Les marqueurs du discours : approches contrastives

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Les marqueurs du discours : approches contrastives
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Deux marqueurs en cause : puisque et puesto que
Camino Álvarez Castro
Langages / Volume 2011 / Issue 184 / December 2011, pp 35 - 49
DOI: 10.3917/lang.184.0035, Published online: 03 April 2013
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Camino Álvarez Castro (2011). Deux marqueurs en cause : puisque et puesto que. Langages, 2011, pp 35-49 doi:10.3917/
lang.184.0035
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“LG_184” (Col. : RevueLangages) — 2011/12/2 — 21:24 — page 35 — #35
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Camino Álvarez Castro
Universidad de Oviedo
María Luisa Donaire
Universidad de Oviedo
Deux marqueurs en cause : puisque et puesto que
1. INTRODUCTION
1
Puisque a fait l’objet de bon nombre de réflexions de grammairiens et de linguistes 2 et, malgré des différences d’approches, la plupart s’accordent pour
dire que la spécificité de ce connecteur réside dans ses propriétés sémantiques
(cf. Nazarenko, 2000 : 65). De son côté, l’étude du connecteur espagnol puesto que
est très souvent intégrée à une analyse plus large des connecteurs/conjonctions
de cause. Il a été confronté à d’autres connecteurs tels que ya que, porque ou pues
sur les plans sémantique, syntaxique et pragmatique. Du fait de la concurrence
avec d’autres marques et de son usage relativement réduit 3 , l’analyse de ses
différents emplois est moins développée que celle de puisque.
Il n’est pas dans notre intention de nous situer explicitement par rapport
aux travaux précédents – les restrictions d’espace le déconseillent –, mais plus
particulièrement d’appliquer une nouvelle optique en vue d’obtenir de nouveaux
résultats. Notre objectif a été de comparer les connecteurs puisque (PSQ) et puesto
que (PTQ), en y appliquant une approche sémantico-pragmatique qui considère
les connecteurs comme des marqueurs de stratégies énonciatives. Ceci nous a
permis de préciser la définition sémantique de PSQ et PTQ à l’aide des notions de
polyphonie et de stéréotype, de mettre en lumière leurs propriétés linguistiques
(formelles, sémantiques et pragmatiques) et de distinguer divers types de PSQ
et PTQ.
1. Ce travail s’inscrit dans le cadre du projet de recherche FFI2009-08714 « Dictionnaire d’opérateurs
sémantico-pragmatiques en français contemporain » financé par le Ministère de la Science et de l’Innovation
Espagnol.
2. Nous renvoyons aux références bibliographiques.
3. Pour des données statistiques tirées de l’examen d’un corpus écrit, nous renvoyons, par exemple, à Goethals
(2002 : 116).
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Les marqueurs du discours : approches contrastives
Par convention, nous désignons par X et Y les segments matériels reliés
par PSQ/PTQ et, de leur part, les contenus sémantiques liés à X, Y, nous les
désignerons par a et b. Désormais, on notera a/b(X) et a/b(Y), lorsque nous
voulons rendre compte de la liaison entre un contenu particulier (a ou b) et
un segment matériel concret (X ou Y) 4 .
Nous avons fondé notre analyse sur un corpus de textes littéraires et de
presse. Celui de PSQ dépasse les 500 occurrences dont environ 300 en contexte
littéraire et le reste en contexte journalistique. Le corpus pour PTQ est constitué
d’environ 400 occurrences, dont environ 240 en contexte littéraire et le reste en
contexte journalistique, obtenues à partir de deux bases de données citées dans
les références 5 .
2. QUELQUES DONNÉES
L’état de la question permet de relever l’importance accordée dans la littérature
linguistique à trois aspects des énoncés contenant PSQ/PTQ qui interviennent
de façon essentielle dans la description sémantique :
a) le caractère « connu » de a, et le fait concomitant d’être attribué à quelqu’un de
différent de L 6 ;
b) la présentation de a comme la justification de b ;
c) la relation entre a et b et la nature de cette relation.
a) Une propriété communément acceptée de PSQ/PTQ, qui marque en même
temps leur opposition avec parce que/porque (cf. Groupe λ-l 1975 ; Martin 1973 ;
Anscombre 1984 ; Hamon 2004 ; Santos Río 1981, entre autres) est la présentation
de a comme en quelque sorte « présupposé ». La description de cette propriété
varie selon les auteurs : dans une perspective plus ou moins référentialiste, a
serait « connu », « présenté comme connu », « admis par l’interlocuteur », « préalablement asserté » (Delbey 1988), en accord avec son origine étymologique de
nature temporelle 7 , un « prérequis qui dépasse le locuteur » (Martin 1987), une
4. Nous distinguons ainsi les entités sémantiques (a, b) et la représentation superficielle de ces entités au
moyen de segments matériels à forme linguistique (X, Y), pas nécessairement coïncidants dans leur extension.
Par exemple, pour comprendre X : « J’ai un travail à finir » comme réponse négative à « Tu viens au cinéma ? »,
il faut nécessairement analyser deux contenus, l’un (a) qui est explicite « J’ai un travail à finir » et l’autre (b)
implicite qui aurait plus ou moins la forme « Je n’irai pas au cinéma » : dans ce cas, on noterait par a,b(X), deux
contenus liés à un même segment matériel. De même, l’ordre de surface ne correspond pas nécessairement à
l’ordre profond, de telle façon que X et Y peuvent représenter tant a que b, de là que quand on parle en général
on note par l’alternative : a/b(X), a/b(Y).
5. Pour chaque exemple en espagnol, nous citons la base de données de provenance ainsi que l’ouvrage ou le
journal où l’exemple a été attesté.
6. Locuteur en tant que tel.
7. Ce ne serait pas de même pour PTQ. Son origine se trouverait dans une construction concessive (Martínez
García 1990 ; Cortés Parazuelos 1994).
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proposition appartenant à la « mémoire discursive » et à « validité intersubjective » (Adam 1986), ou « comme hors du débat » (Anscombre 1984), « hecho
concluido » (Mendizábal de la Cruz 1995). En tout cas, sous ces diverses étiquettes, a apparaît toujours comme « antérieur » à l’énonciation, ce qui en fait
son caractère incontestable ou irréfutable. D’un point de vue polyphonique, cela
supposerait que L se distancie de la source du point de vue sous a, mais sans le
rejeter.
b) Il semblerait, d’après ce qui a été proposé dans les diverses analyses,
que a est introduit dans l’énoncé dans le seul but de servir de justification 8 à b.
Ce qui est justifié ou légitimé serait, selon les auteurs et selon les emplois, le
contenu ou une partie du contenu b, l’événement représenté (Iordanskaja 1993),
l’acte accompli (Franken 1996, parmi d’autres), ou l’énonciation elle-même 9
(Nazarenko 2000, entre autres) ; c’est-à-dire, la pertinence du dire ou celle du
dit, parfois même du signe employé (Delbey 1988). Pour le groupe λ-l (1975) et
pour O. Ducrot (1983), il ne s’agit pas de justification, mais bel et bien d’obligation
concernant l’interlocuteur, obligation d’admettre b de la même façon qu’il est
obligé d’admettre a, ce qui est cohérent avec le caractère contraignant que l’on
reconnaît aux énoncés contenant PSQ/PTQ. En d’autres termes, une fois admis a,
on ne peut pas ne pas admettre b.
c) Il semble clair aussi, dans la littérature linguistique, qu’un énoncé contenant PSQ/PTQ comporte au moins trois éléments sémantiques : a, b et la relation
a-b. Cette relation est établie par la convocation d’un « principe général », tel qu’il
est formulé par K. Sandfeld (1977), conçu comme « une règle conditionnelle »
qui « provient de la mémoire de l’interlocuteur » pour N. Franken (1996) ; « la
majeure d’un syllogisme » ou « enthymème » pour M. Olsen (2001) ; « relación
de favorabilidad » fixée par l’énoncé d’après L. Santos Río (1981) ; « maxime »
pour H. Nølke et M. Olsen (2002) ; plus récemment, « topos » pour S. Hamon
(2004). En tout cas, indépendamment de l’optique que l’on adopte, il semblerait
que c’est ce « principe » et son caractère « général » qui confèrent à l’énoncé
son caractère contraignant vis-à-vis de l’allocutaire. Ce « principe » établit une
relation sémantique entre a et b et est présenté comme antérieur à l’énonciation,
tout comme a. Il est partagé (« général »), ou du moins présenté comme partagé,
par une collectivité qui engloberait le locuteur (L) et l’allocutaire (AL) 10 .
8. Une fois que la notion de cause s’est révélée comme non pertinente pour la description de certains
connecteurs (cf. notamment Anscombre 1984 ; Martin 1987).
9. De ce fait, PSQ peut servir parfois à ouvrir un commentaire métalinguistique pour justifier le signe employé
(Delbey 1988 ; Nazarenko 2000).
10. Plutôt que l’interlocuteur, qui n’est pas souvent concerné par l’énoncé et qui comporte une présence
effective dans l’acte de communication.
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3. PROPRIÉTÉS LINGUISTIQUES DE PSQ / PTQ
L’observation du corpus nous a permis de relever, aussi bien pour PSQ que
pour PTQ, un comportement hétérogène qui révèle des propriétés linguistiques
différentes, tant formelles que sémantico-pragmatiques, concernant la position
de PSQ/PTQ, le statut de a/b(X) et a/b(Y) et celui de la relation entre a/b(X) et
a/b(Y).
Le comportement formel et sémantique de PSQ/PTQ n’est pas partout le
même :
i) PSQ peut occuper des positions diverses relativement aux segments matériels reliés X et Y 11 : en position centrale dans (1), en position frontale dans (2)
et même comme dans (3), où il n’y a qu’un seul segment après PSQ :
(1)
(2)
(3)
Le mélange insensé qui fonctionne à New York devrait servir d’exemple : un
monde sans frontières est possible puisqu’il a été testé sur cette île minuscule
avec succès. (WW, p. 300)
Puisque vous m’avez abordé, je vous confie mon rêve : j’aimerais vous
peindre. (AT, p. 83)
– Là, voyez : le parallélisme avec le bord n’est pas absolu.
– Vous trouvez ?
– Puisque je vous le dis ! (ST, p. 34)
De son côté, PTQ peut se retrouver en position centrale et en position frontale,
(4) et (5) respectivement :
(4)
(5)
El fenómeno es extraño, pero lógico y normal, puesto que se ha producido,
como dirían los italianos, « volutamente ». (CDE, AB)
La materia y la antimateria se crearon en igual proporción al comienzo
del Universo. Puesto que ambas formas se aniquilan entre sí al ponerse en
contacto, no debería « haber nada » en el Universo, pero ciertas interacciones
tienden a producir una insignificancia más de materia que de antimateria.
(CDE, AB)
ii) Dans (6) et (7), dont la structure est b(X) PSQ a(Y) et b(X) PTQ a(Y)
respectivement, on pourrait éliminer le connecteur (en le remplaçant par deux
points, par exemple) sans que la relation de solidarité entre les contenus b(X) et
a(Y) soit effacée, ce qui n’est pas le cas pour (8) ou (9), dont la structure est PSQ
a(X) b(Y) et PTQ a(X) b(Y) respectivement 12 :
11. Par convention, X sera toujours le premier segment et Y le deuxième. Ce n’est pas le cas pour a, b qui
entretiennent entre eux un ordre constant, ordre qui correspond à une relation sémantique et énonciative.
12. Du fait que les deux points sont incompatibles avec un opérateur sémantico-pragmatique (Las posibilidades
de estudiar música en los conservatorios se reducirán : *puesto que / *con todo el número de plazas va a
disminuir drásticamente), on peut conclure qu’ils instruisent une interprétation du segment qu’ils introduisent
comme pragmatiquement subordonné au précédent (cf. Figueras 1999). Dans le cas de (8) ou (9), la substitution
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Deux marqueurs en cause : ‘puisque’ et ‘puesto que’
(6)
(7)
(8)
(9)
Je ne peux pas vous empêcher de parler (puisque / :) ce n’est pas interdit.
Vous ne pouvez pas me forcer à répondre (puisque / :) ce n’est pas obligatoire.
(CE, p. 12)
Aunque todavía es pronto, ya se pueden realizar algunas valoraciones. En
primer lugar, sobre la presencia española. Es normal que aparezca Juan
Muñoz (puesto que / :) su trabajo se adapta bien al carácter ‘Site Specific’ que
pretende la Documenta. (CDE, AB)
– Réaction typique des ratés.
– Puisque je suis une ratée en 2580, soyez cohérent : renvoyez-moi en 1995.
(PL, p. 25)
?Je suis une ratée en 2580 : soyez cohérent [...]
Aurora: Y como el juez te acaba de decir que tu hija está limpia de responsabilidad, hay que sentirlo, sí, pero alegrarse mucho más.
Fabio: Puesto que tienes entereza bastante para hablar así, te diré que eso es
exactamente lo que pienso. (CREA, DS)
?Tienes entereza bastante para hablar así : te diré [...]
iii) On trouve, en français, des cas où PSQ est suivi d’un seul segment
matériel PSQ X (seulement en dialogue), où sont liés à X deux contenus a et b, ce
que nous représentons par a,b(X) : dans (10), le segment matériel X « je vous le
dis » est analysable en deux contenus, a représenté en surface par « je vous dis »
et b par le pronom le. « Je vous dis » fait référence à l’énonciation elle-même, et le
reprend un discours précédent « le parallélisme avec le bord n’est pas absolu ».
Il n’y a pas de cas similaires pour PTQ :
(10)
– Là, voyez : le parallélisme avec le bord n’est pas absolu.
– Vous trouvez ?
– Puisque je vous le dis ! (ST, p. 34)
iv) Il est parfois possible d’insérer bien sûr / naturalmente devant PSQ ou PTQ.
C’est le cas pour (11), (12) et (13), mais pas pour (14) et (15) :
(11)
(12)
(13)
(14)
– Là, voyez : le parallélisme avec le bord n’est pas absolu.
– Vous trouvez ?
– (Bien sûr,) puisque je vous le dis ! (ST, p. 34)
De plus, le “cadeau” financier fait par l’entreprise n’en est pas vraiment un,
(bien sûr) puisqu’il est intégré dans le calcul des tarifs. Autrement dit, tous
les clients de Gaz de France mettent la main à la poche... (MD, août 2004)
Las posibilidades de estudiar música en los conservatorios se reducirán,
(naturalmente) puesto que el número de plazas va a disminuir drásticamente.
(CDE, AB)
Pouvez-vous, (??bien sûr) puisque vous montez, arroser les fleurs du palier ?
me dit-elle d’un ton exaspéré. (EH, p. 345)
de deux points au PSQ/PTQ ne serait pas admissible, d’autant plus que la relation a-b, à défaut de PSQ/PTQ,
n’a pas d’ordre argumentatif transparent.
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(15)
Era algo extraño en ella. Extraño que no le importara ofender así a los
madrileños por dar rienda suelta a una ambición puramente personal. ¡Era
tan generosa, tan sencilla, tan indiferente a las tentaciones de la grandeza!
Pero lo hizo. Como un desafío. Como si dijera al pueblo : (??naturalmente)
puesto que me queréis, demostradlo, soportad mi capricho. (CREA, VL)
v) Dans certains cas, la commutation avec étant donné que s’avère possible
(16). En espagnol, la commutation se produit avec dado que (17) :
(16)
(17)
De plus, le “cadeau” financier fait par l’entreprise n’en est pas vraiment un,
(puisque / étant donné que) il est intégré dans le calcul des tarifs. Autrement
dit, tous les clients de Gaz de France mettent la main à la poche... (MD, août
2004)
La materia y la antimateria se crearon en igual proporción al comienzo del
Universo. (Puesto que / Dado que) ambas formas se aniquilan entre sí al
ponerse en contacto, no debería “haber nada” en el Universo, pero ciertas
interacciones tienden a producir una insignificancia más de materia que de
antimateria. (CDE, AB)
Mais dans d’autres contextes c’est plutôt vu que et en vista de que qui remplacent
le mieux PSQ et PTQ respectivement :
(18)
(19)
Ho Chi Minh ne se gêne plus. “Le Vietnam est un”, dit-il, et Giap ajoute :
“Puisqu’ (vu qu’ / ?étant donné qu’) il est un, tout comme notre peuple,
les Vietnamiens ont le droit de se battre en n’importe quel endroit de leur
territoire”. (LM-JD, 25.01.1973)
Aurora: Y como el juez te acaba de decir que tu hija está limpia de responsabilidad, hay que sentirlo, sí, pero alegrarse mucho más.
Fabio: Puesto que (en vista de que / ?dado que) tienes entereza bastante
para hablar así, te diré que eso es exactamente lo que pienso. (CREA, DS)
Dans PSQ X, puisque commute en tout cas avec si :
(20)
– Là, voyez : le parallélisme avec le bord n’est pas absolu.
– Vous trouvez ?
– (Puisque / si) je vous le dis ! (ST, p. 34)
(vi) On remarque également un comportement hétérogène concernant la commutation avec donc en français des diverses occurrences de PSQ. Un phénomène
assez proche est observé en espagnol, quand on commute avec por lo tanto. Le
rapport de a/b(X) à a/b(Y) se traduit différemment selon les cas. Dans (21), b(X)
PSQ a(Y) commute avec a(Y) donc b(X).
(21) a. Ne nous emballons pas. Le communisme est ici, c’est certain, mais ne lui
donnons pas un sens à la légère. C’est sérieux, puisque c’est un mot. (SA,
p. 11)
b. [...] C’est un mot, donc c’est sérieux.
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Deux marqueurs en cause : ‘puisque’ et ‘puesto que’
Mais si l’énoncé adopte la forme PSQ a(X) b(Y), comme dans (22), la commutation est plutôt de forme a(X) donc b(Y).
(22) a. Puisque “d’ici à la fin du siècle le monde vivra certainement une période
d’énergie chère”, il faudra surveiller l’usage de l’énergie. (MD, mars 1978)
b. “D’ici à la fin du siècle le monde vivra certainement une période d’énergie
chère”, donc il faudra surveiller l’usage de l’énergie.
Enfin, si l’énoncé a la forme PSQ a,b(X), la commutation est avec b(X) donc a(X) :
(23) a. –Mais ce que je peux te dire, Marc, c’est que de onze heures un quart à deux
heures et demie, Alexandra n’a pas bougé de chez elle. Il n’y a eu aucun
bruit de porte ni de voiture [...]
– Tu affirmes que vers deux heures du matin, tu n’as absolument rien
entendu ? Chuchota-t-il.
– Puisque je te le dis ! Chuchota Juliette à son tour. Tu n’as aucun souci à te
faire. (DM, p. 196)
b. Je te le dis, donc je n’ai rien entendu
En espagnol, b(X) PTQ a(Y), par exemple dans l’énoncé (24), serait commutable
avec a(Y) por lo tanto b(X). Un énoncé PTQ a(X) b(Y), tel que (25), serait commutable, de son côté, avec a(X) por lo tanto b(Y) :
(24) a. En efecto, no se trata de un fratricidio, puesto que ningún parentesco nos liga
a la que usted cree trucidada [...] (CDE, DD)
b. Ningún parentesco nos liga a la que usted cree trucidada, por lo tanto no
se trata de un fratricidio.
(25) a. Y puesto que es el único elemento purificador, llevemos al fuego la herejía
para que Él la purifique reduciendo a cenizas lo que hiede. (CREA, TS)
b. Es el único elemento purificador, por lo tanto llevemos al fuego la herejía
para que Él la purifique reduciendo a cenizas lo que hiede.
(vii) Les possibilités de paraphrase diffèrent également : les énoncés de forme
b(X) PSQ a(Y), b(X) PTQ a(Y) admettent comme paraphrase « dire a(Y) c’est
dire pourquoi b(X) » / « decir a(Y) es decir por qué b(X) », ce que vérifient les
exemples (26) et (27) :
(26) a. « On est accaparé par énormément de tâches administratives, confie Mme
Jacqueline Briot. Bien sûr, elles sont indispensables puisqu’elles permettent
aux gens d’accéder à leurs droits ». (MD, juillet 2000)
b. Dire qu’elles permettent aux gens d’accéder à leurs droits c’est dire pourquoi elles sont indispensables.
(27) a. Las posibilidades de estudiar música en los conservatorios se reducirán,
puesto que el número de plazas va a disminuir drásticamente. (CDE, AB)
b. Decir que el número de plazas va a disminuir drásticamente es decir por
qué las posibilidades de estudiar música en los conservatorios se reducirán.
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De leur côté, les énoncés de la forme PSQ a(X) b(Y) et PTQ a(X) b(Y) admettent
plutôt la paraphrase « dire a(X) me fait dire b(Y) » et « decir a(X) me lleva a decir
b(Y) » respectivement :
(28) a. Je vais écrire un livre sur mes origines. Puisque vous me traitez comme un
môme, je vais essayer d’en redevenir un. (RF, p. 97)
b. Dire que vous me traitez comme un môme me fait dire que je vais essayer
d’en devenir un.
(29) a. En fin, puesto que creemos que algo de razón ha tenido el rechazo histórico
a la pintura académica del siglo XIX, pensamos que, para reivindicar este
período y hacérselo apreciar al público actual, se debe insistir sobre todo
en las facetas más vivas y espontáneas de este arte, dejando en un lógico
segundo plano, a pesar de su desmesurado tamaño, a muchos cuadros
aparatosos que [...]. (CDE, AB)
b. Decir que creemos que algo de razón ha tenido el rechazo histórico a la
pintura académica del siglo XIX me lleva a decir que, para [...], se debe
insistir sobre todo en las facetas más vivas y espontáneas de este arte [...].
Ceux qui présentent la forme PSQ a,b(X) admettent plutôt la paraphrase « je dis
a(X) et c’est pour cela que b(X) » :
(30) a. – Monsieur, puisque vous ne semblez pas l’avoir compris, je n’ai pas envie
de vous parler.
– Reconnaissez qu’il est plus facile de converser avec quelqu’un dont on
connaît le nom.
– Puisque je vous dis que je ne veux pas converser avec vous ! (CE, p. 11)
b. Je dis « je ne veux pas converser avec vous » et c’est pour cela que je ne
converse pas avec vous.
(viii) Les contextes présentent, par ailleurs, des propriétés particulières, qui
semblent apparaître de manière systématique :
– soit on trouve une relation d’opposition argumentative entre a/b(X) et le
co(n)texte précédent, tel que dans (31) où il y a opposition entre « sens à
la légère » et « sérieux » :
(31)
Ne nous emballons pas. Le communisme est ici, c’est certain, mais ne lui
donnons pas un sens à la légère. C’est sérieux, puisque c’est un mot. (SA,
p. 11)
Dans (32), « reanudar » s’oppose à « intensificar » :
(32)
He leído con satisfacción en la prensa que los compañeros del Partido Socialista Obrero Español afirman que están dispuestos a intensificar las negociaciones (aunque mejor sería reanudarlas, puesto que se habían suspendido).
(CREA, TR)
– soit on remarque le rattachement de l’énoncé à un discours préalable ou à
l’acte d’énonciation. Dans (33), on trouve la mention d’un discours préalable
lorsque Giap reprend l’expression « est un » du discours précédent de « il » :
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(33)
« Le Vietnam est un », dit-il, et Giap ajoute : « Puisqu’il est un, tout comme
notre peuple, les Vietnamiens ont le droit de se battre en n’importe quel
endroit de leur territoire ». (LM, janvier 1973)
Dans (34), le journaliste indique explicitement qu’il va reprendre un propos qu’il
a déjà tenu auparavant :
(34)
Más que enumerar sus virtudes, quiero señalar su falta de defectos. Lo cual
es más importante en un presidente de Colombia, porque lo que necesitamos
no es un salvador que nos resuelva los problemas, sino un funcionario
serio y capaz que no venga a añadir problemas a los que ya tenemos. Ya lo
decía en el mencionado artículo : puesto que no podemos evitar que haya
un presidente, como sería lo ideal, escojamos al candidato que sea menos
dañino. (CDE, SM)
Dans (35) et (36), on trouve une référence aux circonstances de l’acte d’énonciation :
(35)
(36)
Je vous signale, puisque vous n’avez pas le papier sous les yeux, que le
texte est émaillé de points de suspension. (PV, p. 120)
Y ahora, puesto que veo que no tiene la Divina comedia, deme cualquier
otra cosa, un Julio Verne por ejemplo. (CREA, SE)
– Enfin, dans (37), à la reprise d’un discours précédent « le », s’ajoute la mise en
doute de ce même discours : « vous trouvez ? » :
(37)
– Là, voyez : le parallélisme avec le bord n’est pas absolu.
– Vous trouvez ?
– Puisque je vous le dis ! (ST, p. 34)
(ix) La relation entre a/b(X) et a/b(Y) se présente différemment selon qu’elle
est : i) fondée sur la convocation d’un stéréotype ; ii) présentée comme admissible par la communauté, mais ayant pour source le locuteur ; iii) présentée
comme imposée par le locuteur à la communauté linguistique.
Dans les exemples (38) et (39) la relation b(X)-a(Y) constitue à chaque fois
une phrase stéréotypique : interdire est empêcher, obliger est forcer à faire ; les
hommes sont des personnes de sexe masculin :
(38)
(39)
Je ne peux pas vous empêcher de parler puisque ce n’est pas interdit. Vous ne
pouvez pas me forcer à répondre puisque ce n’est pas obligatoire. (CE, p. 12)
El hombre – puesto que de un individuo de sexo masculino se trataba – medía
1,60 metros de altura y tenía entre 35 y 40 años. (CREA, LV)
Par contre, l’exemple (40) présente la relation a(X)-b(Y) comme admissible, mais
on ne peut pas l’identifier à une phrase stéréotypique liée au lexique, puisque sa
validité reste liée explicitement à la situation d’énonciation :
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Les marqueurs du discours : approches contrastives
(40)
– Seule l’élite a le droit à l’énergie. [...] vous échoueriez aux trois grands
examens élitaires [...]
– Je m’en flatte.
– Réaction typique des ratés.
– Puisque je suis une ratée en 2580, soyez cohérent : renvoyez-moi en 1995.
(PL, p. 25)
la lecture étant « à notre époque, en 2580, les ratés sont exclus ».
Dans cet autre exemple en espagnol, sa validité est liée aux croyances du
locuteur :
(41)
Se ha puesto en alguna ocasión el ejemplo del tabaco y los fumadores. Un
país donde mucha gente fuma, produce y vende, probablemente, muchos
cigarrillos. Eso suma al PNB, naturalmente. Pero al mismo tiempo, por mor
de los cigarrillos, ese país produce también muchos enfermos de pulmón,
que deben ser tratados en los hospitales. ¿Creen que el gasto de hospital
debería restar? ¡En absoluto! También suma, también se considera riqueza,
puesto que es una inversión, es un servicio. (CREA, VN)
Contrairement à ce que l’idée d’une dépense nous suggère à tous, selon le
locuteur « les dépenses en matière de soins hospitaliers des fumeurs constituent
un investissement ».
Quant à (42), la relation a(X)-b(X) y est présentée comme imposée à la communauté linguistique, ce qui est d’ailleurs marqué par l’intonation exclamative :
(42)
– Ben c’est quoi qui te gêne ?
– Lui. Il est commissaire.
– Il l’est plus, Josette. C’est un monde qu’il faille que je te le redise cent fois.
[...]
– Attendez, commissaire, je prends de quoi noter.
Adamsberg entendit retentir dans le fond du couloir la voix forte de Clémentine.
– Puisque je te dis qu’il l’est plus, commissaire. (VN, p. 356)
L’interprétation qui s’impose c’est bien « je dis qu’il n’est pas commissaire et
c’est pour cela que tu ne dois pas l’appeler commissaire ».
(x) Dans une perspective polyphonique, il n’y a pas non plus d’homogénéité.
Faute d’espace, nous ne signalerons que quelques différences particulièrement
saillantes et de façon très simplifiée, concernant l’origine de a/b(X) ou de la
relation a/b(X)-a/b(Y) :
– dans (31), (38) ou (39), par exemple, L fait appel à un savoir collectif, partagé
par L et AL et attribué à un ON-L 13 , et constituant un déjà-dit pour la communauté (« les mots, c’est sérieux », « interdire est empêcher », « obliger est
forcer à faire », « les hommes sont des personnes de sexe masculin ») ;
13. Pour la notion de ON-locuteur (ON-L), se reporter à Anscombre (2005).
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Deux marqueurs en cause : ‘puisque’ et ‘puesto que’
– par contre, dans (33), (40) ou (15), par exemple, c’est la parole de quelqu’un de
différent de L (un ex-L ou AL) qui est reprise dans X et qui est présentée donc
comme un déjà-dit ne faisant pas l’objet de l’énonciation et partant incontestable : dans (33), Giap reprend l’expression « est un » du discours précédent
de « il » ; dans (40), un personnage reprend les mots de son interlocuteur
(« [votre] réaction [est] typique des ratés », « puisque je suis une ratée ») ;
dans (15), « ella » reprend un hypothétique discours précédent attribué au
peuple « la queremos », « puesto que me queréis » ;
– tandis que dans (37), (42) ou (34), par exemple, c’est la parole de L, faisant
l’objet d’une énonciation précédente, qui est reprise par lui-même : il s’agit
cette fois d’un ex-L dont l’identité en tant que « locuteur être du monde », λ,
coïncide avec L (« Puisque je vous le dis », « Puisque je te dis qu’il l’est plus »,
« Ya lo decía [yo] en el mencionado artículo: puesto que no podemos evitar »).
4. VERS QUELQUES CONCLUSIONS
Le fait que PSQ/PTQ présentent des propriétés linguistiques différentes dans
leurs diverses occurrences, nous a conduites vers la distinction de plusieurs
types de PSQ/PTQ, réunissant chacun une partie de ces propriétés. Mais on
a pu constater que la situation est légèrement différente pour PSQ et pour
PTQ. La différence la plus remarquable est le fait qu’en espagnol un locuteur
n’emploierait pas de façon naturelle PTQ pour réaffirmer b(X), comme dans (3)
ou (10) 14 .
La position relative des trois éléments intervenant dans l’énoncé, PSQ / PTQ,
a/b(X) et a/b(Y), (i) correspond à certaines propriétés linguistiques et en exclut
d’autres, tant formelles que sémantico-pragmatiques. Brièvement :
– b(X) PSQ a(Y) et b(X) PTQ a(Y) admettent la suppression du connecteur (ii) ;
admettent l’insertion de bien sûr / naturalmente (iv) ; commutent avec étant
donné que / dado que (v) ; commutent avec a(Y) donc b(X) / a(Y) por lo tanto b(X)
(vi) ; admettent la paraphrase « dire a(Y) c’est dire pourquoi b(X) » ou « decir
a(Y) es decir por qué b(X) » (vii) ; il y a une relation d’opposition argumentative
entre a/b(X) et le co(n)texte (viii) ; la relation b(X)-a(Y) constitue une phrase
stéréotypique (ix) ; L fait appel à un savoir collectif, partagé par L et AL, et
attribué donc à un ON-L (x).
– PSQ a(X) b(Y) et PTQ a(X) b(Y) n’admettent pas la suppression du connecteur
(ii) ; n’admettent pas l’insertion de bien sûr / naturalmente (iv) ; commutent
avec vu que / en vista de que (v) ; commutent avec a(X) donc b(Y) / a(X) por
lo tanto b(Y) (vi) ; admettent la paraphrase « dire a(X) me fait dire b(Y) » ou
14. Sans prétendre à l’exhaustivité, cette conclusion tirée de l’analyse de notre corpus est confirmée par une
recherche effectuée sur un dictionnaire de traduction français-espagnol consulté sur Internet (Larousse.com).
En voici les résultats obtenus pour la traduction de PSQ X : mais puisque je te dis que je ne veux pas ! ¡ya te
he dicho que no quiero! ; tu vas vraiment y aller ? [...] puisque je te le dis ! ¿de veras vas a ir? [...] ¡no te lo
estoy diciendo!
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Les marqueurs du discours : approches contrastives
« decir a(X) me lleva a decir b(Y) » (vii) ; il y a mention d’un discours préalable
ou référence aux circonstances de l’acte d’énonciation (viii) ; la validité de
la relation a(X)-b(Y) est liée à la situation d’énonciation (ix) ; d’un point de
vue polyphonique, c’est la parole d’un autre que L qui est reprise dans X (un
ex-L) et qui est donc présentée comme un déjà-dit ne faisant pas l’objet de
l’énonciation (x).
– PSQ a,b(X) ne permet pas d’éliminer le connecteur (ii) ; n’apparaît qu’en dialogue (iii) ; admet l’insertion de bien sûr (iv) ; commute avec si (v) ; commute
avec b(X) donc a(X) (vi) ; admet la paraphrase « je dis a(X) et c’est pour cela
que b(X) » (vii) ; il y a reprise d’un discours précédent et mise en doute de
ce même discours (viii) ; d’un point de vue polyphonique, il s’agit cette fois
d’un ex-L dont l’identité en tant que « locuteur être du monde », λ, coïncide
avec L (x).
Ceci nous permet de formuler l’hypothèse que l’entité lexicale puisque correspond à trois entités sémantiques, PSQ1 (b(X) PSQ a(Y)), PSQ2 (PSQ a(X) b(Y)) et
PSQ3 (PSQ a,b(X)) et l’entité lexicale PTQ avec deux entités sémantiques, PTQ1
(b(X) PTQ a(Y)) et PTQ2 (PTQ a(X) b(Y)).
Les trois entités sémantiques du français et les deux entités de l’espagnol
correspondent, d’ailleurs, à des gloses différentes, dont la formulation pourrait
être la suivante :
– b(X) PSQ/PTQ a(Y) : « On attendait autre chose que b(X) et je dis b(X), j’évoque
ensuite a(Y) et sa relation avec b(X) présentée comme préalablement admise,
ce qui fait de a(Y) une raison pour dire b(X) et pour faire admettre b(X) » ;
– PSQ/PTQ a(X) b(Y) : « a(X) est présenté comme admis et je dis que dire a(X)
m’autorise à dire b(Y) : à ce moment je dis b(Y) et b(Y) apparaît comme
incontestable » ;
– PSQ a,b(X) : « Je réaffirme sur un ton exclamatif a(X), qui a été mis en question
ou ignoré, et j’évoque b(X) – dire a(X) fait a(X) –, a(X) apparaissant ainsi comme
incontestable » ;
L’unité, dans une approche sémantico-pragmatique, serait établie par une
définition commune aux trois types de PSQ et aux deux types de PTQ, en tant
que marqueurs de stratégie : la stratégie instruite par PSQ / PTQ aurait pour
but d’imposer un point de vue en invoquant une relation sémantique présentée
comme préalablement admise par la communauté linguistique.
Il y aurait donc en français trois façons de réaliser cette stratégie et deux
façons en espagnol :
– PSQ1/PTQ1 : l’énoncé met l’accent sur l’énonciation de b(X) et L impose son
point de vue sous a(Y) en faisant appel à « une autorité », celle que confère le
stéréotype à la relation a(Y)-b(X) ;
– PSQ2/PTQ2 : l’énoncé met l’accent sur l’énonciation de b(Y) et L impose son
point de vue, sous b(Y), en le présentant comme partagé par la communauté
linguistique, la relation a(X)-b(Y) motivant l’énonciation de b(Y) ;
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Deux marqueurs en cause : ‘puisque’ et ‘puesto que’
– PSQ3 : l’énoncé met l’accent sur la relation a(X)-b(X) et L impose son point de
vue « par l’attitude », celle qui marque l’énonciation de a(X).
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