Master - Archive ouverte UNIGE

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Master
Des Suisses de l'étranger, des étrangers en Suisse...? Le cas de
quatorze Suisses d'origine bolivienne et argentine et leur insertion sur
le marché de l'emploi à Genève
SEGUEL EDUARDO, Daniella
Abstract
Les Suisses vivant à l’étranger forment ce qu’on appelle « la cinquième Suisse ». Parmi eux,
certains sont des binationaux qui n’ont jamais vécu en Suisse et qui ne parlent aucune des
langues nationales. Cependant, pour différentes raisons, ils décident parfois de « revenir » en
Suisse, bien qu’ils n’y maintiennent aucuns liens ni contacts. Ainsi commence pour eux «
l’aventure » de l’immigration : ils doivent apprendre une nouvelle langue, trouver un travail,
chercher un logement, poursuivre, voire recommencer leurs études, etc. Cette recherche se
focalise sur l’insertion de ces personnes sur le marché de l’emploi et cherche à mettre en
évidence les facteurs qui la favorisent. Des entretiens avec 14 binationaux originaires
d’Argentine ou de Bolivie, âgés d’au moins 45 ans et issus d’une immigration récente (moins
de dix ans), constituent le corpus de ce travail de mémoire qui contribue à la connaissance
empirique de cette thématique pour en avoir une meilleure compréhension.
Reference
SEGUEL EDUARDO, Daniella. Des Suisses de l’étranger, des étrangers en Suisse..? Le
cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine et leur insertion sur le
marché de l’emploi à Genève. Maîtrise : Univ. Genève, 2011
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:19238
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« Des Suisses de l’étranger, des étrangers en Suisse...?»
Le cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine et
leurinsertion sur le marché de l’emploi à Genève.
MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU/DE LA
MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION ORIENTATION FORMATION DES ADULTES
PAR
Daniella
Seguel
Eduardo
DIRECTEUR DU MEMOIRE
Christopher Parson
JURY
Jean-Michel Baudouin
Samra Tabbal Amella
GENEVE Novembre 2011
UNIVERSITE DE GENEVE
FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION
SECTION SCIENCES DE L'EDUCATION
RESUME
Les Suisses vivant à l’étranger forment ce qu’on appelle « la cinquième Suisse ». Parmi eux,
certains sont des binationaux qui n’ont jamais vécu en Suisse et qui ne parlent aucune des
langues nationales. Cependant, pour différentes raisons, ils décident parfois de « revenir »
en Suisse, bien qu’ils n’y maintiennent aucuns liens ni contacts. Ainsi commence pour eux «
l’aventure » de l’immigration : ils doivent apprendre une nouvelle langue, trouver un travail,
chercher un logement, poursuivre, voire recommencer leurs études, etc.
Cette recherche se focalise sur l’insertion de ces personnes sur le marché de l’emploi et
cherche à mettre en évidence les facteurs qui la favorisent. Des entretiens avec 14
binationaux originaires d’Argentine ou de Bolivie, âgés d’au moins 45 ans et issus d’une
immigration récente (moins de dix ans), constituent le corpus de ce travail de mémoire qui
contribue à la connaissance empirique de cette thématique pour en avoir une meilleure
compréhension.
UNIVERSITÉ DE GENÈVE
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation
Maîtrise universitaire en sciences de l’éducation Orientation formation des adultes (FA)
«Des Suisses de l’étranger, des étrangers en
Suisse...?»
Le cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine
et leur insertion sur le marché de l’emploi à Genève.
Mémoire de Maîtrise présenté par Daniella Seguel Eduardo
Novembre 2011
Membres du jury :
Christopher Parson, Directeur de mémoire
Jean-Michel Baudouin
Samra Tabbal Amella
TABLE DE MATIERES
Remerciements
Préface
Introduction
4
5
7
I CONTEXTE DE LA RECHERCHE
9
1. L’immigration à Genève
1.1 Brève histoire
2. La Cinquième Suisse
3. Obtention de la nationalité Suisse
3.1 Par filiation
3.2 Naturalisation
4. Politiques d’intégration dans le canton de Genève
4.1 Politiques d’intégration pour les Suisses de retour de l’étranger
4.2 Dispositifs d’insertion
4.3 Organismes gouvernementaux d’insertion et d’intégration
4.3.1 Hospice général
4.3.1.1 Le Revenu Minimum d’aide sociale (RMCAS)
4.3.2 Office cantonal de l'emploi (OCE)
4.3.2.1 L’assurance chômage et les Suisses de retour de l’étranger
4.3.2.2 Office régional de placement (ORP)
4.3.2.3 Mesures de marché du travail (MMT)
4.3.2.4 Les Mesures Cantonales pour de chômeurs en fin de droit avant 2008
4.3.2.5 Service des emplois de solidarité
4.3.2.6 Allocation de retour en emploi (ARE)
4.3.3 Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC)
5. Marché du travail
5.1 Chiffres du chômage
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II CADRE THEORIQUE
31
1. Intégration
1.2 Facteurs d’intégration
1.2.1 Connaissance de la langue d’accueil
1.2.2 La participation au marché du travail
1.2.3 Le réseau social et sentiment d’appartenance
2. Insertion
2.1 L’émergence de la notion d’insertion socioprofessionnelle en tant que
demande sociale
2.2 Critique de la notion d’insertion
2.3 Facteurs qui influent sur l’insertion socioprofessionnelle
2.3.1 Employabilité
31
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2
3. Précarité
3.1 Travail précaire
4. Exclusion
4.1 Emergence de la notion d’exclusion
4.2 Approche ethnographique
4.3 Approche anthropologique
4.4 Approche Historique
5. Identité
5.1 Stratégies identitaires
41
43
43
43
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45
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47
48
III QUESTION DE RECHERCHE
50
1. Questions de recherche
2. Hypothèses
50
51
IV METHODOLOGIE
51
1. Position épistémologique
2. Méthode de recherche: L’entretien
1. Guide d’entretien
3. Population
3.1 Les critères de sélection des participants
3.2 Composition de la population
52
52
53
54
54
54
V INTERPRETATION DE RESULTATS
56
1. Analyse des entretiens
1.1 Statut migratoire à leur arrivée
1.2. Organismes gouvernementaux consultés à leur arrivée
1.3 Mesure d’insertion suivie
1.5 Parcours professionnel: formations et travaux avant et après immigration
1.6 Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi
1.7 Facteurs favorisant l’accès à l’emploi
1.8 Stratégies déployées pour chercher un emploi
56
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68
VI CONCLUSIONS
69
Bibliographie
72
85
Annexes
3
Remerciements
Mes remerciements s'adressent d'abord à M. Christopher Parson, qui, en tant que directeur de
mémoire, s'est toujours montré à l'écoute et très disponible tout au long de la réalisation de ce
travail, ainsi que pour l'inspiration, les conseils et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et
sans qui ce mémoire n'aurait jamais vu le jour.
Mes remerciements s'adressent ensuite à tous les participants de cette recherche qui m’ont fait
confiance, m’ont raconté leur vécu migratoire et ont répondu à mes questions.
J’exprime ma gratitude à Flory Eduardo – ma mère – qui m’a aidé pour retranscrire les
entretiens. Je remercie également Malou, Laura, Anabella et Mathieu pour leur soutien et
leurs bons conseils.
Finalement, je tiens à remercier M. Jean-Michel Baudouin ainsi que Mme. Samra Tabbal
Amella pour avoir accepté de faire partie du jury de soutenance de ce mémoire.
4
Préface
Saviez vous qu’il existe une cinquième Suisse ? Saviez vous que celle-ci compte plus de
700’000 compatriotes de par le monde? En Amérique latine, ce nombre s’élève à 50 000. Que
font-ils si loin de leur terre, de leurs montagnes? Certes, il n’est pas lieu ici de retracer
l’histoire de ces migrations à travers le temps, mais peut-être cela situe-t-il quelque peu
l’intérêt que je porte à ce sujet. En effet, mon arrière grand-père a émigré en 1923 pour des
raisons professionnelles en Bolivie. Il s’est établi définitivement dans la ville de Cochabamba,
où il a fondé une famille. Il a obtenu de grandes reconnaissances professionnelles... En vous
baladant par là-bas vous visiterez peut être un parc et une rue à son nom, dans un des quartiers
de la ville...
Avec le temps, nos attaches familiales avec la Suisse se sont peu à peu effacées et, pour moi,
alors encore enfant, la Suisse ne représentait qu’un magazine mensuel publié par l’ambassade
et une invitation annuelle de cette dernière pour le premier août.
Cependant, pour différentes raisons, plusieurs membres de la famille ont décidé de revenir en
Suisse, bien qu’ils n’y aient plus de liens, de contacts et qu’ils ne parlent pas l’une des langues
nationales.
Malheureusement, mon arrière grand-père ne voulait pas parler allemand ou suisse allemand
avec les membres de sa famille. Étant donné que cette langue était mal vue à cause de la
deuxième guerre mondiale. Il parlait donc en espagnol...et nous, ses descendants, sommes
restés quelque peu frustrés de n’avoir pu apprendre au moins une des langues nationales du
pays... de ne pas pouvoir nous épanouir en parlant une langue qui est à la fois dans nos gènes
et en même temps loin de nos âmes.
A mon arrivée en Suisse, je pensais que le fait d’avoir un « passeport rouge à croix blanche »
me suffirait pour être traitée comme une « vraie » Suisse. Je pensais que j’aurais les mêmes
opportunités. Cependant, je me suis vite heurtée à l’apprentissage de la langue, à la nonreconnaissance de mon titre universitaire ainsi que de mon expérience professionnelle.
Il est vrai que j’ai reçu une aide de l’État, aide dont un immigrant sans passeport suisse
n’aurait pas pu bénéficier… mais les portes, les obstacles et les chemins que j’ai croisés sont,
je pense, à peu près les mêmes que n’importe quel immigrant latino-américain que je connais
ou dont j’en ai entendu parler.
J’ai immigré en Suisse quand j’avais 23 ans, à l’époque j’étais célibataire et sans enfants. Mon
âge et ma situation civile ont peut-être facilité la reprise de mes études, contrairement aux
autres personnes de mon entourage d’âge mûr avec une famille à charge. Lorsque j’ai
commencé à étudier, j’ai tout de suite ressenti que de nouvelles portes s’ouvraient...
Pendant plusieurs années, j’ai vu comment toutes les personnes de ma génération primoarrivantes suisses d’origine latino-américaine se construisaient un avenir professionnel malgré
5
les difficultés, tandis que la plupart des personnes plus âgées étaient dans un abîme de
souffrance identitaire et de dépendance vis-à-vis de l’État.
De temps en temps, je rencontrais ou j’entendais parler des Suisses primo-arrivants d’âge mûr
qui avaient réussi à trouver un emploi et à ne plus dépendre de l’aide financière de l’État. Je
me suis donc demandé pourquoi… Quelles sont les raisons pour lesquelles certains d’entre
eux parviennent à trouver un emploi et d’autre pas? De cette interrogation naît la
problématique de ce mémoire de Master.
L’objectif de cette recherche n’est pas d’établir des solutions concrètes aux problèmes
d’insertion professionnelle vécus par les participants, mais plutôt de contribuer à la
connaissance empirique de cette thématique pour en avoir une meilleure compréhension.
6
Introduction
Selon Bergier et Bourdon (2009) l’immigration constitue une transition qui mobilise la vie
globale d’une personne « dans un contexte de grande acculturation » (p. 49). La formation et
le travail apparaissent alors comme des moyens permettant de réaliser cette transition et de
réussir l’intégration.
Genève est connue pour sa diversité culturelle. D’ailleurs, en marchant à travers ses rues ou
en prenant les transports publics, nous pouvons bien souvent entendre plus de trois langues à
la fois. D’après l’OCSTAT (2007, Coup d’œil), cette diversité peut également être mise en
évidence par les prénoms portés par les habitants du canton de Genève. En effet, les prénoms
plus répandus parmi la population du canton sont José pour les hommes et Maria pour les
femmes.
En 2006, la population étrangère représentait 38,4 % de la population totale du canton de
Genève, soit 171 116 personnes, chiffre qui avait diminué par rapport à l’année précédente du
fait d’un nombre élevé de naturalisations1 (OCSTAT, 2007). « En additionnant les
binationaux suisses et les personnes de nationalité étrangère uniquement, plus de la moitié
(54 %) des habitants du canton de Genève en 2000 possédaient un passeport étranger »
(OCSTAT, 2006, para. 1). De tous les cantons suisses, Genève possède la plus grande
quantité d’étrangers et de binationaux (idem).
Parmi les binationaux, une partie a obtenu la nationalité suisse par filiation et l’autre part par
naturalisation facilitée ou ordinaire. Ainsi, certaines personnes possédant le « passeport
helvétique » n’ont jamais vécu en Suisse et ne parlent aucune des langues nationales. Ils ont
hérité du « passeport à croix blanche » de leurs ancêtres migrants grâce à la prédominance du
droit du sang (Bolzman, Carbajal & Mainardi, 2007). Par conséquent, leur conjoint et leurs
enfants possèdent également la nationalité suisse.
Selon Bolzman et al. (2007), l’immigration vers la confédération représente pour ce groupe de
binationaux « la découverte d’un nouveau pays, qui a la particularité d’être leur pays »
(p. 151). Cependant, même si, à leur arrivée, ils sont considérés comme des « Suisses de
retour de l’étranger » ou le deviennent très rapidement (dans le cas de conjoints des Suisses
ayant obtenu la nationalité par filiation), ils sont surtout des immigrants qui doivent faire face
à tous les défis que ce statut implique: apprendre la « langue d’insertion », chercher un
logement, trouver un travail, etc.
D’Aiuto (2008) affirme que le type de permis que les immigrants possèdent n’a pas
d’influence significative sur l’insertion professionnelle. Toutefois, selon les statistiques
présentées par cet auteur, la durée de leur séjour et leur âge pourraient constituer une
difficulté à l’heure actuelle pour trouver un emploi.
1
Il y a eu 6 300 changements d’origine pour l’année 2006.
7
Le fait que quelques binationaux primo-arrivants dotés des caractéristiques susmentionnées
réussissent à s’insérer sur le marché du travail m’a vivement interpellée. Ainsi, l’objectif de
ce mémoire est de mettre en évidence les facteurs qui favorisent l’insertion sur le marché de
l’emploi des binationaux originaires d’Argentine ou de Bolivie, âgés d’au moins 45 ans et
issus d’une immigration récente (moins de dix ans).
J’ai choisi de qualifier une immigration de « récente », lorsque la résidence sur le territoire
suisse date de moins de dix ans, suite à la lecture d’une recherche sous la direction de Bergier
et Bourdon (2009), réalisée dans le cadre d’un projet appelé « WALL » (Work and Lifelong
Learning) au Canada.
Pour mener à bien ce travail de recherche, 14 entretiens semi-directifs ont été effectués auprès
de sept personnes employées et de sept personnes non employées. Les participants sont tous
originaires d’Amérique latine (Argentine et Bolivie), résident à Genève depuis moins de dix
ans et sont âgés de plus de 45 ans.
Pour mieux comprendre cette problématique, j’ai organisé ce travail en six chapitres:
Le premier chapitre portera, d’une part, sur le contexte de la problématique liée au monde de
l’immigration, notamment celle d’Amérique latine, son historique en Suisse et les dispositifs
d’intégration et d’insertion existants, et d’autre part, sur l’état actuel du marché de l’emploi en
Suisse.
Dans le deuxième chapitre, seront abordés, de manière théorique, les sujets de l’intégration,
de l’insertion, de l’exclusion, de la précarité et de l’identité.
Dans le troisième chapitre, je présenterai la question et les sous-questions de la recherche
ainsi que les objectifs de travail.
J’aborderai, dans le quatrième chapitre, la méthodologie de recherche qui comporte ma
posture épistémologique, la méthode de recherche et la population concernée.
Le cinquième chapitre portera sur l’analyse effectuée à partir des 14 entretiens qui se sont
déroulés à Genève au cours de l’année 2010 et 2011. Cette partie se composera d’une analyse
descriptive des entretiens et d’une analyse compréhensive pour approfondir les données
récoltées.
Enfin, le sixième chapitre, ou conclusion, abordera les grandes lignes tirées de l’analyse avec
quelques pistes de réflexion.
8
I CONTEXTE DE LA RECHERCHE
1. L’immigration à Genève
L’immigration ainsi que l’émigration représentent les deux variantes du terme de migration,
qui peut être défini comme un processus par lequel un individu passe d’une zone
géographique à une autre. Ce changement peut répondre à une infinité de raisons, mais les
plus communes sont de types économique et social. En même temps, la migration a un certain
nombre de conséquences, y compris, bien sûr, économiques et sociales, dans le pays d’origine
ainsi que dans le pays d’accueil.
Le terme d’émigration concerne les personnes qui quittent un endroit tandis que le terme
d’immigration se réfère aux personnes qui arrivent dans un lieu. « Toutes les personnes nées à
l’étranger qui sont venues en Suisse, y compris celles avec un passeport suisse, sont donc
comptabilisées dans le groupe des immigrés » (Rausa-de Luca, 2005, p. 5). Cela concernerait
donc les participants de cette recherche.
Les statistiques (OCSTAT, 2011) révèlent, qu’en 2010, le canton de Genève comportait
463 919 résidents, dont 39,7 % étaient des étrangers2. Par ailleurs 21,4 % de la population
totale avait entre 45 et 60 ans, tranche d’âge correspondant à celle de tous les participants de
la recherche.
En ce qui concerne les binationaux, d’après le recensement de l’année 2000, ces derniers
représentaient 16,3 % de la population totale du canton. Parmi eux, les personnes dont la
deuxième nationalité était celle d’un pays d’Europe étaient largement majoritaires (82,3 %).
Les binationaux avec un passeport provenant d’Amérique latine représentaient 0,77 % de la
population (OCSTAT, 2005).
1.1 Brève histoire
La Suisse a été, de tout temps, un pays d’émigration et d’immigration. Piguet (2004) affirme
que l’histoire récente de l’immigration suisse peut être divisée en cinq phases. Après une
première période d’accueil aux étrangers (1948-1962), une deuxième période « caractérisée
par une xénophobie croissante au sein de la population emmène le gouvernement à essayer de
modifier sa politique migratoire concernant la main-d’œuvre, tout en appliquant une série de
mesures de plafonnement (1963-1973) » (p. 13). La crise pétrolière de 1973-1974 avec le
départ de dizaines de milliers d’étrangers qui perdent leur emploi et doivent quitter la Suisse
constitue la troisième période. « Au cours d’une quatrième période (1985-1992 environ),
2
La population étrangère […] comprend toute personne qui ne possède actuellement pas la nationalité suisse. Les termes
étrangers ou population étrangère ont une dimension politico-juridique et permettent une distinction en fonction de la
nationalité entre les personnes d’un pays de résidence, les « nationaux », et les personnes résidant dans ce même pays, mais
de nationalité différente, les « étrangers » (Rausa- de Luca, 2005, p. 6).
9
l’économie retrouve son rôle de principale force déterminant l’immigration et débute un
nouvel important afflux de main-d’œuvre » (idem).
C’est au cours de la troisième et quatrième période que la communauté d’Amérique latine
augmente en Suisse comme résultat de la combinaison de facteurs d’ordre historique,
politique, économique, culturel et démographique, notamment les facteurs d’expulsion et
d’émergence des réseaux sociaux en rapport avec les liens ancestraux (Bolzman, 2007).
Les divers contextes sociopolitiques et les motifs d’immigration conduisent, selon Piguet
(2009), « à une cinquième période d’incertitude, de conflits et de tentatives visant à une
reformulation complète de la politique d’immigration » (p. 11). Après « la mise en place de la
libre circulation entre la Suisse et l’Union européenne et d’une nouvelle loi sur l’immigration
en provenance du reste du monde (LEtr) le 1er janvier 2008, la Suisse est entrée dans une
nouvelle phase » (idem) et elle doit remplacer la loi actuelle sur le séjour et l’établissement
des étrangers qui date de 1931.
La nouvelle loi sur les étrangers entrée en vigueur le 1er janvier 2008 prévoit la réglementation
de l’admission et du séjour des ressortissants d’États non-membres de l’UE et de l’AELE, qui
ne relèvent pas du domaine de l’asile. Pour la première fois, les principes et les objectifs de
l’intégration des étrangers sont largement consacrés.
Avec cette nouvelle loi, un accès au marché du travail est limité pour les ressortissants des
pays non-membres de l’UE ou de l’AELE, et destiné aux personnes disposant de
qualifications professionnelles particulières. Les entreprises suisses peuvent ainsi obtenir –
principalement des pays de l’UE et de l’AELE – la main-d’œuvre dont elles ont besoin.
«Cette restriction aux spécialistes, pour le reste du monde, vise à éviter une augmentation du
chômage et une lourde charge pour les assurances sociales. La loi met à disposition des
responsables les mesures nécessaires pour améliorer l’intégration des étrangers».
(Confédération suisse, 2010, nouvelle loi sur les étrangers, para. 2).
Les modifications les plus importantes dans la nouvelle loi sont les suivantes :



Le système d’admission: tandis que la libre circulation des personnes entre les
pays membres de l’UE et la Suisse est appliquée depuis 2002 (période transitoire
jusqu’en 2014), l’admission des ressortissants des États non-membres de l’UE est
soumise à certaines restrictions.
L’intégration: [la loi] prévoit une amélioration de la situation des étrangers dont le
séjour est légal et durable. Les mesures visant à intégrer les étrangers sont
renforcées.
La protection de l’ordre public: [la loi] prévoit un durcissement des sanctions en
cas de criminalité et d’abus du droit des étrangers. Des mesures particulières sont
par exemple proposées pour combattre l’activité de passeurs, le travail au noir et
les mariages de complaisance (idem, para. 3).
10
Concernant le canton de Genève en particulier, l’immigration a toujours fait partie de son
histoire. D’après le Bureau de l’intégration des étrangers [BIE] (2003), « depuis quatre
siècles, le canton de Genève n’a jamais eu moins de 30% d’étrangers dans ses murs, sauf
entre les deux dernières guerres mondiales qui ont ravagé l’Europe » (p. 3). Ainsi, de 1814 à
1850, ils représentaient 20% à 30% de la population, de 1860 à 1914, 35% à 42%, de 1920 à
1945, environ 15%, en 1975, 34% et en 2000, 37,6% (Idem).
Le canton estime que l’intégration des étrangers est l’une de ses priorités. Celui-ci s’est
d’ailleurs doté d’une loi sur l’intégration des étrangers (LIE) depuis 2001. Cette dernière « a
pour but de favoriser des relations harmonieuses entre tous les habitants du canton de
Genève » (cité dans Türker 2007, p.3). D’après Türker, « elle ne donne pas à proprement
parler de définition de l’intégration, elle poursuit un objectif d’égalité, d’intégration et vise
donc à favoriser la participation des immigrés à tous les domaines de la vie publique » (p. 3).
1.1.1 La Cinquième Suisse
Les citoyens Suisses vivant à l’étranger constituent ce que nous appelons la « Cinquième
Suisse »3. Celle-ci est composée de trois groupes: les immigrants suisses ayant grandi en
contact avec la culture suisse, les descendants de Suisses immigrés et les conjoints de ces
derniers qui ont acquis la nationalité par naturalisation facilitée. Les participants de la
recherche correspondent aux deux derniers groupes ci-dessous. Ils n’ont jamais vécu en
Suisse et à leur arrivée ne parlaient aucune des quatre langues nationales.
À la fin du XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle, une grande part de la
population suisse a immigré dans d’autres pays, notamment pour des raisons socioéconomiques (Bolzman et al., 2007). Selon Carron (1986), entre 1857 et 1920, 34 000 Suisses
se sont installés dans diverses régions d’Amérique latine en particulier le Brésil, l’Uruguay,
l’Argentine et le Chili (dans Bolzman et al., 2007).
En 2011, d’après les statistiques mentionnées dans le site web du journal Le Matin, un Suisse
sur 10 habite à l’étranger, soit 695 101 citoyens. 70,8 % d’entre eux possèdent la double
nationalité. Depuis 1990, la communauté suisse à l’étranger à ainsi augmenté de 157 500
personnes. Actuellement, 60 % des immigrants Suisses, soit 367 000 personnes, vivent dans
les États de l’Union européenne. La majorité (163 000) habite en France, et, dans l’ordre
décroissant, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, en Espagne et en Autriche. Les États-Unis
comptent 71 000 Suisses et le Canada 36 000. Les autres destinations privilégiées sont
l’Australie, plusieurs pays d’Amérique latine et Israël (Soliday news center [SNC], s.d, dónde
vive la quinta Suiza ?).
D’après l’Office fédéral des migrations [ODM], environ 50 000 citoyens suisses résident en
Amérique latine, soit 10 % des Suisses de l’étranger. La plupart sont nés sur ce continent et
3
« Le terme 5ème Suisse fait référence aux quatre communautés linguistiques (germanophones, italophones, francophones et
romanches) qui vivent sur le territoire helvétique ». (Swissinfo.ch, 2001, para.1)
11
font partie de la deuxième ou troisième génération de migrants Suisses (dans Bolzman et al.,
2007, p. 151). Selon l’information trouvée sur le site web du Département fédéral des affaires
étrangères [DFAE] (2010), 14 315 binationaux résidaient en Argentine en 2010. En outre, 400
binationaux suisses-argentins sont retournés en Suisse au cours de l’année 2002.
(swissinfo.ch, 2002).
En Bolivie, l’immigration est beaucoup moins significative que dans les pays qui l’entourent.
D’après des discussions informelles avec le consulat suisse à Cochabamba, les premiers
Suisses seraient arrivés dans le pays entre l920 et 1930 dans la ville de Santa Cruz,
malheureusement il n’existait à cette époque aucune archive dénombrant le nombre de Suisses
vivant en Bolivie4. Par ailleurs, toujours selon le site web du DFAE, 621 binationaux
résidaient en Bolivie en 2010.
3. Obtention de la nationalité suisse
D’après l’Office fédéral des migrations [ODM] (2010), « quiconque obtient la nationalité
suisse bénéficie des mêmes droits qu’un citoyen suisse et est soumis aux mêmes obligations
(par ex. droit de vote et d’éligibilité, service militaire) » (Nationalité suisse, para.4).
Il existe trois manières d’acquérir la « nationalité helvétique »:
1. par filiation selon le droit du sang (« ius sanguinis »),
2. par naturalisation,
3. par adoption maternelle ou paternelle.
Tous les participants à cette recherche sont devenus Suisses dans le cadre de la législation qui
était en vigueur avant la révision de la loi de la nationalité suisse en 2006: soit par filiation ou
soit par naturalisation facilitée (dans le cas des conjoints des Suisses ayant obtenue la
nationalisation par filiation.
3.1 Par filiation
Pour ce qui est de l’acquisition de la nationalité suisse par filiation, la loi sur la nationalité
suisse stipule que :
1. Est Suisse dès sa naissance:
a. l’enfant de conjoints dont l’un au moins est Suisse;
b. l’enfant d’une citoyenne Suisse qui n’est pas mariée avec le père de cet
enfant.
4
Conversation téléphonique, 24 avril 2011.
12
2. L’enfant étranger mineur dont le père est Suisse mais n’est pas marié avec la mère
acquiert la nationalité suisse par l’établissement du rapport de filiation avec le père,
comme s’il l’avait acquise à la naissance.
3. Si l’enfant mineur qui acquiert la nationalité suisse en vertu de l’al. 2 a lui-même
des enfants, ceux-ci acquièrent également la nationalité suisse
(Confédération Suisse, 2011, Art.1)
3.2 Naturalisation
« Les naturalisations sont le seul facteur de croissance de la population suisse. Sans elles, les
Suisses seraient chaque année moins nombreux » (BIE, 2003, p.9).
Il existe deux types de naturalisation: ordinaire et facilitée. En 2010, 3 042 étrangers résidant
dans le canton de Genève ont acquis la nationalité suisse. 2 550 l’ont obtenue par
naturalisation ordinaire et 398 par naturalisation facilitée. Ces chiffres ont diminué par rapport
à l’année 2006 (6 489 acquisitions au total) (République et Canton de Genève, statistiques
cantonales).
Les « nouveaux Suisses de 2010 » sont principalement originaires de l’UE (idem). Par
ailleurs, selon les données recueillies auprès de l’Office cantonal de la population (voir
tableau n° 1 ci-dessous), il a été constaté qu’entre les années 2003 et 2010, 34 Boliviens et 52
Argentins ont obtenu le passeport suisse. Par contre, il n’est pas précisé le type de
naturalisation (cf. annexe 2).
Tableau n° 1
Naturalisations, Bolivie et Argentine 2003-2010
Année de
naturalisation
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Total
Bolivie
Argentine
2
3
4
11
3
4
4
3
34
11
6
9
9
5
7
4
1
52
Source : Information obtenue auprès de l’Office cantonal
de la population (2011)
13
Les conditions de la naturalisation ordinaire sont les suivantes :





Avoir résidé douze ans en Suisse (entre 10 et 20 ans, les années comptent double).
S’être intégré à la communauté suisse.
S’être accoutumé aux mœurs et aux usages suisses.
Se conformer à l’ordre juridique suisse.
Ne pas compromettre la sûreté intérieure ou extérieure de la Suisse.
(Portail Suisse, Naturalisations : informations, para.3)
Pour ce qui est des conditions de la naturalisation facilitée, peuvent en bénéficier « sous
certaines conditions légales, en particulier les conjoints étrangers de ressortissants suisses
ainsi que les enfants d’un parent suisse qui ne possèdent pas encore la nationalité suisse »
(Confédération Suisse, 2010, Naturalisation facilitée, para.2).
Les conjoints des Suisses, doivent, conformément à la législation en vigueur, afin d’obtenir la
naturalisation facilitée, remplir certaines conditions :
1. Article 27 LN
Le conjoint étranger d’un ressortissant suisse qui a résidé en Suisse pendant cinq ans
en tout, y réside depuis une année et vit depuis trois ans en communauté conjugale
avec un ressortissant suisse. Attention : le conjoint doit avoir été Suisse au moment du
mariage (idem).
2. Article 28 LN
Le conjoint étranger d’un ressortissant suisse qui a des liens étroits avec la Suisse et
vit depuis six ans au moins en communauté conjugale avec le ressortissant suisse. La
personne qui réside à l’étranger peut aussi déposer une demande (idem).
Deux participants de la recherche appartenaient à la catégorie des enfants ayant un parent
suisse, mais ne disposant pas de la nationalité suisse. À leur arrivée dans le pays, ils ont
acquis le « passeport helvétique » en vertu de l’Article 31 qui stipule :
1. L’enfant étranger qui n’a pu acquérir la nationalité suisse parce que l’un de ses
parents l’avait perdue avant sa naissance peut obtenir la naturalisation facilitée s’il
a des liens étroits avec la Suisse.
2. Il acquiert le droit de cité cantonal et communal que le parent ayant perdu la
nationalité suisse possédait en dernier lieu (Confédération Suisse, 2011, Art. 31b).
14
4. Politiques d’intégration dans le canton de Genève
C’est en 1986 que l’intégration de la population résidante étrangère a pour la première fois été
définie comme une tâche de la confédération dans la législation. Les politiques d’intégration
comportent un long processus qui concerne les immigrants; il s’agit de la politique d’aide,
d’accompagnement et d’initiation (ODM, 2006).
D’après l’ODM (2010), l’intégration des étrangers a pour objectif de « favoriser la
coexistence des populations suisses et étrangères, sur la base des valeurs fondamentales de la
Constitution fédérale, ainsi que le respect et la tolérance mutuels. Elle doit permettre aux
étrangers dont le séjour est légal et durable de participer à la vie économique, sociale et
culturelle » (ODM, 2010, intégration, para. 1-2).
Par ailleurs, l’ODM affirme que « l’intégration suppose, d’un côté, que les étrangers soient
disposés à s’intégrer, d’un autre côté, que la population suisse fasse preuve d’ouverture à leur
égard » (idem, para. 3). Puis, il ajoute « [qu’il] est indispensable que les étrangers se
familiarisent avec la société et le mode de vie en Suisse et, en particulier, qu’ils apprennent
une langue nationale » (idem). La langue occuperait donc une position centrale dans les
politiques d’intégration en Suisse.
La législation incite les structures existantes (au niveau de la confédération, des cantons et des
communes), telles que les écoles, les institutions de formation professionnelle, les entreprises
ou les institutions du système de santé publique, à appliquer des mesures d’intégration. Par
conséquent, l’accent est mis sur le renforcement de la collaboration dans les domaines de la
formation professionnelle, de l’assurance-chômage et du système de santé publique (ODM,
2010, Circulaire).
Selon Gessler (2006), depuis le 1er février 2006, communes et cantons sont dans l’obligation
de signaler « les offres d’encouragement à l’intégration aux étrangers (Art. 3a chap. 2 OIE) ou
de dispenser une information appropriée aux étrangers concernant les conditions de vie et de
travail et en particulier leurs droits et obligations (Art. 56 chap. 1-3 LEtr) » (les trois
principales nouveautés en lien avec l’intégration, para. 3).
Pour les ressortissants d’États-tiers conjoints des Suisses, le critère d’intégration ne joue pas
un rôle lors de l’octroi d’un permis L ou B, car ce dernier leur est attribué lors de leur
mariage.
4.1 Politiques d’intégration pour les Suisses de retour de l’étranger
Selon le Département fédéral des affaires étrangères (2009), chaque année, environ 30 000
Suisses reviennent de l’étranger.
Par Suisse de retour de l’étranger, il faut entendre les personnes de nationalité suisse,
ayant quitté le territoire national depuis plus de trois ans dans une zone non frontalière
15
(hors de la région française Rhône-Alpes). Il suffit qu’une personne du groupe familial
ait la nationalité suisse pour que tout le groupe familial soit considéré comme Suisse
de retour de l’étranger (Office du logement, 2003, para. 3).
Une fois en Suisse, ils doivent effectuer une série de démarches administratives, telles que,
annoncer leur présence à l’Office du contrôle des habitants, chercher un logement et un
emploi, s’assurer auprès d’une caisse maladie et auprès de l’assurance-chômage (sous
certaines conditions), adhérer à l’assurance-vieillesse et survivants (AVS), etc. (DFAE, 2009,
Retorno a Suiza.). En cas de difficultés financières, ils peuvent s’adresser aux services
sociaux cantonaux ou communaux (Confédération Suisse, 2005).
À leur retour en Suisse, les hommes n’ayant pas fait le service militaire à l’étranger y sont
astreints obligatoirement et doivent s’annoncer au chef de section auquel est liée leur
commune de résidence (idem).
En avril 1993, le département fédéral des affaires étrangères [DFAE] (2009) publie son Aidemémoire pour les Suisses de l’étranger, qui comporte un aperçu de leurs droits et de leurs
obligations et où sont mentionnés les problèmes qu’ils pourraient rencontrer et la manière
dont ils pourraient les résoudre. Le document est rédigé en français, en allemand et en italien,
restant de cette manière illisible par les Suisses ne sachant parler aucune des trois langues
susmentionnées.
Dans ledit aide-mémoire (2009), il est écrit que :
La réinsertion des Suisses de l’étranger peut s’avérer difficile. Des difficultés peuvent
tout particulièrement surgir si leurs contacts avec la Suisse sont inexistants ou très
vagues depuis des années, s’ils ne maîtrisent aucune des langues nationales, s’ils ne
possèdent aucune formation professionnelle ou aucune formation demandée, s’ils
connaissent des problèmes de santé ou ont déjà un âge avancé. Ces personnes ne
devraient donc pas abandonner de manière précipitée leur emploi à l’étranger. Nous
leur conseillons plutôt de profiter d’un séjour de vacances en Suisse pour évaluer les
possibilités qui s’offrent au niveau professionnel et prendre contact avec des
employeurs potentiels. Les offices régionaux de placement [ORP] et les associations
professionnelles sont les mieux à même de fournir des renseignements sur les
possibilités de travail dans une région donnée (p. 137).
Il me semble important de relever ici, et comme nous le verrons plus avant dans ce travail,
que la plupart des caractéristiques susmentionnées correspondent à celles des personnes
interviewées dans le cadre de cette recherche. Il faut aussi signaler que, même s’il existe des
mesures de prévention, ces dernières restent souvent incomprises et sans effet, dans la mesure
où les personnes concernées ne parlent pas la langue.
Par ailleurs, la loi fédérale sur le service de l’emploi et la location de services (LSE) stipule
entre autres que « l’Office fédéral des migrations [ODM] coordonne et encourage les efforts
16
des offices du travail tendant au placement des émigrés suisses rentrant au pays »
(Confédération Suisse. Art. 25 Placement intéressant l’étranger. Para. 2). Cependant, l’aide en
général reste focalisée sur les jeunes suisses de retour de l’étranger. En effet, sur le site
Internet de l’ODM apparaissent deux rubriques: l’une, intitulée « Revenir en Suisse »5, qui
comporte une sous-rubrique « l’Organisation de Suisses de l’étranger (OSE) », où tous les
services proposés sont destinés aux jeunes. L’autre, nommée « émigration et stagiaires », ne
s’adresse qu’aux personnes de moins de 35 ans.
D’après l’aide-mémoire (DFAE, 2009), cette section de l’ODM « transmet les candidatures de
Suisses en quête d’emploi aux autorités du marché du travail de la région dans laquelle ceuxci souhaitent s’établir. Ces autorités déterminent les possibilités d’emploi et aident au
placement. Dans le même temps, ces données sont introduites dans le système informatique
de placement PLASTA. Ainsi, la publication des candidatures dans le bulletin Suisses de
l’étranger en quête d’emploi, qui paraît tous les deux mois, est également assurée » (p. 137).
De plus, « le bulletin est envoyé à des entreprises, des associations patronales, des
associations de salariés et des agences de placement, soit au total quelque 400 destinataires »
(idem).
Dans la rubrique « Revenir en Suisse » de l’ODM, section « Recherche d’un emploi »6, il
existe un formulaire rédigé en français, italien et allemand, destiné aux Suisses de l’étranger
qui désirent revenir et qui sont en quête d’emploi. Comme nous pouvons le constater, il n’y a
pas une rubrique spéciale pour les Suisses primo-arrivants ne parlant aucune des langues
nationales.
Par ailleurs, lorsqu’un citoyen suisse, ayant séjourné au moins trois ans de manière
ininterrompue dans un autre pays, retourne en Suisse, la « Confédération prend en charge les
frais occasionnés par l’aide sociale durant les trois premiers mois qui suivent le retour »
(DFAE. 2009, p. 138).
Toute demande d’assistance de la part de la Confédération doit être déposée à la
représentation suisse compétente. « Celle-ci remet les formules adéquates. Elle examine la
requête et peut engager le requérant à fournir des preuves à l’appui de sa demande. Elle la
transmet ensuite, accompagnée d’un rapport et d’un préavis, à la section Aide sociale des
Suisses de l’étranger de l’Office fédéral de la justice à Berne. » (DFAE, 2009, p. 95).
Toujours d’après le DFAE (2009), les personnes ayant besoin d’une aide financière peuvent,
dès leur retour en Suisse, s’adresser aux autorités compétentes selon le droit cantonal. Pendant
les trois premiers mois, l’assistance fédérale mentionnée plus haut est également octroyée par
les cantons.
5
6
http://www.swissemigration.ch/themen/rueckwanderung/index.html?lang=fr
http://www.swissemigration.ch/themen/rueckwanderung/00048/index.html?lang=fr
17
La Confédération peut accorder ses prestations à condition que le bénéficiaire s’engage à
rembourser l’aide reçue selon un mode particulier ; qu’il renonce à toute prétention, ou qu’il
fournisse des garanties. Les prestations d’assistance doivent être remboursées lorsque
certaines conditions sont remplies. C’est le cas lorsque la personne assistée dispose de
moyens d’existence suffisants (DFAE, 2009).
4.2 Dispositifs d’insertion
Steiner et Stofer (2006) affirment que l’État a dû inventer de nouveaux dispositifs
d’intervention, face à l’émergence d’un nouveau profil de populations à prendre en charge et
du nouveau contexte économique. C’est ainsi qu’au début des années 1990 émergent les
politiques d’insertion. Ces dernières visent à résoudre ou à améliorer la problématique de
l’augmentation de la précarisation (Setiner & Stofer, 2006). « Elles incarnent théoriquement
le passage d’une prise en charge des bénéficiaires uniquement assistancielle, définie comme
passive, à une politique, décrite comme active, qui privilégie l’insertion de ces derniers. »
(p. 51).
Le concept d’insertion devient ainsi la source des politiques sociales de lutte contre la
pauvreté et de la prévention de l’exclusion. Le concept d’insertion est opérationnalisé par la
mise en place de mesures de réinsertion professionnelle et/ou sociale, intégrées à l’aide
sociale existante (Steiner & Stofer, 2006).
D’après la Haute école spécialisée de Suisse occidentale [HES.SO] (2009), parmi les
dispositifs d’insertion mis en place par les offices de l’emploi et les services sociaux, nous
pouvons trouver des « formations pour l’insertion, emplois temporaires, stages, placements,
coaching, contre-prestations, etc. ceux-ci ont pour mission de lutter contre l’accroissement du
nombre de demandeurs d’emploi et de bénéficiaires de l’aide sociale ou de l’AI. Elles
s’adressent particulièrement à des personnes en difficulté pour différentes raisons telles qu’un
manque de qualification, un parcours professionnel chaotique, une maîtrise limitée de la
langue et des codes de conduite locaux, des problèmes de santé ou un réseau social déficient »
(p. 2).
4.3 Organismes gouvernementaux d’insertion et d’intégration
À Genève, il existe plusieurs organismes d’insertion et d’intégration. Cependant, dans le cadre
de cette recherche seront pris en compte seulement les organismes gouvernementaux qui font
partie du parcours migratoire des participants de la recherche: l’Hospice général, l’Office
cantonal de l’emploi (OCE) et l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et
continue (OFPC).
18
4.3.1 Hospice général
À Genève, L’Hospice général est la première porte que franchissent les Suisses de retour au
pays. Cette institution est chargée de mettre en œuvre la politique sociale du canton de
Genève tout en prêtant ses services aux personnes en difficulté financières, aux requérants
d’asile, aux personnes qui atteignent la fin de droit et des indemnités de chômage, aux Suisses
de retour de l’étranger ainsi qu’aux personnes sans titre de séjour (Hospice général, 2011).
D’ailleurs, « Genève est le seul canton qui possède un service social spécifique qui vient en
aide aux Suisses de retour de l’étranger. Les autres cantons offrent un soutien dans le cadre de
leurs services sociaux destinés à l’ensemble de la population » (Bolzman, Carbajal &
Mainardi, 2007, p. 169).
D’après Bolzman et Musillo (1996, 1997, dans Bolzeman et al., 2007, p. 152), plus de 75 %
de Suisses primo-arrivants inscrits au programme d’aide aux Suisses de retour résidaient en
Amérique latine.
Le service destiné aux Suisses de retour de l’étranger comporte « des informations, un appui
financier selon les conditions de l’assistance genevoise, un accompagnement pour les
démarches, ainsi qu’une initiation à la vie civique et aux institutions suisses (assurances
sociales notamment). Les prestations d’assistance, qu’elles soient cantonales ou fédérales,
sont remboursables entièrement ou partiellement selon les circonstances » (Hospice général,
suisses de retour de l’étranger: prestations, para. 1).
Les Suisses de retour de l’étranger subissant des problèmes financiers y demandent un rendezvous pour être ensuite, quelques jours après, convoqués pour remplir une demande d’aide
avec un(e) secrétaire, qui leur explique les démarches à suivre: inscription au chômage,
assurance maladie, office de la population, etc., puis, le(a) secrétaire leur donne rendez-vous
une ou deux semaines plus tard, avec un(e) assistant(e) social(e).
L’assistant(e) social(e), à son tour, leur communique le montant de base qui leur sera attribué
(d’après un barème en relation à la taille de leur famille), et il (elle) fait le point par rapport au
logement et à d’autres démarches à faire.
Tout cela se passe avec l’aide d’un traducteur (en cas de besoin), soit un ami de la famille,
soit une personne engagée par l’Hospice général. À partir de ce rendez-vous, l’assistant(e)
social(e) devient la principale personne de référence pour la famille. C’est elle qui s’occupe
de centraliser tous les « revenus » du Suisse de retour (chômage, allocations familiales,
allocation de logement, etc.) et de lui verser le montant correspondant au barème de sa
famille.
19
4.3.1.1 Le Revenu minimum d’aide sociale (RMCAS)
Le RMCAS a été créé à Genève en 1995, sa mission est d’éviter que les personnes ayant
épuisé leurs indemnités de l’assurance-chômage ne recourent à l’assistance publique. En
mars 2011, le nombre de bénéficiaires atteignait 3737, dont 35 % étaient âgés de plus de 40
ans. (Hospice général. Aide social & RMCAS).
Selon l’Hospice général, chargé de sa gestion, le revenu comprend trois volets (Hospice
général. Le RMCAS en bref):



L’aide financière : l’aide financière comprend un minimum cantonal de Fr 1 311
par mois imposable et non exportable. Ce montant augmente en fonction du
nombre de personnes composant le groupe familial7. Il peut être complété par des
allocations complémentaires et/ou ponctuelles. Il est non cumulable avec des
prestations cantonales, fédérales et d’assistance.
L’activité de contre-prestation : en principe, le bénéficiaire s’engage à exercer une
activité compensatoire à temps partiel d’utilité sociale. La formation
professionnelle est assimilée à une contre-prestation. Un contrat est établi entre le
RMCAS et le bénéficiaire.
L’allocation d’insertion : un montant unique, complémentaire au revenu minimum
peut être accordé. Le montant varie entre Fr 1 000.- et Fr 10 000.- et il est destiné à
financer des projets réalistes et réalisables inscrits dans la durée (formation,
lancement d’une activité indépendante). Les demandes d’allocation d’insertion
sont examinées par une commission d’attribution composée de divers partenaires
sociaux.
En 2004, une évaluation du RMCAS, menée par Fluckiger et Vassiliev (2004), a mis en
évidence que l’affluence de personnes qui risquent de connaître des difficultés de réinsertion
dans le marché du travail en cas de chômage est en train d’augmenter à Genève, d’où la
nécessité de mettre en place « une politique visant à anticiper ces changements et à préparer le
personnel à ces mutations par le biais notamment de la formation continue » (p. 4).
Cette évaluation a également révélé qu’à l’exception du facteur de l’âge et celui de la
structure des activités économiques, les résultats pour l’année 2002 étaient significativement
similaires à ceux obtenus pour l’année 1995. Cette similitude dévoile, selon les auteurs, que
les raisons qui accroissent le risque de rester longtemps au chômage au point d’arriver au
terme des indemnités fédérales sont aujourd’hui identiques à celles qui apparaissaient déjà au
milieu des années 90. « Cette remarquable permanence est importante du point de vue de la
politique cantonale, car elle indique qu’il serait possible de mieux cibler les actions à
l’encontre de la population qui présente des risques plus élevés de se retrouver finalement à la
charge du RMCAS après avoir été victime d’une période de chômage » (p. 4). Cette
conclusion, selon Fluckiger et Vassiliev (2004) « ne fait que renforcer la nécessité de mettre
en place une politique de réinsertion axée sur les trajectoires individuelles plutôt que sur des
logiques institutionnelles qui se succèdent tout au long du cheminement menant du chômage
au RMCAS » (p. 4).
7
Deux personnes : CH. 1’914, trois personnes : CH. 2’465, quatre personnes : CH. 2’885. Au-delà: coefficient multiplicateur
de 0.30 par personne.
20
Fluckiger et Vassiliev (2004) constatent que, parmi les personnes qui bénéficient des
prestations du RMCAS, « il est deux à trois fois plus fréquent de trouver des individus qui
avaient travaillé dans l’administration publique » (p. 5). Les auteurs ajoutent que cette
situation peut s’expliquer « par le fait que les bénéficiaires du RMCAS ont transité par les
emplois temporaires avant d’être mis au bénéfice de cette prestation cantonale. Ce résultat
met en évidence l’échec de cette politique cantonale du point de vue de son efficacité à
réinsérer les personnes sur le marché du travail » (idem).
Par ailleurs, « En comparant la population bénéficiant d’une prestation du RMCAS avec celle
ayant obtenu une aide publique, il a été mis en évidence – à travers ladite évaluation – des
différences significatives entre les deux groupes, notamment en ce qui concerne l’âge, la
nationalité, les ressources et la raison de la demande » (idem). Fluckiger et Vassiliev (2004)
affirment que « les différences mises en évidence entre ces deux groupes de la population
pourraient être interprétées comme le signal de besoins différents en termes de prise en charge
par des dispositifs susceptibles de répondre au mieux à des attentes diverses » (p. 5).
Finalement, il a été constaté que les personnes bénéficiaires du RMCAS « sont plus
dépendantes que celles qui font partie du régime de l’assistance publique. Une nouvelle fois,
ce résultat n’est guère surprenant compte tenu du fait que les bénéficiaires du RMCAS se
trouvent souvent depuis cinq ans ou plus dans un système de prise en charge à l’échelle
fédérale ou cantonale, sans être parvenus à se réinsérer professionnellement » (idem, p.6).
En effet, après lecture de la Feuille d’avis officielle de la république et canton de Genève
(19.06.2009) le RMCAS aurait raté son objectif d’insertion professionnelle, tout en
contribuant à l’éloignement de ses bénéficiaires du marché du travail. « Il ne consacre pas
assez d’efforts à la réinsertion et maintient ses bénéficiaires dans la pauvreté par des
incitations financières contre-productives. Certaines personnes restent sans emploi, au
RMCAS, pendant plus de dix ans » (p.1).
À leur tour, Steiner et Stofer (2006) ont également effectué une évaluation, mais de
l’efficacité des mesures d’insertion du RMCAS. Leur but était de confronter les objectifs
visés par la politique d’insertion (contre-prestation, insertion sociale et/ou sociale) ainsi que
les dimensions qui les caractérisent (réciprocité, partenariat, responsabilité,
contractualisation), avec les représentations et les pratiques des bénéficiaires de l’aide sociale.
Lors de l’évaluation, les auteurs ont repris la définition traditionnelle de l’efficacité «qui
consiste à mesurer le rapport entre les objectifs assignés à une action publique et les résultats
effectivement obtenus» (p.53). D’après eux, l’objectif attribué aux mesures est différent selon
son genre: social ou professionnel. « Dans le premier cas, le but des mesures est de permettre
au bénéficiaire de développer son autonomie individuelle, de se reconstruire un réseau social
et de retrouver une utilité sociale. Dans le second cas, elles visent l’intégration dans le monde
du travail par le renforcement des compétences de l’usager grâce à la formation et/ou à
l’exercice d’une activité » (idem).
Par ailleurs, la mesure permet aux usagers « d’atténuer la représentation stigmatisante que
ceux-ci, et parfois eux-mêmes, ont des bénéficiaires inscrits à l’aide sociale/RMCAS comme
des personnes dépendantes de l’aide d’autrui, voire qui profitent de la collectivité » (idem.
p.54).
21
Les entretiens effectués dans le cadre de cette évaluation ont mis en évidence que
« l’efficacité de la mesure se situe essentiellement, du point de vue de ces acteurs, à un niveau
social. Leur évaluation de l’apport de la mesure en matière d’insertion professionnelle est plus
contrastée, notamment pour ce qui est de sa dimension qualifiante » (idem, p.55).
Selon Steiner et Stofer (2006), l’expérience qui peut être acquise dans le cadre d’une contreprestation, « est limitée en raison du principe de non-concurrence à l’économie privée auquel
sont soumis les programmes d’insertion. Le respect de ce principe empêche le développement
d’activités permettant à l’usager d’acquérir des compétences facilitant son retour à l’emploi »
(p.56).
Du point de vue social, les entretiens effectués par les auteurs ont dévoilé que la mesure a
permis aux usagers de « retrouver une estime d’eux-mêmes » (idem, p. 57), d’améliorer leur
partie psychique et émotionnelle et de se sentir utiles.
En ce qui concerne le côté professionnel, les mesures comportent davantage d’activités
manuelles. Quelques bénéficiaires souhaiteraient des activités relevant du secteur tertiaire,
« plus adaptées aux besoins et attentes des femmes et/ou des personnes au bénéfice d’une
formation supérieure » (idem, p. 56).
Pour ce qui est de la formation, les différentes lois sur l’aide sociale ne prévoient pas de
financement dans ce domaine. « Les seules possibilités de formation proposées au sein des
dispositifs se limitent à des cours. Ceux-ci sont considérés comme trop peu diversifiés par les
usagers, d’un niveau insuffisamment élevé pour répondre aux exigences des employeurs ou
encore sans rapport avec leur domaine professionnel initial » (idem).
En outre, Steiner et Stofer (2006) relèvent que « le manque d’efficacité professionnelle des
mesures a un rapport, d’une part, avec le manque de compétences spécifiques et d’autre part,
avec la disponibilité insuffisante de la part des assistants sociaux » (idem). Par ailleurs, cette
évaluation a aussi révélé que la mesure n’est toujours pas adaptée aux besoins des
bénéficiaires consultés lors de l’évaluation effectuée par ces auteurs.
4.3.2 Office cantonal de l’emploi (OCE)
La mission principale de l’Office cantonal de l’emploi (OCE) est de « réinsérer rapidement et
durablement les demandeurs d’emploi sur le marché du travail » (République et Canton de
Geneve.OCE. Mission).
Les objectifs de l’OCE sont les suivants :


Prévenir le chômage imminent et de lutter contre le chômage existant.
Soutenir les employeurs à la recherche de main-d’œuvre.
22



Fournir aux personnes assurées une compensation du manque à gagner causé
par le chômage, la réduction de l’horaire de travail, les intempéries,
l’insolvabilité de l’employeur.
Assurer le respect des procédures liées aux licenciements collectifs.
Protéger les travailleurs qui recourent au placement privé, au service public ou
à la location de services (idem).
Par ailleurs, toutes les activités de l’OCE sont encadrées par les lois suivantes: la loi fédérale
sur l’assurance-chômage obligatoire et l’indemnité en cas d’insolvabilité (LACI), la loi
fédérale sur le service de l’emploi et de la location de service (LSE), des ordonnances et
autres textes de loi en la matière, ainsi que la législation genevoise (idem).
En principe, toutes les personnes résidentes du canton qui sont en quête d’emploi peuvent
s’inscrire à l’OCE. Cependant, cela ne signifie pas qu’elles seront systématiquement
indemnisées. En effet, c’est aux caisses de chômage de décider en fonction du temps de
cotisations versées à l’assurance-chômage (idem).
4.3.2.1 L’assurance-chômage et les Suisses de retour de l’étranger
D’après l’Aide-mémoire pour les Suisses de retour de l’étranger (DFAE, 2009), les Suisses de
retour ayant travaillé dans un autre pays au moins douze mois durant les deux dernières
années, peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’indemnités de chômage, sans avoir
même versé de cotisations.
Si un Suisse revient en Suisse, après avoir suivi une formation professionnelle dans un pays
non-membre de l’UE/AELE pendant plus de douze mois, il sera également, à son retour,
couvert par l’assurance-chômage même sans avoir jamais payé de cotisations, à condition
qu’elle ait été domiciliée en Suisse pendant dix ans au moins. (Département fédéral de
l’économie DFE, 2011)
Si un Suisse a résidé dans un État de l’UE/AELE, il doit, en principe, faire valoir son droit à
l’assurance-chômage dans le pays où il a travaillé. Les prestations peuvent être exportées en
Suisse pendant trois mois maximum (idem).
Par conséquent, les Suisses primo-arrivants qui reviennent d’Amérique latine « ont le droit à
260 indemnités journalières au plus. Leur indemnité journalière s’élève à 80 % de leur gain
assuré, lequel est fixé d’après un montant forfaitaire. Ce forfait s’élève, selon leur âge et leur
formation, à 153, 127, 102 ou 40 francs par jour. Il est réduit de moitié s’ils sont libérés des
conditions relatives à la période de cotisation en raison de formation scolaire, de reconversion
professionnelle ou de perfectionnement ou encore à l’issue d’un apprentissage, sauf s’ils ont
plus de 25 ans ou un enfant à charge » (Département fédéral de l’économie DFE, 2011 p. 4).
23
Le montant plus élevé d’indemnités que touche quelques participants de la recherche ne
dépasse jamais le salaire minimum. Pourtant, c’est l’Hospice général qui leur verse la
différence (si elle existe) pour atteindre le montant du barème familial.
Dès lors, le « Suisse de retour » provenant d’Amérique latine est en contact avec un conseiller
du chômage et un(e) assistant(e) social(e). L’un se prononce par rapport à sa formation (cours
de langue) et ses recherches d’emploi et l’autre par rapport à son « revenu ».
4.3.2.2 Office régional de placement (ORP)
D’après le site web de la République et canton de Genève, l’Office régional de placement
(ORP) a pour objectif de « suivre chaque demandeur d’emploi dans le but de le soutenir et de
le conseiller dans sa recherche de travail et/ou sa réintégration professionnelle »8.
L’ORP est composé de six agences de placement, chacune compétente pour un secteur
d’activité professionnelle spécifique. Elles mettent en place et « contrôlent la bonne
application de la loi sur l’assurance-chômage obligatoire et l’indemnité en cas d’insolvabilité
(LACI) ainsi que la loi cantonale en matière de chômage »9.
L’ORP gère également les dossiers des personnes en fin de droit. Pour ces demandeurs
d’emploi, toutes les mesures d’intégration « professionnelle » proposées sont financées par le
canton. L’ORP propose également du personnel et des soutiens à l’embauche, notamment
financiers, aux employeurs qui souhaitent recruter10.
4.3.2.3 Mesures du marché du travail (MMT)
D’après la loi fédérale et la loi cantonale genevoise (2011), il existe trois types de mesures: les
mesures de formation, les mesures d’emploi et les mesures spécifiques11.
Selon l’OCSTAT (2011), les mesures cantonales regroupent les allocations de retour à
l’emploi (ARE), les programmes cantonaux d’emploi et de formation (PCEF) et les emplois
de solidarité (p. 4). En mars 2011, 771 personnes bénéficiaient de ces mesures, soit 5,3 % de
la population des demandeurs d’emploi (14 502).
Les mesures de formation sont constituées de cours collectifs et individuels (reconversion,
perfectionnement, intégration), de stages de formation et d’entreprises de pratique
commerciale (Guide des droits et devoirs du chômeur, 2011).
8
République et canton de Genève, OCE, services, ORP, para.1. Consulté le 20 novembre 2010 dans
http://www.ge.ch/oce/services.asp#2
9
Idem
10
Idem
11
Guide des droits et devoirs du chômeur, d’après la loi fédéral et la loi cantonale genevoise. 2011. Mesures de marché du
travail (chapitre 8-2, para.1). Genève :IES. Consulté le 30 mai dans
http://www.guidechomage.ch/guide.asp?NoChapitre=8&NoPage=242&Liste=0&annexe=0#top
24
Les mesures d’emploi, quant à elles, englobent les programmes d’emploi temporaire fédéral
ou individuel, les semestres de motivation et les stages professionnels (idem).
Enfin, les mesures spécifiques impliquent les allocations d’initiation au travail (AIT), les
allocations de formation (AFO)12, les contributions aux frais de déplacement quotidien et aux
frais de déplacement et de séjour hebdomadaires, le soutien à une activité indépendante, les
stages d’essai et les tests d’aptitude professionnelle (idem).
Pour l’OCE13, ces mesures sont censées améliorer « l’aptitude au placement des demandeurs
d’emploi afin de leur permettre d’intégrer le marché du travail aussi rapidement et
durablement que possible » (para. 1). À l’OCE, le Service des mesures pour l’emploi a la
responsabilité de développer, d’appliquer et de gérer ces mesures, « en assurant en
permanence l’adéquation entre l’offre et la demande » (idem).
Par ailleurs, ledit service comporte une Unité d’analyse des besoins du marché du travail dont
la mission est « d’effectuer la recherche et l’analyse des données relatives au marché du
travail. C’est précisément sur la base de ce travail que, en complément aux demandes
exprimées par l’Office régional de placement (ORP), le Service des mesures pour l’emploi
anticipe les besoins du marché et met en place les mesures d’insertion qui s’imposent »
(République et Canton de Genève, OCE, service des mesures pour l’emploi, para.2).
4.3.2.4 Les mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008
D’après le Guide des droits et devoir des chômeurs (2011), les mesures cantonales ont pour
objectif de « renforcer les compétences des chômeurs » (chap. 7, buts poursuivis par la loi).
À chaque révision de l’assurance-chômage, les mesures cantonales ont dû être renégociées, de
telle sorte qu’aujourd’hui il existe un programme d’emploi et de formation fédéral comportant
l’emploi temporaire fédéral (PETF) ou individuel (ETFI) d’une durée de six mois. D’ailleurs,
doivent être attribués au plus tard le deuxième mois suivant l’inscription au chômage.
Cependant, le programme d’emploi et de formation fédéral peut être prolongé par un
programme cantonal d’emploi et de formation (PCEF) (Guide des droits et devoir des
chômeurs, 2011, Chap. 7), plus connu sous le nom de programme d’emplois de solidarité sur
le marché complémentaire de l’emploi.
Selon Lavanchy (2002), dès la première révision de la loi en 1983 sur l’assurance-chômage,
« le Canton de Genève, sous pression des syndicats, a institué des occupations temporaires
dans le secteur public ou subventionné octroyant aux demandeurs d’emploi en fin de droit un
travail salarié permettant de recourir une nouvelle fois aux indemnités fédérales » (p. 20).
12
La mesure ARE correspond à cette catégorie
République et Canton de Genève .OCE, services des emplois solidarité. Consulté le 10 mai 2011 dans
http://www.ge.ch/oce/services.asp#7
13
25
Ainsi, la loi cantonale en vigueur avant 2008 prévoyait trois mesures, dont ont notamment
bénéficié quelques-uns des participants de la recherche:



Un emploi temporaire dans le secteur public ou subventionné de 12 mois pour les
chômeurs en fin de droit et de 6 mois pour les personnes à la recherche d’un emploi
après avoir exercé une activité indépendante.
Une allocation de retour à l’emploi visant à encourager financièrement les entreprises
à mettre des places de travail à disposition des chômeurs en fin de droit.
Un stage professionnel de réinsertion du jeune chômeur âgé de moins de 25 ans d’au
minimum 12 mois lui permettant d’acquérir des compétences professionnelles tout en
recevant un salaire soumis à cotisation. Au terme du contrat de travail, le jeune
chômeur, s’il n’a pas trouvé d’emploi, bénéficie d’un nouveau droit aux prestations
fédérales (Lavanchy, 2002, p.20).
4.3.2.5 Service des emplois de solidarité
Le service des emplois de solidarité (SEdS) a été créé dans le cadre de la loi cantonale en
matière de chômage entrée en vigueur le 1er février 2008. Ce service a pour objectif de
favoriser l’intégration professionnelle des demandeurs d’emploi en fin de droit se trouvant en
difficulté sur le marché de l’emploi14.
Le SEdS crée des emplois de solidarité avec la coopération d’organisations d’intérêt collectif,
« sans but lucratif et déployant des activités sur le marché complémentaire de l'emploi »15. Il
s’agit des « véritables emplois sur le marché complémentaire de l’emploi qui ne concurrent
pas avec les emplois du marché principal » (Département de la solidarité de l’emploi et OCE,
2011. p.2). Par ailleurs, ils font l’objet de contrats à durée indéterminée (CDI), octroient des
salaires soumis aux cotisations sociales et sont cofinancés par l’État. Ils sont censés servir
« de tremplin vers le marché principal de l’emploi » (idem).
Ce service est destiné aux demandeurs d’emploi en fin de droit dont les chances d’insertion
sur le marché ordinaire de l’emploi sont réduites, notamment en raison:





De l’âge (55 ans et plus).
D’un manque de formation (ex. n’ayant pas achevé sa scolarité obligatoire et/ou une
formation professionnelle reconnue en Suisse).
D’un parcours professionnel fractionné, peu qualifiant.
D’une maîtrise problématique du français.
De la situation personnelle et familiale (ex. vivant seul-e ou chef-fe de famille
monoparentale) (Département de la solidarité de l’emploi & OCE, 2011, p.5).
14
République et Canton de Genève .Office Cantonal de l’emploi, services : service des emplois de solidarité. Consulté le 10
mai dans
http://www.ge.ch/oce/services.asp#7
15
Idem
26
Ces postes sont dans les secteurs du secrétariat, de la petite comptabilité, de la réception, de la
recherche de fonds, de l’informatique, de la restauration, de la livraison, de la conduite de
véhicules, de la manutention, du tri de vêtements et d’autres activités de recyclage, de la garde
d’enfants, de la conciergerie, du gardiennage, etc. Le salaire (brut) est compris entre 3 225 et
4 225.- CHF par mois (en raison de 40 heures par semaine).
Les SEdS collaborent avec diverses organisations, dont les plus récentes sont : « Mary
Poppins (garde d’enfants à domicile), Chaperon Rouge (garde d’enfants mais également
missions seniors), Fondation Agir (transport pour les personnes sous dialyse), Caddie Service
(livraison à domicile et vélo électrique de courses, en partenariat avec des centres
commerciaux du canton). »16
4.3.2.6 Allocation de retour à l’emploi (ARE)
L’Allocation de retour à l’emploi est une prestation cantonale mise en place en 199717.
« Depuis l’entrée en vigueur le 1er février 2008 de la nouvelle loi cantonale en matière de
chômage, l’ARE a été améliorée pour inciter les entreprises à engager des demandeurs
d’emploi en fin de droit ». En effet, elle a déjà montré son efficacité, car grâce à l’ARE, 70 %
des personnes en ayant bénéficié ont pu réintégrer le marché du travail18.
L’ARE est appliqué quand une personne en fin de droit est engagée par une entreprise en
contrat à durée indéterminée (CDI). Dans ce cas, l’État finance une partie du salaire. Sa
participation « s’élève en moyenne à 50 % du salaire brut tout en le versant de manière
dégressive pendant 12 mois maximum (pour les moins de 55 ans) et 24 mois (pour les 55 ans
et plus) »19.
« Cette prestation fonctionne sur le même principe que l’allocation d’initiation au travail
(AIT) prévue par la loi sur l’assurance-chômage (LACI) et octroyée aux demandeurs
d’emploi qui sont dans leur période d’indemnisation »20. Si une personne a bénéficié d’une
AIT, elle ne peut pas bénéficier d’une ARE.
4.3.3 Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue
L’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) a pour mission
d’aider, conseiller et informer (sans besoin de rendez-vous) de façon adaptée, les jeunes et les
adultes désirant concevoir et réaliser leur projet scolaire ou professionnel21.
16
Idem
République et Canton de Genève. Recherche d'emploi : fin de droit, allocation de retour à l’emploi. Consulté le 30 avril
2011 dans
http://www.geneve.ch/emploi-recherche/fin_droit.asp
18
Idem
19
Idem
20
Idem
21
République et Canton de Genève. Office pour l'orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC). Consulté le 2
mai dans
17
27
L’OFPC est chargé de la mise en place des lois cantonales et fédérales sur la formation
professionnelle ainsi que sur l’information et l’orientation scolaire et professionnelle 22. Par
ailleurs, les prestations sont gratuites et sont organisées en quatre volets: formation et
orientation, formation professionnelle, formation continue et aide financière23.
Il n’y a pas de service spécial pour les Suisses de retour de l’étranger. Cependant, il existe un
service pour les femmes migrantes qualifiées ou non qualifiées, qui viennent d’arriver à
Genève (OFPC, 2009, Guide pratique pour les femmes migrantes en recherche d’emploi). Ce
service a pour objectif de donner des informations de base dans le domaine du travail. Il est
censé leur faciliter la recherche d’un travail en leur donnant des informations simples sur les
institutions clés, qui pourront les aider, les orienter et les conseiller (idem).
5. Marché de l’emploi
D’après Ouali et Rea (1995), les changements structuraux du marché du travail émergés
depuis les années 1970, comme la « diminution de l’emploi ouvrier, [la] création d’une maind’œuvre immigrée induite, [la] précarisation des emplois, [la] segmentation du marché du
travail, [la] flexibilisation de la main-d’œuvre » (p. 4) ont causé, d’une part, « une
augmentation massive du chômage dans certains secteurs de production » (idem) et, d’autre
part, « une précarisation de modes d’entrée sur le marché du travail » (idem).
Par ailleurs, « la restructuration de l’emploi s’accompagne d’un renforcement de certains
mécanismes sélectifs dont certains touchent spécifiquement les immigrés, les jeunes et les
femmes » (idem).
Concernant les caractéristiques socioprofessionnelles, il existe des différences entre les
Suisses et les étrangers. Ainsi, Deutsch, Flückiger et Silber (2005) ont constaté, d’après le
recensement de 2000, « que la ségrégation par nationalité en Suisse selon la profession
exercée était la plus élevée dans le canton de Genève. Cela signifie que la population active
d’origine étrangère exerce des professions différentes de celles occupées par les Suisses, ce
qui témoigne d’une évidente complémentarité entre les deux groupes de population » (dans
d’Aiuto 2008, p. 23). Cependant, d’Aiuto affirme que les caractéristiques des migrants sont
susceptibles de se modifier rapidement. Tout dépend s’il s’agit de nouveaux ou d’anciens
migrants.
Selon d’Aiuto (2008), les données sur le statut d’activité en 2006 montrent « que les
ressortissants des États tiers ne sont pas aussi bien “intégrés” sur le marché du travail
genevois » (p. 26). D’ailleurs, Haug et Wanner (2005) ont fait une étude qui révèle « une
faible participation professionnelle des migrantes originaires de pays n’appartenant pas à
l’UE : les caractéristiques du séjour, l’intégration des femmes, la distribution des rôles au sein
http://www.geneve.ch/ofpc/
22
Idem
23
Idem
28
du couple et la discrimination sur le marché du travail vis-à-vis de différentes nationalités
peuvent expliquer les différences observées (dans d’Aiuto 2008, p. 26).
En outre, quelle que soit l’origine, l’effet de l’âge montre que les personnes âgées de 15 à 19
ans et de 50 à 64 ans, sont moins actives que celles âgées de 30 à 39 ans. Par ailleurs, la
tranche d’âge des 40-49 ans « montre une différence selon l’origine : par rapport à la modalité
de référence, les Suisses ont plus de chance d’être actifs que les étrangers (ou suisses de
retour) (d’Aiuto, 2008, p. 39). « Les personnes originaires des États tiers ont un risque plus
élevé d’être sans emploi. » (idem, p. 37).
D’Aiuto (2008) déclare que « les formations acquises à l’étranger sont moins bien valorisées
que celles obtenues en Suisse » (p. 40). La formation achevée a plus d’influence sur les
suisses que les étrangers. Cela montre « le caractère non parfaitement transférable du capital
humain lorsque la formation est, au moins en partie, acquise à l’étranger » (Haug, Wanner,
2005, dans D’Aiuto, 2008 p. 40). D’ailleurs, selon le Fonds National Suisse (2003), le
rendement de la formation acquise avant l’immigration est deux fois plus faible pour la maind’œuvre provenant d’autres pays. « Ces disparités reflètent des différences de qualité et de
compatibilité des formations acquises à l’étranger par rapport au marché du travail helvétique.
Cela démontre en tous les cas que le capital humain n’est pas parfaitement transférable d’un
pays à l’autre et que la distance culturelle constitue un obstacle à la reconnaissance des titres
acquis dans le pays d’origine. » (Idem, p.5). Ainsi, « la formation en Suisse est mieux
valorisée que la formation suivie dans le pays d’origine, ce qui démontre que la politique
d’intégration de la population étrangère devrait se concentrer sur la formation des immigrants
délivrée en Suisse » (Idem).
Pour d’Aiuto (2008), le type de permis n’a pas eu d’influence significative sur l’insertion
professionnelle. Il semble que les titulaires de permis d’établissement (permis C) seraient
favorisés par rapport aux porteurs d’autres permis. Cependant, « les détenteurs d’un autre
permis semblent bénéficier des mêmes conditions que les détenteurs de permis C » (p. 40).
Par ailleurs, les statistiques montrent une « faible participation professionnelle des migrants
récentes [et que] les ressortissants des États tiers ont un risque plus important d’être inactifs,
au chômage et en sous-emploi par rapport aux Suisses » (idem).
5.1 Chiffres du chômage
En ce qui concerne la tranche d’âge des personnes recensées en 2000, Johanne et Dethurens
(2003) dévoilent, en se référant aux données fournies par l’OFS, que les personnes provenant
d’Amérique latine, se situent principalement dans la tranche d’âge des 20-39 ans. La majorité
des personnes présentes travaillent en Suisse en tant que cadre intermédiaire (1803), employé
(1983), ouvrier qualifié (629), enfin et spécialement en tant qu’ouvrier non qualifié (3 412).
D’après d’Aiuto (2008), le nombre d’étrangers actifs, entre 30 et 39 ans, s’approche de celui
des Suisses (en particulier pour les hommes). Ce n’est plus « le cas après 40 ans, où la
29
proportion d’étrangers parmi les actifs diminue » (p. 20). D’ailleurs, selon Poli, Lefrançois et
Caradec (2009), « l’idée selon laquelle l’âge peut constituer un critère de discrimination ainsi
qu’une dimension de la “diversité” est assez récente » (para.1). Ainsi, l’âge s’avère une vraie
difficulté à l’heure actuelle pour trouver un emploi. Par conséquent, les migrants âgés de 40
ans auraient une double difficulté pour se réinsérer sur le marché de travail : leur temps de
séjour et leur âge.
En mai 2011, le taux de chômage à Genève était de 5,4 % (2,9 % au niveau national) et le
nombre de chômeurs (y compris les chômeurs en fin de droit) s’élève à 13 163. Si nous
élargissons ce nombre en prenant en compte l’effectif des demandeurs d’emploi24, il s’élève à
18 226. (République et canton de Genève, 08.06.2011, p. 1)
Il est à relever que ces données reflètent une forte baisse par rapport à l’année précédente en
raison, en partie, de l’instauration de la révision de la Loi sur l’assurance chômage entrée en
vigueur en avril 2011, provoquant un nombre élevé de désinscriptions et une diminution des
inscriptions au chômage. En effet, « en comparaison annuelle (mai 2010 - mai 2011),
l’effectif des chômeurs a diminué de 16,3 % à Genève (diminution de 24,1 % au plan suisse),
et celui des demandeurs d’emploi de 16,1 % (diminution de 20,5 % au plan suisse) » (idem).
Ainsi, durant le mois de mai 2011, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a
baissé de 10,6 %, celui des 25-49 ans de 4,8 % et celui des 50 ans et plus de 3,8 %25. Par
conséquent, la diminution du nombre des chômeurs a un lien étroit avec l’âge.
De plus, le nombre de chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus d’un an), dont la part
correspond actuellement à 33,2 % du nombre total de chômeurs, a diminué de 8,8 % en
mai 201126.
Il est encore à signaler que dans le contexte genevois, parmi les étrangers au chômage, les
plus touchés sont ceux dits « à statut précaire », les résidents détenteurs d’un permis
d’établissement renouvelable à l’année : permis B (30,7 %) et les bénéficiaires d’une
admission provisoire : permis F et L (7,4 %)27. Les participants de cette recherche
appartiendraient dans leur majorité au publique en situation précaire.
24
Sont considérées comme telles « toutes les personnes inscrites déclarées comme étant à la recherche d’un emploi, c’est-àdire les chômeurs et les demandeurs d’emploi non-chômeurs. Les chômeurs sont des personnes à la recherche d’un emploi et
disponibles immédiatement. La catégorie des non-chômeurs comprend les personnes en gain intermédiaire ou en formation,
occupées à plein temps ou à temps partiel, celles qui ne peuvent être placées dans un délai de 30 jours pour cause de maladie,
maternité, accident ou service militaire, et enfin les personnes au bénéfice du RMCAS (Revenu minimum cantonal d’aide
sociale) ou d’une mesure cantonale ». (République et Canton de Genève. Demandeurs d’emploi inscrits. Consulté le 2 mai
dans
http://www.ge.ch/oce/glossaire.asp#3
25
République et canton de Genève. (08.06.2011). Communiqué statistique de l’office cantonal de l’emploi: Baisse
importante du chômage à Genève et en Suisse en mai 2011. p.1.
26
Idem
27
Mondial Contact, Cultures et Citoyenneté. 2000. Rapport pour une politique d’intégration dans le canton de Genève. p.54.
Consulté le 30 mai 2011 dans
http://www.geneve.ch/integration/doc/liens/rapport-politique-integration.pdf
30
Johanne et Dethurens constatent aussi qu’en 2003, les personnes provenant d’Amérique latine
se situent principalement dans la tranche d’âge des 20-39 ans. La majorité de ces personnes
travaillent en Suisse en tant que cadre intérimaire (1 803), employé (1 983), ouvrier qualifié
(629), enfin et surtout en tant qu’ouvrier non qualifié (3 412). En articulant ces données avec
le profil des personnes interviewées dans ce travail de mémoire, nous pouvons constater
qu’elles se situent plutôt dans les catégories « employé » et « ouvrier non qualifié ».
II CADRE THÉORIQUE
1. Intégration
Avant d’aborder la notion d’insertion, nous allons nous interroger sur la notion d’intégration,
car celle-ci apparaît avant la première et est en quelque sorte « son ancêtre ». Comme le
souligne Gilbert (2005, p. 17), le mot « intégration est précurseur du mot insertion ».
Depuis le milieu des années 70, la notion d’intégration est devenue, dans les pays européens,
le vocable dominant du discours sur les enjeux liés à la présence des immigrants. Les
différents contextes nationaux ont eu une influence sur la façon dont la notion d’intégration a
été traitée (Mahnig, 1999, p. 15).
Mahnig (1999), dans son analyse, affirme que les politiques concernant les immigrés vivant
en Europe, issues des décennies passées, ont pour objectif premier d’assurer l’ordre public et
de garantir la cohésion de la société tout entière. Les actions y résultant peuvent permettre
l’amélioration des conditions des immigrants, mais pas l’intégration de ceux-ci.
Étymologiquement, « intégration » vient du mot latin « integrare » qui signifie « renouveler
et rendre entier ». D’un point de vue sociologique, Boucher (2000, p. 37) souligne que
l’intégration a lieu quand une partie d’un groupe s’insère « dans un tout comme une
collectivité » (dans Gilber, 2007 p. 17).
Selon Xiberras (1998) « l’intégration suppose le choix et la participation des nouveaux
membres de la communauté nationale » (p. 24). Pour l’auteur, cette notion signale
« l’intention de faire de la place parmi les autres. Mais en cohérence avec celle des autres, et
non plus seulement à côté ou parmi les autres. La notion d’intégration induit ainsi l’idée d’une
congruence ou d’une cohérence avec les autres, ou avec le tout, qui rappelle cette fois la
notion de solidarité organique durkheimienne » (p. 25).
La solidarité organique concerne les sociétés modernes. Elle fonctionne grâce au principe de
différenciation (Xiberras, 1998), où toutes les différences individuelles font partie d’un tout,
sont interdépendantes et participent à son bon fonctionnement (idem).
Il est important de différencier l’intégration de l’assimilation et de l’insertion. D’après une
définition basée sur les approches de Bolzman (1996), l’assimilation peut être définie comme
« un processus à travers lequel les membres d’un groupe social acquièrent progressivement
31
les différents éléments de la culture du groupe social dominant »28. La culture est finalement
adoptée de telle sorte que disparaissent les différences significatives entre membres des deux
groupes29. Cette définition renvoie à la solidarité mécanique durkheimienne, qui concerne les
sociétés traditionnelles et qui fonctionne grâce au principe de similitude, car les individus se
ressemblent en ce qui concerne leurs valeurs, leurs croyances, leurs fonctions ainsi que leurs
représentations. Ainsi, le fait de partager tout cela facilite leur solidarité, qui d’ailleurs est
automatique. D’un autre côté, l’assimilation souligne « l’unité de la communauté nationale
comme ultime espace de référence à préserver » (Xiberras, 1998, p. 24).
Pour Xiberras (1998), « l’intégration est la capacité de rétablir une reconnaissance réciproque
et globale (solidarité organique) ce qui signifierait pour l’État régulateur la capacité de gérer
l’expression d’un polythéisme de valeurs » (p. 196).
Concernant la notion d’insertion, cella indique plutôt « les conditions d’accueil de l’étranger,
avec le maintien de ses particularismes d’origine. Il s’agit de faire une place parmi les autres,
comme les autres, au sein de l’espace de la communauté nationale. Malgré ses différences, il
s’agit donc d’accueillir l’exclu avec des droits, des chances, un statut, similaires à ceux des
membres de la communauté nationale » (Xiberras, 1998, p. 24).
Par conséquent, l’intégration fait allusion à la collectivité tandis que l’insertion est un
processus individuel qui permet de réussir l’intégration.
1.2 Facteurs d’intégration
D’après le Service Communautaire de la Planchette situé à Aigle30, quatre facteurs devraient
être pris en compte à l’heure actuelle pour parler d’intégration en Suisse :




La connaissance de la langue d’accueil.
L’insertion économique, la participation au marché de l’emploi.
Le réseau social.
L’appartenance.
1.2.1 Connaissance de la langue d’accueil
Le parcours d’appropriation de la langue dominante du pays d’accueil implique « un
processus long, complexe et multiforme (Adami, 2011, p. 2). Sa maîtrise est un élément très
important dans le processus d’insertion et intégration, mais n’est pas suffisante (Loutan, 2009,
p. 17). C’est d’ailleurs ce que souligne Prodolliet (2007, p. 6) : « Les compétences
linguistiques favorisent énormément le processus intégratif. Elles sont indispensables pour
28
Dans le site web du Service Communautaire de la Planchette. Para.1. Consulté le 3 mars dans
http://www.planchette.ch/dossiers/INTEGRATION.html
29
Idem
30
Service Communautaire de la Planchette. Facteurs d’intégration, difficultés, para. 1, Consulté le 3 mars dans
http://www.planchette.ch/dossiers/facteursintegration.html
32
s’orienter dans la vie quotidienne, à l’école et au travail. Toutefois, une intégration réussie ne
repose pas uniquement sur la maîtrise d’une langue » (cité par Loutan, 2009, p. 17).
Or, Bretegnier (2011) affirme que les immigrés ne doivent pas seulement apprendre une
seconde langue ou effectuer un réapprentissage des savoirs linguistiques de base, ils doivent
aussi apprendre la « langue de l’insertion » et de « l’intégration ». Cet auteur insiste
également sur le caractère social de l’apprentissage de la langue pour le public, car il s’agit
d’un « processus d’appropriation de normes socio-langagières qui régissent les interactions
sociales, dans le processus d’insertion » (p. 15). Par conséquent « l’insertion et l’intégration
sont conçues comme relevant plus largement de processus de socialisation » (idem).
Cette conception socio-interactionnelle de l’insertion/intégration renvoie à l’idée d’un
apprendre à dire, à agir, à se positionner, dans un espace socio-interactionnel dont il
s’agit d’apprendre à décrypter les normes, les conventions, les rituels (Goffman,
1974), pour y interagir de la manière la plus aisée, légitimée, et efficace possible
(Breteginer, 2011, p. 16).
Par conséquent, pour l’acquisition de la langue du nouveau pays, une « formation linguistique
en contexte d’insertion (FLI) » semble indispensable. L’objectif de cet apprentissage est
surtout « d’obtenir les informations de base utiles et nécessaires à l’autonomie dans la vie
quotidienne » (Loutan, 2009, p. 16). La formation doit être adaptée à un public en cours
d’insertion. Cela signifie qu’elle doit prendre en compte « la diversité de situations et de
profils sociolinguistiques des publics concernés » (Bretengier, 2011, p. 3). Cependant « audelà de cette pluralité complexe, les publics auxquels s’adressent ces formations linguistiques
partagent l’expérience de parcours en partie convergents, inscrits dans une double logique de
difficulté d’appropriation linguistique et de mobilité sociale, d’insertion, d’intégration »
(idem).
1.2.2 La participation au marché du travail
Selon le Dictionnaire suisse de politique sociale (Frangniere & Girod, 2002), le marché du
travail désigne « le lieu où se rencontrent l'offre et la demande de travail pour établir le prix
du travail » (p. 198). L’offre de travail est constituée par les salariés et les personnes en
recherche d'emploi, la demande de travail par les besoins des entreprises.
Selon Dion-Loye (2003), le marché du travail est divisé en deux catégories différentes. D’un
côté il y a un marché primaire « dont la situation juridique obéit à un droit du travail toujours
plus protecteur » (p. 34). Cela signifie qu’il concerne les emplois les plus stables qui
proposent des perspectives de carrière par promotion interne et les travailleurs sont souvent
qualifiés et diplômés. Ici, « le travail exclut la pauvreté » (p. 34). D’un autre côté, il y a un
marché secondaire « plongé dans un univers politique où la précarité économique est de
règle » (idem). Il rassemble « les emplois soumis à la concurrence et au libre fonctionnement
33
du marché »31. Ici, les travailleurs sont en situation d’instabilité et d’incertitude quant à
l’avenir de leur emploi et sont plus susceptibles de connaître le sous-emploi32 et le chômage.
Parmi les indicateurs de l’insertion sur le marché du travail, il y a : l’existence d’un emploi, le
niveau de satisfaction par rapport à l’emploi, le salaire, le niveau de vie, le pouvoir d’achat
ainsi que les études et les formations en correspondance avec le travail.
En Suisse, le travail est considéré comme le facteur principal d’intégration des immigrants. Le
travail implique l’indépendance financière et plus d’autonomie dans un contexte culturel. Du
point de vue économique, il est directement lié à la consommation, au prestige social et à
l’estime de soi33. Du point de vue social, c’est un facteur important de socialisation. « Une
personne qui n’a pas accès au monde du travail ou qui ne parvient pas à s’y affirmer se trouve
très rapidement en marge de la société. Un étranger en Suisse est mieux accepté s’il travaille,
dans le cas contraire il est souvent perçu comme un profiteur, voire même un criminel. »34
L’accès à une activité lucrative est la condition primordiale d’une intégration réussie.
Aujourd’hui, en raison du changement d’orientation du marché de l’emploi, les
chances d’exercer une activité lucrative reposent essentiellement sur les possibilités de
se former suffisamment (Gattiker, 2006, p. 78, cité par Loutan, 2009 p. 17).
1.2.3 Le réseau social et le sentiment d’appartenance
Le réseau social souligne l’interaction entre individus ou groupe d’individus et même entre
organisations. Ceci est marqué par la participation à la vie sociale, aux activités de groupes ou
associations, etc. (Service Communautaire de la Planchette).
Cette participation (Bolzman, 1992) se révèle être un indicateur de « l’intégration interne »
qui sert au maintien et au développement de la culture propre à la communauté et du soutien
réciproque des membres de celle-ci. Certains travaux soulignent que cette intégration interne a
une influence positive sur la participation des membres de la communauté à la vie sociale et
économique du pays d’accueil35.
31
Banque de Ressources Interactives en Sciences Economiques et Sociales (BRISES), para.1, Consulté le 20 mai dans
http://brises.org/notion.php/marche-travail/marche-interne/marche-externe/notId/48/notBranch/48/
32
Le sous-emploi comprend les personnes actives occupées au sens du BIT qui remplissent l’une des conditions suivantes :
- Elles travaillent à temps partiel, souhaitent travailler davantage pendant la période de référence utilisée pour définir
l’emploi, et sont disponibles pour le faire, qu’elles recherchent activement un emploi ou non ;
- Elles travaillent à temps partiel (et sont dans une situation autre que celle décrite ci-dessus) ou à temps complet, mais ont
travaillé moins que d’habitude pendant une semaine de référence en raison de chômage partiel, ralentissement des affaires,
réduction saisonnière d’activité ou mauvais temps. Consulté le 3 juin 2011 dans
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/sous-emploi.htm
33
Service Communautaire de la Planchette. L’insertion économique, la participation au marché de l’emploi, para.2. Consulté
le 3 mars 2011 dans
http://www.planchette.ch/dossiers/facteursintegration.html
34
Idem
35
Dans Service Communautaire de la Planchette. Réseau social, para. 3. Consulté le 3 mars 2011 dans
http://www.planchette.ch/dossiers/facteursintegration.html
34
D’après Arcand, Lenoir-Achdjian et Helly, (2009), « le concept de réseau social fait référence
à la nature des liens faibles et des liens forts » (p. 13). Les liens forts marquent un haut degré
de ressemblance entre deux ou plusieurs personnes, de la même famille ou des amis. À
l’opposé, les liens faibles favorisent la circulation des personnes et des groupes dans un réseau
plus large. Pour un demandeur d’emploi, il est important d’élargir ses réseaux afin d’accéder à
l’information concernant les emplois disponibles.
Concernant le sentiment d’appartenance, plus une personne possède un sentiment
d’appartenance à un lieu de vie, plus elle s’intéressera à ce qui s’y passe. Elle participera ainsi
davantage à la vie sociale et économique de sa région et cela lui permettra d’autant plus de
faire des projets et de gagner de l’assurance pour la suite de son séjour. Pour Schnapper
(1994, p. 73), « l’appartenance […] naît de l’intériorisation d’un ensemble de modèles
culturels et de valeurs spécifiques, qui définissent une identité personnelle indissolublement
liée à une identité collective » (cité par Adami, 2009, p. 11).
2. L’insertion
Insérer, du latin inserere, signifie introduire, trouver sa place dans un ensemble. « L’insertion
est un terme qui date du XVIe siècle, du bas latin insertio. L’insertion exprime l’action
d’insérer » (Boucher, 2000, p. 49, cité par Gilbert, 2007, p. 20). La popularité de ce terme
pose des difficultés de définition et de conceptualisation.
Dans le dictionnaire Larousse, la description de ce terme reste large. Difficile de s’en inspirer
pour se donner une idée de la réelle place, de la réelle utilité que prend ce vocable en termes
de concept utile pour réfléchir. Le terme se définit comme: « trouver sa place dans un
ensemble ; se situer ; trouver sa place dans un milieu ; s’insérer, s’introduire ». Pour certains
dictionnaires en sciences sociales, ce terme est quasi inexistant, comme par exemple dans le
dictionnaire de sociologie Robert Seuil (1999). Le Dictionnaire de l’altérité et des relations
interculturelles (Ferréol et Jucquois, 2003), quant à lui, ne parlera de l’insertion que par
l’intermédiaire du mot « intégration ». Le Nouveau dictionnaire critique de l’action sociale
(Barreyre et Bouquet, 2006) présente cette thématique non par une définition propre au terme,
mais par un concept orienté économie solidaire : « insertion par l’activité économique
(IAE) ». Le seul dictionnaire qui définit ce terme est le Dictionnaire encyclopédique de
l’éducation et de la formation (Nathan, 1998) avec un article du sociologue Dubar. Il présente
l’insertion comme une « transition » entre l’école et l’emploi concernant les jeunes en termes
économique et/ou social. Mais du point de vue contemporain, il précise que « l’insertion
devient […] un cas particulier de transition entre des situations de formation, d’emploi et de
chômage qui mettent en question la construction-déconstruction-reconstruction des identités
professionnelles et des appartenances sociales » (p. 554).
L’auteur parle de jeunes, car entre les années 70 et 80, il y a eu une montée du chômage en
France affectant surtout ces derniers. Cette situation a permis l’apparition des premières
politiques d’insertion.
35
Par ailleurs, selon Leriol (1999), l’insertion souligne une catégorie d’action publique dont
l’objectif est de « pallier les défaillances des mécanismes d’intégration à un niveau
essentiellement individuel » (p. 9). Donc, même si l’intégration (Gilbert, 2007) est perçue
d’une manière individuelle (à l’opposé de l’intégration), « elle peut devenir un problème
collectif lorsque le travail ne permet pas d’intégrer une bonne partie de la population » (p. 24).
En ce qui concerne la notion d’insertion professionnelle (Gilbert, p. 26), aujourd’hui cette
dernière « ne désigne pas seulement le rapport entre la formation et l’emploi ». Elle touche
aussi les notions d’insertion sociale et de lien social. Castel (1995) explique que l’insertion
professionnelle ne peut-être étudiée qu’en tenant compte uniquement de l’insertion sociale
(dans Gilbert p. 26). D’ailleurs, cet auteur souligne qu’il existe trois zones qui délimitent ce
processus : la zone d’intégration, la zone de vulnérabilité et la zone de marginalité ou
désaffiliation.
D’après Gauthier (1977, p. 15), l’insertion professionnelle implique aussi « l’acquisition de
compétences, la possibilité d’expérimentation et la recherche de promotion sociale » (cité par
Gilbert, 2007, p. 28).
2.1 L’émergence de la notion d’insertion socioprofessionnelle en tant que demande
sociale
Du point de vue diachronique, ce terme apparaît dans les années 60, sans savoir exactement sa
source énonciative première. Dans les années 70, deux façons d’appréhender la notion
d’insertion sont en concurrence: « La première porte sur les problématiques des inégalités, de
l’exclusion et de la pauvreté, la seconde sur le rapport à la jeunesse/travail » (Guyennot, 1998,
p. 9). L’utilité de ce vocable était donc en premier de désigner les populations de catégorie
populaire, ensemble d’individus étiquetés comme « handicapés ou inadaptés » (idem, p. 9). Il
s’est en quelque sorte constitué en objet de discours en termes de manquement par rapport à
une moyenne de la population existante, en relation aux actifs se trouvant engagés sur le
marché de l’emploi. Dans les années qui vont suivre, l’insertion va être principalement
centrée sur l’emploi des jeunes qui sortent du système scolaire dit de transition.
Dans les années 80, une autre particularité va apparaître: la notion de pauvreté comme autre
problème social. À cette période en France, par exemple, le revenu d’insertion (RMI) sera
instauré pour prévenir l’exclusion des plus défavorisés économiquement. Le débat sur
l’insertion va naviguer sur deux plans: celui des jeunesses et celui de la pauvreté. Fin des
années 80 et début des années 90 « l’insertion va concerner les pauvres et les nouveaux
pauvres, mais également, et de plus en plus, les chômeurs de longue durée » (idem, p. 11).
À partir de ce premier constat, les notions d’insertion, d’exclusion et de chômeurs de longue
durée vont être des concepts qui se trouvent mis en relation avec d’autres familles de concept
comme par exemple : exclu/inclus ; intégré/désintégré ; inséré/désinséré ; affilié/désaffilié,
etc. En résumé, la prise de notoriété de ce concept est issue en quelque sorte d’une réaction de
la collectivité contre l’exclusion sociale venant d’un bouleversement en profondeur du point
36
de vue social et économique. Concernant le rapport entre les concepts « insertion et
intégration » (Buttex & Tschumi, 2008).
Le terme insertion désigne par conséquent à la fois un but et un moyen. C’est, d’une
part, le résultat des mécanismes d’intégration, telle la socialisation, par lesquels
chaque individu tout au long de sa vie assimile des éléments lui permettant d’occuper
une place dans les échanges sociaux. Dans notre société, l’axe le plus intégrateur
autour duquel se cristallise l’insertion est le travail (Simonet, 2002, p. 181).
En effet, dans nos sociétés modernes, l’activité professionnelle est l’un des axes essentiels
pour la socialisation et l’intégration d’une personne. Il est toutefois nécessaire de comprendre
qu’il n’y a pas que l’insertion par l’économie, il est aussi important de prendre en
considération l’insertion par le social. « La qualification professionnelle ne résulterait plus
seulement d’un savoir technique ou du caractère productif, mais aussi des capacités globales à
comprendre son environnement et à s’intégrer dans les relations de travail » (Adjerad &
Ballet, p.14).
De ce fait, la question de l’insertion socioprofessionnelle est une préoccupation des politiques
publiques dans le cadre de la mise en place des dispositifs pour venir en aide aux populations
qui se trouvent dans une situation d’exclusion clairement « définie ». L’intervention des
politiques aurait comme fonction de créer ou de recréer les liens sociaux, pour
« recapitaliser » des ressources sociales et économiques perdues ou affaiblies par un processus
et des actions spécifiques favorisant la « reliance » (Bolle De Bal, 2003, p. 2), pour redonner
une « consistance » à un « capital humain » affaibli ou/et perdu. Cette reconstitution de la
personne en termes d’insertion ou de réinsertion économique, ou, « par l’économie », a
comme but de trouver ou de faire retrouver une activité économiquement et/ou socialement
« viable ».
Par conséquent, la question de la notion d’insertion sociale et celle de la notion d’insertion
économique ne peuvent se différentier drastiquement. Ces deux notions sont interdépendantes
à différents degrés. Les qualifications et l’expérience des personnes du point de vue
professionnel sont déterminantes pour la question de l’insertion: savoir et savoir faire. Mais il
est aussi de plus en plus exigé de la personne en insertion qu’elle ait des capacités
d’adaptation, d’autonomie et de motivation qui se traduisent en « savoir-être ». « Il s’agit de
la capacité à nouer des relations positives avec son environnement » (Adjerad & Ballet, 2004,
p. 14).
Toutefois, il est possible de constater que « la question de l’insertion est étroitement liée au
marché du travail, ce ne serait pas qu’une problématique d’adaptation, de manque de
qualification, de difficultés d’insertion, d’incapacités ou encore d’inaptitudes. En quelque
sorte, la problématique ne consiste donc pas à partir des individus eux-mêmes, mais à
considérer que ce sont avant tout les conditions du marché et les contraintes du marché qui
déterminent les opportunités d’insertion » (Idem, p. 29). Dunand (2006) fait remarquer – à
partir de son expérience de responsable de l’association Réalise qui pratique la réinsertion par
37
l’économie solidaire – que les mesures prises par les autorités politiques et les associations de
réinsertion du « théière secteur » ne mentionnent pas si les résultats ont été efficaces ou non:
« en période de haute conjoncture, la réinsertion est aisée, même si les prestations offertes aux
demandeurs d’emploi (stages, formation, conseil) sont de piètre qualité » (p. 176).
En guise de conclusion, comme l’affirme Dubar (2001), l’insertion professionnelle peut être
définie comme « [un] processus socialement construit dans lequel sont impliqués des acteurs
sociaux et des institutions (historiquement construites), des logiques (sociétales) d’action et
des stratégies d’acteurs, des expériences (biographiques) sur le marché du travail et des
héritages socioscolaires » (Bordigoni, Demazière & Mansuy 1994, cité par Dubar, 2011,
p. 34). Cela signifie « qu’elle est historiquement inscrite dans une conjoncture (économique et
politique); qu’elle est dépendante d’une architecture institutionnelle qui traduit des relations
spécifiques (à un espace sociétal) entre éducation, travail et rémunération; qu’elle est
dépendante des stratégies d’acteurs y compris de celles des personnes concernées; que ces
dernières sont elles-mêmes liées à des trajectoires biographiques » (Dubar, 2001, p. 34).
2.2 Critique de la notion d’insertion
Des enjeux sociologiques non neutres existent derrière cette notion d’insertion. Ainsi,
« Lahire et Bionniel (1994) soulignent par exemple l’impossibilité de donner une définition
générale de l’insertion et par conséquent de mesurer le niveau d’insertion » (cité par Adjerad,
Ballet, 2004, p. 7). D’après Houle (1996), ces auteurs affirment que « l’insertion sociale
constitue un dispositif de contrôle comportemental qui s’adresse aux jeunes des classes
populaires, à ceux et celles qui possèdent le moins de capital économique et le moins de
capital scolaire, les fractions les plus dominées des classes dominées, les fractions les plus
stigmatisées des classes dominées » (cité par Boivin, 1999, p.9)36.
Cette désignation touche plus précisément les variables sociodémographiques les plus
touchées sur le plan de l’insertion socioprofessionnelle. Ces stigmates sont bien connus de
tous : le genre (les femmes), l’âge (jeune/vieux), le niveau et le type de qualification scolaire
et professionnelle et la nationalité (genre de permis). À partir de là, plusieurs variables
peuvent se croiser en ce qui concerne la question de l’insertion/réinsertion
socioprofessionnelle d’une personne:
36
« S’inspirant de Bonniel et Lahire, M-A Houle explique que le dispositif d’actions d’insertion sociale s’appuie sur un
discours social qui prend la forme d’une imposition de normes de conduite, d’attitudes face à la vie, et même un mode de
comportement lorsqu’il s’agit de réapprendre à se tenir, à parler, à se présenter. C’est mettre l’accent sur les attitudes qu’il
faut modifier, et non sur les causes des situations vécues. Les discours sur l’insertion sont une forme d’énonciation de la
morale dominante. L’énonciation de ce qu’il faut atteindre, la distance entre l’idéal et la réalité dans les faits, sont même
susceptibles de créer une stigmatisation. En fait, le succès de la notion d’insertion n’a d’égale que son ambiguïté: c’est
pourquoi elle est utilisée autant par le travail social, la sociologie que les pouvoirs publics. Et c’est pourquoi la notion doit
faire l’objet d’une attention particulière lorsqu’elle est utilisée comme concept » (cité par Boivin, 1999, p.15).
38



variables de conjoncture,
caractéristiques individuelles et démographiques : sexe, âge, nationalité et situation
familiale,
caractéristiques individuelles socio-économiques : formation initiale, qualification
(Emery.Y., Aeberli, L., Chuard Delaly, 2005, p. 27).
D’autre part, comme le note Vincent (1998), « les différents travaux autour de l’insertion
professionnelle répondent à différentes demandes sociales ce qui a pour effet de rendre un peu
plus floues les limites du concept de recherche sur lequel elle porte » (cité dans Adjerad,
Ballet, 2004, p. 7).
« L’insertion » est liée aux questions rencontrées par les politiques publiques et sociales en ce
qui concerne la question de « l’exclusion ». Pour cette raison, une critique s’impose quant à
l’aspect structurel. La notion d’insertion ne doit pas uniquement être portée par le sujet qui
devrait combler des manques, « qui conduit à focaliser l’attention et l’intervention sur le
déficit des personnes, selon un modèle thérapeutique » (Castra, 2003, para.24), car il ne
correspondrait pas à un profil précis à un moment donné. Il semble en effet important de ne
pas naturaliser la question de l’insertion, et donc de rester ainsi prudent par rapport à la
question de la formation.
Les deux espaces sociaux sur lesquels nous allons nous appuyer, pour parler de la formation
d’insertion ou de réinsertion, invitent à être attentif sur ce que Roche (2004) énonce: « du côté
du couple insertion/emploi-formation/qualification, les limites des actions de formation, à
l’égard du public jeune ou du public adulte: le rapport formation/emploi ne fonctionne plus.
Rappelons que c’est une évidence aujourd’hui: la formation ne crée pas d’emploi ! Sinon de
formateur… Même si elle reste une solution individuelle, les praticiens des dispositifs
d’insertion savent à quel point la formation reste un outil précieux, à condition d’être
adaptée… » (p. 83).
2.3 Facteurs qui influent sur l’insertion socioprofessionnelle
D’après Gilbert (2007), quatre facteurs principaux influent sur l’insertion
socioprofessionnelle: la conjoncture économique, les facteurs personnels, l’économie
informelle et les services sociaux. En effet, comme le souligne Dubar (2001), l’accès à
l’emploi
doit être analysé comme la résultante d’interactions complexes qui se situent
généralement à deux niveaux: au niveau institutionnel (macro) des politiques et
dispositifs inséparables d’une conjoncture historique déterminée et du point de vue
sociétal sur les relations entre éducation et travail (Jobert, Marry & Tanguy 1995); au
niveau individuel (micro) des relations stratégiques et compréhensives entre les
acteurs d’un système d’action localisé ou sectoriel (Demazière & Dubar 1994, p34).
39
En ce qui concerne la conjoncture économique, Laflamme et Baby (1993, p. 89) soulignent
que « la capacité d’accueil du marché de l’emploi devient une dimension majeure de
l’ensemble du phénomène de l’insertion professionnelle » (cité dans Gilbert 2007 p. 32).
Donc, les opportunités d’accès au marché de l’emploi ne dépendraient que des
caractéristiques du sujet.
Pour ce qui est des facteurs personnels, ceux-ci concernent le savoir-faire et le savoir-être:
niveau de formation, expérience professionnelle, personnalité, stratégies déployées, valeurs,
réseau social. En effet, « les acteurs sociaux concrets déploient des stratégies qui renvoient à
des intérêts mais aussi à des valeurs, à des objectifs économiques, mais aussi à des affinités
culturelles, à des ressources stratégiques mais aussi à des parcours biographiques » (Dubar,
2001, p. 34).
L’économie informelle se réfère au travail non déclaré, qui permet d’une certaine manière une
insertion fictive. Pour Gilbert (2007), cette « économie parallèle » peut contribuer à retarder
ou entraver une vraie insertion socioprofessionnelle.
Les services sociaux peuvent, d’une part, aider les gens à subvenir à leurs besoins et d’autre
part, les aider à se réinsérer sur le marché de l’emploi à travers des mesures d’insertion.
2.3.1 Employabilité
D’après Gazier (1999), il existe trois approches concernant l’employabilité, dont au moins
sept définitions opérationnelles ont émergé. Le premier usage de l’employabilité apparaît au
début du XXe siècle et dure jusqu’aux années quarante. Ici, le terme d’employabilité implique
qu’il existe deux catégories de personnes présentes sur le marché du travail ou sollicitant
l’assistance publique : les « employables » et les « inemployables ».
« Les employables dans ce contexte sont des personnes adultes valides sans charge de famille
contraignantes, auxquelles on peut proposer ou imposer des travaux d’utilité publique en
échange d’une aide financière. Les inemployables sont ceux qui relèvent directement de
l’assistance ou d’autres aides en nature. En somme, un outil élémentaire de partition des
pauvres et de gestion d’une situation d’urgence » (Gazier, 1999, p. 10).
À la fin des années 50, trois types d’employabilité sont identifiés et utilisés : l’« employabilité
socio-médicale », l’« employabilité politique de main-d’œuvre », et l’« employabilité-flux ».
Dans cette période, le changement primordial a été l’introduction de critères mesurables de
l’employabilité des personnes. Cependant, les tests se sont relevés peu fiables lors de son
application (Gazier, 1999).
40
À la fin des années 80, il apparaît une troisième vague apportant trois définitions : la première
est « l’employabilité performance attendue sur le marché du travail », laquelle est
« directement probabiliste, et relie pour une période donnée la probabilité de trouver un
emploi à la durée probable du travail et au gain horaire probable qui lui est associé » (idem,
p.10).
La deuxième, « employabilité initiative », « se centre sur les capacités individuelles à vendre
sur le marché du travail des qualifications évolutives et cumulatives. Il s’agit de
créativité/responsabilité individuelle et de capacité à construire et mobiliser des réseaux
sociaux » (idem, p. 11).
Ce concept est opposé à celui de « l’employabilité-interactive », qui a été surtout développé
au Royaume-Uni et aux E.U. Il concerne l’interaction entre les capacités individuelles
dynamiques et l’environnement. D’ici émerge une définition canadienne37, qui d’après Gazier,
est « la seule qui peut être jugée satisfaisante dans une perspective de solidarité collective telle
qu’elle est développée en Europe continentale » (idem). Selon cette définition
« l’employabilité est la capacité relative que possède un individu d’obtenir un emploi
satisfaisant compte tenu de l’interaction entre ses caractéristiques personnelles et le marché du
travail » (idem). La perspective du « profiling » est utilisée afin d’opérationnaliser ce concept.
Celle-ci utilise « une technique statistique relativement sophistiquée pour classer les
chômeurs, dès le début de leur chômage, sur une échelle, selon les plus ou moins grandes
difficultés qu’ils pourront rencontrer dans la recherche d’un nouvel emploi » (idem).
Par conséquent, le mot « inemployable », souligne l’« incapacité d’obtenir un emploi compte
tenu des exigences du marché de l’emploi38 [et de] satisfaire aux critères de recrutement des
responsables d’entreprises » (Ebersold, 2003, p. 15).
Pour sa part, Soisson (1989) distingue les « insérables » des « inemployables ». Dans le
premier cas, il s’agit « [de personnes qui] sont potentiellement employables et susceptibles de
tirer profit des mesures d’insertion. Pour les inemployables la mesure d’insertion est
impuissante et ils sont condamnés aux formes d’activités professionnellement dévalorisantes
et socialement stigmatisantes » (p. 15).
3. Précarité
La notion de précarité apparaît au cours des années 70 avant celle d’exclusion. D’après
Wresinski (1987), elle souligne « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux
personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs
droits fondamentaux » (p. 14).
37
38
Canadian Labor Force Development Board, 1994.
Association Internationale de sécurité sociale, 2001 ; Finot, 2000, dans Ebersold Serge, 2003, p.15.
41
Par ailleurs, la précarité génère de l’insécurité, laquelle peut être plus ou moins ample et avoir
des effets plus ou moins graves et définitifs. « [La précarité] conduit le plus souvent à la
grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle tend à se
prolonger dans le temps et devient persistante, qu’elle compromet gravement les chances de
reconquérir ses droits et de réassumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir
prévisible » (idem, p. 14).
Selon Bolzman et Tabin (1999) « elle entraîne une fragilité des équilibres non seulement
affectifs mais également budgétaires » (p. 58). Ces auteurs ajoutent que la perception de
précarité est indissociable du marché de l’emploi et la déstabilisation des revenus salariaux.
Ainsi, les personnes touchées se voient dans une instabilité et dans une difficulté croissante
qui ne leur permettent pas d’envisager leur avenir. « L’instabilité s’étend de l’emploi au titre,
du droit aux rentes d’invalidité, de vieillesse au droit aux prestations sociales, aux possibilités
d’accès à l’assistance publique » (p. 59).
Toutefois, Bolzman et Tabin (1999) soulignent qu’il est mieux de parler de précarisation,
« pour bien garder à l’esprit la dimension de progressive déstabilisation du processus,
susceptible d’aboutir à des formes plus ou moins graves d’exclusion sociale » (p. 59).
Cette notion souligne également l’absence ou la fragilité des supports. Comme l’évoque
Martuccelli (2002), « les supports sont l’ensemble des soutiens qui tiennent l’individu face au
monde, matériels ou symboliques, proches ou lointains, conscients ou inconscients,
activement structurés ou passivement subis, toujours réel dans leurs effets et sans lesquels, à
proprement parler, il ne subsisterait guère ». D’après cet auteur, nous pouvons distinguer
quatre types de supports, ayant tous pour fonction de soutenir l’individu. Premièrement, les
invisibles et légitimes. Ici nous pouvons faire référence à la suractivité ou à l’autoposition de
contraintes. Certains supports peuvent s’avérer stigmatisants. L’individu y est contraint, il ne
peut pas le choisir, comme par exemple le chômage ou le RMCAS. Une autre catégorie est
celle du support pathologique de dépendance. Enfin, il existe les supports avouables comme
par exemple les amis.
Par ailleurs, la précarité a un effet global sur le corps social, qui peut se traduire par :




Une dégradation des conditions de travail (un travailleur en situation précaire n’est
pas en position de force pour défendre ses droits).
Des difficultés à développer une vie sociale (quitter le domicile parental, fonder
une famille).
Une révolte sociale (les salariés en situation précaire auront plus tendance à
s’opposer au système).
Une dégradation de la santé physique ou mentale : la plupart des indicateurs de
comportement et de santé sont altérés dans toutes les catégories de populations
classées en situations de précarité (par rapport à celles qui ne le sont pas)
(Benamar, 2006, p. 34).
42
Quelques enquêtes américaines ont révélé que les facteurs suivants (dont l’origine peut être la
précarité) sont des facteurs de risque pour la santé : « l’absence d’estime de soi, le sentiment
de dévalorisation personnelle, la carence d’autonomie dans son travail, le sentiment de ne pas
utiliser toutes ses compétences, le sentiment de ne pas recevoir la valorisation que l’on pense
mériter » (idem, p. 35).
3.1 Travail précaire
Tout d’abord, il est important de définir le mot « Travail ». D’après Dejours (2009, p. 20)
celui-ci souligne l’ensemble « des gestes, de savoir-faire, un engagement du corps, la
mobilisation de l’intelligence, la capacité de réfléchir, d’interpréter et de réagir à de situations,
c’est le pouvoir de sentir, de penser et d’inventer… ». Le travail ne désigne pas en première
instance le rapport salarial ou l’emploi, car ce dernier se réfère plutôt au taux de la population
active employée.
Quant au vocable précarité, celui-ci vient du latin « Precarius » signifiant « obtenu par
prière » (Rey, 2001, p. 1086). Le mot fait référence à l’instabilité et à un avenir incertain. La
précarité « est l’état de ce qui est précaire » (idem), c’est-à-dire qui implique le manque de
garantie de durée, de certitude et d’instabilité d’une situation, d’un revenu, d’un travail, etc.
Par conséquent, le « travail précaire » désigne un « emploi » instable caractérisé, d’une part,
par des contrats à durée déterminée (CDD), générant un sentiment d’incertitude sur l’avenir et
d’autre part, par un revenu faible qui ne permet pas à un individu d’avoir un niveau de vie
acceptable.
4. Exclusion
Dans cette section, le thème de l’exclusion sera traité d’après trois approches :
ethnographique, historique et anthropologique.
4.1 Émergence de la notion d’exclusion
Les politiques sociales à la fin du XIXe et au XXe siècle ont émergé autour de la protection
des travailleurs salariés face aux risques sociaux liés à l’industrialisation. Cela aboutira en
1945 à la création de la sécurité sociale et en 1958 à celle de l’assurance-chômage (Quillien,
s.d). Ainsi, pour les personnes inaptes au travail, les politiques sociales établissent
progressivement un droit à la solidarité nationale fondée sur le principe d’assistance.
Cependant, la croissance massive du chômage à partir de 1974 déstabilise le système de
protection des travailleurs salariés. Par conséquent, « des personnes de tous horizons
socioprofessionnels se sont retrouvées exclues du dispositif de mutualisation des risques
sociaux propre aux travailleurs salariés, sans pour autant être incapables de travailler et donc
relevaient de l’assistance » (Quillien, s.d, p. 9).
43
Par ailleurs, « cette désaffiliation progressive du cadre salarial pour une partie de la
population s’est accompagnée d’une perte d’identité sociale, fortement liée jusque-là au
travail, voire par exemple à la condition ouvrière, et des solidarités familiales » (idem). D’un
point de vue social, « le concept d’exclusion rend compte de l’émergence d’une nouvelle
forme de pauvreté. Un débat s’est instauré parmi les sociologues pour essayer d’en déterminer
la signification précise et d’en dégager les enjeux » (idem).
D’après Autès (1995), il existe trois approches sociologiques de l’exclusion: une approche
ethnographique, une approche anthropologique et une approche historique (dans Quillien,
s.d).
4.1.1 Approche ethnographique
L’approche ethnographique a été menée par Serge Paugam, qui affirme que la notion
d’exclusion fait son apparition en France au début des années 90, tout en prenant le relais de
celle de précarité (1996, p. 15). Cet auteur considère que l’exclusion est le paradigme « à
partir duquel notre société prend conscience d’elle-même et de ses dysfonctionnements, et
recherche, parfois dans l’urgence et la confusion, des solutions aux maux qui la tenaillent ».
Pour cet auteur, l’exclusion pose aujourd’hui la « nouvelle question sociale » (p. 7). Ainsi,
comme le souligne Quillien (s.d, p. 10), « l’exclusion semble remettre radicalement en
question les utopies fondatrices du pacte républicain que sont l’égalité et la fraternité ».
Selon Paugam (1991), la notion d’exclusion se décline selon une typologie en trois phases:
D’abord ceux qu’il a appelés les fragiles qui vivent des situations précaires, tout en
retardant leur recours aux services sociaux qui consacrerait leur basculement dans la
pauvreté.
Ensuite les assistés qui ont accepté leur dépendance aux professionnels et aux
institutions d’assistance. Leur conformité affichée à l’identité octroyée par les
travailleurs sociaux leur facilite l’accès aux divers droits et secours de l’assistance.
Les marginaux enfin qui sont ceux qui résistent à ce conformisme, mais au risque de
sombrer dans des formes plus graves de dépendance (alcoolisme, drogue…) (dans
Quillien, s.d, p. 10).
Paugam pense que la notion d’exclusion et celle de précarité ont en commun de « mettre
l’accent sur le risque de perturbations pour la société dans son ensemble, tout en appelant, au
moins indirectement, à des réformes sociales » (1996, p. 8). Michel Autès (1995) affirme que
la classification – citée ci-dessus – est nécessaire à l’action sociale qui doit définir son objet
pour agir. Cependant, celle-ci présente « le risque majeur de nier la spécificité irréductible des
trajectoires individuelles » (dans Quillien, s.d, p. 10).
44
D’après Paugam (1996) la notion d’exclusion signale l’existence d’un processus pouvant
conduire à celle-ci. L’important ce n’est pas l’exclusion de fait, mais les parcours qui y ont y
amené. Ainsi, le terme d’exclusion « renvoie à la réalité sociale de ce processus ainsi défini
comme un nouvel enjeu des politiques publiques » (p. 15).
Aujourd’hui, ce processus s’est amplifié en raison d’un chômage devenu structurel et de la
précarisation de l’emploi. Il affecte les jeunes sans qualification et en rupture sociale ainsi que
des personnes de plus de 50 ans dont « la qualification est devenue inadaptée au marché du
travail, ou encore des travailleurs pauvres dont les revenus ne leur permettent pas d’accéder à
un logement stable » (Quillien, s.d, p. 9).
Lorsque l’intégration sociale normative – qui passe essentiellement par l’emploi – ne
se produit plus, le lien social est pris en charge par les institutions d’assistance.
L’exclusion est la mise en œuvre progressive du rapport que les individus
entretiennent avec les institutions (idem).
Pour Paugam (1996), trois préoccupations théoriques se détachent plus particulièrement et
sont en lien avec la notion d’exclusion: la reproduction des inégalités, le relâchement des liens
sociaux et les limites des politiques sociales dont les principes organisateurs relèvent d’une
idée d’universalité des droits de l’Homme.
4.1.2 Approche anthropologique
L’approche anthropologique de Vincent de Gaulejac (1994) est centrée sur les trajectoires
individuelles conduisant à l’exclusion. Ici, « L’exclusion est analysée comme touchant
profondément les personnes, mettant en cause leur existence en tant que sujets du corps
social » (dans Quillien, s.d, p. 10).
Cette approche est focalisée sur le rôle essentiel de la dimension symbolique dans les
phénomènes d’exclusion. « Le processus qui mène à l’exclusion est un mélange d’événements
objectifs (perte d’emploi, ruptures familiales…) et d’éléments subjectifs qui affectent
l’identité sociale du sujet exclu. Toutefois, les éléments subjectifs sont les plus prégnants car
ils menacent la légitimité symbolique de l’ensemble du système social. Une société qui génère
de l’exclusion voit ses valeurs constitutives remises en question de manière fondamentale »
(idem. p. 11).
Selon Bertaux (2004), la dimension symbolique se réfère au regard que la société porte sur
des personnes privées de capitaux ou de ressources (économiques, sociales, culturelles,
linguistiques, etc.) nécessaires à une vie ordinaire dans une société: « celles-ci sont perçues le
plus souvent très négativement et font l’objet d’une disqualification, d’une stigmatisation, qui
aboutissent à ce qu’on appelle proprement l’exclusion: disqualifiées et stigmatisées, ces
personnes se trouvent rejetées aux marges de la société » (p. 1).
45
Les personnes ainsi stigmatisées n’ont pas seulement à gérer l’insuffisance de leurs
revenus, leur difficulté d’accès à l’emploi, etc., elles ont aussi à vivre avec le poids du
regard négatif de leurs concitoyens, regard que souvent elles intériorisent dans une
identité d’elles-mêmes fortement négative (idem. p. 2).
L’humiliation et la honte d’appartenir à la catégorie des bénéficiaires du RMCAS par
exemple.
4.1.3 Approche historique
Pour Castel (1995), l’exclusion ou la désaffiliation est perçue comme un phénomène
particulier de l’histoire de la question sociale. « Le phénomène de l’exclusion se trouve à la
croisée de l’histoire du salariat d’une part, et de celle du traitement de la pauvreté par l’État
d’autre part » (Dans Quillien, s.d, p. 11).
« L’histoire du salariat montre la construction progressive d’un système de protection sociale
qui va de la “tutelle” à l’époque féodale et sous l’Ancien Régime au “contrat” de l’époque
révolutionnaire et du XIXe siècle, pour aboutir au “statut” de la société salariale du XXe siècle
dans le cadre de l’État social » (idem).
Castel (1995), comme Paugam, pense qu’il existe un rapport entre l’affaiblissement du lien
social et les processus d’exclusion. L’auteur propose ainsi des zones de cohésion sociale, qu’il
définit de la façon suivante:



La zone d’intégration se caractérise par une association travail stable et insertion
relationnelle solide.
La zone de désaffiliation ou exclusion est une conjonction d’une absence de
participation à toute activité productive et d’un isolement relationnel.
La zone de vulnérabilité est intermédiaire, instable, elle conjugue la précarité du
travail et la fragilité des supports de proximité (p. 13).
Pour Castel (1995), la solution à cette inutilité se trouve dans les politiques économiques et
non dans les politiques sociales et « cette nouvelle question sociale posée par l’exclusion doit
être solutionnée principalement par l’État [qui] en tant garant de la cohésion sociale, doit
concevoir de nouvelles formes de régulation du statut salarial » (dans Quillien, s.d. p.11). Plus
la zone de vulnérabilité est contrôlée plus est possible la stabilité de la structure sociale.
En prenant les trois approches, l’on pourrait en conclure que l’exclusion est le produit d’une
construction sociale, qui résulte de difficultés d’assimilation, d’insertion ou d’intégration
(Xiberras, 1998, p. 25) et que cette notion souligne « l’incapacité à donner sens au réel, à
créer les conditions de liaison entre le monde et les hommes, liaison qui fait advenir à la fois
des sujets et du sociétal construit d’échanges économiques, de pouvoirs politiques, de valeurs
culturelles, c’est-à-dire fondamentalement de relations interpersonnelles » (idem).
46
5. Identité
Pour Dubar (2010), l’identité « est le résultat à la fois stable et provisoire, individuel et
collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, des divers processus de socialisation
qui, conjointement, construisent les individus et définissent les institutions » (p. 105). Le
processus identitaire biographique est l’identité à laquelle la personne se sent appartenir. Il
émerge des trajectoires personnelles et professionnelles ainsi que des aspirations. Il s’agit
donc d’un processus subjectif. Par ailleurs, le processus identitaire relationnel ou structurel
qui est lié à une transaction objective désigne l’identité qui nous est attribuée par les autres.
Par conséquent, l’identité est construite et reconstruite dans la confrontation de ce que l’on
perçoit de soi-même (identité individuelle) et de ce que les autres perçoivent (identité sociale).
Dubar (2010) considère que l’identité peut être analysée dans une logique de socialisation,
laquelle est conçue comme un « processus de construction, déconstruction et reconstruction
des identités liées aux diverses sphères d’activité que chacun rencontre au cours de sa vie et
dont il doit apprendre à devenir acteur » (p. 10).
La relation entre les différentes sphères d’activité est essentielle dans la construction de la
subjectivité, cela permet la production compréhensive et narrative d’une identité personnelle
émergeant d’une transaction subjective et une transaction objective. L’identité ou, comme
Dubar (2010) préfère la nommer, « les formes identitaires », est constamment construite,
déconstruite et reconstruite tout au long de la vie et dans la compagnie des autres. Cela
signifie qu’elle est un produit de socialisations successives.
Dubar (2010) appelle « actes d’attribution », l’identité qui nous est attribuée par les autres, en
d’autres termes qui définit « quel type d’individu vous êtes, c’est-à-dire l’identité pour
autrui » (p. 106), tandis que les « actes d’appartenance » ceux sont les actes qui expliquent
« quel type d’individu vous voulez être, c’est-à-dire l’identité pour soi » (idem).
Ils existent de multiples dimensions de l’identité des individus (sexe, classe sociale,
ethnique, etc.), mais selon Dubar (2010), la dimension professionnelle gagne une importance
particulière, étant donné « la crise » et les changements du contexte économique et social à
partir des années 80. Pour l’auteur, « l’emploi conditionne la construction des identités
sociales » (p. 16), de telle sorte que sa privation « est une souffrance intime, une atteinte à
l’estime de soi autant qu’une perte de relation aux autres : une blessure identitaire génératrice
de désorganisation sociale »39 (p. 13). Par ailleurs, l’auteur souligne que la formation est liée à
l’emploi, car celle-ci est « devenue une composante de plus en plus valorisée, non seulement
de l’accès aux emplois mais de trajectoires d’emploi et de sorties d’emploi » (p. 112).
Par ailleurs, d’après Archibald et Galligani (2009), quand une personne immigrée se voit dans
une nouvelle société, elle va « tout de suite sentir et vivre une différence identitaire » (p. 80).
39
Cf. Lazarsfeld P. Jahoda M., Zeisel H., Les chômeurs de Marienthal, paris, Minuit, 1981, 1er éd., 1932 ; ainsi que
Bourdieu P. (éd), La Misère du monde, Paris, Seuil, 1996.
47
L’individu immigré est confronté à deux réalités: d’une part, l’existence d’un héritage culturel
et linguistique vers lequel il se tourne pour se reconnaître. D’autre part, des caractéristiques
collectives nouvelles, « aussi bien au niveau de la singularisation personnelle qu’au niveau de
la reconnaissance collective, qu’il va tenter de s’approprier » (Idem, p. 81). Pour ce faire, la
communication joue un rôle fondamental.
Tajfel (1979, 1981) affirme que les personnes nécessitent une identité personnelle et sociale
positive, c’est-à-dire qu’elles ont besoin de faire partie des groupes socialement valorisés,
« car c’est la comparaison avec d’autres groupes qui détermine si l’individu réalise une
comparaison sociale satisfaisante ou non. Plus les membres d’un groupe se comparent
favorablement aux membres d’un autre, plus ils bénéficient d’une identité sociale positive »
(dans Herman et Van Ypersele, 2004, p. 8). Dans ce cas, ils mettent en place des stratégies
visant à conserver ou étendre leur propre supériorité.
Certaines études ont dévoilé que les chômeurs réalisent une comparaison avec le groupe des
travailleurs actifs qui se résout à leur détriment et développent une identité sociale et une
estime de soi négatives (Sheeran et al., 1995, dans Herman et Van Ypersele, 2004).
Pour Herman et Van Ypersele (2004), l’identité sociale est composée de trois dimensions :
« la dimension cognitive, qui porte sur la connaissance du fait d’appartenir à un groupe, la
dimension évaluative, qui s’interroge sur le fait de savoir si l’appartenance à un groupe donné
apporte des avantages et la dimension affective, qui détermine si l’appartenance à un groupe
est considérée comme valorisante (identité sociale positive) ou, au contraire, comme
dévalorisante (identité sociale négative) » (p. 34). Par ailleurs, ces auteurs pensent que le
concept d’identité sociale permet d’analyser la façon dont une personne s’insère ou se rattache
à une société.
5.1 Stratégies identitaires
Lipiansky, Taboada-Léonefti et Vasquez (1990, p. 24) définissent les stratégies identitaires
comme des « procédures mises en œuvre (de façon consciente ou inconsciente) par un acteur
(individuel ou collectif) pour atteindre une, ou des finalités (définies explicitement ou se
situant au niveau de l’inconscient), procédures élaborées en fonction de la situation
d’interaction, c’est-à-dire en fonction des différentes déterminations (socio-historiques,
culturelles, psychologiques) de cette situation » (cité par Gutnik, 2000, p. 123).
Pour Dubar (1991), les stratégies identitaires ont pour objectif de « réduire éventuellement
l’écart entre d’une part, l’identité revendiquée et l’identité attribuée et d’autre part, l’identité
héritée et l’identité visée. Le sujet produit donc ce que cet auteur appelle la double
transaction » (dans Gutnik, 2000, p. 123), car il crée des « transactions objectives avec autrui
ainsi que des transactions subjectives avec lui-même, tout en visant à réduire les écarts
éventuels entre l’identité sociale virtuelle et l’identité sociale réelle » (idem). Ainsi, pour H.
Malewska-Peyre (1987, p. 87), les stratégies identitaires visent à « diminuer ou éviter cette
souffrance émergeant de la dévalorisation de l’image de soi » (cité par Gutnik, p. 123).
48
D’ailleurs, selon Vincent de Gauléjac (1994,), il existe trois catégories de stratégies
identitaires:
Les stratégies de contournement (pp 189-197) visent à « transformer l’attribution d’une
identité stigmatisant par autrui en adoptant, soit une attitude de dérision du système de valeurs
mobilisé, soit en renversant la polarité axiologique (bien/mal) de l’attribution, soit en se
référant à d’autres systèmes de valeurs pour se désimpliquer de la stigmatisation, ou bien
encore en se positionnant en tant que citoyen pour qui, comme un autre, l’aide sociale est un
droit » (dans Gutnik, 2002, p. 123).
D’après Gutnik, ces stratégies permettent « une préservation de l’image de soi, un évitement
du sentiment de honte, mais pas nécessairement une intégration au sein de la société globale »
(p. 123).
La deuxième catégorie, – Les stratégies de dégagement – (de Gauléjac 1994, p. 199-206) « est
fondée sur le principe de projection de la responsabilité sur un autre individu ou sur la société.
Cette mise en cause du système social peut avoir plusieurs modalités: l’agressivité, le désir de
revanche et de mobilité individuelle à l’intérieur du système social, la recherche de
valorisation collective et la remise en cause du système » (dans Gutnik, 2000, p. 124).
[La troisième et dernière catégorie de stratégies - les stratégies de défense – émerge de
la] lutte contre l’intériorisation d’une image négative: si l’intériorisation est faible, le
sujet essaiera de résister à la stigmatisation, soit par l’évitement des situations où l’on
serait confronté au regard critique de l’autre, soit par la dénégation et la fuite, soit par
la hiérarchisation et la différenciation qui permettent de projeter sur les autres exclus la
mauvaise image. Lorsque l’intériorisation devient plus forte, le sujet accepte l’image
négative de l’exclu, de l’incapable ; il lui reste alors peu de capacités d’action possible
en dehors de la résignation, l’instrumentalisation de son statut, ou la surenchère qui lui
apporte l’illusion de contrôler son destin (de Gauléjac, 1994, p. 207, dans Gutnik,
2002, p. 125).
Selon une recherche40 menée par Herman et Van Ypersele (2004), « les demandeurs d’emploi
se caractérisent eux-mêmes, avant tout, par des traits de personnalité (par exemple, amical,
extraverti, ennuyeux) et dans un deuxième temps, par les appartenances liées à leur naissance
(sexe, nationalité, religion). Les sphères d’intérêt (hobbies) viennent en troisième position. La
référence à une catégorie professionnelle n’arrive, qu’en quatrième position.
Et là, la définition de soi est réalisée par référence à des études ou à un métier exercé
antérieurement » (p. 34). Ladite situation s’inscrit dans la catégorie de stratégies de défense
40
« La recherche a pour objectif de comprendre certains aspects psychosociaux impliqués dans les processus de
déqualification et de requalification de personnes privées d’emploi alors que des handicaps tant économiques, sociaux que
culturels se cumulent. Cette enquête est conçue dans une perspective destinée à mettre en lumière les processus qui
contribuent à une mobilisation et à une participation de ces personnes au sein de la société, que cette participation soit de
nature professionnelle, culturelle ou sociale » (Herman et Van Ypersele, 2004, p.3).
49
citées par Gutnik (2002), étant donné que celles-ci procèdent du niveau de la lutte contre
l’intériorisation d’une image négative.
Le poids d’une catégorie administrative telle que « chômeur » ou bénéficiaire de l’aide sociale
et du RMCAS se révèle socialement lourd et constitue une stigmatisation inévitable. « Aussi,
les personnes sans emploi, malgré certaines de leurs allégations, y adhèrent dans leur fort
intérieur » (Herman et Van Ypersele, 2004, p. 34.)
II QUESTIONS DE RECHERCHE
Lors de l’introduction et des chapitres précédents, la problématique de cette recherche ainsi
que des voies à suivre, selon les modèles théoriques et le contexte de la recherche, ont été
identifiées.
Dans ce chapitre, une question spécifique et plusieurs sous-questions seront énoncées.
Ensuite, sera abordée une proposition de réponse à la question de recherche spécifique.
1. Questions de recherche
Le constat tiré des statistiques signale que pour les immigrants récents d’âge mûr provenant
des États tiers, la possibilité de s’insérer sur le marché de l’emploi est faible (d’Aiuto, 2008).
D’ailleurs, étant moi-même « Suisse de retour de l’étranger » primo-arrivante, j’ai constaté
cette situation dans le milieu de familles de « Suisses de retour de l’étranger » aussi primoarrivantes appartenant à mon réseau social, constitué de liens forts et faibles. Cependant,
malgré tous les facteurs extrinsèques et intrinsèques pouvant entraver leur insertion sur le
marché de l’emploi: conjoncture, formations et mesures d’insertion peu ou pas adaptées à
leurs besoins, leur âge, leur manque de maîtrise de la « langue d’insertion », leur temps de
séjour, leur niveau de formation, etc., certaines personnes, avec les caractéristiques
susmentionnées, possèdent un emploi stable dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée.
Ainsi émergent la question spécifique et les deux premières sous-questions de recherche:



Quels sont les facteurs favorisant l’insertion sur le marché de l’emploi des Suisses
primo-arrivants originaires de Bolivie et d’Argentine, âgés de plus de 45 ans et
issus d’une immigration relativement récente (moins de dix ans)?
Quelles difficultés ont-ils rencontré pour s’insérer sur le marché d’emploi?
Quelles stratégies déploient-ils pour accéder à l’emploi?
Par ailleurs, toujours d’après les statistiques (d’Aiuto, 2008), le type de permis n’aurait pas
d’influence significative sur l’insertion des immigrants et « le fait d’avoir achevé une
formation tertiaire augmente leur probabilité d’être actifs » (p. 34). D’autres sous-questions se
posent alors:

Quel statut migratoire avaient-ils à leur arrivée? Etaient-ils des Suisses de retour
de l’étranger ou des conjoints de ces derniers (détenteurs alors d’un permis B)?
50

Quels sont leurs parcours professionnels avant et après leur arrivée? Quel est
leur niveau de formation? Quelle est leur expérience professionnelle avant et
après leur arrivée? Quelles formations ont-ils effectuées depuis leur arrivée?
Steiner et Stoffer (2006) mentionnent qu’il y a deux genres de mesures d’insertion: des
mesures sociales et des mesures professionnelles. « Dans le premier cas, le but des mesures
est de permettre au bénéficier de développer son autonomie individuelle, de se reconstruire un
réseau social et de retrouver une utilité sociale. Dans le second cas, elles visent l’intégration
dans le monde du travail par le renforcement des compétences de l’usager grâce à la
formation et/ou à l’exercice d’une activité » (p. 53). Il semble donc intéressant de savoir
quelles mesures d’insertion ont été suivies par les participants dans le cadre du Revenu
minimum cantonal d’aide social (RMCAS) et de l’Office cantonal de l’emploi (OCE).
2. Hypothèse
D’après Bergeron et Potter (2006), l’analyse de l’insertion des immigrants est focalisée
notamment sur leur « capital humain » (niveau de formation, expérience professionnelle,
maîtrise de la langue). Cependant, ces auteurs soulignent que des recherches ont démontré que
le réseau social est aussi important que le capital humain à l’heure actuelle dans la
compréhension des difficultés de quelques immigrants à s’intégrer.
Semblablement, j’ai pu apercevoir, dans le milieu des immigrants suisses-latino-américains,
que le réseau social est un des facteurs les plus importants qui favorisent l’insertion sur le
marché de l’emploi des binationaux originaires de Bolivie et d’Argentine, âgés de 45 ans et
plus et issus d’une immigration récente. Ce constat constituera donc une réponse principale à
ma question de recherche spécifique.
Comme nous l’avons vu précédemment, il existe deux genres de mesures d’insertion selon
Steiner et Stofer. Nous allons donc partir du postulat que le type de mesures d’insertion
proposé par l’OCE et le RMCAS serait plutôt de genre social. Les mesures d’insertion
auraient donc aidé les participants à élargir leurs réseaux sociaux et à retrouver une utilité
sociale.
IV MÉTHODOLOGIE
Cette recherche s’inscrit dans une démarche qualitative, laquelle s’adapte mieux à l’étude en
compréhension des phénomènes humains. Ce chapitre présente une réflexion préalable sur la
méthode mise en place pour mener la recherche. Seront également abordés les thèmes de la
position épistémologique adoptée, de la méthode utilisée et des participants rencontrés.
51
1. Position épistémologique
Cette recherche s’inscrit dans la posture épistémologique du paradigme compréhensif. « Les
chercheurs dont les travaux relèvent du paradigme compréhensif considèrent que les faits
humains sont porteurs de significations et qu’il leur est possible de saisir ces significations »
(Bérubé, 2009, p. 131) à partir des intentions que l’on peut anticiper chez un ou des acteurs et
de notre propre expérience vécue du social.
D’après Dilthey, pour parvenir à cette compréhension, il nous faut « une méthode descriptive
nous permettant de dégager des types invariants de l’esprit humain à partir d’une
compréhension intime des faits socioculturels » (dans Mucchielli, 1992, p. 195). Cette
méthode « consiste à revivre en pensée les situations significatives pour les protagonistes
sociaux » (idem).
Ainsi l’exprime Alex Mucchielli (2005), pour qui toute personne possède la possibilité de
« pénétrer le monde des significations d’un autre acteur humain. Le vécu et le ressenti d’un
autre homme ne sont pas hermétiques et hors d’atteinte » (p. 30) grâce à l’empathie.
Dans cet esprit, j’ai tenté de saisir l’expérience en rapport avec l’insertion sur le marché de
l’emploi des immigrants suisses d’origine étrangère. J’ai cherché à comprendre comment
cette expérience est interprétée, comment son interprétation a été construite à partir des
expériences et comment son interprétation influence les comportements présents et futurs. La
démarche a été particulièrement inductive, car le terrain a été abordé d’après une logique
d’exploration et de découverte plutôt que selon une logique de vérification, propre à la
démarche déductive.
2. Méthode de recherche: l’entretien
La méthode de recherche utilisée dans le cadre de cette recherche a été celle de l’entretien
semi-directif. J’ai donc posé une série de questions guidées et ouvertes, auxquelles je
souhaitais que le participant réponde. Celles-ci n’étaient pas forcément dans l’ordre dans
lequel je les avais notées. Dès que les participants s’écartaient du sujet, j’essayais simplement
de recentrer l’entretien sur les questions de la recherche.
Les entretiens ont été réalisés en espagnol et au domicile des participants, et ce, de manière
individuelle.
Tous ont été enregistrés. Des notes ont également été prises, car dans quelques cas les
participants se lâchaient beaucoup plus lorsque j’arrêtais d’enregistrer. Cela correspond
d’ailleurs aux transcriptions les plus courtes. Dans les jours suivants, les entretiens ont tous
été transcrits. Au fur et à mesure qu’un entretien était transcrit, je procédais à sa traduction
vers le français.
52
Enfin, parmi tous les ouvrages traitant de la méthodologie de l’entretien, celui de Bellengere
et Couchaere (2010) sur Les techniques de questionnement et celui de Gerald Boutin (1997)
Entretien recherche qualitatif, ont servi de référence. En aval, les entretiens ont été structurés
en anticipant les résultats, en rédigeant les canevas, les thèmes et les questions principales.
La préparation et la négociation des entretiens ont comporté trois phases. D’abord,
l’élaboration du guide d’entretien avec les questions et celles éventuellement de relance.
Ensuite, la recherche de participants. Ainsi, les trois premiers participants faisaient partie de
mes connaissances : une collègue et deux oncles. Les onze autres participants étaient des
connaissances de ces derniers ou de mon cercle social.
Enfin, j’ai téléphoné à chaque participant. Onze d’entre eux étaient déjà avertis par leurs
connaissances. Je me suis présentée et fait une brève justification de mon travail41. Parmi ces
onze personnes, deux ne voulaient pas participer, mais ils m’ont orientée vers leur conjoint
qui était disponible. J’ai négocié avec eux les conditions de l’entretien : le temps, le lieu,
l’anonymat.
La conduite de l’entretien comportait trois étapes : d’abord, la crédibilité de la recherche
auprès des participants et la mise en confiance ont été établies. Ensuite, les entretiens se sont
déroulés sous forme de conversation. Chacun d’eux a duré environ 30 minutes. Puis, ils se
sont conclus par des remerciements.
2.1 Guide d’entretien
Le guide de l’entretien était basé sur les questions de la recherche, l’entretien était donc
encadré par celles-ci (cf. annexe 2).
La première question consistait à connaître le chemin parcouru par l’interviewé depuis son
arrivée en Suisse jusqu’à son insertion sur le marché de l’emploi. Celle-ci représente une
question centrale car en l’abordant, les participants répondaient également à la majorité des
questions suivantes du guide d’entretien, notamment sur leur statut migratoire, les organismes
consultés, les mesures d’insertion suivies et leur parcours professionnel depuis leur arrivée en
Suisse.
En général, la question suivante portait sur le parcours professionnel avant leur arrivée en
Suisse. Ensuite, la question concernant les difficultés rencontrées lors de la recherche
d’emploi et les stratégies pour accéder à l’emploi a été posée.
Enfin, les entretiens se sont terminés par des questions concernant la date de naissance et la
date d’arrivée en Suisse.
41
Je leur ai expliqué que j’étais en train de rédiger mon mémoire de master qui portait sur des Suisses d’origine latinoaméricaine.
53
3. Population
Par la suite je vais définir la population cible de cette recherche, c’est-à-dire les personnes
respectant les critères préalablement établis, tels que présentés ci-dessous :
3.1 Les critères de sélection des participants
Premièrement, tous les participants rencontrés devaient remplir les critères suivants : ils
devaient être originaires d’Amérique latine, posséder un passeport suisse, demeurer sur le
territoire de Genève depuis moins de dix ans et être âgés de 45 ans et plus.
Concernant le critère du « pays d’origine », celui-ci a émergé au fur et à mesure que les
entretiens avançaient. La Bolivie et l’Argentine ont été choisies pour une raison
d’accessibilité, étant donné mon réseau social et celui des premiers participants.
3.2 La composition de la population
Au total, ce sont 14 immigrants qui ont composé la population de cette recherche. Dans cette
section, seront discutées les caractéristiques sociodémographiques pour l’ensemble de la
population. Tous les prénoms utilisés sont fictifs. Les caractéristiques prises en compte dans
le cadre de cette recherche étaient le sexe des participants, leur âge, leur pays d’origine
(Bolivie et Argentine), leur profession ou occupation actuelle et l’année de leur immigration.
Les participants devaient également posséder la nationalité suisse.
D’après l’information du tableau n°2 qui figure à la page suivante, nous pouvons constater
que :




Une proportion assez équivalente d’hommes et de femmes a fait l’objet dans cette
recherche : six hommes dont trois ont un emploi à durée indéterminée et huit femmes
dont quatre possèdent un emploi à durée indéterminée.
Tous sont âgés d’au moins 45 ans.
Sept des participants possèdent un emploi à durée indéterminée et sont arrivés en
Suisse il y a plus de huit ans. Les sept autres sont à la recherche d’emploi et
bénéficient, directement ou indirectement du RMCAS42. Trois d’entre eux sont arrivés
il y a moins de sept ans, trois autres il y a huit ans et le dernier il y a neuf ans.
Dans le cadre de cette recherche, nous avons rencontré huit Boliviens dont trois sont
employés et six Argentins dont quatre sont employés.
42
Le RMCAS est calculé en fonction de la situation financière du demandeur et des personnes formant ménage
commun avec lui. Consulté le 9 mars dans
http://www.hospicegeneral.ch/fileadmin/files/pdfs/asoc/rmcas_flyerjaune4.pdf.
54



Trois personnes ont obtenu la nationalité suisse par filiation et onze par naturalisation
facilitée. Parmi ces derniers, neuf sont des conjoints de Suisses primo-arrivants et
deux ont obtenu la nationalité en vertu de l’article 31b LN.
Parmi les sept employés, un seul a obtenu la nationalité suisse par filiation, les six
autres l’ont obtenue par naturalisation facilitée.
Concernant les sept participants sans emploi, deux ont obtenu la nationalité par
filiation, les autres par naturalisation facilitée.
Tableau N° 2
Prénom
Origine
Pedro
Argentin 45
David
Argentin 57
Jaime
Argentin 55
Sara
Argentin 58
e
Employée contrat à durée
indéterminée
10 ans
María
53
Hugo
Bolivien
55
Gabriel
Bolivien
57
Employée contrat à durée
indéterminée
Employée contrat à durée
indéterminée
Sans emploi/bénéficiaire
directe du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire
indirecte du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire
directe du RMCAS
Employée contrat à durée
indéterminée et déterminée
Sans emploi/bénéficiaire
directe du RMCAS
Employé contrat à durée
indéterminée
Employé contrat à durée
indéterminée
Sans emploi/bénéficiaire
direct du RMCAS
8 ans
Teo
Argentin
e
Argentin
e
Bolivien
ne
Bolivien
ne
Bolivien
ne
Bolivien
ne
Bolivien
ne
Bolivien
Andrea
Fany
Rosa
Mónica
Aurora
Melina
Âge
45
51
45
53
50
52
55
Occupation actuelle
Sans emploi/bénéficiaire
indirect du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire
indirect du RMCAS
Employé contrat à durée
indéterminée
Durée
de
séjour
5 ans
7 ans
8 ans
10 ans
7 ans
8 ans
8 ans
8 ans
Type de
naturalisation
Naturalisation
facilitée
Naturalisation
facilitée
Naturalisation
facilitée en vertu de
l’article 31b LN
Naturalisation
facilitée en vertu de
l’article 31b LN
Naturalisation
facilitée
Naturalisation
facilitée
Filiation
Naturalisation
facilitée
Filiation
8 ans
Naturalisation
facilitée
Filiation
9 ans
Filiation
9 ans
Naturalisation
facilitée
Filiation
9 ans
55
V. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
1. Analyse des entretiens
Pour l’analyse compréhensive, les données recueillies ont été mises en relation, d’une part,
avec les questions de cette recherche, et d’autre part, avec le cadre contextuel et théorique
abordés dans les deux premiers chapitres. Pour ce faire, ont été utilisées les catégories
d’analyse suivantes : statut migratoire à leur arrivée, organismes gouvernementaux consultés,
mesure d’insertion suivie, niveau de formation, postes d’emploi ou travaux avant et après
immigration, difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi, moyens pour trouver un
emploi et stratégies déployées pour chercher un emploi.
1. 1 Statut migratoire à leur arrivée
Actuellement, tous les participants sont des binationaux. Cependant, à leur arrivée, ils avaient
différents statuts migratoires, ce qui a différencié leurs démarches administratives, le type
d’aide de l’État qu’ils ont reçu, leurs droits et leurs obligations.
En ce qui concerne leur statut migratoire, nous pouvons observer dans le tableau n° 3 (cf.
annexe 3) que six participants possédaient dans un premier temps un permis B, car ils étaient
des conjoints de Suisses de retour de l’étranger primo-arrivants. Parmi ceux-ci, trois
possèdent actuellement un emploi: Hugo, Ana et Aurora. Les autres trois conjoints (cf. Pedro,
David et Rosa) n’ont pas d’emploi et sont des bénéficiaires indirects du RMCAS.
Nous pouvons constater également (cf. annexe 3, tableau n° 3) que cinq des participants
avaient un statut de « Suisse de retour de l’étranger » à leur arrivée. Seulement un possède un
emploi actuellement (voir Teo). Les quatre autres sont des bénéficiaires directs du RMCAS
(cf. Fany, Melina, Monica et Gabriel).
En ce qui concerne Sara et Jaime, ils sont issus de parents Suisses qui avaient perdu la
« nationalité helvétique ». Par conséquent, ils possédaient au début un permis B provisoire en
attendant leur passeport suisse. Actuellement, les deux exercent un emploi.
Dans le cas de Maria, elle avait un permis B, du fait de son statut d’épouse d’un des
participants (Jaime). Actuellement, elle travaille.
Ainsi, nous pouvons constater, à l’instar de d’Aiuto (2008), que les « Suisses de retour de
l’étranger » originaires d’Argentine et Bolivie – à l’inverse de ce qu’on aurait tendance à
penser – ne sont pas favorisés en ce qui concerne l’insertion sur le marché de l’emploi par
rapport aux porteurs d’autres permis. Donc le statut migratoire à leur arrivée n’a pas été
significatif à l’heure actuelle pour trouver un emploi.
D’ailleurs, selon les résultats de cette recherche, les Suisses de retour de l’étranger seraient
dans certains cas même en désavantage en comparaison avec les participants titulaires d’un
56
permis B à leur arrivée, car ils ont plus d’obligations. Par exemple, nous savons que la
maîtrise de la langue est un facteur important pour s’insérer sur le marché de l’emploi. Or, à
partir de cette recherche, il a pu être constaté que la plupart des conjoints de Suisses de retour
de l’étranger ont eu l’opportunité de suivre des cours de français durant plusieurs mois, tandis
que les « Suisses de retour de l’étranger » les ont suivis que durant deux, voire trois mois. Ce
phénomène peut s’expliquer par le fait que ces personnes, ne faisant pas partie
« administrativement » du groupe d’« étrangers », ne peuvent pas profiter des politiques
d’intégration dont la langue occupe une position centrale.
Ainsi, par exemple, Ana, conjointe d’un Suisse de retour, a déclaré : « Ils m’ont accordé la
possibilité de suivre deux ans de cours, je n’ai eu aucun problème. J’ai même eu le droit à un
professeur particulier désigné par l’OCE qui me donnait des leçons privées. Puis, j’ai encore
suivi deux cours de français à l’IFAGE avant de me présenter et de réussir l’examen de
l’Alliance française » (cf. annexe 4, p. 140, 18-22).
David, lui, s’exprime ainsi :
J’avais un permis B et donc, je pouvais m’inscrire à l’OCE, mais ils ne m’ont octroyé
que quatre mois de cours de français. Je peux déjà me considérer heureux car, c’est
bien plus que ce qu’ils donnent aux Suisses de retour de l’étranger. Alors, c’est une
différence intéressante… Ceux qui possèdent un permis B, ceux qui ne sont pas
Suisses, mais qui sont mariés avec des Suisses ont plus d’avantages quant à
l’apprentissage de la langue que ceux qui sont réellement Suisses (cf. annexe, p.146,
14-19)... D’autre part, j’ai un ami dont la femme était au chômage. Il a profité de ces
deux, trois ou quatre années exclusivement pour se former. À présent, il travaille dans
une banque et touche un très bon salaire pouvant atteindre CHF 9 000.- par mois... (cf.
annexe 4, p.145, 7-9).
Pedro illustre bien l’exemple donné par David ci-dessus : il est membre d’une famille
bénéficière du RMCAS et sa femme (Suisse de retour de l’étranger primo-arrivante) travaille
actuellement grâce à la mesure d’insertion Emplois de Solidarité. Étant donné que Pedro n’est
pas soussigné au contrat, il n’est pas obligé d’effectuer une contre-prestation. Il a donc plus de
temps pour se former, et c’est d’ailleurs ce qu’il fait actuellement à l’IFAGE. Cela pourrait lui
être bénéfique dans l’avenir.
Par ailleurs, dans la plupart des cas, les entretiens ont dévoilé que l’apprentissage de la langue
n’est pas proportionnel à la durée des cours de français suivis. Nous pouvons d’ailleurs le
constater dans le propos de Rosa: « J’ai eu droit à un an de cours de français, ce qui selon
moi, était un avantage. Cependant, je n’ai pas trouvé un emploi parce que je n’ai pas pu
améliorer mon français » (cf. annexe 4, p.138, 10-12).
Ce qui ressort des entretiens est que le facteur principal qui a aidé les participants à améliorer
et à pratiquer leur français, est la socialisation dans le travail. C’est ce qu’exprime, entre
autres, Gabriel (cf. aussi Monica, Maria, Teo et Jaime):
57
Je faisais partie d’un groupe qui nettoyait trois fois par jour avec des machines. Ce
n’était pas un travail manuel, mais il était tout de même fatigant, car nous faisions
huit heures par jour. Mais je me suis habitué. Le plus important est que j’ai réussi à
m’intégrer. J’ai amélioré mon français et je me suis fait beaucoup d’amis là-bas. Mais
un an passé rapidement et je suis de nouveau au chômage. (cf. annexe 4, pp. 117-118,
48-2)
Cela confirme ce qu’Adami (2009) souligne à propos de l’apprentissage de la langue cible en
milieu naturel. En effet, l’auteur affirme que « l’interaction est le vecteur principal de
l’acquisition de la langue cible par les migrants dans la mesure où ils se trouvent en situation
d’immersion [et que] c’est par le contact répété avec les natifs qu’ils construisent
progressivement une interlangue » (p. 41).
1.2. Organismes gouvernementaux consultés à leur arrivée
Comme nous pouvons l’observer dans le tableau n°4 (cf. annexe 3), treize participants ont
sollicité l’assistance de l’Hospice général à leur arrivée. Seule une participante ne l’a pas fait,
étant la conjointe d’un Suisse primo-arrivant en situation financière stable, habitant à Genève
depuis son plus jeune âge. D’ailleurs, elle est actuellement employée (cf. Aurora). Seules
deux personnes ont pu trouver un emploi fixe quelques mois après avoir reçu l’aide de
l’Hospice. D’ailleurs, à cette époque, elles n’avaient qu’un permis B (cf. Maria et Jaime).
En ce qui concerne les douze autres participants, tous sont passés par l’OCE. Parmi ceux-ci,
cinq ont eu le droit aux indemnisations immédiatement, étant considérés comme des « Suisses
de retour de l’étranger ». Dans ce groupe, un seul travaille actuellement (cf. Teo).
Parmi les sept autres, il y a d’un côté Sara (Suisse en vertu de l’Article 31b LN). Elle ne
possédait pas le passeport helvétique à son arrivée. Elle a travaillé une année et a touché
ensuite l’assurance-chômage.
D’un autre côté, six participants sont des conjoints de Suisses primo-arrivants, qui, à leur
arrivée, n’avaient ni le « passeport helvétique » ni le droit aux indemnisations. D’ailleurs,
Aurora, Ana et Hugo sont les seuls conjoints qui ont réussi à trouver un emploi pendant cette
période. Cependant, après une année, Hugo a eu un accident et il s’est réinscrit à l’OCE. Il a
obtenu cette fois le droit aux indemnisations.
Six participants ont bénéficié de la « mesure cantonale » pour les chômeurs en fin de droit en
vigueur avant l’année 2008. Tous ont travaillé dans des emplois peu qualifiés: Fany et Melina
en tant qu’accompagnantes de personnes âgées, Monica en tant qu’aide dans une maison de
retraite, Gabriel en tant qu’aide de cuisine, Sara en tant que vendeuse de vêtements de
seconde main et finalement Teo en tant que serrurier dans un musée. À la fin de leur contrat,
ils se sont réinscrits à l’OCE. Seule une personne (cf. Sara) qui avait bénéficié de la mesure en
tant que vendeuse à la Croix-Rouge a trouvé un emploi de suite en tant que calibreuse de
pierres précieuses dans une usine.
58
D’après les résultats des entretiens, sept personnes bénéficient du RMCAS: quatre
directement et trois indirectement. Les quatre bénéficiaires directs sont des Suisses de retour
de l’étranger. Les trois autres sont des conjoints de Suisses de retour de l’étranger 43. Dans ce
groupe, seule une personne a trouvé un emploi (cf. Teo). Par conséquent, actuellement il n’y a
que six bénéficiaires.
Seulement quatre participants ont mentionné l’OFPC lors des entretiens: Pedro et Mónica leur
ont sollicité le chèque de formation, David qui est allé s’informer sur la validité des titres
universitaires extra européens afin de pouvoir valider le sien. Aurora avait entrepris les
démarches en vue d’obtenir l’équivalence de son titre d’éducatrice réalisé en Bolivie,
cependant, son dossier a disparu avec le changement de responsable du secteur. Cette
situation l’a découragée. Voici son témoignage:
Ils m’ont donné alors un rendez-vous avec le nouveau directeur du bureau
d’Orientation Professionnelle, Madame Jaccard était partie… Je suis partie parler avec
lui, et au moment d’aller chercher mon dossier, il n’était plus là, il s’était perdu. Il
n’avait aucune trace de toutes les démarches que j’avais déjà entreprises. Il fallait que
je refasse tout de nouveau, que je recommence de zéro, ce que j’ai refusé (cf. annexe
4, p. 124, 39-43).
Ainsi, comme nous pouvons le constater, l’organisation la plus consultée est l’Hospice
général. De plus, la plupart des participants sont des bénéficiaires directs ou indirects, ce qui
dévoile leur situation financière difficile.
Les interviewés ont parlé de leur situation économique, notamment ceux qui sont à la
recherche d’un emploi. En effet, toutes les personnes appartenant à ce groupe sont des
bénéficiaires directs ou indirects du Revenu minimum cantonal d’action sociale (RMCAS).
D’après les dires de Melina,
Le système vous oblige à dépendre de lui, en ne vous donnant aucune chance de
travailler. Je voulais monter une cafétéria, mais c’est impossible, car la formation
coûte entre CHF 4 000.- et 5 000.-. L’argent qu’on reçoit du RMCAS nous limite,
c’est une misère. Vous nagez en pleine pauvreté, ce n’est pas assez pour finir le mois.
Alors je comprends pourquoi beaucoup de gens travaillent au noir. Si vous déclarez ce
que vous avez gagné, par exemple CHF 600.-, ils vous les enlèvent, alors vous ne les
déclarez pas… Cela force les gens à faire des choses qui vont à l’encontre de leurs
principes, mais ils n’ont pas le choix (cf. annexe 4, p. 130, 32-38).
43
Le RMCAS est calculé en fonction de la situation financière du demandeur et des personnes formant ménage commun
avec lui.
59
Concernant les personnes qui possèdent un emploi, quatre ont révélé être en situation
financière difficile. C’est notamment le cas d’Aurora qui est rémunérée selon les heures
effectuées (cf. aussi Teo, Melina, David):
Malheureusement, les salaires pour les enseignants… bon… je ne me plains pas c’est
bien payé…, cependant, j’ai un salaire qui n’est pas suffisant, il fluctue... Je me suis
promise de quitter l’emploi de nettoyage cette année… il s’agit d’une bijouterie, ce
n’est pas difficile. J’ai trouvé cet emploi et j’y suis restée. En plus, avec la crise qu’il y
a dans les écoles, je ne donne pas beaucoup de cours. Cela a été dur… (cf. annexe 4, p.
123, 33-37).
Ainsi, les réponses des participants lors de cette recherche correspondaient aux statistiques
économiques actuelles qui démontrent que « les étrangers sont plus souvent touchés par la
pauvreté que les Suisses et sont aussi fortement surreprésentés parmi les working poor. En
outre, ils travaillent plus souvent dans des conditions de travail atypiques et fréquemment
dans des branches où le niveau des salaires est bas »44.
Nous pouvons également constater que les participants, notamment les non employés, sont
dans la zone de vulnérabilité énoncée par Castel (1995), laquelle est caractérisée par la
précarité du travail et la fragilité des supports de proximité.
1.3 Mesure d’insertion suivie
Comme nous pouvons l’observer dans le tableau n° 5 (cf. annexe 3), trois des sept personnes
possédant actuellement un emploi n’ont bénéficié d’aucune mesure. Parmi celles qui en ont
bénéficié, il y a d’une part Hugo, chauffeur-livreur grâce à la mesure Emplois de solidarité,
Ana qui a signé un contrat à durée indéterminée après avoir fini son stage en tant que
gestionnaire de salaires trouvé par le biais de l’OCE et Sara qui a travaillé comme vendeuse
de vêtements de seconde main à la Croix-Rouge.
Teo a fait un stage de trois mois en tant que soudeur qu’il a trouvé par l’intermédiaire de
l’OCE. Puis, à la fin de son droit, il a suivi une mesure cantonale d’une année en tant que
serrurier au musée d’art et d’histoire. En 2010, il a trouvé un emploi en tant que facteur à la
poste pendant qu’il bénéficiait du RMCAS.
Concernant les sept personnes sans emploi, quatre ont suivi une mesure, celle qui était en
vigueur avant l’année 2008: Fany et Melina en tant qu’accompagnantes des personnes âgées à
la Fondation transport handicap, Monica en tant qu’aide d’infirmière dans une maison de
retraite et Gabriel en tant qu’aide de cuisine.
44
Confédération Suisse, OCSTAT, 2011, Migration et intégration – Analyses. Les étrangers sont en moyenne plus touchés
par la pauvreté. Consulté le 30 mai dans
http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/01/07/blank/dos/la_population_etrangere.html
60
Il a été vu dans le cadre théorique que les mesures d’insertion peuvent, d’une part, aider les
gens à subvenir à leurs besoins et d’autre part à se réinsérer sur le marché de l’emploi. Ce
constat a été confirmé dans les entretiens.
Dans le cadre théorique (Steiner et Stoffer, 2006), deux types de mesures, sociale et
professionnelle, ont été abordées. « Dans le premier cas, le but des mesures est de permettre
au bénéficiaire de développer son autonomie individuelle, de se reconstruire un réseau social
et de retrouver une utilité sociale. Dans le second cas, elles visent l’intégration dans le monde
du travail par le renforcement des compétences de l’usager grâce à la formation et/ou à
l’exercice d’une activité » (p. 53). D’après les résultats des données récoltées, il a pu être
constaté que toutes les mesures d’insertion (à l’OCE et au RMCAS) suivies par les
participants correspondent au genre social.
1.4. Parcours professionnel : formations et travaux avant et après leur arrivée
D’après le tableau n°6 (cf. annexe 3), nous pouvons constater que, avant leur arrivée, six
personnes étaient titulaires du baccalauréat. Parmi elles, deux sont actuellement employées
(cf. Aurora et Ana). Aurora possède un diplôme dans la petite enfance et travaille en tant que
professeur d’espagnol et femme de ménage. Cette situation peut sembler contradictoire, mais,
son salaire de professeur est insuffisant pour subvenir à ses besoins. Elle est donc obligée de
compléter son revenu en faisant du nettoyage. Elle aimerait cesser son activité en tant que
femme de ménage, cependant c’est la seule solution qu’elle a trouvé pour joindre les deux
bouts.
À la base, Ana est avocate, elle bénéficie d’une expérience d’assistante administrative au sein
de tribunaux et également en tant que gestionnaire. À présent, elle exerce en tant que
gestionnaire de salaires dans la ville de Genève.
D’après le tableau n°7 (cf. annexe 3) parmi les sept participants sans emploi, six, avant leur
arrivée, occupaient des postes de cadres intermédiaires ou étaient à leur compte. Seule Rosa
était femme au foyer.
Les sept participants travaillant actuellement ont un emploi peu qualifié : Maria et Aurora
sont femmes de ménage, Jaime est concierge, Teo facteur, Ana gestionnaire de salaires, Hugo
chauffeur-livreur et enfin Sara calibreuse de diamants. Cependant, Aurora travaille également
en tant que professeur d’espagnol.
Dans le tableau n°5 (cf. annexe 3) nous pouvons constater que cinq participants possèdent un
ou plusieurs diplômes (correspondant à moins d’une année d’études). Parmi eux, trois sont
employés (cf. Jaime, Teo et Hugo) et deux ne les sont pas (cf. Rosa et Fany). Jaime possède
un diplôme en communication et travaille actuellement en tant que concierge. Teo possède un
diplôme en construction et travaille actuellement en tant que facteur. Pour sa part, Hugo
possède un diplôme en tant que chauffeur poids lourd et travaille actuellement en tant que
chauffeur-livreur. Rosa est titulaire d’un diplôme dans le domaine du secrétariat. Cette
61
dernière était femme au foyer durant le sept derniers années qu’elle a vécu dans son pays
natal. Fany possède plusieurs diplômes dans le domaine de la gestion d’entreprise et possède
également une expérience professionnelle d’une vingtaine d’années dans ce secteur d’activité.
Par ailleurs, trois des participants ont un niveau de formation secondaire. Deux de ces
personnes sont employées actuellement et étaient femmes au foyer dans leur pays : Sara est
calibreuse en pierres précieuses et Maria femme de ménage. Concernant leur niveau de
formation, six participants ont fait des études universitaires. Parmi eux, seuls deux sont
employés. Cette situation confirme ce que Steiner et Stoffer (2006) soulignent à propos de la
formation Suisse: « La formation en Suisse est mieux valorisée que la formation suivie dans le
pays d’origine, ce qui démontre que la politique d’intégration de la population étrangère
devrait se concentrer sur la formation des immigrants délivrée en Suisse » (p. 5).
Par ailleurs, d’après l’information récoltée, l’accès à l’emploi de la plupart des participants
employés est lié à la continuité professionnelle avant et après l’immigration. Ainsi, Aurora
travaillait et travaille dans le domaine de l’éducation, Jaime travaillait et travaille dans le
domaine du service à la clientèle, Ana travaillait et travaille en tant que gestionnaire de
salaires, Maria était femme au foyer et travaille en tant que femme de ménage et Hugo
travaillait et travaille en tant que chauffeur. Par ailleurs, Teo travaillait dans le domaine de
construction et travaille actuellement en tant que facteur et Sara était femme au foyer et
travaille comme calibreuse de diamants dans une usine.
Parmi les sept participants employés, cinq sont très satisfaits de leur emploi. Teo, quant à lui,
est insatisfait de son emploi de facteur, car, pour lui, ce n’est pas une activité idéale.
Cependant, il pense que le fait de travailler malgré son âge est très important: « Je peux déjà
m’estimer heureux d’avoir un emploi. Comme dans tous les boulots, il y a des côtés positifs et
négatifs. Ce n’est pas le job de mes rêves et la paye n’est pas mirobolante, mais cela reste un
travail proprement dit et, par les temps qui courent, il est très difficile d’en dénicher un.
Surtout lorsque l’on a 56 ans » (cf. annexe 4, p. 126-127, 48-2). Aurora, pour sa part, souhaite
arrêter le nettoyage pour se consacrer entièrement à l’enseignement de l’espagnol. En effet,
elle est très satisfaite de cette dernière activité professionnelle.
Dans le cas des non employés, l’insertion professionnelle s’effectue souvent au prix d’une
déqualification et de l’absence de reconnaissance de l’expérience acquise dans le pays
d’origine, car tous les travaux qu’ils effectuent ou qu’ils ont effectués dans le cadre d’une
mesure d’insertion sont des travaux peu qualifiés.
En outre, les entretiens révèlent l’importance de l’identité dans le processus d’insertion.
Comme le souligne Tatara (2011) « ce concept et sa compréhension sont indispensables pour
traiter des questionnements concernant l’intégration professionnelle. Elle permet
62
d’appréhender les processus en jeu lorsque les individus sont confrontés au monde du
travail »45.
Ainsi, la majorité des non employés étaient des cadres ou des entrepreneurs dans leur pays
d’origine et ils sont à présent en train de rechercher un emploi correspondant à leurs
compétences et formation.
Par conséquent, les participants, depuis leur arrivée, ont déployé des stratégies identitaires
d’ancrage, c’est-à-dire qu’ils essayent de défendre leur passé. C’est d’ailleurs ce qu’affirment
Pierre Tap et Jean-Pierre Codol (1996, p. 191), pour qui, « l’identité est un système structuré,
différencié, à la fois ancré dans une temporalité passée (les racines, la permanence) dans une
coordination de conduite actuelle et dans une perspective légitimée (projet, idéaux, valeurs et
styles). Elle coordonne des identités multiples associées à la personne (identité corporelle,
identité caractérielle, spécificités professionnelles…) ou en groupe (rôle, statuts…) » (cité par
Lipiansky, 1992, p. 45 dans Gutnik, 2002, p. 126).
Ces auteurs ajoutent trois types de stratégies hormis celle de l’ancrage :



Les stratégies de positionnement et d’engagements sociaux marquant la
reconnaissance de soi par autrui.
Les stratégies d’anticipation, de prévision et de projet impliquant l’élaboration d’un
but à atteindre en fonction des ressources disponibles.
Les stratégies permettant de faire face au stress (coping) se déroulant dans un présent à
dénouer (idem, p. 127-128).
De ce point de vue, nous pourrions dire, d’une part, que pour les participants bénéficiaires du
RMCAS, dont la plupart possèdent des titres universitaires ou des expériences
professionnelles en tant que cadres, il est très difficile de rétrograder professionnellement, et
d’autre part, que malgré cette situation financière difficile, ils ne sont pas dans la rue grâce au
soutien de l’État, aide qui n’existe guère dans leur pays d’origine.
Par conséquent, tant qu’ils ne seront pas dans une situation « d’abandon », ils vont attendre la
possibilité de « démontrer ce qu’ils savent faire » et de continuer leur développement
professionnel. C’est ce qu’exprime Pedro :
Si je vivais cette même situation en Argentine je ne pourrais pas subvenir aux besoins
de ma famille. Il m’est arrivé de me retrouver dans une situation pareille à celle-ci
dans mon pays d’origine, je me sui retrouvé sans emploi. Seulement, à la différence
45
Tatara, 2011, Le concept d’identité professionnelle chez Claude Dubar, Les deux transactions identifiées: la transaction
objective et la transaction subjective. Para. 4
63
d’ici, il est beaucoup plus difficile de faire face à la dure réalité lorsque tu ne reçois
aucune aide du gouvernement (cf. annexe 4, p.137, 32-36).
Puis Pedro ajoute :
Tu viens toujours avec l’espoir de travailler dans ton domaine ou d’occuper un
meilleur poste. C’est seulement le jour où le besoin se fera urgent que j’ouvrirai mon
horizon vers d’autres professions. Je n’ai aucun problème avec ça, mais cela
impliquerait de recommencer à zéro, encore, et je me sens trop vieux pour cela (cf.
annexe 4, p. 136, 39-42).
Par ailleurs, quelques participants non employés travaillent soit en tant que bénévoles soit de
façon non déclarée dans des domaines qui correspondent à leurs compétences. Cette situation,
d’après Gutnik, (2002) représente une stratégie permettant « une préservation de l’image de
soi, un évitement du sentiment de honte, mais pas nécessairement une intégration au sein de la
société globale » (p. 123).
Pour ce qui est des formations effectuées après leur arrivée, comme nous l’avons déjà vu
antérieurement, tous ont suivi des cours de français, la plupart dans le cadre de l’OCE.
Les entretiens nous permettent de conclure que dans quelques cas, les formations suivies dans
le cadre de l’OCE n’ont pas été adaptées aux vrais besoins ou aux projets professionnels des
participants. Ainsi, par exemple, Teo était expérimenté en tant que superviseur de
construction de bâtiments et son conseiller lui a demandé de suivre deux cours en soudure.
De même, Fany qui avait travaillé dans une ONG, a été recommandée par son ancien
employeur à l’OMS, mais la hiérarchie exigeait qu’elle sache parler anglais. Lorsqu’elle a
demandé une formation linguistique à sa conseillère de l’ORP, cette dernière a refusé,
préférant lui en proposer une autre portant sur la recherche d’emploi.
Dans le cas de Gabriel (chimiste), l’OCE lui a payé l’école de cafetier, car il avait un projet
dans ce domaine. Cependant, il n’a pas pu passer les examens étant donné sa situation
financière.
Hugo, pour sa part, avait besoin du Brevet fédéral de chauffeur poids lourd pour être engagé
dans une entreprise, mais sa conseillère lui a refusé cette formation qui s’élevait à CHF
6 000.- sous prétexte que le coût de celle-ci était trop élevé. Or, l’OCE a déjà payé des
formations bien plus chères, comme le témoigne Aurora :
Le chômage a pris en charge toute la formation d’une de mes amies. En revanche, moi,
je n’ai pas pu bénéficier d’aucun soutien financier pour entreprendre la même
formation. J’ai donc décidé d’en parler à mon conseiller de l’ORP pour éclaircir la
situation, mais ce dernier m’a rétorqué que le chômage n’était pas destiné à cet usagelà. D’autre part, il m’a dit que j’avais déjà un métier, celui d’éducatrice de la petite
64
enfance et par conséquent, je n’avais qu’à trouver un emploi dans ce domaine-là.
Donc, ils nous cataloguent rapidement et ne nous laissent pas l’opportunité de se
réorienter vers une nouvelle profession (cf. annexe 4, p. 124, 31-37).
Par ailleurs, Pedro est en train de faire une formation à l’IFAGE en finances, payée par ses
propres ressources, et Melina a achevé une formation en comptabilité. Quant à Aurora, elle a
suivi le Module 1 du Brevet fédéral de formateur et formatrice d'adultes (BFFA) à
l’Université Ouvrière de Genève (UOG), en puisant elle aussi dans ses revenus. Elle est la
seule à avoir trouvé un travail dans le même champ d’études, à savoir la formation d’adultes.
1.5. Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi
Presque tous les participants considèrent que l’âge constitue une difficulté à l’heure actuelle
pour trouver un emploi. Quelques-uns ont d’ailleurs déjà vécu des expériences confirmant ces
dires. C’est le cas de Melina : « Je me suis inscrite à plusieurs agences de placement. J’ai eu
des réponses très intéressantes, dont une m’indiquant que j’avais un âge légèrement avancé et
qu’ils recherchaient une personne plus jeune, sans aucune expérience. » (cf. annexe 4, p. 45,
22-24).
Teo, pour sa part, raconte une anecdote lors d’un entretien avec son conseiller de l’ORP, qui
considère l’âge comme une entrave pour valider ses diplômes:
Je lui ai proposé de faire valider mes diplômes et il m’a répondu « il faut qu’on soit
réaliste, vous avez presque 50 ans et par d’ici à ce que vous envoyiez vos papiers à
Berne, que vous les fassiez traduire et qu’ils vous donnent un CFC, il va s’écouler
presqu’une année… vous aurez 51, et encore… cela dépend de ce que Berne va
décider… Ils vont peut-être vous demander de faire quelques cours, encore un ou deux
ans, donc vous aurez 53 ans. Qui voudrait bien engager une personne âgée de 53 ans,
ayant un titre valide en Suisse, mais ne possédant aucune expérience sur le territoire
suisse ? Cette option n’est pas envisageable dans votre cas… peut-être si vous aviez 25
ans ou 30 ans » Et j’ai fini par constater qu’il avait raison (cf. annexe 4, p. 125, 2432).
Toujours d’après Teo, l’âge entraverait même l’apprentissage du français: «… le problème
pour nous, c’est que nous avons plus de 50 ans et que ce n’est pas aussi facile d’apprendre une
langue quand on est vieux que quand on est jeune. Nous ne parlerons jamais le français avec
la même aisance que celle des jeunes. Nous avons cette barrière : le français… » (cf. annexe
4, p. 127, 44-47).
Presque tous les participants considèrent que le manque de maîtrise du français est une
entrave à l’heure actuelle pour trouver un emploi. C’est notamment le cas de Rosa:
«…Cependant, je n’ai pas trouvé d’emploi parce que mon niveau de français était
insuffisant… » (cf. annexe 4, p. 138, 11-12).
65
David, pour sa part, raconte que quelque temps après son arrivée, lors d’un entretien
d’embauche, l’interviewer lui a dit qu’il était qualifié pour le poste, mais qu’il ne pouvait pas
le prendre à cause de ses lacunes en français.
Deux des participants non employés (cf. Pedro et David) considèrent qu’il y a un manque
d’information concernant leurs droits et les organisations susceptibles de les aider, que les
entreprises publient des offres d’emploi qui sont déjà pourvues, qu’il est difficile de rivaliser
avec les jeunes parlant plusieurs langues et que l’équivalence des titres est difficile à obtenir,
car les programmes de formation sont différents.
Cinq participants, dont un employé, affirment que leur expérience et leurs diplômes ne sont
pas valides en Suisse. C’est ce qu’affirme Aurora:
Il est vrai que nous arrivons avec toute notre expérience professionnelle, mais cela ne sert
à rien ici, si celle-ci a été réalisée hors de ce pays. Il faut que ta profession soit revalidée,
et pour cela tu dois faire des démarches pour obtenir les équivalences de tes titres et moi,
j’ai rencontré de nombreux problèmes. Je n’ai toujours pas réussi à valider mon titre
universitaire (cf. annexe 4, p. 121, 20-23).
D’ailleurs, la perception des participants correspond à l’affirmation faite par le Fonds
National Suisse (2003), qui souligne que les formations acquises à l’étranger sont moins bien
valorisées que celles obtenues en Suisse, « [que] le capital humain n’est pas parfaitement
transférable d’un pays à l’autre et que la distance culturelle constitue un obstacle à la
reconnaissance des titres acquis dans le pays d’origine » (p. 5).
Pour tous les participants non employés, un autre problème existe, celui de ne pas avoir
l’opportunité de démontrer ce qu’ils savent faire, à cause de leur âge, de leur réseau social
réduit, de leurs lacunes linguistiques, du manque d’expérience ou de l’absence d’un diplôme
reconnu (cf. Melina). Certains n’ont même jamais eu d’entretiens d’embauche depuis leur
arrivée (cf. Fany). Sur ce point, Monica témoigne : « Je sais que je suis capable de faire
beaucoup plus, mais… comment faire pour trouver un employeur qui pourra m’engager et me
donner une opportunité de lui démontrer ce dont je suis capable? » (cf. annexe 4, p.116, 8-10).
Pour quelques participants, la conjoncture serait un des problèmes pour trouver un emploi. Tel
est le cas de Pedro : « Il y a aussi la conjoncture qui n'est pas bonne en ce moment, décrocher
un entretien c’est très difficile » (cf. annexe 4, p. 136, 5-6).
David, pour sa part, cherche également un emploi dans lequel il pourra se développer
professionnellement: « J’aspire à avoir un travail qui me permettra de gravir les échelons et
par conséquent de m’épanouir au niveau professionnel. Je ne souhaite pas rester dans la
médiocrité et devoir nettoyer des rues, balayer des hôpitaux, etc. » (cf. annexe 4, p. 146, 3032). De plus, selon les dires de David, il serait confronté à une difficulté supplémentaire, celle
d’avoir perdu l’habitude de passer des entretiens d’embauche, étant donné qu’il travaillait à
son compte dans son pays.
66
Trois participants non employés pensent qu’il est difficile de trouver un emploi, car les
entreprises préfèrent engager des frontaliers pour des raisons financières (cf. Melina, Gabriel
et Ana). C’est ce qu’explique Melina:
À mon avis, l’ouverture des frontières suisses représente le principal problème, car la
main d’œuvre étrangère est nettement meilleure marché que celle en Suisse. Il est donc
impossible de rivaliser avec celle-ci (cf. annexe 4, p. 130, 48-50).
De plus, les entretiens ont dévoilé le manque de compétences spécifiques de la part des
assistants sociaux, notamment ceux de l’ORP, car presque tous les participants, en particulier
les non employés, ont raconté des anecdotes à ce sujet. Ainsi, plusieurs se sont sentis
découragés, même discriminés, lors des entretiens avec leurs conseillers, à l’instar de Melina.
Lors d’un entretien avec mon conseiller, je lui ai demandé de m’aider à postuler à la
Migros en tant que caissière et il m’a dit que ce n’était pas pour moi, que c’était pour les
plus jeunes. Il a ajouté qu’il pouvait me trouver un travail de nettoyage tout de suite, si je
le souhaitais. Je lui ai répondu que je n’avais pas fait cinq années d’études à l’université
pour finir femme de ménage et que j’avais déjà ma maison à nettoyer. Il a répliqué que
qu’il faudrait bien que je m’incline et que je fasse du ménage, parce que je n’avais pas le
choix. Il m’a dit que je n’avais pas d’avenir… et que ses conseils étaient ceux d’un ami. Je
pense que ça m’a donné plus de forces pour résister. Ce n’est pas que j’ai honte de
nettoyer, mais je n’en ai pas envie. Il m’a dit que je n’avais pas d’autres possibilités ici.
(cf. annexe 4, p. 131, 19-27).
D’autres se sont plaints du manque de formations adaptées ou de la difficulté financière pour
s’en payer une. Ils ont également démontré leur sentiment d’inégalité vis-à-vis des formations
octroyées par l’OCE aux demandeurs d’emploi.
Voici le témoignage d’Hugo:
L’assistante sociale, qui est toujours la même depuis que j’ai commencé, est
maintenant une petite vielle… elle m’a toujours fermé les portes dans tous les sens du
terme. Elle me disait que j’étais catastrophique et qu’elle ne pouvait pas me donner
ladite formation, d’une part car elle était très chère et d’autre part, car cela ne la
concernait pas. Ils ne pouvaient pas payer une formation de cette ampleur. Moi, je sais
qu’ils ont financé plusieurs formations beaucoup plus chères. Je lui réitérais ma
requête à plusieurs reprises, mais elle n’a jamais accepté. Une fois, elle m’a dit de lui
amener des devis de plusieurs entreprises et que l’OCE allait me payer la moins chère.
Quand je lui ai montré les différents prix proposés par différentes écoles, elle m’a dit
qu’elle était désolée, mais qu’ils ne pouvaient pas me la payer. Dès lors, ils ont rejeté
ma demande continuellement (cf. annexe 4, p. 150, 8-17).
67
En guise de conclusion, nous pouvons constater que les difficultés les plus rencontrées lors de
la recherche d’un emploi sont l’âge, le manque de formation et de maîtrise de la langue,
l’absence de reconnaissance de l’expérience et de la formation suivie dans leur pays.
1.6. Facteurs favorisant l’accès à l’emploi
Aurora a trouvé son premier emploi en tant que professeur d’espagnol grâce à son expérience
accumulée en tant que bénévole à l’UOG ainsi qu’à la formation professionnelle qu’elle a
suivie. Ensuite, son réseau social lui a permis de travailler dans d’autres écoles, mais aussi de
trouver un emploi de femme de ménage.
Neuf participants, dont deux employés, ont trouvé un emploi à l’aide d’une personne avec
laquelle ils possèdent un lien fort. Teo, lui, a trouvé un emploi grâce à un facteur (lien faible)
qui travaillait dans son quartier. Après une année, il a signé un contrat à durée indéterminée.
Selon ses propos, il a été engagé étant donné son sens des responsabilités et sa flexibilité au
niveau des horaires.
Hugo a trouvé son premier emploi en tant que chauffeur et monteur de meubles par
l’intermédiaire d’une agence de placement et son deuxième emploi en tant que chauffeurlivreur grâce à Emplois de solidarité.
Enfin, Ana a trouvé un emploi, suite à un stage en tant que gestionnaire de salaires. Il
s’agissait d’une mesure d’insertion négociée par l’OCE avec la Ville de Genève. Par ailleurs,
cinq participants ont travaillé dans le cadre d’une mesure cantonale avant l’année 2008.
1.7. Stratégies déployées pour accéder à l’emploi
Comme nous pouvons l’observer dans le tableau n 10 (cf. annexe 3), quatre personnes non
employées utilisent Internet, huit personnes, dont quatre employées, utilisent le réseau social.
Tel est le cas par exemple de Pedro qui a commencé à participer à des activités politiques. Il
déclare: « Nous avons commencé à élargir notre cercle social au sein de l’école, dans le
comité des parents et à travers des activités politiques. Nous avons commencé à tisser des
liens d’amitié et à connaitre les personnes à contacter sur le marché de l’emploi. Cela nous a
été précieux » (cf. annexe 4, p. 137, 2- 4).
Cinq participants (dont un est employé) ont mentionné les lettres spontanées. Seulement un
participant possédant un emploi a mentionné le journal (GHI). Trois personnes ayant une
activité professionnelle déclarée ont mentionné les agences de placement et trois participants,
dont un est employé, ont mentionné la formation continue.
Concernant les deux dernières catégories d’analyse, nous pouvons constater que le facteur,
qui a notamment favorisé l’insertion sur le marché de l’emploi, est le réseau social comportant
les liens forts (amis et famille). D’ailleurs, le réseau social est le moyen le plus utilisé pour
accéder à l’emploi.
68
En deuxième position se trouvent les mesures d’insertion. Cependant, comme il a été souligné
antérieurement, les mesures vécues par les participants appartiennent, pour la plupart, au
genre social. Elles ont surtout permis aux participants (Steiner & Stoffer, 2006, p. 55, 57) de
« retrouver une estime d’eux-mêmes, d’améliorer leur français et d’élargir leur relationnel,
mais également de se sentir utiles ».
VI CONCLUSION
La problématique de cette recherche portait sur les facteurs favorisant l’insertion sur le
marché de l’emploi des Suisses primo-arrivants âgés de 45 ans et plus, originaires de Bolivie
et d’Argentine.
Les résultats ont validé la proposition de réponse à la question spécifique, car ils ont mis en
évidence l’importance du réseau social à l’heure actuelle pour trouver un emploi, étant donné
que la plupart des participants ont trouvé une occupation, que ce soit grâce à un lien fort ou à
un lien faible.
De plus, comme le soulignent Arcand, Lenoir-Achdjian et Helly (2009), « l’élargissement du
réseau de liens forts [a favorisé] une meilleure compréhension de [leur] propre trajectoire
migratoire. En d’autres termes, ces nouveaux contacts agissent comme un miroir et favorisent
une meilleure capacité réflexive face à leur propre condition » (p. 27).
Concernant les mesures d’insertion, elles ont également permis l’accès à l’emploi de plusieurs
participants. Néanmoins, comme il a été proposé dans l’hypothèse, les mesures vécues par les
participants étaient plutôt du genre social. Par conséquent, les participants n’ont pas pu
acquérir des compétences facilitant leur retour à l’emploi, car « l’expérience qui peut être
acquise dans le cadre d’une contre-prestation est limitée en raison du principe de nonconcurrence à l’économie privée auquel sont soumis les programmes d’insertion » (Steiner &
Stofer, 2006, p. 56). Cette affirmation peut s’appliquer notamment aux personnes qui ont fait
des études supérieures et qui souhaitent travailler dans leur domaine d’études. C’est ce
qu’exprime Fany:
Le problème que je constate c’est que, si on m’envoie travailler dans une entité où il
n’existe pas de possibilité d’engagement, cela veut dire qu’il n’y a pas de place et
qu’on ne peut pas attendre d’avoir un contrat. Pour moi, ce sont des postes qu’on nous
propose pour nous maintenir occupés. Par conséquent, nous nous distançons de nos
aspirations (cf. annexe 4, p. 152, 35-39).
Par ailleurs, les résultats ont également mis en évidence que la différence principale entre les
deux groupes de participants – celui des non employés et celui des employés – porte sur leur
niveau d’études et leur statut professionnel dans leur pays d’origine. En effet, contrairement à
ce que l’on pourrait imaginer, la plupart des non employés ont effectué des études
universitaires et avaient un statut de cadre dans leur pays d’origine. Dès lors, comment peuton expliquer ce phénomène ?
69
D’un côté, il y a tous les participants diplômés qui souhaitent trouver un travail correspondant
à leur formation et à leurs compétences. Cependant, la valorisation des diplômes et de
l’expérience des étrangers extra-européens étant faible en Suisse, ce souhait a de fortes
chances de rester un simple désir sans une validation des titres, sans une formation diplômante
et en l’absence d’une expérience professionnelle dans leur branche en Suisse. Or, les
participants, d’une part, ne possèdent pas les moyens financiers pour payer une formation et
d’autre part, ne peuvent pas acquérir de l’expérience dans leur domaine d’études (ingénierie,
comptabilité, communication et marketing, gestion d’entreprise), car un diplôme reconnu leur
est exigé.
D’un autre côté, même si tous les participants non employés sont dans une situation financière
difficile et sont en « souffrance » car ils pensent ne pas recevoir la valorisation qu’ils
prétendent mériter, ils ne sont pas dans la nécessité urgente de trouver un emploi grâce à
l’aide financière de l’État. Cette aide devient donc pour eux une ressource leur permettant de
persévérer dans leur souhait de trouver l’« emploi idéal » et de rester dans une continuité
identitaire.
Concernant la formation continue, les résultats ont dévoilé qu’elle n’a d’effet que lorsqu’elle
est accompagnée d’une expérience professionnelle dans le secteur concerné, car une des trois
personnes ayant effectué une formation continue travaillait parallèlement dans le domaine
d’études et elle est la seule à avoir trouvé un emploi dans le même domaine.
Comme mentionné en page 10 de ce travail, rien qu’en Bolivie et en Argentine, il y a presque
15 000 binationaux susceptibles de “retourner en Suisse” (ainsi que leurs conjoints et
enfant(s) et les résultats de cette recherche mènent au constat qu’il y a des actions à
entreprendre au sujet des problématiques de l’insertion des binationaux primo-arrivants, d’âge
mûr avec un niveau de formation universitaire. La question qui se pose ici est de savoir
comment « restaurer » ces individus dans leur employabilité, « c’est-à-dire dans leur
prédisposition à correspondre aux exigences du marché du travail et satisfaire aux critères de
recrutement de responsables d’entreprise »46. Par ailleurs, puisqu’« un dispositif d’insertion,
prévoit, organise, gère des trajectoires, des itinéraires où cheminent les bénéficiaires » (Castra
D., 2003, p 223), il devrait s’individualiser et être en accord avec leurs caractéristiques.
Une solution possible serait celle proposée par Gazier qui porte sur « les marchés
transitionnels du travail ». En effet, cette mesure d’insertion permettrait aux bénéficiaires du
RMCAS ou aux chômeurs de longue durée de se former, de bénéficier d’un retour temporaire
à l’emploi, d’accroître leur employabilité et d’élargir leur réseau social.
Les marchés transitionnels du travail peuvent prendre des formes diverses. Ainsi, par
exemple, un bénéficiaire du RMCAS ou un demandeur d’emploi pourrait remplacer un salarié
qui travaille dans sa même branche pendant sa période de congé, durant sa formation, etc. De
cette façon, le chômeur ou le bénéficiaire peut « faire état d’une période d’emploi effectif, et
46
Association Internationale de sécurité sociale, 2001; dans Ebersold Serge, 2003, p.15.
70
donc de références récentes et crédibles dans sa recherche ultérieure d’emploi » (Gazier,
2000, p. 12). Or, ce type de mesure devra se combiner avec des formations continues adaptées
aux besoins et aux projets professionnels des bénéficiaires.
Pour ce qui est de l’apprentissage de la langue, il faudrait considérer qu’il ne s’agit pas de
personnes désirant « simplement » apprendre une seconde langue, mais qui sont en « cours
d’insertion ». Les dispositifs de formation devraient donc déterminer les objectifs « en
fonction du projet professionnel, social et personnel » (Adami, 2011, p. 20).
L’objectif des démarches de formation pourrait être de transformer la sinuosité de ces
parcours d’intégration langagière en « trajectoire », c’est-à-dire d’aider les apprenants
à établir des objectifs langagiers et à les atteindre, au-delà même du temps limité de la
formation. La formation pourrait permettre de passer d’une démarche empirique,
conduite par les aléas de la biographie, à une véritable stratégie d’apprentissage en
milieu naturel (idem).
En effet, les entretiens ont mis en évidence que l’interaction sociale au travail a permis aux
participants de s’approprier la langue, ce qui, comme le souligne Bretegnier (2011) « met en
avant le caractère fondamental du processus d’appropriation de normes socio-langagières qui
régissent les interactions sociales, dans le processus d’insertion dans cet espace social » (p. 2).
Par conséquent, « l’appropriation linguistique serait moins une cause qu’une conséquence de
l’intégration » (Beacco et al., 2008, dans Bretegnier, 2011, p. 2)
A travers ce travail de recherche, il est clair que je ne cherchais pas à apporter des solutions
concrètes aux problèmes d’insertion professionnelle rencontrés par les participants. Par
contre, j’espère avoir pu contribuer à une compréhension plus approfondie de cette
thématique.
71
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84
UNIVERSITÉ DE GENÈVE
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation
Maîtrise universitaire en sciences de l’éducation Orientation formation des adultes (FA)
« Des Suisses de l’étranger, des étrangers en
Suisse... ? »
Le cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine
et leur insertion sur le marché de l’emploi à Genève.
Annexes
Annexes du mémoire de Maîtrise,
présentés par Daniella Seguel Eduardo
Novembre 2011
Membres du jury :
Christopher Parson, Directeur de mémoire
Jean-Michel Baudouin
Samra Tabbal Amella
85
Liste des annexes
1. Rapports des naturalisations (2003-2010) du canton de Genève
2. Guide d’entretien
87
97
3. Tableaux: analyse des entretiens
3.1 Tableau n° 3: Statut migratoire à leur arrivée et occupation actuelle
3.2 Tableau n° 4: Organismes gouvernementaux parcourus et occupation actuelle
3.3 Tableau n° 5: Mesure d’insertion suivie et occupation actuelle
3.4 Tableau n° 6: Niveau de formation et occupation actuelle
3.6 Tableau n° 7: Postes d’emploi ou travaux avant et après immigration et
occupation actuelle
3.7 Tableau n° 8: Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi et
occupation actuelle
3.8 Facteurs favorisant l’accès à l’emploi
3.8.1 Tableau n° 9.1: Personnes avec emploi
3.8.2 Tableau n° 9.2: Personnes sans emploi actuellement
3.9 Tableau n° 10: Stratégies déployées pour chercher un emploi
98
99
100
102
103
4. Entretiens en Français
4.1 Entretien n° 1 : Monica
4.2 Entretien n° 2: Gabriel
4.3 Entretien n° 3: Aurora
4.4 Entretien n° 4: Teo
4.5 Entretien n° 5: Melina
4.6 Entretien n° 6: María
4.7 Entretien n° 7: Pedro
4.8 Entretien n° 8: Rosa
4.9 Entretien n° 9: Ana
4.10 Entretien n° 10: David
4.11 Entretien n° 11: Hugo
4.12 Entretien n° 12: Fany
4.13 Entretien n° 13: Sara
4.14 Entretien n° 14: Jaime
113
114
117
121
125
128
132
134
138
140
143
148
152
155
157
5. Entretiens en espagnol
5.1 Entrevista n° 1: Mónica
5.2 Entrevista n° 2: Gabriel
5.3 Entrevista n° 3: Aurora
5.4 Entrevista n° 4: Teo
5.5 Entrevista n° 5: Melina
5.6 Entrevista n° 6: María
5.7 Entrevista n° 7: Pedro
5.8 Entrevista n° 8: Rosa
5.9 Entrevista n° 9: Ana
5.10 Entrevista n° 10: David
5.11 Entrevista n° 11: Hugo
5.12 Entrevista n° 12: Fany
5.13 Entrevista n° 13: Sara
5.14 Entrevista n°14: Jaime
159
160
163
167
171
174
178
180
184
186
188
193
197
200
202
105
107
110
110
111
112
86
Rapports des naturalisations
du canton de Genève (2003-2010).
Office cantonal de la population (2011).
87
88
89
90
91
92
93
94
95
Guide d’entretien
96
GUIDE D’ENTRETIEN
Caractéristiques principales de la population



Date d’arrivée
Date de naissance et pays d'origine,
Occupation actuelle
Statut migratoire à leur arrivée


Aviez-vous un passeport suisse à votre arrivée?
Comment avez-vous obtenu le passeport suisse ?
Parcours professionnels avant et après leur arrivée ?














Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies
afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
Pourquoi êtes-vous venus ici?
Quelles formations avez-vous effectuées depuis votre arrivée?
Quels emplois avez-vous occupés depuis votre arrivée?
Quel est votre niveau de formation ?
Avez-vous essayé de faire l’homologation de votre diplôme?
Quelle est votre expérience professionnelle avant et après votre arrivée ?
Quelles formations avez-vous effectuées depuis votre arrivée ?
A votre arrivée, avez-vous bénéficié de l’Hospice général ?
Avez-vous déjà été au chômage?
Quand vous étiez au chômage, avez-vous effectué une formation?
Est-ce votre travail a été déclaré ?
Êtes-vous à la recherche d’un emploi?
Êtes-vous satisfait de votre situation professionnelle?
Mesures d’insertion suivies par les participants dans le cadre du Revenu minimum
cantonal d’aide social (RMCAS) et de l’Office cantonal de l’emploi (OCE).


Est-ce que vous avez effectué une contre-prestation? En tant que quoi?
Que vous a apporté cette contre-prestation?
Facteurs favorisant l’accès à l’emploi








Quels facteurs ont favorisé votre accès à l'emploi?)
D’après vous, quel a été le rôle de l’état (de l’hospice général ou l’OCE) dans le
processus de votre insertion professionnelle?
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour trouver un emploi ?
Quelles stratégies déployez-vous pour accéder à l’emploi ?
Avez-vous essayé de faire l’équivalence de votre diplôme?
Maîtrisez-vous le français ?
Comment avez-vous appris le français?
Combien de temps avez-vous suivit des cours de français?
97
Tableaux: analyse des entretiens
98
Tableau 3
Statut migratoire à leur arrivée et occupation actuelle
Prénom
Pedro
David
Jaime
Sara
María
Ana
Fany
Rosa
Mónica
Aurora
Melina
Teo
Hugo
Gabriel
Statut migratoire à leur arrivée
Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger)
Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger)
Permis B (Fils d’un Suisse ayant perdu la nationalité)
Permis B (Fille d’un Suisse ayant perdu la nationalité)
Permis B (Conjointe de Jaime)
Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger)
Suisse de retour de l’étranger
Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger)
Suisse de retour de l’étranger
Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger)
Suisse de retour de l’étranger
Suisse de retour de l’étranger
Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger)
Suisse de retour de l’étranger
Occupation actuelle
Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS
Employé
Employée
Employée
Employée
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire indirecte du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Employée
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Employé
Employé
Sans emploi/bénéficiaire direct du RMCAS
99
Tableau 4
Organismes gouvernementaux consultés et occupation actuelle
Prénom
Pedro
David
Jaime
Sara
María
Ana
Fany
Rosa
Mónica
Organismes parcourus
 Hospice général (indirectement)
 Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur)
OFPC (Chèque de formation)
 Hospice général (indirectement)
 Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur)
 Hospice général
 Hospice général
 Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)
 Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des
chômeurs en fin de droit avant 2008
 Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)













Hospice général (indirectement)
Hospice général (indirectement)
Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur)
Hospice général
Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)
Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des
chômeurs en fin de droit avant 2008
Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS)
Hospice général (indirectement)
Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur)
Hospice général
Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)
Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des
chômeurs en fin de droit avant 2008
Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS)
Occupation actuelle
Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS
Employé
Employée
Employée
Employée
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire indirecte du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
100
Melina





Teo





Aurora
Hugo
Gabriel









Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur)
Office d’orientation professionnelle (OFPC)
Hospice général
Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)
Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des
chômeurs en fin de droit avant 2008
Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS)
OFPC (chèque de formation)
Hospice général
Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)
Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des
chômeurs en fin de droit avant 2008
Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS)
Hospice général
Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur)
Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)
Service des emplois de solidarité
Hospice général
Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur)
Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008
Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS)
Employée
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Employé
Employé
Sans emploi/bénéficiaire direct du RMCAS
101
Tableau ° 5
Mesure d’insertion suivie et occupation actuelle
Prénom
Pedro
David
Jaime
Occupation actuelle
Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS
Employé
Mesures d’insertion
Aucune
Aucune
Aucune
Sara
Employée
María
Ana
Employée
Employée
Fany
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Rosa
Mónica
Sans emploi/bénéficiaire indirecte du RMCAS
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Aurora
Melina
Employée
Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS
Teo
Employé
Hugo
Gabriel
Employé
Sans emploi/bénéficiaire direct du RMCAS
Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant
2008 : vendeuse des vêtements de seconde main à la CroixRouge
Aucune
Stage d’insertion pour Suisses de retour en tant que
gestionnaire de salaires
Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant
2008 : accompagnante des personnes âgées à la Fondation
Transport Handicap
Aucune
Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant
2008 : aide d’aides-soignantes pour personnes âgées
Aucune
Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant
2008 : accompagnante des personnes âgées à la Fondation
Transport Handicap.
- Stage d’insertion à Copilart (3 mois) en tant que soudeur
- Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant
2008 : serrurier au Musée d’art et histoire
Emplois de solidarité
Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant
2008
102
Tableau 6
Niveau de formation et occupation actuelle
Prénom
Avant
À leur arrivée
Pedro
- Cours de français (OCP et à leur
compte)
- Cours de finance à l’IFAGE (à leur
compte. En cours)
Cours de français (OCP)
Jaime
- Baccalauréat en communication
et marketing
- Formation professionnelle en
commerce et gestion d’entreprise
- Baccalauréat en ingénierie
d’exécution en geomensura
- Formation professionnelle en
topographie et informatique
Certificat en communication
Cours de français (Hospice général)
Concierge
Sara
María
Secondaire
Secondaire
Calibreuse en pierres précieuses
Femme de ménage
Ana
Fany
Baccalauréat en droit
- Diplôme en gestion d’entreprise
- Certificat secrétariat de direction
- Plusieurs formations
professionnelles en gestion
d’entreprise
-Secondaire
-Diplôme secrétariat
Secondaire
Cours de français (OCE) pour six mois
Cours de français (Hospice général)
pour deux mois
Cours de français (OCE)
- Cours de français de trois mois (OCE)
- Certificat comptabilité d’un mois
intensif (OCE)
Cours de français (OCE)
Sans emploi
Cours de français (OCE) de quatre mois
Sans emploi
- Cours de français (OCE)
- Certificat FSEA : Module 1 du Brevet
fédéral de formateur et formatrice
d’adultes (Université ouvrière de
Enseignante d’espagnol et femme de
ménage
David
Rosa
Mónica
Aurora
Baccalauréat en éducation de la
petite enfance
Occupation
Actuelle
Sans emploi
Sans emploi
Gestionnaire de salaires
Sans emploi
103
Melina
Baccalauréat en comptabilité
Teo
Hugo
Certificat en construction
- Secondaire
- Certificat chauffeur poids lourd
- Baccalauréat en ingénierie
chimique
- Formation professionnelle en
tannerie du cuir et traitement d’eau
Gabriel
Genève)
- Cours de français (OCE)
- Formation en comptabilité à l’Institut
de Formation Permanente (IFP).
Cours de français (OCE) de trois mois
Cours de français (OCE)
- Cours de français (OCE) de quatre
mois
- Formation de cafetière non terminée,
car examens trop chers (OCE)
Sans emploi
Facteur
Chauffeur-livreur
Sans emploi
104
Tableau 7
Postes d’emploi ou travaux avant et après immigration et occupation actuelle
Prénom
Poste avant
Poste après
Pedro
Cadre intermédiaire
en communication et
marketing
- Cadre intermédiaire
: ingénieur,
geomaticien
- Chef d’entreprise à
son compte :
informaticien
Cadre intermédiaire :
service client
(banque)
Femme au foyer
- Cadre intermédiaire : marketing, journaliste en espagnol en tant que
bénévole (occupation actuelle)
Femme au foyer
Employée :
- Gestionnaire de
salaires
- Secrétaire
Cadre intermédiaire :
gestionnaire
d’entreprises et
comptable d’une
ONG
Femme au foyer
Cadre intermédiaire :
Employée : femme de ménage (occupation actuelle)
Stagiaire en gestion de salaires
David
Jaime
Sara
María
Ana
Fany
Rosa
Mónica
Occupation
actuelle
Sans emploi
- Employé non déclaré : garde d’enfants (activité terminée)
- Employé : enseignant bénévole de français aux immigrants en situation
irrégulière (occupation actuelle)
- Privé (non déclaré) : dépannage des ordinateurs (occupation
occasionnelle)
Sans emploi
Employé : chauffeur
Concierge
Employée : serveuse et caissière en station de service (occupation terminée)
Employée : calibreuse en pierres précieuses
Calibreuse en pierres
précieuses dans une
usine
Femme de ménage
Gestionnaire de
salaires
Employée : accompagnante de personnes âgées (mesure cantonale
terminée)
Cadre intermédiaire : rédactrice en chef et journal espagnol (contreprestation RMCAS terminée)
Privé : garde personnes âgées (occupation actuelle non déclarée)
Employée : femme de ménage (activité terminée)
- Employée : accompagnante personnes âgées (mesure cantonale terminée)
Sans emploi
Sans emploi
Sans emploi
105
Aurora
Melina
Teo
Hugo
Gabriel
gestionnaire
d’entreprises
Employée :
éducatrice
Chef d’entreprise à
son compte
Employé :
Superviseur
Construction
Chef d’entreprise à
son compte :
chauffeur poids lourd
Chef d’entreprise à
son compte :
ingénieur chimique
- Employée : serveuse restaurant scolaire (contre-prestation RMCAS
actuelle)
- Stagiaire petite enfance (activité terminée)
- Bénévole en tant qu’enseignante d’espagnol (occupation actuelle)
- Employée : femme de ménage (occupation actuelle)
- Employée : accompagnante personnes âgées (mesure cantonale terminée)
- Employée : femme de ménage (activité non déclarée, terminée)
- Stagiaire en tant que soudeur (mesure de l’OCE)
- Employé : serrurier au Musée (mesure cantonale terminée)
- Employé : livreur (activité non déclarée, terminée)
Employé : chauffeur, monteur de meubles (activité terminée)
Employé : homme de ménage (mesure cantonale)
Employé non déclaré : livreur (occupation actuelle)
- Enseignante
d’espagnol
- Femme de ménage
Sans emploi
Facteur
Chauffeur-livreur
Sans emploi
106
Tableau 8
Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi et occupation actuelle
Prénom
Pedro
David
Jaime
Facteurs
- Langue
- Manque d’information
- Équivalence de diplôme impossible
- Les entreprises publient des emplois déjà occupés
- Âge
- Pas d’opportunité de démontrer ses compétences
- Concurrence avec des jeunes parlant plusieurs langues et possédant
des connaissances plus actualisées
- Conjoncture économique
- Langue
- Âge
-Concurrence avec des jeunes parlant plusieurs langues
- Frontaliers employés de préférence
- Les entreprises publient des emplois déjà occupés
- Pas d’opportunité de démontrer ses compétences
- Recherche un emploi pour se développer professionnellement
- Perte d’habilité lors de l’entretien d’embauche, du fait de son
ancien statut de chef d’entreprise
- Préjugés de la part des conseillers de l’OCE
- Manque d’information
- Équivalence de titre impossible
- Pas d’expérience en Suisse
- Discrimination
- Manque de formation pour les gens d’âge mûr qui arrivent
d’Amérique latine
Occupation actuelle
Sans emploi
Âge
Concierge
Sans emploi
107
Sara
Langue
Âge
Calibreuse en pierres précieuses
María
Âge
Femme de ménage
Ana
Fany
Âge
- Lacunes en anglais
- Âge
- Expérience et titres non valides en Suisse
- Absence de support de la part de son conseiller de l’ORP
- Jamais eu d’entretien
- Ne dispose pas d’un réseau social
- Pas d’opportunité de démontrer ses compétences
Gestionnaire de salaires
Sans emploi
Rosa
- Langue
- Âge
- Pas d’expérience valide en Suisse
Sans emploi
Mónica
- Langue
- Âge
- Pas d’opportunité de démontrer ses compétences
Sans emploi
Aurora
- Langue
- Âge
- Difficulté à faire l’équivalence de son titre
- Perte de son dossier dans l’OFPC
- Langue
- Lacunes en anglais
- Âge
- Frontaliers employés de préférence
- Expérience et titres non valides en Suisse
- Pas d’opportunité de démontrer ses compétences
Enseignante d’espagnol et femme de ménage
Melina
Sans emploi
108
Teo
Hugo
Gabriel
- Pas de support de la part de son conseiller de l’ORP
- Langue
- Âge
- Pas d’expérience valide en Suisse
- Découragement de la part de son conseiller de l’ORP lorsqu’il
souhaitait obtenir une équivalence de son certificat
- Langue
- Âge
- Accident
-Manque de formation
- Pas de support de la part de son conseiller de l’ORP
- Langue
- Âge
- Frontaliers employés de préférence
- Pas d’opportunité de démontrer ses compétences
- Pas de support de la part de son conseiller de l’ORP
Facteur
Chauffeur-livreur
Sans emploi
109
Tableau 9.1
Facteurs favorisant l’accès à l’emploi
Personnes avec emploi
Prénom
Jaime
Sara
María
Ana
Aurora
Teo
Hugo
Moyens
- Journal
- Chance
- Ami de sa fille
- Amis
- Mesure d’insertion de l’OCE : stage
- Amis
- Formation professionnelle
- Expérience en tant que professeur
d’espagnol en Suisse
- Facteur de son quartier lui ayant fourni
l’information
- Chance
- Mesure OCE : emplois de solidarité
- Agence de placement
Situation actuelle
Concierge
Calibreuse en pierres précieuses
Femme de ménage
Gestionnaire de salaires
Enseignante d’espagnol et femme de ménage
Facteur
Chauffeur-livreur
110
Tableau 9.2
Facteurs favorisant l’accès à l’emploi
Personnes sans emploi actuellement
Prénom
Pedro
David
Fany
Rosa
Mónica
Melina
Gabriel
Moyens
Amis
Connaissances, amis, famille
Mesure cantonale, amis, famille
Famille, amis
Mesure cantonale, amis
Mesure cantonale, amis
Mesure cantonale, amis
111
Prénom
Pedro
David
Jaime
Sara
María
Ana
Fany
Rosa
Mónica
Aurora
Melina
Teo
Hugo
Gabriel
Tableau 10
Stratégies déployées pour chercher un emploi
Situation actuelle
Sans emploi
Stratégies
Formation
Internet
Élargir le réseau social
Internet
Lettres spontanées
Réseau social
Journal GHI
Réseau social
Inscription dans une agence de nettoyage
Agences de placement
Mesure d’insertion : stage
Internet
Lettres spontanées
Internet
Réseau social
Réseau social
Bénévolat
Formation
Lettres spontanées
Réseau social
Formation
Lettres spontanées
Réseau social
Agence de placement
Agences de placement
Mesure emploi solidarité
Internet
Lettres spontanées
Réseau social
Sans emploi
Concierge
Calibreuse en pierres précieuses
Femme de ménage
Gestionnaire de salaires
Sans emploi
Sans emploi
Sans emploi
Enseignante d’espagnol et femme de ménage
Sans emploi
Facteur
Chauffeur-livreur
Sans emploi
112
Entretiens en français
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ENTRETIEN N° 1: MONICA
Date d’arrivée: 5.12.2002
Date de naissance: 26. 08.1957
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
Je me suis immédiatement mise en contact avec le Département d’ Assistance Sociale de la
Ville de Genève, du département des Suisses de retour de l'étranger, puisque je suis SuisseBolivienne.
Ils m'ont immédiatement donné l’autorisation de commencer des cours de français, car je ne
connaissais rien à la langue, c’était un changement radical pour moi parce que j’empruntais
un chemin totalement différent par rapport à celui que j’avais vécu.
J'ai alors commencé mes cours de français pendant trois mois à raison de deux fois par
semaine et pendant ce temps je me suis consacrée à chercher un logement définitif, car dans le
programme des suisses de retour de l'étranger ils m’avaient donné un appartement pour moi et
ma famille, jusqu'à ce que la résolution du chômage soit prise.
La recherche d’un appartement est très difficile à Genève, c’est très différent en Bolivie et
bon… il fallait remplir beaucoup de conditions que nous ne pouvions pas remplir et la
situation devenait de plus en plus difficile.
Au bout de huit mois, j’ai commencé le travail que m'avait été proposé par l’État dans le
domaine social, qui d’ailleurs est un champ qui me plaît et dans lequel je possède de
l’expérience. En Bolivie j'ai travaillé dans une maison de retraite, mon travail consistait à
aider en général, j’occupais un poste situé entre les infirmières et les aides soignantes.
Mon travail consistait à donner à manger aux personnes avec des limitations, les accompagner
à l'hôpital, leur changer les lentilles, aller à différents lieux médicaux pour qu'ils suivent leur
traitement. C'était une expérience agréable parce que j'ai pratiqué mon français et j’ai gagné
également une expérience de travail dans le nouveau système, à Genève.
C'est les mesures cantonales qui m'y ont envoyé, j’ai signé un contrat d’un an, dans lequel
j’ai acquis de la pratique, j'ai pu m’intégrer dans l'équipe de travail, cela à été une expérience
extrêmement enrichissant. Les résultats de mon travail ont été si bons que ma conseillère du
chômage m'a demandé si j’avais besoin de quelque chose de spécial, je lui ai donc demandé
plus des cours de conversation focalisés sur le langage quotidien que je devais employer au
travail. Elle m'a fait remarquer que c'était un prix pour mon bon travail, alors j'ai eu un
professeur privé deux fois par semaine.
Après huit heures de travail je devais assister à mes cours et cela a été excellent parce que j’ai
pu m’améliorer. Là-bas j’ai travaillé un an, et après j’ai eu de nouveau le droit au chômage.
Maintenant il n'existe plus des mesures cantonales, c'est à chacun de chercher un emploi. Puis,
une fois fini mon droit au chômage, je suis entrée dans le programme du RMCAS qui était ce
qui me correspondait, parce que je n’avais pas d'autre option.
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Trois mois après mon arrivée, j'ai commencé à travailler dans l’Association Frigan des
vêtements usagés. J’y travaillais en tant que bénévole deux fois par semaine, les après-midi.
Puis, le RMCAS m’a proposé de faire un travail de contreprestation d'un an, je devais
travailler 20 heures par semaine. Alors, j'ai travaillé chez Genève solidarité, avec des jeunes
âgés de moins de 25 ans. Mon travail consistait à leur distribuer de la nourriture, à les
encadrer pour faire du sport… mais… je n’avais pas de salaire, alors j'ai arrêté parce que je
voulais trouver un travail fixe.
J'ai fini mon travail là-bas et j’ai commencé à nouveau des cours de français pendant trois
mois, grâce au Chômage et à mon chèque de formation. Comme je suis au RMCAS ils m’ont
proposé de faire un travail de contreprestation, mais ils m’ont dit que c’étais à moi de
chercher une alternative.
Alors j'ai eu de la chance, j’ai contacté une ancienne collègue de Butini, de la maison de
retraite, c'est une connaissance, une ex-collègue qui m'a dit que si une fois elle savait d’un
travail qui se libérait, elle me mettrait au courant. Elle avait trouvé son travail de la même
façon : avec une contreprestation.
Je travaille dans la cuisine à l'école d'En Sauvy à la ville de Lancy, dans la salle à manger,
comme contreprestation : c’est comme s’ils payaient mon salaire, mais la différence est que je
n'ai pas de cotisations au Chômage ni à l'AVS, seulement le minimum … je ne travaille pas
non plus les huit heures par jour.
De toute façon nous recevons un traitement très spécial de la part des conseillers du RMCAS,
alors j'ai commencé mon travail à l'école. L'équipe est magnifique et j'ai un contrat jusqu'au
mois du mars. À partir de mars j'ai la possibilité d'avoir une place fixe. Ils m'ont annoncé cela,
et je continue d'attendre.
Je pourrais arrêter maintenant de faire ma contreprestation, puisque ma situation a changé
depuis, étant donné que mon mari a trouvé un travail fixe, mais mon conseiller m’a conseillé
de finir le contrat, étant donné que j'aurai plus de possibilités d'avoir une place fixe après.
Donc, voici mes activités en Suisse, en plus de cela, j'ai toujours été liée à la Maison de
quartier des Acacias, participant à des activités culturelles et tout cela, disons
multiculturelles… j’ai participé dans différents évènements effectués ici. On reçoit une
convocation et moi, cela m’a toujours plu de partager, de connaître plus de gens, le 19 il y a
un événement sur le changement climatique, alors j’y serai présente.
En général je n'ai pas eu des problèmes d'adaptation, c’est bizarre… bien que j'ai laissé des
très belles choses dont je m'occupais en Bolivie, et que le changement a été dur, c'était une
décision familiale. Mais je me sens bien, je suis, je crois, intégrée, je suis habitué et je me
plais ici.
En Bolivie j’étais directrice, j’ai géré un projet textile de « Aldeas infantiles SOS », pendant
sept années jusqu'à ce que je vienne.
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Quel est votre sentiment par rapport à ce que vous faites maintenant et ce que vous
faisiez avant?
Ma philosophie de vie et de travail est d'accepter le moment présent c’est complètement
différent ici, il n’existe pas un point de comparaison, ma formation… mes capacités, et mon
envie de faire les choses… j'ai vu des résultats… mais le contexte est complètement différent.
Je sais que je suis capable de faire beaucoup plus, mais… comment faire pour trouver un
employeur qui pourra m’engager et me donner une opportunité de lui démontrer ce dont je
suis capable.
Je suis heureuse avec le travail à l'école, l'horaire me convient, car il m’a permis de venir en
aide à ma fille et de garder mes petits - fils, c'est une belle étape, et j’aimerais maintenir cet
horaire parce qu'ainsi je peux être avec eux.
D’après vous, qu’est-ce qui, selon vous, devrait être modifié?
Il faut que l’Etat fasse comme avant, je trouve que le système de mesures cantonales te
donnait la possibilité de cotiser au chômage pendant une année. Ils devraient le faire au moins
à partir de 50 ans, car il est évidemment plus difficile de décrocher un travail à cet âge-là.
Alors, il serait bien si l’État pouvait s'occuper de te trouver un travail, de telle sorte que tu
aies la possibilité d'apporter et de démontrer tes compétences à plein temps. Ils devraient
t’orienter vers des lieux qui offrent des possibilités et aussi, ils devraient les personnes qui
méritent le travail et un contrat fixe. Ainsi tout le monde pourrait en profiter : L’État, le
système et la personne. Cela aiderait la personne à s’intégrer, à lui remonter le morale et à
mettre en valeur ses compétences. Je ne connais pas une autre solution et celle des mesures
cantonales me paraissait très bien.
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ENTRETIEN N°2 : GABRIEL
Date d’arrivée: 2002
Date de naissance: 03.07.1953
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
La première chose que nous avons fait, a été de nous mettre en contact avec l’Hospice
général, et ils m’ont accordé le montant minimum pour pouvoir payer mon loyer, l’assurance
maladie et les affaires personnelles de base, j'ai été six mois avec l’Hospice alors que je
faisais la démarche nécessaires pour obtenir un permis de séjour à Genève, tout cela à travers
le bureau de l’office Cantonal de la Population, d’un côté je devais avoir le permis de séjour
et faire les démarches avec le Canton d'origine et de l’autre côté, j’avais besoin des documents
de mon canton d’origine.
J'ai commencé à faire les démarches de naturalisation par mon épouse, mes fils avaient déjà la
nationalité, mais pas elle. Cette démarche a duré 3 ou 4 mois. Ma famille est arrivée ici le
deux décembre 2002, cinq mois après moi.
Pendant ce temps, je me suis inscrit au chômage, étant donné que j’avais travaillé toute ma vie
en Bolivie, ils m'ont donné une indemnisation de base de CHF 3.300.-, je crois… et j’ai
commencé à cotiser à l'AVS, cela a été le début de la cotisation à l'AVS.
En parallèle, le chômage m'a assigné un conseiller, qui, à mon avis, ne devait pas être là, car
il devrait t’aider à trouver un travail ainsi qu’à t’intégrer, mais, malheureusement quelques
conseillers ne savent pas pourquoi ils sont là, je crois qu’ils sont là pour gagner de l'argent.
Cette personne ne m’a même pas permis de prendre plus des cours de français, même si j’en
avais besoin, il m'a accordé quatre mois de français et c’est tout, il m’a dit que c’était
suffisant. J'ai constaté toutefois, que d'autres personnes en ont fait 1 année ou 1 année et demi
avec d'autres conseillers, et ceux-ci ont mieux réussi à s’intégrer parce qu’ils avaient une
bonne orthographe et une meilleure prononciation.
Après, je me suis mis à chercher un travail, mais le premier problème a été l'âge, il y a
beaucoup de discrimination par rapport ä l'âge. Entre 20 et 40 ans il est facile de trouver un
travail, il y en a un pour tous, mais après les 40, il y a des problèmes. J'ai 57 ans et je me sens
en pleine forme, je suis chimiste et je me suis développé dans ce domaine toute ma vie. Je
crois qu'ici ils ont peur d’engager des personnes âgées, parce que le salaire devrait être
supérieur, puisque notre curriculum est un très bon curriculum, ils doivent payer par
catégories. Alors, ils préfèrent prendre des jeunes, sans expérience, parce que le problème est
principalement l'argent.
J'ai été 1 année au chômage et par la suite j’ai commencé un travail à travers les mesures
cantonales, à Valflory, là j’ai travaillé comme aide cuisinier, je lavais et nettoyais dans une
OMS avec beaucoup de personnes âgées, plus de 300 personnes, nous étions 60 personnes ä
travailler dans la cuisine, quelques uns s’occupaient de la cuisine, d’autres de la restauration,
etc., tout ce qui était en rapport avec la nourriture. Je faisais partie d’un groupe qui nettoyait 3
fois par jour avec des machines, ce n'était pas un travail manuel, mais il était quand-même
fatiguant, car on est début huit heures par jour en faisant ce travail, mais je me suis habitué, le
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plus important c’est que j'ai réussi à m'intégrer, j’ai amélioré mon français, je me suis fait
beaucoup d'amis là-bas, mais un an passé rapidement et je suis de nouveau au chômage.
Ma famille et moi avons réussi à obtenir un appartement meublé, le loyer était inimaginable :
CHF 3600.- par mois, mais c’était l’Hospice qui le payait. Nous avons vécu trois ans, après
nous nous sommes inscris au Bureau du Logement et nous avons obtenu un appartement
HLM à Onex c’est là que nous vivons actuellement, évidemment le loyer est cher, il n'est pas
meublé, l’immeuble à des appartements très mal construits, parce qu'ils n'ont pas de
distribution adéquate, je ne suis pas content, ni aucune famille l’est, mais on n’a pas le choix
et il est cher: 2000 CHF.- par mois. Mais, malheureusement surtout à Genève il est très
difficile de trouver une maison.
Concernant le travail, j'ai été deux ans au chômage, toujours en cherchant un travail et les
réponses étaient négatives, je n'ai jamais réussi, deux années se sont écoulées et nous sommes
rentrés au RMCAS et nous nous y trouvons actuellement. Cette année, comme mes deux filles
ont atteint la majorité, elles sont sorties du groupe d'aide et nous devons nous battre pour
payer leurs assurances maladie, elles ne paient pas le loyer. Bon… l'aide continue… nous
allons toujours remercier la Suisse, mais je crois qu'il manque quelque chose, il y quelque
chose qui ne va pas.
J'ai eu l'opportunité de connaître d'autres conseillers dans SwissNova, ils sont des vrais
conseillers, ils sont des gens très dynamiques, très capables. Si j’avais eu ces conseillers
quand je suis arrivé en 2002, l'histoire serait une autre, j’aurais obtenu un travail
immédiatement. Cela fait 8 ans que j'ai des conseillers et ceux de SwissNova ont la qualité
que les autres conseillers du Chômage devraient avoir ainsi que tout travailleur social.
C'est le panorama dans lequel nous vivons tous les jours, il n'y a pas de possibilité d’avoir
d’autres revenus, mais je crois que le problème de l'âge est fondamental.
Quelles formations avez-vous effectuées depuis votre arrivée?
J'ai fait deux formations, dont celle de cafetier à traves les mesures cantonales, laquelle j’ai
finit complètement, il ne me reste que les examens à passer, mais je n'ai pas pu les faire
jusqu'à présent par manque d'argent, il fallait payer CHF 700.- pour l'inscription, et les
mesures cantonales ne me le paye pas et l’Hospice non plus, mais je pense le faire.
Après j'ai été dans l'OTO où j'ai réussi à mettre sur pied un projet d'un restaurant, dans lequel
j'ai pu intégrer à tous mes frères, mais de nouveau le problème a été l'argent. Ici le fond de
commerce est trop grand : CHF 100.000.-, 200.000.-, cet argent je pourrais possiblement le
récupérer d'ici 15 ans.
Il est très difficile de commencer quelque chose avec une dette si grande, parce que le prix
réel du restaurant n'est pas de CHF 50.000.- et cependant entre le capitale d'opération et le
fonds de commerce ce sont presque CHF 30.000.- de différence.
Quels emplois avez-vous occupés depuis votre arrivée?
Maintenant, je fais une contreprestation pour l'Hospice général, les jeudis et les vendredis,
lesquels je travaille sur quelques projets, actuellement c’est sur un projet de laine, mais tout
est contreprestation.
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Je recherche un emploi à travers Internet: Job up, Edicon, Anibis, où l'on s’inscrit et envoi son
CV par Internet ainsi qu’une lettre de motivation, cela a été ma façon de chercher un emploi
pendant huit ans, mais aussi à travers des amis, en cherchant parmi mes contacts, mais je n'ai
jamais rien eu.
Essentiellement le problème est l'âge, j'ai un très bon curriculum, il est peut être trop bon pour
une entreprise, et c’est peut être pour cela qu’ils ne veulent pas m’engager, ils croient peut
être, qu’ils devront me payer beaucoup. Je suis spécialisé en tanneries, en abattoirs ainsi
qu’en plantes de traitement d'eau, etc.
Je me suis présenté au central de traitement d’eau de Genève pour offrir mes services. Au
début j’étais un de candidats, mais cela n’a pas marché.
De ma part, j'ai envoyé des lettres à Bayer, à BASP, parce que j’avais eu des relations de
travail avec eux, mais j’ai reçu des réponses négatives.
Je suis d’accord avec l'UDC, pas dans l’aspect politique, mais dans les choses qu'ils font: si
l’on contrôlait mieux l’entrée des frontaliers… et que les entreprises soient obligées de faire
une offre seulement pour des Suisses pendant un temps déterminé, puis démontrer qu'il n'y a
pas eu des candidats adéquats, là et seulement là, ils devraient lancer une offre pour tous les
frontaliers, chose qu'aucune entreprise ne fait.
Les entreprises préfèrent adresser directement les offres à des frontaliers, puisqu’ils ne paient
un frontalier que CHF 3.000.-, ce qui est inimaginable pour ceux-ci, parce qu'en France ils ne
gagneraient que 1.000 euros.
Alors, il y a une différence énorme, en revanche pour un Suisse qui vit ici, CHF 3.000.- c'est
la base et tous essaient de gagner beaucoup plus. Alors il y a des entreprises qui veulent
économiser beaucoup d'argent et préfèrent engager des frontaliers
.
98 % des infirmiers qui travaillent dans l’hôpital viennent de la France, à l'hôpital Cantonal
par exemple, 90 % sont des Français, il y a quelques portugais… et quelques médecins
suisses, mais les infirmiers sont tous des frontaliers.
Ils devraient donner une préférence aux Suisses, ils devraient convoquer seulement les
Suisses, après pour les autres. Une fois j’ai demandé à un politicien si cela était possible,
mais il m’a dit qu'ils ne peuvent pas le faire à cause de l’espace Schengen, mais je crois que la
Suisse devrait le faire si nous ne voulons pas avoir tant de gens au chômage.
Pour finir, il est aussi important qu’ils sachent, que comme nous vivons seulement avec l'aide
financière de l'état, ce qui représente très peu, cela nous permet juste de payer le loyer,
l’assurance et un peu de nourriture, tous les gens dans ma situation, ou presque tous,
cherchent un travail qui n'est pas déclaré, un travail au noir, surtout dans le nettoyage ou la
livraison, et c'est cela qui nous aide, ce sont CHF 200.-, 300.-, parfois CHF 1.000.- extras
qu’on gagne, mais c'est la seule façon de se battre et de surmonter ce qui à mon avis, est une
discrimination due à l'âge.
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Quelles sont les caractéristiques des conseillers de SwissNova ?
Ils sont excellents parce qu’ils sont très dynamiques, par exemple depuis le 1er jour que je les
ai rencontrés, ils ont tout de suite téléphoné, ils t'inscrivent à plein d'agences. Ils t’apprennent
à faire un bon CV, pas un curriculum géant de plusieurs pages énumérant toutes tes
expériences professionnelles, sinon des curriculums ciblés Je ne suis pas chimiste… je suis
un technicien de tannerie, ils soulignent ce qui ressort le plus de toi. Tout ce travail ils le font
avec toi et tu obtiens beaucoup de contacts, ils sont là, ils téléphonent, ils écrivent et ils font
un suivi complet.
C'est une entreprise privée qui a été engagé par les mesures cantonales, pour les gens du
RMCAS, pour voir si l'on peut obtenir un emploi à travers elle.
J'ai connu deux conseillers excellents, si le chômage avait la même qualité que ces deux-là,
cela serait très différent, parce qu'ils savent réellement motiver, ils sont dynamiques et ils
t'apprennent beaucoup de choses.
Avez-vous essayé de faire l’homologation de votre titre?
Dans mon cas, par exemple, comme je n'ai pas fait des documents dans la chancellerie en
Bolivie, je dois les faire à Berne, mais cela ne servirait à rien, je n'ai même pas la possibilité
d'obtenir un travail, et d’ici à ce que j’aie la validation j’aurai 60 ans, peut-être que je serai à
la retraite quand j’aurai 65, cela n'a pas de sens. Pour cela je cherche un travail dans n’importe
quel domaine, en tant que chimiste, livreur, etc.
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ENTRETIEN N°3 : AURORA
Date d’arrivée: 2003 (7 ans)
Date de naissance: 1960 (50 ans)
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
Quand je suis arrivée, j’avais beaucoup d’idées… Comme je suis éducatrice de la petite
enfance et je suis venue avec beaucoup d’expérience de mon pays
J’ai travaillé beaucoup d'années, d'abord dans une crèche, puis dans une école pendant huit
ans, puis quatre ans dans une école primaire et quatre encore ans dans une classe d'éducation
spéciale, dans la même école.
J'ai étudié deux ans de psychologie pour travailler dans cette classe et je travaillais avec une
psychologue. Donc, j’avais pensé qu’à mon arrivée ici j’allais pouvoir travailler, faire quelque
chose dans mon domaine, mais je me suis trompée.
Il est vrai que nous arrivons avec toute notre expérience professionnelle, mais cela ne sert à
rien ici, si celle-ci a été réalisée hors de ce pays. Il faut que ta profession soit revalidée, et
pour cela tu dois faire des démarches pour obtenir les équivalences de tes titres et moi, j’ai
rencontré de nombreux problèmes. Je n’ai toujours pas réussi à valider mon titre universitaire.
J’ai obtenu mon titre en 1982, je possède une licence…
Ils me disaient que tout était en ordre, et que mon expérience comptait…, Ils m'ont dit que la
seule chose qui me manquait était la langue, donc j’ai commencé à étudier le français, mais
quand j'ai fait un test j’avais un niveau intermédiaire et ils m'ont alors dit que je devais
maîtriser le français. La personne chargée était Madame Jaccard, à cette époque c'était la
personne chargée de légaliser les titres de la Petit Enfance.
J’ai continué à étudier le français, mais à chaque fois il y avait une autre chose… j’ai fait un
stage en Zone Bleue, une crèche de l'Université Ouvrière, pendant six mois, ils étaient très
contents et ils voulaient m'engager, mais le budget avait été réduit et ils avaient déjà deux
éducatrices et le personnel était complet
Quel poste voulaient-ils vous donner?
Comme auxiliaire pour commencer et ensuite comme éducatrice une fois que j’aurais finit
avec les démarches d’équivalence de mon titre. Mais cela n'a pas été possible, je voulais
travailler en tant que bénévole, mais j’avais aussi besoin de souvenir à mes besoins. On dit
qu'il existe un peu de racisme, je ne l'ai pas ressenti réellement ici… mais ils te répondent
toujours qu’ils n’ont pas la place et qu’ils te souhaitent bonne chance, c’est peut être l’âge…,
mais ils me regardaient travailler, j’effectuais un stage, et ils voyaient que j’avais de
l’expérience et que je connaissais le domaine.
J'ai fait un autre stage dans une crèche près de chez-moi et 'ils m’ont aussi dit que ils ne
pouvaient pas m'engager parce que je n’avais pas fait l’équivalence de mon titre et qu’ils me
donnaient l'opportunité de faire un stage encore plus long, non rémunéré à plein temps, donc
je les ai beaucoup remercié et j’ai laissé tomber, cela m’a beaucoup découragé.
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Alors j’ai commencé à chercher du travail, je continuais d’apprendre le français, et j’ai dû
faire ce qui arrive ä tout le monde dans cette situation là: Nettoyage des bureaux, cela m'a aidé
un peu économiquement, mais j’ai ne travaillais pas ä plein temps, mais seulement quelques
heures et puis j’ai commencé à donner des cours privés d'espagnol de manière privée et j’ai
envoyé également des lettres pour travailler dans des écoles, mais je n’en ai pas envoyé à
INECLA.
Cependant, ils me disaient que j’avais besoin d'avoir le BFFA (Module 1 du Brevet fédéral de
formateur et formatrice d'adultes) ou autre chose. Alors j’ai lu une annonce de l’université
ouvrière dans le journal, où ils convoquaient des bénévoles, donc j'ai décidé d’y aller, c’était
comme même dans le domaine de l’éducation…et j’aime beaucoup enseigner. Je m’y suis
rendue et ils m’ont donné un entretien avec la Directrice, j’ai parlé avec elle, je lui ai raconté
mon expérience et elle m’a proposé d'aller observer un cours pour voir si j’étais capable de le
faire, donc je suis allée observer, j’ai aimé, j’ai parlé et j’ai fait un contrat moral avec la
directrice…
Alors j’ai commencé à travailler en tant que bénévole une fois par semaine, et maintenait cela
fait 6 ans. En suite, bénéficiant déjà d’une année d'expérience à l'Université ouvrière, j’ai
renvoyé mon CV, j’étais très insistante, je crois que j'en ai envoyé au moins 300 à toutes les
crèches et écoles et je recevais le « non merci » j’avais une collection de lettres avec le non,
non.
J'ai continué à insister, avec le CV et l’expérience vécue à l'Université Ouvrière qui m’a
beaucoup aidée. J’ai renvoyé à tous ceux qui m’avaient dit « non »et finalement j’ai reçu un
appel, la première chose qu’ils m'ont demandé c’est si je travaillais à l'Université ouvrière,
j’ai dit que oui, ils m'ont alors proposé de passer un entretien.
Donc, j’ai été engagée et mon statut a changé, j’ai commencé à travailler ä INLIGUA, j’avais
aussi envoyé mon C.V. à INECLA et ils m'ont aussi appelé, pour donner un cours avec des
enfants étant donné mon expérience. J'ai eu un entretien avec le directeur et ils m'ont aussi
engagée. Puis d’une autre école, ALTERLINGUA, ils m'ont aussi appelé, parce que j’’avais
une amie qui voyageait et ils avaient besoin d’une remplaçante. Cette personne est restée aux
Etats-Unis et ils m'ont demandé si je voulais rester et j’y suis restée.
Est-ce qu’ils vous ont demandé un certificat?
Le certificat de FA (Formation d'adultes) non, mais la formation que j’ai faite à l'Université
ouvrière m'a aidé, j’ai décidé de la faire, je sais que maintenant, ils vont demander un
certificat… je ne sais pas s’ils on déjà commencé, mais j’ai décidé de la faire, car il s’agissait
d’un défi au niveau professionnel.
J'ai toujours aimé étudier, faire de la recherche, renouveler, ne pas rester bloquée. C’était donc
un défi personnel. J’ai fait la formation d'adultes, mais cela a été très dur parce qu’il fallait
faire la formation en français, pour mois cela a été terrible, mais j’ai réussi, j’ai fait cette
formation à l'Université Ouvrière et à l’IFAGE, toutes les deux, ensembles, ont la formation
qui dure une année, en réalité la formation a lieu le vendredi et samedi après-midi, et dure six
mois, après ils te donnent un temps pour faire les travaux. Alors j’ai fait le Module 1, qui te
permet de travailler avec des adultes ici en Suisse, et me voilà, je continue à lutter pour
trouver un poste fixe, mais l’âge, je ne sais pas… Je continue à envoyer mon dossier,
j’aimerais quelque chose de stable.
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Aimeriez-vous travailler de nouveau avec des enfants ?
Parfois je le voudrais, mais j’ai commencé à travailler avec des adultes et c’est un défi pour
moi, j’aime beaucoup. J’avais travaillé dans mon pays avec des enfants pendant 11 ans et ici
moi je voulais faire l’équivalence et une formation mais, je referais la même chose… Je
voulais étudier quelque chose de différent, j’ai donc décidé de faire la formation des adultes.
Quel a été le rôle de l’Etat dans votre processus d’insertion ?
Mon mari est Suisse, alors je me suis mariée avec un suisse, quand je suis venue ici je me suis
inscrite automatiquement au Chômage, mais comme je n’avais jamais travaillé ici en Suisse,
je n'ai pas reçu des indemnisations, ce qu’ils m’ont donné c’est des cours de français pendant
8 mois et ils payaient mon transport, je n'ai eu le droit à rien du tout, même pas un stage, ni les
mesures cantonales parce que je ne suis pas suissesse. Si j'avais eu la nationalité suisse, ils
m'auraient peut être aidé d'une autre manière, comme les suisses de retour de l'étranger… à la
fin j’aurais pu retourner au chômage durant toute ma vie. Finalement je me suis dit, cela fait
deux ans et demi que je suis ici, ils ne voulaient pas me donner plus des cours. À cette époque
je voulais déjà faire la formation des adultes et ils m’ont dit « non », que je devais lutter pour
m’insérer dans la petite enfance. Mais ils voyaient que c’était comme un cercle vicieux, parce
que pour pouvoir valider mon titre j’avais besoin de travailler dans une crèche et pour pouvoir
y travailler j’avais besoin d’un titre reconnu par le canton de Genève. Il a été très difficile
parce que j’ai même demandé de travailler comme aide de cuisine ou comme nettoyeuse,
l’important était de rentrer dans une crèche, mais toutes les portes étaient fermées. C’était très
découragent.
J'ai alors commencé à travailler avec des adultes et cela fait 3 ans que je travaille à INECLA,
et cinq ans à l'Université, je viens de commencer la sixième année. Je suis payée à l’heure,
malheureusement je n’ai pas un contrat fixe, on doit alors subvenir à ses besoins, donc, je
continue à travailler dans une bijouterie de 7h à 9h du matin parce que c'est un travail fixe, je
nettoie les vitrines avec un équipe. Chaque fois je me dis que je vais quitter cet emploi, mais
je continue.
Malheureusement, les salaires pour les enseignants… bon… je ne me plains pas c’est bien
payé…, cependant, j’ai un salaire qui n’est pas suffisant, il fluctue... Je me suis promise de
quitter l’emploi de nettoyage cette année… il s’agit d’une bijouterie, ce n’est pas difficile. J’ai
trouvé cet emploi et j’y suis restée. En plus, avec la crise qu’il y a dans les écoles, je ne donne
pas beaucoup de cours. Cela a été dur. J’ai essayé de m’inscrire au chômage parce INECLA et
INLINGUA ne donnaient de cours, donc j’avais deux écoles de moins, mais, l’histoire du
chômage était un problème, j’étais découragée, parce que comme je n’avais pas 8h de travail
ou plus, je devais justifier un tas de choses, demander des papiers… et personne ne savait si
j’avais le droit à être indemnisée, alors j’ai dit « merci je m’en vais ».
Pendant la semaine je donne quatre cours à ALTERINLINGUA d'une heure et demie, donc
six heures, à INECLA six heures également, à INLINGUA je donne quatre heures, mais je
finis maintenant en décembre parce que les étudiants partent, alors, il ne va plus que me rester
dix heures avec un salaire différent... et pour travailler à plein temps on a besoin de 16 heures
hebdomadaires.
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Quels sont les facteurs qui ont favorisé votre accès à l’emploi?
La persévérance, être là, ne pas me décourager, L’Université ouvrière pour moi a été quelque
chose qui m’a beaucoup aidé. Par ailleurs, une autre chose que je crois qui m’a aidé… comme
l'État ne m'a pas aidé, avec une indemnisation, j’étais plus motivée parce que j’avais besoin
d’argent, je devais « survivre ou survivre », j’avais le salaire de mon mari, mais, je n'ai jamais
été dépendante, en plus un salaire ici à Genève ne suffit pas.
Alors j’ai dit « non, je dois m’en sortir » et j’ai commencé à chercher, je crois que tout cela
principalement.
Je ne sais pas… si l'État m'aurait aidée plus, le Chômage n'a pas voulu me payer la formation,
en effet ils ne me l'ont pas payée, quand j'ai fait ma formation BFFA, j'ai fait la moitié avec le
chèque de formation et l'autre moitié c’est moi qui l’ai payée. L'État m'a donné les cours de
français, rien de plus, ils me disaient que je devais insister avec la petite enfance et que je
devais réussir.
Ils ne m'ont jamais proposé de me payer la formation de la petite enfance, je n'ai jamais reçu
beaucoup d'aide. Je pense que celui-là a été un facteur qui m’a aidé à m’en sortir, à avoir ce
courage. Je vaux beaucoup, j'ai étudié, je sais, et je dois continuer et battre. Cela a été
dur...cela a été dur, et jusqu'à présent, ce n'est pas facile, mais je continue dans cette lutte.
J'ai récemment écouté parler d'une Association qui aide des gens avec un titre, les migrants
qualifiés. Quand je suis arrivée, cela n’existait pas, mais dans la crèche Ensemble, la directrice
essayait de nous aider et elle m'a aussi aidée à me remonter le morale, elle nous disait qu’il
fallait aller de l’avant, qu’il fallait chercher et elle disait que s’il n’était pas possible dans la
petit enfance, il fallait chercher une autre chose que nous aimons. J’ai faillit faire des
massages, étudier quelques chose de différent, une autre carrière. Bon il y a des gens qui te
donnent coup de mains et te donnent du courage. J'ai reçu surtout un soutien moral et mon
amie m’a demandé de la remplacer et j’ai aussi envoyé mon dossier.
Le chômage a pris en charge toute la formation d’une de mes amies. En revanche, moi, je n’ai
pas pu bénéficier d’aucun soutien financier pour entreprendre la même formation. J’ai donc
décidé d’en parler à mon conseiller de l’ORP pour éclaircir la situation, mais ce dernier m’a
rétorqué que le chômage n’était pas destiné à cet usage-là. D’autre part, il m’a dit que j’avais
déjà un métier, celui d’éducatrice de la petite enfance et par conséquent, je n’avais qu’à
trouver un emploi dans ce domaine-là. Donc, ils nous cataloguent rapidement et ne nous
laissent pas l’opportunité de se réorienter vers une nouvelle profession
Ils m’ont donné alors un rendez-vous avec le nouveau directeur du bureau d’Orientation
Professionnelle, Madame Jaccard était partie… Je suis partie parler avec lui, et au moment
d’aller chercher mon dossier, il n’était plus là, il s’était perdu. Il n’avait aucune trace de toutes
les démarches que j’avais déjà entreprises. Il fallait que je refasse tout de nouveau, que je
recommence de zéro, ce que j’ai refusé.
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ENTRETIEN N° 4 : TEO
Date de naissance : 19.04.1955
Date d’arrivée : 15.07.2002
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou insérer sur le marché de l’emploi.
Je suis arrivé sans savoir lire ni écrire le français. La première chose que j'ai faite a été de
m'inscrire au chômage et aller à l’hospice pour avoir un entretien. Le chômage m'a donné des
cours de français pendant trois mois seulement parce qu'ils disaient que je devais travailler,
que dans mon domaine il y avait beaucoup de travail. Je suis technicien industriel spécialisé
de la construction de bâtiments. Mais eh… mon conseiller m'a obtenu un travail chez Copilart
où j'ai travaillé trois mois. Copilart est une entreprise qui fait des manèges, tu te rappelles du
manège du « lapin » ? C'est une fondation qui dépend de la Ville de Genève qui aide les
personnes à s’insérer sur le marché de travail… j'ai travaillé avec des alcooliques, des
toxicomanes… Mon conseiller du chômage m'a donné ce travail et celui-ci n’a duré que trois
mois, l'insertion. Quand je suis ensuite rentré dans les mesures cantonales, j’ai eu un entretien
au musée d’art et histoire et j’y ai commencé à travailler, j’ai travaillé une année dans le
musée d’art et histoire.
Ne t’ont-ils jamais proposé une formation?
Je lui ai proposé de faire valider mes diplômes et il m’a répondu « il faut qu’on soit réaliste,
vous avez presque 50 ans et par d’ici à ce que vous envoyiez vos papiers à Berne, que vous
les fassiez traduire et qu’ils vous donnent un CFC, il va s’écouler presqu’une année… vous
aurez 51, et encore… cela dépend de ce que Berne va décider… Ils vont peut-être vous
demander de faire quelques cours, encore un ou deux ans, donc vous aurez 53 ans. Qui
voudrait bien engager une personne âgée de 53 ans, ayant un titre valide en Suisse, mais ne
possédant aucune expérience sur le territoire suisse ? Cette option n’est pas envisageable dans
votre cas… peut-être si vous aviez 25 ans ou 30 ans » Et j’ai fini par constater qu’il avait
raison.
Il ne m'a donné aucune formation… il m'a donné deux cours pour mise à jour en soudure d'un
mois chacun. J'ai travaillé au le Musée d’Art et Histoire comme serrurier durant une année, il
n’était pas possible d’y rester… même si j’avais beaucoup postulé, mais jamais… c’est à
cause de l’âge. Et je suis retourné au chômage et je n’avais pas de travail… bon j'avais un
petit travail non déclaré à « epsilon » comme distributeur de publicité à Coopé… cela a duré
un ou deux ans… et bon j'ai été sans travail jusqu'à ce que quelqu'un me donne un numéro de
téléphone, un facteur, quelqu'un de la Poste qui venait de laisser le courrier.
Un ami?
Non, un Chilien, la personne qui distribuait le courrier, je le connaissais parce qu'il distribuait
le courrier. Il m'a dit « regarde j'ai ce numéro, je ne sais pas à qui cela appartient et il me l’a
donné. J'ai téléphoné, ils m'ont donné un rendez-vous pour le lendemain. Je suis allé au
rendez-vous, c'était une réunion avec le chef et trois candidats, et à la fin il nous a dit qu’il
fallait qu’on cherche « une gain intermédiaire » dans une agence d'emploi afin de signer un
contrat et qu’on pourrait commencer demain. La poste n’engage pas directement, il fallait
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rentrer à travers une agence comme Kelly ou Adeco. C’est eux qui te payent, mais on travaille
pour la poste.
Et la “Poste” fait cela?
Oui… cela dépend… si tu as un piston, si tu connais quelqu'un, tu pourrais obtenir un contrat
avec la poste directement, mais comme je ne connaissais personne… j’avais besoin d’une
agence d'emploi… J'y suis allé avec la carte du chef du « post logistique » et je leur ai dit que
je devais signer un contrat… eux ils travaillaient avec la poste, donc ils savaient déjà. Donc
j'ai signé le contrat et le lendemain j'ai commencé à travailler à 50%. Et un mois après, mon
chef m’a offert de faire un autre travail… faire le shop de la Migros et un mois après, il m'a
demandé si je voulais faire les OP , les ordres permanentes, il s’agit de travailler
exclusivement avec des clients, le problème était que je devais me lever à 4h du matin, mais
j’ai accepté, alors j’ai augmenté mon taux de travail à 70%, après ils m'ont offert le travail
pour aller à Zurich le soir, c’était pour le Crédit Suisse, j’ai également accepté et comme cela
je suis arrive à 100%, voir 120% de travail, toujours par le biais de l'agence d'emploi.
L'agence de placement me paye et ils facturent à la poste… par exemple, ils me payent 25
francs de l’ heure et la poste leur donne… plus… je ne sais pas combien, cela fonctionne
ainsi, mais la poste est libre de faire ces démarches, de sécurité sociale, rien, rien de cela,
C’est l'agence qui est chargée de faire tout cela et après deux ans ils m'ont offert un contrat à
la poste, donc j'ai éliminé l'agence de placement et j’ai signé avec la poste il y a trois mois, en
septembre, et dans 6 mois je devrais signer un contrat à duré indéterminé, fixe à 100% , parce
que maintenant j'ai signé un contrat à 90%, pas plus… mais je travail à 120%, c'est-à-dire que
j’ai beaucoup des heures supplémentaires.
D’après vous, quel a été le rôle de l’Etat dans le processus de votre insertion?
Aucun, rien, j’ai fait des cours qui m’ont étés offerts par le RMCAS, j’étais obligé… parce
que en effet, je ne déclarais pas le travail avec l'agence Kelly alors pour le RMCAS, je n’avais
pas de travail, de toutes manières j’ai assisté à ces réunions, j’ai fait le sacrifice… parce que je
devais y aller après le travail.
Quels ont été les facteurs qui ont favorisé votre accès à l’emploi?
Les sens des responsabilités, ne jamais arriver en retard, ne pas manquer, savoir travailler.
Le Chilien n'a pas pu rentrer à la poste… donc j’ai eu aussi de la chance parce que j’ai
téléphoné juste quand ils avaient besoin et sans me connaître ils m'ont appelée. Le chilien a
téléphoné trop tard. Le Chilien avait un permis d'étudiant comme moi, il travaillait à la poste
par le biais d'une agence d'emploi 50 %, il travaillait pour la poste de Carouge et il était payé
comme un étudiant. J’ai eu de la chance d’avoir téléphoné le jour même qu’ils avaient besoin,
si j’avais téléphoné le lendemain, ils n’auraient peut-être pas eu besoin de moi. Nous étions
trois être rentrés le même jour et maintenait en reste que moi. Les autres sont partis, ils étaient
jeunes… l’un voulait cogner le chef et l'autre…je ne sais pas… il est parti, il n'a pas aimé.
Est-ce que vous êtes satisfait de votre travail?
Je peux déjà m’estimer heureux d’avoir un emploi. Comme dans tous les boulots, il y a des
côtés positifs et négatifs. Ce n’est pas le job de mes rêves et la paye n’est pas mirobolante,
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mais cela reste un travail proprement dit et, par les temps qui courent, il est très difficile d’en
dénicher un. Surtout lorsque l’on a 56 ans.
D’après vous, pourquoi est-ce si difficile?
A cause de la langue que nous ne maîtrisons pas, le manque d’expérience en Suisse, ma
profession est complètement différente à celle qui se faite ici, c'est-à-dire que je ne possède
pas l’expérience pour travailler ici, pour être un « maître d’œuvre », je n’ai pas de expérience,
il est impossible… et mon âge… Trois facteurs prépondérants.
L'état ne peut pas trouver un travail pour toi, ce n’est pas l’état, c'est la personne qui doit
trouver un travail, l'état ne va jamais te trouver un travail, pour cela nous avons le chômage.
Aucun système va te trouver un travail, ils peuvent te conseiller, te donner des cours, mais ils
n’iront pas te trouver un travail. Il y a des gens qui font leurs recherches d'emploi, mais ils ne
cherchent jamais du travail, ne cherchent pas sérieusement, c’est peut être la crainte de tout
recommencer ou il s’agit de convenance… j'y été moi aussi, pendant beaucoup de temps je
présentais me recherches d'emploi sans chercher un emploi, seulement parce que c’était une
obligation.
Pourquoi ? , parce que par exemple mon conseiller voulait que je travaille comme soudeur…
J'ai étudié la soudure mais je ne suis pas soudeur, je n'ai pas d’expérience comme soudeur,
mais il voulait que j’aille travailler comme soudeur, je savais que cela n'allait pas être
possible, parce que je n'ai pas d’expérience comme soudeur, je peux souder, mais je ne suis
pas expert en soudure et il voulait absolument que je fasse cela … et ils m'ont offert un bon
salaire, mais le boulot était à Berne, mais je ne pouvais pas accepter quelque chose que je
savais que je n'allais pas pouvoir faire. C’est différent de comme on travaille en Bolivie et
comme on travaille ici… Alors, pendant cette époque j’ai fait mes recherches d'emploi sans
chercher un emploi.
Puis, j’ai chargé mes batteries et j’ai commencé à chercher un emploi, mais dans d'autres
domaines, parce qu’on arrive en pensant que l’on sait tout, qu’on arrive de son pays avec
beaucoup d'expérience et peu à peu tout tombe à l’eau et tu te rends compte que tu ne peux
pas travailler dans ce que tu as étudié. Parce que tu n'as pas d’expérience, tu dois commencer
depuis zéro, peu à peu… il est très difficile qu'ils te donnent l'opportunité si tu n’as pas un
« CFC ». Alors peu à peu tu te rends compte que tu ne pourras pas travailler dans ton domaine
et que ton domaine ne sert à rien. L'état ne peut pas faire plus, il ne va pas te prendre par les
mains pour que tu ailles chercher un travail ou un entretien. C’est à chacun de trouver un
travail, c'est pour cela qu’ils sont en train de réduire le chômage, parce qu’il y a des gens qui
ne veulent pas travailler et ils ne font pas une recherche réelle d'emploi.
D’après vous, qu’est ce qu’il faut faire pour trouver un emploi?
Téléphoner, se rendre aux entretiens, insister, surmonter la peur, le problème pour nous, c’est
que nous avons plus de 50 ans et que ce n’est pas aussi facile d’apprendre une langue quand
on est vieux que quand on est jeune. Nous ne parlerons jamais le français avec la même
aisance que celle des jeunes. Nous avons cette barrière : le français. Pour vous c’est plus
facile, vous avez des amis suisses, par contre nous… j'ai commencé à parler beaucoup plus en
français maintenant que je suis à la poste… mais je travaille aussi tout seul toute la journée et
je ne parle pas beaucoup avec les gens.
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ENTRETIEN N° 5: MELINA
Date d’arrivée : 2.11.2004
Date de Naissance: 19.01.1959
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
Le 19 Janvier 1959 à Tarija. Je me suis mariée à 15 ans en 1954. J'ai acquis de l’expérience
dans de nombreuses activités, nous avions une station service, où nous distribuions de
l’essence, du diesel et des articles divers pour tout le sud du pays. Nous avions aussi une
propriété où mon mari cultivait au debout du coton puis du soja, il y avait 500 ou 660
hectares, c’était un producteur moyen.
Tout allait très bien, mais malheureusement, en raison des changements sociaux, des
problèmes sont survenus et nous avons été forcés de quitter la Bolivie. Comme j’ai la
nationalité suisse car je suis descendante de famille suisse, j’ai dit, bon alors je vais vivre là
ou je considère être mon pays.
Nous sommes arrivés exactement le 2 novembre 2004. La période d'installation est très dure,
c’est difficile de trouver un logement, je ne savais même pas dire bonjour en français, car
dans mon pays on apprend l'anglais, pas le français, on n’a pas besoin de le parler. Au lycée,
j'ai choisi le français, mais ce n’était que des leçons de base, du coup à mon arrivée je ne
savais rien.
Je me suis inscrite au chômage et ils m'ont donné deux cours, un de base et l’autre d'écriture,
et j’ai suivi également des cours privés en dehors de ce que me donnait le chômage, là j’ai
beaucoup appris. J'ai été inscrite au chômage un an puis j’ai dû passer aux mesures
cantonales. En 2006, j'ai eu le droit, avec les mesures cantonales, d’aller au sein des TPG, j'y
ai acquis beaucoup d'expérience, pas seulement au niveau de la langue, mais au niveau
personnel. Ça n’a pas été très agréable, car j'ai vu beaucoup de souffrance et de solitude.
C’était un travail au près des personnes âgées qui ne peuvent pas se débrouiller toutes seules.
Bien que la Bolivie soit un pays pauvre, un pays où 80% de la population est limitée au
niveau de l’éducation, le facteur sentimental et affectif restent supérieurs à tout autre pays. Je
pourrais dire qu’ici vous gagnez de l’argent et là-bas vous vivez. Pour moi ça a été un énorme
choc qui m'a fait prendre conscience qu’il faut que je prépare ma vieillesse hors de la Suisse.
La Suisse est un pays merveilleux, calme, avec des paysages idylliques. Néanmoins, elle a
ses faiblesses, pas seulement en Suisse, mais également dans tous les pays développés. Avec
l'âge que j’avais à mon arrivée c’était très dur de changer les idées. Grace à ce pays, je mange,
j’ai un toit, mais je me prépare pour retourner dans mon pays.
Quand j’ai fini la mesure cantonale je suis retournée au chômage, ils m’ont donné à nouveau
des cours de français, je présentais mes recherches d’emploi, je cherchais toujours dans le
domaine de la comptabilité, ce qui est mon point fort, je l'ai étudié en Bolivie.
Cependant, ils demandent toujours d’avoir de l'expérience en Suisse ou d’avoir entre 35 et 40
ans, je ne peux pas m’en enlever des années, ou encore l’anglais et parfois aussi avoir travaillé
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au moins un an en Suisse. Il y a toujours quelque chose pour laquelle nous ne sommes pas
compatibles avec le marché du travail suisse.
C'est compréhensible, si on regarde avec les yeux des employeurs, ils sont tenus de couvrir
certaines dépenses pour les personnes âgées, alors ils ne vont pas engager les gens même s’ils
ont été des génies dans un autre pays. Ici cela n’a aucune valeur, si vous avez fait 10’000
doctorats, ici ça ne vaut rien.
Donc, avec autant de contraintes, il est difficile de trouver quoi que ce soit et bien sûr je ne
vais pas accepter un emploi pour aller nettoyer les vitres, je ne suis pas formée pour cela ou
pour faire quelque chose dont que je ne suis pas disposée. Je veux une chance de faire ce que
je sais faire. Voilà le problème que j'ai rencontré et qui ne me permet pas de trouver un
travail.
De mon côté, hors les mesures d’aides, j'ai fait un diplôme en comptabilité, j'ai payé ça au
cours de l’année 2008 et 2009, j’ai eu beaucoup de la peine... j’ai fait la formation à l'IFP.
Cependant, cela n'a servi à rien, je me suis casé la tête en étudiant, je me suis donnée 10 fois
plus. A ça il faut rajouter la langue que je ne maîtrise pas complètement, ça a été extrêmement
dur, j’ai passé des heures assise, à faire des recherches sur internet, dans les dictionnaires, en
plus la formation m'a coûté une fortune, et pour quoi ? Tu peux me le dire?
Je me suis inscrite à plusieurs agences de placement. J’ai eu des réponses très intéressantes,
dont une m’indiquant que j’avais un âge légèrement avancé et qu’ils recherchaient une
personne plus jeune, sans aucune expérience. Me voilà, je suis inscrite au RMCAS, en
attendant de trouver quelque chose… mais je ne vais pas faire n’importe quel travail,
seulement ce que je sais faire. J'espère qu’ils diront stop à l’engament des frontaliers, de sorte
que nous, citoyens qui vivons ici, trouvions du travail.
En Bolivie nous sommes préparées à faire de tout tandis qu’ici c’est différent, je ne vais pas
faire ce qui m’est imposé, mais ce que je sais faire.
Est-ce que vous avez effectué une contre-prestation?
Mon mari est en train d’en faire une. Puisque nous sommes ensemble dans un même dossier
commun. C’est lui qui fait la contreprestation. Peut-être avec le nouveau changement de lois,
ils m’offriront quelque chose, mais il faut que cela soit dans mon domaine, sinon je n'accepte
pas.
J'ai beaucoup d’espoir de trouver un travail, j’envoie des curriculums. Je ne reçois presque
jamais de réponses, je suis toujours dans l'attente. Dans de nombreux cas je renvoie mon CV
aux institutions auxquelles j’ai déjà postulé 7 ou 8 mois auparavant, pour leur rafraîchir la
mémoire.
Quel est votre objectif?
Il n'y a pas d'objectif sans avoir de l'expérience mais je cherche toujours dans mon domaine
de la comptabilité.
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A votre arrivée, avez-vous passé par l’Hospice général ?
Lorsque nous sommes arrivés, nous étions dans le programme pour les suisses de retour de
l’étranger, nous y sommes restés durant 28 jours, car tout de suite après nous avons eu les
indemnisations du chômage.
Avez-vous essayé de faire une équivalence?
Je dois faire au moins une année d'université pour demander l'équivalence, je dois faire des
examens et sur cette base faire la validation. J’ai fini l'Université en Bolivie mais je n’ai pas
fait le mémoire, ce qui complique encore les choses, Il faudrait que j’aille là-bas pour la finir.
La formation que j’ai faite à l’IFP a durée une année.
A part cela, avez-vous eu un autre travail?
Je n’ai pas de problème pour travailler en tant que nettoyeuse, en effet je travaillé pendant
deux mois, je nettoyais. J’étais très contente parce que j’avais quelque chose à faire mais je
me sentais mal aussi. Vu qu'avant c'est moi qui payait pour qu'on nettoie, bon j'ai vu que c'est
une tâche qui ne te tue pas, ça m'a beaucoup aidé.
Malheureusement ce travail te limite, car ils te demandent l'AVS et c’est déclaré, alors je
préfère gagner en faisant ce que je sais.
J’étais très contente parce que j’avais quelque chose à faire mais j’étais frustrée, car je n'avais
jamais utilisé ces machines pour le nettoyage. Lorsque j'ai demandé d’avoir plus d'heures, ils
m'ont donné seulement deux heures et qu’après ils m’ont dit que j’allais faire partie de la liste
des employés. Pour 2 heures je ne peux pas risquer ma situation avec le RMCAS, parce que,
malheureusement, quand j’ai travaillé ces deux mois, ils m’ont chopé et j’ai dû rendre le
salaire que j’avais gagné, alors j'ai appris.
Le système vous oblige à dépendre de lui, en ne vous donnant aucune chance de travailler. Je
voulais monter une cafétéria, mais c’est impossible, car la formation coûte entre CHF 4 000.et 5 000.-. L’argent qu’on reçoit du RMCAS nous limite, c’est une misère. Vous nagez en
pleine pauvreté, ce n’est pas assez pour finir le mois. Alors je comprends pourquoi beaucoup
de gens travaillent au noir. Si vous déclarez ce que vous avez gagné, par exemple CHF 600.-,
ils vous les enlèvent, alors vous ne les déclarez pas… Cela force les gens à faire des choses
qui vont à l’encontre de leurs principes, mais ils n’ont pas le choix
Je dépense CHF 160.- pour la nourriture de ma fille et CHF 60.- pour l’abonnement du bus et
ils me donnent que CHF 250.- pour elle par mois. Elle mange au collège deux fois par
semaine, elle a besoin de beaucoup plus, parce qu'elle est une petite fille. Ce qu’ils nous
donnent, ce n’est pas assez, j’ai demandé l’allocation des études et nous n’avons jamais reçu
de réponse.
Alors, c’est le milieu qui t’oblige à faire des choses que, d’après moi, sont mauvaises.
Lorsqu’on est au chômage, ils t'exigent beaucoup de choses, on doit même inventer, ils ne
t’aident pas à trouver du travail. À mon avis, l’ouverture des frontières suisses représente le
principal problème, car la main d’œuvre étrangère est nettement meilleure marché que celle
en Suisse. Il est donc impossible de rivaliser avec celle-ci. Vous trouvez des Suisses faisant
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du nettoyage, accompagnant des personnes âgées ou livrant des journaux et vous voyez un
employé de bureau français. Un Français vient ici et gagne CHF 3'200.- francs mais il vit très
aisément en France avec ça, tandis que nous avec CHF 3'200.- ne pouvons pas subvenir à nos
besoins ici en Suisse. .
Ils sont trop enfermés dans leurs affaires, leurs politiques sont paralysées. Qui que ce soit que
vous rencontrez qui se trouve dans les mêmes situations, tous en train de survivre jusqu'à la
fin du mois. Je pensais que les suisses de retour trouveraient un travail ici, mais c'est
impossible.
Je connais un Argentin et un Suisse de retour également, qui a finit par divorcer, il travaille
en tant que plongeur et avant il était chef d'entreprise. Il a divorcé et son ex femme est restée
ici pour les enfants. Comme eux, je connais de nombreux amis qui sont en dépression. On
pense que cette situation est en train de tuer les gens.
Il est difficile de parler de ces choses en français, il est difficile de dire exactement ce que l’on
veut dire. Si je ne parle pas un français parfait, je ne peux pas avoir une vraie conversation.
Lors d’un entretien avec mon conseiller, je lui ai demandé de m’aider à postuler à la Migros
en tant que caissière et il m’a dit que ce n’était pas pour moi, que c’était pour les plus jeunes.
Il a ajouté qu’il pouvait me trouver un travail de nettoyage tout de suite, si je le souhaitais. Je
lui ai répondu que je n’avais pas fait cinq années d’études à l’université pour finir femme de
ménage et que j’avais déjà ma maison à nettoyer. Il a répliqué que qu’il faudrait bien que je
m’incline et que je fasse du ménage, parce que je n’avais pas le choix. Il m’a dit que je
n’avais pas d’avenir… et que ses conseils étaient ceux d’un ami. Je pense que ça m’a donné
plus de forces pour résister. Ce n’est pas que j’ai honte de nettoyer, mais je n’en ai pas envie.
Il m’a dit que je n’avais pas d’autres possibilités ici.
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ENTRETIENT N° 6: MARIA
Date d’arrivée 2003
Date de naissance: 1958
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi
Je suis arrivée en Suisse en 2003 avec ma famille. Après six mois j’ai trouvé un travail de
nettoyage où j'y suis encore actuellement à 50%. J’ai essayé de chercher d'autres choses,
aussi que l’entreprise m'engage à 100% mais je n’ai jamais eu de la chance. J'ai fait
également d’autres travaux de nettoyage. Aujourd'hui, j'ai eu la chance de décrocher un autre
emploi le matin à l'aéroport. Je leur ai envoyé mon CV et ils m’ont embauché. C’est ainsi que
je travaille depuis 6 mois à l’aéroport à 100%. Parce que dans une entreprise de nettoyage,
c'est très difficile de se faire embaucher à 100%, on doit être très chanceux où avoir un piston.
Le travail que je fais maintenant, me plaît beaucoup, je l'aime beaucoup, je ne peux pas me
plaindre. J'ai eu beaucoup de travail dans la même entreprise où je suis depuis 8 ans, mais elle
est en chute et moi j’attendais qu’ils me donnent plus de choses.
Qu’est que vous faisiez en Argentine?
J'ai eu de la chance, car mon mari travaillait dans une banque, moi je m'occupais des garçons,
c'est vers la fin que j'ai commencé à travailler quand il a quitté la Banque. Nous avons monté
une entreprise et j'ai commencé à travailler avec lui. Les choses allaient plus ou moins, nous
avons donc décidé de venir en Suisse et de tout recommencer. Je pense sincèrement que l’on
n’est pas dans une trop mauvaise situation, il faut se battre comme tout le monde, pour nous
ça été une bonne année, mais nous devons encore aller de l'avant.
Comment avez-vous trouvé du travail en Suisse?
Grâce à une agence de placement, je m’y suis inscrite et ils m’ont appelé le même jour. J'ai
commencé à travailler deux heures par jour, de 18h à 20h et dans la même semaine, ils m’ont
offert deux heures de plus, de 16h à 20h, donc ça fait un 50%, j'ai donc dit oui. Le travail me
plaisait, ça m'intéressait de connaître tout l’endroit, j'avais aussi des collègues à remplacer.
Pendant 7 ou 8 mois je travaillais à plus de 50%.
Maîtrisez-vous le français ?
Le français est très difficile pour moi, je suis allé apprendre le français à l'école durant deux
moins à travers l'Hospice général mais comme j’ai trouvé un emploi rapidement j’ai arrêté les
cours. Je ne le parle pas beaucoup mais je le comprends bien. Je suis allée également à l'école
club Migros pendant un mois. Cependant, à mon travail la plupart des employés sont
d’origine portugaise et elles ne parlent presque pas le français. Maintenant à l'aéroport je dois
parler la langue et je fais des efforts pour parler le français car ce travail est complètement
différent. Je me fais comprendre mais ils te forcent à parler le français et cela est très utile
pour moi.
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Aimeriez-vous trouver un autre emploi ?
Non, parce que cela ne me dérange pas, je ne me sens pas mal à l'aise dans ce travail, c’est un
travail de nettoyage mais ce n’est pas rude, l’horaire est très confortable, l'ambiance est
bonne, les heures passent vite. Là où je suis, j’aurais pu être à 100%, d’un côté pour
l’ambiance et d’un autre côté pour le travail.
Avez-vous déjà été au chômage?
Jamais, car je travaillais à 50% je suis allée m'inscrire au chômage après neuf ou dix mois
mais ils me manquaient deux ou trois mois pour compléter un an de cotisation. De plus, je
travaillais à 50% et le chômage ne m'a pas accepté pas car pour cela je devais travailler à
100%. Puis un jour j'ai vu l'annonce dans le journal, j'ai présenté mes papiers, ils m’ont
téléphoné tout de suite pour un entretien et j’ai commencé à travailler.
Durant combien de temps l’Hospice général vous a-t-il donné de cours de français?
Deux mois, les cours durent normalement deux mois, après ils peuvent te donner encore deux
mois de plus, cela dépend de ta performance.
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ENTRETIEN N°7:PEDRO
Date arrivée:20.01.2008
Date de naissance: 1966
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi
Nous sommes arrivés le 20 Janvier 2008, le lendemain nous sommes allés à l’OCE. Ma belle
sœur vivait ici depuis six ans et cela nous a évidemment facilité toutes les démarches
administratives à faire.
D’abord, nous avons annoncé notre arrivée, ma femme est originaire du canton de Genève,
ma femme et mes deux enfants avaient le passeport suisse. Moi, ils n’ont donné un permis de
séjour, le permis B. Au cours de la première semaine, nous avons fait toutes les démarches
administratives.
Comme ma femme avait cotisé depuis l’Argentine à l’AVS, elle avait le droit au chômage.
Mais, au début, nous étions à l'Hospice. Nous avions commencé les démarches
administratives et nous habitions avec ma belle-sœur.
L'état nous a assigné une assistante qui nous aidait financièrement, vu les conditions,
malheureusement elle nous a mal conseillé. Je pense qu'elle voulait se débarrasser de nous,
elle nous a dit qu'on n'avait pas le droit de demander un HLM, etc. et que nous devions
chercher n'importe quoi.
A partir de là, j'ai commencé à chercher un travail. Nous avons trouvé un logement après deux
mois, cela a été un soulagement pour tous. Ce n'est pas l'appartement idéal, mais il est difficile
de trouver autre chose.
Nous avons cherché également de l’aide pour des cours privés de français, car moi, je ne
parlais pas la langue. Avec mes enfants il n'y a pas eu de problème, nous les avons
immédiatement inscrits à l'école.
Ils m'ont octroyé un cours de français pendant trois mois, mais pas plus. Ils vous donnent
qu’un niveau de plus en comparaison à celui que vous aviez déjà en rentrant au pays. A mon
arrivée j’avais un niveau zéro, donc ils m'ont donné jusqu’au niveau 1, je pense que c'est une
politique gouvernementale mise en place récemment.
L’infrastructure du gouvernement ici est très complexe quant au nombre de bureaux, aux
institutions par exemple. Il y beaucoup de bureaucratie de telle sorte que celui qui vient sans
aucune idée et bien il ne sait pas où aller.
Mais finalement, c’est pour ton bien, c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses qu'ils ne te disent
pas et que tu peux faire. Nous ratons beaucoup d'opportunités à cause de l’ignorance de tes
propres droits et obligations. En effet, j’aurais pu demander une continuité des cours de
français.
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Après 3 ans, je me suis renseigné à propos du chèque de formation, et moi, j’en avais le droit.
En effet, actuellement je fais un cours de français, grâce au chèque. Mais si je n'avais pas
demandé "j’insiste" je n’aurais pas eu puisque je n'aurais pas su.
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Avez-vous essayé de faire une équivalence?
Je connaissais l’existence du chèque, mais je ne savais pas si j'en avais le droit. J'ai appris que
j’avais le droit au cheque de formation au cours d’une réunion avec l'Hospice et c'est moi qui
ai parlé du sujet. Ils m’on dit qu’il fallait vivre à Genève au minimum depuis un an.
Cependant si tu ne demandes pas, tu ne sais rien. Or, le choix est très limité car il y a des
cours mais ils sont très chers.
Nous dépendons encore de l'Etat, ma femme travaille grâce aux Emplois de solidarité, elle a
un contrat à durée indéterminée. L'Etat ne l’oblige pas, mais ils l'encouragent à continuer dans
ses recherches d’emploi. Le problème c’est que l’Etat paie une grande partie du salaire et
l'employeur paie très peu. Le problème est aussi qu'elle n’a pas eu d'augmentation de salaire
et on a des ambitions.
Le problème c’est que je suis arrivé en tant que conjoint d’une suissesse, j’avais obtenu le
permis B, j’aurais pu demander ma naturalisation en Argentine puisque je suis marié depuis
15 ans, mais je ne l'ai pas fait. Ici j’étais perdu, ils m’on donné ce cours, mais après je n’avais
pas le droit à d'autres aides. D'ailleurs je ne reçois aucune aide... indirectement peut être
puisque je suis membre d'une famille qui reçoit de l'aide. Quand je suis arrivé ici, je n'étais
pas Suisse, et quand j’ai reçu la nationalité suisse, je n’avais pas encore cotisé plus d'une
année aux impôts. Alors, pour l'État je n'ai que des obligations et non des droits.
Où avez-vous travaillé en Argentine?
En Argentine, je me suis consacré essentiellement au marketing, à la communication, aux
relations publiques. Les dernières années en particulier à la communication, dans une agence
de publicité.
Mes études et ma profession sont dans le domaine du marketing, des consultations, des
relations publiques et de la communication.
C'est un avantage parce que le marketing est universel, et son étude est globale. C’est un
avantage, mais en même temps un inconvénient, car la concurrence est forte. Il ya beaucoup
de gens qui sont autant préparés que moi et d'autres, les jeunes, qui sont mieux préparés
aujourd’hui. En plus ils parlent plusieurs langues.
C'est très difficile, le curriculum de la profession est très différent et la carrière n'est pas
pareille. C’est comme étudier autre chose, aujourd'hui tout est segmenté, dans les lettres de
motivations c'est dur et difficile de mettre en avant sa formation, tout n'est pas compatible.
Puis aujourd'hui, c’est une carrière professionnelle qui est valorisée, ce ne sont plus les
diplômes, mais l'expérience.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour trouver un emploi ?
Plusieurs, et je peux peut être me tromper et dire qu’ici, ils ne sont pas conscients de toute
l'expérience que nous avons. Ce que nous apportons de l'Amérique latine c’est de la
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motivation pour travailler, nous sommes très bien préparés au niveau d'expérience et des
connaissances générales, malheureusement c'est très difficile de leur démontrer. Par ailleurs,
nous sommes des latino-américains et d’après eux, nous sommes des étrangers donc nous
sommes placés sur un échelon plus bas que les Suisses. Cela est peut être vrai dans certains
aspects mais pas dans d'autres. Il y a aussi la conjoncture qui n'est pas bonne en ce moment,
décrocher un entretien c’est très difficile.
Alors c'est ainsi, il faut d’abord identifier ce que les suisses ont dans l’esprit, pas forcement
les suisses, mais ceux qui occupent des postes de décision, dont d’ailleurs, la plupart ne sont
pas des Suisses, mais ce sont des gens qui ont adopté la culture suisse, cela étant encore pire.
L'étranger, une fois qu’il adopte la culture suisse, il est beaucoup plus pervers qu’un vrai
Suisse. On peut le voir chez les latino-américains qui ont adopté la culture suisse, je dirais
même que dans certains aspects ils sont un peu néo-nazis, c'est peut-être dû à leurs propres
origines. C'est essentiellement cela.
D'autre part, arriver à un certain âge c'est compliqué. Moi j'ai plus de 40 ans et je ne peux pas
rivaliser avec les jeunes qui sont plus préparés, qui ont étudié ici, qui se sont adaptés à la
culture locale, celle qui est cherchée ici. Je ne parle pas la langue avec autant d'aisance qu'eux.
Je connais la base de trois langues : l'espagnol, l'anglais et le français, mais je ne parle pas
comme eux. C’est essentiellement cela, pour arriver à convaincre quelqu'un il faut maîtriser
cet aspect.
Alors, je vois plusieurs aspects, le premier est le préjudice. Puis, c’est qui est la réalité, la
formation et la concurrence avec d'autres qui sont plus formés que toi. Après, il y a la
situation. C'est dur d’obtenir un emploi parce que les compagnies te refusent, même en ayant
un poste.
A mon avis, au moins j'ai l'intention au moins d’utiliser mon expérience dans le domaine que
je faisais, si je voudrais vraiment, je pourrais recommencer à zéro, il se peut que je réussisse.
À priori, tant que je ne ressentirai pas le besoin, je ne le ferai pas car j'ai un certain niveau
d’exigence. Ceci basé sur mon âge, mon expérience et tout l'entier de mon parcours.
Comme je te disais, il y a beaucoup de personnes plus qualifiées que moi, mais il y a aussi des
gens qui sont aussi ou moins qualifiés que moi et qui ont trouvé un travail, alors je me dis
pourquoi pas moi ? Concernant la difficulté pour trouver un emploi, un autre aspect concerne
la méconnaissance du marché, c'est très difficile de correspondre à un poste donné sur le
marché à un moment précis, or il y a plusieurs raisons.
Tu viens toujours avec l’espoir de travailler dans ton domaine ou d’occuper un meilleur poste.
C’est seulement le jour où le besoin se fera urgent que j’ouvrirai mon horizon vers d’autres
professions. Je n’ai aucun problème avec ça, mais cela impliquerait de recommencer à zéro,
encore, et je me sens trop vieux pour cela
Comment cherchez-vous un emploi?
Principalement par Internet et à travers des connaissances. En Argentine on se connaît avec
presque tout le monde et on peut même arriver à connaître le président de la République par
des amis, tandis qu’ici c'est différent. Ici, vous devez vous socialiser avec différents milieux
sociaux et ceux-ci doivent d'abord s’ouvrir à vous afin que vous y entrez. Après vous devez
pouvoir écouter les conversations, cela je l’ai appris à cause des coups durs que j’ai reçus ces
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derniers mois. Nous avons commencé à élargir notre cercle social au sein de l’école, dans le
comité des parents et à travers des activités politiques. Nous avons commencé à tisser des
liens d’amitié et à connaitre les personnes à contacter sur le marché de l’emploi. Cela nous a
été précieux. Une fois que vous êtes au courant de quelque chose, c'est parce quelqu’un est
intéressé par vous, par votre participation. Après, si vous pouvez entrer dans l'affaire ou pas
c'est votre problème. Ce qui est important se sont les moments, opportunités lorsque les portes
s'ouvrent. C’est comme cela partout dans le monde, les relations, le piston fonctionne.
D'autre part, chercher du travail sur le web c'est pervers, car les curriculums arrivent de
partout, du monde entier. Dans de nombreuses entreprises, ils sont tenus de publier les offres
des postes qui sont déjà pris auparavant. Alors on est enthousiastes par quelque chose qui est
irréel. Les recommandations sont très importantes. J’ai appelé également de nombreuses fois
si le poste concerne mon profil. Il y a de nombreuses organisations qui prennent beaucoup de
temps pour prendre une décision, ils sont impersonnels, la plupart du temps on finit par
oublier l'endroit où l’on a postulé.
J'ai appris que les agences d'emploi sont comme un « cancer », car ils jouent avec les gens,
donc en général je ne les utilise pas. L’essentiel est de te créer un réseau social, et d’avoir de
la patience.
Pour quoi vous êtes-venus en Suisse?
Il y a plusieurs raisons dont la principale est que parmi quatre personnes dans la famille, trois
sont Suisses et moi je pouvais le devenir, alors nous devions d'essayer. On pense qu'avoir les
papiers suisses est ne pas tenter ce serait mauvais. Le risque était de « rebondir contre un
mur », mais nous somme quand même venus. Comme cela dans le futur, nous ne nous
poserons pas la question « Comment ça aurait été si nous serions allés vivre en Suisse? ».
Nous sommes venus vivre ici en raison du manque de sécurité et de perspectives qui existent
en Argentine, en plus des problèmes économiques. Le problème là-bas c’est la mentalité.
Nous sommes venus surtout pour les enfants, nous savons qu’ici ils ont un avenir. Nous avons
aussi un présent. Si je vivais cette même situation en Argentine je ne pourrais pas subvenir
aux besoins de ma famille. Il m’est arrivé de me retrouver dans une situation pareille à celle-ci
dans mon pays d’origine, je me sui retrouvé sans emploi. Seulement, à la différence d’ici, il
est beaucoup plus difficile de faire face à la dure réalité lorsque tu ne reçois aucune aide du
gouvernement
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Je savais que l’adaptation au niveau de la vie serait une épreuve difficile, et j’ai beaucoup de
peine, pas socialement, mais professionnellement. Cependant, en pesant les avantages et les
inconvénients, je savais que nous avions en Suisse beaucoup plus à gagner qu'à perdre, surtout
pour les enfants, puisque nous ne sommes pas au début de notre vie. Pour eux c'est essentiel,
quand on a des enfants on vit à travers eux.
Celui qui immigre, le fait presque toujours pour ses enfants, ici nous donnons beaucoup plus à
nos enfants en comparaison de ce qu'on pouvait leur donner là-bas.
La Suisse est un pays très solidaire, j’en suis très reconnaissant, et je veux redonner à ce pays
ce qu’elle m'a donné.
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ENTRETIEN N° 8:ROSA
Date d’arrivée: 2.11.2003
Date de naissance : 01.02. 1966
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi
Je suis arrivée ici avec mon mari qui est suisse, malheureusement moi je n'avais pas le
passeport suisse, donc je n'avais pas le droit au chômage. J’ai eu droit à un an de cours de
français, ce qui selon moi, était un avantage. Cependant, je n’ai pas trouvé d’emploi parce que
mon niveau de français était insuffisant. J'ai travaillé un an dans le nettoyage, c’était déclaré.
Après cette année j'ai commencé à garder des enfants chez moi. Etant donné que je n’étais pas
suisse à mon arrivée je n'avais pas le droit au chômage, j’ai eu pendant deux ans le permis B
et puis la nationalité suisse. J’ai commencé à travailler seulement deux ans après mon arrivée
avec mon permis B, comme nettoyeuse, mais j’ai arrêté parce que c’était trop dur.
Après avoir travaillé une année, n’aviez-vous pas le droit au chômage ?
Non, je n’ai rien eu, je ne suis pas allée demander.
Votre travail, était- il déclaré?
C’était déclaré, mais malheureusement nous étions à l'hospice général, si j'étais allée au
chômage, ils l’auraient appris et nous aurions perdu l’aide, ce qui explique pourquoi je n’ai
rien fait.
Jusqu'a ce jour, je reçois toujours l’aide de l'Hospice, ce qui n’est pas le cas de tous les
membres de ma famille, car j’ai deux filles qui ont atteint l’âge de la majorité, donc seulement
mon mari, mon fils et moi recevons l’aide du RMCAS.
Sinon, j'ai consacré mon temps à garder des enfants, lorsque j'étais au chômage, je suivais des
cours de français et j’effectuais mes recherches d'emploi, mais seulement durant cette période.
Maintenant, je n'ai plus aucun contact avec le chômage.
Lors mes recherches d'emploi je cherchais dans le secteur du secrétariat et de la comptabilité,
car j’avais travaillé comme secrétaire-comptable en Bolivie, jusqu’à ce que je me marie et que
je cesse de travailler.
Êtes-vous à la recherche d’un emploi?
Oui, je travaillais le soir, il s'agissait de faire du nettoyage durant 3 heures dans une entreprise
de nettoyage, ça c’était déclaré. Ce travail, je l'ai trouvé grâce à ma fille, elle travaille dans la
société, elle fait de la comptabilité. Cependant, le travail était trop dur.
Quand vous étiez au chômage, avez-vous demandé une formation?
Oui, j'ai demandé une formation de coiffeuse, mais ils n’ont pas accepté parce que je n'avais
pas un diplôme en Bolivie. Ils m’ont également dit que ça allait être très long et qu'en plus je
n'avais pas le droit à cette prestation. Ce qui me dérange c’est que je connais une personne
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plus jeune que moi, se trouvant dans les mêmes conditions, qui a demandé de suivre une
formation d’esthéticienne et ils la lui ont donnée. Sa formation a durée un an et demi.
J'ai plusieurs années d'expérience dans la coiffure, et d’ailleurs je coupe régulièrement les
cheveux d'un grand nombre de personnes.
Comment avez-vous trouvé vos différents emplois?
D’abord, grâce à un ami et maintenant grâce à ma fille. La première fois c’était un
remplacement, puis après ils m’on donné plusieurs remplacements. Le travail de nounou, à
travers le journal ainsi qu’à travers des amis.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées lors de la recherche d’emploi ?
Mon âge, le français et le manque d’expérience en Suisse. Principalement cela.
Qu’est que vous faisiez en Bolivie ?
D’abord, j’ai été secrétaire pendant quelques années, car j’ai un certificat, et après la
naissance de mes fils j’étais femme au foyer.
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ENTRETIEN N°9 ANA
Date d’arrivée : 2002
Date de naissance : 1966
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi
Quand je suis arrivée, j'ai eu rapidement le permis pour travailler car j’avais fait le visa de
travail en Argentine. Donc, en 1 semaine j'avais le permis et le visa. J'ai fait immédiatement
les papiers de naturalisation parce que j’étais mariée depuis 6 ans.
La première chose que j'ai faite c’est d’aller au chômage pour m’inscrire aux cours de
français. Je me suis rendue compte que c’était primordial de maîtriser la langue, c’était
indispensable, pareil que pour l’anglais. On peut se débrouiller mais le français est nécessaire.
Je travaillais comme secrétaire au tribunal de justice jusqu'à ce que je parte en Suisse. J’avais
travaillé au ministère de l’éducation, je gérais les salaires, je suis avocate. Ils m’ont accordé la
possibilité de suivre deux ans de cours, je n’ai eu aucun problème. J’ai même eu le droit à un
professeur particulier désigné par l’OCE qui me donnait des leçons privées. Puis, j’ai encore
suivi deux cours de français à l’IFAGE avant de me présenter et de réussir l’examen de
l’Alliance française
La recherche du travail m'a paru un peu compliqué, le fait de ne pas avoir travaillé ici avant…
je me suis inscrite au service proposé par le chômage pour la réinsertion professionnelle, ils
m'ont envoyée dans un lieu dans lequel j’ai donné mon CV. Quelque temps après ils m'ont
contactée, il s’agissait de la Ville de Genève, je devais faire la même chose qu’en Argentine,
je gérais les salaires. Cette institution du chômage n'existe plus. J’ai eu un entretien et ils
m’on engagée, d’abord une année et après comme CDI. Je suis tombée enceinte et je ne
cherchais plus du travail avec le même élan.
Avez-vous dû faire l’équivalence de votre diplôme?
Je n'ai pas eu besoin de faire aucune équivalence parce que le travail que je fais ce n’est pas
celui d'avocate, c’est de la gestion des salaires.
Cela fait combien de temps?
J’ai commencé à travailler en juin 2005, je suis arrivée en novembre 2002 à Genève, je suis
tombée enceinte de mon deuxième fils pendant la deuxième année, je ne recevais pas
d’indemnisations du chômage, je n’avais que des cours.
Comment effectuez-vous vos recherches d’emploi?
Avant de trouver ce travail, je me dispersais, il y avait un tas de choses qui ne correspondaient
pas à mon profil professionnel, je cherchais le même profil de travail que celui que j’exerce à
la Ville de Genève. Je cherchais dans les agences d'emploi mais je n’ai jamais eu de chance.
Je n’avais eu aucun entretien d’embauche jusqu’au jour où j'ai trouvé mon travail actuel.
Après un an mon objectif n'était pas de m’inscrire au chômage, ça ne m'intéressait pas. J’ai
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fait tout mon possible pour démontrer ce que je savais, je n'ai pas manqué un seul jour, j’ai
leur ai démontré mon sens des responsabilités, etc.
A votre avis, quels sont les facteurs qui vous ont permis d’être engagée après une année?
Après la première année, comme mon objectif n'était pas de demander le chômage mais de
garder mon emploi, j’ai donc tout fait mon possible pour leur démontrer ce que je savais, je
n’ai jamais manqué un seul jour, je leur ai montré mon sens des responsabilités… j’ai appris
très vite, j’étais méthodique, etc. je voulais leur montrer qu’il ne s’agissait pas de travailler
une année pour ensuite partir au chômage.
je ne voulais pas tomber dans le cercle du chômage, je ne voulais pas être affligée, j'ai vu un
tas de gens remplir les recherches d'emploi seulement pour satisfaire le chômage. Je me suis
dit que je devais m’en sortir, que je ne devais pas rendre des comptes à personne. Cependant,
je crois que personne n’est à l’abri du chômage, c’est un an ou un an et demi. C’est une
prestation excellente pendant laquelle on peut réévaluer sa vie si on a un problème
professionnel.
Quel a été le rôle de l’Etat dans votre réinsertion professionnelle?
Je dirais que l'état m'a aidée, je me suis réellement sentie soutenue, j'ai envoyé mes papiers et
ils ont été objectifs. Ils m'ont demandé si le travail m'intéressait et je leur ai dit oui. Le rôle de
l'état ici est impressionnant.
Je vois une autre réalité, je suis venue à mes 37 ans, ce n’est pas la même chose que d’avoir
20 ans. Moi, je suis venue avec 20 ans d’expérience, je suis très heureuse avec mon travail,
mais je ne me sens pas totalement épanouie, si je pouvais choisir, je ferai autre chose.
Travailler dans un tribunal par exemple. Les gens ne m'ont jamais fait sentir que j’étais
étrangère, je me sens donc bien.
Etes-vous satisfaite de votre situation professionnelle?
Je suis très heureuse avec mon travail, je ne me sens pas totalement épanouie, si je pouvais
choisir je ferai autre chose, comme travailler dans un tribunal. Mais ils ne m'ont jamais fait
sentir que j’étais étrangère, donc je me sens bien.
Pourquoi n’y a-t-il plus cet office d’insertion?
Ce système d'action de réinsertion a disparu parce qu'il n’y avait plus de budget, le chômage
payait le salaire durant la première année, le chômage était notre employeur. Ils n'ont plus de
budget.
Quand j’ai commencé à y travailler c'était un service du chômage dans lequel les organismes
publics ou privés pouvaient y demander des gens et le chômage les envoyaient. Le poste que
j’occupe est le même que celui que j’avais au départ lorsque j’ai commencé.
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J’imagine que vous avez des amis qui sont au chômage… croyez-vous qu’il y a quelque
chose à changer?
En tant qu’étrangère, je pense que les portes s’ouvrent plutôt à des personnes des autres pays
que ceux qui vivent en Suisse et que n’ont pas de travail. Je pense qu’on devrait leur fermer
les portes.
D’abord, il faut donner à manger citoyens suisses et ensuite à ceux qui vivent à l’extérieur de
la Suisse, dans une certaine manière je me sens Suisse, donc j’ai le droit de dire que la charité
commence par prendre soin de sa propre maison. Il y a énormément de gens que je connais
qui sont au chômage et qui ne trouvent pas de travail.
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ENTRETIEN N° 10: DAVID
Date d’arrivée: 2004
Date de naissance: 1954
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
On arrive ici en pensant intégrer rapidement le monde de travail, mais on se retrouve vite
freiné par différents aspects, d'abord par les conseillers de l’office Cantonal de placement puis
par le grand fossé linguistique produit par la méconnaissance de la langue. Personne ne
t'informe de rien, tu es en désinformation totale. Après beaucoup de temps tu te rends compte
que les conseillers qui t’ont interviewé au début, ne sont pas réellement des professionnels
dans le domaine du social, comme ils devraient normalement l’être. Ce sont uniquement des
gens qui sont placés politiquement. Alors on subit de la discrimination et du "chauvinisme"
ridicule par le simple fait d’être latino. Ils sont une mauvaise image et des préjugés contre les
latinos. Cela je l'ai vu et vérifié dans mon cas et également dans celui de mes amis. Par
exemple, prenons un péruvien avec des traits différents... dans son cas il y a de la
discrimination... cela tombe dans le racisme.
Par ailleurs, au début, dans les séances d'information, ils te disent qu’ils ne sont pas une
université, que toi, tu n’es pas là pour suivre une formation, qu’ils sont là pour t’aider à
trouver un emploi et à t’insérer sur le marché de travail. Dans le cas ou l’on rencontre des
difficultés au niveau de sa profession, comme par exemple la langue, ils te donnent alors
quelques mois de cours de français. En revanche, si on veut se former, ce n'est pas possible.
De plus, ils prétendent que cette étape, les gens la passent rapidement, tout en laissant le
travail d’insertion ainsi que la question des subventions aux mesures cantonales et à l’Hospice
général.
Après avoir vécu 6 ans ici, tu te rends compte de comment cela fonctionne, parce que ce qui
se passe vraiment avec cette histoire de la contreprestation c’est que le gouvernement en lieu
de perdre de l'argent gagne beaucoup grâce aux gens qui sont au chômage.
Ils t'obligent à faire des contreprestations dans les bureaux cantonaux de l'état. Par exemple,
l'office cantonal de la population, je t'assure que plus d’un 60 % des gens qui travaillent là-bas
gagnent moins que le minimum légal. Pourquoi moins que le minimum ? Parce qu'ils te paient
théoriquement 80% de ton dernier salaire. Dans le cas des étrangers qui arrivent et qui sont
des professionnels, ils leur paient le minimum qui est de CHF 3'300.- brut et finalement ils
reçoivent mensuellement environ CHF 2'700.-. C'est ce que tous les professionnels qui
viennent de l'étranger reçoivent comme salaire pour la première fois. Dans le cas de ceux qui
travaillent 1 ou 2 ans ici, il y a possibilité de s’inscrire au chômage et ils paient le 80 % de ton
dernier salaire, donc, si un professionnel gagne entre CHF 4'000.- ou 5'000.-, le calcul sera
80% sur ça.
Des sociologues, des psychologues, des analystes de marché, ils arrivent tous dans les offices
cantonaux et ils ne reçoivent que le 80%, ils doivent faire vivre toute leur famille avec ce
montant. Ils n'ont aucune possibilité de progresser parce qu'ils ne vont pas être engagés.
J'ai un ami qui est avocat, Il est allé travailler à l’office de poursuites une fois, la première, à
travers le chômage, il gagnait que CHF 2'700.- La seconde fois, comme il avait quitté la
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Suisse puis finalement il y était revenu, il a dû de nouveau s'inscrire au chômage, il gagnait
moins de ce qu’il gagnait la première fois. Il est maintenant obligé de travailler au service
cantonal des impôts.
Lui, c'est un avocat, il pourrait s’épanouir, s’intégrer. Ma première question a consisté à lui
demander pourquoi il n’avait pas fait la démarche pour valider son titre chez CRUS, j’avais
essayé également de le faire. Tu sais pourquoi? pour la simple raison que la formation dans
son pays est complètement différente à celle d’ici. Il avait demandé au chômage de faire les
démarches pour valider son titre, il leur avait demandé d'étudier une année à l'Université, mais
ils n’ont pas accepté. Ils ne te payent pas pour que tu étudies, mais pour que tu cherches un
emploi. Et comme tu ne trouves pas d’emploi, à cause de tous les facteurs que nous
connaissons, comme la langue, l'âge, la personnalité, puis finalement ton expérience. Malgré
que tu aies plusieurs années d'expérience dans ton domaine, cela ne sert à rien, parce que tu ne
connais pas le contexte. Il y a des carrières spécifiques, surtout en ingénierie, en droit, en
sociologie, où le champ opérationnel est complètement différent à celui d’ici.
Par exemple, un ingénieur civil en Suisse doit savoir repasser les murs avec du plâtre, ailleurs
il n’a jamais appris à faire cela, il connait la théorie, là-bas il supervise quelqu’un d’autre pour
le faire, ici non, c’est lui qui doit le faire, il doit le faire. Un ingénieur en bâtiments serait
comme un ingénieur civil là-bas, il doit apprendre à coller les mosaïques au sol, il doit le faire
personnellement, alors qu’un ingénieur civil ne devrait pas venir ici, même s'il possède des
années d'expérience. Venir d'Amérique et prétendre s’insérer sur le marché de travail au
même niveau que les ingénieurs suisses, n’est pas possible, à moins qu'il ait beaucoup d'amis
dans le secteur des entreprises privées. Surement, il serait engagé comme chauffeur, c'est le
cas pour beaucoup d'ingénieurs qui travaillent ici dans des entreprises de construction.
La discrimination, la désinformation qui existe, dans quelles portes, quels touches, quels
mécanismes dois-tu accéder pour arriver à avoir la même place que tu occupais dans ton
pays? Finalement ça se transforme en mure, tu te conformes, si on te donne un travail de
chauffeur ou de nettoyage, tu le prends, tu accepte n’importe quel poste.
La plupart des gens essayent de tromper le chômage, pourquoi? Parce qu’ils ont un travail au
noir. Si tu fais l’adition entre le travail au noir et l’indemnisation du chômage, même si c’est
peu, tu te fais un salaire plus élevé qui te permet de vivre. Le gouvernement a découvert un
grand pourcentage de gens sans emploi ayant un double travail…
Comme ces personnes travaillent au noir, l'état perd de l’argent. Donc il a choisi de faire la
chose à l'envers, il canalise ces gens et il les met à travailler à 80% ou moins, là où il décide.
Les offices gouvernementaux ont un personnel insuffisant qui collaborent, pas dans les postes
pour des gens qualifiés, car les professionnels sont payés avec des salaires à barème normal.
Ces offices ont besoin de gens pour faire ce que les autres ne font pas comme par exemple
être à la porte pour accueillir les gens qui entrent à l'office cantonal de la population, cette
tâche est donnée à quelqu’un qui est au chômage au maximum il y reste une année et ensuite
ils remettent une autre personne à ce même poste.
De cette manière le gouvernement contrôle la fuite du capital, ces personnes ne peuvent pas
travailler au noir, comme c’est le cas pour le travail de nettoyage, de chauffeur, de livraison.
Presque tous les gens que je connais travaillent comme livreur, ils obtiennent une voiture et ils
travaillent au noir. Pour éviter cela, le gouvernement les maintien occupés.
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Maintenant dis-moi, de quelle intégration professionnelle parlons-nous? Ces gens ne vont
jamais arriver à s'intégrer, il y a toujours des exceptions, il y a des gens, très peu, qui ont de la
chance et on réussit à échapper au système entre guillemets « corrompu », ils échappent et ils
réussissent à s’insérer véritablement dans le marché du travail suisse, quand tu réussis à entrer
dans le marché du travail local, c’est parfait.
D’autre part, j’ai un ami dont la femme était au chômage. Il a profité de ces deux, trois ou
quatre années exclusivement pour se former. À présent, il travaille dans une banque et touche
un très bon salaire pouvant atteindre CHF 9 000.- par mois et qui est totalement compatible
avec le marché suisse. Il peut gagner CHF 9 000.- par mois et c’est peut-être peu mais au
moins il est déjà plongé dans ce système.
Mon ami démontre ce que je dis, le manque de formation, il n'y a pas de formation pour les
gens qui viennent d'Amérique latine ni pour les gens plus âgés. Par contre, les jeunes ont
toutes les possibilités du monde, parce qu'il y a des mécanismes et des portes qu’ils peuvent
pousser et ainsi se former.
Si tu regardes, les besoins des jeunes, ils sont moins nombreux que ceux des vieux, les vieux
d’une manière ou d'une autre sont obligés de subvenir au besoin d’une famille, un
appartement et pas une petite chambre comme le font les illégaux ou les jeunes. Les besoins
des personnes plus âgées sont beaucoup plus grands. Alors, l’aide que te donne le RMCAS,
ou le chômage, est faible, restreinte. Il y a cet obstacle qui ne te laisse pas te former si tu es au
chômage.
Quelle était votre activité avant de venir vivre en Suisse?
J’avais une entreprise d'ordinateurs, je montais et j’installais des ordinateurs. Ici, je me suis
adressé auprès d'une grande compagnie qui monte les ordinateurs, je me suis dit : « ici
j’envoie mon CV, je me présente pour parler et j’ai un travail ». J’ai envoyé deux, trois fois
mon CV et pour les trois fois la réponse était négative. Jusqu'à ce qu'un jour je suis allé
acheter deux ordinateurs pour un client. Je leur ai parlé et je leur ai dit que je serais ravi de
travailler là-bas, que se soit 8, 12 ou 15 heures, car j’aime beaucoup ça, que c’est mon
monde.
Ils m'ont dit que ce n’était pas possible, que tous ceux qui travaillent là bas sont au chômage,
ils travaillent gratuitement. C'est-à-dire qu’il s’agit d’une entreprise créée par le chômage qui
a l’apparence d’une entreprise privée, c’est une entreprise satellite du chômage qui occupe
tous ceux qui sont experts en informatique pendant une année, ils entrent à REALISE, c'est le
nom de cette entreprise. Donc, tu prétends pouvoir entrer dans cette entreprise et tu ne le peux
pas, tu dois être au chômage, faire une contre-prestation. Alors, évidemment, qu'ils peuvent
vendre un ordinateur à CHF 250.-, puisque la main d'œuvre est gratuite dans cette entreprise.
Le chômage n’a pas l’intention de perdre de l'argent avec la vente des produits.
Comment fonctionne cela au niveau de la société et surtout avec les conseillers du chômage?
Je n'en ai aucune idée, je pense qu’il y a de la corruption. Comment tu expliques qu'une
entreprise qui est privée puisse seulement employer des gens envoyés par le chômage? C’est
une question que je me pose, la figure juridique est peut-être d’une autre manière. L'employé
m’a conseillé de parler avec le directeur, qui je pense m’enverrait sûrement balader d'une
façon diplomatique, il va me dire attendez d'être au chômage et nous vous rappellerons.
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Pour toucher le chômage je dois d’abord avoir travaillé 1 ou 2 ans n’importe où, dans le
nettoyage, la livraison etc. Je pense donc, que celui qui essaye de s'intégrer finit par faire de la
fraude. Parce que s’il ne le fait pas, il ne pourra pas s’insérer dans le marché du travail réduit,
pour moi le fait de trouver un travail pour y rester une année et pour ensuite aller au chômage
afin de faire une contre-prestation, c’est de la triche. Trouver un travail que tu aimes, qui te
passionne, dans lequel tu veux rester et t’épanouir professionnellement, cela n'existe pas, c'est
une utopie.
Quelle a été votre expérience ici?
Mon expérience ici a été négative, totalement frustrante, je dirais même très négative. Pour
commencer à mon arrivée je n'étais pas Suisse, j’ai fait la naturalisation ici. La loi fonctionne
différemment pour moi, c'est différent parce que celui qui n'est pas suisse n'a pas le droit au
chômage, même en étant que professionnel. J’avais un permis B et donc, je pouvais
m’inscrire à l’OCE, mais ils ne m’ont octroyé que quatre mois de cours de français. Je peux
déjà me considérer heureux car, c’est bien plus que ce qu’ils donnent aux Suisses de retour de
l’étranger. Alors, c’est une différence intéressante… Ceux qui possèdent un permis B, ceux
qui ne sont pas Suisses, mais qui sont mariés avec des Suisses ont plus d’avantages quant à
l’apprentissage de la langue que ceux qui sont réellement suisses
Ils te donnent plus de temps pour étudier, parce que les obligations ne sont pas les mêmes, les
lois sont différentes pour les Suisses de retour de l’étranger.
Pour faire ma naturalisation, entre parenthèse j’aurais pu l’a avoir faite beaucoup d'années
auparavant, je l'ai demandée ici et la procédure a duré deux ans. Une fois que j'ai eu mon
passeport suisse je me suis inscrit de nouveau au chômage pour pouvoir « jouir des
bénéfices », entre guillemets. Cependant, je n'y ai pas le droit parce que je n’ai pas travaillé,
c’est comme si j’avais un permis B, je dois d’abord travailler. C’est pour cela que je dis que
c'est de la triche de trouver un travail en ayant comme objectif de toucher le chômage.
J’aspire à avoir un travail qui me permettra de gravir les échelons et par conséquent de
m’épanouir au niveau professionnel. Je ne souhaite pas rester dans la médiocrité et devoir
nettoyer des rues, balayer des hôpitaux, etc.
Je pense que les gens qui ont une formation académique ont le droit à une opportunité d'une
certaine manière. Je suis au courant qu’il y a une Association qui se préoccupe des femmes
professionnelles venant d'Amérique latine, au moins là ils te guident et te donnent un panel
d'information laquelle ils ne te donnent pas à l’OCE, tu sais pourquoi? Parce que les
conseillers ne savent même pas ces informations, ils sont de simples administrateurs de gens,
ils sont de simples administrateurs de nombres.
C'est un peu comme les explorateurs portugais qui jettent 10 par ici, 10 par là, 10 dans ce
pays. Je ne veux pas comparer ni dire qu'il y a de l'esclavage mais je dis qu'ils sont des
administrateurs de personnes.
Votre expérience professionnelle ici?
Je n'ai eu aucun emploi, au maximum j’allais chercher un petit enfant pour qu'il vienne
manger chez-moi. Imagine toi comment puis-je m'épanouir professionnellement? Le soir, je
donne des cours de français en tant que bénévole aux illégaux qui viennent la plupart
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d’Amérique latine, c'est à l'église catholique espagnole, bénévolement je fais ça depuis 4 ans,
on va là-bas parce qu'on veut.
J’ai profité au maximum des cours de français qui m’ont été donnés par le chômage, je pense
plus que la majorité des personnes, j’ai approfondi la grammaire, du coup j’ai bien compris et
je peux la transmettre. Maintenant les cours que je donne sont au niveau débutant, plus avancé
je n’oserais pas le donner. Ce sont des gens qui ne savent pas dire bonjour, même pas donner
son numéro de téléphone ni se présenter, au moins ce travail m’aide à développer ma vocation
pour l'enseignement.
Ce "travail" je l’ai eu à travers d’une immigrante italienne, nous n’étions pas compatibles,
nous ne nous saluions même pas. Une fois nous avons discuté et elle m’a proposé ça, qui n'est
pas un travail mais plutôt un hobby.
Maintenant je continue à faire des dépannages d'ordinateurs, comme je ne peux pas faire de
plans, puisque ma profession est celle d’ingénieur en géomantique et qu'en Europe tout est
fait. Un géomaticien n'a rien à faire ici. Là où il pourrait peut-être être utile c’est à l'Université
pour pouvoir transmettre cela aux étudiants. Ce qui est dommage c’est que le temps passe et
surtout on perd son temps car il y a tant d'obstacles administratifs.
J'ai cherché du travail par internet, dans le journal mais je ne trouve jamais rien, toutes les
places en général ont déjà été octroyées. Quand tu envoies ton CV à un endroit qui t’intéresse
vraiment, il y aura 100 personnes qui vont aussi envoyer leurs offres, ils ont les mêmes
compétences que toi, normalement le 50% des ces personnes aura plus d'avantages que toi,
parce qu’ils ont été formé ici, qu'ils parlent deux ou trois langues ou qu'ils sont plus jeunes
que toi. Alors par politesse les employeurs t'envoient une lettre dans laquelle ils te disent que
regrettablement tu n'as pas été choisi. Cela te frustre chaque fois plus. Avec ma femme même
une fois nous nous sommes présentés dans une entreprise de nettoyage, ils ont été effrayés en
voyant nos cartes d'identité suisses et ils ne nous ont jamais appelés.
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ENTRETIEN N° 11 : HUGO
Date d’arrivée : 2002
Date de Naissance: 1955
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies
afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
Avant de venir en Suisse je me suis présenté à l'ambassade, ils m'ont demandé pourquoi je
voulais venir en Suisse, je leur ai dit que j’étais importateur de camions européens et je leur ai
présenté tous mes papiers et passeports, j’ai montré où j’avais été en Suisse et en Suède. Tous
les visas étaient d'affaires et ils m'ont aussi donné un visa d'affaires pour venir ici. Ils
pouvaient m’avoir dit qu’en étant marié avec une suissesse (ma conjointe et mes fils étaient
suisses) j'avais aussi des droits et que je pouvais solliciter ma nationalité. Malheureusement,
ils ne m’ont jamais rien dit, donc je suis venu en tant qu’homme d'affaires.
Quand je suis arrivé en Suisse en 2002, c’était pendant un rude hiver, j'attendais à l'aéroport
un Suisse marié avec une Bolivienne, il devait venir me chercher, on avait fait un accord
comme quoi il allait me donner un studio à partager avec quatre personnes et je devais payer
CHF 250.-.
J’ai rencontré cette personne, elle m'a dit qu’elle était désolée mais que l’appartement
n’existait pas et que je n’avais pas où vivre, elle m'a dit qu'elle allait m'amener dans un hôtel
en France ou ici, tout dépendrait de l’argent dont je disposais. Je lui ai dit qu’on avait fait un
accord, que j’avais les CHF 250.-. J’étais très fâché, je n’avais nulle part où aller, elle a parlé
à sa femme, ils se sont disputés et finalement ils m’ont amenés chez eux seulement durant une
nuit. L’appartement était réellement très petit, c’était un studio. Ils ne m'ont rien expliqué, rien
informé… comme par exemple que je pouvais recevoir un petit déjeuner gratuit, des habits,
des vêtements d'hiver.
Ils sont partis à l'aube et sont revenus la nuit, j'avais une fièvre terrible et j’ai dû quant même
sortir, je ne savais pas quoi faire. Ils m’ont dit que j’allais connaître une Bolivienne qui
travaillait à la Croix Rouge, elle apporte des aliments et des vêtements en Bolivie, elle allait
m’orienter.
Je suis resté ce 1er week-end avec eux, nous sommes allés dans un bistrot où j’ai vu beaucoup
de gens illégaux qui avaient envie de s’amuser et d’oublier leurs problèmes. J’ai rencontré la
présidente des « Boliviens » mais cela n’a abouti à rien. Cependant, j’ai eu de la chance et j’ai
rencontré la dame de la Croix Rouge, quand nous avons parlé, je lui ai raconté que ma femme
était Suisse, elle m'a dit qu'avec le certificat de mariage je pouvais arranger ma situation.
J’ai rencontré une Colombienne qui m’a amené à l'Armé du Salut, où on paye CHF 15.- par
jour, tu peux seulement rester 30 jours. Il s’agit de petites cabanes. J’ai rencontré un berger de
la Croix Rouge qui m'a beaucoup aidé et qui m’a payé quatre mois, il a renouvelé mon contrat
à chaque mois.
Je n'ai jamais été très dévot mais j’allais à l'église tous les dimanches, ils me donnaient une
maison et un repas. Je partageais ma chambre avec un alcoolique ou un drogué, la police
amenait toujours une personne à deux ou trois heures du matin.
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L'armé du Salut m'a présenté un avocat, un chilien. Il a fait mes premiers papiers à Caritas, il
a demandé à la confédération mon acte de mariage. Ils ont dit que j’avais des droits et que je
pouvais amener ma famille. Caritas a fait ce qui était possible, pour payer les billes d’avion
mais ils n'ont pas pu obtenir les fonds. Ils m'ont sorti de l’Armé du Salut, ils m'ont trouvé un
endroit où vivre et ils m'ont donné CHF 500.-.
Ce que je gagnais en travaillant je l'envoyais à ma famille. A Noël j'ai gagné une tombola,
c'était un panier de nourriture. L’entreprise dans laquelle j’envoyais de l’argent à fait un
concours et ils ont livré le prix à ma femme en Bolivie.
Ma conseillère m'a dit que je pouvais chercher un appartement de CHF 1'000.- au maximum.
Je ne pouvais pas continuer à vivre avec des toxicomanes, j’avais besoin d’un permis de
séjour, c’est une démarche très lente, mais après beaucoup de temps je l'ai obtenu et j’ai pu
déménager dans un hôtel. Malheureusement comme je ne connaissais pas, je suis allé dans un
Hôtel de prostitués aux Pâquis, là je n’arrivais vraiment pas à dormir…
Par hasard, j’ai rencontré une amie à Plainpalais, ma famille me manquait tellement… elle est
Bolivienne mais ça faisait beaucoup d'années qu’elle vivait ici. Elle m'a soutenu dans tous les
sens du terme, je me sentais plus utile, elle s’appelle Edith. Elle m'a demandé où est-ce que je
vivais et elle quant elle a su, elle m'a offert une chambre chez elle pour CHF 800.-. Elle vivait
avec sa fille dans une maison de sept pièces, je suis resté dans cette maison un mois.
J'ai rencontré Rita, qui est une Suissesse de retour, j'ai aussi rencontré son conjoint et ses fils,
ils ont été gentils, ils m'ont expliqué mes droits et ils m’ont beaucoup orienté. J’ai parlé avec
ma conseillère et ma famille est venue en Suisse, nous avons obtenu un prêt pour les billets.
L’Hospice Général a payé l'Hôtel pour ma famille et après nous avons vécu deux ans tout près
du Salève. Ils nous payaient des cours de français et l'alimentation.
Mes fils sont entrés à l’école. Évidement, ils ont eu de la peine avec le changement, pour le
plus petit qui est arrivé à neuf ans ça été très difficile, jusqu'à là nous enchaînions les écoles.
J'ai aussi voulu aller à Zurich puisque c'est le canton de la famille de ma femme. Je n'ai eu
aucun appui, la famille de ma femme ne m'a pas aidé.
L'avocat Chilien qui m'avait aidé à faire mes papiers, m’avait dit que je pouvais aller timbrer
au chômage, que j’avais le droit aux cours de français et aussi d’avoir une vie normale. Je
devais payer mes impôts, etc.
Alors, je me suis inscrit au chômage, je voulais m’intégrer. Malheureusement, je n’avais pas
le droit aux indemnisations car je n’avais pas travaillé un an en Suisse. Ils m’ont donné quant
même des cours de français puisque pour pouvoir obtenir un travail il est fondamental de
parler la langue. Je devais remplir les feuilles de recherche d'emploi tous les mois. J’avais
beaucoup de pression sur moi d’une certaine manière mais en le voyant d'une autre façon,
c’était pour mon futur, pour mon intégration, pour mon épanouissement.
J'ai travaillé beaucoup d'années comme chauffeur de car et de grands véhicules et ceci a été la
première formation que j'ai demandée au chômage. Je me suis présenté au Service de
l'automobile, j'ai présenté mon permis de conduire professionnel, catégorie C, de poids lourd
et ils me l'ont rejeté. Je ne me suis pas rendu compte mais j’ai signé un compromis où il disait
que je renonçais à la catégorie C professionnelle. Avec cette catégorie j’aurais pu entrer dans
le système d'apprentissage suisse et ainsi obtenir une équivalence ou passer un examen. A
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l’office cantonal ils m’on dit que je devais signer un document pour pouvoir faire un examen,
c’était une erreur, je n’aurais pas dû signer ce compromis… ils m’ont dit que je devais me
présenter dans un an. Quand je suis retourné, je leur ai dit que je me sentais capable, puisque
je pouvais me débrouiller avec le français, ils m'ont dit que je n’avais plus qu’a entrer dans
une école et faire la formation de poids lourd mais cela coûte très cher, ils me demandaient
CHF 6'000.- environ pour faire l'école.
L’assistante sociale, qui est toujours la même depuis que j’ai commencé, est maintenant une
petite vielle… elle m’a toujours fermé les portes dans tous les sens du terme. Elle me
disait que j’étais catastrophique et qu’elle ne pouvait pas me donner ladite formation, d’une
part car elle était très chère et d’autre part, car cela ne la concernait pas. Ils ne pouvaient pas
payer une formation de cette ampleur. Moi, je sais qu’ils ont financé plusieurs formations
beaucoup plus chères. Je lui réitérais ma requête à plusieurs reprises, mais elle n’a jamais
accepté. Une fois, elle m’a dit de lui amener des devis de plusieurs entreprises et que l’OCE
allait me payer la moins chère. Quand je lui ai montré les différents prix proposés par
différentes écoles, elle m’a dit qu’elle était désolée, mais qu’ils ne pouvaient pas me la payer.
Dès lors, ils ont rejeté ma demande continuellement
J’ai travaillé en 2006, c’est le seul travail que j’ai eu formellement en Suisse, en tant que
chauffeur, livreur et monteur des meubles de bureau. Je conduisais des petits camions, je
travaillais avec la douane, j’ai pu démontrer que j’avais les connaissances nécessaires. J’étais
fière. L'entreprise s’appelait Forme et Fonction. Un an après mon engagement, j’avais très
mal au dos et j’ai finit à la clinique… les meubles étaient très lourds. A la fin j'ai dû
démissionner parce que je ne pouvais plus continuer, c’était trop dur.
Ce travail je l’ai eu à travers une agence de placement qui cherche des maçons, des
travailleurs, etc. ils te trouvent un travail, tu dois leur payer une commission. L’entreprise
s’appelle Iteriman, ils m'ont engagé là parce que j’avais de l’expérience en tant que chauffeur
et monteur des meubles. Ils ont été très satisfaits avec mon travail et ils ont appelé Interiman
pour leur dire que je leur intéressais, que j’avais de très bonnes références et qu’ils ne
voulaient pas me perdre. Je gagnais très bien, je gagnais jusqu'à CHF 7'000.-, dans mon
contrat il était indiqué un salaire de CHF 4'500.-, mais je faisais des heures supplémentaires
puisque j’étais toujours disponible. Cette entreprise installait tous les meubles de différentes
entreprises, aux Nations Unies, à l'Ambassade, nous travaillons très bien, malheureusement à
la fin j'ai dû me retirer.
Ensuite, j’ai commencé à timbrer au chômage pour la première fois car j’avais travaillé une
année en Suisse. Ils me donnaient 80% de mon dernier salaire, je suis resté un an et demi, j'ai
essayé de chercher quelque chose, de me réinsérer dans mon activité mais ils ne pouvaient pas
m'aider non plus. Ils m’ont proposé de trouver un contrat de travail et comme ça ils pourraient
payer la formation de CHF 6'000.- ou CHF 8'000.-, le prix n’importait pas.
J’ai envoyé mon dossier à beaucoup d'entreprises, je suis une personne possédant beaucoup
d'expérience dans les camions, je pouvais travailler gratuitement jusqu'à ce qu'ils voient mes
capacités… je leur ai offert de travailler gratuitement, parce que j’avais un salaire de 80% du
chômage. Je pouvais me permettre de travailler gratuitement un ou deux mois mais même
comme ça ils n’ont pas accepté, ils me demandaient le brevet.
Ils m'ont alors offert un Emploi de Solidarité, puisque le chômage forme des gens pour ce
genre de travail où ils te payent le 50% de ton salaire et le chômage te verse l'autre 50%. Je
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travaille actuellement à Partage, comme chauffeur livreur, j’ai un salaire réellement bas, ça
fait presque trois ans que j’y travaille.
Bon, je suis encore là, je ne peux pas faire ma formation, je suis plus vieux, les années
passent… le gens ne me reçoivent pas. Ils ne me le disent pas directement mais je me rends
compte, pour les gens plus âgés les entreprises doivent payer des prestations qui sont plus
élevées par rapport à celles d’un jeune. Alors, évidemment ils vont regarder d’abord par
rapport à leur propre intérêt.
Mon brevet, je le laisse pour plus tard, en le laissant de côté, il y a beaucoup de choses que je
pense, comme retourner au pays… mais qu’est-ce que tu ferais là-bas ? Tu n'as plus de futur,
tu n'as pas cotisé à l’AVS, ici au moins tu as une retraite qui est garantie et tu ne mourras pas
de faim. Dans mon pays la situation est très mauvaise, je ne serais pas capable de
recommencer à nouveau, je ne peux pas regarder en arrière.
L’entreprise Partage, qui est une association, récupère des aliments d’Aligro, de la Coop, de la
Migros, etc. et les distribue à des gens qui n’ont pas de quoi manger. C'est une activité très
intéressante mais je suis à nouveau avec le même genre des personnes qu’au départ lorsque je
suis arrivé. J’apporte de la nourriture aux lieux où moi je mangeais. J’ai commencé à y
travailler en 2008 et je continue, toujours dans le système des emplois de solidarité.
Cependant, j’ai eu une réunion la semaine passée et ils m’ont dit que je ne pouvais pas
continuer, que je devais chercher un autre travail parce qu’ils travaillent avec le chômage et
qu’il y a d'autres personnes à réinsérer. Ils m’ont demandé comment je peux vivre avec un
salaire tellement bas. Chose qui est vraie… j’ai le droit à l’aide sociale parce que mon salaire
n’est pas suffisant.
Pour faire le brevet, j'ai besoin actuellement de CHF 11'000.-. Partage m'a donné des cours de
français, j’ai été formé comme cariste, c’est une formation qui coûte CHF 3'500.- qui a été
payée à tous les employés. Une fois, j'ai envoyé une lettre à Ikea, c’était quand j’habitais près
du Salève, parce qu’ils donnent la priorité aux gens qui habitent le quartier. J’ai reçu
récemment une lettre me demandant de me présenter, j'ai immédiatement envoyé mes papiers,
malheureusement ils me demandaient le brevet, je leur ai dit que je ne l’avais pas, ils l'ont
aussi regretté.
Ma conseillère du chômage, Mme Maria Pia France, c’est elle qui m'a envoyée chez Partage
pour travailler comme chauffeur, elle m'a dit que si j’acceptais ou si je refusais, que de toute
façon, ce n’était pas son problème parce que mon fin de droit état proche et que j’allais être
dans la rue. Pour moi le travail était intéressant, donc je l’ai accepté.
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ENTRETIEN N°12 : FANY
Date d’arrivée : 2004
Date de Naissance : mars, 1960
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies
afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
Toute juste arrivée à Genève en 2004, j’avais dans mon bagage beaucoup d’espoir pour
pouvoir m’établir et trouver un bon travail.
En Bolivie, j’ai travaillé dans une ONG pendant 21 ans comme manager et comme chargée de
projets. Grâce à cela, j’ai effectué toute la planification financière, la gestion de fonds de
l’institution et la préparation des rapports financiers, notamment pour de nombreux projets
financés par la coopération internationale.
Malgré la problématique économique de mon pays, nous avions un travail stable et un bel
avenir. Cependant, nous avons du quitter le pays a cause de problèmes d’insécurité.
Ici, premièrement je me suis inscrite au chômage. En tant que Suisse de retour de l’étranger,
nous avons la possibilité de se réinsérer au niveau professionnel. Malheureusement, je ne
parlais pas le français, c’est donc pour cela que j’ai vécu les premiers mois en apprenant la
langue et en essayant de surmonter les obstacles de la diversité culturelle. En fait, les plus
grands défis pour les étrangers sont, l’apprentissage de la nouvelle langue, une adaptation
rapide aux traditions culturelles, coutumes, etc.
Quand je suis arrivée en Suisse, je pensais que ce serait normal d’être à l’Hospice général et
au chômage, pour moi ça faisait partie du programme pour les Suisses de retour de l’étranger,
mais après, je me suis rendue compte que c’était très dévalorisant, et qu’il était vraiment
difficile de s’en sortir.
Pendant ma deuxième année ici, je suivais les mesures cantonales. Avec eux, j’ai pu travailler
dans une fondation, celle-ci s’appelle Transport Handicap, elle s’occupe des personnes âgées,
comme par exemple, les amener chez le médecin, faire les courses, aller à l’hôpital, etc. Pour
moi ce fût une activité vraiment gratifiante mais totalement différente de mon métier. Le
problème que je constate c’est que, si on m’envoie travailler dans une entité où il n’existe pas
de possibilité d’engagement, cela veut dire qu’il n’y a pas de place et qu’on ne peut pas
attendre d’avoir un contrat. Pour moi, ce sont des postes qu’on nous propose pour nous
maintenir occupés. Par conséquent, nous nous distançons de nos aspirations.
La troisième année je suis retournée au chômage, là-bas je me suis rendue compte que les
conseillers font un travail de caissiers et d’administrateurs. J’ai senti que nous ne représentons
rien pour eux, que tout ce que nous avons appris et tout ce que nous avons obtenu dans le
milieu professionnel ne sert à rien.
Par exemple, une fois que j’ai postulé à l’administration de la ville de Genève, comme
gestionnaire administrative, j’ai envoyé mon CV, j’ai reçu une réponse comme quoi ma
candidature avait été retenue et que j’aurais des nouvelles pour un rendez-vous. Sur le
moment, j’ai été heureuse. La semaine d’après, j’ai reçu une autre lettre qui m’indiquait que
mon profil ne correspondait pas au poste. J’ai montré la lettre à ma conseillère et je lui ai
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demandé pourquoi je n’avais pas eu de chance. Elle m’a répondu, comment j’avais pu
envoyer mon CV pour un poste niveau 12, comme le sien. Puis elle m’a demandé également
« est-ce-que vous connaissez les lois sociales suisses ? Est-ce-que vous connaissez les lois des
salaires ? ». J’ai dit, que j’étais désolée mais que je ne connaissais pas ces lois, je lui ai
également dit que ce qu’ils demandaient dans le descriptif correspondait à mes compétences
basiques. Après cette altercation, elle se fâchée avec moi et notre relation s’est rompue.
Après cela j’ai eu la possibilité de travailler à l’OMS, (mon ancien chef avec lequel j’ai
travaillé 21 années, m’avait recommandée), alors j’ai parlé avec une de chefs de l’OMS, elle a
admis que mon CV correspondait au poste, mais qu’il me fallait parler anglais.
Malheureusement, ma conseillère a refusé de m’envoyer aux cours d’anglais. Par contre, elle
m’a envoyée faire un cours de recherche d’emploi que j’ai trouvé une perte de temps.
Beaucoup de professionnels d’origine suisse, en émigrant perdent leur expérience
professionnelle acquise dans leur pays. Ils sont peut-être recours précieux dont la Suisse ne
profite pas et cela crée de la discrimination au travail et baisse la valeur des leurs
qualifications; parce que, à mon avis, il y a beaucoup d’employeurs et d’institutions suisses
qui sous-estiment la formation et l’expérience professionnelle de ces personnes. Ceci fait en
sorte que la reconnaissance des diplômes soit relative et subjective.
Une étude de l’Université de Neuchâtel reflète que pour accéder à un poste de travail, la
nationalité n’est pas ce qui compte le plus. Une personne avec un passeport helvétique, mais
de nom étranger, à la même difficulté que n’importe quel étranger qui dispose uniquement
d’un permis B.
Personnellement, je pense que cette situation te rend peu à peu dépressif, tu commences à te
sentir dévalorisé, surtout quand tu ne trouves pas l’occasion de montrer tes connaissances et
tes compétences. Pourtant, il est bien connu qu’un parcours d’études en Amérique latine est
aussi bon qu’en Suisse.
Pendant l’année 2009, j’ai travaillé dans un nouveau journal à Genève, lequel est édité en
français et en espagnol. Je me suis sentie vraiment très bien, car j’ai pu apporter mes
connaissances et particulièrement je me suis rendue compte de quoi j’étais capable de faire.
Malheureusement cette activité n’avait pas futur pour moi, parce que le journal dépend
financièrement de la ville de Genève et donc les salaires sont plus bas que le minimum légal.
Maintenant je bénéfice du RMCAS qui travaille avec le « mesures cantonales », je suis
actuellement un cours à « SwissNova », qui est une société de services de ressources
humaines. Ils ont un programme de retour à l'emploi rapide et ils s’appuient sur un réseau de
professionnels du marché du travail ainsi que sur un partenariat ciblé avec des entreprises et
agences de placement de la région.
Avec eux… avec mon conseiller je me sens très valorisée, il me remonte le moral, il dit
qu’avec mon parcours, il va faire mon de la publicité, pour que je travaille de manière
indépendante. C’est surtout parce qu’il a vu mes recherches d’emplois et que je cherche
toujours un poste d’aide comptable alors que c’est moi qui devrait avoir des aides comptables.
Selon lui... j’étais « une star » et maintenant je ne suis personne, mais je me demande
maintenant, si je trouve quelque chose, est-ce-que je serais capable de le faire?
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Le problème c’est qu’après mon rendez-vous, je reviens à ma routine ce qui me fait voir la
réalité en face. C’est difficile de trouver une opportunité pour démontrer ce qu’on sait faire…
jusqu’à ce jour je n’ai toujours pas eu d’entretien d’embauche, je suis sûre que c’est à cause
de mon âge.
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ENTRETIEN N° 13 SARA
Date d’arrivée : 2001
Date de naissance: 1952
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi.
Je suis arrivée il y a 10 ans, au début c’était difficile, à cause de la langue et de l'âge. Quand je
suis arrivée j’avais 48 ans, c’est très difficile d’apprendre la langue, aux habitudes du pays.
Parce que c'est un pays qui a des coutumes très différentes à celles des nôtres.
J'ai commencé à travailler presque immédiatement grâce à une connaissance, une tante. J'ai
obtenu un emploi en tant que femme de ménage et je prenais également soin de personnes
âgées, elles parlaient aussi en espagnol et ce sont elles qui m'ont appris en premier un peu le
français jusqu'à ce que mes papiers soient arrivés. Quand je suis arrivée, je n'avais pas de
papiers, ça a pris une année pour l'obtention du permis. Je me suis inscrite au chômage
immédiatement après, ils m'ont donné trois semaines de cours parce que je n'avais pas le droit
au chômage. L’hospice général m'a envoyé travailler comme serveuse dans un tea-room
pendant un certain temps, j'ai rencontré plus de personnes et j'ai osé parler un peu plus le
français. Après j'ai travaillé dans une station d’essence et quand mon patron m'a viré, je me
suis inscrite au chômage pendant deux ans, ils m’ont donné des cours de français, écrit et
parlé, des cours d'informatique et des cours pour apprendre à faire mon CV.
J’ai eu le travail dans la station essence grâce à une Colombienne qui était une connaissance
de ma fille. Après j’ai été deux ans au chômage et quand mon droit était sur le point de finir,
on m’a envoyé travailler à la Croix-Rouge, au travers des mesures cantonales. Quand j’ai fini
cette mesure, je mes suis inscrite de nouveau au chômage, j'étais très déprimée parce que je ne
trouvais pas de travail. Encore une fois, j’ai trouvé un travail grâce à une amie de ma fille
Nancy, qui avait son mari qui travaillait dans une horlogerie où ils avaient besoin d’une
personne âgée. Ils étaient fatigués des filles qui tombaient enceintes, qui commençaient le
travail pour ensuite partir. Donc, ils ont demandé aux employés si quelqu'un connaissait une
personne âgée, c'est alors comme ça que ce gars-là a demandé à ma fille et ainsi j’ai trouvé cet
emploi. Maintenant depuis trois ans, je calibre les diamants et je les mesure.
Ils ne m'ont jamais donné de formation, mais j'ai un contrat fixe.
Quelle était votre occupation avant de venir en Suisse?
Les 10 dernières années, j'ai été femme au foyer, mais avant j'ai fait de tout ; vendeuse,
secrétaire, dans des usines... de tout. Les 10 dernières années je les ai consacrées à mes filles
et à ma maison. La même chose, mon ex-mari avait mis en place une petite entreprise de
télévision et il m'a appris à souder, à l'étalonner une radio, à connaitre les résistances, donc je
sais aussi faire tout cela.
Avez-vous la nationalité ?
Oui, j'ai la nationalité, je l'ai grâce à ma maman, elle est Suissesse, elle est née ici comme
toute sa famille, mes grands-parents, etc.
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Pour quoi a-t-il fallu autant de temps pour me donner le permis B? Je ne comprends pas, c’est
une loi ici pour les gens qui viennent après 32 ans, comme moi par exemple, j'avais le droit
parce que ma mère est suisse mais comme je suis arrivé après 32 ans, je devais attendre un an
pour le permis B. Après être trois ans avec le permis B, je pouvais enfin demander la
nationalité, nationalité qui est par le sang.
Quand ma fille est arrivée, je n’avais pas encore ma nationalité, alors elle n'avait aucun droit
pour avoir le permis B, elle est restée une année sans permis. Quand j’ai eu ma nationalité, ma
fille a eu son permis.
Quel a été le rôle de l’Etat dans votre réinsertion professionnelle?
Aucun. L’État m’a seulement aidé c’est qu’au début, mais c’est moi qui ai payé mon cours de
français de 3 semaines, comme je ne pouvais plus le payer, le chômage m'a payé 6 mois de
cours intensifs de français : Cela m’a été d’une grande aide, car je pouvais apprendre et je ne
devais pas payer. Ce qui m’as été bien utile est que, comme j'avais plus de 50 ans et que le
chômage était en train de finir, grâce aux « mesures cantonales ». Grace à celle-ci j’ai pu être
réinsérée, et j’ai eu l’opportunité de me réinscrire au chômage après. Je ne sais pas ce qui se
passe lorsque tu retournes au chômage après avoir bénéficié des mesures cantonales durant
une année car j’ai trouvé mon travail juste après m’être réinscrite.
Avez-vous commencé directement avec un poste fixe?
Oui, j'ai eu mon contrat à durée indéterminée, J'ai fait un test, ils étaient satisfaits, un mois
après j’avais un contrat à durée indéterminée.
Au chômage, vous ont-ils proposé de faire une formation?
Je voulais faire la formation pour avoir une patente de cafetière et ainsi pouvoir ouvrir un tearoom. Cela a posé de nombreux obstacles, c’était trop coûteux, ils ne savaient pas si j'allais le
faire, ils ont mis de nombreuses entraves. Ils ne m’ont donné que des cours de français et
d’informatique, la base.
Tous les postes que j'ai trouvé c’est grâce à des amis, je pense que c'est cela qui t’aide le plus.
Si l'on vient comme moi c'est difficile de trouver un travail tout seul car ils te demandent de
l'expérience, des diplômes. On doit commencer comme tout le monde: de zéro. C’est
seulement si tu es un médecin ou un avocat ou quelque chose comme ça, tu peux valider ton
titre. Je pense ainsi.
Êtes-vous satisfaite de votre situation professionnelle ?
Je vais bien, j'aime bien mon travail mais j’aimerai progresser. Malheureusement ils mettent
beaucoup d’obstacles, j'ai 58 ans, je suis vielle. J’aimerai faire du sertissage mais il n’y a
personne qui peut m’apprendre, j’aimerai savoir, c’est très intéressant.
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ENTRETIEN N° 14: JAIME
Date d’arrivé: 2002
Date de naissance: 1958
Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin
de vous intégrer ou insérer sur le marché de l’emploi.
Nous sommes arrivés en Juin 2002 et comme tout le monde nous étions à la recherche d'un
logement pour vivre. Tout de suite s’est présenté le problème de la langue et des papiers. Petit
à petit nous avons ouvert un chemin, la première barrière était la langue, ensuite les
documents et puis le travail.
Êtes-vous arrivés avec un permis ou avec un passeport ?
Avec rien d'autre qu’avec le passeport d’Amérique latine, nos origines sont d'ici, de Suisse,
chose qui facilite un peu la démarche des papiers, du permis de séjour, de tout cela. Et puis
bon... ce que je veux dire c’est qu’il à été pour nous plus facile d’obtenir un permis de séjour.
Il a fallu 6 mois pour avoir le permis et encore 6 mois pour avoir la nationalité. Pendant cette
période en général on cherche un emploi, j'en ai trouvé un six mois après mon arrivée. J'ai
travaillé en tant que chauffeur pour un espagnol mais il m’exploitait... comme les papiers que
j’avais étaient provisoires.
Une fois que j'ai obtenu le permis B, j’ai fait plusieurs travaux de nettoyage, d'un côté à
l'autre jusqu’à acquérir un peu plus la langue, trouver un endroit pour vivre. Enfin j’ai trouvé
un emploi fixe dans un laboratoire comme concierge grâce à une annonce dans le journal.
C'était en 2004, j'avais acquis une expérience dans le nettoyage et la conciergerie.
Comment avez-vous appris le français?
Dans la rue un peu, puis ils m’ont donné un cours d’un mois et demi, deux fois par semaine,
de trois heures, c’était l'hospice général qui me l’a donné. Après, ces dernières années, c’est
l'entreprise même qui offrait des cours d’anglais et de français, j’en ai profité.
Est-ce que vous avez été au chômage?
Après avoir travaillé en tant que chauffeur durant 9 mois, je suis allé au chômage, mais je
n’avais pas travaillé plus de temps, j’avais besoin d'une année de cotisation.
Lorsque j'ai travaillé avec l’espagnol c’était déclaré, j'ai travaillais sept jours sur sept et je
gagnais CHF 3'000.-. Puis, je n’avais plus ce travail, heureusement que mon épouse travaillait
et nous avons pu survivre grâce à cela. Un salaire de CHF 3'000.- c’est très peu et on avait des
dettes.
Combien de temps êtes-vous resté sans travail ?
Environ deux mois, mais je faisais du nettoyage, deux heures le matin, deux heures l'aprèsmidi, je prenais tout ce qui venait. J'ai vraiment appris le français dans la rue, puis après avec
les cours que j'ai suivis grâce à mon employeur, aujourd'hui je ne parle pas parfaitement, mais
avec le travail actuel c'est plus facile.
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Quelle était votre occupation en Argentine ?
En Argentine, j'ai travaillé pendant 18 ans dans une banque, après dans une banque
Espagnole, la banque a fermé à cause de la crise. Pour combler le tout j'avais 36 ans… alors
avec ma femme, nous avons monté un pressing et nous l'avons géré jusqu'a l'année 2000.
Finalement nous avons aussi dû fermer l'affaire et j'ai tout fait par exemple chauffeur de taxi
dans une entreprise privée. Après cela nous sommes venus ici.
Dans la banque Argentine j’étais le chef, j’avais monté les échelons mais avec la crise ils ont
commencé à réduire les effectifs et nous n'avons pas pu trouver un autre emploi.
Ici j’ai essayé d'obtenir un emploi dans une banque, mais la langue a toujours été un obstacle,
alors nous avons tout fait pour survivre et nous avons fait ce qu'on pouvait.
Pour le travail que j'ai actuellement, j’ai vu l'annonce dans le GHI et j'ai envoyé mes
documents, j'ai eu un entretien et ils m’ont engagé. J’y travaille depuis sept ans et cela fait
neuf ans qu'on vit à Genève.
Quels sont les facteurs qui ont favorisé votre accès à l’emploi ?
Je crois que c’est la chance, oui… aussi grâce au fait que nous étions forcés par la langue, en
parlant un peu le français nous avions plus de possibilités de trouver quelque chose. Comme
toujours, comme partout dans le monde, la chance, tu peux être très compétant, mais si tu
n’as pas un ami, une connaissance qui te pousse un peu, c’est plus difficile, c’est universel.
Il ne faut jamais baisser les bras, avec ma femme, nous avons toujours cherché à aller de
l'avant, avec l'âge à laquelle nous sommes venus et avec une famille construite, ce n'est pas
facile. Pour une couple seul c’est une autre chose, les enfants ont besoin d'espace pour dormir
et pas tout le monde comprend la situation. Si vous êtes seul, vous pouvez aller chez
quelqu'un et vous installer longtemps, les enfants voulaient venir avec nous, même s’ils ont
posé des questions mais nous avons tout fait pour qu’ils puissent avoir quelque chose. Nous
sommes descendus de cheval pour qu’ils puissent y monter.
Etes-vous satisfait de votre situation professionnelle ?
Oui je suis satisfait, il y a eu quelques changements, il y a maintenant de nouveaux
propriétaires et ils sont plus strictes mais je suis content avec mon horaire, mes vacances, etc.
A ce stade, je préfère rester comme je suis, dans ces tâches que je sais faire, c'est quelque
chose que je connais déjà, les gens me connaissent, j'ai 51 ans et je ne prétends rien, en étant
bien et que les enfants soient bien, je me contente.
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ENTRETIEN N° 1: MONICA
Fecha de llegada: 5.12.2002
Fecha de nacimiento: 26. 08.1957
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Inmediatamente me he puesto en contacto con el Departamento de Asistencia Social de la
Ville de Genève, del departamento de Suizos de retorno del extranjero, ya que soy SuizaBoliviana
Inmediatamente me han dado autorización para comenzar cursos de francés porque no sabía
nada del idioma y era un cambio radical porque era un camino totalmente diferente al que yo
había vivido.
Entonces comencé mis clases de francés durante tres meses, dos veces por semana y mientras
tanto me dedique a buscar donde vivir, de forma definitiva, porque justamente en suizos de
retorno del extranjero me daban el departamento para mí y mi familia, hasta que saliera mi
desempleo en el chômage.
La búsqueda de departamento es una parte muy difícil en Ginebra, totalmente diferente que en
Bolivia y bueno había que cumplir muchos requisitos, los cuales no teníamos y se hacía cada
vez más difícil.
Al cabo de ocho meses, empezado el trabajo que me había propuesto el Estado en el ámbito
social, que es un campo que a mi me gusta y además he tenido experiencias laborales en
Bolivia en ese ámbito. He trabajado en casa de los ancianos, mi trabajo era ayudar en general,
en los pequeños huecos que existen entre enfermeras y ayudas soignantes.
Mi trabajo era ayudar a comer a las personas que están limitadas, acompañarlas al hospital,
cambiarles los lentes, ir a diferentes lugares médicos para que sigan su tratamiento. Ha sido
una experiencia agradable porque he practicado francés y he ganado experiencia laboral en
el nuevo sistema, en Ginebra.
Fue “Mesuras Cantonales” que me enviñ, hice un contrato de un aðo, en el cual he tenido la
práctica laboral, pude relacionarme con el equipo laboral, fue una experiencia
extremadamente buena y los resultados de mi trabajo han sido tan buenos, que mi asesora del
chômage me ha preguntado si necesitaba algo especial, entonces yo he pedido cursos de
conversación pero que este limitado al lenguaje cotidiano que yo debería emplear en el
trabajo. Me hizo notar que era un premio, entonces yo tenía una profesora dos veces por
semana en la noche que solo se dedicaba a mí.
Después de cumplir mis 8 horas de trabajo tenía que asistir a estas clases, y ha sido excelente
porque he mejorado muchísimo. Ahí he trabajado un año, y después he tenido derecho de
nuevo al chômage. Ahora ya no existe Mesuras Cantonales, es uno que tiene que buscar esos
trabajos.
Después que finalizó mi derecho con el chômage, entre al RMCAS que era lo que me
correspondía porque no tenía otra opción de vida.
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Al tercer mes de mi llegada he trabajado en una Asociación Frigan de ropa de segunda mano
como benévola dos veces por la tarde. Después de un tiempo el RMCAS me ha propuesto
hacer un trabajo de contraprestación, de un año, trabajar 20 horas a la semana, entonces ahí he
trabajado en Genève Solidarité, con jóvenes hasta los 25 años, les distribuíamos comida,
hacían gimnasia, pero no había la posibilidad de un salario, entonces yo he cortado porque yo
quería encontrar un trabajo fijo.
He terminado mi trabajo ahí y he comenzado de nuevo clases, con el chômage y mi cheque de
formación de francés por tres meses. Como sigo en el RMCAS me han propuesto hacer un
trabajo de contraprestación, pero que yo me busque alguna alternativa.
Entonces he tenido la suerte de contactarme con una anciana colega de Butini, de la casa de
ancianos, es un contacto, una ex colega que me dijo que si alguna vez sabía algo me iba
avisar, ella encontró el trabajo de la misma manera, con una contraprestación.
Trabajo en la cocina en la escuela de En Sauvy é la Ville de Lancy, en el comedor escolar.,
como contraprestación, es como si me pagaran mi salario, pero la diferencia es que no tengo
aportes al chômage y al AVS, lo mìnimo… no realizo tampoco las 8 horas diarias.
De todas maneras tenemos un tratamiento muy especial con los asesores del RMCAS,
entonces he comenzado mi trabajo en el escuela, el equipo es magnífico, y tengo un contrato
hasta marzo. A partir de marzo tengo la posibilidad de tener una plaza fija. Me han anunciado
así, así que sigo esperando.
Yo podría cortar ahora de hacer mi contraprestación, ya que mi situación ha cambiado, ya que
mi marido ha encontrado trabajo fijo, pero mi asesor me aconseja que termine el contrato, ya
que así tengo más posibilidades de tener una plaza fija.
Entonces esas han sido mis actividades en Suiza, aparte de eso, siempre he estado vinculada a
la “maison del cartier” des Acacias, con actividades culturales y todo eso, multiculturales
digamos, asistencia a diferentes eventos que tienen ahí, Uno recibe una convocación a mi
siempre me ha gustado compartir, conocer más gente, el 19 hay el cambio climático con
Bolivia y todos esos países, entonces yo voy a ir.
En general yo no he tenido ningún problema de adaptarme, extraño, obviamente, ya que he
dejado cosas muy bellas a las que me estaba dedicando en Bolivia, y el cambio ha sido fuerte,
pero han sido decisiones familiares. Pero me siento bien, estoy creo integrada, estoy
acostumbrada y me gusta.
En Bolivia estaba de directora, gerente del proyecto textil de Aldeas Infantiles SOS, los
últimos 7 años, hasta 2 días antes de venirme.
Cuál es el sentimiento que usted tiene con respecto a lo que hace ahora?
Mi filosofía de vida y de trabajo y de aceptar el momento que tengo que vivir, es
completamente diferente, no hay un punto de comparación, en el sentido que mi formación ,
mi capacidad, y mis ganas de hacer las cosas que he hecho y que he visto resultados , pero el
contexto es completamente diferente.
Yo sé que puedo dar muchísimo más, pero como canalizar para encontrar donde yo pueda
realmente aprovechar, los que me contraten y yo de los que se y de lo que soy capaz de dar.
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Yo estoy feliz con lo de la escuela ahora por lo del horario, porque he arreglado en cierto
modo una cuestión familiar, porque estoy apoyando a mi hija con mis nietos, y es una etapa
hermosa, y que a mí me encantaría mantener ese horario porque así puedo estar con ellos,
disfrutar de ellos que también me nutre y me gusta.
Según usted, qué debería modificarse?
Que el Estado canalice como antes, yo he encontrado el sistema de mesuras cantonales que te
daban la posibilidad de que aportes a tu seguro de desempleo por un año, por lo menos a
partir de los 50 años, que es evidentemente mas difícil conseguir un trabajo, entonces que el
estado se ocupara de conseguirte un trabajo, canalizarte ese trabajo, así tienes también la
posibilidad de aportar y además demostrar en un campo laboral de 8 horas pleno tiempo, tus
capacidades, pero dirigir la cosa hacia lugares donde si haya la posibilidad, a la persona que
si se merece el trabajo, de que tenga un contrato fijo, porque estaría beneficiando tanto al
estado, al sistema como a la persona, para reintegrarse, para ganar, para levantar la moral,
para aportar con lo que realmente sabe, entonces se ganaría de ambos lados , reforzar. No
conozco otro tipo de forma, pero ese me parecía bueno.
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ENTRETIEN N°2: GABRIEL
Fecha de llegada: 2002
Fecha de nacimiento: 1953
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Decidimos venir a Suiza el año 2000, pero recién vine solo en junio del 2002, nací en julio
de 1953
Lo primero que hicimos fue ponernos en contacto con el “Hospice général”, y me fijaron una
cosa minima para pagar alquiler, seguro y cosas mínimas en forma personal, yo he estado 6
meses con el Hospicio, mientras hacia el trámite de la radicatoria en Ginebra, en la oficina
cantonal de “populación” para sacar la libreta de estadía y tramites con el Cantón de origen.
He comenzado hacer la naturalización de mi señora, ya que mis hijos tenían la nacionalidad,
no ella, ese trámite ha durado tres o cuatro meses, as ellos han llegado acá el 2 de diciembre
2002, 5 meses después.
Mientras tanto, me inscribí al chômage, ya que yo he trabajado toda mi vida en Bolivia, me
dieron una subvención, y me daban lo básico, creo que 3.300 y comencé ha aportar al AVS,
fue el inicio del aporte al AVS.
Paralelamente el chômage me dio un asistente, que no debería estar ahí, ya que ellos deberían
ayudarte a conseguir trabajo, ayudar a establecerse, a integrarse, pero lamentablemente hay
algunos asistentes que no saben para lo que están, creo que para ganar plata.
Esta persona ni siquiera me permitió pasar cursos de francés en forma seguida, me dio 4
meses de francés y seria todo, el dijo que bastaba, sin embargo yo he constatado de otras
personas que han estado 1 año, 1 y medio con otros asistente y a ellos les ha ido mucho mejor,
ya que tenían una buena ortografía, una buena pronunciación.
Después me puse a buscar trabajo, pero el primer problema era la edad, hay mucha
discriminación con la edad, entre los 20 y los 40 es fácil conseguir hay trabajo para todos,
pero después de los 40 hay problemas. Pero después de los 40 hay problemas. Yo tengo 57
años y m siento muy capaz para trabajar, yo soy químico, me he desenvuelto como químico
toda la vida, y acá creo que tienen miedo de tomar personas mayores, porque el salario tendría
debería ser superior, ya que nuestro curriculum es realmente muy buen curriculum y ellos
tienen que pagar algunos tipos de categorías., entonces prefieren tomar gente joven, sin
experiencia, porque el problema es básicamente la plata.
He estado 1 año con el chômage y posteriormente he entrado a un trabajo con Mesuras
Cantonales, en Valflory, ahí he trabajado como ayudante de cocina, lavar, limpiar, es una
OMS con muchas personas de edad, mas de 300 personas, trabajábamos 60 personas en la
cocina, entre los que atendían la cocina, restauración, etc., todo lo que tenía que ver con la
comida. Éramos un grupo que lavábamos 3 veces al día, a través de maquinas, no es un
trabajo manual, pero si es cansador ya que uno está parado 8 horas al día haciendo este
trabajo, pero me he acostumbrado, lo más importante es que he logrado integrarme, mejorado
el francés, he tenido muchos amigos allá, pero un año pasa rápido, así que volví al chômage.
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Con mi familia logramos conseguir una vivienda amoblada, era una fantasía el alquiler, 3600
por mes, pero el Hospice no se hizo problema. Hemos estado 3 años allá, después nos
inscribimos a la Oficina de logement y hemos conseguido un HLM en Onex que es donde
vivimos actualmente, obviamente el alquiler es caro, no es amoblada, son departamentos muy
mal construidos, porque no tienen una distribución adecuada, entonces yo no estoy contento,
ni ninguna familia pero no hay de otra y es caro, son 2000 francos por mes. Pero
desgraciadamente en Ginebra sobre todo es muy difícil encontrar vivienda.
En lo que respecta el trabajo, he estado 2 años en el chômage, pero siempre buscando trabajo
y las respuestas fueron negativas, pero jamás he podido conseguir, han pasado 2 años y hemos
entrado al revenu mínimo cantonal, que es donde actualmente nos encontramos toda la familia
y este año como 2 de mis hijas tienen la mayoría de edad, ellas han salido del grupo de ayuda
del Hospicio, tienen que pelear y nosotros también para pagar sus “assuranzas de maladie”,
no pagan por ellas el alquiler, bueno la ayuda sigue habiendo , siempre vamos agradecer a
Suiza, pero creo que falta algo, el engranaje aquí.
He tenido oportunidad de conocer a otros asesores en SwissNova, ellos son realmente
asesores, es gente muy dinámica, muy capaz. Si estos asesores yo hubiera tenido cuando he
llegado el 2002, sería otra la historia, hubiera conseguido trabajo inmediatamente. Pero
después de 8 años que tengo estos asesores y realmente es la calidad de gente que se necesita
y deberían tener este tipo de gente en el chômage, todo tipo de asistencia social.
Ese es el panorama en el que vivimos, al día, no hay posibilidad de otros ingresos, pero creo
que el problema de la edad es básico.
Que formaciones ha hecho desde su llegada?
Yo hice dos formaciones, una de “Cafetier” a través de Mesuras Cantonales y lo termine el
curso por completo, me faltan los exámenes, pero no he podido darlos hasta ahora por falta de
plata, había que pagar 700 francos para la inscripción, y Mesuras Cantonales no pagaba, ni
tampoco el Hospicio, pero pienso hacerlo.
Después he estado en la OTO, donde he logrado hacer un proyecto de un restaurante, donde
pude integrar a todos mis hermanos, pero nuevamente el problema fue la plata. Aquí el fondo
de comercio es demasiado grande: 100.000, 200.000, sin que sea una venta de nada, ese
dinero puedo recuperar posiblemente de aquí a 15 años,
Pero es muy difícil comenzar algo con algo tan fuerte, porque el costo real del restaurante no
es ni de 50.000 francos, y sin embargo entre capital de operación y fondo de comercio es casi
30.000 francos
Qué trabajos ha tenido desde su llegada?
Ahora estoy haciendo una contraprestación por el Hospicio general, pero solo los jueves y
viernes que hago algunos proyectos, actualmente estoy haciendo un proyecto de lana, pero
todo es contraprestación.
Mi búsqueda de empleo es Internet, Job up, Edison, Anibis, donde uno se inscribe y manda
por Internet el curriculum y la carta de presentación, eso ha sido durante ocho años la forma
de buscar trabajo en forma general, pero también en forma personal a través de amigos,
buscando algunos contactos, pero nunca he tenido nada concreto.
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Básicamente el problema es la edad, yo tengo muy buen curriculum, tal vez es demasiado
para una empresa, y tal vez por eso no quieren contratarme, deben creer que me tienen que
pagar mucho., soy especializado en curtiembres, mataderos, plantas de tratamiento de agua,
etc.
Yo me he presentado a la planta de tratamiento en Ginebra para trabajar, en principio termine
calificado, pero no funcionó.
Por mi parte he mandado cartas a la Bayer, a la BASP... porque tenía relaciones con ellos,
pero la misma respuesta.
Yo comulgo mucho con la UDC, no por la parte política, sino en las cosas que hacen, si se
evitara tener tanto frontalier como en este caso, y las empresas estarían obligadas a hacer
una oferta solamente para suizos durante un tiempo determinado y demostrando después que
no ha habido gente que se ha presentado, recién lanzar la oferta a todos los frontaliers, cosa
que no hace ninguna empresa.
Las empresas directamente prefieren hacer las ofertas a frontaliers, ya que el frontalier gana
3.000 francos es una fantasía para ellos, porque en Francia no van a ganar ni 1.000 eruros.
Entonces es una diferencia abismal, en cambio para un suizo que vive aquí 3.000 es lo básico,
y todos tratan de ganar mucho más. Entonces hay empresas que quieren ganar mucha plata y
prefieren tener frontaliers.
Todas las enfermeras que hay en el hospital, 98% son francesas, el hospital Cantonal por
ejemplo 90% francés, portugués, Suizos uno que otro médico, pero enfermeros, todos son
frontaliers.
Deberían dar una preferencia a los suizos, deberían convocar solo a los suizos, después para
los demás. Alguna vez he preguntado a algún político, pero dicen que no pueden hacerlo por
el permiso Schengen, pero creo que Suiza debería hacerlo, si no queremos tener tanta gente
en el chômage.
Para terminar también es importante que sepan, que como estamos solamente con la ayuda del
estado, una cantidad mínima, que permite pagar el alquiler, algo de la comida y los seguros,
toda la gente, pero casi todos buscamos un trabajo que no sea declarado, un trabajo a la
negra, sobre todo en limpieza, livrason, y es lo que nos ayuda, son 200 o a veces 1.000
francos extras que se gana, pero es la única formar de pelear un poco, esta discriminación
como yo la llamo, por el hecho de la edad.
Cuáles son las características de los consejeros de SwissNova?
Son excelentes por la dinámica, ellos por ejemplo desde el 1er. día que los he conocido,
inmediatamente llaman por teléfono, te inscriben a miles de agencias, Te enseñan hacer una
presentación óptica de tu curriculum, no es curriculum que es grande porque tienes 10.000
trabajos, ellos son puntales. Yo no soy químico, yo soy un técnico en curtiembre, enfatizan
en lo que más sobresale de vos. Todo ese trabajo lo hacen con uno y logras cantidad de
contactos y ellos están ahí, te están llamando, te están escribiendo, te hacen un seguimiento
completo.
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Es una empresa privada que la ha contratado Mesuras Cantonales, para la gente del RMCAS,
para ver si a través de ellos uno puede conseguir trabajo.
Yo he conocido dos consejeros excelentes, si esta misma calidad de gente tendría el
chômage, sería muy diferente, porque realmente saben, motivar, son dinámicos y te enseñan
muchas cosas.
Ha tratado de homologar su titulo?
En mi caso por ejemplo, como no hice ningún trámite en la cancillería allá, tendría que
hacerlo en Berna, pero de que serviría si no tengo posibilidad de conseguir trabajo, y hasta
que salga la convalidación voy a tener 60 años, quizás en la retrete 65, no tiene sentido. Por
eso busca trabajo en lo que sea, químico, librador, etc.
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ENTRETIEN N° 3: AURORA
Fecha de llegada: 2003 (7 ans)
Fecha de nacimiento: 1960 (50 ans)
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Cuando yo llegue, yo vine con muchas ideas, como yo tengo mi profesión como institutriz de
la petite enfance como se llama aquí, y vine con mucha experiencia de mi país, yo había
trabajado muchos años, primero en una guardería, luego en una escuela durante 8 años, 4 años
en una escuela primaria y 4 años en un aula de recursos de educación especial, dentro de la
misma escuela.
Entonces hice 2 años de psicología también para trabajar en esta aula y trabajaba con una
Psicóloga. Así que pensé que llegando aquí iba a poder trabajar, hacer algo con respecto a mi
profesión, pero me equivoque.
Si es verdad que uno llega acá con toda la experiencia, con tu profesión, pero eso no sirve de
nada aquí. La experiencia fuera de aquí no te sirve de nada, tu profesión tiene que ser
revalidado el titulo y yo he tenido problemas, hasta el día de hoy no logro revalidar mi título
en la Universidad, yo me gradué en el 82 , tengo la licenciatura.
Me decían que estaba todo en orden y además por mi experiencia, Me dijeron que lo único
que me faltaba era el idioma, así que estudie francés. Pero cuando di mi examen estaba en
Intermedio y entonces me dijeron que tenía que dominar el francés. La persona encargada era
Madame Jaccard, en esa época era la encargada de legalizar los títulos de la petite enfance.
Entonces yo continué estudiando pero ya me vi que cada vez era algo diferente.
Hice un stage en Zone Bleue, una guardería en la Universidad Obrera de 6 meses, estuvieron
muy contentos, quisieron contratarme, pero el presupuesto fue reducido y tenían 2 locatrices
y el personal estaba completo.
Que puesto le querían dar?
Auxiliar para comenzar y luego para que siga en los tramites como educatrice, pero no fue
posible, yo quería hacerlo como benévola pero también necesitar vivir, Dicen que hay un
poco de racismo, yo realmente no lo he sentido aquí, sino que siempre te ponen que está lleno
y que te desean suerte, tal vez sea la edad yo decía, pero me veían trabajar yo hacia un stage
y veían que tenía experiencia y conocía la materia.
Hice otro stage en una guardería cerca de mi casa y también me dijeron que no podían
contratarme porque no tenía legalizado mi título, que lo que me daban era la oportunidad para
que vaya y haga un stage mas largo, pero no me pagaban nada y era tiempo completo, así que
les agradecí mucho y lo deje., eso me desanimo mucho.
Entonces comencé a buscar trabajo, seguí estudiando francés, y lo que nos toca a todos,
trabajo de limpieza en oficinas, eso me ayudo un poco en la parte económica, pero tampoco
es que hacía tiempo completo, sino por horas y luego comencé a dar cursos de español en
forma privada y también envié cartas para trabajar en escuelas, no envié a INECLA.
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Pero me decían que necesitaba tener el BFFA (Module 1 du Brevet fédéral de formateur et
formatrice d'adultes) o alguna otra cosa. Entonces leí lo de la Universidad Popular en el
periódico, llamaban benévolos y otra cosa, así que dije voy a ir a ver porque igual era de
educación y a mí me gusta mucho ensenar. Entonces fui ha hablar y me dijeron que si que
podía entrevistarme con la Directora, hable con ella, le conté mi experiencia y me dijeron que
tenía que ir a observar un curso para ver si me gustaba y si yo podría hacerlo, así que fui, hice
eso, me gusto, hable y es como un contrato moral que te hacen ahí.
Entonces comencé a trabajar ad honorem una vez por semana, estoy así casi seis años, y
entonces al tener ya la experiencia en la Universidad Popular, al año volví a mandar mi CV,
insistía todo el tiempo, creo que he mandado 300 a las guarderías a escuelas y recibía el no
gracias, tenía una colección de cartas con el no, no.
He continuado insistiendo, así que con el CV y la Experiencia en la Universidad Popular eso
me ayudo mucho. Volví a mandar a los que me habían dicho que no, y en eso recibí una
llamada. Lo primero que me preguntaron era si yo trabajaba en la Universidad Popular, yo le
dije que si, entonces me dijeron venga necesitamos hacerle una entrevista si está interesada.
Así que fui y me contrataron Eso cambio mi status, así que comencé a trabajar en
INLINGUA, mandé también a INECLA y me llamaron también para hacer un curso para
niños mi experiencia., fui hable con el director y me contrataron también, luego de otra
escuela de ALTERLINGUA también me llamaron, porque tenía una amiga que viajaba y
necesitaban reemplazo, así que me quede como remplazo, luego ella se quedo en EEUU, así
que me preguntaron si quería quedarme y me quede ahí.
No piden un diploma?
El certificado del BFFA, para formación de adultos no, pero la formación que hice en la
universidad me ayudo, pero yo decidí hacerlo, se que ahora lo van a pedir, van a exigir, no sé
si ya han comenzado, pero yo decidí hacerlo, ya era un reto conmigo misma a nivel
profesional.
Siempre me ha gustado estar en cursos, ir buscando, renovar, no quedarme ahí. Entonces fue
un poco a nivel personal que yo lo hice. Hice la formación de adultos, pero fue muy duro
porque hacerla en francés primero, para mí fue terrible, pero bueno lo logre, lo hice con la
Universidad Obrera e IFAGE, los dos juntos tienen la formación que duro un año, en realidad
es viernes y sábado en la tarde, en realidad no es un año corrido, sino 6 meses, luego te dan u
tiempo para hacer los trabajos. Entonces saque el Modulo 1 que tengo que te ayuda aquí en
Suiza para trabar con adultos, y aquí me tienes, sigo luchando yo por encontrar algo fijo, pero
ya la edad, no se sigo mandando carpetas, quisiera tener algo estable.
Le gustaría trabajar otra vez con niños?
A veces quisiera, pero luego comencé a trabajar con adultos y me parece que es un reto, es
muy bonito.
Yo había trabajado en mi país con niños en guardería 11 años y aquí me interesaba hacer la
formación y te hacen la equivalencia, pero es prácticamente como volver hacer lo mismo, si
hago quiero hacer algo diferente y ahí fue que decidí hacer la Formación de Adultos.
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Cuál ha sido el rol del estado en el proceso de su inserción?
Mi marido es suizo , entonces yo me case con un suizo, cuando yo vine acá, automáticamente
yo me inscribí al chômage , pero como yo no había aportado aquí en Suiza jamás, entonces yo
no tuve ninguna ayuda económica , lo que me dieron fue 8 meses de cursos de francés y
también me pagaban el transporte, no tuve derecho a nada ni a un stage, ni mesuras
cantonales porque yo no soy suiza, si yo hubiera tenido la nacionalidad suiza, tal vez me
habrían ayudado de otra forma, como suizos de retorno del extranjero, al final podía estar en
el chômage de por vida, al final dije ya estoy 2 años y medio aquí, ya no me querían dar más
cursos, quise hacer en esa época formación de adultos, pero me dijeron que no que tenía que
luchar por la petit enfance, integrarme a eso, pero ellos veían que era como un circulo vicioso.
Porque para poder validar mi título necesitaba estar trabajando dentro una crèche y parad
trabajar ahí necesitaba el titulo reconocido en Ginebra.
Fue muy difícil porque incluso yo pedí que me dejaran entrar a la cocina como auxiliar,
limpieza, porque lo importante era entrar. Pero no tuve puertas abiertas, realmente me
desmotivé totalmente.
Entonces comencé con adultos y trabajo aquí 3 años, y en la Universidad serian 5 años,
comencé el sexto año.
Mi contrato es por horas, desgraciadamente no es un contrato fijo, entonces tienes que
sostenerte de algún lado, yo de hecho sigo trabajando todas las mañanas en una joyería de 7 a
9 de la mañana porque es un trabajo fijo, yo hago la limpieza de las vitrinas con un equipo de
limpieza. Cada vez digo ya voy a dejar, pero continuo.
Desgraciadamente los sueldos como profesoras, no me quejo estoy ganando bien, pero me
hago un sueldo regular, entonces varía. Me he puesto como limite este año para dejarlo. Es
en una joyería y no es difícil, encontré eso y me quede, además comenzó la época de crisis en
las escuelas, comenzaron a recortar los cursos, fue duro. Ahí intente entrar al chômage
porque nos quedamos sin cursos aquí y en INLINGUA, entonces tenía 2 escuelas menos,
pero fue un lío lo del chômage, me desanime, porque como no tienes 8 horas o más de 8
horas, entonces tienes que justificar un montón de cosas, pedir papeles por aquí y por allá, y
nadie sabía si tenía derecho o no, entonces dije gracias me voy.
Trabajo a la semana Tengo 4 cursos en ALTERLINGUA que son de una hora y media, son 6
horas, aquí 6 horas, en INLINGUA estoy con 4 horas, pero que termino también ahora en
Diciembre porque también se van los alumnos, entonces van hacer 10 horas y cada uno con
sueldo diferente, pero bueno…para tener un tiempo completo necesitas mìnimo 16 horas
semanales.
Cómo encontraste un empleo, cuáles han sido los factores que han permitido esto?
La insistencia, estar ahí, no desanimarme, la Universidad Popular, para mi es algo que me
ayudo mucho y otra cosa creo que como el Estado no me ha ayudado a mí, con una pensión,
todo eso, a mi me movió mas porque necesitaba, era sobrevivo o sobrevivo, tenía el sueldo de
mi marido, pero yo nunca he sido dependiente, además un sueldo aquí en Ginebra no te
alcanza. Entonces dije “no, yo tengo que salir” y comencé a buscar, creo que eso
básicamente.
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No sé… si el Estado me hubiera ayudado tal vez mas, en el chômage no quisieron pagarme la
formación , de hecho no me la pagaron, cuando yo hice mi formación del FCA, hice la mitad
con el cheque de formación y la otra mitad pague yo. El Estado lo que me dio es francés, nada
más, me decían que tenía que insistir con la petite enfance y tenía que logarlo.
Nunca me propusieron pagarme la formación de la petit enfance, nunca tuve tanta ayuda. Yo
pienso que ese fue un factor que me movió a mí a salir, a tener esa rebeldía. Yo valgo mucho,
yo he estudiado, yo sé, y tengo que salir adelante, luchar por eso.
Pero que ha sido duro, ha sido duro, y hasta ahora, no es fácil, yo continúo en esa lucha.
Recién he escuchado de una Asociación Bustamante para ayudar a gente con titulo,
inmigrante, con capacitación calificada. En esa época cuando yo llegue no había eso, pero en
la guardería Ensemble, la directora trataba de ayudarnos y me ayudaron también a levantarme
la moral, nos decían sigan adelante, busquen, y ella decía que si no se puede en la petite
enfance vamos a buscar otra cosa que les gusta. estuve tentada de aprender también ha hacer
masajes , estudiar algo diferente, otra carrera. Bueno y gente que te da la maño y te dice
fuerza.
Yo he tenido mas que nada ayuda moral y mi amiga que me pidió que la reemplazara y
enviando carpetas.
En el chômage le dieron a una amiga la formación, a esta amiga que se fue, y a mi me lo
negaron, yo hable con mi Consejero, pero no podía dar el nombre de mi amiga, sino le
hubieran quitado. El me dijo que el chômage no estaba para eso, usted tiene que moverse, y
por otro lado usted es éducatrice de la petite enfance, entonces te marcan también en algo y
si uno quiere hacer otra cosa no te dejan.
Mi carpeta se ha perdido ahora de la petit enfance, cuando yo pedí el cheque de formación
ellos insistían para que yo no haga la formación de educadora de adultos, sino la formación de
la petit enfance, porque es ahí mismo.
Entonces ese rato me dieron cita con el nuevo director de la oficina de Orientación
Profesional, ya no está Madame Jaccard, fui, hable con él, y el rato de buscar mi carpeta no
había, se ha perdido la carpeta y no tenían constancia de nada, me tocaba de nuevo hacer los
papeles, empezar de cero, Entonces dije no.
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ENTRETIEN N° 4: TEO
Fecha de llegada: 19.04.1955
Fecha de nacimiento: 15.07.2002
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Yo llegué sin saber ni leer, ni escribir francés.
Lo primero que yo hice fue inscribirme al chômage, ir al hospicio para tener una entrevista. El
chômage me dio cursos de francés durante tres meses nada más, porque ellos decían que tenía
que trabajar, que en mi campo había mucho trabajo. Yo soy técnico industrial especializado
en construcciñn de edificios. Pero eh… mi asesor me consiguiñ un trabajo en Copilart donde
trabajé tres meses. Copilart es una empresa que hace carruseles, te acuerdas del carrusel del
lapin?. Es una fundaciñn que depende de la “Ville de Genève” que sirve para inserciñn de
trabajo…como que he trabajado con borrachos, drogos… Mi asesor del chômage me dio eso
y se acabo porque sólo duraba tres meses la inserción. Después cuando entré a mesuras
cantonales me conseguí una cita en el museo de arte e historia y empecé a trabajar y trabajé
un año en el museo de arte e historia.
Nunca le propusieron una formación?
Yo le dije “que tal si valido mis certificados” y él me dijo “seamos realistas” chômage usted
tiene casi 50 años y hasta que mande sus papeles a Berna y haga traducir para que le den un
CFC va a pasar casi un aðo… va a tener 51 dependiendo que es lo que dice Berna va a tener
que esperar un año a lo mejor le piden que haga unas materias y eso va a ser dos años tres
aðos… es decir que usted tendrá 53 aðos con titulo y… Dñnde va a conseguir un trabajo con
53 aðos, un tìtulo y sin experiencia en Suiza, no es válido para usted… tal vez si tuviera 25
aðos 30 aðos… y… tenìa razñn… no me dio ninguna formaciñn… me dieron dos cursos
para actualización en soldadura de un mes cada curso. Y trabajé en el Museo de Arte e
Historia como serruirier un año no había posibilidad de quedarme aunque postule a muchos
puestos pero nunca… depende mucho de la edad. Y después volví ahí y estuve sin trabajo
bueno tenìa algún trabajito a la negra con “Epsilon” para distribuciñn de propaganda a
cope… eso duro un aðo dos aðos… y bueno estuve sin trabajo hasta que alguien me dio un
número de teléfono, un “postero”, alguien de la posta que venía a dejar correo.
Un amigo?
No, un chileno, la persona que venía a dejar el correo, lo conocía porque venía a dejar el
correo. El me dijo “mira tengo este número no sé de quién es, me han dado” Llamé y me
dieron una cita para el día siguiente. Fui a la cita, era una reunión con el jefe y tres personas
más, y al final nos dijo vayan a buscarse una gain intermediare a una agencia de empleo para
firmar contrato y empieza mañana. La posta directamente no contrataba, tenías que entrara
por Kelly por Adeco con cualquiera de ellas. Que ellos te pagaban y tú trabajabas para ellos
pero para la posta.
La “Poste” hace eso?
Si… hay otros que no, depende… si tienes muðeca, si tú conoces a alguien ahí te pueden dar
contrato inmediatamente, pero como yo no conocìa nadie…siempre con agencia de empleo
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Yo fui con la tarjeta del jefe del “poste logistique” y le dije bueno… tengo que hacer
contrato… ellos ya trabajaban con la posta, así que ya sabían. Así que firmé el contrato y al
DIA siguiente empecé a trabajar a medio tiempo, 50%. Y al mes mi jefe me ofreció hacer un
trabajo… hacer el shop de Migros y al mes me dijo si quería hacer las OP que llaman en la
poste (ordenes permanentes) que es exclusivamente con clientes, lo único es que me dijo que
me tenìa que levantar a las 4 de la maðana y yo le dije “sì” entonces ahì aumente un 70% y al
año de estar ahí me ofrecieron el trabajo para ir a Zurich con el Credit Suisse que acepte
también para ir en la noche y llegue al 100% 120% de trabajo siempre por medio de la
agencia de empleo.
La agencia de empleo me paga y ellos facturan a la posta… por decir ellos me pagan 25 la
hora y la poste les da… más… no se cuanto será, asì funciona, pero la poste está libre de
problemas, de seguridad social nada de eso, de eso se encarga la agencia y después de dos
años me ofrecieron el contrato con la posta, ya eliminé la agencia de empleo y firmé con la
posta hace tres meses en septiembre y es un contrato de 6 meses y en 6 meses debería venir el
contrato indeterminado, fijo al 100% porque ahora he firmado un contrato al 90% nada
más… pero trabajo al 120% o sea que tengo muchas horas.
Según usted, cuál ha sido el rol del estado en el proceso de su inserción?
Ninguno, nada, o sea yo he ido a unos cursos ofrecidos por el RMCAS porque tenía que ir
boquee no declaraba este trabajo con la agencia “Kelly” entonces para RMCAS yo seguìa sin
trabajo, de todas maneras he asistido a esas charlas me he sacrificado porque de mi trabajo me
tenía que ir ahí.
Qué factores son los que han permitido que usted encontrara un empleo?
Responsabilidad, no llegar nunca atrasado, no faltar, saber trabajar.
El chileno no pudo entrar a la poste… asì que fue también surte que justo llame cuando
necesitaban y sin conocerme me han llamado a mí. El chileno llamó después.
El chileno tenía permiso de estudiante y trabajaba igual que yo por medio de una agencia de
empleo a 50 % pero trabajaba para la poste de Carouge, pero le pagaban como estudiante. La
suerte ha sido que necesitaban… ese dìa necesitaban, a lo mejor llamaba al dìa siguiente y ya
no necesitaban…Hemos entrado tres el mismo dìa y quedo yo solo, los otros se fueron… y
eran jóvenes los otros dos, uno lo ha querido pegar al jefe y el otro… no sé se fue, no le gustñ.
Esta contento con su trabajo?
Es trabajo…hay cosas buenas hay cosas malas, no es lo ideal, no gaðo lo ideal tampoco, pero
es un trabajo, es muy difícil conseguir trabajo y con 56 años ahora peor.
Según usted, por qué es tan difícil?
Idioma que no dominamos, falta de experiencia en suiza, para mi trabajo es completamente
distinto lo que se hace en Bolivia a lo que se hace aquí. O sea no tengo la experiencia aquí
para trabajar… para ser un maestro de obra… lo que llamarían acá en Ginebra no tengo la
experiencia, es imposible, mi edad. Son tres factores preponderantes.
El estado no puede conseguirte trabajo, no es el estado, es la persona que tiene que conseguir
trabajo, el estado nunca te va a conseguir trabajo, para eso tenemos el chômage.
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Ningún sistema te va a conseguir trabajo, te pueden asesorar, darte cursos pero no Irán a
buscarte trabajo. Hay gente que hace sus búsquedas de empleo pero jamás busca trabajo, no
busca en serio, no se si es miedo a empezar de nuevo o miedo a un nuevo arranque o
comodidad… yo he caìdo en eso también, yo he estado mucho tiempo presentando mis
búsquedas de empleo sin buscar empleo, sólo porque yo tenía que cumplir.
Por qué?, porque por ejemplo mi asesor quería que fuera como soldador… he estudiado
soldadura pero no soy soldador, no tengo experiencia como soldador, pero él quería que fuera
a trabajar como soldador, yo sabía que no iba a dar resultado porque no tengo experiencia
como soldador, puedo soldar, pero no soy experto en soldadura y el querìa que fuera… y me
ofrecieron buen sueldo pero en Berna, pero no podía aceptar algo que yo sabía que no iba a
poder hacer. Es que es distinto como se trabaja en Bolivia y como se trabaja aquì… entonces
esa época yo hacía mis búsquedas de empleo sin buscar empleo.
Después ya me puse las pilas y empecé a buscar empleo pero en otras áreas, separando los
campos… porque uno llega aquì hecho al “capísimo”, porque uno llega de su país con mucha
experiencia y poco a poco te van bajando los humos porque te das cuenta de que no puedes
trabajar en lo que has estudiado allá. Porque no tienes experiencia, tienes que empezar de
abajo, poco a poco ya… y es muy difìcil que te den la oportunidad sino tienes el titulo el
“CFC”. Entonces poco a poco te vas dando cuenta de que no podrás trabajar en tu campo y
que es muy relativo el campo que tienes. El estado más de eso no puede hacer porque el
estado no te va a llevar de las orejas a buscar un trabajo o a una entrevista, depende de cada
uno, por eso es que están acortando el chômage, porque hay gente que no quiere trabajar
directamente y no hace su… una búsqueda real de empleo.
Según usted, que hay que hacer para encontrar un empleo?
Llamar, ir a entrevistas, insistir, perder el miedo, el problema para nosotros que tenemos
cincuenta y tantos es el idioma, nunca vamos a poder hablar francés como hablan ustedes los
jóvenes, imposible, entonces tenemos nuestra limitación ene l francés, para ustedes es más
fácil, están con amigos suizos, en cambio nosotros no… yo he comenzado hablar mucho en
francés ahora que estoy en la posta… pero también trabajo todo el dìa solo no estoy mucho
con la gente.
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ENTRETIEN N° 5: MELINA
Fecha de llegada: 2.11.2004
Date de nacimiento: 19.01.1959
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Nací el 19 de enero 1959 en Tarija, me case a los 15 años en el 54, he hecho múltiples
actividades, teníamos un surtidor y distribuyamos gasolina y diesel en toda la parte sur, y una
propiedad donde mi marido se dedicaba a la siembra, en principio pusimos algodón y después
soya, en 500 a 660 hectáreas., era mediano productor.
Nos iba muy bien, pero desgraciadamente debido al cambio social, comenzaron nuestros
problemas y nos vimos obligados a salir de Bolivia.
Como soy Suiza, descendiente de suizos, dije, bueno me voy a vivir a lo que considero que es
mi país.
Exactamente hemos llegado el 2 de noviembre 2004, el periodo de instalación que es muy
duro, conseguir donde vivir, ni siquiera sabía decir buenos días en francés, ya que la
enseñanza básica allá es el inglés, no el francés, no necesitas saber. En la escuela yo elegí
francés, pero eran lecciones básicas, entonces llegue aquí y no sabía nada.
Me inscribí al chômage, y allá me dieron dos cursos, uno elemental y escrito, y otro solo
escrito, y por mi cuenta tome cursos particulares, y aprendí muchísimo. He estado en el
chômage 1 años y después entre a Mesuras Cantonales.
El 2006 hice una Mesura cantonal en el TPG, ahí he adquirido muchísima experiencia, no
sólo en la lengua, sino emocional, no ha sido agradable porque he visto mucho dolor, mucha
soledad, ya que es una trabajo con ancianos que no pueden valerse por sí mismo.
Pese a que Bolivia es una país pobre, un país donde el 80% está limitado en sus
conocimientos, pero la parte sentimental y emocional es superior a cualquiera, podría decir
que aquí ganas y allá vives, para mí fue una experiencia tremendamente chocante, que ha
hecho que me prepara para una vejez fuera de Suiza.
Suiza es un país maravilloso, paisajes idílicos, tranquilidad, pero tiene sus falencias, que no
solo es en Suiza sino todos los países desarrollados. Además con la edad que yo vine, difícil
que puedas cambiar las ideas.
Gracias a la Suiza como, tengo donde vivir, pero hace que me prepare para una vuelta.
Termino mi Mesura Cantonal, volví al chômage y me volvieron a dar cursos de francés,
presentaba mis búsquedas de empleo siempre en la parte contable, es mi fuerte, yo he
estudiado eso en Bolivia.
Pero siempre me pedían experiencia en Suiza, o la edad entre 35 a 40 que no me la puedo
quitar, o el idioma inglés, o haber trabajado un año en Suiza siempre ha habido algo por lo
que nosotros no hemos podido entrar a trabajar aquí.
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Eso también es comprensible, en lo que se refiere a la parte patronal, ellos están obligados a
cubrir ciertos gastos de personas mayores, entonces no van a recibir personas, aunque hayas
sido un genio en otro país, aquí no vale, si has hecho 10.000 doctorados, aquí no vale.
Entonces con tantas limitaciones, es difícil encontrar algo, y por supuesto no voy aceptar un
trabajo de ir a limpiar vidrios, yo no me he preparado para eso, o hacer una cosa que yo no
estoy dispuesta hacerlo. Quisiera que se me dé una oportunidad de hacer lo que se hacer.
Entonces, ese es el problema con el que me he tropezado y no he podido conseguir trabajo.
Yo por mi cuenta he sacado mi título contable aquí, yo he pagado el 2008 al 2009, eso me ha
costado a mí, lo hice en IFP. Pero tampoco me ha servido de nada, realmente me he roto
estudiando, me he esforzado 10 veces más, súmale el idioma que no entiendes bien, entonces
me ha costado muelas, horas de sentarme, Internet, diccionarios, aparte que me ha costado
una fortuna, dime para que.
Me he inscrito a varias agencias, he tenido respuestas muy interesantes, una decía que
lamentaban mucho pero tenía la edad un poco avanzada, y buscaban una persona más joven,
sin experiencia laboral. Aquí me tienes, estoy inscrita en el RMCAS, esperando encontrar
algo, pero no voy hacer cualquier trabajo, sino lo que sé hacer. Espero que digan algún
momento alto a los frontaliers, para que tengamos trabajo los que vivimos aquí.
En Bolivia estamos preparadas para hacer todo, pero aquí es otra cosa, no voy hacer lo que me
impongan, sino lo que estoy preparada para hacer.
Hizo alguna contraprestación?
Mi marido está haciendo, ya que estamos en un solo dossier, el hace la contraprestación, tal
vez con el nuevo cambio de leyes, me ofrezcan algo, pero en mi ramo, sino, no lo hago.
Tengo esperanzas de encontrar trabajo, mando CVs, casi nunca recibo respuestas, sigo
esperando, en muchos casos a instituciones que ya he mandado hace siete u ocho meses para
refrescarles la memoria.
Cuál es su objetivo?
No puede haber un objetivo, si no tienes experiencia, pero siempre busco dentro de la rama
contable.
Cuando llegó, fue al Hospicio general?
Hemos llegado dentro de un programa de suizo de retorno del extranjero, pero hemos estado
ahí sólo 28 días, ya que inmediatamente tuvimos el chômage.
Ha tratado de homologar su titulo?
Tengo que hacer por lo menos un año de Universidad, para la equivalencia, dar los exámenes
correspondientes, y en base a eso hacer la convalidación, pero yo termine la Universidad en
Bolivia, pero no hice la tesis, lo que complica más las cosas, tendría que ir allá y terminar.
La formación que hice en IFP en Suiza duró un año.
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A parte, trabaja en algo más?
No tendría problema de hacer limpieza, he hecho 2 meses, estaba limpiando, me sentía en el
cielo porque había conseguido algo para hacer, pero también me sentía mal, ya que allá yo
pagaba para que hagan, pero he visto que no es una cosa que mata, eso me ha servido de
mucho para mí, pero lamentablemente te limita, ya que te piden el AVS, y es declarado,
entonces prefiero ganar haciendo lo que se.
Me sentía en el cielo porque había conseguido algo para hacer, pero mi frustración fue, jamás
yo utilice esas maquinas de limpieza, cuando hablé con ellos para trabajar más horas, me
dijeron solo dos horas, ya que después pasara a formar parte de la planilla. Por 2 horas de
trabajo, yo no puedo arriesgar mi situación con el RMCAS, ya que lamentablemente cuando
trabaje esos dos meses me pillaron y tuve que devolver ese salario que gane, así que aprendí.
El sistema te obliga a depender del sistema, ellos te obligan al no darte posibilidad de trabajo,
yo quería poner una cafeteríaa, pero es imposible, el curso cuesta más de CHF 4.000.- a
CHF.- 5.000, el dinero que te da el RMCAS, te limita, es una miseria, raspas la pobreza no te
alcanza para el mes, entonces yo entiendo porque mucha gente trabaja al negro, pero si tu
declaras que has ganado CHF 600.-, te los quitan, entonces no puedes declararlos, eso obliga
a la gente hacer cosas que incluso va contra los principios de esa persona, pero no queda otra.
Gasto 160 francos en mi hija solo en comida y 60 en pasaje de bus, y por ella me dan 250 al
mes, ella come en el College dos veces a la semana, ella necesita muchas cosas más, ya que
es mujercita, lo que nos dan, no nos alcanza, pido allocation de estudios y nunca me dan una
respuesta.
Entonces es el medio que te obliga hacer cosas que uno mismo piensa que está mal.
Cuando uno entra al chômage, te exigen muchas cosas y uno hasta tiene que inventarse, no te
ayudan a encontrar trabajo, para mí la apertura de Fronteras, ha sido el pecado de Suiza a la
destrucción de nosotros, no tenemos opción.
Ves a un suizo haciendo trabajos de limpieza o recogiendo viejitos, distribuyendo periódicos,
y ves a un francés de director de oficina.
Un francés viene aquí, gana CHF 3.200.- y vive excelente en Francia, nosotros con 3.200 no
nos alcanza para nada porque vivimos en Suiza.
Ellos están muy enfrascados en sus cosas, sus políticas están paralizadas, persona que tu
hablas están en las mismas condiciones, todos pataleando hasta fin de mes, yo que pensé que
suizos de retorno iban a venir a trabajar aquí, pero es imposible.
Conozco un Argentino, también suizo de retorno, que ha terminado divorciado, ya que tenia
un trabajo de lavaplatos y antes el trabajaba de administrador de empresas, se ha divorciado y
su mujer se ha quedado aquí por los hijos, y así como ellos tengo muchos amigos que están
entrando en depresión. Y uno piensa que esta situación está acabando con la gente.
Es difícil hablar estas cosas en francés, es difícil decir exactamente lo que uno quiere decir, si
no hablo perfectamente francés, opciones de conversar no hay.
En una de la entrevistas con mi consejero, yo le pedí que me ayudara a entrar a la Migros, y él
me dijo que no era para mí, era para gente más joven, me dijo que trabajo de limpieza podía
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encontrarme inmediatamente, le dije que no había hecho 5 años de universidad para
dedicarme ahora a limpiar, que ya tenía mi casa para eso. El me dijo que posteriormente yo
iba tener que bajar la cabeza y hacer la limpieza, porque no te va a quedar otra, porque tú no
tienes futuro, y eso que él me hablaba como amigo, yo creo que ha sido el que me ha hecho
revelarme, no es que tenga vergüenza de hacerlo, sino que no me da la gana, el me ha dicho
que no tenia opciones aquí.
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ENTRETIENT N° 6: MARIA
Fecha de llegada: 2003
Fecha de nacimiento: 1958
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
He llegado a Suiza el año 2003 con mi familia, a los seis meses conseguí trabajo de limpieza
y actualmente sigo ahí pero al 50%, he buscado otras cosas , he tratado que la empresa me
contrate 100% pero nunca tuve suerte, he hecho otros lados también de limpieza.
Actualmente tuve la suerte de conseguir un trabajo en la mañana en el aeropuerto, mande mi
CV y me contrataron, de esa menara estoy trabajando hace seis meses en el aeropuerto al
100%. Porque en una empresa de limpieza, es muy difícil que te contraten al 100 %, hay que
tener mucha suerte o también muñeca.
El trabajo que hago ahora sinceramente me gusta mucho, no me puedo quejar, he tenido
mucho trabajo en la misma empresa que estoy hace 8 años, pero iba decayendo y esperando
que me den más cosas.
Que hacía en Argentina?
Yo tuve suerte, como mi esposo trabajaba en un Banco, yo me dedicaba a los chicos, y recién
empecé a trabajar cuando el dejo el Banco. Pusimos un negocio y empecé a trabajar con él y
las cosas fueron más o menos y por eso decidimos venir a Suiza y comenzar todo de nuevo.
Sinceramente pienso que las cosas, mal no nos está yendo, hay que luchar como todo el
mundo, ha sido un buen año, pero hay que seguir adelante.
Cómo encontró empleo?
A través de una Agencia, me anoté, y el mismo día me llamaron, empecé a trabajar 2 horas de
6 a 8, y en la misma semana me ofrecieron si quería trabajar de 4 a 8, un 50 %, yo dije que si.
El trabajo me gustaba, y me interesaba conocer todo el lugar, había colegas que yo
reemplazaba también, estuve 7 meses, 8 meses y trabajaba más del 50%.
Cómo está su francés?
El francés es muy difícil para mí, yo fui por el Hospice dos meses a la escuela, pero como
conseguí trabajo inmediatamente, dejé el francés, no hablo casi nada, pero si lo entiendo,
también fui 1 mes a la escuela de la Migros, pero en mi trabajo casi todas eran portuguesas y
no se hablaba nada de francés. Ahora en el aeropuerto tengo que hablar el idioma y me estoy
esforzando por hablar francés, ya que es totalmente diferente, me hago entender, pero te
obligan a hablar francés, ahí me sirve mucho, para mí.
Le gustaría hacer otra cosa?
No, porque no me molesta, no me siento incomoda haciendo este trabajo, es un trabajo de
limpieza pero no es sacrificado, el horario es muy cómodo, pero el ambiente es bueno, pasan
rápido las horas, donde estoy yo, hubiera estado 100% uno por el ambiente y otro por el
trabajo.
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Ha estado en el chômage alguna vez?
Nunca, porque cuando yo estaba trabajando 50%, a los 9 o 10 meses, fui al chômage y me
faltaban 2 o 3 meses, y como yo estaba al 50%, el chômage no me aceptó, tiene que ser al
100%, , entonces vi el anuncio en el periódico, presenté mis papeles e inmediatamente me
llamaron para un entrevista y empecé a trabajar.
Cuánto tiempo le dio cursos de francés el Hospicio general?
Dos meses, los cursos normalmente duran dos meses, después como estudiante o por
necesidad, te pueden dar dos meses más, según como rinde uno.
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ENTRETIEN N° 7: PEDRO
Fecha de llegada: 20.01.2008
Fecha de nacimiento: 1966
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Llegamos el 20 de enero 2008, al día siguiente fuimos a la OCE, a nosotros nos facilito todo
el hecho de que mi cuñada vivía acá hace seis años, entonces obviamente nos facilito mucho
el trámite de papeles.
Primero avisamos que llegamos, mi mujer es originaria del cantón de Ginebra, mi mujer y mis
2 hijos venían con papeles suizos, a mi me dieron el permiso de residencia, es decir el
permiso B, durante esa semana hicimos todos los tramites.
Como mi mujer había aportado en Argentina a la caja de jubilaciones, entonces tenía derecho
al chômage, pero empezamos básicamente con el Hospice. Empezamos los trámites y
vivíamos con mi cuñada.
Nos asignaron una asesora que nos ayudaba en todo lo económico, al ver las condiciones,
pero nos asesoro bastante mal, pienso que se quería deshacer de nosotros, nos dijo que no
teníamos derecho a buscar HLM, etc., que buscáramos cualquier cosa.
Después empecé a buscar trabajo, vivienda conseguimos a los 2 meses, y eso fue un alivio
para todos, no es el ideal de departamento, pero es difícil encontrar otra cosa.
Buscamos ayuda en cuanto a cursos, sobre todo yo que no tenía el idioma, con mis hijos no
hubo problema, los inscribimos inmediatamente a la escuela:
Me dieron un curso de francés por 3 meses , y después no me dieron mas, ellos no te dan más
cursos sino hasta el nivel siguiente con el que entras al país, como yo llegue en nivel 0, ellos
me dieron hasta el nivel 1, y se acabo, pienso que es una política del gobierno que han tomado
últimamente.
Es un poco compleja la infraestructura del gobierno, en cuanto a la cantidad de oficinas,
instituciones que hay, mucha burocracia, que el que llega sin saber nada, no sabe a dónde ir.
Pero en definitiva es para el bien de uno mismo, pero hay muchas cosas que ellos no te dicen
que uno puede hacer, y por la ignorancia, por no saber sus derechos, sus obligaciones
perdemos oportunidades. Yo de hecho hubiera pedido continuidad de cursos de francés.
Después de 3 años yo pregunte, como es el tema del cheque de formación, y en definitiva yo
tenía derecho a ese cheque, y hoy en día estoy haciendo un curso de francés, gracias a ese
cheque, que si yo no preguntaba (insisto), no hubiera sabido.
Yo sabía que existía ese cheque, pero no sabía si me correspondía a mí, me entere en una
reunión con el Hospice, y pregunte si tenía derecho, me dijeron que tenía que vivir en Ginebra
un año. Pero si no preguntas, no te enteras. Ahora también es muy limitado, ya que hay
cursos que cuestan muy caro.
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Todavía dependemos del estado, a mi mujer está trabajando con un empleo de solidarité, y
tiene un contrato ilimitado, el Estado no la obliga, pero la incitan a que siga buscando otro
trabajo, el problema es como es el estado que cubre una gran parte, y el empleador paga muy
poco, el problema es que ella no tiene un aumento salarial, y uno tiene ambiciones.
El problema es que como yo llegue como pareja de una Suiza , tenía permiso B, yo podía
tramitar mi nacionalidad en Argentina ya que estoy casado hace 15 años, pero no lo hice, acá
estaba con el limbo, me dieron ese curso, pero después no tenía otra ayudas mas, yo no recibo
ayuda. Yo recibo ayuda indirectamente por ser integrante de un grupo familiar que recibe
ayuda, pero yo cuando llegue acá no era suizo y cuando recibí la nacionalidad suiza, no
llegue a aportar un año de impuestos, entonces para el Estado tengo obligaciones, pero no
derechos.
Dónde trabajaba en la Argentina?
En Argentina… me dedique básicamente al Marketing, comunicaciones, relaciones públicas,
específicamente la comunicación los últimos años. En una Agencia de publicidad.
Mis estudios y mi profesión es marketing, asesoría, relaciones públicas y comunicación.
Es una ventaja ya que el marketing es universal, y cuando se estudia es global, es una ventaja,
pero al mismo tiempo es una desventaja, ya que la competencia es fuerte, hay mucha gente
que está preparada como yo, pero los jóvenes salen mejor preparados , de lo que salí yo en
Uruguay, además hablan varios idiomas.
Ha tratado de hacer la homologación de su titulo?
Es muy difícil, los planes son muy diferentes y las carreras distintas, es como estudiar otra
cosa, está muy segmentado hoy día, en los papeles es muy difícil argumentar la capacitación,
no todo es compatible. Aparte es una carrera más profesional, lo que yo valoro hoy en día no
es un diploma, sino la experiencia.
Cuáles son las dificultades que usted ha tenido para encontrar empleo?
Varios, y puedo caer en la trampa de decir, que acá no se dan cuenta de toda la experiencia
que traemos. Lo que traemos de Latinoamérica es muchas ganas de trabajar, venimos muy
preparados en cuanto a experiencia y cultura general, pero es muy difícil demostrarlo, y
aparte los latinoamericanos somos extranjeros y estamos un escalón más abajo que los
suizos, según ellos., que en algunos aspectos pueden ser verdad y en otros no.
Entonces eso es, primero tratar de identificar lo que tienen en mente los suizos , no tanto los
suizos, sino los que están en cargos de decisión, que en su mayoría no son suizos, pero han
adoptado la cultura suiza, siendo eso peor, El Extranjero cuando toma la cultura suiza es
mucho más perverso que el propio suizo mismo. Incluso los latinoamericanos que han
adoptado la cultura suiza, te diría que hasta en ciertos aspectos son un poco “neonazis”, quizá
por sus propios orígenes, básicamente eso.
Y por otro lado la edad que es complicada, yo tengo más de 40 años, y compito con jóvenes
que salen más preparados, que han estudiado acá, tienen mucho más cultura, o sea la cultura
que se busca para acá, no tengo el idioma perfectamente hablado como ellos, si tengo la base
en 3 idiomas, español, inglés y francés, pero no como los jóvenes acá, y básicamente es eso,
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poder llegar a convencer a alguien, y también la crisis, y aparte la instancia de llegar a una
persona que te de una entrevista es muy difícil.
Entonces yo veo varios aspectos el primero es el prejuicio, después es una realidad la
preparación y competencia, con otros que tienen más preparación, después la coyuntura que
es difícil conseguir empleo porque las empresas rechazan, aun teniendo el trabajo.
Mi punto de vista personal es que pretendo por lo menos utilizar mi experiencia por lo menos
en el entorno de lo que yo hacía, entonces si yo realmente quisiera podría empezar de cero,
hasta lo podría conseguir, pero en un principio hasta que la necesidad no me pase por .arriba,
pretendo un cierto nivel de exigencia, basado un poco en mi edad, en mi experiencia y en
todos los antecedentes que tengo.
Como te decía, hay mucha más gente preparada que yo, pero también hay gente que está igual
o peor que yo que han conseguido ciertos trabajos, entonces me he llegado a decir porque yo
no, y también para cerrar el círculo de la dificultad de encontrar trabajo, otro punto es el
desconocimiento del mercado, porque acá hay una puerta impresionante del marcado, pero es
muy difícil centralizarte y cruzarte con la demanda del trabajo en el momento indicado,
entonces hay varios aspectos.
Uno siempre viene con la expectativa de trabajar con lo que uno conoce, en ese entorno para
arriba, el día que la necesidad nos apriete, si abriré mi horizonte hacia otras tareas, no tendría
problema, pero sería empezar de cero otra vez, y ya no tengo la edad.
Cómo busca empleo?
Básicamente por Internet y por contactos, en Uruguay uno se conoce con casi todos y hasta
se puede llegar al presidente de la republica por amigos, acá es diferente, acá tienes que abrir
los distintos círculos sociales y los círculos primero se te tienen que abrir a ti para que tu
entres, y poder escuchar lo que se habla, esto lo he aprendido en los últimos meses, a fuerza
de golpes, y entonces hemos empezado a abrir círculos con la política, en el colegio,
comisión de padres. Hemos empezado abrir un espectro de amistades y conocidos, eso te
trae mucho más conocimiento del mercado y es invaluable. Una vez que te enteras de algo, es
porque a alguien le interesa que uno participe en el trabajo, después si uno puede llegar o no
eso depende de uno , una vez que te abren la puerta es importante, en todo el mundo pasa lo
mismo, las relaciones, el “pistonear” funciona,
Por otro lado buscar trabajo en Internet es muy perverso, ya que llegan curriculums de todas
partes del mundo, y por otro lado hay muchas empresas que están obligadas a publicar
trabajos que ya están dados antes, entonces uno se ilusiona con algo que es irreal. Es muy
importante la recomendaciones, también llamo muchas veces por teléfono en la medida que el
puesto corresponde a mi perfil, pero hay muchas organizaciones que se toman mucho tiempo
en tomar una decisión, son impersonales donde gran parte de la veces uno termina
olvidándose donde postuló.
Yo he aprendido que las agencias de empleo son un cáncer, ya que juegan con la gente, así
que en general no lo utilizo. Lo principal es hacerse un círculo, y tener paciencia.
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Porqué vinieron aquí?
Hay varios motivos, el principal es que de 4 personas que integran la familia, 3 son suizos y
yo podía serlo, entonces teníamos que intentarlo, tener los papeles suizos y no intentarlo era
muy malo, podemos rebotar contra la pared pero lo hemos hecho y no el día de mañana decir
cómo nos hubiera ido si nos hubiéramos ido a Suiza?
Y por otro lado la seguridad y la falta de perspectiva que hay en Uruguay, más que problemas
económicos, el problema de mentalidad. Entonces si nos venimos fue sobre todo por los
niños, sabemos que acá ellos tienen un futuro. Nosotros también tenemos un presente, porque
si yo tuviera esta realidad en Uruguay, no podría estar viviendo, de hecho yo lo pase, yo me
quede sin trabajo y sufrí muchísimo, sufrí más que acá estando sin trabajo.
Yo sabía que el nivel de vida me iba a costar mucho adaptarme, y me está costando,
socialmente no, pero laboralmente sí, pero poniendo los pros y contra, yo sabía que en Suiza
teníamos mucho más para ganar que perder, sobre todo por los niños, ya que nosotros estamos
ya en la vuelta de la vida, y para ellos es fundamental, uno cuando tiene hijos, vive la vida de
ellos.
El que emigra, casi siempre es por lo hijos, acá les damos mucho mas a nuestros hijos, que lo
que les podríamos dar allá.
Suiza es un país muy solidario, estoy muy agradecido, y quiero empezar a devolver a Suiza lo
que me ha dado.
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ENTRETIEN N° 8: ROSA
Fecha de llegada: 2.11.2003
Fecha de nacimiento: 01.02. 1966
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Voy a cumplir 46 años y llegué a Ginebra el 2 de noviembre 2003 con mis tres hijos y mi
esposo.
Llegue aquí con mi esposo que es suizo, lastimosamente yo no tenía el pasaporte suizo, por
eso no tuve derecho al chômage, pero tuve derecho a 1 año de cursos de francés, que para mi
fue una ventaja para mí, pero desgraciadamente no pude encontrar un trabajo porque no pude
perfeccionar el francés.
He trabajado un año en limpieza, declarado, y después al año me dedique a cuidar niños en
mi casa. Al no llegar como suiza no tuve derecho al chômage, tuve durante dos años el
permiso B y después la nacionalidad.
Trabajé a los dos años de llegar acá, con mi permiso B, en limpieza, pero lo dejé porque era
muy duro.
Después de haber trabajado un año, no tenía derecho al chômage?
No, no me han dado nada de eso, nunca fui a pedir.
Durante ese periodo de trabajo, usted lo declaraba?
Fue declarado pero lamentablemente estábamos en el Hospice, y si yo me inscribía al
chômage, ellos se hubieran enterado, y hubiera perdido la ayuda del Hospice, fue por eso que
no avise.
Hasta el día de hoy continuo con el Hospicio, en realidad ya no toda mi familia, ya que dos de
mis hijas son mayores de edad, entonces ahora solo somos 3 que recibimos la ayuda del
RMCAS.
Después solo me he dedicado a cuidar bebes. Cuando estuve en el chômage realice mis
búsquedas de empleo, pero solo ese año cuando me dieron los cursos de francés, actualmente
no tengo ningún contacto con el chômage.
Mi búsqueda de empleo la realizaba como Secretaria contable, ya que trabajaba como
secretaria contable en Bolivia, después me case y deje de trabajar.
Está buscando un empleo?
Si, por las noche tenía un trabajo de limpieza que era declarado, trabajaba 3 horas en la noche
y en el día cuidando bebes. El trabajo de limpieza lo encontré gracias a mi hija, ella trabaja en
la empresa en la parte de contabilidad.
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Cuando estuvo en el chômage, pidió alguna formación?
Sí, yo pedí una formación de Peluquera, pero no me aceptaron, ya que no tenía un titulo en
Bolivia, entonces me dijeron que iba a ser muy largo y además no tenía derecho. Lo que me
molesta es que yo conozco una persona más joven que yo, en las mismas condiciones, que
pidió una formación en estética y se la dieron. Su formación duró un año y medio.
Yo tengo mucha experiencia en peluquería, hasta ahora yo corto a bastante gente.
Cómo encontró sus diversos trabajos?
Primero a través de una amiga y ahora de mi hija, primero fue un reemplazo, les gusto mi
trabajo y me dieron varias temporadas de remplazo. Los trabajos con niños a través del
periódico y también de amistades, por algunas amigas.
Qué dificultades encontró a la hora de buscar empleo?
Mi edad, el francés… y la falta de experiencia en Suiza. Básicamente eso…
Qué hacía en Bolivia?
Fui secretaria algunos años, porque hice un certificado e secretariado y después, cuando
nacieron mis hijos ama de casa.
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ENTRETIEN N°9: ANA
Fecha de llegada: 2002
Fecha de nacimiento: 1966
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Cuando llegué, tuve el permiso de trabajo rápidamente porque yo había hecho la visa de
trabajo en la Argentina. , así que a la semana yo tenía permiso con la visa. Inmediatamente
hice los papeles de nacionalización porque ya tenía seis años de casada.
Lo primero que hice fue ir al chômage para anotarme para los cursos de francés, porque me
di cuenta que era primordial el tema de la lengua, era fundamental, lo mismo con inglés, uno
se puede desenvolver, pero es necesario el francés.
Yo trabajaba como secretaria de un tribunal de faltas hasta que me vine, y había trabajado en
el ministerio de Educación en liquidación de sueldos, yo soy abogada.
Me dieron 2 años de cursos, no tuve ningún problema, mi último curso fue con una profesora
particular que me dio el chômage, después me dieron dos cursos más de francés en la IFAGE
y pude dar el examen en la Alianza francesa.
El tema del trabajo me pareció un poco complicado, el hecho de no haber trabajado acá antes,
me inscribí a un servicio del chômage que es para reinserción profesional, me enviaron a este
lugar donde entregué mi CV, y al tiempo me contactaron, en la Ville de Genève, haciendo lo
mismo, liquido sueldos, esta institución del chômage ya no existe más.
Pasé el entretien y me contrataron, primero un año de prueba y después fijo.
Me embaracé y ya no buscaba trabajo con el mismo ímpetu.
Ha hecho la homologación de su título?
No tuve necesidad de hacer ninguna equivalencia, porque el trabajo que hago no es de
abogado es de salarios.
Hace cuánto tiempo?
Yo empecé trabajar en junio 2005, yo llegue en noviembre 2002 à Genève, quedé embarazada
de mi 2do. hijo el 2do. Año, yo no tenía indemnizaciones del chômage, solo tenía cursos de
francés.
Cómo buscas empleo?
Antes de encontrar este trabajo, yo me dispersaba, había un montón de cosas que no
correspondían a mi perfil laboral, buscaba la misma dinámica de trabajo que el de la Villa de
Genève, buscaba en las agencias de empleo, pero nunca tuve suerte.
Así que no había tenido ninguna entrevista de trabajo, hasta que encontré aquí, después paso
el año y mi objetivo no era entrar al chômage, no me interesaba, hice todo lo posible para
demostrar lo que sabía, no falté ni un día, la responsabilidad, etc.
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Según tú, cuáles son los factores que permitieron que fueras contratada después del año
de pasantía?
Después que paso el año, mi objetivo no era entrar al chômage, pero me interesaba quedarme
en este trabajo , hice todo lo posible para demostrar lo que sabía, no falte ni un día, la
responsabilidad, aprendí el trabajo rápidamente, fui metódica, etc. y mostrar que no era
trabajar un año y después ir al chômage.
El tema de no caer en el chômage, con el tema que no quería estar angustiada, vi montón de
gente llenando las búsquedas de empleo sólo por satisfacer al chômage, yo dije tengo que salir
de esto, no rendir cuentas de mi trabajo a nadie, no obstante yo creo que nadie está exento de
caer en el chômage, porque es un año o año y medio, y es una prestación excelente donde
uno puede reevaluar su vida si tiene un problema profesional.
Cuál fue el rol del estado en el tu proceso de inserción profesional?
Yo diría que el estado me ha ayudado acá, realmente yo sentí que estaba apoyada, yo mande
mis papeles, ellos fueron objetivos, me preguntaron si me interesaba el trabajo y yo les dije
que sí, el rol del estado acá es impresionante.
Hay otra realidad que yo veo, yo vine con 37 años, no es lo mismo que tener 20, yo venía
realmente con 20 años de trabajo, estoy muy contenta con mi trabajo, no me siento totalmente
realizada, si pudiera elegir, yo haría otra cosa, estar en un tribunal, pero jamás me hicieron
sentir que no era de acá, así que me siento bien.
Estas contenta con tu trabajo?
Estoy muy contenta con mi trabajo, no me siento totalmente realizada, si pudiera elegir, yo
haría otra cosa, estar en un tribunal, nunca me hicieron sentir que no era de acá, así que me
siento bien.
Por qué no existe más esta oficina de inserción?
Ese sistema de acción de reinserción ha desaparecido porque tenía una partida presupuestaria,
y el sueldo lo pagaba el chômage el primer año, uno era empleado del chômage y no tienen
más partida presupuestaria.
Cuando yo entré a trabajar era un servicio del chômage donde las entidades públicas o
privadas podían pedir gente y ellos mandaban, la función que hago es la misma que cuando
entre.
Qué crees que podría facilitar el acceso al empleo?
Creo que como extranjera, pienso que se abren las puertas a personas de otros países, y que
los adentro no tienen trabajo, pienso que se debería cerrar la puerta para los de afuera.
Hay que dar la comida a los nuestros y después a los de afuera, en cierta manera me siento
suiza, y me siento con un poco de derecho para decir que la caridad empieza por casa.
Hay muchísima gente que yo conozco que está en el chômage y no encuentra trabajo.
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ENTREVISTA 10: DAVID
Fecha de llegada: 2004
Fecha de nacimiento: 1954
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Llegas acá con la idea con la idea de penetrar rápidamente al mundo laboral, pero te vez
frenado en diferentes aspectos, primero por los consejeros de la Oficina Cantonal de
placement, por el gran abismo que existe del lenguaje, nadie te informa nada, es una
desinformación total, después de mucho tiempo te vienes a enterar que los consejeros que te
entrevistaron al principio, no son realmente profesionales en el área social, como debería ser
normalmente, sino son gente colocada políticamente, y te tocas con discriminación y
chauvinismo ridículo contra los latinoamericanos , existe la mala creencia, el prejuicio contra
los latinos.
Eso yo lo he visto y comprobado, y no solo en mí caso sino con amigos, por ejemplo un
peruano con diferentes rasgos a los de ellos y te discriminan, eso cae en el racismo.
Por otro lado en las sesiones de información de entrada te dicen que eso no es una universidad
que no vas ahí para darte una formación, sino para ayudarte a encontrar un empleo, que te
ayuden a insertarte en el mercado laboral. Independiente si uno tiene falencias o deficiencias
orientadas hacia tu profesión, como por ejemplo la lengua, si te dan unos meses de curso,
pero si uno pretende capacitarse, no se puede, además que ellos pretenden que la gente pase
rápido por ahí, dejando todo el trabajo a Mesuras Cantonales y al Hospice général para el
asunto de remuneración.
Después de vivir 6 años acá, te das cuenta de cómo funciona, porque esta historia de la
contraprestación, porque el Gobierno en vez de perder plata, gana mucha plata con la gente
que está en el desempleo.
Te obligan a prestar una contraprestación en las oficinas cantonales, que son del estado.
Tienes el ejemplo de la Oficina Cantonal de la Populación, que yo te aseguro que más del
60% de la gente que trabaja ahí, gana menos que el mínimo, porque menos que el mínimo,
porque teóricamente te pagan el 80 % de tu último sueldo. En el caso de los extranjeros que
llegan que son profesionales, igual les pagan el mínimo que son 3.300 francos bruto y llegan
a recibir unos 2.700 más o menos cada mes, eso es lo que reciben todos los profesionales que
vienen por primera vez En el caso de los que trabajan 1 o 2 años acá, se pueden inscribir al
chômage y les pagan el 80% de lo que estaban ganando, o sea que si un profesional ha estado
ganando entre 4,000 o 5,000, el cálculo es el 80 %.
Sociólogos, Psicólogos, Analistas de mercado, todos vienen a parar a estas oficinas
cantonales y les pagan el 80%, con lo cual tienen que vivir toda su familia., y no tienen
ninguna posibilidad de progresar porque no los van a recontratar.
Yo tengo un amigo que es abogado y lo han contratado en la Oficina de Porsuites, una vez
con el sueldo del chômage que era 2.700, y una segunda vez después de hacer muchas
gestiones, porque salió un tiempo del país y volvió a entrar, a la segunda instancia que entro
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al chômage, tuvo menos sueldo que la primera vez y lo están obligando a trabajar en la
Oficina de Impuestos.
El es un abogado podría desarrollarse aquí, integrarse. Mi primera pregunta fue porque no
había hecho el trámite de validación de titulo en CRUS, que yo también intente hacerlo,
simplemente sabes porque, la compatibilidad de la carrera aquí en Suiza es completamente
diferente a lo que se estudia en derecho allá. Entonces él para poder validar su titulo, le pidió
al chômage de estudiar un año en la Universidad, pero no se lo aceptaron, porque ellos no te
pagan para que entres a estudiar sino para que tu busques empleo, y como no encuentras
empleo por los factores que todos conocemos; el idioma, la edad, presencia personal, por
ultimo tu experiencia, que si bien puedes tener muchos años de experiencia en tu campo, acá
no sirve, porque tu no estás empapado del asunto logístico.
Hay carreras específicas, sobre todo en Ingeniería, en leyes, en sociología, que es
completamente diferente. El campo operaciónal que tiene la carrera es otro no es lo mismo
que acá.
Un ingeniero civil acá tiene que saber planchar las paredes con yeso, allá no ha hecho nunca,
sabe en teoría, allá supervisa a otro para que lo haga, acá no es el mismo que lo hace, el tiene
que hacerlo. Un ingeniero de edificios, como allá seria un constructor civil, tiene que aprender
a pegar los mosaicos al piso, tiene que hacerlo él personalmente, entonces mal podría un
constructor civil o un Ingeniero civil venir de allá aunque tenga años de experiencia. Venir de
Latinoamérica y pretender entrar al mercado laboral al mismo nivel que los Ingenieros Suizos
no lo va conseguir, excepto si tuviera muchos amigos en el sector de la Empresa privada, que
lo contratarían como chofer, como es el caso de muchos ingenieros que trabajan aquí en
empresas constructoras.
La discriminación del profesional, la desinformación que existe, en que puertas, teclas que
mecanismos tienes tú que presionar para llegar a tener el mismo o el equivalente rango que
tenias en tu país.
Finalmente eso se convierte en una valla, te conformas, si te dan un trabajo de chofer lo
tomas, un trabajo de limpieza también, finalmente te agarras del trabajo que sea.
La mayoría tratando de engañar al chômage, porque es así, tener un trabajo a la negra y que te
pague el chômage por un lado y uno tener un trabajo, aunque sea poquito, sumas los 2 y haces
un tremendo sueldo que te da para vivir. Y debido a eso es que el gobierno al descubrir ese
gran porcentaje de gente sin empleo que tiene un doble trabajo.
Si esas personas trabajan en el mercado a la negra, es una fuga de capitales que tiene el
gobierno, entonces ha optado por hacerla cosa al revés, los canaliza y los enfoca acá y los
mete a trabajar al 80% y menos del 80% donde ellos quieran.
Las Oficinas
gubernamentales tienen gran deficiencia en gente que colabore, no en
profesionales, ya que los profesionales son pagados por ellos, a los sueldos normales de
acuerdo a sus categorías. Y los meten hacer trabajos que no van hacer ellos como atender la
puerta en la Oficina Cantonal de Populación por ejemplo, no eso lo hace un tipo que esta con
el seguro de desempleo y puede estar un año ahí y después traen otro a otro.
De esa forma el gobierno ha controlado la fuga de capital, esas personas ya no pueden trabajar
a la negra, hacer trabajos de limpieza, de chofer, medio tiempo, distribución. Casi toda la
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gente que yo conozco han hecho trabajos de livraison, se consiguen un auto y trabajan a la
negra, entonces para evitar eso es que los tienen ocupados.
Ahora dime, de que integración profesional estamos hablando, esa gente jamás va ha llegar a
integrarse, siempre hay excepciones, hay gente, muy poca, que ha tenido la suerte de
escaparse de ese sistema entre comillas corrupto, se escapa y logra ingresar al verdadero
mercado laboral suizo, cuando logras entrar al mercado laboral suizo, lo haces perfecto.
Por otro lado yo tengo un amigo, que como su mujer tenia chômage, el aprovecho esos dos,
tres o cuatro años exclusivamente para formarse, resultado de eso trabaja en un banco con
un excelente sueldo que es totalmente compatible con el verdadero mercado suizo y que
puede ganar 9.000 francos por mes y eso es poco y el está inmerso ya en ese sistema.
El demuestra, lo que yo digo que está faltando que es la Formación, no hay formación para la
gente que viene de Latinoamérica, para la gente mayor. Ahora la gente joven tiene todas las
posibilidades del mundo, porque hay mecanismos y puertas que si se pueden tocar para
formarse.
Si tú te fijas las necesidades de la gente joven, son menores que de la gente vieja, la gente
vieja de una u otra manera está obligada a mantener una casa, un departamento y no un
cuartito como hace la gente ilegal o joven, las necesidades que se crean la gente mayor son
mucho más grandes, entonces el ingreso que te da el RMCAS, o el chômage, son escasos,
reducidos, y esta la traba que si te dedicas a formar a estudiar, no puedes estar en el chômage.
Que hacía antes de venir a Suiza?
Yo tenía una empresa de computadoras, ensamblaba y armaba computadora... Yo he ido aquí
a una gran empresa que ensambla compradoras, yo dije: “aquì envìo mi curriculum me
presento hablar y tengo trabajo” he enviado 2, 3 veces mi curriculum las 3 veces negativo.
Hasta que un día fui a comprar dos computadoras para un cliente, y hablé y les dije que yo
trabajaría encantado aquí, más de 8 horas, 12 o 15 horas, ya que me apasiona, es mi mundo.
El me dijo no creía, ya que todos los que trabajamos aquí estamos en el chômage, trabajamos
gratis aquí. O sea una empresa creada por el chômage que tiene la careta de Empresa
privada, que es una empresa satélite del chômage donde ocupa a todos los que son expertos
en informática por una año, y entran a Realise que es esta empresa, tu pretendes entrar a
trabajar a esta empresa y no puedes, tienes que estar en el chômage, hacer una
contraprestación. Entonces obviamente si ellos pueden vender una computadora en 250
francos, ya que la maño de obra es gratis para esa empresa porque al chômage no le interesa
perder plata en la venta de los productos.
Como funciona eso a nivel de sociedad, conexión con los asesores del chômage? yo no tengo
idea, pienso que hay corrupción, sino como te explicas que una empresa que es privada pueda
solamente emplear a gente que la manda el seguro de desempleo, es una interrogante que
tengo, quizás sea de otra forma la figura jurídica. Entonces el empleado me aconsejo que
hable con el director, que seguramente me mandaría al diablo, pero de una forma diplomática
y me diga espérese que entre al chômage y lo traemos para acá.
Yo para entrar al chômage tengo que haber trabajado uno o dos años en lo que sea, puede ser
limpieza, entrega de productos, etc. Entonces pienso que el que trata de integrarse a la larga
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termina haciendo trampa, porque si no hace trampa no se integra al mercado laboral reducido,
porque estar buscando un trabajo solamente por un año para entrar al chômage y recién ir
hacer una contraprestación para mi es una trampa, encontrar un trabajo que te guste, que te
apasione, y que tú quieras quedarte ahí, o tú quieras desarrollarte profesionalmente, no hay,
no existe, es una utopía.
Cuál ha sido su experiencia aquí?
Mi experiencia aquí, ha sido negativa, totalmente frustrante, súper negativa. Para empezar
cuando llegue yo no era suizo , yo me naturalice acá , la ley funciona diferente para mi ,
diferente porque el que no es suizo no tiene derecho al chômage por mas profesional que uno
sea, yo tenía permiso B y la opción de inscribirme al chômage, pero lo máximo que me dieron
fueron 3 o 4 meses de cursos de francés , que en algunos casos es más de lo que le dan a los
suizos de retorno del extranjero entonces es una diferencia interesante, que los que entran
con permiso b, los que no son suizos pero vienen casados con suizas , tienen más ventaja en
cuanto al aprendizaje de la lengua, que los que son realmente suizos .
Te dan más tiempo para estudiar, porque no tienes obligación, no te obligan con las leyes que
tiene que cumplir un suizo de retorno del extranjero.
Para hacer mi naturalización que entre paréntesis la podría haber hecho mucho antes, la
empecé hace acá y se demoro 2 años, una vez que tuve mi naturalización me volví a
reinscribir al chômage para gozar de los beneficios, entre comillas, pero tampoco me
correspondía porque no he trabajado, es lo mismo que tenga permiso B, primero tengo que
trabajar, es por eso que yo digo que es una trampa, si yo consigo trabajo con el único objetivo
de entrar al chômage. Mi interés no es ese, seria tener un trabajo para progresar y subir
profesionalmente, y no para quedarme ahí en la mediocridad, de tener que limpiar calles,
barres hospitales, etc.
Yo pienso que la gente que tiene Formación Académica, tiene derecho a una oportunidad, de
alguna forma. Me he enterado que hay una Asociación que se preocupa de las mujeres
profesionales que vienen de Latinoamérica, por lo menos para que te guíen y te den la gama
de información, que en la Oficina de desempleo no tienen por qué darte a conocer, sabes por
qué? porque ni siquiera los asesores saben eso, son unos simples administradores de gente,
simples administradores de números.
Son como los negreros portugueses que tiran 10 para acá, 10 para allá, 10 para este país, no
quiero comparar ni decir que hay esclavitud, sino lo que estoy diciendo es que son
administradores de personas.
Su experiencia profesional aquí?
No he tenido ninguna actividad laboral , máximo recoger a un niñito y traerlo a comer a mi
casa, imagínate cómo puedo realizarme profesionalmente , por las noches, doy clases de
francés a los ilegales en la Iglesia Católica, gratuitamente, que normalmente son
latinoamericanos, como benévolo hace 4 años, uno va ahí porque quiere.
En los cursos de francés que da el chômage yo le saque el jugo a la parte formación, más que
otras personas yo me metí con la gramática, entonces entendí bien y lo puedo transmitir.
Ahora los cursos que doy son a nivel básico, más avanzado no me atrevería a dar, es gente
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que no sabe decir buenos días o el numero de su teléfono o presentarse, por lo menos te
desarrolla la vocación de enseñar.
Este trabajo lo conseguí a través una inmigrante italiana, no éramos compatibles, ni siquiera
nos saludábamos, y una vez que charlamos me propuso, pero es un trabajo que no es un
trabajo, es un hobby.
Ahora yo continúo hacer dépanage de computadoras, ya que mapas no puedo hacer, ya que
mi profesión es Ingeniero Geomensor, ya que en Europa está todo hecho, donde un geodesta
no tiene nada más que hacer. Donde sí podría tal vez sería en la Universidad, poder transmitir
eso a las personas, pero es lamentable ya que se te va pasando el tiempo con tantas trabas
administrativas.
Yo he buscado trabajo por Internet, por el periódico nunca, ya que todos los anuncios están
otorgados, cuando mandas realmente tu curriculum a un trabajo que realmente te interesa,
normalmente se van a presentar 100 personas con las mismas capacidades que uno,
normalmente 50% va a tener más ventajas que uno, porque han sido formados acá, hablan 2 o
3 lenguas, tienen menos edad que uno. Entonces por cortesía te mandan una carta donde te
dicen que lamentablemente no has sido elegido, entonces eso te va frustrando cada vez más.
Inclusive con mi señora una vez nos hemos presentado en una empresa de limpieza, pero se
asustaron al ver nuestros carnets suizos, y no nos llamaron jamás.
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ENTRETIEN N° 11: HUGO
Fecha de llegada: 2002
Fecha de nacimiento: 1955
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Antes de venir a Suiza yo me presente a la embajada, donde me preguntaron por qué yo
quería venir a Suiza, les dije que era importador de camiones de Europa y presente todos mis
papeles y pasaportes donde yo había estado en Suiza, Suecia, y siempre todas las visas eran
de negocios y también me dieron una visa de negocios para venir acá. Pudiendo decirme que
al estar yo casado con una suiza, mi esposa y mis hijos eran suizos, que yo también tenía
derechos y podía haber solicitado mi nacionalidad. Pero nunca dijeron nada., así que me vine
como hombre de negocios.
Cuando llegue a Suiza el año 2002, con un invierno fuerte, yo esperaba en el aeropuerto a un
Suizo casado con una boliviana que tenía que recogerme y habíamos acordado que el me iba
a dar un estudio compartido con 4 personas y yo tenía que pagar CHF 250 .-.
Me encontré con la persona y me dijo que lo sentía mucho pero que no había el departamento
y que no tenia donde vivir, me dijo que me iba llevar a un hotel en Francia o si quería
quedarme aquí, todo dependía de mis economías, yo le dije que teníamos un trato y que yo
tenía los 250 fr. que habíamos quedado, yo me moleste mucho, ya que no tenia adonde ir,
hablo con su mujer, discutieron y me llevaron a su casa solo por esa noche. Realmente era
muy pequeño el departamento, un estudio. No me indicaron absolutamente nada, que yo podía
recibir desayuno gratis, ropa de vestir, ropa de invierno.
Se fueron de madrugada y volvieron en la noche, yo estaba con una fiebre terrible, y así tuve
que salir, no sabía qué hacer. Me dijeron que iba conocer una señora que trabaja en la Cruz
Roja que era boliviana, lleva alimentos y ropa a Bolivia, ella te va orientar.
Me quede fin de semana con ellos, fuimos a un local, donde vi. a mucha gente ilegal que tenía
ganas de divertirse y olvidarse de sus problemas.
Conocí a la presidenta de bolivianos, pero no logramos nada, pero por suerte conocí a la Sra.
de la Cruz Roja, cuando hablamos y le conté que mi mujer era Suiza, me dijo que con el
certificado de matrimonio yo podía arreglar mi situación.
Conocí a una Colombiana que me llevo a la Armé de Salud, donde se paga 15 francos cada
día y solo puedes estar 30 días, son unas cabañas, conocí a un pastor de la Cruz Roja que me
ayudo mucho y pagaron por mi durante 4 meses, me renovaban el contrato cada mes.
Nunca fui muy devoto, pero iba a la Iglesia todos los domingos, me daban casa y comida,
compartía mi cuatro con un alcohólico o un drogado, la policía siempre me traía una persona
a las 2 o 3 de la mañana.
La Armé de Salud me presentó un abogado , chileno que me hizo los primeros papeles en
Caritas, pidieron a la Confederación el registro de mi matrimonio, dijeron que tenía derechos
y podía traer a mi familia, Caritas hizo lo posible, para pagarles el pasaje pero no pudieron
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conseguir los fondos. Me sacaron de la Armé de Salud, me consiguieron donde vivir y me
dieron 500 francos.
Lo que ganaba trabajando se lo enviaba a mi familia y en navidad gané una rifa, era un
canastón lleno que la empresa que enviaba dinero le entregaron en Bolivia a mi mujer.
Mi asesora me dijo que busque un departamento hasta 1.000 francos, que no podía seguir
viviendo con drogadictos…Yo necesitaba el permiso de séjour, que es un trámite muy lento,
pero que después de mucho lo recibí y ahí pude trasladarme a un hotel, pero lamentablemente
como yo no conocía, me fui a un Hotel de prostitutas en Paquis, ahí si que no dormía nada.
Casualmente conocí a una amiga en Planpalais, yo siempre aðoraba a mi familia… ella era
Boliviana pero vivía muchos años aquí, ella me prestó su apoyo en todo sentido, me sentía
más útil, se llamaba Edith, ella me preguntó que dónde vivía y ella me ofreció por 800
francos una habitación en su casa, ella vivía con su hija en una casa de 7 piezas, me quedé en
su casa 1 mes,
Conocí a Rita que es Suiza de retorno, conocí también a su esposo e hijos, se portaron muy
bien, me explicaron mis derechos y me orientaron bastante. Hablé con mi asistente y se vino
mi familia, conseguimos un préstamo para los pasajes. El Hospice général pago el Hotel para
mi familia, y después vivimos otros 2 años en el Salève, y nos daban los cursos de francés y la
alimentación.
Mis hijos entraron al Colegio, y lógicamente les costó el cambio, para el menor que llegó a
los 9 años fue muy difícil, hasta ahora arrastramos las secuelas...
Quise también irme a Zúrich ya que es el Cantón de la familia de mi esposa, pero no tuve
ningún apoyo, ya que la familia de mi esposa no me ayudo.
El abogado Chileno que me ayudó a hacer los papeles, me dijo que yo podía entrar al
chômage, tener derecho a cursos de francés, a tener una vida normal, pagar mis impuestos,
etc.
Entonces me inscribí al chômage, yo quería integrarme, lamentablemente ellos no podían
pagarme, ya que no tenía derecho ya que yo debía haber trabajado un año en Suiza y me
dieron la formación del francés ya que para poder conseguir trabajo es fundamental hablar el
idioma. Tenía que cumplir con las hojas de búsqueda de empleo por mes, me sentía
presionado en cierta forma, pero viéndolo de otra manera era para mi futuro, por mi
integración, para mi desarrollo.
Yo he trabajado muchos años como chofer de flotas y vehículos grandes, y esa fue la primera
formación que pedí al chômage , me presenté al Servicio del Automóvil, presenté mi permiso
de conducir profesional , categoría C , de poids lourd, y me rechazaron, yo no me di cuenta,
pero firmé un compromiso donde decía que yo renunciaba a mi categoría C profesional, para
poder entrar al sistema de aprendizaje suizo y que pudieran darme un equivalente o un
examen, me dijeron que debería firmar para poder dar un examen , pero fue un error, no tenia
que firmar ese compromiso, me dijeron que tenía que presentarme en un año, cuando regresé
al año yo le dije que me sentía capacitado, ya que podía defenderme con el francés, me
dijeron que ahora yo tenía que entrar a una escuela y hacer la formación de pois-lourd, pero
eso es muy caro, me pedían como 6.000 francos en la escuela.
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La asistente social la cual es la misma desde que empecé, hasta el día de hoy, ahora ya es
viejita, siempre me cerró las puertas en todo sentido. Me decía Sr. Hurtado usted es
catastrófico, y me decía que no podían darme la formación, uno porque es muy caro y que no
les correspondía, que no podían pagar una formación de esta magnitud. Yo se que han tenido
formaciones mucho más caras, distintas, que han pagado. Toda mi vida he ido pidiéndole,
pidiéndole y nunca me ha aceptado. Después me dijo muy bien tráigame cotizaciones de
varias empresas y vamos a ver cuál es la más económica y vamos a pagar, cuando lleve 4
cotizaciones, me dijo que lo sentía mucho, pero no podían pagar. Entonces me rechazaron
continuamente.
Trabajé el año 2006 , el único y formalmente en Suiza , como chofer, librador y montador de
muebles de oficina, conducía pequeños camiones, trabajé con la Aduana, demostré que tenia
conocimiento de de trámites aduaneros, y eso me hacía sentir bien , la empresa se llamaba
Forme y Fonction, al finalizar al año quede muy mal de la espalda y termine en la Clínica, los
muebles eran muy pesados, que al final tuve que renunciar a ese trabajo, porque no podía
continuar, era demasiado duro.
Ese trabajo lo conseguí porque había una empresa que busca albañiles, obreros, etc., y ellos
te consiguen trabajo y te cobran una comisión, se llama Interiman, me llevaron allá por
experiencia en montar muebles, conductor, y quedaron muy satisfechos con mi trabajo que
llamaron a Interiman y dijeron que yo les interesaba, que tenía muy buenas referencias y no
querían perderme, yo ganaba muy bien, ganaba hasta 7.000 francos, mi contrato era por
4.500, pero como teníamos horas suplementarias , ya que siempre estaba dispuesto. Esta
empresa instalaba todos los muebles a diferentes empresas, a Naciones Unidas, la Embajada,
trabajábamos muy bien, pero al final tuve que retirarme.
Después entre al chômage a por primera vez, ya que cumplía un año de trabajar en Suiza, que
ellos me dan el 80% de mi último salario, estuve un año y medio en el chômage tratando de
buscar algo, de integrarme en mi actividad, pero tampoco podían ayudarme, me propusieron
que si tenía un contrato de trabajo ellos podían pagar la formación de 6.000, 8.000 lo que sea.
Mande a muchas empresas mis papeles, una persona con mucha experiencia en camiones,
podía trabajar gratuitamente hasta que vean mi capacidad , me ofrecí gratuitamente a trabajar,
porque tenía un salario del 80% del chômage, y podía darme ese lujo de trabajar
gratuitamente uno o dos meses., pero ni así me aceptaron, siempre me pedían el brevet.
Entonces me ofrecieron un Empleo de Solidarité, ya que el chômage está formando gente
para esos trabajos, donde ellos pagan el 50% de su salario y el chômage el otro 50%. .
Actualmente estoy trabajando en Partage, como chofer librador, con un sueldo realmente
muy bajo .ahora estoy entrando al tercer. año de trabajo en la empresa.
Bueno, sigo acá, no puedo hacer mi formación, estoy más viejo, se me van los años, la gente
no me recibe, no me dicen directamente pero yo me doy cuenta, porque las empresas tienen
que pagar las prestaciones que son muy elevadas con relación a un joven, entonces
obviamente ellos buscan sus intereses.
Mi brevete lo estoy prácticamente posponiendo, dejándolo de una lado y hay muchas cosas
que uno piensa, retornar al país, pero que haces allá, no tienes un futuro, no tienes aportes, acá
por lo menos tienes una retraite mas civilizada, y al menos no te morirás de hambre, En mi
país la situación está muy mala, y no podría volver a empezar, no puedo mirar atrás.
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En la empresa Partage, que es una asociación de Alimentos, que recupera alimentos de
Aligro, la COOP, Migros, etc, y distribuye a gente que no tiene que comer, es una obra muy
interesante, pero vuelvo a estar con gente que cuando yo había llegado, y llevo la comida a
lugares donde yo he comido cuando llegue.. Empecé a trabajar el 2008 y aun continuo con el
mismo sistema de empleo de Solidarité, pero lamentablemente tuve una reunión la semana
pasada y me dijeron que no podía continuar, y que tenía que buscar otro trabajo, ya que ellos
trabajan con el chômage y hay otra gente que tiene que reinsertarse, me dijeron que como
podía vivir con un sueldo tan bajo, y realmente estoy con ayuda social porque no me da.
Para hacer el brevet actualmente necesito 11.000 francos, Partage me ha dado cursos de
francés, he sido formado como “Carista”, una formación de 3.500 francos que han pagado a
todos los empleados.
Una vez he mandado una carta a Ikea cuando vivía en el Salève, porque para ellos hay
prioridad para la gente que habita el quartier, he recibido recién una carta invitándome a
presentarme, inmediatamente he enviado mis papeles y me pedían el brevete de “carista”, y
le dije que no tenia, también lo sintieron.
Mi asesora del chômage, María Pia France fue la persona que me envió al trabajo de
transporte, ella me dijo si lo aceptaba o no, no era su problema, porque yo ya no tendría más
chômage y me quedaría en la calle. Para mí era interesante así que lo acepté.
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ENTRETIEN N° 12: FANY
Fecha de llegada: 2004
Fecha de nacimiento: marzo, 1960
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Cuando yo llegué a Ginebra el año 2004, yo venía con muchas esperanzas de establecerme y
encontrar un buen trabajo.
Dónde trabajaba en Bolivia?
En Bolivia, yo trabajé en una ONG durante 21 años como Administradora y encargada de
Proyectos. También remplace la gerencia durante varios periodos, también realicé la
planificación financiera, la gestión de fondos y la preparación de informes financieros por
muchos proyectos financiados por la cooperación internacional.
A pesar del problema económico del país, nosotros teníamos un trabajo estable y un buen
avenir. Independientemente, nosotros tuvimos que dejar el país por problemas de
inseguridad. Aquí, en primer lugar yo me inscribí al chômage. Ya que como Suizos de retorno
del extranjero, yo tenía la posibilidad de una reinserción profesional.
Lamentablemente yo no hablaba francés, es por eso que pase los primeros meses aprendiendo
la lengua y tratando de pasar los obstáculos culturales. De hecho el más grande desafío para
los extranjeros es: el aprendizaje de una nueva lengua, adaptación rápida a las costumbres y
tradiciones.
Durante el segundo año, pase a Mesuras cantonales y pude trabajar en una Fundación que se
llama Trasport Handicap, ellos se ocupan de personas mayores, como por ejemplo,
acompañarlas al médico, hacer sus compras, ir al hospital, etc. Para mí ha sido realmente una
actividad gratificante, pero totalmente diferente a mi trabajo.
El problema que yo veo es que nos mandan a trabajar a entidades, donde no existe ni la mas
minima posibilidad de seguir trabajando después, quiero decir que no hay plazas y uno no
puede esperar tener un contrato. Para mis esos son puestos solo para mantener a la gente
ocupada. Por consecuencia. Comenzamos a distanciarnos de nuestras aspiraciones
El tercer año yo volví al chômage, allá yo me di cuenta que los consejeros hacen sólo trabajo
de cajeros y administradores, yo sentí que ellos eran extremadamente celosos de sus trabajos.
Yo sentí que para ellos, nosotros no somos nada, que todo lo que nosotros hemos aprendido y
todo lo que hemos obtenido dentro el medio profesional no sirve para nada.
Por ejemplo, una vez yo postule para un trabajo en la administración en la Ville de Ginebra,
como gestionaria administrativa, yo envíe mi curriculum, y recibí una respuesta positiva, que
mi candidatura había sido retenida y me citarían para una entrevista. En el momento yo me
sentía muy contenta, la semana posterior yo recibí otra carta que decía que mi perfil no
correspondía.
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En mi cita yo le mostré a mi consejera y le pregunte, porque yo no había tenido suerte, ella
me dijo que ¿cómo yo podía enviar mi curriculum para un puesto nivel 12 como el de ella?.
Después ella me ha preguntado; es que usted conoce las leyes sociales suizas? ¿es que usted
sabe las leyes de salarios?, etc. Yo le dije que lo sentía, que yo no sabía absolutamente de
niveles, pero si de leyes y que lo que ellos demandaban en la descripción correspondía a mis
competencias básicas. Después de este altercado, ella se enojo conmigo y nuestra relación se
rompió.
Después de eso, yo tenía la posibilidad de trabajo en la OMS, el gerente de la ONG donde yo
trabajaba me recomendó, así, yo hable con la persona indicada y ella me dijo que mi
curriculum correspondía al puesto, pero que tenía que hablar inglés. Lamentablemente mi
consejera me rechazo hacer cursos de inglés y me envío hacer un curso de búsqueda de
empleo. Personalmente yo pienso que eso es una pérdida de tiempo.
Muchos profesionales de origen suizo que llegan a Suiza, pero están fuera de la Unión
europea, que con la emigración pierden la fuerza del trabajo calificado, son posiblemente un
precioso recurso que sin ninguna duda Suiza no aprovecha y crea la discriminación laboral y
baja el valor de la calificaciones, porque según yo hay muchos empleadores e instituciones
suizas que subestiman la formación y experiencia profesional de estas personas, esto
engendrando que el reconocimiento de diplomas sea sin una coordinación y subjetiva .
Un estudio de la Universidad de Neuchatel indica que para poder acceder a un puesto de
trabajo, la nacionalidad no es todo lo que cuenta. Una persona con un pasaporte suizo, pero
con un apellido extranjero, tiene la misma dificultad que cualquier extranjero que dispone
únicamente de u permiso B.
Personalmente yo pienso que esta situación de va poniendo poco a poco depresivo, uno
comienza a sentirse desvalorizado, sobre todo que uno no encuentra la posibilidad de mostrar
sus conocimientos y sus competencias. Y es bien sabido que los estudios en América Latina
son tan buenos como en Suiza.
Durante el año 2009, yo trabaje en un nuevo periódico en Ginebra, editado en francés y
español, Yo me sentí verdaderamente bien, porque pude aportar mis conocimientos y
particularmente uno siente de lo que es capaz de hacer. Lamentablemente esta actividad no
tenía futuro para mí, porque dependía de financiamiento (Lotería Nacional, Villa de Ginebra)
y no siguió adelante.
Ahora estoy en el RMCAS que trabaja en relación con Mesuras Cantonales, yo hago
actualmente un curso en SwissNova que es una sociedad de servicios de recursos humanos y
tienen un programa de retorno al empleo rápido y ellos se apoyan en una red de profesionales
y con empresas intermediarias de trabajo en la región
Con ellos yo me siento muy bien, en especial con mi asesor, el me levanta la moral, dice que
con mi experiencia él va hacer mi propio marketing para que yo trabaje independientemente.
Sobre todo porque él ha visto mis búsquedas de empleo donde yo busco siempre trabajo como
ayuda contable, y él dice que yo debería tener mis ayudas contables, según el yo soy una star
y yo sé que no soy nada, y yo me pregunto, si yo encuentro ahora algún trabajo es que yo seré
capaz de hacerlo?. El problema es que después de mi cita yo vuelvo a la rutina que me hace
ver la realidad.
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Cuando yo llegue a Suiza yo pensé que era normal estar en el Hospicio general o en el
chômage, para mí era parte del programa para suizos de retorno de extranjero, pero después
yo me di cuenta que eso desvaloriza a la gente y que verdaderamente es muy difícil salir.
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ENTRETIEN N° 13: SARA
Fecha de llegada: 2001
Fecha de nacimiento: 1952
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Llegué hace 10 años, al principio fue difícil, por la lengua, también por la edad, yo llegue y
tenía 48 años, adaptarse a la lengua, a los hábitos de país, es muy difícil. Porque es un país
que tiene costumbres muy diferentes a las nuestras.
Empecé a trabajar casi inmediatamente por contacto, a través de una tía, que me consiguió
trabajo como femme de menage y ocuparme de unos viejitos, ellos hablaban también español
y fueron ellos que me enseñaron un poco de francés, hasta que llegaron mis papeles , cuando
yo llegué no tenia papeles , tardaron un año en darme el permiso B y me inscribí
inmediatamente, después me dieron 3 semanas de cursos porque no tenía derecho al
chômage. El Hospice géneral me envío a trabajar un tiempo como serveuse en un tea- room,
ahí conocí más gente y me animé a hablar un poco más de francés, De ahí trabajé en una
estaciñn de servicio y cuando mi patrñn me despidiñ me inscribì al “chômage” por 2 aðos ,
me dieron cursos de francés, de escritura y conversación, cursos de informática, cursos para
hacer mi CV.
El trabajo en la estación de Servicio lo conseguí a través de una colombiana que era conocida
de mi hija, estuve 2 años en el chômage y cuando se estaba por terminar me enviaron a
trabajar a la Cruz Roja para que trabaje un año en Mesuras Cantonales. Cuando termine mi
trabajo al año en la Cruz Roja, nuevamente me reinscribí al chômage, yo estaba muy
deprimida porque no conseguía trabajo y otra vez por una amiga de mi hija Nancy, que su
marido trabaja en una casa que hace relojes, justamente precisaban una persona, y querían que
sea una persona mayor, ya que estaban cansados de las jovencitas que quedaran
embarazadas, aprenden el trabajo y se van. Entonces preguntaron si alguien conocía una
persona mayor, Entonces este muchacho le preguntó a mi hija y así encontré este trabajo,
hace 3 años, yo calibro los diamantes, los mido.
Nunca me dieron una formación pero tengo contrato fijo.
Que hacía antes de venir aquí?
Los últimos 10 años yo estuve como ama de casa, pero antes trabajé de todo, vendedora,
secretaria, en usinas, de todo, los 10 últimos años me dediqué a mis hijas y a mi casa. Lo
mismo mi ex marido instaló una pequeña empresa de televisión y el me enseño a hacer las
soldaduras, calibrar una radio, las resistencias, así que también se hacer eso.
Usted tiene la nacionalidad?
Sí, tengo la nacionalidad la tengo por mi mamá, ella es suiza, ella nació aquí y al igual que
toda su familia, mis abuelos, etc.
Porque tardaron en darme el permiso B?, no entiendo, es una ley aquí, las personas que
vienen después de los 32 años, como yo por ejemplo que tenía derecho porque mi mamá es
Suiza, pero yo vine después de los 32, tenía que esperar un año a que me den el permiso B,
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estar 3 años con ese permiso B para después solicitar la nacionalidad, que es una
nacionalidad por sangre.
Cuando llegó mi hija, yo todavía no tenía mi nacionalidad, entonces ella no tenía derecho a
tener permiso B, ella estuvo un año sin permiso. Cuando salió mi nacionalidad, salió el
permiso de mi hija, salió todo,
Cuál cree que es el rol del estado, del chômage en su proceso de reinserción profesional?.
Ninguna, lo que si me sirvió, es que yo pagué mi curso de francés de 3 semanas, porque no
podía pagar más, el chômage me pagó 6 meses de cursos de francés intensivos, y eso me
sirvió porque yo pude aprender y no era yo que pagaba. Lo que si me sirvió es que como yo
tenía más de 50 años y se estaba acabando, Mesuras Cantonales me reintegraron para no
dejarme sin nada, así tenía derecho à volverme a inscribir al chômage que yo no sé qué pasa
después esos 2 años de contrato, justo cuando yo me reinscribí, yo conseguí este trabajo.
Empezó directamente con puesto fijo?
Si tuve mi contrato fijo, me tomaron una prueba, quedaron contentos y al mes ya tenía mi
contrato fijo.
Y en el chômage alguna vez le ofrecieron algo, o usted tenia aspiración de hacer una
formación?
Yo quería hacer la formación para tener la patente de Cafetería, para abrir un “tea-room”, me
pusieron muchas trabas, que era muy caro, no sabían si yo lo iba a hacer, me pusieron muchas
trabas. Solo me dieron cursos de francés e informática, la base.
Todos los trabajos que he conseguido ha sido a través de amistades, pienso que eso es lo que
más mueve aquí. Si uno viene como yo es difícil encontrar un trabajo solo, ya que piden
experiencia, diplomas, entonces hay que empezar como todo el mundo de abajo, solo si uno
es médico o abogado o algo así que hace validar su titulo, yo pienso eso.
Está contenta con su trabajo?
Estoy bien, el trabajo me gusta, pero quisiera progresar, pero me ponen muchas trabas, tengo
58 aðos, soy vieja, quisiera hacer “sertissage” no hay nadie que me pueda enseðar, me
gustaría para saber, es muy interesante.
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ENTRETIEN N° 14: JAIME
Fecha de llegada: 2002
Fecha de nacimiento: 1958
Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para
integrarse y para buscar un empleo
Llegamos en junio 2002, y como todo el mundo, buscando un lugar para vivir. Se nos
presentó el problema de la lengua y hacer papeles.
Poco a poco nos abrimos el camino, la primera barrera es el idioma y después papeles y
después buscar trabajo
Ustedes llegaron con permiso o pasaporte?
Con nada, sólo pasaporte latinoamericano, nuestros orígenes son de acá, de Suiza, eso facilita
un poco la cuestión de hacer papeles, permiso de sejour, todo eso.
Y este, bueno, o sea, se facilita un poco porque para darnos permiso de sejour tardaron 6
meses y para la nacionalidad otros 6 meses. Entre ese año y medio que uno busca trabajo, yo
trabajé a partir de los 6 meses de haber llegado, encontré un trabajo de chofer para un
espaðol, pero el me explotaba, como los papeles que tenia eran provisorios…
Cuando me dieron el permiso B, hice varios trabajos de limpieza, de un lado a otro, hasta
tener un poquito más el idioma, hasta instalarnos. Hasta que encontré un trabajo fijo en un
laboratorio de Conserje a través de un aviso en el diario.
Eso fue en el 2004, yo había adquirido experiencia en limpieza y de conserje.
Cómo aprendió a hablar francés?
De la calle un poquito, después me dieron un curso de 1 mes y medio, dos veces por semana,
creo que 3 horas, y fue el “Hospice” que me lo dio. Después en los últimos aðos la misma
empresa ofrecía cursos de inglés, francés y yo aproveche.
Usted estuvo en el chômage?
Después que trabaje de chofer, yo trabaje 9 meses, fui al chômage, pero no tenía antigüedad
suficiente, necesitaba un año de aporte.
Cuando yo trabajé con el español era trabajo declarado, yo trabajaba de lunes a lunes y ganaba
3.000 francos, después que me quede sin ese trabajo, por suerte mi señora trabajaba y
pudimos sobrevivir con eso, pero un salario de 3.000 fr. es poco, teníamos deudas también.
Después, cuántos meses estuvo sin trabajar?
Estuve unos dos meses, pero haciendo limpieza, 2 horas en la mañana, 2 horas en la tarde,
todo lo que me salía.
Yo aprendí el francés realmente en la calle, y después con los cursos que me dieron en el
trabajo, ahora no lo hablo perfectamente, pero con el trabajo es más fácil.
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Qué hacía en la Argentina?
En la Argentina trabajé durante 18 años en un Banco, después en un banco de España, el
banco se fue con la cuestión de la crisis, para colmo yo tenía 36 años, entonces con mi señora
pusimos un lavadero, y estuvimos con eso hasta el 2000, y después el lavadero también nos
fue mal, y yo hice de todo, taxista, era un trabajo privado, y después de eso nos vinimos aquí.
En el banco en la Argentina era jefe, fui ascendiendo, pero con la crisis fueron reduciendo
personal, así que no pudimos conseguir otro trabajo.
Aquí trate de conseguir un trabajo en el banco, pero el idioma siempre fue una traba, así que
hicimos todo para sobrevivir, y haciendo lo que se pudiera.
Para el trabajo que tengo vi. el anuncio en el GHI, y mandé mis papeles, me hicieron una
entrevista y quede, trabajo ahí 7 años, y vivo en Ginebra 9 años.
Cuáles fueron los factores que lo ayudaron a encontrar trabajo?
Yo creo que suerte, si porque un poco que estábamos forzados por el idioma, al hablar un
poco francés, teníamos más posibilidades de encontrar algo, y de ahí como siempre como en
todas partes del mundo, suerte, puedes ser muy capacitado pero si no tienes un amigo, un
conocido, que te impulse un poquito , es más difícil, es universal.
Nunca hay que bajar los brazos, con mi señora siempre hemos tratado de salir adelante, con la
edad que hemos venido con una familia armada y no es fácil, otra cosa es una parejita, que
necesita espacio para dormir, y no todo el mundo comprende la situación, si uno está solo
puede ir a la casa de alguien e instalarse mucho tiempo, y los chicos que quisieron venir con
nosotros, aunque nos cuestionaban el porqué, todo lo hicimos lo dejamos para que ellos
tengan algo, nosotros nos bajamos del caballo, para que ellos suban.
Se siente satisfecho con su trabajo?
Si estoy satisfecho, hubo algunos cambios, hay nuevos dueños ahora y son más duros, pero
estoy conforme con mis horarios, vacaciones, etc.
A esta altura prefiero estar como estoy, dentro de lo que yo sé hacer, es algo que ya conozco,
la gente me conoce, y tengo 51 años, ya no pretendo nada, ya con estar bien y que los chicos
estén bien, me contento.
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