles
qui s’est rassemblée autour de lui, la Cinémathèque de Toulouse, célèbre
tout au long de 2014 ses 50 ans.
Tout au long de l’année 2014, à Toulouse et ailleurs, la Cinémathèque va
fêter son demi-siècle en mettant son identité, son histoire et ses collections
au service du futur. Puisqu’un anniversaire n’est pas tant l’occasion de se
réjouir de ce qui est passé que de célébrer la vie, l’énergie du présent et
l’espoir du lendemain. Douze mois de festivités, qui permettront de mettre
en lumière « l’autre » cinémathèque, à travers des thématiques mensuelles,
des événements spécifiques, et un rendez-vous qui ne durera que le temps
de 2014 : « 50 ans, 50 moments de cinéma ».
24
dans la glace
dans le miroir
25
1812, La campagne tragique de Napoléon…
Le sentiment de soi
ADAM ZAMOYSKI
GEORGES VIGARELLO
Rencontre avec Adam Zamoyski autour de la parution de son livre 1812, La campagne tragique
de Napoléon en Russie (Éditions Piranha).
Rencontre avec Georges Vigarello autour de la parution de son livre Le sentiment de soi. Histoire
d’une découverte paru aux éditions du Seuil. Organisée en collaboration avec Sciences Po Toulouse
et le lycée Saint Sernin. Débat animé par Olivier Loubes et Isabelle Lacoue-Labarthe.
mercredi 8 octobre à 18 h
York en 1949, est un historien
indépendant qui a passé la majorité de sa vie en Angleterre. Ses
parents, originaires de Pologne,
ont fui le pays lors de l’invasion
germano-soviétique en 1939.Adam
Zamoyski commence à s’intéresser dès la fin des années 1960 à
son histoire familiale et à son pays
d’origine ce qui l’a amené à étudier
plus largement le contexte historique et culturel européen. Après
des études au Queen’s College à
Oxford, il a entrepris de parcourir
de nombreux pays européens.
Tragédie humaine
L’invasion de la Russie par Napoléon et la terrible retraite depuis
Moscou en flammes furent une
épopée militaire et une tragédie
humaine d’envergure : le premier
exemple historique de la guerre
totale.
1812 est le récit magistral de
ce tournant décisif de l’histoire,
moment fondateur de l’Europe
moderne. Il retrace le destin poignant des dizaines de milliers de
soldats venus de toute l’Europe et
détaille les événements de cette
période tumultueuse.
En puisant dans une abondante
documentation de témoignages
contemporains (en français, en
russe, en allemand, en polonais et
en italien, pour la plupart inédits),
Adam Zamoyski réussit à reconstituer d’une main de maître une
fresque brillante et poignante et
fait revivre au lecteur le quotidien dramatique des soldats jetés
sur les routes gelées et la tragédie
vécue par les civils fuyant l’avance
des armées.
Le résultat est une œuvre exceptionnelle : un livre d’histoire remarquable, qui fera référence pendant
longtemps. ■
GEORGES VIGARELLO est
Le moi est aujourd’hui solidement
ancré dans un corps auquel est
portée la plus grande attention.
Cette perception « physique » intérieure n’a pas toujours existé. Elle
est née de lentes transformations
engageant la manière même dont
le sujet se perçoit. Les discours
médicaux, la littérature, comme
des expériences concrètes, pratiques sportives ou de loisir, les
révèlent.
Jusqu’au XVIIIe siècle, la sensibilité
traditionnelle privilégiait les cinq
sens, la vue, l’odorat, le goût, l’ouïe,
le toucher, tenus pour de simples
messagers de l’âme, des vigies
tournées vers l’extérieur. Le moi
était circonscrit à la pensée et à
l’esprit : « je pense, donc je suis ».
C’est dans la seconde moitié du
XVIIIe siècle qu’apparaît, dans les
textes de Diderot ou de l’Ency-
directeur d’études à l’École des
hautes études en sciences sociales.
Il a publié au Seuil de nombreux
ouvrages et dirigé avec Alain Corbin et Jean-Jacques Courtine une
Histoire de la virilité (2011), et
plus récemment La silhouette du
XVIIIe siècle à nos jours (2012).
Prise de conscience
12 banquets qui ont changé l’histoire
SUZANNE VARGA
mercredi 8 octobre à 16 h
Rencontre avec Suzanne Varga autour de son ouvrage 12 banquets qui ont
changé l’histoire aux éditions Pygmalion.
SUZANNE VARGA est agrégée docteur d’État et professeur
des Universités. Elle se consacre,
depuis plus de trente ans, à la
littérature et à l’histoire des XVIe
et XVIIe siècles, plus spécialement
aux siècles d’Or espagnols. Elle a
notamment publié Lope de Vega
(Fayard 2002) et Philippe V, roi
d’Espagne, petit-fils de Louis
XIV (Pygmalion, 2013).
LES TOURBILLONS de l’histoire cèdent parfois la place à des
pauses festives dont on ne doit
pas mésestimer l’importance.
La table, au même titre que les
champs de bataille, a toujours
été un formidable lieu de pouvoir et de stratégie politique ;
l’issue d’un festin n’est jamais
sûre, tant les enjeux de puissance
y sont réversibles. Voici 12 agapes
mémorables aux mises en scène
éblouissantes et aux enchantements culinaires ; tel le Banquet
du Bal des Ardents organisé par
le roi Charles VI, qui vit cinq
grands seigneurs de ses amis
mourir par le feu, transformés en
torches vives, et qui en fut affecté
jusqu’à la folie ; ou le Banquet du
Faisan célébrant la suprématie
du duc de Bourgogne Philippe le
Bon et dont le clou fut un pâté
d’où jaillirent vingt-huit musiciens donnant sur-le-champ un
concert. Ou encore celui de Vauxle-Vicomte dont les splendeurs
firent de l’ombre au Roi-Soleil :
Fouquet le paya d’un emprisonnement à vie. Ou, enfin, ces
immenses mouvements de commensalité fraternelle qui, sous
la IIIe République, réunirent en
1900 plus de vingt mille maires
dans le jardin des Tuileries. Ces
festins devenus pages d’Histoire,
Suzanne Varga les a mitonnés
avec un art consommé ! ■
Nicolas Régnier, Femme à sa toilette, vers 1626 (détail).
ADAM ZAMOYSKI né à New
mercredi 1er octobre à 18 h
clopédie, l’idée d’un sixième
sens pour désigner les perceptions internes du corps. Cette
conscience inédite du corps s’exprime dans les notions nouvelles
comme celle du sentiment de
l’existence. Le corps coïncide avec
le moi : véritable révolution de la
perception de soi, qui s’exprimera
bientôt abondamment dans les
journaux intimes.
Le XIXe siècle approfondit ces
réflexions en s’interrogeant sur
le rêve, la folie, l’effet des drogues,
le somnambulisme. Le début du
XXe siècle introduit plus qu’on ne
le croit à la culture d’aujourd’hui :
de la relaxation aux exercices de
prise de conscience, de la détente
au vertige, la conscience corporelle devient un lieu de vertige
autant que d’approfondissement
de l’intime. ■
26
sur l’anti-œdipe
La psychologie positive, ça vous parle ?
« Les émotions positives ne sont pas un luxe mais une nécessité. Elles participent à notre bienêtre, notre bonne adaptation à l’environnement, et le cas échéant à nos performances.
On peut apprendre à les faciliter et à les développer.»
Christophe André
Le Front National
VALÉRIE IGOUNET
lundi 22 septembre à 18 h
Rencontre avec Valérie Igounet autour de son essai Le Front National (Seuil).
son, portrait d’un négationniste
(Denoël, 2012).
La Maif vous propose d’assister à une conférence sur ce sujet d’actualité
Histoire vivante
et complète
MERCREDI 8 OCTOBRE À 20 H CENTRE DE CONGRÈS DIAGORA
150 RUE PIERRE-GILLES DE GENNES TOULOUSE-LABÈGE
Christophe ANDRÉ (psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris) et William SERVAT (entraîneur du Stade Toulousain, ancien joueur international de rugby), échangeront sur l’ensemble des efforts, des techniques et des exercices destinés à rester à l’équilibre, à continuer d’aller bien pour mieux faire face aux difficultés. Ils partageront et confronteront
leurs expériences, tant dans la vie quotidienne que dans le domaine sportif.
Réservation obligatoire à compter du 22 septembre
et dans la limite des places disponibles sur :
www.maif.fr/equilibreinterieur-toulouse ou www.maif.fr/actionsmutualistes
(placement libre)
Hommage à Felix Guattari
S. NADAUD, S.MAGLIONI, G.THOMSON
jeudi 18 septembre à 18 h
(sous réserves)
Hommage à Felix Guattari autour de l’ensemble de son œuvre et en présence de Stéphane
Nadaud, de S. Maglioni et G. Thomson. Soirée organisée en lien avec Le Musée des Abattoirs
et suivie d’une projection à l’auditorium des Abattoirs à 20 h du film In Surch of UIQ de Silvia
Maglioni et Graeme Thomson. En présence des réalisateurs.
STÉPHANE NADAUD est spécialiste du Japon hors des sentiers
battus. Docteur en philosophie
(Paris-VIII), il est ancien rédacteur
en chef de la revue Chimères, fondée par Félix Guattari. Il est aussi
l’auteur de : Homoparentalité, une
nouvelle chance pour la famille
(Fayard, 2002), Homoparentalité
hors-la-loi (Lignes, 2006). Il a établi en 2013 pour les Éditions Lignes
l’édition des écrits de Félix Guattari : Qu’est-ce que l’écosophie ? et
Écrits pour l’Anti-Œdipe.
FELIX GUATTARI (1930-1992),
philosophe et psychanalyste proche
du courant de la psychiatrie insti-
tutionnelle de Jean Oury, est l’auteur de plusieurs ouvrages coécrits
avec Gilles Deleuze. Dans Les Trois
Écologies (Galilée, 1989), il a présenté les grands principes de l’écosophie. Les Éditions des Prairies
Ordinaires ont réédité en 2009 le
dernier recueil paru de son vivant,
Les Années d’hiver (première
publication en 1985), dont celui-ci
constitue la « suite » chronologique,
ainsi qu’en 2012 La Révolution
moléculaire.
QU’EST-CE QUE L’ÉCOSOPHIE ? réunit les textes rares
ou inédits que Félix Guattari
rédige entre 1985 et 1992. Proche
des partis écologistes, qui lui
paraissent alors pouvoir exprimer un « nouveau type de militantisme » (il déchantera rapidement), il entreprend de formaliser
une théorie écologiste dont l’ambition ne se limite nullement à
la sauvegarde de l’environnement. Les textes qui composent ce
volume exceptionnel constituent
un témoignage précieux sur une
période dont l’histoire politique
reste en grande partie à écrire ;
ils anticipent également les errements partisans du mouvement
écologiste actuel. ■
27
populisme
VALÉRIE IGOUNET est historienne, chercheuse associée à
l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS). Spécialiste de l’ex-
trême droite et du négationnisme,
elle est notamment l’auteure
d’Histoire du négationnisme
(Seuil, 2000) et de Robert Fauris-
Au début des années 70, à la faveur
de luttes intestines et d’opportunités politiques, Jean-Marie Le Pen
s’impose peu à peu à l’extrême
droite et mène sur le devant de la
scène un agrégat de groupuscules,
le Front national. Valérie Igounet
retrace la longue et chaotique gestation du parti, décrypte le travail
des idéologues, ceux qui lui ont
donné son identité et une certaine
unité.
Mais l’histoire du Front national,
c’est d’abord celle d’un homme
politique qui reste à la tête de sa formation pendant près de quarante
ans, d’un provocateur bruyant qui
ne supporte pas ses numéros deux,
rivaux potentiels, jusqu’à l’arrivée
de sa fille Marine. Dans les années
2000 il lègue à cette dernière un
parti toujours aussi extrémiste sur
le fond, mais plus présentable, qui
recueille près de 18 % de voix à
l’élection présidentielle de 2012
et gagne onze mairies aux municipales de 2014.
Avec patience et détermination
l’historienne a réussi à pénétrer
l’organisation jusqu’à obtenir de
longs entretiens avec nombre de
militants, de dirigeants anciens et
nouveaux, et avec Jean-Marie Le
Pen lui-même. Plusieurs d’entre
eux lui ont confié archives et
papiers personnels. S’appuyant
sur cette masse de documents inédits, elle raconte, pour la première
fois, l’histoire vivante et complète
des quarante années qui ont fait du
Front national un acteur majeur de
la vie politique française. ■
28
cyrillique
29
syrie
Au lieu du péril
La Syrie promise
LUBA JURGENSON
HALA KODMANI
Rencontre avec Luba Jurgenson autour de son livre Au lieu du péril (éditions Verdier).
Rencontre avec Hala Kodmani autour de son ouvrage La Syrie promise (Actes Sud). Rencontre
organisée en lien avec l’association Averroès.
samedi 11 octobre à 17 h
vain, traductrice et universitaire.
Parmi ses derniers livres parus :
L’expérience concentrationnaire
est-elle indicible ? (essai, Le Rocher
2003) ; Boutique de vie (roman,
Actes Sud 2001) ; Tolstoï (essai,
Pygmalion 1998) ; Éducation nocturne (roman, Albin Michel 1994) ;
Soljenitsyne (essai, Albin Michel,
1991).
Tracé palpable
Le bilinguisme attend son chroniqueur, un chroniqueur terre
à terre, qui suivra pas à pas les
indices corporels du décentrement. C’est la tâche que je me
donne ici : traquer les signes physiques, le tracé palpable de cet
hébergement réciproque.
Il s’agit donc d’un reportage. Mais
la matière que je cherche à décrire
est également celle dont je me
sers pour la décrire. C’est comme
raconter un incendie avec du feu.
Le musicien vous parlera de son
instrument, le tailleur, l’ébéniste,
le cordonnier, le jardinier, le marin
– tous auront des choses à raconter en rapport avec leurs outils et
la matière qu’ils travaillent. Pour
l’écrivain, l’outil et la matière
sont une seule et même chose. La
matière de la langue est travaillée
avec l’outil de la langue.
L’écrivain façonne lui-même son
instrument, chevillé à son corps.
En parler, c’est mettre en scène ce
corps qui écrit. Le bilingue écrivant – catégorie à laquelle j’appartiens – utilise des outils à double
tranchant. Le but de ce livre, c’est
de les voir à l’œuvre. Il arrive que
l’on éprouve le besoin de raconter
son métier. Pour moi : l’expérience
très concrète d’habiter le lan-
gage – d’être habitée par lui – en
double.
J’ai dit « outil ». Il s’agit bien sûr
d’une illusion d’optique. On croit
« se servir » de la langue comme on
croit que le soleil tourne autour
de la terre. En réalité, elle se sert
de nous pour vivre et évoluer.
Nous sommes son instrument et
elle nous façonne en se laissant
façonner par nous. Nous sommes
sa matière qu’elle travaille tout en
se laissant travailler.
Dans une vie vouée à questionner
le langage, il arrive un moment où
il devient urgent de faire place à ce
qui constitue le corps du langage :
la langue.» ■
HALA KODMANI née à Damas,
Affiche conçue par Iossi Guerasimovitch, 1928 (détail).
LUBA JURGENSON est écri-
Lundi 15 septembre à 18 h
est journaliste indépendante et
collabore notamment à Libération
et à L’Express. Elle a été rédactrice
en chef à France 24 après avoir
travaillé au bureau de la Ligue des
États arabes à Paris, puis à l’Organisation internationale de la francophonie. Elle anime des ateliers de
formation de jeunes journalistes
syriens.
La Syrie promise
Sous la forme d’un échange de
courriels entre elle et son père
récemment décédé, Hala Kod-
Grecques
ANTIGONE TROGADIS
samedi 16 septembre à 16 h
Rencontre avec Antigone Trogadis autour de son roman Grecques paru aux éditions Noir & Blanc.
ANTIGONE TROGADIS est née
en 1969 à Montréal de parents
grecs. Elle a grandi en Grèce,
puis s’est installée en France,
d’abord à Paris. Ses études de
Lettres Modernes, ainsi qu’une
vocation précoce, la conduisent
à passer avec succès le CAPES et
depuis 2005 elle est professeur au
Lycée Lapeyrouse à Albi, tout en
se consacrant de plus en plus à
l’écriture. Grecques est son premier roman.
CE ROMAN nous emporte dans
la tourmente de la Grèce de 1968
où, sous la botte fasciste des colonels et la complicité des popes
rétrogrades, la dictature s’efforce
d’écraser tout autant la culture
millénaire fondatrice de l’idéal
démocratique, que les aspirations
à la liberté. C’est le regard aiguisé
d’Ismène qui, du haut de ses
neuf ans, traverse tout le roman
et entraîne le lecteur dans l’Histoire et les événements où s’entremêlent les trajectoires et les
figures de femmes qui constituent
la chair et l’ossature du récit.
À Stamena, village du Péloponnèse maudit des dieux et des
hommes, le fantastique rôde,
pour le pire ou le meilleur. L’été
68, sous la dictature des colonels,
réunit Ismène, venue d’Athènes
près de sa grand-mère pour fuir
les turbulences politiques qui
affectent sa famille, et une jeune
femme, Anna, arrivée de Paris
pour enterrer son père. Ismène
découvre les traditions ancestrales et religieuses qui s’im-
posent aux femmes de Stamena,
mais elle peut s’en évader grâce
à la nature, ses livres et sa proximité avec l’Antiquité, ravivée
par la découverte d’une statue.
Malgré les circonstances, Anna
est sensible à la douceur de la
vie grecque, mais elle fait l’expérience du peu d’estime pour la
condition féminine notamment
au travers de ses relations avec
un inquiétant policier, un pope
fanatique ou même avec le falot
instituteur du village. Mais cet
été 68, avec toutes ses vicissitudes,
sème chez Ismène les germes
d’une prise de conscience qui lui
permettra d’affronter l’existence
avec une résolution adulte et
autonome. ■
mani raconte comment le pays
qui n’était que celui de ses « origines », la Syrie, l’a rattrapée après
cinquante ans d’oubli. Issue d’une
famille damascène aisée qui avait
choisi de s’installer en France,
puis de porter la nationalité française, elle entendait initialement
expliquer son rapport à son pays
d’adoption alors que le débat
empoisonné sur l’identité nationale battait son plein et qu’elle
se sentait gagnée par la morosité
ambiante. Mais voici que les Tunisiens se révoltent, suivis par les
Égyptiens et les Libyens, avant que
d’autres pays arabes, dont la Syrie,
se soulèvent à leur tour. Dès lors, la
correspondance de Hala avec son
père s’enflamme, elle lui narrant
les principaux événements en
cours, lui se rappelant les vicissitudes de l’histoire contemporaine
de la Syrie qu’il a vécues en militant nationaliste arabe convaincu.
L’ensemble, écrit d’une plume
élégante, se lit comme le parcours
personnel d’une Syrienne qui se
découvre elle-même en découvrant son pays au moment où il
renaît à la vie, et où il risque de
mourir. ■
30
histoire de migrants
histoire d’un émigré
31
CRA, Centre de Rétention Administrative
Armand Gatti dans le maquis des mots
ASSOCIATION DE DÉFENSE DES DROITS DES MIGRANTS
A. GATTI, J.-J. HOCQUARD, P. TANON
Rencontre signature débat autour de la bande dessinée CRA, Centre de Rétention Administrative (éditions Des ronds dans l’O) en présence de membres d’association de défense des droits des migrants.
Rencontre avec Armand Gatti, Jean-Jacques Hocquard et Pauline Tanon autour du livre Armand Gatti
dans le maquis des mots paru aux éditions Actes Sud. La rencontre sera suivie d’une projection à la
Cinémathèque de Toulouse du film El otro Cristobal (1962).
lundi 6 octobre à 18 h
vendredi 12 septembre à 18 h
EN 2012, à Toulouse-CornebarJEAN-JACQUES HOCQUARD
rieu, l’auteur participe à la campagne Ouvrez les portes, visant à
obtenir l’accès des journalistes et
de la société civile aux centres de
rétention pour lesquels il existe
peu d’informations. L’opération
s’est tenue durant douze jours
devant la quasi-totalité des centres
de rétention européens et africains ;
en ce qui nous concerne devant
celui de Cornebarrieu. La bande
dessinée Centre de Rétention
Administrative est donc née de
cette manifestation.
accompagne Armand Gatti depuis
la tournée de V comme Viêtnam
en 1966. Cofondateur et directeur des associations et sociétés
porteuses des projets d’Armand
Gatti (théâtre, cinéma, édition, ateliers, etc.), il est un témoin privilégié de cette aventure hors des sentiers battus.
PAULINE TANON est comédienne et directrice de compagnie
théâtrale, découvre Armand Gatti
par la lecture. Elle adapte, en 2011,
deux de ses textes qu’elle met en
scène sous le titre Aux arbres,
Prendre
conscience
« Le jour de la dernière manifestation, le 6 avril, nous nous demandions comment donner un fort
impact à cette campagne, comment témoigner du sort de ces
migrants injustement enfermés
et faire prendre conscience à la
population des actes qui sont perpétrés en son nom.
Il y avait des journalistes, qui ont
fait des reportages et documentaires, des associations qui ont
recueilli des témoignages, plus
tous les témoignages des « visites »
au parloir.
J’ai alors proposé de réaliser une
bande dessinée à partir de tout
ce matériel, sans vraiment me
rendre compte de l’ampleur de la
tâche. Ces pages sont donc le fruit
de deux ans de travail, avec des
périodes d’interruptions, d’interrogation, de découragement et de
re-motivation.» ■
JEAN-BENOÎT MEYBECK
Lampedusa beach
MÉLANIE TRAVERSIER, LINA PROSA
vendredi 10 octobre à 19 h
Rencontre autour de la lecture de Lampedusa beach avec Mélanie Traversier, lectrice et Lina Prosa, auteure.
Rencontre organisée dans le cadre de la Novela.
MÉLANIE TRAVERSIER née en
1975, est historienne et comédienne. Ancienne élève de l’ENS,
elle est actuellement maître de
conférences en histoire moderne
à l’université Lille 3. Ses travaux
portent sur l’histoire sociale de la
musique et sur l’histoire du genre
et des femmes dans la société
d’Ancien Régime. Elle a notamment publié Gouverner l’opéra.
Une histoire politique de la
musique à Naples, 1767-1815
(2009) et édité Ma Vie. Mémoires
de Vittorio Alfieri (Gallimard,
2012). En tant que comédienne,
Mélanie Traversier s’est produite
sur scène en français et en italien,
notamment dans le cadre des
Petites fêtes de Dionysos (Arbois
2010) et du Banquet du Livre
(Lagrasse, 2009-2014).
LINA PROSA est auteure, dramaturge et dirige à Palerme le Teatro
Studio Attrice/Non, un espace de
recherche et de création théâtrale
engagé dans le Progetto Amazzone
(Mythe-Science-Théâtre) qu’elle
mène depuis 1996 avec Anna Barbera. Première auteure italienne
invitée à la Comédie Française,
elle a mis en scène au mois de
février 2014 au théâtre du VieuxColombier son Triptyque du
Naufrage composé des trois textes
Lampedusa
Beach-Lampesua
Snow-Lampedusa Way traduits
par Jean-Paul Manganaro.
DES SINISTRES faits divers que
la presse nous rapporte des plages
de Lampedusa, Lina Prosa tire
une pièce bouleversante sur le
parcours d’une femme, Shauba.
Migrante comme tant d’autres,
naufragée comme beaucoup,
avalée par la mer, elle s’accroche
à quelques centaines de mètres
de la plage à sa paire de lunettes
de soleil, dernière bouée avant
la descente dans les flots. À travers ce monologue traversé d’une
fulgurance poétique, l’auteure
italienne nous entraîne dans le
naufrage de ceux qui rêvent d’accoster une terre d’espérance. ■
citoyens, préambule à la rédaction
de cet ouvrage.
Idéal libertaire
« Ce que nous voudrions faire
valoir à travers le théâtre, c’est le
système du don total d’un homme
envers les responsabilités de
son époque. […] Fatalement, s’il
pousse jusqu’au bout, il entre en
conflit avec la morale traditionnelle.» ARMAND GATTI
Combattant de la vie
«Armand Gatti, anarchiste jusqu’au
bout de sa crinière, aussi rebelle
que lui, a un sacré pedigree : maquisard à quinze ans sur le plateau de
Millevaches, arrêté, condamné à
mort, évadé, de nouveau arrêté,
il sera déporté… Ce n’est pas un
survivant qui revient de la mort
mais un combattant de la vie, un
témoin qui se jette à corps et à
cœur dans l’écriture. D’abord journaliste, Il obtient le prix AlbertLondres en 1954, puis il se tourne
vers le théâtre après que Vilar a
monté une de ses pièces. Car il a le
théâtre dans la peau depuis qu’un
soir, dans les camps, il a assisté à
une représentation jouée par des
rabbins. Dans la confusion du
siècle et des sentiments, ce souvenir restera à jamais ancré, brillera
comme une luciole dans la nuit,
dans toutes les nuits où il sera
toujours du côté des opprimés,
ses frères de combat, en
Irlande du Nord, en Amérique du Sud ou aux côtés
des loulous de banlieues.
Loin des lieux traditionnels du théâtre, il s’installe
dans des no man’s land,
à la ville, à la campagne,
travaille avec les exclus,
ceux qui sont condamnés par la société. […]
Gatti confie qu’il a trois
mentors : Vilar, Piscator
(le fondateur du théâtre
prolétarien) et Mao Tsétoung. Mais aussi et surtout Michaux, Rimbaud,
Gramsci, dont il avait
les livres dans sa besace
le jour où il a rejoint
le maquis. Des poètes,
comme lui ; des hommes
libres, comme lui ; des
insoumis, comme lui.» ■
EXTRAITS M.-J. SIRACH,
L’HUMANITÉ
32
/café littéraire
café littéraire/ 33
> vendredi 22 août à 17 h 30
Promenade musicale
dans la librairie
> du 1er au 31 octobre
Exposition des œuvres
de Nelly Bonnefis
Promenade musicale dans la
librairie par les élèves flûtistes,
clarinettistes et violoncellistes du
cours d’été SoRubato et leurs professeurs Sandrine Tilly, David
Minetti et Philippe Tribot, solistes
de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Avec la participation de Marie Condamin, piano.
Haydn, Vivaldi, Mozart… ainsi
que d’autres compositeurs seront
au programme.
« Les œuvres de Nelly Bonnefis
semblent investir un rare silence
qui, pénétrant librement dans la
pensée, devient réflexion, illumination, exercice d’humilité.
Elle effleure la matière pour
l’arracher à son mutisme, pour la
transfigurer selon la loi propre à
son art, la transmuer en tentative
de parole, en verbe liminaire. […]
Ces estampes sont anamnèse,
voyage dans les profondeurs de la
mémoire, une sorte d’apnée dans
les abysses qui nous fondent. (…)
Œuvre de sérénité, de convergence, de reconquête du vivant
par sa sensibilité intensément
aiguisée, telle est sa participation,
modeste, importante et influente
tout à la fois, comme celle de chacun de nous, au grand œuvre de
ce monde où la part invisible et la
part visible s’entremêlent indéfiniment.
> du 1er au 30 septembre
Exposition « Titans » présente le travail de Didier Desplats accompagné des textes
de Joëlle Caujolle. Rencontre-signature avec le photographe autour de son livre Titans
(Éditions de l’œil) le mardi 9 septembre à 18 h
Vous pouvez également voir ses
œuvres en exposition à l’espace des
diversités durant tout le mois de
septembre.
« Les hommes enceintes, alliance
de mots en soi impossible, qui
transgresse et transcende masculin et féminin. C’est un travail
sur le désir. Le désir de s’exposer et d’exposer mon désir. Désir
du corps, incontournable. Pour
moi une rencontre avec d’autres
hommes, grands, corpulents. Je
les vois montagnes, puissants et
infranchissables. Dignes, ce sont
des vainqueurs parce qu’abandonnés. En un sens, ils se donnent
à voir. Ils se sont mis à nu et nous
révèlent une beauté hors normes.
Sculptures improbables, « Les
Titans » questionnent les modèles
grecs classiques, ainsi que la norme
de la taille mannequin, comme étalon de la beauté contemporaine. »
Nul art sans l’énoncé d’une vision.
La sienne est aboutie et soutenue,
par une discrétion qui lui donne
son sceau d’authenticité.
Venant à notre rencontre sa pensée n’affiche pas de certitudes qui
tôt nous encombreraient, mais se
limite à l’essentiel, qui est constant
questionnement devant les portes
du réel. »
JEAN-DAMIEN ROUMIEU,
POÈTE.
> samedi 27 septembre
de 12 h 30 à 14 h
Scènes ouvertes slam !
C’est la rentrée des scènes ouvertes
slam ! Rendez-vous les 4e samedi
du mois, la recette reste la même :
un auteur des éditions Universlam
invité, une scène ouverte. Pour ce
premier rendez-vous, Camille Case
présentera son ouvrage La peau lisse
des frontières (Universlam).
Reprise des séances autour des Irréguliers de la littérature francophone au XXe siècle.
Présentation par Henri Prade. Lectures par Amélie Chataur, Philippe Dupeyron,
Catherine Gadon.
lundi le 8 septembre 2014, 17 h 30 à 19 h autour de Figures féminines de la littérature prolétarienne de l’entre-deux
guerres : Rose Combe, Neel Doff, et G. Existence
D’extractions humbles, elles ont été modèles, ou garde barrière. Porteuses d’une révolte authentique, animées d’un
rare désir de vivre, elles sont venues tard à l’écriture. Avec une volonté farouche, elles disent sans fard la misère
vécue, ou cotoyée, dans des écrits qui non seulement portent témoignage du fait social, mais aussi le transcende
littérairement. Les évoquer, les lire, sera aussi une occasion de parler plus largement de la littérature prolétarienne.
lundi 6 octobre 2014, 17 h 30 à 19 h autour de Quelques figures singulières d’écrivains français tués à la guerre de
14 : Jean de La Ville de Mirmont, Louis Codet, Marc de Larreguy de Civrieux
Cette année de centenaire est une bonne occasion d’évoquer la mémoire des quelques 750 écrivains français tués
à la guerre de 14, au travers de quelques figures singulières : Jean de La Ville de Mirmont, Louis Codet, Marc de
Larreguy de Civrieux, et quelques autres tels Emile Despax ou Georges Pancol. Écrivains authentiques, quelquefois poussés par les circonstances, leur voix ironique, incisive, tendre s’est tue avant l’heure, les précipitant un peu
plus dans l’oubli.
34
jeunesse
samedi 6 septembre à 11 h
Calendrier à venir
Rencontre-dédicace avec Guy Mothe
autour de son album Le bestiaire
loufoque
Ateliers de lecture théâtralisée avec
la Compagnie Les Anachroniques
Comme l’an dernier, nous proposerons des ateliers de
lectures théâtralisées avec la Compagnie Les Anachroniques. La Compagnie initie à des lectures théâtralisées
d’albums ou de textes de littérature de jeunesse, avec
enthousiasme et bonne humeur garantie !
Durée : 1 h 30 à 2 h
Nombre de participants : 12
Âge : de 9 à 14 ans
Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse
05 34 45 53 37
ou [email protected]
Participation financière : 5 €
L’auteur jongle avec les mots, dans cette jungle d’animaux… avec des expressions populaires et proverbiales françaises, ce qui est très amusant… Mais ses
histoires avec de drôles de bêtes ont de quoi intriguer !
Et si les animaux n’étaient pas aussi bêtes que ça ?
Nous demande l’auteur, dont vous lirez les pages
illustrées d’aquarelles appropriées et inédites de la
peintre Michelle Legathe qui a réussi à les apprivoiser
à sa façon, par des aquarelles appropriées, illustrant
quelques-unes des 54 fables et 30 pensées qui vous
réjouiront le cœur et l’esprit. Ce livre est l’aboutissement de quarante années d’écriture humoristique où
la fine dérision, l’emporte sur la fable.
mardi 7 octobre à 14 h
Présentation des nouveautés en
partenariat avec l’association Lire et faire
lire 31 et animée par Françoise Guiseppin
ou Pauline Costa.
jeudi 18 septembre à 20 h
À l’occasion de la parution du livre L’Atlas
Plus du ciel et de l’espace (Milan),
rencontre avec Anne Lesterlin, auteure,
Dominique Auzel, directeur littéraire
des documentaires Milan, Claire EderyGuirado et Philippe Gaudon, ingénieurs
au CNES. Le débat sera animé par
le journaliste Pascal Alquier
ANNE LESTERLIN est née en 1980 et vit à Toulouse.
Journaliste scientifique, elle travaille régulièrement
avec les magazines Wapiti et Wakou, et a écrit plusieurs ouvrages pour les éditions Milan.
QUI
N’A JAMAIS LEVÉ les yeux au ciel en se
demandant ce qu’il y a au-dessus
de sa tête ? Les enfants, si jeunes
soient-ils, s’interrogent sur le
ciel, la Lune, les étoiles… Ils
entendent parler des exploits
des astronautes, et rêvent souvent
d’explorer l’espace…
Ce
documentaire
reflète notre connaissance actuelle de
l’Univers grâce à des
informations précises et à
des photos exceptionnelle
qui proviennent le plus souvent de la
Nasa et du Cnes. Construit en quatre
étapes, le voyage commence par
ce qui nous est proche (le climat,
les satellites) pour aller vers le
plus loin (les nébuleuses, les
étoiles), en faisant une incursion dans
le système solaire à bord de l’ISS ou
d’Ariane 5.
samedi 20 septembre à 14h30
Atelier d’illustration avec Magali Bardos
Quatre ateliers créatifs au fil des saisons
Thème : travailler à une réalisation en utilisant
les techniques mises en œuvre dans un album
de Magali (publiés chez Actes Sud Junior ou Pastel)
Nombre de participants : 10
Âge : à partir de 6 ans
Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse
05 34 45 53 37
ou [email protected]
Participation financière : 3 €
samedi 27 septembre à 14 h
Atelier créatif avec Nicolas Lacombe suivi
d’une séance de dédicace
Nicolas Lacombe est plasticien, illustrateur. Il développe une nouvelle approche tactile en 2D au travers
de l’utilisation du scotch, il tente de modifier notre
rapport à l’image. Violence douce, le scotch traduit
un graphisme contenu, prenant le papier en otage, le
vidant progressivement de sa substance… impressions
graphiques riches et vivantes assurées !
Deux groupes : 15 h et 16 h
Durée : 45 minutes
Âge : à partir de 7 ans
Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse
05 34 45 53 37
ou [email protected]
Participation financière : 3 € à régler pour confirmer
la réservation
35
jeunesse
Nous reconduisons un programme de réunions,
ouvertes à toute personne intéressée par la littérature pour la jeunesse, et tout particulièrement par les
albums : dans la masse des parutions, et en parallèle du
travail mené sur le rayon pour faire émerger ce que
nous pensons le meilleur, nous nous proposons de
mettre en lumière un certain nombre de nouveautés.
Durée : 1 h
Nombre de participants : dans la limite des places
disponibles
Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse
05 34 45 53 37
ou [email protected]
Gratuit
Le club de lecteurs jeunes ados
Il reprend en septembre, animé par Marlène Davezac,
libraire du secteur Jeunesse. Ces réunions invitent les
lectrices et lecteurs à échanger autour des livres qu’ils
aiment, (ou pas !), à en découvrir de nouveaux, ou à les
faire découvrir aux autres.
Durée : 1 h
Nombre de participants : 10 à 12
Âge : de 9 à 14 ans
Inscription obligatoire auprès du rayon jeunesse
05 34 45 53 37
ou [email protected]
Gratuit/Un calendrier annuel sera fixé dès la rentrée
samedi 18 et dimanche 19 octobre
La librairie Ombres Blanches proposera
un large choix de livres pour adultes
et pour les jeunes lors de la 14e édition
du Festival Scientilivre au Centre
de congrès Diagora
Deux jours à la découverte des sciences et des livres :
des dizaines d’atelier pour petits et grands, conférences, rencontres auteurs… ! Qu’elle soit négative,
numérique, virtuelle, symbolique, augmentée, l’image
nous laisse rêveurs… Cette année à travers la photographie, le cinéma ou les jeux vidéo, elle sera au cœur
de ce rendez-vous unique en Midi-Pyrénées depuis
14 ans : l’occasion de découvrir les instruments, comprendre la symbolique, de répondre et d’échanger sur
les applications de l’image scientifique.
36
la grande voix
Un monde habité par le chant
TERESA BERGANZA, OLIVIER BELLAMY
vendredi 5 septembre à 18 h
Rencontre avec Teresa Berganza et Olivier Bellamy autour du livre Un monde habité par le chant
(Buchet Chastel). Organisée à l’occasion du Concours de Chant-Théâtre du Capitole/Toulouse.
Remerciements à Frédéric Chambert.
TERESA BERGANZA est l’une
des cantatrices les plus universellement aimées et respectées. Baptisée « la Carmen du siècle » par
Herbert von Karajan, idéale dans
Mozart et Rossini, la mezzo-soprano
espagnole a bâti une carrière exemplaire dans les plus grands opéras
du monde.
OLIVIER BELLAMY est l’auteur
d’une biographie de la pianiste
Martha Argerich, traduite en plusieurs langues, ainsi que d’autres
livres sur la musique. Il anime la
fameuse émission « Passion Classique » sur Radio Classique et il est
également journaliste à Classica et
éditorialiste à l’Huffington Post.
La vie d’une femme
À l’occasion de ses quatre-vingts
ans,Teresa Berganza livre sa vérité
avec un humour décapant et beau-
coup de sensibilité : son enfance
dans l’Espagne franquiste, ses
rencontres avec Otto Klemperer,
Carlo Maria Giulini ou Claudio
Abbado, sa relation forte avec
Maria Callas, ses partenaires favoris comme Alfredo Kraus, Luigi
Alva ou Plácido Domingo, mais
aussi tout ce qui fait l’amour et la
vie d’une femme.
« Elle s’amuse aujourd’hui, et
s’agace aussi un peu, de l’équation simplificatrice qui consiste à
accoler son nom au seul rôle de
Carmen. Pourtant, mes premiers
maîtres furent Mozart et Rossini, le
premier pour le style et l’émotion,
le second pour la technique et la
vélocité. Et tous les deux pour le
génie du théâtre ! En France, c’est
en 1957 que Gabriel Dussurget,
fondateur du Festival d’Aix-enProvence, fit découvrir au public
médusé cette jeune artiste espagnole, brunette piquante et déliée,
si expressive. Il lui confia le rôle
de Dorabella dans Cosi fan tutte,
caractère un peu futile, un peu
volage, mais si attachant. Chez
Mozart, Teresa Berganza fut aussi
le palpitant Chérubin des Noces
de Figaro, adolescent affolé par
toutes les femmes, et Zerline,
séduite par Don Giovanni. Lorsque
Joseph Losey adapta à l’écran le
chef-d’œuvre de Mozart, c’est à
elle qu’il fit appel pour incarner
la paysanne fascinée par les promesses de l’aristocrate séducteur.
J’ai eu la chance de participer à
de magnifiques aventures musicales et théâtrales, reconnaît-elle,
fustigeant au passage les mises en
scène décalées qui n’hésitent pas
à transposer Le Barbier de Séville
dans un squat déglingué ou Carmen dans une maison close avec
cigarières en bikini. […] Au fil des
engagements, elle se confronte à
divers chefs d’orchestre, se fâche
avec Karajan qu’elle retrouvera
ensuite de manière beaucoup plus
apaisée, est conquise par la classe
et la noblesse de Carlo Maria Giulini, se lie d’amitié avec Claudio
Abbado. Sous sa direction, elle
grave notamment un Barbier de
Séville irrésistible, cinq ans avant
sa première et légendaire Carmen.
J’ai chanté avec d’excellents chefs
d’orchestre et, dans l’ensemble,
j’étais une interprète plutôt soumise… jusqu’à un certain point.
Comme dirait Rosine, « Io sono
docile… ma’» (je suis docile…
mais) : tout est dans le « mais » !,
s’amuse-t-elle.» ■
EXTRAITS, E. GUILANI, LA CROIX

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