Master - Archive ouverte UNIGE
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Master Des Suisses de l'étranger, des étrangers en Suisse...? Le cas de quatorze Suisses d'origine bolivienne et argentine et leur insertion sur le marché de l'emploi à Genève SEGUEL EDUARDO, Daniella Abstract Les Suisses vivant à l’étranger forment ce qu’on appelle « la cinquième Suisse ». Parmi eux, certains sont des binationaux qui n’ont jamais vécu en Suisse et qui ne parlent aucune des langues nationales. Cependant, pour différentes raisons, ils décident parfois de « revenir » en Suisse, bien qu’ils n’y maintiennent aucuns liens ni contacts. Ainsi commence pour eux « l’aventure » de l’immigration : ils doivent apprendre une nouvelle langue, trouver un travail, chercher un logement, poursuivre, voire recommencer leurs études, etc. Cette recherche se focalise sur l’insertion de ces personnes sur le marché de l’emploi et cherche à mettre en évidence les facteurs qui la favorisent. Des entretiens avec 14 binationaux originaires d’Argentine ou de Bolivie, âgés d’au moins 45 ans et issus d’une immigration récente (moins de dix ans), constituent le corpus de ce travail de mémoire qui contribue à la connaissance empirique de cette thématique pour en avoir une meilleure compréhension. Reference SEGUEL EDUARDO, Daniella. Des Suisses de l’étranger, des étrangers en Suisse..? Le cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine et leur insertion sur le marché de l’emploi à Genève. Maîtrise : Univ. Genève, 2011 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:19238 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. [ Downloaded 01/10/2016 at 02:43:40 ] « Des Suisses de l’étranger, des étrangers en Suisse...?» Le cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine et leurinsertion sur le marché de l’emploi à Genève. MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU/DE LA MAÎTRISE UNIVERSITAIRE EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION ORIENTATION FORMATION DES ADULTES PAR Daniella Seguel Eduardo DIRECTEUR DU MEMOIRE Christopher Parson JURY Jean-Michel Baudouin Samra Tabbal Amella GENEVE Novembre 2011 UNIVERSITE DE GENEVE FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L'EDUCATION SECTION SCIENCES DE L'EDUCATION RESUME Les Suisses vivant à l’étranger forment ce qu’on appelle « la cinquième Suisse ». Parmi eux, certains sont des binationaux qui n’ont jamais vécu en Suisse et qui ne parlent aucune des langues nationales. Cependant, pour différentes raisons, ils décident parfois de « revenir » en Suisse, bien qu’ils n’y maintiennent aucuns liens ni contacts. Ainsi commence pour eux « l’aventure » de l’immigration : ils doivent apprendre une nouvelle langue, trouver un travail, chercher un logement, poursuivre, voire recommencer leurs études, etc. Cette recherche se focalise sur l’insertion de ces personnes sur le marché de l’emploi et cherche à mettre en évidence les facteurs qui la favorisent. Des entretiens avec 14 binationaux originaires d’Argentine ou de Bolivie, âgés d’au moins 45 ans et issus d’une immigration récente (moins de dix ans), constituent le corpus de ce travail de mémoire qui contribue à la connaissance empirique de cette thématique pour en avoir une meilleure compréhension. UNIVERSITÉ DE GENÈVE Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation Maîtrise universitaire en sciences de l’éducation Orientation formation des adultes (FA) «Des Suisses de l’étranger, des étrangers en Suisse...?» Le cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine et leur insertion sur le marché de l’emploi à Genève. Mémoire de Maîtrise présenté par Daniella Seguel Eduardo Novembre 2011 Membres du jury : Christopher Parson, Directeur de mémoire Jean-Michel Baudouin Samra Tabbal Amella TABLE DE MATIERES Remerciements Préface Introduction 4 5 7 I CONTEXTE DE LA RECHERCHE 9 1. L’immigration à Genève 1.1 Brève histoire 2. La Cinquième Suisse 3. Obtention de la nationalité Suisse 3.1 Par filiation 3.2 Naturalisation 4. Politiques d’intégration dans le canton de Genève 4.1 Politiques d’intégration pour les Suisses de retour de l’étranger 4.2 Dispositifs d’insertion 4.3 Organismes gouvernementaux d’insertion et d’intégration 4.3.1 Hospice général 4.3.1.1 Le Revenu Minimum d’aide sociale (RMCAS) 4.3.2 Office cantonal de l'emploi (OCE) 4.3.2.1 L’assurance chômage et les Suisses de retour de l’étranger 4.3.2.2 Office régional de placement (ORP) 4.3.2.3 Mesures de marché du travail (MMT) 4.3.2.4 Les Mesures Cantonales pour de chômeurs en fin de droit avant 2008 4.3.2.5 Service des emplois de solidarité 4.3.2.6 Allocation de retour en emploi (ARE) 4.3.3 Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) 5. Marché du travail 5.1 Chiffres du chômage 9 9 11 12 12 13 15 15 18 18 19 20 22 23 24 24 25 26 27 27 28 29 II CADRE THEORIQUE 31 1. Intégration 1.2 Facteurs d’intégration 1.2.1 Connaissance de la langue d’accueil 1.2.2 La participation au marché du travail 1.2.3 Le réseau social et sentiment d’appartenance 2. Insertion 2.1 L’émergence de la notion d’insertion socioprofessionnelle en tant que demande sociale 2.2 Critique de la notion d’insertion 2.3 Facteurs qui influent sur l’insertion socioprofessionnelle 2.3.1 Employabilité 31 32 32 33 34 35 36 38 39 40 2 3. Précarité 3.1 Travail précaire 4. Exclusion 4.1 Emergence de la notion d’exclusion 4.2 Approche ethnographique 4.3 Approche anthropologique 4.4 Approche Historique 5. Identité 5.1 Stratégies identitaires 41 43 43 43 44 45 46 47 48 III QUESTION DE RECHERCHE 50 1. Questions de recherche 2. Hypothèses 50 51 IV METHODOLOGIE 51 1. Position épistémologique 2. Méthode de recherche: L’entretien 1. Guide d’entretien 3. Population 3.1 Les critères de sélection des participants 3.2 Composition de la population 52 52 53 54 54 54 V INTERPRETATION DE RESULTATS 56 1. Analyse des entretiens 1.1 Statut migratoire à leur arrivée 1.2. Organismes gouvernementaux consultés à leur arrivée 1.3 Mesure d’insertion suivie 1.5 Parcours professionnel: formations et travaux avant et après immigration 1.6 Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi 1.7 Facteurs favorisant l’accès à l’emploi 1.8 Stratégies déployées pour chercher un emploi 56 56 58 60 61 65 68 68 VI CONCLUSIONS 69 Bibliographie 72 85 Annexes 3 Remerciements Mes remerciements s'adressent d'abord à M. Christopher Parson, qui, en tant que directeur de mémoire, s'est toujours montré à l'écoute et très disponible tout au long de la réalisation de ce travail, ainsi que pour l'inspiration, les conseils et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et sans qui ce mémoire n'aurait jamais vu le jour. Mes remerciements s'adressent ensuite à tous les participants de cette recherche qui m’ont fait confiance, m’ont raconté leur vécu migratoire et ont répondu à mes questions. J’exprime ma gratitude à Flory Eduardo – ma mère – qui m’a aidé pour retranscrire les entretiens. Je remercie également Malou, Laura, Anabella et Mathieu pour leur soutien et leurs bons conseils. Finalement, je tiens à remercier M. Jean-Michel Baudouin ainsi que Mme. Samra Tabbal Amella pour avoir accepté de faire partie du jury de soutenance de ce mémoire. 4 Préface Saviez vous qu’il existe une cinquième Suisse ? Saviez vous que celle-ci compte plus de 700’000 compatriotes de par le monde? En Amérique latine, ce nombre s’élève à 50 000. Que font-ils si loin de leur terre, de leurs montagnes? Certes, il n’est pas lieu ici de retracer l’histoire de ces migrations à travers le temps, mais peut-être cela situe-t-il quelque peu l’intérêt que je porte à ce sujet. En effet, mon arrière grand-père a émigré en 1923 pour des raisons professionnelles en Bolivie. Il s’est établi définitivement dans la ville de Cochabamba, où il a fondé une famille. Il a obtenu de grandes reconnaissances professionnelles... En vous baladant par là-bas vous visiterez peut être un parc et une rue à son nom, dans un des quartiers de la ville... Avec le temps, nos attaches familiales avec la Suisse se sont peu à peu effacées et, pour moi, alors encore enfant, la Suisse ne représentait qu’un magazine mensuel publié par l’ambassade et une invitation annuelle de cette dernière pour le premier août. Cependant, pour différentes raisons, plusieurs membres de la famille ont décidé de revenir en Suisse, bien qu’ils n’y aient plus de liens, de contacts et qu’ils ne parlent pas l’une des langues nationales. Malheureusement, mon arrière grand-père ne voulait pas parler allemand ou suisse allemand avec les membres de sa famille. Étant donné que cette langue était mal vue à cause de la deuxième guerre mondiale. Il parlait donc en espagnol...et nous, ses descendants, sommes restés quelque peu frustrés de n’avoir pu apprendre au moins une des langues nationales du pays... de ne pas pouvoir nous épanouir en parlant une langue qui est à la fois dans nos gènes et en même temps loin de nos âmes. A mon arrivée en Suisse, je pensais que le fait d’avoir un « passeport rouge à croix blanche » me suffirait pour être traitée comme une « vraie » Suisse. Je pensais que j’aurais les mêmes opportunités. Cependant, je me suis vite heurtée à l’apprentissage de la langue, à la nonreconnaissance de mon titre universitaire ainsi que de mon expérience professionnelle. Il est vrai que j’ai reçu une aide de l’État, aide dont un immigrant sans passeport suisse n’aurait pas pu bénéficier… mais les portes, les obstacles et les chemins que j’ai croisés sont, je pense, à peu près les mêmes que n’importe quel immigrant latino-américain que je connais ou dont j’en ai entendu parler. J’ai immigré en Suisse quand j’avais 23 ans, à l’époque j’étais célibataire et sans enfants. Mon âge et ma situation civile ont peut-être facilité la reprise de mes études, contrairement aux autres personnes de mon entourage d’âge mûr avec une famille à charge. Lorsque j’ai commencé à étudier, j’ai tout de suite ressenti que de nouvelles portes s’ouvraient... Pendant plusieurs années, j’ai vu comment toutes les personnes de ma génération primoarrivantes suisses d’origine latino-américaine se construisaient un avenir professionnel malgré 5 les difficultés, tandis que la plupart des personnes plus âgées étaient dans un abîme de souffrance identitaire et de dépendance vis-à-vis de l’État. De temps en temps, je rencontrais ou j’entendais parler des Suisses primo-arrivants d’âge mûr qui avaient réussi à trouver un emploi et à ne plus dépendre de l’aide financière de l’État. Je me suis donc demandé pourquoi… Quelles sont les raisons pour lesquelles certains d’entre eux parviennent à trouver un emploi et d’autre pas? De cette interrogation naît la problématique de ce mémoire de Master. L’objectif de cette recherche n’est pas d’établir des solutions concrètes aux problèmes d’insertion professionnelle vécus par les participants, mais plutôt de contribuer à la connaissance empirique de cette thématique pour en avoir une meilleure compréhension. 6 Introduction Selon Bergier et Bourdon (2009) l’immigration constitue une transition qui mobilise la vie globale d’une personne « dans un contexte de grande acculturation » (p. 49). La formation et le travail apparaissent alors comme des moyens permettant de réaliser cette transition et de réussir l’intégration. Genève est connue pour sa diversité culturelle. D’ailleurs, en marchant à travers ses rues ou en prenant les transports publics, nous pouvons bien souvent entendre plus de trois langues à la fois. D’après l’OCSTAT (2007, Coup d’œil), cette diversité peut également être mise en évidence par les prénoms portés par les habitants du canton de Genève. En effet, les prénoms plus répandus parmi la population du canton sont José pour les hommes et Maria pour les femmes. En 2006, la population étrangère représentait 38,4 % de la population totale du canton de Genève, soit 171 116 personnes, chiffre qui avait diminué par rapport à l’année précédente du fait d’un nombre élevé de naturalisations1 (OCSTAT, 2007). « En additionnant les binationaux suisses et les personnes de nationalité étrangère uniquement, plus de la moitié (54 %) des habitants du canton de Genève en 2000 possédaient un passeport étranger » (OCSTAT, 2006, para. 1). De tous les cantons suisses, Genève possède la plus grande quantité d’étrangers et de binationaux (idem). Parmi les binationaux, une partie a obtenu la nationalité suisse par filiation et l’autre part par naturalisation facilitée ou ordinaire. Ainsi, certaines personnes possédant le « passeport helvétique » n’ont jamais vécu en Suisse et ne parlent aucune des langues nationales. Ils ont hérité du « passeport à croix blanche » de leurs ancêtres migrants grâce à la prédominance du droit du sang (Bolzman, Carbajal & Mainardi, 2007). Par conséquent, leur conjoint et leurs enfants possèdent également la nationalité suisse. Selon Bolzman et al. (2007), l’immigration vers la confédération représente pour ce groupe de binationaux « la découverte d’un nouveau pays, qui a la particularité d’être leur pays » (p. 151). Cependant, même si, à leur arrivée, ils sont considérés comme des « Suisses de retour de l’étranger » ou le deviennent très rapidement (dans le cas de conjoints des Suisses ayant obtenu la nationalité par filiation), ils sont surtout des immigrants qui doivent faire face à tous les défis que ce statut implique: apprendre la « langue d’insertion », chercher un logement, trouver un travail, etc. D’Aiuto (2008) affirme que le type de permis que les immigrants possèdent n’a pas d’influence significative sur l’insertion professionnelle. Toutefois, selon les statistiques présentées par cet auteur, la durée de leur séjour et leur âge pourraient constituer une difficulté à l’heure actuelle pour trouver un emploi. 1 Il y a eu 6 300 changements d’origine pour l’année 2006. 7 Le fait que quelques binationaux primo-arrivants dotés des caractéristiques susmentionnées réussissent à s’insérer sur le marché du travail m’a vivement interpellée. Ainsi, l’objectif de ce mémoire est de mettre en évidence les facteurs qui favorisent l’insertion sur le marché de l’emploi des binationaux originaires d’Argentine ou de Bolivie, âgés d’au moins 45 ans et issus d’une immigration récente (moins de dix ans). J’ai choisi de qualifier une immigration de « récente », lorsque la résidence sur le territoire suisse date de moins de dix ans, suite à la lecture d’une recherche sous la direction de Bergier et Bourdon (2009), réalisée dans le cadre d’un projet appelé « WALL » (Work and Lifelong Learning) au Canada. Pour mener à bien ce travail de recherche, 14 entretiens semi-directifs ont été effectués auprès de sept personnes employées et de sept personnes non employées. Les participants sont tous originaires d’Amérique latine (Argentine et Bolivie), résident à Genève depuis moins de dix ans et sont âgés de plus de 45 ans. Pour mieux comprendre cette problématique, j’ai organisé ce travail en six chapitres: Le premier chapitre portera, d’une part, sur le contexte de la problématique liée au monde de l’immigration, notamment celle d’Amérique latine, son historique en Suisse et les dispositifs d’intégration et d’insertion existants, et d’autre part, sur l’état actuel du marché de l’emploi en Suisse. Dans le deuxième chapitre, seront abordés, de manière théorique, les sujets de l’intégration, de l’insertion, de l’exclusion, de la précarité et de l’identité. Dans le troisième chapitre, je présenterai la question et les sous-questions de la recherche ainsi que les objectifs de travail. J’aborderai, dans le quatrième chapitre, la méthodologie de recherche qui comporte ma posture épistémologique, la méthode de recherche et la population concernée. Le cinquième chapitre portera sur l’analyse effectuée à partir des 14 entretiens qui se sont déroulés à Genève au cours de l’année 2010 et 2011. Cette partie se composera d’une analyse descriptive des entretiens et d’une analyse compréhensive pour approfondir les données récoltées. Enfin, le sixième chapitre, ou conclusion, abordera les grandes lignes tirées de l’analyse avec quelques pistes de réflexion. 8 I CONTEXTE DE LA RECHERCHE 1. L’immigration à Genève L’immigration ainsi que l’émigration représentent les deux variantes du terme de migration, qui peut être défini comme un processus par lequel un individu passe d’une zone géographique à une autre. Ce changement peut répondre à une infinité de raisons, mais les plus communes sont de types économique et social. En même temps, la migration a un certain nombre de conséquences, y compris, bien sûr, économiques et sociales, dans le pays d’origine ainsi que dans le pays d’accueil. Le terme d’émigration concerne les personnes qui quittent un endroit tandis que le terme d’immigration se réfère aux personnes qui arrivent dans un lieu. « Toutes les personnes nées à l’étranger qui sont venues en Suisse, y compris celles avec un passeport suisse, sont donc comptabilisées dans le groupe des immigrés » (Rausa-de Luca, 2005, p. 5). Cela concernerait donc les participants de cette recherche. Les statistiques (OCSTAT, 2011) révèlent, qu’en 2010, le canton de Genève comportait 463 919 résidents, dont 39,7 % étaient des étrangers2. Par ailleurs 21,4 % de la population totale avait entre 45 et 60 ans, tranche d’âge correspondant à celle de tous les participants de la recherche. En ce qui concerne les binationaux, d’après le recensement de l’année 2000, ces derniers représentaient 16,3 % de la population totale du canton. Parmi eux, les personnes dont la deuxième nationalité était celle d’un pays d’Europe étaient largement majoritaires (82,3 %). Les binationaux avec un passeport provenant d’Amérique latine représentaient 0,77 % de la population (OCSTAT, 2005). 1.1 Brève histoire La Suisse a été, de tout temps, un pays d’émigration et d’immigration. Piguet (2004) affirme que l’histoire récente de l’immigration suisse peut être divisée en cinq phases. Après une première période d’accueil aux étrangers (1948-1962), une deuxième période « caractérisée par une xénophobie croissante au sein de la population emmène le gouvernement à essayer de modifier sa politique migratoire concernant la main-d’œuvre, tout en appliquant une série de mesures de plafonnement (1963-1973) » (p. 13). La crise pétrolière de 1973-1974 avec le départ de dizaines de milliers d’étrangers qui perdent leur emploi et doivent quitter la Suisse constitue la troisième période. « Au cours d’une quatrième période (1985-1992 environ), 2 La population étrangère […] comprend toute personne qui ne possède actuellement pas la nationalité suisse. Les termes étrangers ou population étrangère ont une dimension politico-juridique et permettent une distinction en fonction de la nationalité entre les personnes d’un pays de résidence, les « nationaux », et les personnes résidant dans ce même pays, mais de nationalité différente, les « étrangers » (Rausa- de Luca, 2005, p. 6). 9 l’économie retrouve son rôle de principale force déterminant l’immigration et débute un nouvel important afflux de main-d’œuvre » (idem). C’est au cours de la troisième et quatrième période que la communauté d’Amérique latine augmente en Suisse comme résultat de la combinaison de facteurs d’ordre historique, politique, économique, culturel et démographique, notamment les facteurs d’expulsion et d’émergence des réseaux sociaux en rapport avec les liens ancestraux (Bolzman, 2007). Les divers contextes sociopolitiques et les motifs d’immigration conduisent, selon Piguet (2009), « à une cinquième période d’incertitude, de conflits et de tentatives visant à une reformulation complète de la politique d’immigration » (p. 11). Après « la mise en place de la libre circulation entre la Suisse et l’Union européenne et d’une nouvelle loi sur l’immigration en provenance du reste du monde (LEtr) le 1er janvier 2008, la Suisse est entrée dans une nouvelle phase » (idem) et elle doit remplacer la loi actuelle sur le séjour et l’établissement des étrangers qui date de 1931. La nouvelle loi sur les étrangers entrée en vigueur le 1er janvier 2008 prévoit la réglementation de l’admission et du séjour des ressortissants d’États non-membres de l’UE et de l’AELE, qui ne relèvent pas du domaine de l’asile. Pour la première fois, les principes et les objectifs de l’intégration des étrangers sont largement consacrés. Avec cette nouvelle loi, un accès au marché du travail est limité pour les ressortissants des pays non-membres de l’UE ou de l’AELE, et destiné aux personnes disposant de qualifications professionnelles particulières. Les entreprises suisses peuvent ainsi obtenir – principalement des pays de l’UE et de l’AELE – la main-d’œuvre dont elles ont besoin. «Cette restriction aux spécialistes, pour le reste du monde, vise à éviter une augmentation du chômage et une lourde charge pour les assurances sociales. La loi met à disposition des responsables les mesures nécessaires pour améliorer l’intégration des étrangers». (Confédération suisse, 2010, nouvelle loi sur les étrangers, para. 2). Les modifications les plus importantes dans la nouvelle loi sont les suivantes : Le système d’admission: tandis que la libre circulation des personnes entre les pays membres de l’UE et la Suisse est appliquée depuis 2002 (période transitoire jusqu’en 2014), l’admission des ressortissants des États non-membres de l’UE est soumise à certaines restrictions. L’intégration: [la loi] prévoit une amélioration de la situation des étrangers dont le séjour est légal et durable. Les mesures visant à intégrer les étrangers sont renforcées. La protection de l’ordre public: [la loi] prévoit un durcissement des sanctions en cas de criminalité et d’abus du droit des étrangers. Des mesures particulières sont par exemple proposées pour combattre l’activité de passeurs, le travail au noir et les mariages de complaisance (idem, para. 3). 10 Concernant le canton de Genève en particulier, l’immigration a toujours fait partie de son histoire. D’après le Bureau de l’intégration des étrangers [BIE] (2003), « depuis quatre siècles, le canton de Genève n’a jamais eu moins de 30% d’étrangers dans ses murs, sauf entre les deux dernières guerres mondiales qui ont ravagé l’Europe » (p. 3). Ainsi, de 1814 à 1850, ils représentaient 20% à 30% de la population, de 1860 à 1914, 35% à 42%, de 1920 à 1945, environ 15%, en 1975, 34% et en 2000, 37,6% (Idem). Le canton estime que l’intégration des étrangers est l’une de ses priorités. Celui-ci s’est d’ailleurs doté d’une loi sur l’intégration des étrangers (LIE) depuis 2001. Cette dernière « a pour but de favoriser des relations harmonieuses entre tous les habitants du canton de Genève » (cité dans Türker 2007, p.3). D’après Türker, « elle ne donne pas à proprement parler de définition de l’intégration, elle poursuit un objectif d’égalité, d’intégration et vise donc à favoriser la participation des immigrés à tous les domaines de la vie publique » (p. 3). 1.1.1 La Cinquième Suisse Les citoyens Suisses vivant à l’étranger constituent ce que nous appelons la « Cinquième Suisse »3. Celle-ci est composée de trois groupes: les immigrants suisses ayant grandi en contact avec la culture suisse, les descendants de Suisses immigrés et les conjoints de ces derniers qui ont acquis la nationalité par naturalisation facilitée. Les participants de la recherche correspondent aux deux derniers groupes ci-dessous. Ils n’ont jamais vécu en Suisse et à leur arrivée ne parlaient aucune des quatre langues nationales. À la fin du XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle, une grande part de la population suisse a immigré dans d’autres pays, notamment pour des raisons socioéconomiques (Bolzman et al., 2007). Selon Carron (1986), entre 1857 et 1920, 34 000 Suisses se sont installés dans diverses régions d’Amérique latine en particulier le Brésil, l’Uruguay, l’Argentine et le Chili (dans Bolzman et al., 2007). En 2011, d’après les statistiques mentionnées dans le site web du journal Le Matin, un Suisse sur 10 habite à l’étranger, soit 695 101 citoyens. 70,8 % d’entre eux possèdent la double nationalité. Depuis 1990, la communauté suisse à l’étranger à ainsi augmenté de 157 500 personnes. Actuellement, 60 % des immigrants Suisses, soit 367 000 personnes, vivent dans les États de l’Union européenne. La majorité (163 000) habite en France, et, dans l’ordre décroissant, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, en Espagne et en Autriche. Les États-Unis comptent 71 000 Suisses et le Canada 36 000. Les autres destinations privilégiées sont l’Australie, plusieurs pays d’Amérique latine et Israël (Soliday news center [SNC], s.d, dónde vive la quinta Suiza ?). D’après l’Office fédéral des migrations [ODM], environ 50 000 citoyens suisses résident en Amérique latine, soit 10 % des Suisses de l’étranger. La plupart sont nés sur ce continent et 3 « Le terme 5ème Suisse fait référence aux quatre communautés linguistiques (germanophones, italophones, francophones et romanches) qui vivent sur le territoire helvétique ». (Swissinfo.ch, 2001, para.1) 11 font partie de la deuxième ou troisième génération de migrants Suisses (dans Bolzman et al., 2007, p. 151). Selon l’information trouvée sur le site web du Département fédéral des affaires étrangères [DFAE] (2010), 14 315 binationaux résidaient en Argentine en 2010. En outre, 400 binationaux suisses-argentins sont retournés en Suisse au cours de l’année 2002. (swissinfo.ch, 2002). En Bolivie, l’immigration est beaucoup moins significative que dans les pays qui l’entourent. D’après des discussions informelles avec le consulat suisse à Cochabamba, les premiers Suisses seraient arrivés dans le pays entre l920 et 1930 dans la ville de Santa Cruz, malheureusement il n’existait à cette époque aucune archive dénombrant le nombre de Suisses vivant en Bolivie4. Par ailleurs, toujours selon le site web du DFAE, 621 binationaux résidaient en Bolivie en 2010. 3. Obtention de la nationalité suisse D’après l’Office fédéral des migrations [ODM] (2010), « quiconque obtient la nationalité suisse bénéficie des mêmes droits qu’un citoyen suisse et est soumis aux mêmes obligations (par ex. droit de vote et d’éligibilité, service militaire) » (Nationalité suisse, para.4). Il existe trois manières d’acquérir la « nationalité helvétique »: 1. par filiation selon le droit du sang (« ius sanguinis »), 2. par naturalisation, 3. par adoption maternelle ou paternelle. Tous les participants à cette recherche sont devenus Suisses dans le cadre de la législation qui était en vigueur avant la révision de la loi de la nationalité suisse en 2006: soit par filiation ou soit par naturalisation facilitée (dans le cas des conjoints des Suisses ayant obtenue la nationalisation par filiation. 3.1 Par filiation Pour ce qui est de l’acquisition de la nationalité suisse par filiation, la loi sur la nationalité suisse stipule que : 1. Est Suisse dès sa naissance: a. l’enfant de conjoints dont l’un au moins est Suisse; b. l’enfant d’une citoyenne Suisse qui n’est pas mariée avec le père de cet enfant. 4 Conversation téléphonique, 24 avril 2011. 12 2. L’enfant étranger mineur dont le père est Suisse mais n’est pas marié avec la mère acquiert la nationalité suisse par l’établissement du rapport de filiation avec le père, comme s’il l’avait acquise à la naissance. 3. Si l’enfant mineur qui acquiert la nationalité suisse en vertu de l’al. 2 a lui-même des enfants, ceux-ci acquièrent également la nationalité suisse (Confédération Suisse, 2011, Art.1) 3.2 Naturalisation « Les naturalisations sont le seul facteur de croissance de la population suisse. Sans elles, les Suisses seraient chaque année moins nombreux » (BIE, 2003, p.9). Il existe deux types de naturalisation: ordinaire et facilitée. En 2010, 3 042 étrangers résidant dans le canton de Genève ont acquis la nationalité suisse. 2 550 l’ont obtenue par naturalisation ordinaire et 398 par naturalisation facilitée. Ces chiffres ont diminué par rapport à l’année 2006 (6 489 acquisitions au total) (République et Canton de Genève, statistiques cantonales). Les « nouveaux Suisses de 2010 » sont principalement originaires de l’UE (idem). Par ailleurs, selon les données recueillies auprès de l’Office cantonal de la population (voir tableau n° 1 ci-dessous), il a été constaté qu’entre les années 2003 et 2010, 34 Boliviens et 52 Argentins ont obtenu le passeport suisse. Par contre, il n’est pas précisé le type de naturalisation (cf. annexe 2). Tableau n° 1 Naturalisations, Bolivie et Argentine 2003-2010 Année de naturalisation 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Total Bolivie Argentine 2 3 4 11 3 4 4 3 34 11 6 9 9 5 7 4 1 52 Source : Information obtenue auprès de l’Office cantonal de la population (2011) 13 Les conditions de la naturalisation ordinaire sont les suivantes : Avoir résidé douze ans en Suisse (entre 10 et 20 ans, les années comptent double). S’être intégré à la communauté suisse. S’être accoutumé aux mœurs et aux usages suisses. Se conformer à l’ordre juridique suisse. Ne pas compromettre la sûreté intérieure ou extérieure de la Suisse. (Portail Suisse, Naturalisations : informations, para.3) Pour ce qui est des conditions de la naturalisation facilitée, peuvent en bénéficier « sous certaines conditions légales, en particulier les conjoints étrangers de ressortissants suisses ainsi que les enfants d’un parent suisse qui ne possèdent pas encore la nationalité suisse » (Confédération Suisse, 2010, Naturalisation facilitée, para.2). Les conjoints des Suisses, doivent, conformément à la législation en vigueur, afin d’obtenir la naturalisation facilitée, remplir certaines conditions : 1. Article 27 LN Le conjoint étranger d’un ressortissant suisse qui a résidé en Suisse pendant cinq ans en tout, y réside depuis une année et vit depuis trois ans en communauté conjugale avec un ressortissant suisse. Attention : le conjoint doit avoir été Suisse au moment du mariage (idem). 2. Article 28 LN Le conjoint étranger d’un ressortissant suisse qui a des liens étroits avec la Suisse et vit depuis six ans au moins en communauté conjugale avec le ressortissant suisse. La personne qui réside à l’étranger peut aussi déposer une demande (idem). Deux participants de la recherche appartenaient à la catégorie des enfants ayant un parent suisse, mais ne disposant pas de la nationalité suisse. À leur arrivée dans le pays, ils ont acquis le « passeport helvétique » en vertu de l’Article 31 qui stipule : 1. L’enfant étranger qui n’a pu acquérir la nationalité suisse parce que l’un de ses parents l’avait perdue avant sa naissance peut obtenir la naturalisation facilitée s’il a des liens étroits avec la Suisse. 2. Il acquiert le droit de cité cantonal et communal que le parent ayant perdu la nationalité suisse possédait en dernier lieu (Confédération Suisse, 2011, Art. 31b). 14 4. Politiques d’intégration dans le canton de Genève C’est en 1986 que l’intégration de la population résidante étrangère a pour la première fois été définie comme une tâche de la confédération dans la législation. Les politiques d’intégration comportent un long processus qui concerne les immigrants; il s’agit de la politique d’aide, d’accompagnement et d’initiation (ODM, 2006). D’après l’ODM (2010), l’intégration des étrangers a pour objectif de « favoriser la coexistence des populations suisses et étrangères, sur la base des valeurs fondamentales de la Constitution fédérale, ainsi que le respect et la tolérance mutuels. Elle doit permettre aux étrangers dont le séjour est légal et durable de participer à la vie économique, sociale et culturelle » (ODM, 2010, intégration, para. 1-2). Par ailleurs, l’ODM affirme que « l’intégration suppose, d’un côté, que les étrangers soient disposés à s’intégrer, d’un autre côté, que la population suisse fasse preuve d’ouverture à leur égard » (idem, para. 3). Puis, il ajoute « [qu’il] est indispensable que les étrangers se familiarisent avec la société et le mode de vie en Suisse et, en particulier, qu’ils apprennent une langue nationale » (idem). La langue occuperait donc une position centrale dans les politiques d’intégration en Suisse. La législation incite les structures existantes (au niveau de la confédération, des cantons et des communes), telles que les écoles, les institutions de formation professionnelle, les entreprises ou les institutions du système de santé publique, à appliquer des mesures d’intégration. Par conséquent, l’accent est mis sur le renforcement de la collaboration dans les domaines de la formation professionnelle, de l’assurance-chômage et du système de santé publique (ODM, 2010, Circulaire). Selon Gessler (2006), depuis le 1er février 2006, communes et cantons sont dans l’obligation de signaler « les offres d’encouragement à l’intégration aux étrangers (Art. 3a chap. 2 OIE) ou de dispenser une information appropriée aux étrangers concernant les conditions de vie et de travail et en particulier leurs droits et obligations (Art. 56 chap. 1-3 LEtr) » (les trois principales nouveautés en lien avec l’intégration, para. 3). Pour les ressortissants d’États-tiers conjoints des Suisses, le critère d’intégration ne joue pas un rôle lors de l’octroi d’un permis L ou B, car ce dernier leur est attribué lors de leur mariage. 4.1 Politiques d’intégration pour les Suisses de retour de l’étranger Selon le Département fédéral des affaires étrangères (2009), chaque année, environ 30 000 Suisses reviennent de l’étranger. Par Suisse de retour de l’étranger, il faut entendre les personnes de nationalité suisse, ayant quitté le territoire national depuis plus de trois ans dans une zone non frontalière 15 (hors de la région française Rhône-Alpes). Il suffit qu’une personne du groupe familial ait la nationalité suisse pour que tout le groupe familial soit considéré comme Suisse de retour de l’étranger (Office du logement, 2003, para. 3). Une fois en Suisse, ils doivent effectuer une série de démarches administratives, telles que, annoncer leur présence à l’Office du contrôle des habitants, chercher un logement et un emploi, s’assurer auprès d’une caisse maladie et auprès de l’assurance-chômage (sous certaines conditions), adhérer à l’assurance-vieillesse et survivants (AVS), etc. (DFAE, 2009, Retorno a Suiza.). En cas de difficultés financières, ils peuvent s’adresser aux services sociaux cantonaux ou communaux (Confédération Suisse, 2005). À leur retour en Suisse, les hommes n’ayant pas fait le service militaire à l’étranger y sont astreints obligatoirement et doivent s’annoncer au chef de section auquel est liée leur commune de résidence (idem). En avril 1993, le département fédéral des affaires étrangères [DFAE] (2009) publie son Aidemémoire pour les Suisses de l’étranger, qui comporte un aperçu de leurs droits et de leurs obligations et où sont mentionnés les problèmes qu’ils pourraient rencontrer et la manière dont ils pourraient les résoudre. Le document est rédigé en français, en allemand et en italien, restant de cette manière illisible par les Suisses ne sachant parler aucune des trois langues susmentionnées. Dans ledit aide-mémoire (2009), il est écrit que : La réinsertion des Suisses de l’étranger peut s’avérer difficile. Des difficultés peuvent tout particulièrement surgir si leurs contacts avec la Suisse sont inexistants ou très vagues depuis des années, s’ils ne maîtrisent aucune des langues nationales, s’ils ne possèdent aucune formation professionnelle ou aucune formation demandée, s’ils connaissent des problèmes de santé ou ont déjà un âge avancé. Ces personnes ne devraient donc pas abandonner de manière précipitée leur emploi à l’étranger. Nous leur conseillons plutôt de profiter d’un séjour de vacances en Suisse pour évaluer les possibilités qui s’offrent au niveau professionnel et prendre contact avec des employeurs potentiels. Les offices régionaux de placement [ORP] et les associations professionnelles sont les mieux à même de fournir des renseignements sur les possibilités de travail dans une région donnée (p. 137). Il me semble important de relever ici, et comme nous le verrons plus avant dans ce travail, que la plupart des caractéristiques susmentionnées correspondent à celles des personnes interviewées dans le cadre de cette recherche. Il faut aussi signaler que, même s’il existe des mesures de prévention, ces dernières restent souvent incomprises et sans effet, dans la mesure où les personnes concernées ne parlent pas la langue. Par ailleurs, la loi fédérale sur le service de l’emploi et la location de services (LSE) stipule entre autres que « l’Office fédéral des migrations [ODM] coordonne et encourage les efforts 16 des offices du travail tendant au placement des émigrés suisses rentrant au pays » (Confédération Suisse. Art. 25 Placement intéressant l’étranger. Para. 2). Cependant, l’aide en général reste focalisée sur les jeunes suisses de retour de l’étranger. En effet, sur le site Internet de l’ODM apparaissent deux rubriques: l’une, intitulée « Revenir en Suisse »5, qui comporte une sous-rubrique « l’Organisation de Suisses de l’étranger (OSE) », où tous les services proposés sont destinés aux jeunes. L’autre, nommée « émigration et stagiaires », ne s’adresse qu’aux personnes de moins de 35 ans. D’après l’aide-mémoire (DFAE, 2009), cette section de l’ODM « transmet les candidatures de Suisses en quête d’emploi aux autorités du marché du travail de la région dans laquelle ceuxci souhaitent s’établir. Ces autorités déterminent les possibilités d’emploi et aident au placement. Dans le même temps, ces données sont introduites dans le système informatique de placement PLASTA. Ainsi, la publication des candidatures dans le bulletin Suisses de l’étranger en quête d’emploi, qui paraît tous les deux mois, est également assurée » (p. 137). De plus, « le bulletin est envoyé à des entreprises, des associations patronales, des associations de salariés et des agences de placement, soit au total quelque 400 destinataires » (idem). Dans la rubrique « Revenir en Suisse » de l’ODM, section « Recherche d’un emploi »6, il existe un formulaire rédigé en français, italien et allemand, destiné aux Suisses de l’étranger qui désirent revenir et qui sont en quête d’emploi. Comme nous pouvons le constater, il n’y a pas une rubrique spéciale pour les Suisses primo-arrivants ne parlant aucune des langues nationales. Par ailleurs, lorsqu’un citoyen suisse, ayant séjourné au moins trois ans de manière ininterrompue dans un autre pays, retourne en Suisse, la « Confédération prend en charge les frais occasionnés par l’aide sociale durant les trois premiers mois qui suivent le retour » (DFAE. 2009, p. 138). Toute demande d’assistance de la part de la Confédération doit être déposée à la représentation suisse compétente. « Celle-ci remet les formules adéquates. Elle examine la requête et peut engager le requérant à fournir des preuves à l’appui de sa demande. Elle la transmet ensuite, accompagnée d’un rapport et d’un préavis, à la section Aide sociale des Suisses de l’étranger de l’Office fédéral de la justice à Berne. » (DFAE, 2009, p. 95). Toujours d’après le DFAE (2009), les personnes ayant besoin d’une aide financière peuvent, dès leur retour en Suisse, s’adresser aux autorités compétentes selon le droit cantonal. Pendant les trois premiers mois, l’assistance fédérale mentionnée plus haut est également octroyée par les cantons. 5 6 http://www.swissemigration.ch/themen/rueckwanderung/index.html?lang=fr http://www.swissemigration.ch/themen/rueckwanderung/00048/index.html?lang=fr 17 La Confédération peut accorder ses prestations à condition que le bénéficiaire s’engage à rembourser l’aide reçue selon un mode particulier ; qu’il renonce à toute prétention, ou qu’il fournisse des garanties. Les prestations d’assistance doivent être remboursées lorsque certaines conditions sont remplies. C’est le cas lorsque la personne assistée dispose de moyens d’existence suffisants (DFAE, 2009). 4.2 Dispositifs d’insertion Steiner et Stofer (2006) affirment que l’État a dû inventer de nouveaux dispositifs d’intervention, face à l’émergence d’un nouveau profil de populations à prendre en charge et du nouveau contexte économique. C’est ainsi qu’au début des années 1990 émergent les politiques d’insertion. Ces dernières visent à résoudre ou à améliorer la problématique de l’augmentation de la précarisation (Setiner & Stofer, 2006). « Elles incarnent théoriquement le passage d’une prise en charge des bénéficiaires uniquement assistancielle, définie comme passive, à une politique, décrite comme active, qui privilégie l’insertion de ces derniers. » (p. 51). Le concept d’insertion devient ainsi la source des politiques sociales de lutte contre la pauvreté et de la prévention de l’exclusion. Le concept d’insertion est opérationnalisé par la mise en place de mesures de réinsertion professionnelle et/ou sociale, intégrées à l’aide sociale existante (Steiner & Stofer, 2006). D’après la Haute école spécialisée de Suisse occidentale [HES.SO] (2009), parmi les dispositifs d’insertion mis en place par les offices de l’emploi et les services sociaux, nous pouvons trouver des « formations pour l’insertion, emplois temporaires, stages, placements, coaching, contre-prestations, etc. ceux-ci ont pour mission de lutter contre l’accroissement du nombre de demandeurs d’emploi et de bénéficiaires de l’aide sociale ou de l’AI. Elles s’adressent particulièrement à des personnes en difficulté pour différentes raisons telles qu’un manque de qualification, un parcours professionnel chaotique, une maîtrise limitée de la langue et des codes de conduite locaux, des problèmes de santé ou un réseau social déficient » (p. 2). 4.3 Organismes gouvernementaux d’insertion et d’intégration À Genève, il existe plusieurs organismes d’insertion et d’intégration. Cependant, dans le cadre de cette recherche seront pris en compte seulement les organismes gouvernementaux qui font partie du parcours migratoire des participants de la recherche: l’Hospice général, l’Office cantonal de l’emploi (OCE) et l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC). 18 4.3.1 Hospice général À Genève, L’Hospice général est la première porte que franchissent les Suisses de retour au pays. Cette institution est chargée de mettre en œuvre la politique sociale du canton de Genève tout en prêtant ses services aux personnes en difficulté financières, aux requérants d’asile, aux personnes qui atteignent la fin de droit et des indemnités de chômage, aux Suisses de retour de l’étranger ainsi qu’aux personnes sans titre de séjour (Hospice général, 2011). D’ailleurs, « Genève est le seul canton qui possède un service social spécifique qui vient en aide aux Suisses de retour de l’étranger. Les autres cantons offrent un soutien dans le cadre de leurs services sociaux destinés à l’ensemble de la population » (Bolzman, Carbajal & Mainardi, 2007, p. 169). D’après Bolzman et Musillo (1996, 1997, dans Bolzeman et al., 2007, p. 152), plus de 75 % de Suisses primo-arrivants inscrits au programme d’aide aux Suisses de retour résidaient en Amérique latine. Le service destiné aux Suisses de retour de l’étranger comporte « des informations, un appui financier selon les conditions de l’assistance genevoise, un accompagnement pour les démarches, ainsi qu’une initiation à la vie civique et aux institutions suisses (assurances sociales notamment). Les prestations d’assistance, qu’elles soient cantonales ou fédérales, sont remboursables entièrement ou partiellement selon les circonstances » (Hospice général, suisses de retour de l’étranger: prestations, para. 1). Les Suisses de retour de l’étranger subissant des problèmes financiers y demandent un rendezvous pour être ensuite, quelques jours après, convoqués pour remplir une demande d’aide avec un(e) secrétaire, qui leur explique les démarches à suivre: inscription au chômage, assurance maladie, office de la population, etc., puis, le(a) secrétaire leur donne rendez-vous une ou deux semaines plus tard, avec un(e) assistant(e) social(e). L’assistant(e) social(e), à son tour, leur communique le montant de base qui leur sera attribué (d’après un barème en relation à la taille de leur famille), et il (elle) fait le point par rapport au logement et à d’autres démarches à faire. Tout cela se passe avec l’aide d’un traducteur (en cas de besoin), soit un ami de la famille, soit une personne engagée par l’Hospice général. À partir de ce rendez-vous, l’assistant(e) social(e) devient la principale personne de référence pour la famille. C’est elle qui s’occupe de centraliser tous les « revenus » du Suisse de retour (chômage, allocations familiales, allocation de logement, etc.) et de lui verser le montant correspondant au barème de sa famille. 19 4.3.1.1 Le Revenu minimum d’aide sociale (RMCAS) Le RMCAS a été créé à Genève en 1995, sa mission est d’éviter que les personnes ayant épuisé leurs indemnités de l’assurance-chômage ne recourent à l’assistance publique. En mars 2011, le nombre de bénéficiaires atteignait 3737, dont 35 % étaient âgés de plus de 40 ans. (Hospice général. Aide social & RMCAS). Selon l’Hospice général, chargé de sa gestion, le revenu comprend trois volets (Hospice général. Le RMCAS en bref): L’aide financière : l’aide financière comprend un minimum cantonal de Fr 1 311 par mois imposable et non exportable. Ce montant augmente en fonction du nombre de personnes composant le groupe familial7. Il peut être complété par des allocations complémentaires et/ou ponctuelles. Il est non cumulable avec des prestations cantonales, fédérales et d’assistance. L’activité de contre-prestation : en principe, le bénéficiaire s’engage à exercer une activité compensatoire à temps partiel d’utilité sociale. La formation professionnelle est assimilée à une contre-prestation. Un contrat est établi entre le RMCAS et le bénéficiaire. L’allocation d’insertion : un montant unique, complémentaire au revenu minimum peut être accordé. Le montant varie entre Fr 1 000.- et Fr 10 000.- et il est destiné à financer des projets réalistes et réalisables inscrits dans la durée (formation, lancement d’une activité indépendante). Les demandes d’allocation d’insertion sont examinées par une commission d’attribution composée de divers partenaires sociaux. En 2004, une évaluation du RMCAS, menée par Fluckiger et Vassiliev (2004), a mis en évidence que l’affluence de personnes qui risquent de connaître des difficultés de réinsertion dans le marché du travail en cas de chômage est en train d’augmenter à Genève, d’où la nécessité de mettre en place « une politique visant à anticiper ces changements et à préparer le personnel à ces mutations par le biais notamment de la formation continue » (p. 4). Cette évaluation a également révélé qu’à l’exception du facteur de l’âge et celui de la structure des activités économiques, les résultats pour l’année 2002 étaient significativement similaires à ceux obtenus pour l’année 1995. Cette similitude dévoile, selon les auteurs, que les raisons qui accroissent le risque de rester longtemps au chômage au point d’arriver au terme des indemnités fédérales sont aujourd’hui identiques à celles qui apparaissaient déjà au milieu des années 90. « Cette remarquable permanence est importante du point de vue de la politique cantonale, car elle indique qu’il serait possible de mieux cibler les actions à l’encontre de la population qui présente des risques plus élevés de se retrouver finalement à la charge du RMCAS après avoir été victime d’une période de chômage » (p. 4). Cette conclusion, selon Fluckiger et Vassiliev (2004) « ne fait que renforcer la nécessité de mettre en place une politique de réinsertion axée sur les trajectoires individuelles plutôt que sur des logiques institutionnelles qui se succèdent tout au long du cheminement menant du chômage au RMCAS » (p. 4). 7 Deux personnes : CH. 1’914, trois personnes : CH. 2’465, quatre personnes : CH. 2’885. Au-delà: coefficient multiplicateur de 0.30 par personne. 20 Fluckiger et Vassiliev (2004) constatent que, parmi les personnes qui bénéficient des prestations du RMCAS, « il est deux à trois fois plus fréquent de trouver des individus qui avaient travaillé dans l’administration publique » (p. 5). Les auteurs ajoutent que cette situation peut s’expliquer « par le fait que les bénéficiaires du RMCAS ont transité par les emplois temporaires avant d’être mis au bénéfice de cette prestation cantonale. Ce résultat met en évidence l’échec de cette politique cantonale du point de vue de son efficacité à réinsérer les personnes sur le marché du travail » (idem). Par ailleurs, « En comparant la population bénéficiant d’une prestation du RMCAS avec celle ayant obtenu une aide publique, il a été mis en évidence – à travers ladite évaluation – des différences significatives entre les deux groupes, notamment en ce qui concerne l’âge, la nationalité, les ressources et la raison de la demande » (idem). Fluckiger et Vassiliev (2004) affirment que « les différences mises en évidence entre ces deux groupes de la population pourraient être interprétées comme le signal de besoins différents en termes de prise en charge par des dispositifs susceptibles de répondre au mieux à des attentes diverses » (p. 5). Finalement, il a été constaté que les personnes bénéficiaires du RMCAS « sont plus dépendantes que celles qui font partie du régime de l’assistance publique. Une nouvelle fois, ce résultat n’est guère surprenant compte tenu du fait que les bénéficiaires du RMCAS se trouvent souvent depuis cinq ans ou plus dans un système de prise en charge à l’échelle fédérale ou cantonale, sans être parvenus à se réinsérer professionnellement » (idem, p.6). En effet, après lecture de la Feuille d’avis officielle de la république et canton de Genève (19.06.2009) le RMCAS aurait raté son objectif d’insertion professionnelle, tout en contribuant à l’éloignement de ses bénéficiaires du marché du travail. « Il ne consacre pas assez d’efforts à la réinsertion et maintient ses bénéficiaires dans la pauvreté par des incitations financières contre-productives. Certaines personnes restent sans emploi, au RMCAS, pendant plus de dix ans » (p.1). À leur tour, Steiner et Stofer (2006) ont également effectué une évaluation, mais de l’efficacité des mesures d’insertion du RMCAS. Leur but était de confronter les objectifs visés par la politique d’insertion (contre-prestation, insertion sociale et/ou sociale) ainsi que les dimensions qui les caractérisent (réciprocité, partenariat, responsabilité, contractualisation), avec les représentations et les pratiques des bénéficiaires de l’aide sociale. Lors de l’évaluation, les auteurs ont repris la définition traditionnelle de l’efficacité «qui consiste à mesurer le rapport entre les objectifs assignés à une action publique et les résultats effectivement obtenus» (p.53). D’après eux, l’objectif attribué aux mesures est différent selon son genre: social ou professionnel. « Dans le premier cas, le but des mesures est de permettre au bénéficiaire de développer son autonomie individuelle, de se reconstruire un réseau social et de retrouver une utilité sociale. Dans le second cas, elles visent l’intégration dans le monde du travail par le renforcement des compétences de l’usager grâce à la formation et/ou à l’exercice d’une activité » (idem). Par ailleurs, la mesure permet aux usagers « d’atténuer la représentation stigmatisante que ceux-ci, et parfois eux-mêmes, ont des bénéficiaires inscrits à l’aide sociale/RMCAS comme des personnes dépendantes de l’aide d’autrui, voire qui profitent de la collectivité » (idem. p.54). 21 Les entretiens effectués dans le cadre de cette évaluation ont mis en évidence que « l’efficacité de la mesure se situe essentiellement, du point de vue de ces acteurs, à un niveau social. Leur évaluation de l’apport de la mesure en matière d’insertion professionnelle est plus contrastée, notamment pour ce qui est de sa dimension qualifiante » (idem, p.55). Selon Steiner et Stofer (2006), l’expérience qui peut être acquise dans le cadre d’une contreprestation, « est limitée en raison du principe de non-concurrence à l’économie privée auquel sont soumis les programmes d’insertion. Le respect de ce principe empêche le développement d’activités permettant à l’usager d’acquérir des compétences facilitant son retour à l’emploi » (p.56). Du point de vue social, les entretiens effectués par les auteurs ont dévoilé que la mesure a permis aux usagers de « retrouver une estime d’eux-mêmes » (idem, p. 57), d’améliorer leur partie psychique et émotionnelle et de se sentir utiles. En ce qui concerne le côté professionnel, les mesures comportent davantage d’activités manuelles. Quelques bénéficiaires souhaiteraient des activités relevant du secteur tertiaire, « plus adaptées aux besoins et attentes des femmes et/ou des personnes au bénéfice d’une formation supérieure » (idem, p. 56). Pour ce qui est de la formation, les différentes lois sur l’aide sociale ne prévoient pas de financement dans ce domaine. « Les seules possibilités de formation proposées au sein des dispositifs se limitent à des cours. Ceux-ci sont considérés comme trop peu diversifiés par les usagers, d’un niveau insuffisamment élevé pour répondre aux exigences des employeurs ou encore sans rapport avec leur domaine professionnel initial » (idem). En outre, Steiner et Stofer (2006) relèvent que « le manque d’efficacité professionnelle des mesures a un rapport, d’une part, avec le manque de compétences spécifiques et d’autre part, avec la disponibilité insuffisante de la part des assistants sociaux » (idem). Par ailleurs, cette évaluation a aussi révélé que la mesure n’est toujours pas adaptée aux besoins des bénéficiaires consultés lors de l’évaluation effectuée par ces auteurs. 4.3.2 Office cantonal de l’emploi (OCE) La mission principale de l’Office cantonal de l’emploi (OCE) est de « réinsérer rapidement et durablement les demandeurs d’emploi sur le marché du travail » (République et Canton de Geneve.OCE. Mission). Les objectifs de l’OCE sont les suivants : Prévenir le chômage imminent et de lutter contre le chômage existant. Soutenir les employeurs à la recherche de main-d’œuvre. 22 Fournir aux personnes assurées une compensation du manque à gagner causé par le chômage, la réduction de l’horaire de travail, les intempéries, l’insolvabilité de l’employeur. Assurer le respect des procédures liées aux licenciements collectifs. Protéger les travailleurs qui recourent au placement privé, au service public ou à la location de services (idem). Par ailleurs, toutes les activités de l’OCE sont encadrées par les lois suivantes: la loi fédérale sur l’assurance-chômage obligatoire et l’indemnité en cas d’insolvabilité (LACI), la loi fédérale sur le service de l’emploi et de la location de service (LSE), des ordonnances et autres textes de loi en la matière, ainsi que la législation genevoise (idem). En principe, toutes les personnes résidentes du canton qui sont en quête d’emploi peuvent s’inscrire à l’OCE. Cependant, cela ne signifie pas qu’elles seront systématiquement indemnisées. En effet, c’est aux caisses de chômage de décider en fonction du temps de cotisations versées à l’assurance-chômage (idem). 4.3.2.1 L’assurance-chômage et les Suisses de retour de l’étranger D’après l’Aide-mémoire pour les Suisses de retour de l’étranger (DFAE, 2009), les Suisses de retour ayant travaillé dans un autre pays au moins douze mois durant les deux dernières années, peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’indemnités de chômage, sans avoir même versé de cotisations. Si un Suisse revient en Suisse, après avoir suivi une formation professionnelle dans un pays non-membre de l’UE/AELE pendant plus de douze mois, il sera également, à son retour, couvert par l’assurance-chômage même sans avoir jamais payé de cotisations, à condition qu’elle ait été domiciliée en Suisse pendant dix ans au moins. (Département fédéral de l’économie DFE, 2011) Si un Suisse a résidé dans un État de l’UE/AELE, il doit, en principe, faire valoir son droit à l’assurance-chômage dans le pays où il a travaillé. Les prestations peuvent être exportées en Suisse pendant trois mois maximum (idem). Par conséquent, les Suisses primo-arrivants qui reviennent d’Amérique latine « ont le droit à 260 indemnités journalières au plus. Leur indemnité journalière s’élève à 80 % de leur gain assuré, lequel est fixé d’après un montant forfaitaire. Ce forfait s’élève, selon leur âge et leur formation, à 153, 127, 102 ou 40 francs par jour. Il est réduit de moitié s’ils sont libérés des conditions relatives à la période de cotisation en raison de formation scolaire, de reconversion professionnelle ou de perfectionnement ou encore à l’issue d’un apprentissage, sauf s’ils ont plus de 25 ans ou un enfant à charge » (Département fédéral de l’économie DFE, 2011 p. 4). 23 Le montant plus élevé d’indemnités que touche quelques participants de la recherche ne dépasse jamais le salaire minimum. Pourtant, c’est l’Hospice général qui leur verse la différence (si elle existe) pour atteindre le montant du barème familial. Dès lors, le « Suisse de retour » provenant d’Amérique latine est en contact avec un conseiller du chômage et un(e) assistant(e) social(e). L’un se prononce par rapport à sa formation (cours de langue) et ses recherches d’emploi et l’autre par rapport à son « revenu ». 4.3.2.2 Office régional de placement (ORP) D’après le site web de la République et canton de Genève, l’Office régional de placement (ORP) a pour objectif de « suivre chaque demandeur d’emploi dans le but de le soutenir et de le conseiller dans sa recherche de travail et/ou sa réintégration professionnelle »8. L’ORP est composé de six agences de placement, chacune compétente pour un secteur d’activité professionnelle spécifique. Elles mettent en place et « contrôlent la bonne application de la loi sur l’assurance-chômage obligatoire et l’indemnité en cas d’insolvabilité (LACI) ainsi que la loi cantonale en matière de chômage »9. L’ORP gère également les dossiers des personnes en fin de droit. Pour ces demandeurs d’emploi, toutes les mesures d’intégration « professionnelle » proposées sont financées par le canton. L’ORP propose également du personnel et des soutiens à l’embauche, notamment financiers, aux employeurs qui souhaitent recruter10. 4.3.2.3 Mesures du marché du travail (MMT) D’après la loi fédérale et la loi cantonale genevoise (2011), il existe trois types de mesures: les mesures de formation, les mesures d’emploi et les mesures spécifiques11. Selon l’OCSTAT (2011), les mesures cantonales regroupent les allocations de retour à l’emploi (ARE), les programmes cantonaux d’emploi et de formation (PCEF) et les emplois de solidarité (p. 4). En mars 2011, 771 personnes bénéficiaient de ces mesures, soit 5,3 % de la population des demandeurs d’emploi (14 502). Les mesures de formation sont constituées de cours collectifs et individuels (reconversion, perfectionnement, intégration), de stages de formation et d’entreprises de pratique commerciale (Guide des droits et devoirs du chômeur, 2011). 8 République et canton de Genève, OCE, services, ORP, para.1. Consulté le 20 novembre 2010 dans http://www.ge.ch/oce/services.asp#2 9 Idem 10 Idem 11 Guide des droits et devoirs du chômeur, d’après la loi fédéral et la loi cantonale genevoise. 2011. Mesures de marché du travail (chapitre 8-2, para.1). Genève :IES. Consulté le 30 mai dans http://www.guidechomage.ch/guide.asp?NoChapitre=8&NoPage=242&Liste=0&annexe=0#top 24 Les mesures d’emploi, quant à elles, englobent les programmes d’emploi temporaire fédéral ou individuel, les semestres de motivation et les stages professionnels (idem). Enfin, les mesures spécifiques impliquent les allocations d’initiation au travail (AIT), les allocations de formation (AFO)12, les contributions aux frais de déplacement quotidien et aux frais de déplacement et de séjour hebdomadaires, le soutien à une activité indépendante, les stages d’essai et les tests d’aptitude professionnelle (idem). Pour l’OCE13, ces mesures sont censées améliorer « l’aptitude au placement des demandeurs d’emploi afin de leur permettre d’intégrer le marché du travail aussi rapidement et durablement que possible » (para. 1). À l’OCE, le Service des mesures pour l’emploi a la responsabilité de développer, d’appliquer et de gérer ces mesures, « en assurant en permanence l’adéquation entre l’offre et la demande » (idem). Par ailleurs, ledit service comporte une Unité d’analyse des besoins du marché du travail dont la mission est « d’effectuer la recherche et l’analyse des données relatives au marché du travail. C’est précisément sur la base de ce travail que, en complément aux demandes exprimées par l’Office régional de placement (ORP), le Service des mesures pour l’emploi anticipe les besoins du marché et met en place les mesures d’insertion qui s’imposent » (République et Canton de Genève, OCE, service des mesures pour l’emploi, para.2). 4.3.2.4 Les mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 D’après le Guide des droits et devoir des chômeurs (2011), les mesures cantonales ont pour objectif de « renforcer les compétences des chômeurs » (chap. 7, buts poursuivis par la loi). À chaque révision de l’assurance-chômage, les mesures cantonales ont dû être renégociées, de telle sorte qu’aujourd’hui il existe un programme d’emploi et de formation fédéral comportant l’emploi temporaire fédéral (PETF) ou individuel (ETFI) d’une durée de six mois. D’ailleurs, doivent être attribués au plus tard le deuxième mois suivant l’inscription au chômage. Cependant, le programme d’emploi et de formation fédéral peut être prolongé par un programme cantonal d’emploi et de formation (PCEF) (Guide des droits et devoir des chômeurs, 2011, Chap. 7), plus connu sous le nom de programme d’emplois de solidarité sur le marché complémentaire de l’emploi. Selon Lavanchy (2002), dès la première révision de la loi en 1983 sur l’assurance-chômage, « le Canton de Genève, sous pression des syndicats, a institué des occupations temporaires dans le secteur public ou subventionné octroyant aux demandeurs d’emploi en fin de droit un travail salarié permettant de recourir une nouvelle fois aux indemnités fédérales » (p. 20). 12 La mesure ARE correspond à cette catégorie République et Canton de Genève .OCE, services des emplois solidarité. Consulté le 10 mai 2011 dans http://www.ge.ch/oce/services.asp#7 13 25 Ainsi, la loi cantonale en vigueur avant 2008 prévoyait trois mesures, dont ont notamment bénéficié quelques-uns des participants de la recherche: Un emploi temporaire dans le secteur public ou subventionné de 12 mois pour les chômeurs en fin de droit et de 6 mois pour les personnes à la recherche d’un emploi après avoir exercé une activité indépendante. Une allocation de retour à l’emploi visant à encourager financièrement les entreprises à mettre des places de travail à disposition des chômeurs en fin de droit. Un stage professionnel de réinsertion du jeune chômeur âgé de moins de 25 ans d’au minimum 12 mois lui permettant d’acquérir des compétences professionnelles tout en recevant un salaire soumis à cotisation. Au terme du contrat de travail, le jeune chômeur, s’il n’a pas trouvé d’emploi, bénéficie d’un nouveau droit aux prestations fédérales (Lavanchy, 2002, p.20). 4.3.2.5 Service des emplois de solidarité Le service des emplois de solidarité (SEdS) a été créé dans le cadre de la loi cantonale en matière de chômage entrée en vigueur le 1er février 2008. Ce service a pour objectif de favoriser l’intégration professionnelle des demandeurs d’emploi en fin de droit se trouvant en difficulté sur le marché de l’emploi14. Le SEdS crée des emplois de solidarité avec la coopération d’organisations d’intérêt collectif, « sans but lucratif et déployant des activités sur le marché complémentaire de l'emploi »15. Il s’agit des « véritables emplois sur le marché complémentaire de l’emploi qui ne concurrent pas avec les emplois du marché principal » (Département de la solidarité de l’emploi et OCE, 2011. p.2). Par ailleurs, ils font l’objet de contrats à durée indéterminée (CDI), octroient des salaires soumis aux cotisations sociales et sont cofinancés par l’État. Ils sont censés servir « de tremplin vers le marché principal de l’emploi » (idem). Ce service est destiné aux demandeurs d’emploi en fin de droit dont les chances d’insertion sur le marché ordinaire de l’emploi sont réduites, notamment en raison: De l’âge (55 ans et plus). D’un manque de formation (ex. n’ayant pas achevé sa scolarité obligatoire et/ou une formation professionnelle reconnue en Suisse). D’un parcours professionnel fractionné, peu qualifiant. D’une maîtrise problématique du français. De la situation personnelle et familiale (ex. vivant seul-e ou chef-fe de famille monoparentale) (Département de la solidarité de l’emploi & OCE, 2011, p.5). 14 République et Canton de Genève .Office Cantonal de l’emploi, services : service des emplois de solidarité. Consulté le 10 mai dans http://www.ge.ch/oce/services.asp#7 15 Idem 26 Ces postes sont dans les secteurs du secrétariat, de la petite comptabilité, de la réception, de la recherche de fonds, de l’informatique, de la restauration, de la livraison, de la conduite de véhicules, de la manutention, du tri de vêtements et d’autres activités de recyclage, de la garde d’enfants, de la conciergerie, du gardiennage, etc. Le salaire (brut) est compris entre 3 225 et 4 225.- CHF par mois (en raison de 40 heures par semaine). Les SEdS collaborent avec diverses organisations, dont les plus récentes sont : « Mary Poppins (garde d’enfants à domicile), Chaperon Rouge (garde d’enfants mais également missions seniors), Fondation Agir (transport pour les personnes sous dialyse), Caddie Service (livraison à domicile et vélo électrique de courses, en partenariat avec des centres commerciaux du canton). »16 4.3.2.6 Allocation de retour à l’emploi (ARE) L’Allocation de retour à l’emploi est une prestation cantonale mise en place en 199717. « Depuis l’entrée en vigueur le 1er février 2008 de la nouvelle loi cantonale en matière de chômage, l’ARE a été améliorée pour inciter les entreprises à engager des demandeurs d’emploi en fin de droit ». En effet, elle a déjà montré son efficacité, car grâce à l’ARE, 70 % des personnes en ayant bénéficié ont pu réintégrer le marché du travail18. L’ARE est appliqué quand une personne en fin de droit est engagée par une entreprise en contrat à durée indéterminée (CDI). Dans ce cas, l’État finance une partie du salaire. Sa participation « s’élève en moyenne à 50 % du salaire brut tout en le versant de manière dégressive pendant 12 mois maximum (pour les moins de 55 ans) et 24 mois (pour les 55 ans et plus) »19. « Cette prestation fonctionne sur le même principe que l’allocation d’initiation au travail (AIT) prévue par la loi sur l’assurance-chômage (LACI) et octroyée aux demandeurs d’emploi qui sont dans leur période d’indemnisation »20. Si une personne a bénéficié d’une AIT, elle ne peut pas bénéficier d’une ARE. 4.3.3 Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue L’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) a pour mission d’aider, conseiller et informer (sans besoin de rendez-vous) de façon adaptée, les jeunes et les adultes désirant concevoir et réaliser leur projet scolaire ou professionnel21. 16 Idem République et Canton de Genève. Recherche d'emploi : fin de droit, allocation de retour à l’emploi. Consulté le 30 avril 2011 dans http://www.geneve.ch/emploi-recherche/fin_droit.asp 18 Idem 19 Idem 20 Idem 21 République et Canton de Genève. Office pour l'orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC). Consulté le 2 mai dans 17 27 L’OFPC est chargé de la mise en place des lois cantonales et fédérales sur la formation professionnelle ainsi que sur l’information et l’orientation scolaire et professionnelle 22. Par ailleurs, les prestations sont gratuites et sont organisées en quatre volets: formation et orientation, formation professionnelle, formation continue et aide financière23. Il n’y a pas de service spécial pour les Suisses de retour de l’étranger. Cependant, il existe un service pour les femmes migrantes qualifiées ou non qualifiées, qui viennent d’arriver à Genève (OFPC, 2009, Guide pratique pour les femmes migrantes en recherche d’emploi). Ce service a pour objectif de donner des informations de base dans le domaine du travail. Il est censé leur faciliter la recherche d’un travail en leur donnant des informations simples sur les institutions clés, qui pourront les aider, les orienter et les conseiller (idem). 5. Marché de l’emploi D’après Ouali et Rea (1995), les changements structuraux du marché du travail émergés depuis les années 1970, comme la « diminution de l’emploi ouvrier, [la] création d’une maind’œuvre immigrée induite, [la] précarisation des emplois, [la] segmentation du marché du travail, [la] flexibilisation de la main-d’œuvre » (p. 4) ont causé, d’une part, « une augmentation massive du chômage dans certains secteurs de production » (idem) et, d’autre part, « une précarisation de modes d’entrée sur le marché du travail » (idem). Par ailleurs, « la restructuration de l’emploi s’accompagne d’un renforcement de certains mécanismes sélectifs dont certains touchent spécifiquement les immigrés, les jeunes et les femmes » (idem). Concernant les caractéristiques socioprofessionnelles, il existe des différences entre les Suisses et les étrangers. Ainsi, Deutsch, Flückiger et Silber (2005) ont constaté, d’après le recensement de 2000, « que la ségrégation par nationalité en Suisse selon la profession exercée était la plus élevée dans le canton de Genève. Cela signifie que la population active d’origine étrangère exerce des professions différentes de celles occupées par les Suisses, ce qui témoigne d’une évidente complémentarité entre les deux groupes de population » (dans d’Aiuto 2008, p. 23). Cependant, d’Aiuto affirme que les caractéristiques des migrants sont susceptibles de se modifier rapidement. Tout dépend s’il s’agit de nouveaux ou d’anciens migrants. Selon d’Aiuto (2008), les données sur le statut d’activité en 2006 montrent « que les ressortissants des États tiers ne sont pas aussi bien “intégrés” sur le marché du travail genevois » (p. 26). D’ailleurs, Haug et Wanner (2005) ont fait une étude qui révèle « une faible participation professionnelle des migrantes originaires de pays n’appartenant pas à l’UE : les caractéristiques du séjour, l’intégration des femmes, la distribution des rôles au sein http://www.geneve.ch/ofpc/ 22 Idem 23 Idem 28 du couple et la discrimination sur le marché du travail vis-à-vis de différentes nationalités peuvent expliquer les différences observées (dans d’Aiuto 2008, p. 26). En outre, quelle que soit l’origine, l’effet de l’âge montre que les personnes âgées de 15 à 19 ans et de 50 à 64 ans, sont moins actives que celles âgées de 30 à 39 ans. Par ailleurs, la tranche d’âge des 40-49 ans « montre une différence selon l’origine : par rapport à la modalité de référence, les Suisses ont plus de chance d’être actifs que les étrangers (ou suisses de retour) (d’Aiuto, 2008, p. 39). « Les personnes originaires des États tiers ont un risque plus élevé d’être sans emploi. » (idem, p. 37). D’Aiuto (2008) déclare que « les formations acquises à l’étranger sont moins bien valorisées que celles obtenues en Suisse » (p. 40). La formation achevée a plus d’influence sur les suisses que les étrangers. Cela montre « le caractère non parfaitement transférable du capital humain lorsque la formation est, au moins en partie, acquise à l’étranger » (Haug, Wanner, 2005, dans D’Aiuto, 2008 p. 40). D’ailleurs, selon le Fonds National Suisse (2003), le rendement de la formation acquise avant l’immigration est deux fois plus faible pour la maind’œuvre provenant d’autres pays. « Ces disparités reflètent des différences de qualité et de compatibilité des formations acquises à l’étranger par rapport au marché du travail helvétique. Cela démontre en tous les cas que le capital humain n’est pas parfaitement transférable d’un pays à l’autre et que la distance culturelle constitue un obstacle à la reconnaissance des titres acquis dans le pays d’origine. » (Idem, p.5). Ainsi, « la formation en Suisse est mieux valorisée que la formation suivie dans le pays d’origine, ce qui démontre que la politique d’intégration de la population étrangère devrait se concentrer sur la formation des immigrants délivrée en Suisse » (Idem). Pour d’Aiuto (2008), le type de permis n’a pas eu d’influence significative sur l’insertion professionnelle. Il semble que les titulaires de permis d’établissement (permis C) seraient favorisés par rapport aux porteurs d’autres permis. Cependant, « les détenteurs d’un autre permis semblent bénéficier des mêmes conditions que les détenteurs de permis C » (p. 40). Par ailleurs, les statistiques montrent une « faible participation professionnelle des migrants récentes [et que] les ressortissants des États tiers ont un risque plus important d’être inactifs, au chômage et en sous-emploi par rapport aux Suisses » (idem). 5.1 Chiffres du chômage En ce qui concerne la tranche d’âge des personnes recensées en 2000, Johanne et Dethurens (2003) dévoilent, en se référant aux données fournies par l’OFS, que les personnes provenant d’Amérique latine, se situent principalement dans la tranche d’âge des 20-39 ans. La majorité des personnes présentes travaillent en Suisse en tant que cadre intermédiaire (1803), employé (1983), ouvrier qualifié (629), enfin et spécialement en tant qu’ouvrier non qualifié (3 412). D’après d’Aiuto (2008), le nombre d’étrangers actifs, entre 30 et 39 ans, s’approche de celui des Suisses (en particulier pour les hommes). Ce n’est plus « le cas après 40 ans, où la 29 proportion d’étrangers parmi les actifs diminue » (p. 20). D’ailleurs, selon Poli, Lefrançois et Caradec (2009), « l’idée selon laquelle l’âge peut constituer un critère de discrimination ainsi qu’une dimension de la “diversité” est assez récente » (para.1). Ainsi, l’âge s’avère une vraie difficulté à l’heure actuelle pour trouver un emploi. Par conséquent, les migrants âgés de 40 ans auraient une double difficulté pour se réinsérer sur le marché de travail : leur temps de séjour et leur âge. En mai 2011, le taux de chômage à Genève était de 5,4 % (2,9 % au niveau national) et le nombre de chômeurs (y compris les chômeurs en fin de droit) s’élève à 13 163. Si nous élargissons ce nombre en prenant en compte l’effectif des demandeurs d’emploi24, il s’élève à 18 226. (République et canton de Genève, 08.06.2011, p. 1) Il est à relever que ces données reflètent une forte baisse par rapport à l’année précédente en raison, en partie, de l’instauration de la révision de la Loi sur l’assurance chômage entrée en vigueur en avril 2011, provoquant un nombre élevé de désinscriptions et une diminution des inscriptions au chômage. En effet, « en comparaison annuelle (mai 2010 - mai 2011), l’effectif des chômeurs a diminué de 16,3 % à Genève (diminution de 24,1 % au plan suisse), et celui des demandeurs d’emploi de 16,1 % (diminution de 20,5 % au plan suisse) » (idem). Ainsi, durant le mois de mai 2011, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a baissé de 10,6 %, celui des 25-49 ans de 4,8 % et celui des 50 ans et plus de 3,8 %25. Par conséquent, la diminution du nombre des chômeurs a un lien étroit avec l’âge. De plus, le nombre de chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus d’un an), dont la part correspond actuellement à 33,2 % du nombre total de chômeurs, a diminué de 8,8 % en mai 201126. Il est encore à signaler que dans le contexte genevois, parmi les étrangers au chômage, les plus touchés sont ceux dits « à statut précaire », les résidents détenteurs d’un permis d’établissement renouvelable à l’année : permis B (30,7 %) et les bénéficiaires d’une admission provisoire : permis F et L (7,4 %)27. Les participants de cette recherche appartiendraient dans leur majorité au publique en situation précaire. 24 Sont considérées comme telles « toutes les personnes inscrites déclarées comme étant à la recherche d’un emploi, c’est-àdire les chômeurs et les demandeurs d’emploi non-chômeurs. Les chômeurs sont des personnes à la recherche d’un emploi et disponibles immédiatement. La catégorie des non-chômeurs comprend les personnes en gain intermédiaire ou en formation, occupées à plein temps ou à temps partiel, celles qui ne peuvent être placées dans un délai de 30 jours pour cause de maladie, maternité, accident ou service militaire, et enfin les personnes au bénéfice du RMCAS (Revenu minimum cantonal d’aide sociale) ou d’une mesure cantonale ». (République et Canton de Genève. Demandeurs d’emploi inscrits. Consulté le 2 mai dans http://www.ge.ch/oce/glossaire.asp#3 25 République et canton de Genève. (08.06.2011). Communiqué statistique de l’office cantonal de l’emploi: Baisse importante du chômage à Genève et en Suisse en mai 2011. p.1. 26 Idem 27 Mondial Contact, Cultures et Citoyenneté. 2000. Rapport pour une politique d’intégration dans le canton de Genève. p.54. Consulté le 30 mai 2011 dans http://www.geneve.ch/integration/doc/liens/rapport-politique-integration.pdf 30 Johanne et Dethurens constatent aussi qu’en 2003, les personnes provenant d’Amérique latine se situent principalement dans la tranche d’âge des 20-39 ans. La majorité de ces personnes travaillent en Suisse en tant que cadre intérimaire (1 803), employé (1 983), ouvrier qualifié (629), enfin et surtout en tant qu’ouvrier non qualifié (3 412). En articulant ces données avec le profil des personnes interviewées dans ce travail de mémoire, nous pouvons constater qu’elles se situent plutôt dans les catégories « employé » et « ouvrier non qualifié ». II CADRE THÉORIQUE 1. Intégration Avant d’aborder la notion d’insertion, nous allons nous interroger sur la notion d’intégration, car celle-ci apparaît avant la première et est en quelque sorte « son ancêtre ». Comme le souligne Gilbert (2005, p. 17), le mot « intégration est précurseur du mot insertion ». Depuis le milieu des années 70, la notion d’intégration est devenue, dans les pays européens, le vocable dominant du discours sur les enjeux liés à la présence des immigrants. Les différents contextes nationaux ont eu une influence sur la façon dont la notion d’intégration a été traitée (Mahnig, 1999, p. 15). Mahnig (1999), dans son analyse, affirme que les politiques concernant les immigrés vivant en Europe, issues des décennies passées, ont pour objectif premier d’assurer l’ordre public et de garantir la cohésion de la société tout entière. Les actions y résultant peuvent permettre l’amélioration des conditions des immigrants, mais pas l’intégration de ceux-ci. Étymologiquement, « intégration » vient du mot latin « integrare » qui signifie « renouveler et rendre entier ». D’un point de vue sociologique, Boucher (2000, p. 37) souligne que l’intégration a lieu quand une partie d’un groupe s’insère « dans un tout comme une collectivité » (dans Gilber, 2007 p. 17). Selon Xiberras (1998) « l’intégration suppose le choix et la participation des nouveaux membres de la communauté nationale » (p. 24). Pour l’auteur, cette notion signale « l’intention de faire de la place parmi les autres. Mais en cohérence avec celle des autres, et non plus seulement à côté ou parmi les autres. La notion d’intégration induit ainsi l’idée d’une congruence ou d’une cohérence avec les autres, ou avec le tout, qui rappelle cette fois la notion de solidarité organique durkheimienne » (p. 25). La solidarité organique concerne les sociétés modernes. Elle fonctionne grâce au principe de différenciation (Xiberras, 1998), où toutes les différences individuelles font partie d’un tout, sont interdépendantes et participent à son bon fonctionnement (idem). Il est important de différencier l’intégration de l’assimilation et de l’insertion. D’après une définition basée sur les approches de Bolzman (1996), l’assimilation peut être définie comme « un processus à travers lequel les membres d’un groupe social acquièrent progressivement 31 les différents éléments de la culture du groupe social dominant »28. La culture est finalement adoptée de telle sorte que disparaissent les différences significatives entre membres des deux groupes29. Cette définition renvoie à la solidarité mécanique durkheimienne, qui concerne les sociétés traditionnelles et qui fonctionne grâce au principe de similitude, car les individus se ressemblent en ce qui concerne leurs valeurs, leurs croyances, leurs fonctions ainsi que leurs représentations. Ainsi, le fait de partager tout cela facilite leur solidarité, qui d’ailleurs est automatique. D’un autre côté, l’assimilation souligne « l’unité de la communauté nationale comme ultime espace de référence à préserver » (Xiberras, 1998, p. 24). Pour Xiberras (1998), « l’intégration est la capacité de rétablir une reconnaissance réciproque et globale (solidarité organique) ce qui signifierait pour l’État régulateur la capacité de gérer l’expression d’un polythéisme de valeurs » (p. 196). Concernant la notion d’insertion, cella indique plutôt « les conditions d’accueil de l’étranger, avec le maintien de ses particularismes d’origine. Il s’agit de faire une place parmi les autres, comme les autres, au sein de l’espace de la communauté nationale. Malgré ses différences, il s’agit donc d’accueillir l’exclu avec des droits, des chances, un statut, similaires à ceux des membres de la communauté nationale » (Xiberras, 1998, p. 24). Par conséquent, l’intégration fait allusion à la collectivité tandis que l’insertion est un processus individuel qui permet de réussir l’intégration. 1.2 Facteurs d’intégration D’après le Service Communautaire de la Planchette situé à Aigle30, quatre facteurs devraient être pris en compte à l’heure actuelle pour parler d’intégration en Suisse : La connaissance de la langue d’accueil. L’insertion économique, la participation au marché de l’emploi. Le réseau social. L’appartenance. 1.2.1 Connaissance de la langue d’accueil Le parcours d’appropriation de la langue dominante du pays d’accueil implique « un processus long, complexe et multiforme (Adami, 2011, p. 2). Sa maîtrise est un élément très important dans le processus d’insertion et intégration, mais n’est pas suffisante (Loutan, 2009, p. 17). C’est d’ailleurs ce que souligne Prodolliet (2007, p. 6) : « Les compétences linguistiques favorisent énormément le processus intégratif. Elles sont indispensables pour 28 Dans le site web du Service Communautaire de la Planchette. Para.1. Consulté le 3 mars dans http://www.planchette.ch/dossiers/INTEGRATION.html 29 Idem 30 Service Communautaire de la Planchette. Facteurs d’intégration, difficultés, para. 1, Consulté le 3 mars dans http://www.planchette.ch/dossiers/facteursintegration.html 32 s’orienter dans la vie quotidienne, à l’école et au travail. Toutefois, une intégration réussie ne repose pas uniquement sur la maîtrise d’une langue » (cité par Loutan, 2009, p. 17). Or, Bretegnier (2011) affirme que les immigrés ne doivent pas seulement apprendre une seconde langue ou effectuer un réapprentissage des savoirs linguistiques de base, ils doivent aussi apprendre la « langue de l’insertion » et de « l’intégration ». Cet auteur insiste également sur le caractère social de l’apprentissage de la langue pour le public, car il s’agit d’un « processus d’appropriation de normes socio-langagières qui régissent les interactions sociales, dans le processus d’insertion » (p. 15). Par conséquent « l’insertion et l’intégration sont conçues comme relevant plus largement de processus de socialisation » (idem). Cette conception socio-interactionnelle de l’insertion/intégration renvoie à l’idée d’un apprendre à dire, à agir, à se positionner, dans un espace socio-interactionnel dont il s’agit d’apprendre à décrypter les normes, les conventions, les rituels (Goffman, 1974), pour y interagir de la manière la plus aisée, légitimée, et efficace possible (Breteginer, 2011, p. 16). Par conséquent, pour l’acquisition de la langue du nouveau pays, une « formation linguistique en contexte d’insertion (FLI) » semble indispensable. L’objectif de cet apprentissage est surtout « d’obtenir les informations de base utiles et nécessaires à l’autonomie dans la vie quotidienne » (Loutan, 2009, p. 16). La formation doit être adaptée à un public en cours d’insertion. Cela signifie qu’elle doit prendre en compte « la diversité de situations et de profils sociolinguistiques des publics concernés » (Bretengier, 2011, p. 3). Cependant « audelà de cette pluralité complexe, les publics auxquels s’adressent ces formations linguistiques partagent l’expérience de parcours en partie convergents, inscrits dans une double logique de difficulté d’appropriation linguistique et de mobilité sociale, d’insertion, d’intégration » (idem). 1.2.2 La participation au marché du travail Selon le Dictionnaire suisse de politique sociale (Frangniere & Girod, 2002), le marché du travail désigne « le lieu où se rencontrent l'offre et la demande de travail pour établir le prix du travail » (p. 198). L’offre de travail est constituée par les salariés et les personnes en recherche d'emploi, la demande de travail par les besoins des entreprises. Selon Dion-Loye (2003), le marché du travail est divisé en deux catégories différentes. D’un côté il y a un marché primaire « dont la situation juridique obéit à un droit du travail toujours plus protecteur » (p. 34). Cela signifie qu’il concerne les emplois les plus stables qui proposent des perspectives de carrière par promotion interne et les travailleurs sont souvent qualifiés et diplômés. Ici, « le travail exclut la pauvreté » (p. 34). D’un autre côté, il y a un marché secondaire « plongé dans un univers politique où la précarité économique est de règle » (idem). Il rassemble « les emplois soumis à la concurrence et au libre fonctionnement 33 du marché »31. Ici, les travailleurs sont en situation d’instabilité et d’incertitude quant à l’avenir de leur emploi et sont plus susceptibles de connaître le sous-emploi32 et le chômage. Parmi les indicateurs de l’insertion sur le marché du travail, il y a : l’existence d’un emploi, le niveau de satisfaction par rapport à l’emploi, le salaire, le niveau de vie, le pouvoir d’achat ainsi que les études et les formations en correspondance avec le travail. En Suisse, le travail est considéré comme le facteur principal d’intégration des immigrants. Le travail implique l’indépendance financière et plus d’autonomie dans un contexte culturel. Du point de vue économique, il est directement lié à la consommation, au prestige social et à l’estime de soi33. Du point de vue social, c’est un facteur important de socialisation. « Une personne qui n’a pas accès au monde du travail ou qui ne parvient pas à s’y affirmer se trouve très rapidement en marge de la société. Un étranger en Suisse est mieux accepté s’il travaille, dans le cas contraire il est souvent perçu comme un profiteur, voire même un criminel. »34 L’accès à une activité lucrative est la condition primordiale d’une intégration réussie. Aujourd’hui, en raison du changement d’orientation du marché de l’emploi, les chances d’exercer une activité lucrative reposent essentiellement sur les possibilités de se former suffisamment (Gattiker, 2006, p. 78, cité par Loutan, 2009 p. 17). 1.2.3 Le réseau social et le sentiment d’appartenance Le réseau social souligne l’interaction entre individus ou groupe d’individus et même entre organisations. Ceci est marqué par la participation à la vie sociale, aux activités de groupes ou associations, etc. (Service Communautaire de la Planchette). Cette participation (Bolzman, 1992) se révèle être un indicateur de « l’intégration interne » qui sert au maintien et au développement de la culture propre à la communauté et du soutien réciproque des membres de celle-ci. Certains travaux soulignent que cette intégration interne a une influence positive sur la participation des membres de la communauté à la vie sociale et économique du pays d’accueil35. 31 Banque de Ressources Interactives en Sciences Economiques et Sociales (BRISES), para.1, Consulté le 20 mai dans http://brises.org/notion.php/marche-travail/marche-interne/marche-externe/notId/48/notBranch/48/ 32 Le sous-emploi comprend les personnes actives occupées au sens du BIT qui remplissent l’une des conditions suivantes : - Elles travaillent à temps partiel, souhaitent travailler davantage pendant la période de référence utilisée pour définir l’emploi, et sont disponibles pour le faire, qu’elles recherchent activement un emploi ou non ; - Elles travaillent à temps partiel (et sont dans une situation autre que celle décrite ci-dessus) ou à temps complet, mais ont travaillé moins que d’habitude pendant une semaine de référence en raison de chômage partiel, ralentissement des affaires, réduction saisonnière d’activité ou mauvais temps. Consulté le 3 juin 2011 dans http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/sous-emploi.htm 33 Service Communautaire de la Planchette. L’insertion économique, la participation au marché de l’emploi, para.2. Consulté le 3 mars 2011 dans http://www.planchette.ch/dossiers/facteursintegration.html 34 Idem 35 Dans Service Communautaire de la Planchette. Réseau social, para. 3. Consulté le 3 mars 2011 dans http://www.planchette.ch/dossiers/facteursintegration.html 34 D’après Arcand, Lenoir-Achdjian et Helly, (2009), « le concept de réseau social fait référence à la nature des liens faibles et des liens forts » (p. 13). Les liens forts marquent un haut degré de ressemblance entre deux ou plusieurs personnes, de la même famille ou des amis. À l’opposé, les liens faibles favorisent la circulation des personnes et des groupes dans un réseau plus large. Pour un demandeur d’emploi, il est important d’élargir ses réseaux afin d’accéder à l’information concernant les emplois disponibles. Concernant le sentiment d’appartenance, plus une personne possède un sentiment d’appartenance à un lieu de vie, plus elle s’intéressera à ce qui s’y passe. Elle participera ainsi davantage à la vie sociale et économique de sa région et cela lui permettra d’autant plus de faire des projets et de gagner de l’assurance pour la suite de son séjour. Pour Schnapper (1994, p. 73), « l’appartenance […] naît de l’intériorisation d’un ensemble de modèles culturels et de valeurs spécifiques, qui définissent une identité personnelle indissolublement liée à une identité collective » (cité par Adami, 2009, p. 11). 2. L’insertion Insérer, du latin inserere, signifie introduire, trouver sa place dans un ensemble. « L’insertion est un terme qui date du XVIe siècle, du bas latin insertio. L’insertion exprime l’action d’insérer » (Boucher, 2000, p. 49, cité par Gilbert, 2007, p. 20). La popularité de ce terme pose des difficultés de définition et de conceptualisation. Dans le dictionnaire Larousse, la description de ce terme reste large. Difficile de s’en inspirer pour se donner une idée de la réelle place, de la réelle utilité que prend ce vocable en termes de concept utile pour réfléchir. Le terme se définit comme: « trouver sa place dans un ensemble ; se situer ; trouver sa place dans un milieu ; s’insérer, s’introduire ». Pour certains dictionnaires en sciences sociales, ce terme est quasi inexistant, comme par exemple dans le dictionnaire de sociologie Robert Seuil (1999). Le Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles (Ferréol et Jucquois, 2003), quant à lui, ne parlera de l’insertion que par l’intermédiaire du mot « intégration ». Le Nouveau dictionnaire critique de l’action sociale (Barreyre et Bouquet, 2006) présente cette thématique non par une définition propre au terme, mais par un concept orienté économie solidaire : « insertion par l’activité économique (IAE) ». Le seul dictionnaire qui définit ce terme est le Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation (Nathan, 1998) avec un article du sociologue Dubar. Il présente l’insertion comme une « transition » entre l’école et l’emploi concernant les jeunes en termes économique et/ou social. Mais du point de vue contemporain, il précise que « l’insertion devient […] un cas particulier de transition entre des situations de formation, d’emploi et de chômage qui mettent en question la construction-déconstruction-reconstruction des identités professionnelles et des appartenances sociales » (p. 554). L’auteur parle de jeunes, car entre les années 70 et 80, il y a eu une montée du chômage en France affectant surtout ces derniers. Cette situation a permis l’apparition des premières politiques d’insertion. 35 Par ailleurs, selon Leriol (1999), l’insertion souligne une catégorie d’action publique dont l’objectif est de « pallier les défaillances des mécanismes d’intégration à un niveau essentiellement individuel » (p. 9). Donc, même si l’intégration (Gilbert, 2007) est perçue d’une manière individuelle (à l’opposé de l’intégration), « elle peut devenir un problème collectif lorsque le travail ne permet pas d’intégrer une bonne partie de la population » (p. 24). En ce qui concerne la notion d’insertion professionnelle (Gilbert, p. 26), aujourd’hui cette dernière « ne désigne pas seulement le rapport entre la formation et l’emploi ». Elle touche aussi les notions d’insertion sociale et de lien social. Castel (1995) explique que l’insertion professionnelle ne peut-être étudiée qu’en tenant compte uniquement de l’insertion sociale (dans Gilbert p. 26). D’ailleurs, cet auteur souligne qu’il existe trois zones qui délimitent ce processus : la zone d’intégration, la zone de vulnérabilité et la zone de marginalité ou désaffiliation. D’après Gauthier (1977, p. 15), l’insertion professionnelle implique aussi « l’acquisition de compétences, la possibilité d’expérimentation et la recherche de promotion sociale » (cité par Gilbert, 2007, p. 28). 2.1 L’émergence de la notion d’insertion socioprofessionnelle en tant que demande sociale Du point de vue diachronique, ce terme apparaît dans les années 60, sans savoir exactement sa source énonciative première. Dans les années 70, deux façons d’appréhender la notion d’insertion sont en concurrence: « La première porte sur les problématiques des inégalités, de l’exclusion et de la pauvreté, la seconde sur le rapport à la jeunesse/travail » (Guyennot, 1998, p. 9). L’utilité de ce vocable était donc en premier de désigner les populations de catégorie populaire, ensemble d’individus étiquetés comme « handicapés ou inadaptés » (idem, p. 9). Il s’est en quelque sorte constitué en objet de discours en termes de manquement par rapport à une moyenne de la population existante, en relation aux actifs se trouvant engagés sur le marché de l’emploi. Dans les années qui vont suivre, l’insertion va être principalement centrée sur l’emploi des jeunes qui sortent du système scolaire dit de transition. Dans les années 80, une autre particularité va apparaître: la notion de pauvreté comme autre problème social. À cette période en France, par exemple, le revenu d’insertion (RMI) sera instauré pour prévenir l’exclusion des plus défavorisés économiquement. Le débat sur l’insertion va naviguer sur deux plans: celui des jeunesses et celui de la pauvreté. Fin des années 80 et début des années 90 « l’insertion va concerner les pauvres et les nouveaux pauvres, mais également, et de plus en plus, les chômeurs de longue durée » (idem, p. 11). À partir de ce premier constat, les notions d’insertion, d’exclusion et de chômeurs de longue durée vont être des concepts qui se trouvent mis en relation avec d’autres familles de concept comme par exemple : exclu/inclus ; intégré/désintégré ; inséré/désinséré ; affilié/désaffilié, etc. En résumé, la prise de notoriété de ce concept est issue en quelque sorte d’une réaction de la collectivité contre l’exclusion sociale venant d’un bouleversement en profondeur du point 36 de vue social et économique. Concernant le rapport entre les concepts « insertion et intégration » (Buttex & Tschumi, 2008). Le terme insertion désigne par conséquent à la fois un but et un moyen. C’est, d’une part, le résultat des mécanismes d’intégration, telle la socialisation, par lesquels chaque individu tout au long de sa vie assimile des éléments lui permettant d’occuper une place dans les échanges sociaux. Dans notre société, l’axe le plus intégrateur autour duquel se cristallise l’insertion est le travail (Simonet, 2002, p. 181). En effet, dans nos sociétés modernes, l’activité professionnelle est l’un des axes essentiels pour la socialisation et l’intégration d’une personne. Il est toutefois nécessaire de comprendre qu’il n’y a pas que l’insertion par l’économie, il est aussi important de prendre en considération l’insertion par le social. « La qualification professionnelle ne résulterait plus seulement d’un savoir technique ou du caractère productif, mais aussi des capacités globales à comprendre son environnement et à s’intégrer dans les relations de travail » (Adjerad & Ballet, p.14). De ce fait, la question de l’insertion socioprofessionnelle est une préoccupation des politiques publiques dans le cadre de la mise en place des dispositifs pour venir en aide aux populations qui se trouvent dans une situation d’exclusion clairement « définie ». L’intervention des politiques aurait comme fonction de créer ou de recréer les liens sociaux, pour « recapitaliser » des ressources sociales et économiques perdues ou affaiblies par un processus et des actions spécifiques favorisant la « reliance » (Bolle De Bal, 2003, p. 2), pour redonner une « consistance » à un « capital humain » affaibli ou/et perdu. Cette reconstitution de la personne en termes d’insertion ou de réinsertion économique, ou, « par l’économie », a comme but de trouver ou de faire retrouver une activité économiquement et/ou socialement « viable ». Par conséquent, la question de la notion d’insertion sociale et celle de la notion d’insertion économique ne peuvent se différentier drastiquement. Ces deux notions sont interdépendantes à différents degrés. Les qualifications et l’expérience des personnes du point de vue professionnel sont déterminantes pour la question de l’insertion: savoir et savoir faire. Mais il est aussi de plus en plus exigé de la personne en insertion qu’elle ait des capacités d’adaptation, d’autonomie et de motivation qui se traduisent en « savoir-être ». « Il s’agit de la capacité à nouer des relations positives avec son environnement » (Adjerad & Ballet, 2004, p. 14). Toutefois, il est possible de constater que « la question de l’insertion est étroitement liée au marché du travail, ce ne serait pas qu’une problématique d’adaptation, de manque de qualification, de difficultés d’insertion, d’incapacités ou encore d’inaptitudes. En quelque sorte, la problématique ne consiste donc pas à partir des individus eux-mêmes, mais à considérer que ce sont avant tout les conditions du marché et les contraintes du marché qui déterminent les opportunités d’insertion » (Idem, p. 29). Dunand (2006) fait remarquer – à partir de son expérience de responsable de l’association Réalise qui pratique la réinsertion par 37 l’économie solidaire – que les mesures prises par les autorités politiques et les associations de réinsertion du « théière secteur » ne mentionnent pas si les résultats ont été efficaces ou non: « en période de haute conjoncture, la réinsertion est aisée, même si les prestations offertes aux demandeurs d’emploi (stages, formation, conseil) sont de piètre qualité » (p. 176). En guise de conclusion, comme l’affirme Dubar (2001), l’insertion professionnelle peut être définie comme « [un] processus socialement construit dans lequel sont impliqués des acteurs sociaux et des institutions (historiquement construites), des logiques (sociétales) d’action et des stratégies d’acteurs, des expériences (biographiques) sur le marché du travail et des héritages socioscolaires » (Bordigoni, Demazière & Mansuy 1994, cité par Dubar, 2011, p. 34). Cela signifie « qu’elle est historiquement inscrite dans une conjoncture (économique et politique); qu’elle est dépendante d’une architecture institutionnelle qui traduit des relations spécifiques (à un espace sociétal) entre éducation, travail et rémunération; qu’elle est dépendante des stratégies d’acteurs y compris de celles des personnes concernées; que ces dernières sont elles-mêmes liées à des trajectoires biographiques » (Dubar, 2001, p. 34). 2.2 Critique de la notion d’insertion Des enjeux sociologiques non neutres existent derrière cette notion d’insertion. Ainsi, « Lahire et Bionniel (1994) soulignent par exemple l’impossibilité de donner une définition générale de l’insertion et par conséquent de mesurer le niveau d’insertion » (cité par Adjerad, Ballet, 2004, p. 7). D’après Houle (1996), ces auteurs affirment que « l’insertion sociale constitue un dispositif de contrôle comportemental qui s’adresse aux jeunes des classes populaires, à ceux et celles qui possèdent le moins de capital économique et le moins de capital scolaire, les fractions les plus dominées des classes dominées, les fractions les plus stigmatisées des classes dominées » (cité par Boivin, 1999, p.9)36. Cette désignation touche plus précisément les variables sociodémographiques les plus touchées sur le plan de l’insertion socioprofessionnelle. Ces stigmates sont bien connus de tous : le genre (les femmes), l’âge (jeune/vieux), le niveau et le type de qualification scolaire et professionnelle et la nationalité (genre de permis). À partir de là, plusieurs variables peuvent se croiser en ce qui concerne la question de l’insertion/réinsertion socioprofessionnelle d’une personne: 36 « S’inspirant de Bonniel et Lahire, M-A Houle explique que le dispositif d’actions d’insertion sociale s’appuie sur un discours social qui prend la forme d’une imposition de normes de conduite, d’attitudes face à la vie, et même un mode de comportement lorsqu’il s’agit de réapprendre à se tenir, à parler, à se présenter. C’est mettre l’accent sur les attitudes qu’il faut modifier, et non sur les causes des situations vécues. Les discours sur l’insertion sont une forme d’énonciation de la morale dominante. L’énonciation de ce qu’il faut atteindre, la distance entre l’idéal et la réalité dans les faits, sont même susceptibles de créer une stigmatisation. En fait, le succès de la notion d’insertion n’a d’égale que son ambiguïté: c’est pourquoi elle est utilisée autant par le travail social, la sociologie que les pouvoirs publics. Et c’est pourquoi la notion doit faire l’objet d’une attention particulière lorsqu’elle est utilisée comme concept » (cité par Boivin, 1999, p.15). 38 variables de conjoncture, caractéristiques individuelles et démographiques : sexe, âge, nationalité et situation familiale, caractéristiques individuelles socio-économiques : formation initiale, qualification (Emery.Y., Aeberli, L., Chuard Delaly, 2005, p. 27). D’autre part, comme le note Vincent (1998), « les différents travaux autour de l’insertion professionnelle répondent à différentes demandes sociales ce qui a pour effet de rendre un peu plus floues les limites du concept de recherche sur lequel elle porte » (cité dans Adjerad, Ballet, 2004, p. 7). « L’insertion » est liée aux questions rencontrées par les politiques publiques et sociales en ce qui concerne la question de « l’exclusion ». Pour cette raison, une critique s’impose quant à l’aspect structurel. La notion d’insertion ne doit pas uniquement être portée par le sujet qui devrait combler des manques, « qui conduit à focaliser l’attention et l’intervention sur le déficit des personnes, selon un modèle thérapeutique » (Castra, 2003, para.24), car il ne correspondrait pas à un profil précis à un moment donné. Il semble en effet important de ne pas naturaliser la question de l’insertion, et donc de rester ainsi prudent par rapport à la question de la formation. Les deux espaces sociaux sur lesquels nous allons nous appuyer, pour parler de la formation d’insertion ou de réinsertion, invitent à être attentif sur ce que Roche (2004) énonce: « du côté du couple insertion/emploi-formation/qualification, les limites des actions de formation, à l’égard du public jeune ou du public adulte: le rapport formation/emploi ne fonctionne plus. Rappelons que c’est une évidence aujourd’hui: la formation ne crée pas d’emploi ! Sinon de formateur… Même si elle reste une solution individuelle, les praticiens des dispositifs d’insertion savent à quel point la formation reste un outil précieux, à condition d’être adaptée… » (p. 83). 2.3 Facteurs qui influent sur l’insertion socioprofessionnelle D’après Gilbert (2007), quatre facteurs principaux influent sur l’insertion socioprofessionnelle: la conjoncture économique, les facteurs personnels, l’économie informelle et les services sociaux. En effet, comme le souligne Dubar (2001), l’accès à l’emploi doit être analysé comme la résultante d’interactions complexes qui se situent généralement à deux niveaux: au niveau institutionnel (macro) des politiques et dispositifs inséparables d’une conjoncture historique déterminée et du point de vue sociétal sur les relations entre éducation et travail (Jobert, Marry & Tanguy 1995); au niveau individuel (micro) des relations stratégiques et compréhensives entre les acteurs d’un système d’action localisé ou sectoriel (Demazière & Dubar 1994, p34). 39 En ce qui concerne la conjoncture économique, Laflamme et Baby (1993, p. 89) soulignent que « la capacité d’accueil du marché de l’emploi devient une dimension majeure de l’ensemble du phénomène de l’insertion professionnelle » (cité dans Gilbert 2007 p. 32). Donc, les opportunités d’accès au marché de l’emploi ne dépendraient que des caractéristiques du sujet. Pour ce qui est des facteurs personnels, ceux-ci concernent le savoir-faire et le savoir-être: niveau de formation, expérience professionnelle, personnalité, stratégies déployées, valeurs, réseau social. En effet, « les acteurs sociaux concrets déploient des stratégies qui renvoient à des intérêts mais aussi à des valeurs, à des objectifs économiques, mais aussi à des affinités culturelles, à des ressources stratégiques mais aussi à des parcours biographiques » (Dubar, 2001, p. 34). L’économie informelle se réfère au travail non déclaré, qui permet d’une certaine manière une insertion fictive. Pour Gilbert (2007), cette « économie parallèle » peut contribuer à retarder ou entraver une vraie insertion socioprofessionnelle. Les services sociaux peuvent, d’une part, aider les gens à subvenir à leurs besoins et d’autre part, les aider à se réinsérer sur le marché de l’emploi à travers des mesures d’insertion. 2.3.1 Employabilité D’après Gazier (1999), il existe trois approches concernant l’employabilité, dont au moins sept définitions opérationnelles ont émergé. Le premier usage de l’employabilité apparaît au début du XXe siècle et dure jusqu’aux années quarante. Ici, le terme d’employabilité implique qu’il existe deux catégories de personnes présentes sur le marché du travail ou sollicitant l’assistance publique : les « employables » et les « inemployables ». « Les employables dans ce contexte sont des personnes adultes valides sans charge de famille contraignantes, auxquelles on peut proposer ou imposer des travaux d’utilité publique en échange d’une aide financière. Les inemployables sont ceux qui relèvent directement de l’assistance ou d’autres aides en nature. En somme, un outil élémentaire de partition des pauvres et de gestion d’une situation d’urgence » (Gazier, 1999, p. 10). À la fin des années 50, trois types d’employabilité sont identifiés et utilisés : l’« employabilité socio-médicale », l’« employabilité politique de main-d’œuvre », et l’« employabilité-flux ». Dans cette période, le changement primordial a été l’introduction de critères mesurables de l’employabilité des personnes. Cependant, les tests se sont relevés peu fiables lors de son application (Gazier, 1999). 40 À la fin des années 80, il apparaît une troisième vague apportant trois définitions : la première est « l’employabilité performance attendue sur le marché du travail », laquelle est « directement probabiliste, et relie pour une période donnée la probabilité de trouver un emploi à la durée probable du travail et au gain horaire probable qui lui est associé » (idem, p.10). La deuxième, « employabilité initiative », « se centre sur les capacités individuelles à vendre sur le marché du travail des qualifications évolutives et cumulatives. Il s’agit de créativité/responsabilité individuelle et de capacité à construire et mobiliser des réseaux sociaux » (idem, p. 11). Ce concept est opposé à celui de « l’employabilité-interactive », qui a été surtout développé au Royaume-Uni et aux E.U. Il concerne l’interaction entre les capacités individuelles dynamiques et l’environnement. D’ici émerge une définition canadienne37, qui d’après Gazier, est « la seule qui peut être jugée satisfaisante dans une perspective de solidarité collective telle qu’elle est développée en Europe continentale » (idem). Selon cette définition « l’employabilité est la capacité relative que possède un individu d’obtenir un emploi satisfaisant compte tenu de l’interaction entre ses caractéristiques personnelles et le marché du travail » (idem). La perspective du « profiling » est utilisée afin d’opérationnaliser ce concept. Celle-ci utilise « une technique statistique relativement sophistiquée pour classer les chômeurs, dès le début de leur chômage, sur une échelle, selon les plus ou moins grandes difficultés qu’ils pourront rencontrer dans la recherche d’un nouvel emploi » (idem). Par conséquent, le mot « inemployable », souligne l’« incapacité d’obtenir un emploi compte tenu des exigences du marché de l’emploi38 [et de] satisfaire aux critères de recrutement des responsables d’entreprises » (Ebersold, 2003, p. 15). Pour sa part, Soisson (1989) distingue les « insérables » des « inemployables ». Dans le premier cas, il s’agit « [de personnes qui] sont potentiellement employables et susceptibles de tirer profit des mesures d’insertion. Pour les inemployables la mesure d’insertion est impuissante et ils sont condamnés aux formes d’activités professionnellement dévalorisantes et socialement stigmatisantes » (p. 15). 3. Précarité La notion de précarité apparaît au cours des années 70 avant celle d’exclusion. D’après Wresinski (1987), elle souligne « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux » (p. 14). 37 38 Canadian Labor Force Development Board, 1994. Association Internationale de sécurité sociale, 2001 ; Finot, 2000, dans Ebersold Serge, 2003, p.15. 41 Par ailleurs, la précarité génère de l’insécurité, laquelle peut être plus ou moins ample et avoir des effets plus ou moins graves et définitifs. « [La précarité] conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle tend à se prolonger dans le temps et devient persistante, qu’elle compromet gravement les chances de reconquérir ses droits et de réassumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir prévisible » (idem, p. 14). Selon Bolzman et Tabin (1999) « elle entraîne une fragilité des équilibres non seulement affectifs mais également budgétaires » (p. 58). Ces auteurs ajoutent que la perception de précarité est indissociable du marché de l’emploi et la déstabilisation des revenus salariaux. Ainsi, les personnes touchées se voient dans une instabilité et dans une difficulté croissante qui ne leur permettent pas d’envisager leur avenir. « L’instabilité s’étend de l’emploi au titre, du droit aux rentes d’invalidité, de vieillesse au droit aux prestations sociales, aux possibilités d’accès à l’assistance publique » (p. 59). Toutefois, Bolzman et Tabin (1999) soulignent qu’il est mieux de parler de précarisation, « pour bien garder à l’esprit la dimension de progressive déstabilisation du processus, susceptible d’aboutir à des formes plus ou moins graves d’exclusion sociale » (p. 59). Cette notion souligne également l’absence ou la fragilité des supports. Comme l’évoque Martuccelli (2002), « les supports sont l’ensemble des soutiens qui tiennent l’individu face au monde, matériels ou symboliques, proches ou lointains, conscients ou inconscients, activement structurés ou passivement subis, toujours réel dans leurs effets et sans lesquels, à proprement parler, il ne subsisterait guère ». D’après cet auteur, nous pouvons distinguer quatre types de supports, ayant tous pour fonction de soutenir l’individu. Premièrement, les invisibles et légitimes. Ici nous pouvons faire référence à la suractivité ou à l’autoposition de contraintes. Certains supports peuvent s’avérer stigmatisants. L’individu y est contraint, il ne peut pas le choisir, comme par exemple le chômage ou le RMCAS. Une autre catégorie est celle du support pathologique de dépendance. Enfin, il existe les supports avouables comme par exemple les amis. Par ailleurs, la précarité a un effet global sur le corps social, qui peut se traduire par : Une dégradation des conditions de travail (un travailleur en situation précaire n’est pas en position de force pour défendre ses droits). Des difficultés à développer une vie sociale (quitter le domicile parental, fonder une famille). Une révolte sociale (les salariés en situation précaire auront plus tendance à s’opposer au système). Une dégradation de la santé physique ou mentale : la plupart des indicateurs de comportement et de santé sont altérés dans toutes les catégories de populations classées en situations de précarité (par rapport à celles qui ne le sont pas) (Benamar, 2006, p. 34). 42 Quelques enquêtes américaines ont révélé que les facteurs suivants (dont l’origine peut être la précarité) sont des facteurs de risque pour la santé : « l’absence d’estime de soi, le sentiment de dévalorisation personnelle, la carence d’autonomie dans son travail, le sentiment de ne pas utiliser toutes ses compétences, le sentiment de ne pas recevoir la valorisation que l’on pense mériter » (idem, p. 35). 3.1 Travail précaire Tout d’abord, il est important de définir le mot « Travail ». D’après Dejours (2009, p. 20) celui-ci souligne l’ensemble « des gestes, de savoir-faire, un engagement du corps, la mobilisation de l’intelligence, la capacité de réfléchir, d’interpréter et de réagir à de situations, c’est le pouvoir de sentir, de penser et d’inventer… ». Le travail ne désigne pas en première instance le rapport salarial ou l’emploi, car ce dernier se réfère plutôt au taux de la population active employée. Quant au vocable précarité, celui-ci vient du latin « Precarius » signifiant « obtenu par prière » (Rey, 2001, p. 1086). Le mot fait référence à l’instabilité et à un avenir incertain. La précarité « est l’état de ce qui est précaire » (idem), c’est-à-dire qui implique le manque de garantie de durée, de certitude et d’instabilité d’une situation, d’un revenu, d’un travail, etc. Par conséquent, le « travail précaire » désigne un « emploi » instable caractérisé, d’une part, par des contrats à durée déterminée (CDD), générant un sentiment d’incertitude sur l’avenir et d’autre part, par un revenu faible qui ne permet pas à un individu d’avoir un niveau de vie acceptable. 4. Exclusion Dans cette section, le thème de l’exclusion sera traité d’après trois approches : ethnographique, historique et anthropologique. 4.1 Émergence de la notion d’exclusion Les politiques sociales à la fin du XIXe et au XXe siècle ont émergé autour de la protection des travailleurs salariés face aux risques sociaux liés à l’industrialisation. Cela aboutira en 1945 à la création de la sécurité sociale et en 1958 à celle de l’assurance-chômage (Quillien, s.d). Ainsi, pour les personnes inaptes au travail, les politiques sociales établissent progressivement un droit à la solidarité nationale fondée sur le principe d’assistance. Cependant, la croissance massive du chômage à partir de 1974 déstabilise le système de protection des travailleurs salariés. Par conséquent, « des personnes de tous horizons socioprofessionnels se sont retrouvées exclues du dispositif de mutualisation des risques sociaux propre aux travailleurs salariés, sans pour autant être incapables de travailler et donc relevaient de l’assistance » (Quillien, s.d, p. 9). 43 Par ailleurs, « cette désaffiliation progressive du cadre salarial pour une partie de la population s’est accompagnée d’une perte d’identité sociale, fortement liée jusque-là au travail, voire par exemple à la condition ouvrière, et des solidarités familiales » (idem). D’un point de vue social, « le concept d’exclusion rend compte de l’émergence d’une nouvelle forme de pauvreté. Un débat s’est instauré parmi les sociologues pour essayer d’en déterminer la signification précise et d’en dégager les enjeux » (idem). D’après Autès (1995), il existe trois approches sociologiques de l’exclusion: une approche ethnographique, une approche anthropologique et une approche historique (dans Quillien, s.d). 4.1.1 Approche ethnographique L’approche ethnographique a été menée par Serge Paugam, qui affirme que la notion d’exclusion fait son apparition en France au début des années 90, tout en prenant le relais de celle de précarité (1996, p. 15). Cet auteur considère que l’exclusion est le paradigme « à partir duquel notre société prend conscience d’elle-même et de ses dysfonctionnements, et recherche, parfois dans l’urgence et la confusion, des solutions aux maux qui la tenaillent ». Pour cet auteur, l’exclusion pose aujourd’hui la « nouvelle question sociale » (p. 7). Ainsi, comme le souligne Quillien (s.d, p. 10), « l’exclusion semble remettre radicalement en question les utopies fondatrices du pacte républicain que sont l’égalité et la fraternité ». Selon Paugam (1991), la notion d’exclusion se décline selon une typologie en trois phases: D’abord ceux qu’il a appelés les fragiles qui vivent des situations précaires, tout en retardant leur recours aux services sociaux qui consacrerait leur basculement dans la pauvreté. Ensuite les assistés qui ont accepté leur dépendance aux professionnels et aux institutions d’assistance. Leur conformité affichée à l’identité octroyée par les travailleurs sociaux leur facilite l’accès aux divers droits et secours de l’assistance. Les marginaux enfin qui sont ceux qui résistent à ce conformisme, mais au risque de sombrer dans des formes plus graves de dépendance (alcoolisme, drogue…) (dans Quillien, s.d, p. 10). Paugam pense que la notion d’exclusion et celle de précarité ont en commun de « mettre l’accent sur le risque de perturbations pour la société dans son ensemble, tout en appelant, au moins indirectement, à des réformes sociales » (1996, p. 8). Michel Autès (1995) affirme que la classification – citée ci-dessus – est nécessaire à l’action sociale qui doit définir son objet pour agir. Cependant, celle-ci présente « le risque majeur de nier la spécificité irréductible des trajectoires individuelles » (dans Quillien, s.d, p. 10). 44 D’après Paugam (1996) la notion d’exclusion signale l’existence d’un processus pouvant conduire à celle-ci. L’important ce n’est pas l’exclusion de fait, mais les parcours qui y ont y amené. Ainsi, le terme d’exclusion « renvoie à la réalité sociale de ce processus ainsi défini comme un nouvel enjeu des politiques publiques » (p. 15). Aujourd’hui, ce processus s’est amplifié en raison d’un chômage devenu structurel et de la précarisation de l’emploi. Il affecte les jeunes sans qualification et en rupture sociale ainsi que des personnes de plus de 50 ans dont « la qualification est devenue inadaptée au marché du travail, ou encore des travailleurs pauvres dont les revenus ne leur permettent pas d’accéder à un logement stable » (Quillien, s.d, p. 9). Lorsque l’intégration sociale normative – qui passe essentiellement par l’emploi – ne se produit plus, le lien social est pris en charge par les institutions d’assistance. L’exclusion est la mise en œuvre progressive du rapport que les individus entretiennent avec les institutions (idem). Pour Paugam (1996), trois préoccupations théoriques se détachent plus particulièrement et sont en lien avec la notion d’exclusion: la reproduction des inégalités, le relâchement des liens sociaux et les limites des politiques sociales dont les principes organisateurs relèvent d’une idée d’universalité des droits de l’Homme. 4.1.2 Approche anthropologique L’approche anthropologique de Vincent de Gaulejac (1994) est centrée sur les trajectoires individuelles conduisant à l’exclusion. Ici, « L’exclusion est analysée comme touchant profondément les personnes, mettant en cause leur existence en tant que sujets du corps social » (dans Quillien, s.d, p. 10). Cette approche est focalisée sur le rôle essentiel de la dimension symbolique dans les phénomènes d’exclusion. « Le processus qui mène à l’exclusion est un mélange d’événements objectifs (perte d’emploi, ruptures familiales…) et d’éléments subjectifs qui affectent l’identité sociale du sujet exclu. Toutefois, les éléments subjectifs sont les plus prégnants car ils menacent la légitimité symbolique de l’ensemble du système social. Une société qui génère de l’exclusion voit ses valeurs constitutives remises en question de manière fondamentale » (idem. p. 11). Selon Bertaux (2004), la dimension symbolique se réfère au regard que la société porte sur des personnes privées de capitaux ou de ressources (économiques, sociales, culturelles, linguistiques, etc.) nécessaires à une vie ordinaire dans une société: « celles-ci sont perçues le plus souvent très négativement et font l’objet d’une disqualification, d’une stigmatisation, qui aboutissent à ce qu’on appelle proprement l’exclusion: disqualifiées et stigmatisées, ces personnes se trouvent rejetées aux marges de la société » (p. 1). 45 Les personnes ainsi stigmatisées n’ont pas seulement à gérer l’insuffisance de leurs revenus, leur difficulté d’accès à l’emploi, etc., elles ont aussi à vivre avec le poids du regard négatif de leurs concitoyens, regard que souvent elles intériorisent dans une identité d’elles-mêmes fortement négative (idem. p. 2). L’humiliation et la honte d’appartenir à la catégorie des bénéficiaires du RMCAS par exemple. 4.1.3 Approche historique Pour Castel (1995), l’exclusion ou la désaffiliation est perçue comme un phénomène particulier de l’histoire de la question sociale. « Le phénomène de l’exclusion se trouve à la croisée de l’histoire du salariat d’une part, et de celle du traitement de la pauvreté par l’État d’autre part » (Dans Quillien, s.d, p. 11). « L’histoire du salariat montre la construction progressive d’un système de protection sociale qui va de la “tutelle” à l’époque féodale et sous l’Ancien Régime au “contrat” de l’époque révolutionnaire et du XIXe siècle, pour aboutir au “statut” de la société salariale du XXe siècle dans le cadre de l’État social » (idem). Castel (1995), comme Paugam, pense qu’il existe un rapport entre l’affaiblissement du lien social et les processus d’exclusion. L’auteur propose ainsi des zones de cohésion sociale, qu’il définit de la façon suivante: La zone d’intégration se caractérise par une association travail stable et insertion relationnelle solide. La zone de désaffiliation ou exclusion est une conjonction d’une absence de participation à toute activité productive et d’un isolement relationnel. La zone de vulnérabilité est intermédiaire, instable, elle conjugue la précarité du travail et la fragilité des supports de proximité (p. 13). Pour Castel (1995), la solution à cette inutilité se trouve dans les politiques économiques et non dans les politiques sociales et « cette nouvelle question sociale posée par l’exclusion doit être solutionnée principalement par l’État [qui] en tant garant de la cohésion sociale, doit concevoir de nouvelles formes de régulation du statut salarial » (dans Quillien, s.d. p.11). Plus la zone de vulnérabilité est contrôlée plus est possible la stabilité de la structure sociale. En prenant les trois approches, l’on pourrait en conclure que l’exclusion est le produit d’une construction sociale, qui résulte de difficultés d’assimilation, d’insertion ou d’intégration (Xiberras, 1998, p. 25) et que cette notion souligne « l’incapacité à donner sens au réel, à créer les conditions de liaison entre le monde et les hommes, liaison qui fait advenir à la fois des sujets et du sociétal construit d’échanges économiques, de pouvoirs politiques, de valeurs culturelles, c’est-à-dire fondamentalement de relations interpersonnelles » (idem). 46 5. Identité Pour Dubar (2010), l’identité « est le résultat à la fois stable et provisoire, individuel et collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, des divers processus de socialisation qui, conjointement, construisent les individus et définissent les institutions » (p. 105). Le processus identitaire biographique est l’identité à laquelle la personne se sent appartenir. Il émerge des trajectoires personnelles et professionnelles ainsi que des aspirations. Il s’agit donc d’un processus subjectif. Par ailleurs, le processus identitaire relationnel ou structurel qui est lié à une transaction objective désigne l’identité qui nous est attribuée par les autres. Par conséquent, l’identité est construite et reconstruite dans la confrontation de ce que l’on perçoit de soi-même (identité individuelle) et de ce que les autres perçoivent (identité sociale). Dubar (2010) considère que l’identité peut être analysée dans une logique de socialisation, laquelle est conçue comme un « processus de construction, déconstruction et reconstruction des identités liées aux diverses sphères d’activité que chacun rencontre au cours de sa vie et dont il doit apprendre à devenir acteur » (p. 10). La relation entre les différentes sphères d’activité est essentielle dans la construction de la subjectivité, cela permet la production compréhensive et narrative d’une identité personnelle émergeant d’une transaction subjective et une transaction objective. L’identité ou, comme Dubar (2010) préfère la nommer, « les formes identitaires », est constamment construite, déconstruite et reconstruite tout au long de la vie et dans la compagnie des autres. Cela signifie qu’elle est un produit de socialisations successives. Dubar (2010) appelle « actes d’attribution », l’identité qui nous est attribuée par les autres, en d’autres termes qui définit « quel type d’individu vous êtes, c’est-à-dire l’identité pour autrui » (p. 106), tandis que les « actes d’appartenance » ceux sont les actes qui expliquent « quel type d’individu vous voulez être, c’est-à-dire l’identité pour soi » (idem). Ils existent de multiples dimensions de l’identité des individus (sexe, classe sociale, ethnique, etc.), mais selon Dubar (2010), la dimension professionnelle gagne une importance particulière, étant donné « la crise » et les changements du contexte économique et social à partir des années 80. Pour l’auteur, « l’emploi conditionne la construction des identités sociales » (p. 16), de telle sorte que sa privation « est une souffrance intime, une atteinte à l’estime de soi autant qu’une perte de relation aux autres : une blessure identitaire génératrice de désorganisation sociale »39 (p. 13). Par ailleurs, l’auteur souligne que la formation est liée à l’emploi, car celle-ci est « devenue une composante de plus en plus valorisée, non seulement de l’accès aux emplois mais de trajectoires d’emploi et de sorties d’emploi » (p. 112). Par ailleurs, d’après Archibald et Galligani (2009), quand une personne immigrée se voit dans une nouvelle société, elle va « tout de suite sentir et vivre une différence identitaire » (p. 80). 39 Cf. Lazarsfeld P. Jahoda M., Zeisel H., Les chômeurs de Marienthal, paris, Minuit, 1981, 1er éd., 1932 ; ainsi que Bourdieu P. (éd), La Misère du monde, Paris, Seuil, 1996. 47 L’individu immigré est confronté à deux réalités: d’une part, l’existence d’un héritage culturel et linguistique vers lequel il se tourne pour se reconnaître. D’autre part, des caractéristiques collectives nouvelles, « aussi bien au niveau de la singularisation personnelle qu’au niveau de la reconnaissance collective, qu’il va tenter de s’approprier » (Idem, p. 81). Pour ce faire, la communication joue un rôle fondamental. Tajfel (1979, 1981) affirme que les personnes nécessitent une identité personnelle et sociale positive, c’est-à-dire qu’elles ont besoin de faire partie des groupes socialement valorisés, « car c’est la comparaison avec d’autres groupes qui détermine si l’individu réalise une comparaison sociale satisfaisante ou non. Plus les membres d’un groupe se comparent favorablement aux membres d’un autre, plus ils bénéficient d’une identité sociale positive » (dans Herman et Van Ypersele, 2004, p. 8). Dans ce cas, ils mettent en place des stratégies visant à conserver ou étendre leur propre supériorité. Certaines études ont dévoilé que les chômeurs réalisent une comparaison avec le groupe des travailleurs actifs qui se résout à leur détriment et développent une identité sociale et une estime de soi négatives (Sheeran et al., 1995, dans Herman et Van Ypersele, 2004). Pour Herman et Van Ypersele (2004), l’identité sociale est composée de trois dimensions : « la dimension cognitive, qui porte sur la connaissance du fait d’appartenir à un groupe, la dimension évaluative, qui s’interroge sur le fait de savoir si l’appartenance à un groupe donné apporte des avantages et la dimension affective, qui détermine si l’appartenance à un groupe est considérée comme valorisante (identité sociale positive) ou, au contraire, comme dévalorisante (identité sociale négative) » (p. 34). Par ailleurs, ces auteurs pensent que le concept d’identité sociale permet d’analyser la façon dont une personne s’insère ou se rattache à une société. 5.1 Stratégies identitaires Lipiansky, Taboada-Léonefti et Vasquez (1990, p. 24) définissent les stratégies identitaires comme des « procédures mises en œuvre (de façon consciente ou inconsciente) par un acteur (individuel ou collectif) pour atteindre une, ou des finalités (définies explicitement ou se situant au niveau de l’inconscient), procédures élaborées en fonction de la situation d’interaction, c’est-à-dire en fonction des différentes déterminations (socio-historiques, culturelles, psychologiques) de cette situation » (cité par Gutnik, 2000, p. 123). Pour Dubar (1991), les stratégies identitaires ont pour objectif de « réduire éventuellement l’écart entre d’une part, l’identité revendiquée et l’identité attribuée et d’autre part, l’identité héritée et l’identité visée. Le sujet produit donc ce que cet auteur appelle la double transaction » (dans Gutnik, 2000, p. 123), car il crée des « transactions objectives avec autrui ainsi que des transactions subjectives avec lui-même, tout en visant à réduire les écarts éventuels entre l’identité sociale virtuelle et l’identité sociale réelle » (idem). Ainsi, pour H. Malewska-Peyre (1987, p. 87), les stratégies identitaires visent à « diminuer ou éviter cette souffrance émergeant de la dévalorisation de l’image de soi » (cité par Gutnik, p. 123). 48 D’ailleurs, selon Vincent de Gauléjac (1994,), il existe trois catégories de stratégies identitaires: Les stratégies de contournement (pp 189-197) visent à « transformer l’attribution d’une identité stigmatisant par autrui en adoptant, soit une attitude de dérision du système de valeurs mobilisé, soit en renversant la polarité axiologique (bien/mal) de l’attribution, soit en se référant à d’autres systèmes de valeurs pour se désimpliquer de la stigmatisation, ou bien encore en se positionnant en tant que citoyen pour qui, comme un autre, l’aide sociale est un droit » (dans Gutnik, 2002, p. 123). D’après Gutnik, ces stratégies permettent « une préservation de l’image de soi, un évitement du sentiment de honte, mais pas nécessairement une intégration au sein de la société globale » (p. 123). La deuxième catégorie, – Les stratégies de dégagement – (de Gauléjac 1994, p. 199-206) « est fondée sur le principe de projection de la responsabilité sur un autre individu ou sur la société. Cette mise en cause du système social peut avoir plusieurs modalités: l’agressivité, le désir de revanche et de mobilité individuelle à l’intérieur du système social, la recherche de valorisation collective et la remise en cause du système » (dans Gutnik, 2000, p. 124). [La troisième et dernière catégorie de stratégies - les stratégies de défense – émerge de la] lutte contre l’intériorisation d’une image négative: si l’intériorisation est faible, le sujet essaiera de résister à la stigmatisation, soit par l’évitement des situations où l’on serait confronté au regard critique de l’autre, soit par la dénégation et la fuite, soit par la hiérarchisation et la différenciation qui permettent de projeter sur les autres exclus la mauvaise image. Lorsque l’intériorisation devient plus forte, le sujet accepte l’image négative de l’exclu, de l’incapable ; il lui reste alors peu de capacités d’action possible en dehors de la résignation, l’instrumentalisation de son statut, ou la surenchère qui lui apporte l’illusion de contrôler son destin (de Gauléjac, 1994, p. 207, dans Gutnik, 2002, p. 125). Selon une recherche40 menée par Herman et Van Ypersele (2004), « les demandeurs d’emploi se caractérisent eux-mêmes, avant tout, par des traits de personnalité (par exemple, amical, extraverti, ennuyeux) et dans un deuxième temps, par les appartenances liées à leur naissance (sexe, nationalité, religion). Les sphères d’intérêt (hobbies) viennent en troisième position. La référence à une catégorie professionnelle n’arrive, qu’en quatrième position. Et là, la définition de soi est réalisée par référence à des études ou à un métier exercé antérieurement » (p. 34). Ladite situation s’inscrit dans la catégorie de stratégies de défense 40 « La recherche a pour objectif de comprendre certains aspects psychosociaux impliqués dans les processus de déqualification et de requalification de personnes privées d’emploi alors que des handicaps tant économiques, sociaux que culturels se cumulent. Cette enquête est conçue dans une perspective destinée à mettre en lumière les processus qui contribuent à une mobilisation et à une participation de ces personnes au sein de la société, que cette participation soit de nature professionnelle, culturelle ou sociale » (Herman et Van Ypersele, 2004, p.3). 49 citées par Gutnik (2002), étant donné que celles-ci procèdent du niveau de la lutte contre l’intériorisation d’une image négative. Le poids d’une catégorie administrative telle que « chômeur » ou bénéficiaire de l’aide sociale et du RMCAS se révèle socialement lourd et constitue une stigmatisation inévitable. « Aussi, les personnes sans emploi, malgré certaines de leurs allégations, y adhèrent dans leur fort intérieur » (Herman et Van Ypersele, 2004, p. 34.) II QUESTIONS DE RECHERCHE Lors de l’introduction et des chapitres précédents, la problématique de cette recherche ainsi que des voies à suivre, selon les modèles théoriques et le contexte de la recherche, ont été identifiées. Dans ce chapitre, une question spécifique et plusieurs sous-questions seront énoncées. Ensuite, sera abordée une proposition de réponse à la question de recherche spécifique. 1. Questions de recherche Le constat tiré des statistiques signale que pour les immigrants récents d’âge mûr provenant des États tiers, la possibilité de s’insérer sur le marché de l’emploi est faible (d’Aiuto, 2008). D’ailleurs, étant moi-même « Suisse de retour de l’étranger » primo-arrivante, j’ai constaté cette situation dans le milieu de familles de « Suisses de retour de l’étranger » aussi primoarrivantes appartenant à mon réseau social, constitué de liens forts et faibles. Cependant, malgré tous les facteurs extrinsèques et intrinsèques pouvant entraver leur insertion sur le marché de l’emploi: conjoncture, formations et mesures d’insertion peu ou pas adaptées à leurs besoins, leur âge, leur manque de maîtrise de la « langue d’insertion », leur temps de séjour, leur niveau de formation, etc., certaines personnes, avec les caractéristiques susmentionnées, possèdent un emploi stable dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée. Ainsi émergent la question spécifique et les deux premières sous-questions de recherche: Quels sont les facteurs favorisant l’insertion sur le marché de l’emploi des Suisses primo-arrivants originaires de Bolivie et d’Argentine, âgés de plus de 45 ans et issus d’une immigration relativement récente (moins de dix ans)? Quelles difficultés ont-ils rencontré pour s’insérer sur le marché d’emploi? Quelles stratégies déploient-ils pour accéder à l’emploi? Par ailleurs, toujours d’après les statistiques (d’Aiuto, 2008), le type de permis n’aurait pas d’influence significative sur l’insertion des immigrants et « le fait d’avoir achevé une formation tertiaire augmente leur probabilité d’être actifs » (p. 34). D’autres sous-questions se posent alors: Quel statut migratoire avaient-ils à leur arrivée? Etaient-ils des Suisses de retour de l’étranger ou des conjoints de ces derniers (détenteurs alors d’un permis B)? 50 Quels sont leurs parcours professionnels avant et après leur arrivée? Quel est leur niveau de formation? Quelle est leur expérience professionnelle avant et après leur arrivée? Quelles formations ont-ils effectuées depuis leur arrivée? Steiner et Stoffer (2006) mentionnent qu’il y a deux genres de mesures d’insertion: des mesures sociales et des mesures professionnelles. « Dans le premier cas, le but des mesures est de permettre au bénéficier de développer son autonomie individuelle, de se reconstruire un réseau social et de retrouver une utilité sociale. Dans le second cas, elles visent l’intégration dans le monde du travail par le renforcement des compétences de l’usager grâce à la formation et/ou à l’exercice d’une activité » (p. 53). Il semble donc intéressant de savoir quelles mesures d’insertion ont été suivies par les participants dans le cadre du Revenu minimum cantonal d’aide social (RMCAS) et de l’Office cantonal de l’emploi (OCE). 2. Hypothèse D’après Bergeron et Potter (2006), l’analyse de l’insertion des immigrants est focalisée notamment sur leur « capital humain » (niveau de formation, expérience professionnelle, maîtrise de la langue). Cependant, ces auteurs soulignent que des recherches ont démontré que le réseau social est aussi important que le capital humain à l’heure actuelle dans la compréhension des difficultés de quelques immigrants à s’intégrer. Semblablement, j’ai pu apercevoir, dans le milieu des immigrants suisses-latino-américains, que le réseau social est un des facteurs les plus importants qui favorisent l’insertion sur le marché de l’emploi des binationaux originaires de Bolivie et d’Argentine, âgés de 45 ans et plus et issus d’une immigration récente. Ce constat constituera donc une réponse principale à ma question de recherche spécifique. Comme nous l’avons vu précédemment, il existe deux genres de mesures d’insertion selon Steiner et Stofer. Nous allons donc partir du postulat que le type de mesures d’insertion proposé par l’OCE et le RMCAS serait plutôt de genre social. Les mesures d’insertion auraient donc aidé les participants à élargir leurs réseaux sociaux et à retrouver une utilité sociale. IV MÉTHODOLOGIE Cette recherche s’inscrit dans une démarche qualitative, laquelle s’adapte mieux à l’étude en compréhension des phénomènes humains. Ce chapitre présente une réflexion préalable sur la méthode mise en place pour mener la recherche. Seront également abordés les thèmes de la position épistémologique adoptée, de la méthode utilisée et des participants rencontrés. 51 1. Position épistémologique Cette recherche s’inscrit dans la posture épistémologique du paradigme compréhensif. « Les chercheurs dont les travaux relèvent du paradigme compréhensif considèrent que les faits humains sont porteurs de significations et qu’il leur est possible de saisir ces significations » (Bérubé, 2009, p. 131) à partir des intentions que l’on peut anticiper chez un ou des acteurs et de notre propre expérience vécue du social. D’après Dilthey, pour parvenir à cette compréhension, il nous faut « une méthode descriptive nous permettant de dégager des types invariants de l’esprit humain à partir d’une compréhension intime des faits socioculturels » (dans Mucchielli, 1992, p. 195). Cette méthode « consiste à revivre en pensée les situations significatives pour les protagonistes sociaux » (idem). Ainsi l’exprime Alex Mucchielli (2005), pour qui toute personne possède la possibilité de « pénétrer le monde des significations d’un autre acteur humain. Le vécu et le ressenti d’un autre homme ne sont pas hermétiques et hors d’atteinte » (p. 30) grâce à l’empathie. Dans cet esprit, j’ai tenté de saisir l’expérience en rapport avec l’insertion sur le marché de l’emploi des immigrants suisses d’origine étrangère. J’ai cherché à comprendre comment cette expérience est interprétée, comment son interprétation a été construite à partir des expériences et comment son interprétation influence les comportements présents et futurs. La démarche a été particulièrement inductive, car le terrain a été abordé d’après une logique d’exploration et de découverte plutôt que selon une logique de vérification, propre à la démarche déductive. 2. Méthode de recherche: l’entretien La méthode de recherche utilisée dans le cadre de cette recherche a été celle de l’entretien semi-directif. J’ai donc posé une série de questions guidées et ouvertes, auxquelles je souhaitais que le participant réponde. Celles-ci n’étaient pas forcément dans l’ordre dans lequel je les avais notées. Dès que les participants s’écartaient du sujet, j’essayais simplement de recentrer l’entretien sur les questions de la recherche. Les entretiens ont été réalisés en espagnol et au domicile des participants, et ce, de manière individuelle. Tous ont été enregistrés. Des notes ont également été prises, car dans quelques cas les participants se lâchaient beaucoup plus lorsque j’arrêtais d’enregistrer. Cela correspond d’ailleurs aux transcriptions les plus courtes. Dans les jours suivants, les entretiens ont tous été transcrits. Au fur et à mesure qu’un entretien était transcrit, je procédais à sa traduction vers le français. 52 Enfin, parmi tous les ouvrages traitant de la méthodologie de l’entretien, celui de Bellengere et Couchaere (2010) sur Les techniques de questionnement et celui de Gerald Boutin (1997) Entretien recherche qualitatif, ont servi de référence. En aval, les entretiens ont été structurés en anticipant les résultats, en rédigeant les canevas, les thèmes et les questions principales. La préparation et la négociation des entretiens ont comporté trois phases. D’abord, l’élaboration du guide d’entretien avec les questions et celles éventuellement de relance. Ensuite, la recherche de participants. Ainsi, les trois premiers participants faisaient partie de mes connaissances : une collègue et deux oncles. Les onze autres participants étaient des connaissances de ces derniers ou de mon cercle social. Enfin, j’ai téléphoné à chaque participant. Onze d’entre eux étaient déjà avertis par leurs connaissances. Je me suis présentée et fait une brève justification de mon travail41. Parmi ces onze personnes, deux ne voulaient pas participer, mais ils m’ont orientée vers leur conjoint qui était disponible. J’ai négocié avec eux les conditions de l’entretien : le temps, le lieu, l’anonymat. La conduite de l’entretien comportait trois étapes : d’abord, la crédibilité de la recherche auprès des participants et la mise en confiance ont été établies. Ensuite, les entretiens se sont déroulés sous forme de conversation. Chacun d’eux a duré environ 30 minutes. Puis, ils se sont conclus par des remerciements. 2.1 Guide d’entretien Le guide de l’entretien était basé sur les questions de la recherche, l’entretien était donc encadré par celles-ci (cf. annexe 2). La première question consistait à connaître le chemin parcouru par l’interviewé depuis son arrivée en Suisse jusqu’à son insertion sur le marché de l’emploi. Celle-ci représente une question centrale car en l’abordant, les participants répondaient également à la majorité des questions suivantes du guide d’entretien, notamment sur leur statut migratoire, les organismes consultés, les mesures d’insertion suivies et leur parcours professionnel depuis leur arrivée en Suisse. En général, la question suivante portait sur le parcours professionnel avant leur arrivée en Suisse. Ensuite, la question concernant les difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi et les stratégies pour accéder à l’emploi a été posée. Enfin, les entretiens se sont terminés par des questions concernant la date de naissance et la date d’arrivée en Suisse. 41 Je leur ai expliqué que j’étais en train de rédiger mon mémoire de master qui portait sur des Suisses d’origine latinoaméricaine. 53 3. Population Par la suite je vais définir la population cible de cette recherche, c’est-à-dire les personnes respectant les critères préalablement établis, tels que présentés ci-dessous : 3.1 Les critères de sélection des participants Premièrement, tous les participants rencontrés devaient remplir les critères suivants : ils devaient être originaires d’Amérique latine, posséder un passeport suisse, demeurer sur le territoire de Genève depuis moins de dix ans et être âgés de 45 ans et plus. Concernant le critère du « pays d’origine », celui-ci a émergé au fur et à mesure que les entretiens avançaient. La Bolivie et l’Argentine ont été choisies pour une raison d’accessibilité, étant donné mon réseau social et celui des premiers participants. 3.2 La composition de la population Au total, ce sont 14 immigrants qui ont composé la population de cette recherche. Dans cette section, seront discutées les caractéristiques sociodémographiques pour l’ensemble de la population. Tous les prénoms utilisés sont fictifs. Les caractéristiques prises en compte dans le cadre de cette recherche étaient le sexe des participants, leur âge, leur pays d’origine (Bolivie et Argentine), leur profession ou occupation actuelle et l’année de leur immigration. Les participants devaient également posséder la nationalité suisse. D’après l’information du tableau n°2 qui figure à la page suivante, nous pouvons constater que : Une proportion assez équivalente d’hommes et de femmes a fait l’objet dans cette recherche : six hommes dont trois ont un emploi à durée indéterminée et huit femmes dont quatre possèdent un emploi à durée indéterminée. Tous sont âgés d’au moins 45 ans. Sept des participants possèdent un emploi à durée indéterminée et sont arrivés en Suisse il y a plus de huit ans. Les sept autres sont à la recherche d’emploi et bénéficient, directement ou indirectement du RMCAS42. Trois d’entre eux sont arrivés il y a moins de sept ans, trois autres il y a huit ans et le dernier il y a neuf ans. Dans le cadre de cette recherche, nous avons rencontré huit Boliviens dont trois sont employés et six Argentins dont quatre sont employés. 42 Le RMCAS est calculé en fonction de la situation financière du demandeur et des personnes formant ménage commun avec lui. Consulté le 9 mars dans http://www.hospicegeneral.ch/fileadmin/files/pdfs/asoc/rmcas_flyerjaune4.pdf. 54 Trois personnes ont obtenu la nationalité suisse par filiation et onze par naturalisation facilitée. Parmi ces derniers, neuf sont des conjoints de Suisses primo-arrivants et deux ont obtenu la nationalité en vertu de l’article 31b LN. Parmi les sept employés, un seul a obtenu la nationalité suisse par filiation, les six autres l’ont obtenue par naturalisation facilitée. Concernant les sept participants sans emploi, deux ont obtenu la nationalité par filiation, les autres par naturalisation facilitée. Tableau N° 2 Prénom Origine Pedro Argentin 45 David Argentin 57 Jaime Argentin 55 Sara Argentin 58 e Employée contrat à durée indéterminée 10 ans María 53 Hugo Bolivien 55 Gabriel Bolivien 57 Employée contrat à durée indéterminée Employée contrat à durée indéterminée Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire indirecte du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Employée contrat à durée indéterminée et déterminée Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Employé contrat à durée indéterminée Employé contrat à durée indéterminée Sans emploi/bénéficiaire direct du RMCAS 8 ans Teo Argentin e Argentin e Bolivien ne Bolivien ne Bolivien ne Bolivien ne Bolivien ne Bolivien Andrea Fany Rosa Mónica Aurora Melina Âge 45 51 45 53 50 52 55 Occupation actuelle Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Employé contrat à durée indéterminée Durée de séjour 5 ans 7 ans 8 ans 10 ans 7 ans 8 ans 8 ans 8 ans Type de naturalisation Naturalisation facilitée Naturalisation facilitée Naturalisation facilitée en vertu de l’article 31b LN Naturalisation facilitée en vertu de l’article 31b LN Naturalisation facilitée Naturalisation facilitée Filiation Naturalisation facilitée Filiation 8 ans Naturalisation facilitée Filiation 9 ans Filiation 9 ans Naturalisation facilitée Filiation 9 ans 55 V. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 1. Analyse des entretiens Pour l’analyse compréhensive, les données recueillies ont été mises en relation, d’une part, avec les questions de cette recherche, et d’autre part, avec le cadre contextuel et théorique abordés dans les deux premiers chapitres. Pour ce faire, ont été utilisées les catégories d’analyse suivantes : statut migratoire à leur arrivée, organismes gouvernementaux consultés, mesure d’insertion suivie, niveau de formation, postes d’emploi ou travaux avant et après immigration, difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi, moyens pour trouver un emploi et stratégies déployées pour chercher un emploi. 1. 1 Statut migratoire à leur arrivée Actuellement, tous les participants sont des binationaux. Cependant, à leur arrivée, ils avaient différents statuts migratoires, ce qui a différencié leurs démarches administratives, le type d’aide de l’État qu’ils ont reçu, leurs droits et leurs obligations. En ce qui concerne leur statut migratoire, nous pouvons observer dans le tableau n° 3 (cf. annexe 3) que six participants possédaient dans un premier temps un permis B, car ils étaient des conjoints de Suisses de retour de l’étranger primo-arrivants. Parmi ceux-ci, trois possèdent actuellement un emploi: Hugo, Ana et Aurora. Les autres trois conjoints (cf. Pedro, David et Rosa) n’ont pas d’emploi et sont des bénéficiaires indirects du RMCAS. Nous pouvons constater également (cf. annexe 3, tableau n° 3) que cinq des participants avaient un statut de « Suisse de retour de l’étranger » à leur arrivée. Seulement un possède un emploi actuellement (voir Teo). Les quatre autres sont des bénéficiaires directs du RMCAS (cf. Fany, Melina, Monica et Gabriel). En ce qui concerne Sara et Jaime, ils sont issus de parents Suisses qui avaient perdu la « nationalité helvétique ». Par conséquent, ils possédaient au début un permis B provisoire en attendant leur passeport suisse. Actuellement, les deux exercent un emploi. Dans le cas de Maria, elle avait un permis B, du fait de son statut d’épouse d’un des participants (Jaime). Actuellement, elle travaille. Ainsi, nous pouvons constater, à l’instar de d’Aiuto (2008), que les « Suisses de retour de l’étranger » originaires d’Argentine et Bolivie – à l’inverse de ce qu’on aurait tendance à penser – ne sont pas favorisés en ce qui concerne l’insertion sur le marché de l’emploi par rapport aux porteurs d’autres permis. Donc le statut migratoire à leur arrivée n’a pas été significatif à l’heure actuelle pour trouver un emploi. D’ailleurs, selon les résultats de cette recherche, les Suisses de retour de l’étranger seraient dans certains cas même en désavantage en comparaison avec les participants titulaires d’un 56 permis B à leur arrivée, car ils ont plus d’obligations. Par exemple, nous savons que la maîtrise de la langue est un facteur important pour s’insérer sur le marché de l’emploi. Or, à partir de cette recherche, il a pu être constaté que la plupart des conjoints de Suisses de retour de l’étranger ont eu l’opportunité de suivre des cours de français durant plusieurs mois, tandis que les « Suisses de retour de l’étranger » les ont suivis que durant deux, voire trois mois. Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que ces personnes, ne faisant pas partie « administrativement » du groupe d’« étrangers », ne peuvent pas profiter des politiques d’intégration dont la langue occupe une position centrale. Ainsi, par exemple, Ana, conjointe d’un Suisse de retour, a déclaré : « Ils m’ont accordé la possibilité de suivre deux ans de cours, je n’ai eu aucun problème. J’ai même eu le droit à un professeur particulier désigné par l’OCE qui me donnait des leçons privées. Puis, j’ai encore suivi deux cours de français à l’IFAGE avant de me présenter et de réussir l’examen de l’Alliance française » (cf. annexe 4, p. 140, 18-22). David, lui, s’exprime ainsi : J’avais un permis B et donc, je pouvais m’inscrire à l’OCE, mais ils ne m’ont octroyé que quatre mois de cours de français. Je peux déjà me considérer heureux car, c’est bien plus que ce qu’ils donnent aux Suisses de retour de l’étranger. Alors, c’est une différence intéressante… Ceux qui possèdent un permis B, ceux qui ne sont pas Suisses, mais qui sont mariés avec des Suisses ont plus d’avantages quant à l’apprentissage de la langue que ceux qui sont réellement Suisses (cf. annexe, p.146, 14-19)... D’autre part, j’ai un ami dont la femme était au chômage. Il a profité de ces deux, trois ou quatre années exclusivement pour se former. À présent, il travaille dans une banque et touche un très bon salaire pouvant atteindre CHF 9 000.- par mois... (cf. annexe 4, p.145, 7-9). Pedro illustre bien l’exemple donné par David ci-dessus : il est membre d’une famille bénéficière du RMCAS et sa femme (Suisse de retour de l’étranger primo-arrivante) travaille actuellement grâce à la mesure d’insertion Emplois de Solidarité. Étant donné que Pedro n’est pas soussigné au contrat, il n’est pas obligé d’effectuer une contre-prestation. Il a donc plus de temps pour se former, et c’est d’ailleurs ce qu’il fait actuellement à l’IFAGE. Cela pourrait lui être bénéfique dans l’avenir. Par ailleurs, dans la plupart des cas, les entretiens ont dévoilé que l’apprentissage de la langue n’est pas proportionnel à la durée des cours de français suivis. Nous pouvons d’ailleurs le constater dans le propos de Rosa: « J’ai eu droit à un an de cours de français, ce qui selon moi, était un avantage. Cependant, je n’ai pas trouvé un emploi parce que je n’ai pas pu améliorer mon français » (cf. annexe 4, p.138, 10-12). Ce qui ressort des entretiens est que le facteur principal qui a aidé les participants à améliorer et à pratiquer leur français, est la socialisation dans le travail. C’est ce qu’exprime, entre autres, Gabriel (cf. aussi Monica, Maria, Teo et Jaime): 57 Je faisais partie d’un groupe qui nettoyait trois fois par jour avec des machines. Ce n’était pas un travail manuel, mais il était tout de même fatigant, car nous faisions huit heures par jour. Mais je me suis habitué. Le plus important est que j’ai réussi à m’intégrer. J’ai amélioré mon français et je me suis fait beaucoup d’amis là-bas. Mais un an passé rapidement et je suis de nouveau au chômage. (cf. annexe 4, pp. 117-118, 48-2) Cela confirme ce qu’Adami (2009) souligne à propos de l’apprentissage de la langue cible en milieu naturel. En effet, l’auteur affirme que « l’interaction est le vecteur principal de l’acquisition de la langue cible par les migrants dans la mesure où ils se trouvent en situation d’immersion [et que] c’est par le contact répété avec les natifs qu’ils construisent progressivement une interlangue » (p. 41). 1.2. Organismes gouvernementaux consultés à leur arrivée Comme nous pouvons l’observer dans le tableau n°4 (cf. annexe 3), treize participants ont sollicité l’assistance de l’Hospice général à leur arrivée. Seule une participante ne l’a pas fait, étant la conjointe d’un Suisse primo-arrivant en situation financière stable, habitant à Genève depuis son plus jeune âge. D’ailleurs, elle est actuellement employée (cf. Aurora). Seules deux personnes ont pu trouver un emploi fixe quelques mois après avoir reçu l’aide de l’Hospice. D’ailleurs, à cette époque, elles n’avaient qu’un permis B (cf. Maria et Jaime). En ce qui concerne les douze autres participants, tous sont passés par l’OCE. Parmi ceux-ci, cinq ont eu le droit aux indemnisations immédiatement, étant considérés comme des « Suisses de retour de l’étranger ». Dans ce groupe, un seul travaille actuellement (cf. Teo). Parmi les sept autres, il y a d’un côté Sara (Suisse en vertu de l’Article 31b LN). Elle ne possédait pas le passeport helvétique à son arrivée. Elle a travaillé une année et a touché ensuite l’assurance-chômage. D’un autre côté, six participants sont des conjoints de Suisses primo-arrivants, qui, à leur arrivée, n’avaient ni le « passeport helvétique » ni le droit aux indemnisations. D’ailleurs, Aurora, Ana et Hugo sont les seuls conjoints qui ont réussi à trouver un emploi pendant cette période. Cependant, après une année, Hugo a eu un accident et il s’est réinscrit à l’OCE. Il a obtenu cette fois le droit aux indemnisations. Six participants ont bénéficié de la « mesure cantonale » pour les chômeurs en fin de droit en vigueur avant l’année 2008. Tous ont travaillé dans des emplois peu qualifiés: Fany et Melina en tant qu’accompagnantes de personnes âgées, Monica en tant qu’aide dans une maison de retraite, Gabriel en tant qu’aide de cuisine, Sara en tant que vendeuse de vêtements de seconde main et finalement Teo en tant que serrurier dans un musée. À la fin de leur contrat, ils se sont réinscrits à l’OCE. Seule une personne (cf. Sara) qui avait bénéficié de la mesure en tant que vendeuse à la Croix-Rouge a trouvé un emploi de suite en tant que calibreuse de pierres précieuses dans une usine. 58 D’après les résultats des entretiens, sept personnes bénéficient du RMCAS: quatre directement et trois indirectement. Les quatre bénéficiaires directs sont des Suisses de retour de l’étranger. Les trois autres sont des conjoints de Suisses de retour de l’étranger 43. Dans ce groupe, seule une personne a trouvé un emploi (cf. Teo). Par conséquent, actuellement il n’y a que six bénéficiaires. Seulement quatre participants ont mentionné l’OFPC lors des entretiens: Pedro et Mónica leur ont sollicité le chèque de formation, David qui est allé s’informer sur la validité des titres universitaires extra européens afin de pouvoir valider le sien. Aurora avait entrepris les démarches en vue d’obtenir l’équivalence de son titre d’éducatrice réalisé en Bolivie, cependant, son dossier a disparu avec le changement de responsable du secteur. Cette situation l’a découragée. Voici son témoignage: Ils m’ont donné alors un rendez-vous avec le nouveau directeur du bureau d’Orientation Professionnelle, Madame Jaccard était partie… Je suis partie parler avec lui, et au moment d’aller chercher mon dossier, il n’était plus là, il s’était perdu. Il n’avait aucune trace de toutes les démarches que j’avais déjà entreprises. Il fallait que je refasse tout de nouveau, que je recommence de zéro, ce que j’ai refusé (cf. annexe 4, p. 124, 39-43). Ainsi, comme nous pouvons le constater, l’organisation la plus consultée est l’Hospice général. De plus, la plupart des participants sont des bénéficiaires directs ou indirects, ce qui dévoile leur situation financière difficile. Les interviewés ont parlé de leur situation économique, notamment ceux qui sont à la recherche d’un emploi. En effet, toutes les personnes appartenant à ce groupe sont des bénéficiaires directs ou indirects du Revenu minimum cantonal d’action sociale (RMCAS). D’après les dires de Melina, Le système vous oblige à dépendre de lui, en ne vous donnant aucune chance de travailler. Je voulais monter une cafétéria, mais c’est impossible, car la formation coûte entre CHF 4 000.- et 5 000.-. L’argent qu’on reçoit du RMCAS nous limite, c’est une misère. Vous nagez en pleine pauvreté, ce n’est pas assez pour finir le mois. Alors je comprends pourquoi beaucoup de gens travaillent au noir. Si vous déclarez ce que vous avez gagné, par exemple CHF 600.-, ils vous les enlèvent, alors vous ne les déclarez pas… Cela force les gens à faire des choses qui vont à l’encontre de leurs principes, mais ils n’ont pas le choix (cf. annexe 4, p. 130, 32-38). 43 Le RMCAS est calculé en fonction de la situation financière du demandeur et des personnes formant ménage commun avec lui. 59 Concernant les personnes qui possèdent un emploi, quatre ont révélé être en situation financière difficile. C’est notamment le cas d’Aurora qui est rémunérée selon les heures effectuées (cf. aussi Teo, Melina, David): Malheureusement, les salaires pour les enseignants… bon… je ne me plains pas c’est bien payé…, cependant, j’ai un salaire qui n’est pas suffisant, il fluctue... Je me suis promise de quitter l’emploi de nettoyage cette année… il s’agit d’une bijouterie, ce n’est pas difficile. J’ai trouvé cet emploi et j’y suis restée. En plus, avec la crise qu’il y a dans les écoles, je ne donne pas beaucoup de cours. Cela a été dur… (cf. annexe 4, p. 123, 33-37). Ainsi, les réponses des participants lors de cette recherche correspondaient aux statistiques économiques actuelles qui démontrent que « les étrangers sont plus souvent touchés par la pauvreté que les Suisses et sont aussi fortement surreprésentés parmi les working poor. En outre, ils travaillent plus souvent dans des conditions de travail atypiques et fréquemment dans des branches où le niveau des salaires est bas »44. Nous pouvons également constater que les participants, notamment les non employés, sont dans la zone de vulnérabilité énoncée par Castel (1995), laquelle est caractérisée par la précarité du travail et la fragilité des supports de proximité. 1.3 Mesure d’insertion suivie Comme nous pouvons l’observer dans le tableau n° 5 (cf. annexe 3), trois des sept personnes possédant actuellement un emploi n’ont bénéficié d’aucune mesure. Parmi celles qui en ont bénéficié, il y a d’une part Hugo, chauffeur-livreur grâce à la mesure Emplois de solidarité, Ana qui a signé un contrat à durée indéterminée après avoir fini son stage en tant que gestionnaire de salaires trouvé par le biais de l’OCE et Sara qui a travaillé comme vendeuse de vêtements de seconde main à la Croix-Rouge. Teo a fait un stage de trois mois en tant que soudeur qu’il a trouvé par l’intermédiaire de l’OCE. Puis, à la fin de son droit, il a suivi une mesure cantonale d’une année en tant que serrurier au musée d’art et d’histoire. En 2010, il a trouvé un emploi en tant que facteur à la poste pendant qu’il bénéficiait du RMCAS. Concernant les sept personnes sans emploi, quatre ont suivi une mesure, celle qui était en vigueur avant l’année 2008: Fany et Melina en tant qu’accompagnantes des personnes âgées à la Fondation transport handicap, Monica en tant qu’aide d’infirmière dans une maison de retraite et Gabriel en tant qu’aide de cuisine. 44 Confédération Suisse, OCSTAT, 2011, Migration et intégration – Analyses. Les étrangers sont en moyenne plus touchés par la pauvreté. Consulté le 30 mai dans http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/01/07/blank/dos/la_population_etrangere.html 60 Il a été vu dans le cadre théorique que les mesures d’insertion peuvent, d’une part, aider les gens à subvenir à leurs besoins et d’autre part à se réinsérer sur le marché de l’emploi. Ce constat a été confirmé dans les entretiens. Dans le cadre théorique (Steiner et Stoffer, 2006), deux types de mesures, sociale et professionnelle, ont été abordées. « Dans le premier cas, le but des mesures est de permettre au bénéficiaire de développer son autonomie individuelle, de se reconstruire un réseau social et de retrouver une utilité sociale. Dans le second cas, elles visent l’intégration dans le monde du travail par le renforcement des compétences de l’usager grâce à la formation et/ou à l’exercice d’une activité » (p. 53). D’après les résultats des données récoltées, il a pu être constaté que toutes les mesures d’insertion (à l’OCE et au RMCAS) suivies par les participants correspondent au genre social. 1.4. Parcours professionnel : formations et travaux avant et après leur arrivée D’après le tableau n°6 (cf. annexe 3), nous pouvons constater que, avant leur arrivée, six personnes étaient titulaires du baccalauréat. Parmi elles, deux sont actuellement employées (cf. Aurora et Ana). Aurora possède un diplôme dans la petite enfance et travaille en tant que professeur d’espagnol et femme de ménage. Cette situation peut sembler contradictoire, mais, son salaire de professeur est insuffisant pour subvenir à ses besoins. Elle est donc obligée de compléter son revenu en faisant du nettoyage. Elle aimerait cesser son activité en tant que femme de ménage, cependant c’est la seule solution qu’elle a trouvé pour joindre les deux bouts. À la base, Ana est avocate, elle bénéficie d’une expérience d’assistante administrative au sein de tribunaux et également en tant que gestionnaire. À présent, elle exerce en tant que gestionnaire de salaires dans la ville de Genève. D’après le tableau n°7 (cf. annexe 3) parmi les sept participants sans emploi, six, avant leur arrivée, occupaient des postes de cadres intermédiaires ou étaient à leur compte. Seule Rosa était femme au foyer. Les sept participants travaillant actuellement ont un emploi peu qualifié : Maria et Aurora sont femmes de ménage, Jaime est concierge, Teo facteur, Ana gestionnaire de salaires, Hugo chauffeur-livreur et enfin Sara calibreuse de diamants. Cependant, Aurora travaille également en tant que professeur d’espagnol. Dans le tableau n°5 (cf. annexe 3) nous pouvons constater que cinq participants possèdent un ou plusieurs diplômes (correspondant à moins d’une année d’études). Parmi eux, trois sont employés (cf. Jaime, Teo et Hugo) et deux ne les sont pas (cf. Rosa et Fany). Jaime possède un diplôme en communication et travaille actuellement en tant que concierge. Teo possède un diplôme en construction et travaille actuellement en tant que facteur. Pour sa part, Hugo possède un diplôme en tant que chauffeur poids lourd et travaille actuellement en tant que chauffeur-livreur. Rosa est titulaire d’un diplôme dans le domaine du secrétariat. Cette 61 dernière était femme au foyer durant le sept derniers années qu’elle a vécu dans son pays natal. Fany possède plusieurs diplômes dans le domaine de la gestion d’entreprise et possède également une expérience professionnelle d’une vingtaine d’années dans ce secteur d’activité. Par ailleurs, trois des participants ont un niveau de formation secondaire. Deux de ces personnes sont employées actuellement et étaient femmes au foyer dans leur pays : Sara est calibreuse en pierres précieuses et Maria femme de ménage. Concernant leur niveau de formation, six participants ont fait des études universitaires. Parmi eux, seuls deux sont employés. Cette situation confirme ce que Steiner et Stoffer (2006) soulignent à propos de la formation Suisse: « La formation en Suisse est mieux valorisée que la formation suivie dans le pays d’origine, ce qui démontre que la politique d’intégration de la population étrangère devrait se concentrer sur la formation des immigrants délivrée en Suisse » (p. 5). Par ailleurs, d’après l’information récoltée, l’accès à l’emploi de la plupart des participants employés est lié à la continuité professionnelle avant et après l’immigration. Ainsi, Aurora travaillait et travaille dans le domaine de l’éducation, Jaime travaillait et travaille dans le domaine du service à la clientèle, Ana travaillait et travaille en tant que gestionnaire de salaires, Maria était femme au foyer et travaille en tant que femme de ménage et Hugo travaillait et travaille en tant que chauffeur. Par ailleurs, Teo travaillait dans le domaine de construction et travaille actuellement en tant que facteur et Sara était femme au foyer et travaille comme calibreuse de diamants dans une usine. Parmi les sept participants employés, cinq sont très satisfaits de leur emploi. Teo, quant à lui, est insatisfait de son emploi de facteur, car, pour lui, ce n’est pas une activité idéale. Cependant, il pense que le fait de travailler malgré son âge est très important: « Je peux déjà m’estimer heureux d’avoir un emploi. Comme dans tous les boulots, il y a des côtés positifs et négatifs. Ce n’est pas le job de mes rêves et la paye n’est pas mirobolante, mais cela reste un travail proprement dit et, par les temps qui courent, il est très difficile d’en dénicher un. Surtout lorsque l’on a 56 ans » (cf. annexe 4, p. 126-127, 48-2). Aurora, pour sa part, souhaite arrêter le nettoyage pour se consacrer entièrement à l’enseignement de l’espagnol. En effet, elle est très satisfaite de cette dernière activité professionnelle. Dans le cas des non employés, l’insertion professionnelle s’effectue souvent au prix d’une déqualification et de l’absence de reconnaissance de l’expérience acquise dans le pays d’origine, car tous les travaux qu’ils effectuent ou qu’ils ont effectués dans le cadre d’une mesure d’insertion sont des travaux peu qualifiés. En outre, les entretiens révèlent l’importance de l’identité dans le processus d’insertion. Comme le souligne Tatara (2011) « ce concept et sa compréhension sont indispensables pour traiter des questionnements concernant l’intégration professionnelle. Elle permet 62 d’appréhender les processus en jeu lorsque les individus sont confrontés au monde du travail »45. Ainsi, la majorité des non employés étaient des cadres ou des entrepreneurs dans leur pays d’origine et ils sont à présent en train de rechercher un emploi correspondant à leurs compétences et formation. Par conséquent, les participants, depuis leur arrivée, ont déployé des stratégies identitaires d’ancrage, c’est-à-dire qu’ils essayent de défendre leur passé. C’est d’ailleurs ce qu’affirment Pierre Tap et Jean-Pierre Codol (1996, p. 191), pour qui, « l’identité est un système structuré, différencié, à la fois ancré dans une temporalité passée (les racines, la permanence) dans une coordination de conduite actuelle et dans une perspective légitimée (projet, idéaux, valeurs et styles). Elle coordonne des identités multiples associées à la personne (identité corporelle, identité caractérielle, spécificités professionnelles…) ou en groupe (rôle, statuts…) » (cité par Lipiansky, 1992, p. 45 dans Gutnik, 2002, p. 126). Ces auteurs ajoutent trois types de stratégies hormis celle de l’ancrage : Les stratégies de positionnement et d’engagements sociaux marquant la reconnaissance de soi par autrui. Les stratégies d’anticipation, de prévision et de projet impliquant l’élaboration d’un but à atteindre en fonction des ressources disponibles. Les stratégies permettant de faire face au stress (coping) se déroulant dans un présent à dénouer (idem, p. 127-128). De ce point de vue, nous pourrions dire, d’une part, que pour les participants bénéficiaires du RMCAS, dont la plupart possèdent des titres universitaires ou des expériences professionnelles en tant que cadres, il est très difficile de rétrograder professionnellement, et d’autre part, que malgré cette situation financière difficile, ils ne sont pas dans la rue grâce au soutien de l’État, aide qui n’existe guère dans leur pays d’origine. Par conséquent, tant qu’ils ne seront pas dans une situation « d’abandon », ils vont attendre la possibilité de « démontrer ce qu’ils savent faire » et de continuer leur développement professionnel. C’est ce qu’exprime Pedro : Si je vivais cette même situation en Argentine je ne pourrais pas subvenir aux besoins de ma famille. Il m’est arrivé de me retrouver dans une situation pareille à celle-ci dans mon pays d’origine, je me sui retrouvé sans emploi. Seulement, à la différence 45 Tatara, 2011, Le concept d’identité professionnelle chez Claude Dubar, Les deux transactions identifiées: la transaction objective et la transaction subjective. Para. 4 63 d’ici, il est beaucoup plus difficile de faire face à la dure réalité lorsque tu ne reçois aucune aide du gouvernement (cf. annexe 4, p.137, 32-36). Puis Pedro ajoute : Tu viens toujours avec l’espoir de travailler dans ton domaine ou d’occuper un meilleur poste. C’est seulement le jour où le besoin se fera urgent que j’ouvrirai mon horizon vers d’autres professions. Je n’ai aucun problème avec ça, mais cela impliquerait de recommencer à zéro, encore, et je me sens trop vieux pour cela (cf. annexe 4, p. 136, 39-42). Par ailleurs, quelques participants non employés travaillent soit en tant que bénévoles soit de façon non déclarée dans des domaines qui correspondent à leurs compétences. Cette situation, d’après Gutnik, (2002) représente une stratégie permettant « une préservation de l’image de soi, un évitement du sentiment de honte, mais pas nécessairement une intégration au sein de la société globale » (p. 123). Pour ce qui est des formations effectuées après leur arrivée, comme nous l’avons déjà vu antérieurement, tous ont suivi des cours de français, la plupart dans le cadre de l’OCE. Les entretiens nous permettent de conclure que dans quelques cas, les formations suivies dans le cadre de l’OCE n’ont pas été adaptées aux vrais besoins ou aux projets professionnels des participants. Ainsi, par exemple, Teo était expérimenté en tant que superviseur de construction de bâtiments et son conseiller lui a demandé de suivre deux cours en soudure. De même, Fany qui avait travaillé dans une ONG, a été recommandée par son ancien employeur à l’OMS, mais la hiérarchie exigeait qu’elle sache parler anglais. Lorsqu’elle a demandé une formation linguistique à sa conseillère de l’ORP, cette dernière a refusé, préférant lui en proposer une autre portant sur la recherche d’emploi. Dans le cas de Gabriel (chimiste), l’OCE lui a payé l’école de cafetier, car il avait un projet dans ce domaine. Cependant, il n’a pas pu passer les examens étant donné sa situation financière. Hugo, pour sa part, avait besoin du Brevet fédéral de chauffeur poids lourd pour être engagé dans une entreprise, mais sa conseillère lui a refusé cette formation qui s’élevait à CHF 6 000.- sous prétexte que le coût de celle-ci était trop élevé. Or, l’OCE a déjà payé des formations bien plus chères, comme le témoigne Aurora : Le chômage a pris en charge toute la formation d’une de mes amies. En revanche, moi, je n’ai pas pu bénéficier d’aucun soutien financier pour entreprendre la même formation. J’ai donc décidé d’en parler à mon conseiller de l’ORP pour éclaircir la situation, mais ce dernier m’a rétorqué que le chômage n’était pas destiné à cet usagelà. D’autre part, il m’a dit que j’avais déjà un métier, celui d’éducatrice de la petite 64 enfance et par conséquent, je n’avais qu’à trouver un emploi dans ce domaine-là. Donc, ils nous cataloguent rapidement et ne nous laissent pas l’opportunité de se réorienter vers une nouvelle profession (cf. annexe 4, p. 124, 31-37). Par ailleurs, Pedro est en train de faire une formation à l’IFAGE en finances, payée par ses propres ressources, et Melina a achevé une formation en comptabilité. Quant à Aurora, elle a suivi le Module 1 du Brevet fédéral de formateur et formatrice d'adultes (BFFA) à l’Université Ouvrière de Genève (UOG), en puisant elle aussi dans ses revenus. Elle est la seule à avoir trouvé un travail dans le même champ d’études, à savoir la formation d’adultes. 1.5. Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi Presque tous les participants considèrent que l’âge constitue une difficulté à l’heure actuelle pour trouver un emploi. Quelques-uns ont d’ailleurs déjà vécu des expériences confirmant ces dires. C’est le cas de Melina : « Je me suis inscrite à plusieurs agences de placement. J’ai eu des réponses très intéressantes, dont une m’indiquant que j’avais un âge légèrement avancé et qu’ils recherchaient une personne plus jeune, sans aucune expérience. » (cf. annexe 4, p. 45, 22-24). Teo, pour sa part, raconte une anecdote lors d’un entretien avec son conseiller de l’ORP, qui considère l’âge comme une entrave pour valider ses diplômes: Je lui ai proposé de faire valider mes diplômes et il m’a répondu « il faut qu’on soit réaliste, vous avez presque 50 ans et par d’ici à ce que vous envoyiez vos papiers à Berne, que vous les fassiez traduire et qu’ils vous donnent un CFC, il va s’écouler presqu’une année… vous aurez 51, et encore… cela dépend de ce que Berne va décider… Ils vont peut-être vous demander de faire quelques cours, encore un ou deux ans, donc vous aurez 53 ans. Qui voudrait bien engager une personne âgée de 53 ans, ayant un titre valide en Suisse, mais ne possédant aucune expérience sur le territoire suisse ? Cette option n’est pas envisageable dans votre cas… peut-être si vous aviez 25 ans ou 30 ans » Et j’ai fini par constater qu’il avait raison (cf. annexe 4, p. 125, 2432). Toujours d’après Teo, l’âge entraverait même l’apprentissage du français: «… le problème pour nous, c’est que nous avons plus de 50 ans et que ce n’est pas aussi facile d’apprendre une langue quand on est vieux que quand on est jeune. Nous ne parlerons jamais le français avec la même aisance que celle des jeunes. Nous avons cette barrière : le français… » (cf. annexe 4, p. 127, 44-47). Presque tous les participants considèrent que le manque de maîtrise du français est une entrave à l’heure actuelle pour trouver un emploi. C’est notamment le cas de Rosa: «…Cependant, je n’ai pas trouvé d’emploi parce que mon niveau de français était insuffisant… » (cf. annexe 4, p. 138, 11-12). 65 David, pour sa part, raconte que quelque temps après son arrivée, lors d’un entretien d’embauche, l’interviewer lui a dit qu’il était qualifié pour le poste, mais qu’il ne pouvait pas le prendre à cause de ses lacunes en français. Deux des participants non employés (cf. Pedro et David) considèrent qu’il y a un manque d’information concernant leurs droits et les organisations susceptibles de les aider, que les entreprises publient des offres d’emploi qui sont déjà pourvues, qu’il est difficile de rivaliser avec les jeunes parlant plusieurs langues et que l’équivalence des titres est difficile à obtenir, car les programmes de formation sont différents. Cinq participants, dont un employé, affirment que leur expérience et leurs diplômes ne sont pas valides en Suisse. C’est ce qu’affirme Aurora: Il est vrai que nous arrivons avec toute notre expérience professionnelle, mais cela ne sert à rien ici, si celle-ci a été réalisée hors de ce pays. Il faut que ta profession soit revalidée, et pour cela tu dois faire des démarches pour obtenir les équivalences de tes titres et moi, j’ai rencontré de nombreux problèmes. Je n’ai toujours pas réussi à valider mon titre universitaire (cf. annexe 4, p. 121, 20-23). D’ailleurs, la perception des participants correspond à l’affirmation faite par le Fonds National Suisse (2003), qui souligne que les formations acquises à l’étranger sont moins bien valorisées que celles obtenues en Suisse, « [que] le capital humain n’est pas parfaitement transférable d’un pays à l’autre et que la distance culturelle constitue un obstacle à la reconnaissance des titres acquis dans le pays d’origine » (p. 5). Pour tous les participants non employés, un autre problème existe, celui de ne pas avoir l’opportunité de démontrer ce qu’ils savent faire, à cause de leur âge, de leur réseau social réduit, de leurs lacunes linguistiques, du manque d’expérience ou de l’absence d’un diplôme reconnu (cf. Melina). Certains n’ont même jamais eu d’entretiens d’embauche depuis leur arrivée (cf. Fany). Sur ce point, Monica témoigne : « Je sais que je suis capable de faire beaucoup plus, mais… comment faire pour trouver un employeur qui pourra m’engager et me donner une opportunité de lui démontrer ce dont je suis capable? » (cf. annexe 4, p.116, 8-10). Pour quelques participants, la conjoncture serait un des problèmes pour trouver un emploi. Tel est le cas de Pedro : « Il y a aussi la conjoncture qui n'est pas bonne en ce moment, décrocher un entretien c’est très difficile » (cf. annexe 4, p. 136, 5-6). David, pour sa part, cherche également un emploi dans lequel il pourra se développer professionnellement: « J’aspire à avoir un travail qui me permettra de gravir les échelons et par conséquent de m’épanouir au niveau professionnel. Je ne souhaite pas rester dans la médiocrité et devoir nettoyer des rues, balayer des hôpitaux, etc. » (cf. annexe 4, p. 146, 3032). De plus, selon les dires de David, il serait confronté à une difficulté supplémentaire, celle d’avoir perdu l’habitude de passer des entretiens d’embauche, étant donné qu’il travaillait à son compte dans son pays. 66 Trois participants non employés pensent qu’il est difficile de trouver un emploi, car les entreprises préfèrent engager des frontaliers pour des raisons financières (cf. Melina, Gabriel et Ana). C’est ce qu’explique Melina: À mon avis, l’ouverture des frontières suisses représente le principal problème, car la main d’œuvre étrangère est nettement meilleure marché que celle en Suisse. Il est donc impossible de rivaliser avec celle-ci (cf. annexe 4, p. 130, 48-50). De plus, les entretiens ont dévoilé le manque de compétences spécifiques de la part des assistants sociaux, notamment ceux de l’ORP, car presque tous les participants, en particulier les non employés, ont raconté des anecdotes à ce sujet. Ainsi, plusieurs se sont sentis découragés, même discriminés, lors des entretiens avec leurs conseillers, à l’instar de Melina. Lors d’un entretien avec mon conseiller, je lui ai demandé de m’aider à postuler à la Migros en tant que caissière et il m’a dit que ce n’était pas pour moi, que c’était pour les plus jeunes. Il a ajouté qu’il pouvait me trouver un travail de nettoyage tout de suite, si je le souhaitais. Je lui ai répondu que je n’avais pas fait cinq années d’études à l’université pour finir femme de ménage et que j’avais déjà ma maison à nettoyer. Il a répliqué que qu’il faudrait bien que je m’incline et que je fasse du ménage, parce que je n’avais pas le choix. Il m’a dit que je n’avais pas d’avenir… et que ses conseils étaient ceux d’un ami. Je pense que ça m’a donné plus de forces pour résister. Ce n’est pas que j’ai honte de nettoyer, mais je n’en ai pas envie. Il m’a dit que je n’avais pas d’autres possibilités ici. (cf. annexe 4, p. 131, 19-27). D’autres se sont plaints du manque de formations adaptées ou de la difficulté financière pour s’en payer une. Ils ont également démontré leur sentiment d’inégalité vis-à-vis des formations octroyées par l’OCE aux demandeurs d’emploi. Voici le témoignage d’Hugo: L’assistante sociale, qui est toujours la même depuis que j’ai commencé, est maintenant une petite vielle… elle m’a toujours fermé les portes dans tous les sens du terme. Elle me disait que j’étais catastrophique et qu’elle ne pouvait pas me donner ladite formation, d’une part car elle était très chère et d’autre part, car cela ne la concernait pas. Ils ne pouvaient pas payer une formation de cette ampleur. Moi, je sais qu’ils ont financé plusieurs formations beaucoup plus chères. Je lui réitérais ma requête à plusieurs reprises, mais elle n’a jamais accepté. Une fois, elle m’a dit de lui amener des devis de plusieurs entreprises et que l’OCE allait me payer la moins chère. Quand je lui ai montré les différents prix proposés par différentes écoles, elle m’a dit qu’elle était désolée, mais qu’ils ne pouvaient pas me la payer. Dès lors, ils ont rejeté ma demande continuellement (cf. annexe 4, p. 150, 8-17). 67 En guise de conclusion, nous pouvons constater que les difficultés les plus rencontrées lors de la recherche d’un emploi sont l’âge, le manque de formation et de maîtrise de la langue, l’absence de reconnaissance de l’expérience et de la formation suivie dans leur pays. 1.6. Facteurs favorisant l’accès à l’emploi Aurora a trouvé son premier emploi en tant que professeur d’espagnol grâce à son expérience accumulée en tant que bénévole à l’UOG ainsi qu’à la formation professionnelle qu’elle a suivie. Ensuite, son réseau social lui a permis de travailler dans d’autres écoles, mais aussi de trouver un emploi de femme de ménage. Neuf participants, dont deux employés, ont trouvé un emploi à l’aide d’une personne avec laquelle ils possèdent un lien fort. Teo, lui, a trouvé un emploi grâce à un facteur (lien faible) qui travaillait dans son quartier. Après une année, il a signé un contrat à durée indéterminée. Selon ses propos, il a été engagé étant donné son sens des responsabilités et sa flexibilité au niveau des horaires. Hugo a trouvé son premier emploi en tant que chauffeur et monteur de meubles par l’intermédiaire d’une agence de placement et son deuxième emploi en tant que chauffeurlivreur grâce à Emplois de solidarité. Enfin, Ana a trouvé un emploi, suite à un stage en tant que gestionnaire de salaires. Il s’agissait d’une mesure d’insertion négociée par l’OCE avec la Ville de Genève. Par ailleurs, cinq participants ont travaillé dans le cadre d’une mesure cantonale avant l’année 2008. 1.7. Stratégies déployées pour accéder à l’emploi Comme nous pouvons l’observer dans le tableau n 10 (cf. annexe 3), quatre personnes non employées utilisent Internet, huit personnes, dont quatre employées, utilisent le réseau social. Tel est le cas par exemple de Pedro qui a commencé à participer à des activités politiques. Il déclare: « Nous avons commencé à élargir notre cercle social au sein de l’école, dans le comité des parents et à travers des activités politiques. Nous avons commencé à tisser des liens d’amitié et à connaitre les personnes à contacter sur le marché de l’emploi. Cela nous a été précieux » (cf. annexe 4, p. 137, 2- 4). Cinq participants (dont un est employé) ont mentionné les lettres spontanées. Seulement un participant possédant un emploi a mentionné le journal (GHI). Trois personnes ayant une activité professionnelle déclarée ont mentionné les agences de placement et trois participants, dont un est employé, ont mentionné la formation continue. Concernant les deux dernières catégories d’analyse, nous pouvons constater que le facteur, qui a notamment favorisé l’insertion sur le marché de l’emploi, est le réseau social comportant les liens forts (amis et famille). D’ailleurs, le réseau social est le moyen le plus utilisé pour accéder à l’emploi. 68 En deuxième position se trouvent les mesures d’insertion. Cependant, comme il a été souligné antérieurement, les mesures vécues par les participants appartiennent, pour la plupart, au genre social. Elles ont surtout permis aux participants (Steiner & Stoffer, 2006, p. 55, 57) de « retrouver une estime d’eux-mêmes, d’améliorer leur français et d’élargir leur relationnel, mais également de se sentir utiles ». VI CONCLUSION La problématique de cette recherche portait sur les facteurs favorisant l’insertion sur le marché de l’emploi des Suisses primo-arrivants âgés de 45 ans et plus, originaires de Bolivie et d’Argentine. Les résultats ont validé la proposition de réponse à la question spécifique, car ils ont mis en évidence l’importance du réseau social à l’heure actuelle pour trouver un emploi, étant donné que la plupart des participants ont trouvé une occupation, que ce soit grâce à un lien fort ou à un lien faible. De plus, comme le soulignent Arcand, Lenoir-Achdjian et Helly (2009), « l’élargissement du réseau de liens forts [a favorisé] une meilleure compréhension de [leur] propre trajectoire migratoire. En d’autres termes, ces nouveaux contacts agissent comme un miroir et favorisent une meilleure capacité réflexive face à leur propre condition » (p. 27). Concernant les mesures d’insertion, elles ont également permis l’accès à l’emploi de plusieurs participants. Néanmoins, comme il a été proposé dans l’hypothèse, les mesures vécues par les participants étaient plutôt du genre social. Par conséquent, les participants n’ont pas pu acquérir des compétences facilitant leur retour à l’emploi, car « l’expérience qui peut être acquise dans le cadre d’une contre-prestation est limitée en raison du principe de nonconcurrence à l’économie privée auquel sont soumis les programmes d’insertion » (Steiner & Stofer, 2006, p. 56). Cette affirmation peut s’appliquer notamment aux personnes qui ont fait des études supérieures et qui souhaitent travailler dans leur domaine d’études. C’est ce qu’exprime Fany: Le problème que je constate c’est que, si on m’envoie travailler dans une entité où il n’existe pas de possibilité d’engagement, cela veut dire qu’il n’y a pas de place et qu’on ne peut pas attendre d’avoir un contrat. Pour moi, ce sont des postes qu’on nous propose pour nous maintenir occupés. Par conséquent, nous nous distançons de nos aspirations (cf. annexe 4, p. 152, 35-39). Par ailleurs, les résultats ont également mis en évidence que la différence principale entre les deux groupes de participants – celui des non employés et celui des employés – porte sur leur niveau d’études et leur statut professionnel dans leur pays d’origine. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la plupart des non employés ont effectué des études universitaires et avaient un statut de cadre dans leur pays d’origine. Dès lors, comment peuton expliquer ce phénomène ? 69 D’un côté, il y a tous les participants diplômés qui souhaitent trouver un travail correspondant à leur formation et à leurs compétences. Cependant, la valorisation des diplômes et de l’expérience des étrangers extra-européens étant faible en Suisse, ce souhait a de fortes chances de rester un simple désir sans une validation des titres, sans une formation diplômante et en l’absence d’une expérience professionnelle dans leur branche en Suisse. Or, les participants, d’une part, ne possèdent pas les moyens financiers pour payer une formation et d’autre part, ne peuvent pas acquérir de l’expérience dans leur domaine d’études (ingénierie, comptabilité, communication et marketing, gestion d’entreprise), car un diplôme reconnu leur est exigé. D’un autre côté, même si tous les participants non employés sont dans une situation financière difficile et sont en « souffrance » car ils pensent ne pas recevoir la valorisation qu’ils prétendent mériter, ils ne sont pas dans la nécessité urgente de trouver un emploi grâce à l’aide financière de l’État. Cette aide devient donc pour eux une ressource leur permettant de persévérer dans leur souhait de trouver l’« emploi idéal » et de rester dans une continuité identitaire. Concernant la formation continue, les résultats ont dévoilé qu’elle n’a d’effet que lorsqu’elle est accompagnée d’une expérience professionnelle dans le secteur concerné, car une des trois personnes ayant effectué une formation continue travaillait parallèlement dans le domaine d’études et elle est la seule à avoir trouvé un emploi dans le même domaine. Comme mentionné en page 10 de ce travail, rien qu’en Bolivie et en Argentine, il y a presque 15 000 binationaux susceptibles de “retourner en Suisse” (ainsi que leurs conjoints et enfant(s) et les résultats de cette recherche mènent au constat qu’il y a des actions à entreprendre au sujet des problématiques de l’insertion des binationaux primo-arrivants, d’âge mûr avec un niveau de formation universitaire. La question qui se pose ici est de savoir comment « restaurer » ces individus dans leur employabilité, « c’est-à-dire dans leur prédisposition à correspondre aux exigences du marché du travail et satisfaire aux critères de recrutement de responsables d’entreprise »46. Par ailleurs, puisqu’« un dispositif d’insertion, prévoit, organise, gère des trajectoires, des itinéraires où cheminent les bénéficiaires » (Castra D., 2003, p 223), il devrait s’individualiser et être en accord avec leurs caractéristiques. Une solution possible serait celle proposée par Gazier qui porte sur « les marchés transitionnels du travail ». En effet, cette mesure d’insertion permettrait aux bénéficiaires du RMCAS ou aux chômeurs de longue durée de se former, de bénéficier d’un retour temporaire à l’emploi, d’accroître leur employabilité et d’élargir leur réseau social. Les marchés transitionnels du travail peuvent prendre des formes diverses. Ainsi, par exemple, un bénéficiaire du RMCAS ou un demandeur d’emploi pourrait remplacer un salarié qui travaille dans sa même branche pendant sa période de congé, durant sa formation, etc. De cette façon, le chômeur ou le bénéficiaire peut « faire état d’une période d’emploi effectif, et 46 Association Internationale de sécurité sociale, 2001; dans Ebersold Serge, 2003, p.15. 70 donc de références récentes et crédibles dans sa recherche ultérieure d’emploi » (Gazier, 2000, p. 12). Or, ce type de mesure devra se combiner avec des formations continues adaptées aux besoins et aux projets professionnels des bénéficiaires. Pour ce qui est de l’apprentissage de la langue, il faudrait considérer qu’il ne s’agit pas de personnes désirant « simplement » apprendre une seconde langue, mais qui sont en « cours d’insertion ». Les dispositifs de formation devraient donc déterminer les objectifs « en fonction du projet professionnel, social et personnel » (Adami, 2011, p. 20). L’objectif des démarches de formation pourrait être de transformer la sinuosité de ces parcours d’intégration langagière en « trajectoire », c’est-à-dire d’aider les apprenants à établir des objectifs langagiers et à les atteindre, au-delà même du temps limité de la formation. La formation pourrait permettre de passer d’une démarche empirique, conduite par les aléas de la biographie, à une véritable stratégie d’apprentissage en milieu naturel (idem). En effet, les entretiens ont mis en évidence que l’interaction sociale au travail a permis aux participants de s’approprier la langue, ce qui, comme le souligne Bretegnier (2011) « met en avant le caractère fondamental du processus d’appropriation de normes socio-langagières qui régissent les interactions sociales, dans le processus d’insertion dans cet espace social » (p. 2). Par conséquent, « l’appropriation linguistique serait moins une cause qu’une conséquence de l’intégration » (Beacco et al., 2008, dans Bretegnier, 2011, p. 2) A travers ce travail de recherche, il est clair que je ne cherchais pas à apporter des solutions concrètes aux problèmes d’insertion professionnelle rencontrés par les participants. Par contre, j’espère avoir pu contribuer à une compréhension plus approfondie de cette thématique. 71 BIBLIOGRAPHIE Adami H. (2009). La formation linguistique des immigrants. Clamecy-France: CLE internationale. Adami H. (2011). Parcours migratoires et intégration langagière, In J.M. Mangiante (Ed), L’intégration et la formation linguistique des migrants : état des lieux et perspective. Arras: Artois Presses Université. Adjerad, S. & Ballet, J. (2004). L’insertion dans tous ses états. Paris : L’Harmattant. Arcand, S., Lenoir-Achdjan, A.& Helly, D. (2009). 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Paris : Armand Colin. 84 UNIVERSITÉ DE GENÈVE Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation Maîtrise universitaire en sciences de l’éducation Orientation formation des adultes (FA) « Des Suisses de l’étranger, des étrangers en Suisse... ? » Le cas de quatorze Suisses d’origine bolivienne et argentine et leur insertion sur le marché de l’emploi à Genève. Annexes Annexes du mémoire de Maîtrise, présentés par Daniella Seguel Eduardo Novembre 2011 Membres du jury : Christopher Parson, Directeur de mémoire Jean-Michel Baudouin Samra Tabbal Amella 85 Liste des annexes 1. Rapports des naturalisations (2003-2010) du canton de Genève 2. Guide d’entretien 87 97 3. Tableaux: analyse des entretiens 3.1 Tableau n° 3: Statut migratoire à leur arrivée et occupation actuelle 3.2 Tableau n° 4: Organismes gouvernementaux parcourus et occupation actuelle 3.3 Tableau n° 5: Mesure d’insertion suivie et occupation actuelle 3.4 Tableau n° 6: Niveau de formation et occupation actuelle 3.6 Tableau n° 7: Postes d’emploi ou travaux avant et après immigration et occupation actuelle 3.7 Tableau n° 8: Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi et occupation actuelle 3.8 Facteurs favorisant l’accès à l’emploi 3.8.1 Tableau n° 9.1: Personnes avec emploi 3.8.2 Tableau n° 9.2: Personnes sans emploi actuellement 3.9 Tableau n° 10: Stratégies déployées pour chercher un emploi 98 99 100 102 103 4. Entretiens en Français 4.1 Entretien n° 1 : Monica 4.2 Entretien n° 2: Gabriel 4.3 Entretien n° 3: Aurora 4.4 Entretien n° 4: Teo 4.5 Entretien n° 5: Melina 4.6 Entretien n° 6: María 4.7 Entretien n° 7: Pedro 4.8 Entretien n° 8: Rosa 4.9 Entretien n° 9: Ana 4.10 Entretien n° 10: David 4.11 Entretien n° 11: Hugo 4.12 Entretien n° 12: Fany 4.13 Entretien n° 13: Sara 4.14 Entretien n° 14: Jaime 113 114 117 121 125 128 132 134 138 140 143 148 152 155 157 5. Entretiens en espagnol 5.1 Entrevista n° 1: Mónica 5.2 Entrevista n° 2: Gabriel 5.3 Entrevista n° 3: Aurora 5.4 Entrevista n° 4: Teo 5.5 Entrevista n° 5: Melina 5.6 Entrevista n° 6: María 5.7 Entrevista n° 7: Pedro 5.8 Entrevista n° 8: Rosa 5.9 Entrevista n° 9: Ana 5.10 Entrevista n° 10: David 5.11 Entrevista n° 11: Hugo 5.12 Entrevista n° 12: Fany 5.13 Entrevista n° 13: Sara 5.14 Entrevista n°14: Jaime 159 160 163 167 171 174 178 180 184 186 188 193 197 200 202 105 107 110 110 111 112 86 Rapports des naturalisations du canton de Genève (2003-2010). Office cantonal de la population (2011). 87 88 89 90 91 92 93 94 95 Guide d’entretien 96 GUIDE D’ENTRETIEN Caractéristiques principales de la population Date d’arrivée Date de naissance et pays d'origine, Occupation actuelle Statut migratoire à leur arrivée Aviez-vous un passeport suisse à votre arrivée? Comment avez-vous obtenu le passeport suisse ? Parcours professionnels avant et après leur arrivée ? Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. Pourquoi êtes-vous venus ici? Quelles formations avez-vous effectuées depuis votre arrivée? Quels emplois avez-vous occupés depuis votre arrivée? Quel est votre niveau de formation ? Avez-vous essayé de faire l’homologation de votre diplôme? Quelle est votre expérience professionnelle avant et après votre arrivée ? Quelles formations avez-vous effectuées depuis votre arrivée ? A votre arrivée, avez-vous bénéficié de l’Hospice général ? Avez-vous déjà été au chômage? Quand vous étiez au chômage, avez-vous effectué une formation? Est-ce votre travail a été déclaré ? Êtes-vous à la recherche d’un emploi? Êtes-vous satisfait de votre situation professionnelle? Mesures d’insertion suivies par les participants dans le cadre du Revenu minimum cantonal d’aide social (RMCAS) et de l’Office cantonal de l’emploi (OCE). Est-ce que vous avez effectué une contre-prestation? En tant que quoi? Que vous a apporté cette contre-prestation? Facteurs favorisant l’accès à l’emploi Quels facteurs ont favorisé votre accès à l'emploi?) D’après vous, quel a été le rôle de l’état (de l’hospice général ou l’OCE) dans le processus de votre insertion professionnelle? Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour trouver un emploi ? Quelles stratégies déployez-vous pour accéder à l’emploi ? Avez-vous essayé de faire l’équivalence de votre diplôme? Maîtrisez-vous le français ? Comment avez-vous appris le français? Combien de temps avez-vous suivit des cours de français? 97 Tableaux: analyse des entretiens 98 Tableau 3 Statut migratoire à leur arrivée et occupation actuelle Prénom Pedro David Jaime Sara María Ana Fany Rosa Mónica Aurora Melina Teo Hugo Gabriel Statut migratoire à leur arrivée Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger) Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger) Permis B (Fils d’un Suisse ayant perdu la nationalité) Permis B (Fille d’un Suisse ayant perdu la nationalité) Permis B (Conjointe de Jaime) Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger) Suisse de retour de l’étranger Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger) Suisse de retour de l’étranger Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger) Suisse de retour de l’étranger Suisse de retour de l’étranger Permis B (Conjoint d’un Suisse de retour de l’étranger) Suisse de retour de l’étranger Occupation actuelle Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Employé Employée Employée Employée Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire indirecte du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Employée Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Employé Employé Sans emploi/bénéficiaire direct du RMCAS 99 Tableau 4 Organismes gouvernementaux consultés et occupation actuelle Prénom Pedro David Jaime Sara María Ana Fany Rosa Mónica Organismes parcourus Hospice général (indirectement) Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur) OFPC (Chèque de formation) Hospice général (indirectement) Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur) Hospice général Hospice général Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Hospice général (indirectement) Hospice général (indirectement) Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur) Hospice général Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS) Hospice général (indirectement) Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur) Hospice général Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS) Occupation actuelle Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Employé Employée Employée Employée Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire indirecte du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS 100 Melina Teo Aurora Hugo Gabriel Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur) Office d’orientation professionnelle (OFPC) Hospice général Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS) OFPC (chèque de formation) Hospice général Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Office cantonal de l’emploi (OCE) : mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS) Hospice général Office cantonal de l’emploi (OCE) (non-chômeur) Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Service des emplois de solidarité Hospice général Office cantonal de l’emploi (OCE) (chômeur) Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 Le revenu minimum cantonal d’aide sociale (RMCAS) Employée Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Employé Employé Sans emploi/bénéficiaire direct du RMCAS 101 Tableau ° 5 Mesure d’insertion suivie et occupation actuelle Prénom Pedro David Jaime Occupation actuelle Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire indirect du RMCAS Employé Mesures d’insertion Aucune Aucune Aucune Sara Employée María Ana Employée Employée Fany Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Rosa Mónica Sans emploi/bénéficiaire indirecte du RMCAS Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Aurora Melina Employée Sans emploi/bénéficiaire directe du RMCAS Teo Employé Hugo Gabriel Employé Sans emploi/bénéficiaire direct du RMCAS Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 : vendeuse des vêtements de seconde main à la CroixRouge Aucune Stage d’insertion pour Suisses de retour en tant que gestionnaire de salaires Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 : accompagnante des personnes âgées à la Fondation Transport Handicap Aucune Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 : aide d’aides-soignantes pour personnes âgées Aucune Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 : accompagnante des personnes âgées à la Fondation Transport Handicap. - Stage d’insertion à Copilart (3 mois) en tant que soudeur - Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 : serrurier au Musée d’art et histoire Emplois de solidarité Mesures cantonales pour des chômeurs en fin de droit avant 2008 102 Tableau 6 Niveau de formation et occupation actuelle Prénom Avant À leur arrivée Pedro - Cours de français (OCP et à leur compte) - Cours de finance à l’IFAGE (à leur compte. En cours) Cours de français (OCP) Jaime - Baccalauréat en communication et marketing - Formation professionnelle en commerce et gestion d’entreprise - Baccalauréat en ingénierie d’exécution en geomensura - Formation professionnelle en topographie et informatique Certificat en communication Cours de français (Hospice général) Concierge Sara María Secondaire Secondaire Calibreuse en pierres précieuses Femme de ménage Ana Fany Baccalauréat en droit - Diplôme en gestion d’entreprise - Certificat secrétariat de direction - Plusieurs formations professionnelles en gestion d’entreprise -Secondaire -Diplôme secrétariat Secondaire Cours de français (OCE) pour six mois Cours de français (Hospice général) pour deux mois Cours de français (OCE) - Cours de français de trois mois (OCE) - Certificat comptabilité d’un mois intensif (OCE) Cours de français (OCE) Sans emploi Cours de français (OCE) de quatre mois Sans emploi - Cours de français (OCE) - Certificat FSEA : Module 1 du Brevet fédéral de formateur et formatrice d’adultes (Université ouvrière de Enseignante d’espagnol et femme de ménage David Rosa Mónica Aurora Baccalauréat en éducation de la petite enfance Occupation Actuelle Sans emploi Sans emploi Gestionnaire de salaires Sans emploi 103 Melina Baccalauréat en comptabilité Teo Hugo Certificat en construction - Secondaire - Certificat chauffeur poids lourd - Baccalauréat en ingénierie chimique - Formation professionnelle en tannerie du cuir et traitement d’eau Gabriel Genève) - Cours de français (OCE) - Formation en comptabilité à l’Institut de Formation Permanente (IFP). Cours de français (OCE) de trois mois Cours de français (OCE) - Cours de français (OCE) de quatre mois - Formation de cafetière non terminée, car examens trop chers (OCE) Sans emploi Facteur Chauffeur-livreur Sans emploi 104 Tableau 7 Postes d’emploi ou travaux avant et après immigration et occupation actuelle Prénom Poste avant Poste après Pedro Cadre intermédiaire en communication et marketing - Cadre intermédiaire : ingénieur, geomaticien - Chef d’entreprise à son compte : informaticien Cadre intermédiaire : service client (banque) Femme au foyer - Cadre intermédiaire : marketing, journaliste en espagnol en tant que bénévole (occupation actuelle) Femme au foyer Employée : - Gestionnaire de salaires - Secrétaire Cadre intermédiaire : gestionnaire d’entreprises et comptable d’une ONG Femme au foyer Cadre intermédiaire : Employée : femme de ménage (occupation actuelle) Stagiaire en gestion de salaires David Jaime Sara María Ana Fany Rosa Mónica Occupation actuelle Sans emploi - Employé non déclaré : garde d’enfants (activité terminée) - Employé : enseignant bénévole de français aux immigrants en situation irrégulière (occupation actuelle) - Privé (non déclaré) : dépannage des ordinateurs (occupation occasionnelle) Sans emploi Employé : chauffeur Concierge Employée : serveuse et caissière en station de service (occupation terminée) Employée : calibreuse en pierres précieuses Calibreuse en pierres précieuses dans une usine Femme de ménage Gestionnaire de salaires Employée : accompagnante de personnes âgées (mesure cantonale terminée) Cadre intermédiaire : rédactrice en chef et journal espagnol (contreprestation RMCAS terminée) Privé : garde personnes âgées (occupation actuelle non déclarée) Employée : femme de ménage (activité terminée) - Employée : accompagnante personnes âgées (mesure cantonale terminée) Sans emploi Sans emploi Sans emploi 105 Aurora Melina Teo Hugo Gabriel gestionnaire d’entreprises Employée : éducatrice Chef d’entreprise à son compte Employé : Superviseur Construction Chef d’entreprise à son compte : chauffeur poids lourd Chef d’entreprise à son compte : ingénieur chimique - Employée : serveuse restaurant scolaire (contre-prestation RMCAS actuelle) - Stagiaire petite enfance (activité terminée) - Bénévole en tant qu’enseignante d’espagnol (occupation actuelle) - Employée : femme de ménage (occupation actuelle) - Employée : accompagnante personnes âgées (mesure cantonale terminée) - Employée : femme de ménage (activité non déclarée, terminée) - Stagiaire en tant que soudeur (mesure de l’OCE) - Employé : serrurier au Musée (mesure cantonale terminée) - Employé : livreur (activité non déclarée, terminée) Employé : chauffeur, monteur de meubles (activité terminée) Employé : homme de ménage (mesure cantonale) Employé non déclaré : livreur (occupation actuelle) - Enseignante d’espagnol - Femme de ménage Sans emploi Facteur Chauffeur-livreur Sans emploi 106 Tableau 8 Difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi et occupation actuelle Prénom Pedro David Jaime Facteurs - Langue - Manque d’information - Équivalence de diplôme impossible - Les entreprises publient des emplois déjà occupés - Âge - Pas d’opportunité de démontrer ses compétences - Concurrence avec des jeunes parlant plusieurs langues et possédant des connaissances plus actualisées - Conjoncture économique - Langue - Âge -Concurrence avec des jeunes parlant plusieurs langues - Frontaliers employés de préférence - Les entreprises publient des emplois déjà occupés - Pas d’opportunité de démontrer ses compétences - Recherche un emploi pour se développer professionnellement - Perte d’habilité lors de l’entretien d’embauche, du fait de son ancien statut de chef d’entreprise - Préjugés de la part des conseillers de l’OCE - Manque d’information - Équivalence de titre impossible - Pas d’expérience en Suisse - Discrimination - Manque de formation pour les gens d’âge mûr qui arrivent d’Amérique latine Occupation actuelle Sans emploi Âge Concierge Sans emploi 107 Sara Langue Âge Calibreuse en pierres précieuses María Âge Femme de ménage Ana Fany Âge - Lacunes en anglais - Âge - Expérience et titres non valides en Suisse - Absence de support de la part de son conseiller de l’ORP - Jamais eu d’entretien - Ne dispose pas d’un réseau social - Pas d’opportunité de démontrer ses compétences Gestionnaire de salaires Sans emploi Rosa - Langue - Âge - Pas d’expérience valide en Suisse Sans emploi Mónica - Langue - Âge - Pas d’opportunité de démontrer ses compétences Sans emploi Aurora - Langue - Âge - Difficulté à faire l’équivalence de son titre - Perte de son dossier dans l’OFPC - Langue - Lacunes en anglais - Âge - Frontaliers employés de préférence - Expérience et titres non valides en Suisse - Pas d’opportunité de démontrer ses compétences Enseignante d’espagnol et femme de ménage Melina Sans emploi 108 Teo Hugo Gabriel - Pas de support de la part de son conseiller de l’ORP - Langue - Âge - Pas d’expérience valide en Suisse - Découragement de la part de son conseiller de l’ORP lorsqu’il souhaitait obtenir une équivalence de son certificat - Langue - Âge - Accident -Manque de formation - Pas de support de la part de son conseiller de l’ORP - Langue - Âge - Frontaliers employés de préférence - Pas d’opportunité de démontrer ses compétences - Pas de support de la part de son conseiller de l’ORP Facteur Chauffeur-livreur Sans emploi 109 Tableau 9.1 Facteurs favorisant l’accès à l’emploi Personnes avec emploi Prénom Jaime Sara María Ana Aurora Teo Hugo Moyens - Journal - Chance - Ami de sa fille - Amis - Mesure d’insertion de l’OCE : stage - Amis - Formation professionnelle - Expérience en tant que professeur d’espagnol en Suisse - Facteur de son quartier lui ayant fourni l’information - Chance - Mesure OCE : emplois de solidarité - Agence de placement Situation actuelle Concierge Calibreuse en pierres précieuses Femme de ménage Gestionnaire de salaires Enseignante d’espagnol et femme de ménage Facteur Chauffeur-livreur 110 Tableau 9.2 Facteurs favorisant l’accès à l’emploi Personnes sans emploi actuellement Prénom Pedro David Fany Rosa Mónica Melina Gabriel Moyens Amis Connaissances, amis, famille Mesure cantonale, amis, famille Famille, amis Mesure cantonale, amis Mesure cantonale, amis Mesure cantonale, amis 111 Prénom Pedro David Jaime Sara María Ana Fany Rosa Mónica Aurora Melina Teo Hugo Gabriel Tableau 10 Stratégies déployées pour chercher un emploi Situation actuelle Sans emploi Stratégies Formation Internet Élargir le réseau social Internet Lettres spontanées Réseau social Journal GHI Réseau social Inscription dans une agence de nettoyage Agences de placement Mesure d’insertion : stage Internet Lettres spontanées Internet Réseau social Réseau social Bénévolat Formation Lettres spontanées Réseau social Formation Lettres spontanées Réseau social Agence de placement Agences de placement Mesure emploi solidarité Internet Lettres spontanées Réseau social Sans emploi Concierge Calibreuse en pierres précieuses Femme de ménage Gestionnaire de salaires Sans emploi Sans emploi Sans emploi Enseignante d’espagnol et femme de ménage Sans emploi Facteur Chauffeur-livreur Sans emploi 112 Entretiens en français 113 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N° 1: MONICA Date d’arrivée: 5.12.2002 Date de naissance: 26. 08.1957 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. Je me suis immédiatement mise en contact avec le Département d’ Assistance Sociale de la Ville de Genève, du département des Suisses de retour de l'étranger, puisque je suis SuisseBolivienne. Ils m'ont immédiatement donné l’autorisation de commencer des cours de français, car je ne connaissais rien à la langue, c’était un changement radical pour moi parce que j’empruntais un chemin totalement différent par rapport à celui que j’avais vécu. J'ai alors commencé mes cours de français pendant trois mois à raison de deux fois par semaine et pendant ce temps je me suis consacrée à chercher un logement définitif, car dans le programme des suisses de retour de l'étranger ils m’avaient donné un appartement pour moi et ma famille, jusqu'à ce que la résolution du chômage soit prise. La recherche d’un appartement est très difficile à Genève, c’est très différent en Bolivie et bon… il fallait remplir beaucoup de conditions que nous ne pouvions pas remplir et la situation devenait de plus en plus difficile. Au bout de huit mois, j’ai commencé le travail que m'avait été proposé par l’État dans le domaine social, qui d’ailleurs est un champ qui me plaît et dans lequel je possède de l’expérience. En Bolivie j'ai travaillé dans une maison de retraite, mon travail consistait à aider en général, j’occupais un poste situé entre les infirmières et les aides soignantes. Mon travail consistait à donner à manger aux personnes avec des limitations, les accompagner à l'hôpital, leur changer les lentilles, aller à différents lieux médicaux pour qu'ils suivent leur traitement. C'était une expérience agréable parce que j'ai pratiqué mon français et j’ai gagné également une expérience de travail dans le nouveau système, à Genève. C'est les mesures cantonales qui m'y ont envoyé, j’ai signé un contrat d’un an, dans lequel j’ai acquis de la pratique, j'ai pu m’intégrer dans l'équipe de travail, cela à été une expérience extrêmement enrichissant. Les résultats de mon travail ont été si bons que ma conseillère du chômage m'a demandé si j’avais besoin de quelque chose de spécial, je lui ai donc demandé plus des cours de conversation focalisés sur le langage quotidien que je devais employer au travail. Elle m'a fait remarquer que c'était un prix pour mon bon travail, alors j'ai eu un professeur privé deux fois par semaine. Après huit heures de travail je devais assister à mes cours et cela a été excellent parce que j’ai pu m’améliorer. Là-bas j’ai travaillé un an, et après j’ai eu de nouveau le droit au chômage. Maintenant il n'existe plus des mesures cantonales, c'est à chacun de chercher un emploi. Puis, une fois fini mon droit au chômage, je suis entrée dans le programme du RMCAS qui était ce qui me correspondait, parce que je n’avais pas d'autre option. 114 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 Trois mois après mon arrivée, j'ai commencé à travailler dans l’Association Frigan des vêtements usagés. J’y travaillais en tant que bénévole deux fois par semaine, les après-midi. Puis, le RMCAS m’a proposé de faire un travail de contreprestation d'un an, je devais travailler 20 heures par semaine. Alors, j'ai travaillé chez Genève solidarité, avec des jeunes âgés de moins de 25 ans. Mon travail consistait à leur distribuer de la nourriture, à les encadrer pour faire du sport… mais… je n’avais pas de salaire, alors j'ai arrêté parce que je voulais trouver un travail fixe. J'ai fini mon travail là-bas et j’ai commencé à nouveau des cours de français pendant trois mois, grâce au Chômage et à mon chèque de formation. Comme je suis au RMCAS ils m’ont proposé de faire un travail de contreprestation, mais ils m’ont dit que c’étais à moi de chercher une alternative. Alors j'ai eu de la chance, j’ai contacté une ancienne collègue de Butini, de la maison de retraite, c'est une connaissance, une ex-collègue qui m'a dit que si une fois elle savait d’un travail qui se libérait, elle me mettrait au courant. Elle avait trouvé son travail de la même façon : avec une contreprestation. Je travaille dans la cuisine à l'école d'En Sauvy à la ville de Lancy, dans la salle à manger, comme contreprestation : c’est comme s’ils payaient mon salaire, mais la différence est que je n'ai pas de cotisations au Chômage ni à l'AVS, seulement le minimum … je ne travaille pas non plus les huit heures par jour. De toute façon nous recevons un traitement très spécial de la part des conseillers du RMCAS, alors j'ai commencé mon travail à l'école. L'équipe est magnifique et j'ai un contrat jusqu'au mois du mars. À partir de mars j'ai la possibilité d'avoir une place fixe. Ils m'ont annoncé cela, et je continue d'attendre. Je pourrais arrêter maintenant de faire ma contreprestation, puisque ma situation a changé depuis, étant donné que mon mari a trouvé un travail fixe, mais mon conseiller m’a conseillé de finir le contrat, étant donné que j'aurai plus de possibilités d'avoir une place fixe après. Donc, voici mes activités en Suisse, en plus de cela, j'ai toujours été liée à la Maison de quartier des Acacias, participant à des activités culturelles et tout cela, disons multiculturelles… j’ai participé dans différents évènements effectués ici. On reçoit une convocation et moi, cela m’a toujours plu de partager, de connaître plus de gens, le 19 il y a un événement sur le changement climatique, alors j’y serai présente. En général je n'ai pas eu des problèmes d'adaptation, c’est bizarre… bien que j'ai laissé des très belles choses dont je m'occupais en Bolivie, et que le changement a été dur, c'était une décision familiale. Mais je me sens bien, je suis, je crois, intégrée, je suis habitué et je me plais ici. En Bolivie j’étais directrice, j’ai géré un projet textile de « Aldeas infantiles SOS », pendant sept années jusqu'à ce que je vienne. 115 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Quel est votre sentiment par rapport à ce que vous faites maintenant et ce que vous faisiez avant? Ma philosophie de vie et de travail est d'accepter le moment présent c’est complètement différent ici, il n’existe pas un point de comparaison, ma formation… mes capacités, et mon envie de faire les choses… j'ai vu des résultats… mais le contexte est complètement différent. Je sais que je suis capable de faire beaucoup plus, mais… comment faire pour trouver un employeur qui pourra m’engager et me donner une opportunité de lui démontrer ce dont je suis capable. Je suis heureuse avec le travail à l'école, l'horaire me convient, car il m’a permis de venir en aide à ma fille et de garder mes petits - fils, c'est une belle étape, et j’aimerais maintenir cet horaire parce qu'ainsi je peux être avec eux. D’après vous, qu’est-ce qui, selon vous, devrait être modifié? Il faut que l’Etat fasse comme avant, je trouve que le système de mesures cantonales te donnait la possibilité de cotiser au chômage pendant une année. Ils devraient le faire au moins à partir de 50 ans, car il est évidemment plus difficile de décrocher un travail à cet âge-là. Alors, il serait bien si l’État pouvait s'occuper de te trouver un travail, de telle sorte que tu aies la possibilité d'apporter et de démontrer tes compétences à plein temps. Ils devraient t’orienter vers des lieux qui offrent des possibilités et aussi, ils devraient les personnes qui méritent le travail et un contrat fixe. Ainsi tout le monde pourrait en profiter : L’État, le système et la personne. Cela aiderait la personne à s’intégrer, à lui remonter le morale et à mettre en valeur ses compétences. Je ne connais pas une autre solution et celle des mesures cantonales me paraissait très bien. 116 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N°2 : GABRIEL Date d’arrivée: 2002 Date de naissance: 03.07.1953 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. La première chose que nous avons fait, a été de nous mettre en contact avec l’Hospice général, et ils m’ont accordé le montant minimum pour pouvoir payer mon loyer, l’assurance maladie et les affaires personnelles de base, j'ai été six mois avec l’Hospice alors que je faisais la démarche nécessaires pour obtenir un permis de séjour à Genève, tout cela à travers le bureau de l’office Cantonal de la Population, d’un côté je devais avoir le permis de séjour et faire les démarches avec le Canton d'origine et de l’autre côté, j’avais besoin des documents de mon canton d’origine. J'ai commencé à faire les démarches de naturalisation par mon épouse, mes fils avaient déjà la nationalité, mais pas elle. Cette démarche a duré 3 ou 4 mois. Ma famille est arrivée ici le deux décembre 2002, cinq mois après moi. Pendant ce temps, je me suis inscrit au chômage, étant donné que j’avais travaillé toute ma vie en Bolivie, ils m'ont donné une indemnisation de base de CHF 3.300.-, je crois… et j’ai commencé à cotiser à l'AVS, cela a été le début de la cotisation à l'AVS. En parallèle, le chômage m'a assigné un conseiller, qui, à mon avis, ne devait pas être là, car il devrait t’aider à trouver un travail ainsi qu’à t’intégrer, mais, malheureusement quelques conseillers ne savent pas pourquoi ils sont là, je crois qu’ils sont là pour gagner de l'argent. Cette personne ne m’a même pas permis de prendre plus des cours de français, même si j’en avais besoin, il m'a accordé quatre mois de français et c’est tout, il m’a dit que c’était suffisant. J'ai constaté toutefois, que d'autres personnes en ont fait 1 année ou 1 année et demi avec d'autres conseillers, et ceux-ci ont mieux réussi à s’intégrer parce qu’ils avaient une bonne orthographe et une meilleure prononciation. Après, je me suis mis à chercher un travail, mais le premier problème a été l'âge, il y a beaucoup de discrimination par rapport ä l'âge. Entre 20 et 40 ans il est facile de trouver un travail, il y en a un pour tous, mais après les 40, il y a des problèmes. J'ai 57 ans et je me sens en pleine forme, je suis chimiste et je me suis développé dans ce domaine toute ma vie. Je crois qu'ici ils ont peur d’engager des personnes âgées, parce que le salaire devrait être supérieur, puisque notre curriculum est un très bon curriculum, ils doivent payer par catégories. Alors, ils préfèrent prendre des jeunes, sans expérience, parce que le problème est principalement l'argent. J'ai été 1 année au chômage et par la suite j’ai commencé un travail à travers les mesures cantonales, à Valflory, là j’ai travaillé comme aide cuisinier, je lavais et nettoyais dans une OMS avec beaucoup de personnes âgées, plus de 300 personnes, nous étions 60 personnes ä travailler dans la cuisine, quelques uns s’occupaient de la cuisine, d’autres de la restauration, etc., tout ce qui était en rapport avec la nourriture. Je faisais partie d’un groupe qui nettoyait 3 fois par jour avec des machines, ce n'était pas un travail manuel, mais il était quand-même fatiguant, car on est début huit heures par jour en faisant ce travail, mais je me suis habitué, le 117 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 plus important c’est que j'ai réussi à m'intégrer, j’ai amélioré mon français, je me suis fait beaucoup d'amis là-bas, mais un an passé rapidement et je suis de nouveau au chômage. Ma famille et moi avons réussi à obtenir un appartement meublé, le loyer était inimaginable : CHF 3600.- par mois, mais c’était l’Hospice qui le payait. Nous avons vécu trois ans, après nous nous sommes inscris au Bureau du Logement et nous avons obtenu un appartement HLM à Onex c’est là que nous vivons actuellement, évidemment le loyer est cher, il n'est pas meublé, l’immeuble à des appartements très mal construits, parce qu'ils n'ont pas de distribution adéquate, je ne suis pas content, ni aucune famille l’est, mais on n’a pas le choix et il est cher: 2000 CHF.- par mois. Mais, malheureusement surtout à Genève il est très difficile de trouver une maison. Concernant le travail, j'ai été deux ans au chômage, toujours en cherchant un travail et les réponses étaient négatives, je n'ai jamais réussi, deux années se sont écoulées et nous sommes rentrés au RMCAS et nous nous y trouvons actuellement. Cette année, comme mes deux filles ont atteint la majorité, elles sont sorties du groupe d'aide et nous devons nous battre pour payer leurs assurances maladie, elles ne paient pas le loyer. Bon… l'aide continue… nous allons toujours remercier la Suisse, mais je crois qu'il manque quelque chose, il y quelque chose qui ne va pas. J'ai eu l'opportunité de connaître d'autres conseillers dans SwissNova, ils sont des vrais conseillers, ils sont des gens très dynamiques, très capables. Si j’avais eu ces conseillers quand je suis arrivé en 2002, l'histoire serait une autre, j’aurais obtenu un travail immédiatement. Cela fait 8 ans que j'ai des conseillers et ceux de SwissNova ont la qualité que les autres conseillers du Chômage devraient avoir ainsi que tout travailleur social. C'est le panorama dans lequel nous vivons tous les jours, il n'y a pas de possibilité d’avoir d’autres revenus, mais je crois que le problème de l'âge est fondamental. Quelles formations avez-vous effectuées depuis votre arrivée? J'ai fait deux formations, dont celle de cafetier à traves les mesures cantonales, laquelle j’ai finit complètement, il ne me reste que les examens à passer, mais je n'ai pas pu les faire jusqu'à présent par manque d'argent, il fallait payer CHF 700.- pour l'inscription, et les mesures cantonales ne me le paye pas et l’Hospice non plus, mais je pense le faire. Après j'ai été dans l'OTO où j'ai réussi à mettre sur pied un projet d'un restaurant, dans lequel j'ai pu intégrer à tous mes frères, mais de nouveau le problème a été l'argent. Ici le fond de commerce est trop grand : CHF 100.000.-, 200.000.-, cet argent je pourrais possiblement le récupérer d'ici 15 ans. Il est très difficile de commencer quelque chose avec une dette si grande, parce que le prix réel du restaurant n'est pas de CHF 50.000.- et cependant entre le capitale d'opération et le fonds de commerce ce sont presque CHF 30.000.- de différence. Quels emplois avez-vous occupés depuis votre arrivée? Maintenant, je fais une contreprestation pour l'Hospice général, les jeudis et les vendredis, lesquels je travaille sur quelques projets, actuellement c’est sur un projet de laine, mais tout est contreprestation. 118 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Je recherche un emploi à travers Internet: Job up, Edicon, Anibis, où l'on s’inscrit et envoi son CV par Internet ainsi qu’une lettre de motivation, cela a été ma façon de chercher un emploi pendant huit ans, mais aussi à travers des amis, en cherchant parmi mes contacts, mais je n'ai jamais rien eu. Essentiellement le problème est l'âge, j'ai un très bon curriculum, il est peut être trop bon pour une entreprise, et c’est peut être pour cela qu’ils ne veulent pas m’engager, ils croient peut être, qu’ils devront me payer beaucoup. Je suis spécialisé en tanneries, en abattoirs ainsi qu’en plantes de traitement d'eau, etc. Je me suis présenté au central de traitement d’eau de Genève pour offrir mes services. Au début j’étais un de candidats, mais cela n’a pas marché. De ma part, j'ai envoyé des lettres à Bayer, à BASP, parce que j’avais eu des relations de travail avec eux, mais j’ai reçu des réponses négatives. Je suis d’accord avec l'UDC, pas dans l’aspect politique, mais dans les choses qu'ils font: si l’on contrôlait mieux l’entrée des frontaliers… et que les entreprises soient obligées de faire une offre seulement pour des Suisses pendant un temps déterminé, puis démontrer qu'il n'y a pas eu des candidats adéquats, là et seulement là, ils devraient lancer une offre pour tous les frontaliers, chose qu'aucune entreprise ne fait. Les entreprises préfèrent adresser directement les offres à des frontaliers, puisqu’ils ne paient un frontalier que CHF 3.000.-, ce qui est inimaginable pour ceux-ci, parce qu'en France ils ne gagneraient que 1.000 euros. Alors, il y a une différence énorme, en revanche pour un Suisse qui vit ici, CHF 3.000.- c'est la base et tous essaient de gagner beaucoup plus. Alors il y a des entreprises qui veulent économiser beaucoup d'argent et préfèrent engager des frontaliers . 98 % des infirmiers qui travaillent dans l’hôpital viennent de la France, à l'hôpital Cantonal par exemple, 90 % sont des Français, il y a quelques portugais… et quelques médecins suisses, mais les infirmiers sont tous des frontaliers. Ils devraient donner une préférence aux Suisses, ils devraient convoquer seulement les Suisses, après pour les autres. Une fois j’ai demandé à un politicien si cela était possible, mais il m’a dit qu'ils ne peuvent pas le faire à cause de l’espace Schengen, mais je crois que la Suisse devrait le faire si nous ne voulons pas avoir tant de gens au chômage. Pour finir, il est aussi important qu’ils sachent, que comme nous vivons seulement avec l'aide financière de l'état, ce qui représente très peu, cela nous permet juste de payer le loyer, l’assurance et un peu de nourriture, tous les gens dans ma situation, ou presque tous, cherchent un travail qui n'est pas déclaré, un travail au noir, surtout dans le nettoyage ou la livraison, et c'est cela qui nous aide, ce sont CHF 200.-, 300.-, parfois CHF 1.000.- extras qu’on gagne, mais c'est la seule façon de se battre et de surmonter ce qui à mon avis, est une discrimination due à l'âge. 119 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Quelles sont les caractéristiques des conseillers de SwissNova ? Ils sont excellents parce qu’ils sont très dynamiques, par exemple depuis le 1er jour que je les ai rencontrés, ils ont tout de suite téléphoné, ils t'inscrivent à plein d'agences. Ils t’apprennent à faire un bon CV, pas un curriculum géant de plusieurs pages énumérant toutes tes expériences professionnelles, sinon des curriculums ciblés Je ne suis pas chimiste… je suis un technicien de tannerie, ils soulignent ce qui ressort le plus de toi. Tout ce travail ils le font avec toi et tu obtiens beaucoup de contacts, ils sont là, ils téléphonent, ils écrivent et ils font un suivi complet. C'est une entreprise privée qui a été engagé par les mesures cantonales, pour les gens du RMCAS, pour voir si l'on peut obtenir un emploi à travers elle. J'ai connu deux conseillers excellents, si le chômage avait la même qualité que ces deux-là, cela serait très différent, parce qu'ils savent réellement motiver, ils sont dynamiques et ils t'apprennent beaucoup de choses. Avez-vous essayé de faire l’homologation de votre titre? Dans mon cas, par exemple, comme je n'ai pas fait des documents dans la chancellerie en Bolivie, je dois les faire à Berne, mais cela ne servirait à rien, je n'ai même pas la possibilité d'obtenir un travail, et d’ici à ce que j’aie la validation j’aurai 60 ans, peut-être que je serai à la retraite quand j’aurai 65, cela n'a pas de sens. Pour cela je cherche un travail dans n’importe quel domaine, en tant que chimiste, livreur, etc. 120 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N°3 : AURORA Date d’arrivée: 2003 (7 ans) Date de naissance: 1960 (50 ans) Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. Quand je suis arrivée, j’avais beaucoup d’idées… Comme je suis éducatrice de la petite enfance et je suis venue avec beaucoup d’expérience de mon pays J’ai travaillé beaucoup d'années, d'abord dans une crèche, puis dans une école pendant huit ans, puis quatre ans dans une école primaire et quatre encore ans dans une classe d'éducation spéciale, dans la même école. J'ai étudié deux ans de psychologie pour travailler dans cette classe et je travaillais avec une psychologue. Donc, j’avais pensé qu’à mon arrivée ici j’allais pouvoir travailler, faire quelque chose dans mon domaine, mais je me suis trompée. Il est vrai que nous arrivons avec toute notre expérience professionnelle, mais cela ne sert à rien ici, si celle-ci a été réalisée hors de ce pays. Il faut que ta profession soit revalidée, et pour cela tu dois faire des démarches pour obtenir les équivalences de tes titres et moi, j’ai rencontré de nombreux problèmes. Je n’ai toujours pas réussi à valider mon titre universitaire. J’ai obtenu mon titre en 1982, je possède une licence… Ils me disaient que tout était en ordre, et que mon expérience comptait…, Ils m'ont dit que la seule chose qui me manquait était la langue, donc j’ai commencé à étudier le français, mais quand j'ai fait un test j’avais un niveau intermédiaire et ils m'ont alors dit que je devais maîtriser le français. La personne chargée était Madame Jaccard, à cette époque c'était la personne chargée de légaliser les titres de la Petit Enfance. J’ai continué à étudier le français, mais à chaque fois il y avait une autre chose… j’ai fait un stage en Zone Bleue, une crèche de l'Université Ouvrière, pendant six mois, ils étaient très contents et ils voulaient m'engager, mais le budget avait été réduit et ils avaient déjà deux éducatrices et le personnel était complet Quel poste voulaient-ils vous donner? Comme auxiliaire pour commencer et ensuite comme éducatrice une fois que j’aurais finit avec les démarches d’équivalence de mon titre. Mais cela n'a pas été possible, je voulais travailler en tant que bénévole, mais j’avais aussi besoin de souvenir à mes besoins. On dit qu'il existe un peu de racisme, je ne l'ai pas ressenti réellement ici… mais ils te répondent toujours qu’ils n’ont pas la place et qu’ils te souhaitent bonne chance, c’est peut être l’âge…, mais ils me regardaient travailler, j’effectuais un stage, et ils voyaient que j’avais de l’expérience et que je connaissais le domaine. J'ai fait un autre stage dans une crèche près de chez-moi et 'ils m’ont aussi dit que ils ne pouvaient pas m'engager parce que je n’avais pas fait l’équivalence de mon titre et qu’ils me donnaient l'opportunité de faire un stage encore plus long, non rémunéré à plein temps, donc je les ai beaucoup remercié et j’ai laissé tomber, cela m’a beaucoup découragé. 121 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Alors j’ai commencé à chercher du travail, je continuais d’apprendre le français, et j’ai dû faire ce qui arrive ä tout le monde dans cette situation là: Nettoyage des bureaux, cela m'a aidé un peu économiquement, mais j’ai ne travaillais pas ä plein temps, mais seulement quelques heures et puis j’ai commencé à donner des cours privés d'espagnol de manière privée et j’ai envoyé également des lettres pour travailler dans des écoles, mais je n’en ai pas envoyé à INECLA. Cependant, ils me disaient que j’avais besoin d'avoir le BFFA (Module 1 du Brevet fédéral de formateur et formatrice d'adultes) ou autre chose. Alors j’ai lu une annonce de l’université ouvrière dans le journal, où ils convoquaient des bénévoles, donc j'ai décidé d’y aller, c’était comme même dans le domaine de l’éducation…et j’aime beaucoup enseigner. Je m’y suis rendue et ils m’ont donné un entretien avec la Directrice, j’ai parlé avec elle, je lui ai raconté mon expérience et elle m’a proposé d'aller observer un cours pour voir si j’étais capable de le faire, donc je suis allée observer, j’ai aimé, j’ai parlé et j’ai fait un contrat moral avec la directrice… Alors j’ai commencé à travailler en tant que bénévole une fois par semaine, et maintenait cela fait 6 ans. En suite, bénéficiant déjà d’une année d'expérience à l'Université ouvrière, j’ai renvoyé mon CV, j’étais très insistante, je crois que j'en ai envoyé au moins 300 à toutes les crèches et écoles et je recevais le « non merci » j’avais une collection de lettres avec le non, non. J'ai continué à insister, avec le CV et l’expérience vécue à l'Université Ouvrière qui m’a beaucoup aidée. J’ai renvoyé à tous ceux qui m’avaient dit « non »et finalement j’ai reçu un appel, la première chose qu’ils m'ont demandé c’est si je travaillais à l'Université ouvrière, j’ai dit que oui, ils m'ont alors proposé de passer un entretien. Donc, j’ai été engagée et mon statut a changé, j’ai commencé à travailler ä INLIGUA, j’avais aussi envoyé mon C.V. à INECLA et ils m'ont aussi appelé, pour donner un cours avec des enfants étant donné mon expérience. J'ai eu un entretien avec le directeur et ils m'ont aussi engagée. Puis d’une autre école, ALTERLINGUA, ils m'ont aussi appelé, parce que j’’avais une amie qui voyageait et ils avaient besoin d’une remplaçante. Cette personne est restée aux Etats-Unis et ils m'ont demandé si je voulais rester et j’y suis restée. Est-ce qu’ils vous ont demandé un certificat? Le certificat de FA (Formation d'adultes) non, mais la formation que j’ai faite à l'Université ouvrière m'a aidé, j’ai décidé de la faire, je sais que maintenant, ils vont demander un certificat… je ne sais pas s’ils on déjà commencé, mais j’ai décidé de la faire, car il s’agissait d’un défi au niveau professionnel. J'ai toujours aimé étudier, faire de la recherche, renouveler, ne pas rester bloquée. C’était donc un défi personnel. J’ai fait la formation d'adultes, mais cela a été très dur parce qu’il fallait faire la formation en français, pour mois cela a été terrible, mais j’ai réussi, j’ai fait cette formation à l'Université Ouvrière et à l’IFAGE, toutes les deux, ensembles, ont la formation qui dure une année, en réalité la formation a lieu le vendredi et samedi après-midi, et dure six mois, après ils te donnent un temps pour faire les travaux. Alors j’ai fait le Module 1, qui te permet de travailler avec des adultes ici en Suisse, et me voilà, je continue à lutter pour trouver un poste fixe, mais l’âge, je ne sais pas… Je continue à envoyer mon dossier, j’aimerais quelque chose de stable. 122 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Aimeriez-vous travailler de nouveau avec des enfants ? Parfois je le voudrais, mais j’ai commencé à travailler avec des adultes et c’est un défi pour moi, j’aime beaucoup. J’avais travaillé dans mon pays avec des enfants pendant 11 ans et ici moi je voulais faire l’équivalence et une formation mais, je referais la même chose… Je voulais étudier quelque chose de différent, j’ai donc décidé de faire la formation des adultes. Quel a été le rôle de l’Etat dans votre processus d’insertion ? Mon mari est Suisse, alors je me suis mariée avec un suisse, quand je suis venue ici je me suis inscrite automatiquement au Chômage, mais comme je n’avais jamais travaillé ici en Suisse, je n'ai pas reçu des indemnisations, ce qu’ils m’ont donné c’est des cours de français pendant 8 mois et ils payaient mon transport, je n'ai eu le droit à rien du tout, même pas un stage, ni les mesures cantonales parce que je ne suis pas suissesse. Si j'avais eu la nationalité suisse, ils m'auraient peut être aidé d'une autre manière, comme les suisses de retour de l'étranger… à la fin j’aurais pu retourner au chômage durant toute ma vie. Finalement je me suis dit, cela fait deux ans et demi que je suis ici, ils ne voulaient pas me donner plus des cours. À cette époque je voulais déjà faire la formation des adultes et ils m’ont dit « non », que je devais lutter pour m’insérer dans la petite enfance. Mais ils voyaient que c’était comme un cercle vicieux, parce que pour pouvoir valider mon titre j’avais besoin de travailler dans une crèche et pour pouvoir y travailler j’avais besoin d’un titre reconnu par le canton de Genève. Il a été très difficile parce que j’ai même demandé de travailler comme aide de cuisine ou comme nettoyeuse, l’important était de rentrer dans une crèche, mais toutes les portes étaient fermées. C’était très découragent. J'ai alors commencé à travailler avec des adultes et cela fait 3 ans que je travaille à INECLA, et cinq ans à l'Université, je viens de commencer la sixième année. Je suis payée à l’heure, malheureusement je n’ai pas un contrat fixe, on doit alors subvenir à ses besoins, donc, je continue à travailler dans une bijouterie de 7h à 9h du matin parce que c'est un travail fixe, je nettoie les vitrines avec un équipe. Chaque fois je me dis que je vais quitter cet emploi, mais je continue. Malheureusement, les salaires pour les enseignants… bon… je ne me plains pas c’est bien payé…, cependant, j’ai un salaire qui n’est pas suffisant, il fluctue... Je me suis promise de quitter l’emploi de nettoyage cette année… il s’agit d’une bijouterie, ce n’est pas difficile. J’ai trouvé cet emploi et j’y suis restée. En plus, avec la crise qu’il y a dans les écoles, je ne donne pas beaucoup de cours. Cela a été dur. J’ai essayé de m’inscrire au chômage parce INECLA et INLINGUA ne donnaient de cours, donc j’avais deux écoles de moins, mais, l’histoire du chômage était un problème, j’étais découragée, parce que comme je n’avais pas 8h de travail ou plus, je devais justifier un tas de choses, demander des papiers… et personne ne savait si j’avais le droit à être indemnisée, alors j’ai dit « merci je m’en vais ». Pendant la semaine je donne quatre cours à ALTERINLINGUA d'une heure et demie, donc six heures, à INECLA six heures également, à INLINGUA je donne quatre heures, mais je finis maintenant en décembre parce que les étudiants partent, alors, il ne va plus que me rester dix heures avec un salaire différent... et pour travailler à plein temps on a besoin de 16 heures hebdomadaires. 123 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Quels sont les facteurs qui ont favorisé votre accès à l’emploi? La persévérance, être là, ne pas me décourager, L’Université ouvrière pour moi a été quelque chose qui m’a beaucoup aidé. Par ailleurs, une autre chose que je crois qui m’a aidé… comme l'État ne m'a pas aidé, avec une indemnisation, j’étais plus motivée parce que j’avais besoin d’argent, je devais « survivre ou survivre », j’avais le salaire de mon mari, mais, je n'ai jamais été dépendante, en plus un salaire ici à Genève ne suffit pas. Alors j’ai dit « non, je dois m’en sortir » et j’ai commencé à chercher, je crois que tout cela principalement. Je ne sais pas… si l'État m'aurait aidée plus, le Chômage n'a pas voulu me payer la formation, en effet ils ne me l'ont pas payée, quand j'ai fait ma formation BFFA, j'ai fait la moitié avec le chèque de formation et l'autre moitié c’est moi qui l’ai payée. L'État m'a donné les cours de français, rien de plus, ils me disaient que je devais insister avec la petite enfance et que je devais réussir. Ils ne m'ont jamais proposé de me payer la formation de la petite enfance, je n'ai jamais reçu beaucoup d'aide. Je pense que celui-là a été un facteur qui m’a aidé à m’en sortir, à avoir ce courage. Je vaux beaucoup, j'ai étudié, je sais, et je dois continuer et battre. Cela a été dur...cela a été dur, et jusqu'à présent, ce n'est pas facile, mais je continue dans cette lutte. J'ai récemment écouté parler d'une Association qui aide des gens avec un titre, les migrants qualifiés. Quand je suis arrivée, cela n’existait pas, mais dans la crèche Ensemble, la directrice essayait de nous aider et elle m'a aussi aidée à me remonter le morale, elle nous disait qu’il fallait aller de l’avant, qu’il fallait chercher et elle disait que s’il n’était pas possible dans la petit enfance, il fallait chercher une autre chose que nous aimons. J’ai faillit faire des massages, étudier quelques chose de différent, une autre carrière. Bon il y a des gens qui te donnent coup de mains et te donnent du courage. J'ai reçu surtout un soutien moral et mon amie m’a demandé de la remplacer et j’ai aussi envoyé mon dossier. Le chômage a pris en charge toute la formation d’une de mes amies. En revanche, moi, je n’ai pas pu bénéficier d’aucun soutien financier pour entreprendre la même formation. J’ai donc décidé d’en parler à mon conseiller de l’ORP pour éclaircir la situation, mais ce dernier m’a rétorqué que le chômage n’était pas destiné à cet usage-là. D’autre part, il m’a dit que j’avais déjà un métier, celui d’éducatrice de la petite enfance et par conséquent, je n’avais qu’à trouver un emploi dans ce domaine-là. Donc, ils nous cataloguent rapidement et ne nous laissent pas l’opportunité de se réorienter vers une nouvelle profession Ils m’ont donné alors un rendez-vous avec le nouveau directeur du bureau d’Orientation Professionnelle, Madame Jaccard était partie… Je suis partie parler avec lui, et au moment d’aller chercher mon dossier, il n’était plus là, il s’était perdu. Il n’avait aucune trace de toutes les démarches que j’avais déjà entreprises. Il fallait que je refasse tout de nouveau, que je recommence de zéro, ce que j’ai refusé. 124 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N° 4 : TEO Date de naissance : 19.04.1955 Date d’arrivée : 15.07.2002 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou insérer sur le marché de l’emploi. Je suis arrivé sans savoir lire ni écrire le français. La première chose que j'ai faite a été de m'inscrire au chômage et aller à l’hospice pour avoir un entretien. Le chômage m'a donné des cours de français pendant trois mois seulement parce qu'ils disaient que je devais travailler, que dans mon domaine il y avait beaucoup de travail. Je suis technicien industriel spécialisé de la construction de bâtiments. Mais eh… mon conseiller m'a obtenu un travail chez Copilart où j'ai travaillé trois mois. Copilart est une entreprise qui fait des manèges, tu te rappelles du manège du « lapin » ? C'est une fondation qui dépend de la Ville de Genève qui aide les personnes à s’insérer sur le marché de travail… j'ai travaillé avec des alcooliques, des toxicomanes… Mon conseiller du chômage m'a donné ce travail et celui-ci n’a duré que trois mois, l'insertion. Quand je suis ensuite rentré dans les mesures cantonales, j’ai eu un entretien au musée d’art et histoire et j’y ai commencé à travailler, j’ai travaillé une année dans le musée d’art et histoire. Ne t’ont-ils jamais proposé une formation? Je lui ai proposé de faire valider mes diplômes et il m’a répondu « il faut qu’on soit réaliste, vous avez presque 50 ans et par d’ici à ce que vous envoyiez vos papiers à Berne, que vous les fassiez traduire et qu’ils vous donnent un CFC, il va s’écouler presqu’une année… vous aurez 51, et encore… cela dépend de ce que Berne va décider… Ils vont peut-être vous demander de faire quelques cours, encore un ou deux ans, donc vous aurez 53 ans. Qui voudrait bien engager une personne âgée de 53 ans, ayant un titre valide en Suisse, mais ne possédant aucune expérience sur le territoire suisse ? Cette option n’est pas envisageable dans votre cas… peut-être si vous aviez 25 ans ou 30 ans » Et j’ai fini par constater qu’il avait raison. Il ne m'a donné aucune formation… il m'a donné deux cours pour mise à jour en soudure d'un mois chacun. J'ai travaillé au le Musée d’Art et Histoire comme serrurier durant une année, il n’était pas possible d’y rester… même si j’avais beaucoup postulé, mais jamais… c’est à cause de l’âge. Et je suis retourné au chômage et je n’avais pas de travail… bon j'avais un petit travail non déclaré à « epsilon » comme distributeur de publicité à Coopé… cela a duré un ou deux ans… et bon j'ai été sans travail jusqu'à ce que quelqu'un me donne un numéro de téléphone, un facteur, quelqu'un de la Poste qui venait de laisser le courrier. Un ami? Non, un Chilien, la personne qui distribuait le courrier, je le connaissais parce qu'il distribuait le courrier. Il m'a dit « regarde j'ai ce numéro, je ne sais pas à qui cela appartient et il me l’a donné. J'ai téléphoné, ils m'ont donné un rendez-vous pour le lendemain. Je suis allé au rendez-vous, c'était une réunion avec le chef et trois candidats, et à la fin il nous a dit qu’il fallait qu’on cherche « une gain intermédiaire » dans une agence d'emploi afin de signer un contrat et qu’on pourrait commencer demain. La poste n’engage pas directement, il fallait 125 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 rentrer à travers une agence comme Kelly ou Adeco. C’est eux qui te payent, mais on travaille pour la poste. Et la “Poste” fait cela? Oui… cela dépend… si tu as un piston, si tu connais quelqu'un, tu pourrais obtenir un contrat avec la poste directement, mais comme je ne connaissais personne… j’avais besoin d’une agence d'emploi… J'y suis allé avec la carte du chef du « post logistique » et je leur ai dit que je devais signer un contrat… eux ils travaillaient avec la poste, donc ils savaient déjà. Donc j'ai signé le contrat et le lendemain j'ai commencé à travailler à 50%. Et un mois après, mon chef m’a offert de faire un autre travail… faire le shop de la Migros et un mois après, il m'a demandé si je voulais faire les OP , les ordres permanentes, il s’agit de travailler exclusivement avec des clients, le problème était que je devais me lever à 4h du matin, mais j’ai accepté, alors j’ai augmenté mon taux de travail à 70%, après ils m'ont offert le travail pour aller à Zurich le soir, c’était pour le Crédit Suisse, j’ai également accepté et comme cela je suis arrive à 100%, voir 120% de travail, toujours par le biais de l'agence d'emploi. L'agence de placement me paye et ils facturent à la poste… par exemple, ils me payent 25 francs de l’ heure et la poste leur donne… plus… je ne sais pas combien, cela fonctionne ainsi, mais la poste est libre de faire ces démarches, de sécurité sociale, rien, rien de cela, C’est l'agence qui est chargée de faire tout cela et après deux ans ils m'ont offert un contrat à la poste, donc j'ai éliminé l'agence de placement et j’ai signé avec la poste il y a trois mois, en septembre, et dans 6 mois je devrais signer un contrat à duré indéterminé, fixe à 100% , parce que maintenant j'ai signé un contrat à 90%, pas plus… mais je travail à 120%, c'est-à-dire que j’ai beaucoup des heures supplémentaires. D’après vous, quel a été le rôle de l’Etat dans le processus de votre insertion? Aucun, rien, j’ai fait des cours qui m’ont étés offerts par le RMCAS, j’étais obligé… parce que en effet, je ne déclarais pas le travail avec l'agence Kelly alors pour le RMCAS, je n’avais pas de travail, de toutes manières j’ai assisté à ces réunions, j’ai fait le sacrifice… parce que je devais y aller après le travail. Quels ont été les facteurs qui ont favorisé votre accès à l’emploi? Les sens des responsabilités, ne jamais arriver en retard, ne pas manquer, savoir travailler. Le Chilien n'a pas pu rentrer à la poste… donc j’ai eu aussi de la chance parce que j’ai téléphoné juste quand ils avaient besoin et sans me connaître ils m'ont appelée. Le chilien a téléphoné trop tard. Le Chilien avait un permis d'étudiant comme moi, il travaillait à la poste par le biais d'une agence d'emploi 50 %, il travaillait pour la poste de Carouge et il était payé comme un étudiant. J’ai eu de la chance d’avoir téléphoné le jour même qu’ils avaient besoin, si j’avais téléphoné le lendemain, ils n’auraient peut-être pas eu besoin de moi. Nous étions trois être rentrés le même jour et maintenait en reste que moi. Les autres sont partis, ils étaient jeunes… l’un voulait cogner le chef et l'autre…je ne sais pas… il est parti, il n'a pas aimé. Est-ce que vous êtes satisfait de votre travail? Je peux déjà m’estimer heureux d’avoir un emploi. Comme dans tous les boulots, il y a des côtés positifs et négatifs. Ce n’est pas le job de mes rêves et la paye n’est pas mirobolante, 126 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 mais cela reste un travail proprement dit et, par les temps qui courent, il est très difficile d’en dénicher un. Surtout lorsque l’on a 56 ans. D’après vous, pourquoi est-ce si difficile? A cause de la langue que nous ne maîtrisons pas, le manque d’expérience en Suisse, ma profession est complètement différente à celle qui se faite ici, c'est-à-dire que je ne possède pas l’expérience pour travailler ici, pour être un « maître d’œuvre », je n’ai pas de expérience, il est impossible… et mon âge… Trois facteurs prépondérants. L'état ne peut pas trouver un travail pour toi, ce n’est pas l’état, c'est la personne qui doit trouver un travail, l'état ne va jamais te trouver un travail, pour cela nous avons le chômage. Aucun système va te trouver un travail, ils peuvent te conseiller, te donner des cours, mais ils n’iront pas te trouver un travail. Il y a des gens qui font leurs recherches d'emploi, mais ils ne cherchent jamais du travail, ne cherchent pas sérieusement, c’est peut être la crainte de tout recommencer ou il s’agit de convenance… j'y été moi aussi, pendant beaucoup de temps je présentais me recherches d'emploi sans chercher un emploi, seulement parce que c’était une obligation. Pourquoi ? , parce que par exemple mon conseiller voulait que je travaille comme soudeur… J'ai étudié la soudure mais je ne suis pas soudeur, je n'ai pas d’expérience comme soudeur, mais il voulait que j’aille travailler comme soudeur, je savais que cela n'allait pas être possible, parce que je n'ai pas d’expérience comme soudeur, je peux souder, mais je ne suis pas expert en soudure et il voulait absolument que je fasse cela … et ils m'ont offert un bon salaire, mais le boulot était à Berne, mais je ne pouvais pas accepter quelque chose que je savais que je n'allais pas pouvoir faire. C’est différent de comme on travaille en Bolivie et comme on travaille ici… Alors, pendant cette époque j’ai fait mes recherches d'emploi sans chercher un emploi. Puis, j’ai chargé mes batteries et j’ai commencé à chercher un emploi, mais dans d'autres domaines, parce qu’on arrive en pensant que l’on sait tout, qu’on arrive de son pays avec beaucoup d'expérience et peu à peu tout tombe à l’eau et tu te rends compte que tu ne peux pas travailler dans ce que tu as étudié. Parce que tu n'as pas d’expérience, tu dois commencer depuis zéro, peu à peu… il est très difficile qu'ils te donnent l'opportunité si tu n’as pas un « CFC ». Alors peu à peu tu te rends compte que tu ne pourras pas travailler dans ton domaine et que ton domaine ne sert à rien. L'état ne peut pas faire plus, il ne va pas te prendre par les mains pour que tu ailles chercher un travail ou un entretien. C’est à chacun de trouver un travail, c'est pour cela qu’ils sont en train de réduire le chômage, parce qu’il y a des gens qui ne veulent pas travailler et ils ne font pas une recherche réelle d'emploi. D’après vous, qu’est ce qu’il faut faire pour trouver un emploi? Téléphoner, se rendre aux entretiens, insister, surmonter la peur, le problème pour nous, c’est que nous avons plus de 50 ans et que ce n’est pas aussi facile d’apprendre une langue quand on est vieux que quand on est jeune. Nous ne parlerons jamais le français avec la même aisance que celle des jeunes. Nous avons cette barrière : le français. Pour vous c’est plus facile, vous avez des amis suisses, par contre nous… j'ai commencé à parler beaucoup plus en français maintenant que je suis à la poste… mais je travaille aussi tout seul toute la journée et je ne parle pas beaucoup avec les gens. 127 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N° 5: MELINA Date d’arrivée : 2.11.2004 Date de Naissance: 19.01.1959 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. Le 19 Janvier 1959 à Tarija. Je me suis mariée à 15 ans en 1954. J'ai acquis de l’expérience dans de nombreuses activités, nous avions une station service, où nous distribuions de l’essence, du diesel et des articles divers pour tout le sud du pays. Nous avions aussi une propriété où mon mari cultivait au debout du coton puis du soja, il y avait 500 ou 660 hectares, c’était un producteur moyen. Tout allait très bien, mais malheureusement, en raison des changements sociaux, des problèmes sont survenus et nous avons été forcés de quitter la Bolivie. Comme j’ai la nationalité suisse car je suis descendante de famille suisse, j’ai dit, bon alors je vais vivre là ou je considère être mon pays. Nous sommes arrivés exactement le 2 novembre 2004. La période d'installation est très dure, c’est difficile de trouver un logement, je ne savais même pas dire bonjour en français, car dans mon pays on apprend l'anglais, pas le français, on n’a pas besoin de le parler. Au lycée, j'ai choisi le français, mais ce n’était que des leçons de base, du coup à mon arrivée je ne savais rien. Je me suis inscrite au chômage et ils m'ont donné deux cours, un de base et l’autre d'écriture, et j’ai suivi également des cours privés en dehors de ce que me donnait le chômage, là j’ai beaucoup appris. J'ai été inscrite au chômage un an puis j’ai dû passer aux mesures cantonales. En 2006, j'ai eu le droit, avec les mesures cantonales, d’aller au sein des TPG, j'y ai acquis beaucoup d'expérience, pas seulement au niveau de la langue, mais au niveau personnel. Ça n’a pas été très agréable, car j'ai vu beaucoup de souffrance et de solitude. C’était un travail au près des personnes âgées qui ne peuvent pas se débrouiller toutes seules. Bien que la Bolivie soit un pays pauvre, un pays où 80% de la population est limitée au niveau de l’éducation, le facteur sentimental et affectif restent supérieurs à tout autre pays. Je pourrais dire qu’ici vous gagnez de l’argent et là-bas vous vivez. Pour moi ça a été un énorme choc qui m'a fait prendre conscience qu’il faut que je prépare ma vieillesse hors de la Suisse. La Suisse est un pays merveilleux, calme, avec des paysages idylliques. Néanmoins, elle a ses faiblesses, pas seulement en Suisse, mais également dans tous les pays développés. Avec l'âge que j’avais à mon arrivée c’était très dur de changer les idées. Grace à ce pays, je mange, j’ai un toit, mais je me prépare pour retourner dans mon pays. Quand j’ai fini la mesure cantonale je suis retournée au chômage, ils m’ont donné à nouveau des cours de français, je présentais mes recherches d’emploi, je cherchais toujours dans le domaine de la comptabilité, ce qui est mon point fort, je l'ai étudié en Bolivie. Cependant, ils demandent toujours d’avoir de l'expérience en Suisse ou d’avoir entre 35 et 40 ans, je ne peux pas m’en enlever des années, ou encore l’anglais et parfois aussi avoir travaillé 128 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 au moins un an en Suisse. Il y a toujours quelque chose pour laquelle nous ne sommes pas compatibles avec le marché du travail suisse. C'est compréhensible, si on regarde avec les yeux des employeurs, ils sont tenus de couvrir certaines dépenses pour les personnes âgées, alors ils ne vont pas engager les gens même s’ils ont été des génies dans un autre pays. Ici cela n’a aucune valeur, si vous avez fait 10’000 doctorats, ici ça ne vaut rien. Donc, avec autant de contraintes, il est difficile de trouver quoi que ce soit et bien sûr je ne vais pas accepter un emploi pour aller nettoyer les vitres, je ne suis pas formée pour cela ou pour faire quelque chose dont que je ne suis pas disposée. Je veux une chance de faire ce que je sais faire. Voilà le problème que j'ai rencontré et qui ne me permet pas de trouver un travail. De mon côté, hors les mesures d’aides, j'ai fait un diplôme en comptabilité, j'ai payé ça au cours de l’année 2008 et 2009, j’ai eu beaucoup de la peine... j’ai fait la formation à l'IFP. Cependant, cela n'a servi à rien, je me suis casé la tête en étudiant, je me suis donnée 10 fois plus. A ça il faut rajouter la langue que je ne maîtrise pas complètement, ça a été extrêmement dur, j’ai passé des heures assise, à faire des recherches sur internet, dans les dictionnaires, en plus la formation m'a coûté une fortune, et pour quoi ? Tu peux me le dire? Je me suis inscrite à plusieurs agences de placement. J’ai eu des réponses très intéressantes, dont une m’indiquant que j’avais un âge légèrement avancé et qu’ils recherchaient une personne plus jeune, sans aucune expérience. Me voilà, je suis inscrite au RMCAS, en attendant de trouver quelque chose… mais je ne vais pas faire n’importe quel travail, seulement ce que je sais faire. J'espère qu’ils diront stop à l’engament des frontaliers, de sorte que nous, citoyens qui vivons ici, trouvions du travail. En Bolivie nous sommes préparées à faire de tout tandis qu’ici c’est différent, je ne vais pas faire ce qui m’est imposé, mais ce que je sais faire. Est-ce que vous avez effectué une contre-prestation? Mon mari est en train d’en faire une. Puisque nous sommes ensemble dans un même dossier commun. C’est lui qui fait la contreprestation. Peut-être avec le nouveau changement de lois, ils m’offriront quelque chose, mais il faut que cela soit dans mon domaine, sinon je n'accepte pas. J'ai beaucoup d’espoir de trouver un travail, j’envoie des curriculums. Je ne reçois presque jamais de réponses, je suis toujours dans l'attente. Dans de nombreux cas je renvoie mon CV aux institutions auxquelles j’ai déjà postulé 7 ou 8 mois auparavant, pour leur rafraîchir la mémoire. Quel est votre objectif? Il n'y a pas d'objectif sans avoir de l'expérience mais je cherche toujours dans mon domaine de la comptabilité. 129 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 A votre arrivée, avez-vous passé par l’Hospice général ? Lorsque nous sommes arrivés, nous étions dans le programme pour les suisses de retour de l’étranger, nous y sommes restés durant 28 jours, car tout de suite après nous avons eu les indemnisations du chômage. Avez-vous essayé de faire une équivalence? Je dois faire au moins une année d'université pour demander l'équivalence, je dois faire des examens et sur cette base faire la validation. J’ai fini l'Université en Bolivie mais je n’ai pas fait le mémoire, ce qui complique encore les choses, Il faudrait que j’aille là-bas pour la finir. La formation que j’ai faite à l’IFP a durée une année. A part cela, avez-vous eu un autre travail? Je n’ai pas de problème pour travailler en tant que nettoyeuse, en effet je travaillé pendant deux mois, je nettoyais. J’étais très contente parce que j’avais quelque chose à faire mais je me sentais mal aussi. Vu qu'avant c'est moi qui payait pour qu'on nettoie, bon j'ai vu que c'est une tâche qui ne te tue pas, ça m'a beaucoup aidé. Malheureusement ce travail te limite, car ils te demandent l'AVS et c’est déclaré, alors je préfère gagner en faisant ce que je sais. J’étais très contente parce que j’avais quelque chose à faire mais j’étais frustrée, car je n'avais jamais utilisé ces machines pour le nettoyage. Lorsque j'ai demandé d’avoir plus d'heures, ils m'ont donné seulement deux heures et qu’après ils m’ont dit que j’allais faire partie de la liste des employés. Pour 2 heures je ne peux pas risquer ma situation avec le RMCAS, parce que, malheureusement, quand j’ai travaillé ces deux mois, ils m’ont chopé et j’ai dû rendre le salaire que j’avais gagné, alors j'ai appris. Le système vous oblige à dépendre de lui, en ne vous donnant aucune chance de travailler. Je voulais monter une cafétéria, mais c’est impossible, car la formation coûte entre CHF 4 000.et 5 000.-. L’argent qu’on reçoit du RMCAS nous limite, c’est une misère. Vous nagez en pleine pauvreté, ce n’est pas assez pour finir le mois. Alors je comprends pourquoi beaucoup de gens travaillent au noir. Si vous déclarez ce que vous avez gagné, par exemple CHF 600.-, ils vous les enlèvent, alors vous ne les déclarez pas… Cela force les gens à faire des choses qui vont à l’encontre de leurs principes, mais ils n’ont pas le choix Je dépense CHF 160.- pour la nourriture de ma fille et CHF 60.- pour l’abonnement du bus et ils me donnent que CHF 250.- pour elle par mois. Elle mange au collège deux fois par semaine, elle a besoin de beaucoup plus, parce qu'elle est une petite fille. Ce qu’ils nous donnent, ce n’est pas assez, j’ai demandé l’allocation des études et nous n’avons jamais reçu de réponse. Alors, c’est le milieu qui t’oblige à faire des choses que, d’après moi, sont mauvaises. Lorsqu’on est au chômage, ils t'exigent beaucoup de choses, on doit même inventer, ils ne t’aident pas à trouver du travail. À mon avis, l’ouverture des frontières suisses représente le principal problème, car la main d’œuvre étrangère est nettement meilleure marché que celle en Suisse. Il est donc impossible de rivaliser avec celle-ci. Vous trouvez des Suisses faisant 130 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 du nettoyage, accompagnant des personnes âgées ou livrant des journaux et vous voyez un employé de bureau français. Un Français vient ici et gagne CHF 3'200.- francs mais il vit très aisément en France avec ça, tandis que nous avec CHF 3'200.- ne pouvons pas subvenir à nos besoins ici en Suisse. . Ils sont trop enfermés dans leurs affaires, leurs politiques sont paralysées. Qui que ce soit que vous rencontrez qui se trouve dans les mêmes situations, tous en train de survivre jusqu'à la fin du mois. Je pensais que les suisses de retour trouveraient un travail ici, mais c'est impossible. Je connais un Argentin et un Suisse de retour également, qui a finit par divorcer, il travaille en tant que plongeur et avant il était chef d'entreprise. Il a divorcé et son ex femme est restée ici pour les enfants. Comme eux, je connais de nombreux amis qui sont en dépression. On pense que cette situation est en train de tuer les gens. Il est difficile de parler de ces choses en français, il est difficile de dire exactement ce que l’on veut dire. Si je ne parle pas un français parfait, je ne peux pas avoir une vraie conversation. Lors d’un entretien avec mon conseiller, je lui ai demandé de m’aider à postuler à la Migros en tant que caissière et il m’a dit que ce n’était pas pour moi, que c’était pour les plus jeunes. Il a ajouté qu’il pouvait me trouver un travail de nettoyage tout de suite, si je le souhaitais. Je lui ai répondu que je n’avais pas fait cinq années d’études à l’université pour finir femme de ménage et que j’avais déjà ma maison à nettoyer. Il a répliqué que qu’il faudrait bien que je m’incline et que je fasse du ménage, parce que je n’avais pas le choix. Il m’a dit que je n’avais pas d’avenir… et que ses conseils étaient ceux d’un ami. Je pense que ça m’a donné plus de forces pour résister. Ce n’est pas que j’ai honte de nettoyer, mais je n’en ai pas envie. Il m’a dit que je n’avais pas d’autres possibilités ici. 131 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIENT N° 6: MARIA Date d’arrivée 2003 Date de naissance: 1958 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi Je suis arrivée en Suisse en 2003 avec ma famille. Après six mois j’ai trouvé un travail de nettoyage où j'y suis encore actuellement à 50%. J’ai essayé de chercher d'autres choses, aussi que l’entreprise m'engage à 100% mais je n’ai jamais eu de la chance. J'ai fait également d’autres travaux de nettoyage. Aujourd'hui, j'ai eu la chance de décrocher un autre emploi le matin à l'aéroport. Je leur ai envoyé mon CV et ils m’ont embauché. C’est ainsi que je travaille depuis 6 mois à l’aéroport à 100%. Parce que dans une entreprise de nettoyage, c'est très difficile de se faire embaucher à 100%, on doit être très chanceux où avoir un piston. Le travail que je fais maintenant, me plaît beaucoup, je l'aime beaucoup, je ne peux pas me plaindre. J'ai eu beaucoup de travail dans la même entreprise où je suis depuis 8 ans, mais elle est en chute et moi j’attendais qu’ils me donnent plus de choses. Qu’est que vous faisiez en Argentine? J'ai eu de la chance, car mon mari travaillait dans une banque, moi je m'occupais des garçons, c'est vers la fin que j'ai commencé à travailler quand il a quitté la Banque. Nous avons monté une entreprise et j'ai commencé à travailler avec lui. Les choses allaient plus ou moins, nous avons donc décidé de venir en Suisse et de tout recommencer. Je pense sincèrement que l’on n’est pas dans une trop mauvaise situation, il faut se battre comme tout le monde, pour nous ça été une bonne année, mais nous devons encore aller de l'avant. Comment avez-vous trouvé du travail en Suisse? Grâce à une agence de placement, je m’y suis inscrite et ils m’ont appelé le même jour. J'ai commencé à travailler deux heures par jour, de 18h à 20h et dans la même semaine, ils m’ont offert deux heures de plus, de 16h à 20h, donc ça fait un 50%, j'ai donc dit oui. Le travail me plaisait, ça m'intéressait de connaître tout l’endroit, j'avais aussi des collègues à remplacer. Pendant 7 ou 8 mois je travaillais à plus de 50%. Maîtrisez-vous le français ? Le français est très difficile pour moi, je suis allé apprendre le français à l'école durant deux moins à travers l'Hospice général mais comme j’ai trouvé un emploi rapidement j’ai arrêté les cours. Je ne le parle pas beaucoup mais je le comprends bien. Je suis allée également à l'école club Migros pendant un mois. Cependant, à mon travail la plupart des employés sont d’origine portugaise et elles ne parlent presque pas le français. Maintenant à l'aéroport je dois parler la langue et je fais des efforts pour parler le français car ce travail est complètement différent. Je me fais comprendre mais ils te forcent à parler le français et cela est très utile pour moi. 132 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Aimeriez-vous trouver un autre emploi ? Non, parce que cela ne me dérange pas, je ne me sens pas mal à l'aise dans ce travail, c’est un travail de nettoyage mais ce n’est pas rude, l’horaire est très confortable, l'ambiance est bonne, les heures passent vite. Là où je suis, j’aurais pu être à 100%, d’un côté pour l’ambiance et d’un autre côté pour le travail. Avez-vous déjà été au chômage? Jamais, car je travaillais à 50% je suis allée m'inscrire au chômage après neuf ou dix mois mais ils me manquaient deux ou trois mois pour compléter un an de cotisation. De plus, je travaillais à 50% et le chômage ne m'a pas accepté pas car pour cela je devais travailler à 100%. Puis un jour j'ai vu l'annonce dans le journal, j'ai présenté mes papiers, ils m’ont téléphoné tout de suite pour un entretien et j’ai commencé à travailler. Durant combien de temps l’Hospice général vous a-t-il donné de cours de français? Deux mois, les cours durent normalement deux mois, après ils peuvent te donner encore deux mois de plus, cela dépend de ta performance. 133 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 ENTRETIEN N°7:PEDRO Date arrivée:20.01.2008 Date de naissance: 1966 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi Nous sommes arrivés le 20 Janvier 2008, le lendemain nous sommes allés à l’OCE. Ma belle sœur vivait ici depuis six ans et cela nous a évidemment facilité toutes les démarches administratives à faire. D’abord, nous avons annoncé notre arrivée, ma femme est originaire du canton de Genève, ma femme et mes deux enfants avaient le passeport suisse. Moi, ils n’ont donné un permis de séjour, le permis B. Au cours de la première semaine, nous avons fait toutes les démarches administratives. Comme ma femme avait cotisé depuis l’Argentine à l’AVS, elle avait le droit au chômage. Mais, au début, nous étions à l'Hospice. Nous avions commencé les démarches administratives et nous habitions avec ma belle-sœur. L'état nous a assigné une assistante qui nous aidait financièrement, vu les conditions, malheureusement elle nous a mal conseillé. Je pense qu'elle voulait se débarrasser de nous, elle nous a dit qu'on n'avait pas le droit de demander un HLM, etc. et que nous devions chercher n'importe quoi. A partir de là, j'ai commencé à chercher un travail. Nous avons trouvé un logement après deux mois, cela a été un soulagement pour tous. Ce n'est pas l'appartement idéal, mais il est difficile de trouver autre chose. Nous avons cherché également de l’aide pour des cours privés de français, car moi, je ne parlais pas la langue. Avec mes enfants il n'y a pas eu de problème, nous les avons immédiatement inscrits à l'école. Ils m'ont octroyé un cours de français pendant trois mois, mais pas plus. Ils vous donnent qu’un niveau de plus en comparaison à celui que vous aviez déjà en rentrant au pays. A mon arrivée j’avais un niveau zéro, donc ils m'ont donné jusqu’au niveau 1, je pense que c'est une politique gouvernementale mise en place récemment. L’infrastructure du gouvernement ici est très complexe quant au nombre de bureaux, aux institutions par exemple. Il y beaucoup de bureaucratie de telle sorte que celui qui vient sans aucune idée et bien il ne sait pas où aller. Mais finalement, c’est pour ton bien, c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses qu'ils ne te disent pas et que tu peux faire. Nous ratons beaucoup d'opportunités à cause de l’ignorance de tes propres droits et obligations. En effet, j’aurais pu demander une continuité des cours de français. 134 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 Après 3 ans, je me suis renseigné à propos du chèque de formation, et moi, j’en avais le droit. En effet, actuellement je fais un cours de français, grâce au chèque. Mais si je n'avais pas demandé "j’insiste" je n’aurais pas eu puisque je n'aurais pas su. 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Avez-vous essayé de faire une équivalence? Je connaissais l’existence du chèque, mais je ne savais pas si j'en avais le droit. J'ai appris que j’avais le droit au cheque de formation au cours d’une réunion avec l'Hospice et c'est moi qui ai parlé du sujet. Ils m’on dit qu’il fallait vivre à Genève au minimum depuis un an. Cependant si tu ne demandes pas, tu ne sais rien. Or, le choix est très limité car il y a des cours mais ils sont très chers. Nous dépendons encore de l'Etat, ma femme travaille grâce aux Emplois de solidarité, elle a un contrat à durée indéterminée. L'Etat ne l’oblige pas, mais ils l'encouragent à continuer dans ses recherches d’emploi. Le problème c’est que l’Etat paie une grande partie du salaire et l'employeur paie très peu. Le problème est aussi qu'elle n’a pas eu d'augmentation de salaire et on a des ambitions. Le problème c’est que je suis arrivé en tant que conjoint d’une suissesse, j’avais obtenu le permis B, j’aurais pu demander ma naturalisation en Argentine puisque je suis marié depuis 15 ans, mais je ne l'ai pas fait. Ici j’étais perdu, ils m’on donné ce cours, mais après je n’avais pas le droit à d'autres aides. D'ailleurs je ne reçois aucune aide... indirectement peut être puisque je suis membre d'une famille qui reçoit de l'aide. Quand je suis arrivé ici, je n'étais pas Suisse, et quand j’ai reçu la nationalité suisse, je n’avais pas encore cotisé plus d'une année aux impôts. Alors, pour l'État je n'ai que des obligations et non des droits. Où avez-vous travaillé en Argentine? En Argentine, je me suis consacré essentiellement au marketing, à la communication, aux relations publiques. Les dernières années en particulier à la communication, dans une agence de publicité. Mes études et ma profession sont dans le domaine du marketing, des consultations, des relations publiques et de la communication. C'est un avantage parce que le marketing est universel, et son étude est globale. C’est un avantage, mais en même temps un inconvénient, car la concurrence est forte. Il ya beaucoup de gens qui sont autant préparés que moi et d'autres, les jeunes, qui sont mieux préparés aujourd’hui. En plus ils parlent plusieurs langues. C'est très difficile, le curriculum de la profession est très différent et la carrière n'est pas pareille. C’est comme étudier autre chose, aujourd'hui tout est segmenté, dans les lettres de motivations c'est dur et difficile de mettre en avant sa formation, tout n'est pas compatible. Puis aujourd'hui, c’est une carrière professionnelle qui est valorisée, ce ne sont plus les diplômes, mais l'expérience. Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour trouver un emploi ? Plusieurs, et je peux peut être me tromper et dire qu’ici, ils ne sont pas conscients de toute l'expérience que nous avons. Ce que nous apportons de l'Amérique latine c’est de la 135 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 motivation pour travailler, nous sommes très bien préparés au niveau d'expérience et des connaissances générales, malheureusement c'est très difficile de leur démontrer. Par ailleurs, nous sommes des latino-américains et d’après eux, nous sommes des étrangers donc nous sommes placés sur un échelon plus bas que les Suisses. Cela est peut être vrai dans certains aspects mais pas dans d'autres. Il y a aussi la conjoncture qui n'est pas bonne en ce moment, décrocher un entretien c’est très difficile. Alors c'est ainsi, il faut d’abord identifier ce que les suisses ont dans l’esprit, pas forcement les suisses, mais ceux qui occupent des postes de décision, dont d’ailleurs, la plupart ne sont pas des Suisses, mais ce sont des gens qui ont adopté la culture suisse, cela étant encore pire. L'étranger, une fois qu’il adopte la culture suisse, il est beaucoup plus pervers qu’un vrai Suisse. On peut le voir chez les latino-américains qui ont adopté la culture suisse, je dirais même que dans certains aspects ils sont un peu néo-nazis, c'est peut-être dû à leurs propres origines. C'est essentiellement cela. D'autre part, arriver à un certain âge c'est compliqué. Moi j'ai plus de 40 ans et je ne peux pas rivaliser avec les jeunes qui sont plus préparés, qui ont étudié ici, qui se sont adaptés à la culture locale, celle qui est cherchée ici. Je ne parle pas la langue avec autant d'aisance qu'eux. Je connais la base de trois langues : l'espagnol, l'anglais et le français, mais je ne parle pas comme eux. C’est essentiellement cela, pour arriver à convaincre quelqu'un il faut maîtriser cet aspect. Alors, je vois plusieurs aspects, le premier est le préjudice. Puis, c’est qui est la réalité, la formation et la concurrence avec d'autres qui sont plus formés que toi. Après, il y a la situation. C'est dur d’obtenir un emploi parce que les compagnies te refusent, même en ayant un poste. A mon avis, au moins j'ai l'intention au moins d’utiliser mon expérience dans le domaine que je faisais, si je voudrais vraiment, je pourrais recommencer à zéro, il se peut que je réussisse. À priori, tant que je ne ressentirai pas le besoin, je ne le ferai pas car j'ai un certain niveau d’exigence. Ceci basé sur mon âge, mon expérience et tout l'entier de mon parcours. Comme je te disais, il y a beaucoup de personnes plus qualifiées que moi, mais il y a aussi des gens qui sont aussi ou moins qualifiés que moi et qui ont trouvé un travail, alors je me dis pourquoi pas moi ? Concernant la difficulté pour trouver un emploi, un autre aspect concerne la méconnaissance du marché, c'est très difficile de correspondre à un poste donné sur le marché à un moment précis, or il y a plusieurs raisons. Tu viens toujours avec l’espoir de travailler dans ton domaine ou d’occuper un meilleur poste. C’est seulement le jour où le besoin se fera urgent que j’ouvrirai mon horizon vers d’autres professions. Je n’ai aucun problème avec ça, mais cela impliquerait de recommencer à zéro, encore, et je me sens trop vieux pour cela Comment cherchez-vous un emploi? Principalement par Internet et à travers des connaissances. En Argentine on se connaît avec presque tout le monde et on peut même arriver à connaître le président de la République par des amis, tandis qu’ici c'est différent. Ici, vous devez vous socialiser avec différents milieux sociaux et ceux-ci doivent d'abord s’ouvrir à vous afin que vous y entrez. Après vous devez pouvoir écouter les conversations, cela je l’ai appris à cause des coups durs que j’ai reçus ces 136 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 derniers mois. Nous avons commencé à élargir notre cercle social au sein de l’école, dans le comité des parents et à travers des activités politiques. Nous avons commencé à tisser des liens d’amitié et à connaitre les personnes à contacter sur le marché de l’emploi. Cela nous a été précieux. Une fois que vous êtes au courant de quelque chose, c'est parce quelqu’un est intéressé par vous, par votre participation. Après, si vous pouvez entrer dans l'affaire ou pas c'est votre problème. Ce qui est important se sont les moments, opportunités lorsque les portes s'ouvrent. C’est comme cela partout dans le monde, les relations, le piston fonctionne. D'autre part, chercher du travail sur le web c'est pervers, car les curriculums arrivent de partout, du monde entier. Dans de nombreuses entreprises, ils sont tenus de publier les offres des postes qui sont déjà pris auparavant. Alors on est enthousiastes par quelque chose qui est irréel. Les recommandations sont très importantes. J’ai appelé également de nombreuses fois si le poste concerne mon profil. Il y a de nombreuses organisations qui prennent beaucoup de temps pour prendre une décision, ils sont impersonnels, la plupart du temps on finit par oublier l'endroit où l’on a postulé. J'ai appris que les agences d'emploi sont comme un « cancer », car ils jouent avec les gens, donc en général je ne les utilise pas. L’essentiel est de te créer un réseau social, et d’avoir de la patience. Pour quoi vous êtes-venus en Suisse? Il y a plusieurs raisons dont la principale est que parmi quatre personnes dans la famille, trois sont Suisses et moi je pouvais le devenir, alors nous devions d'essayer. On pense qu'avoir les papiers suisses est ne pas tenter ce serait mauvais. Le risque était de « rebondir contre un mur », mais nous somme quand même venus. Comme cela dans le futur, nous ne nous poserons pas la question « Comment ça aurait été si nous serions allés vivre en Suisse? ». Nous sommes venus vivre ici en raison du manque de sécurité et de perspectives qui existent en Argentine, en plus des problèmes économiques. Le problème là-bas c’est la mentalité. Nous sommes venus surtout pour les enfants, nous savons qu’ici ils ont un avenir. Nous avons aussi un présent. Si je vivais cette même situation en Argentine je ne pourrais pas subvenir aux besoins de ma famille. Il m’est arrivé de me retrouver dans une situation pareille à celle-ci dans mon pays d’origine, je me sui retrouvé sans emploi. Seulement, à la différence d’ici, il est beaucoup plus difficile de faire face à la dure réalité lorsque tu ne reçois aucune aide du gouvernement . Je savais que l’adaptation au niveau de la vie serait une épreuve difficile, et j’ai beaucoup de peine, pas socialement, mais professionnellement. Cependant, en pesant les avantages et les inconvénients, je savais que nous avions en Suisse beaucoup plus à gagner qu'à perdre, surtout pour les enfants, puisque nous ne sommes pas au début de notre vie. Pour eux c'est essentiel, quand on a des enfants on vit à travers eux. Celui qui immigre, le fait presque toujours pour ses enfants, ici nous donnons beaucoup plus à nos enfants en comparaison de ce qu'on pouvait leur donner là-bas. La Suisse est un pays très solidaire, j’en suis très reconnaissant, et je veux redonner à ce pays ce qu’elle m'a donné. 137 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 8:ROSA Date d’arrivée: 2.11.2003 Date de naissance : 01.02. 1966 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi Je suis arrivée ici avec mon mari qui est suisse, malheureusement moi je n'avais pas le passeport suisse, donc je n'avais pas le droit au chômage. J’ai eu droit à un an de cours de français, ce qui selon moi, était un avantage. Cependant, je n’ai pas trouvé d’emploi parce que mon niveau de français était insuffisant. J'ai travaillé un an dans le nettoyage, c’était déclaré. Après cette année j'ai commencé à garder des enfants chez moi. Etant donné que je n’étais pas suisse à mon arrivée je n'avais pas le droit au chômage, j’ai eu pendant deux ans le permis B et puis la nationalité suisse. J’ai commencé à travailler seulement deux ans après mon arrivée avec mon permis B, comme nettoyeuse, mais j’ai arrêté parce que c’était trop dur. Après avoir travaillé une année, n’aviez-vous pas le droit au chômage ? Non, je n’ai rien eu, je ne suis pas allée demander. Votre travail, était- il déclaré? C’était déclaré, mais malheureusement nous étions à l'hospice général, si j'étais allée au chômage, ils l’auraient appris et nous aurions perdu l’aide, ce qui explique pourquoi je n’ai rien fait. Jusqu'a ce jour, je reçois toujours l’aide de l'Hospice, ce qui n’est pas le cas de tous les membres de ma famille, car j’ai deux filles qui ont atteint l’âge de la majorité, donc seulement mon mari, mon fils et moi recevons l’aide du RMCAS. Sinon, j'ai consacré mon temps à garder des enfants, lorsque j'étais au chômage, je suivais des cours de français et j’effectuais mes recherches d'emploi, mais seulement durant cette période. Maintenant, je n'ai plus aucun contact avec le chômage. Lors mes recherches d'emploi je cherchais dans le secteur du secrétariat et de la comptabilité, car j’avais travaillé comme secrétaire-comptable en Bolivie, jusqu’à ce que je me marie et que je cesse de travailler. Êtes-vous à la recherche d’un emploi? Oui, je travaillais le soir, il s'agissait de faire du nettoyage durant 3 heures dans une entreprise de nettoyage, ça c’était déclaré. Ce travail, je l'ai trouvé grâce à ma fille, elle travaille dans la société, elle fait de la comptabilité. Cependant, le travail était trop dur. Quand vous étiez au chômage, avez-vous demandé une formation? Oui, j'ai demandé une formation de coiffeuse, mais ils n’ont pas accepté parce que je n'avais pas un diplôme en Bolivie. Ils m’ont également dit que ça allait être très long et qu'en plus je n'avais pas le droit à cette prestation. Ce qui me dérange c’est que je connais une personne 138 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 plus jeune que moi, se trouvant dans les mêmes conditions, qui a demandé de suivre une formation d’esthéticienne et ils la lui ont donnée. Sa formation a durée un an et demi. J'ai plusieurs années d'expérience dans la coiffure, et d’ailleurs je coupe régulièrement les cheveux d'un grand nombre de personnes. Comment avez-vous trouvé vos différents emplois? D’abord, grâce à un ami et maintenant grâce à ma fille. La première fois c’était un remplacement, puis après ils m’on donné plusieurs remplacements. Le travail de nounou, à travers le journal ainsi qu’à travers des amis. Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées lors de la recherche d’emploi ? Mon âge, le français et le manque d’expérience en Suisse. Principalement cela. Qu’est que vous faisiez en Bolivie ? D’abord, j’ai été secrétaire pendant quelques années, car j’ai un certificat, et après la naissance de mes fils j’étais femme au foyer. 139 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N°9 ANA Date d’arrivée : 2002 Date de naissance : 1966 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi Quand je suis arrivée, j'ai eu rapidement le permis pour travailler car j’avais fait le visa de travail en Argentine. Donc, en 1 semaine j'avais le permis et le visa. J'ai fait immédiatement les papiers de naturalisation parce que j’étais mariée depuis 6 ans. La première chose que j'ai faite c’est d’aller au chômage pour m’inscrire aux cours de français. Je me suis rendue compte que c’était primordial de maîtriser la langue, c’était indispensable, pareil que pour l’anglais. On peut se débrouiller mais le français est nécessaire. Je travaillais comme secrétaire au tribunal de justice jusqu'à ce que je parte en Suisse. J’avais travaillé au ministère de l’éducation, je gérais les salaires, je suis avocate. Ils m’ont accordé la possibilité de suivre deux ans de cours, je n’ai eu aucun problème. J’ai même eu le droit à un professeur particulier désigné par l’OCE qui me donnait des leçons privées. Puis, j’ai encore suivi deux cours de français à l’IFAGE avant de me présenter et de réussir l’examen de l’Alliance française La recherche du travail m'a paru un peu compliqué, le fait de ne pas avoir travaillé ici avant… je me suis inscrite au service proposé par le chômage pour la réinsertion professionnelle, ils m'ont envoyée dans un lieu dans lequel j’ai donné mon CV. Quelque temps après ils m'ont contactée, il s’agissait de la Ville de Genève, je devais faire la même chose qu’en Argentine, je gérais les salaires. Cette institution du chômage n'existe plus. J’ai eu un entretien et ils m’on engagée, d’abord une année et après comme CDI. Je suis tombée enceinte et je ne cherchais plus du travail avec le même élan. Avez-vous dû faire l’équivalence de votre diplôme? Je n'ai pas eu besoin de faire aucune équivalence parce que le travail que je fais ce n’est pas celui d'avocate, c’est de la gestion des salaires. Cela fait combien de temps? J’ai commencé à travailler en juin 2005, je suis arrivée en novembre 2002 à Genève, je suis tombée enceinte de mon deuxième fils pendant la deuxième année, je ne recevais pas d’indemnisations du chômage, je n’avais que des cours. Comment effectuez-vous vos recherches d’emploi? Avant de trouver ce travail, je me dispersais, il y avait un tas de choses qui ne correspondaient pas à mon profil professionnel, je cherchais le même profil de travail que celui que j’exerce à la Ville de Genève. Je cherchais dans les agences d'emploi mais je n’ai jamais eu de chance. Je n’avais eu aucun entretien d’embauche jusqu’au jour où j'ai trouvé mon travail actuel. Après un an mon objectif n'était pas de m’inscrire au chômage, ça ne m'intéressait pas. J’ai 140 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 fait tout mon possible pour démontrer ce que je savais, je n'ai pas manqué un seul jour, j’ai leur ai démontré mon sens des responsabilités, etc. A votre avis, quels sont les facteurs qui vous ont permis d’être engagée après une année? Après la première année, comme mon objectif n'était pas de demander le chômage mais de garder mon emploi, j’ai donc tout fait mon possible pour leur démontrer ce que je savais, je n’ai jamais manqué un seul jour, je leur ai montré mon sens des responsabilités… j’ai appris très vite, j’étais méthodique, etc. je voulais leur montrer qu’il ne s’agissait pas de travailler une année pour ensuite partir au chômage. je ne voulais pas tomber dans le cercle du chômage, je ne voulais pas être affligée, j'ai vu un tas de gens remplir les recherches d'emploi seulement pour satisfaire le chômage. Je me suis dit que je devais m’en sortir, que je ne devais pas rendre des comptes à personne. Cependant, je crois que personne n’est à l’abri du chômage, c’est un an ou un an et demi. C’est une prestation excellente pendant laquelle on peut réévaluer sa vie si on a un problème professionnel. Quel a été le rôle de l’Etat dans votre réinsertion professionnelle? Je dirais que l'état m'a aidée, je me suis réellement sentie soutenue, j'ai envoyé mes papiers et ils ont été objectifs. Ils m'ont demandé si le travail m'intéressait et je leur ai dit oui. Le rôle de l'état ici est impressionnant. Je vois une autre réalité, je suis venue à mes 37 ans, ce n’est pas la même chose que d’avoir 20 ans. Moi, je suis venue avec 20 ans d’expérience, je suis très heureuse avec mon travail, mais je ne me sens pas totalement épanouie, si je pouvais choisir, je ferai autre chose. Travailler dans un tribunal par exemple. Les gens ne m'ont jamais fait sentir que j’étais étrangère, je me sens donc bien. Etes-vous satisfaite de votre situation professionnelle? Je suis très heureuse avec mon travail, je ne me sens pas totalement épanouie, si je pouvais choisir je ferai autre chose, comme travailler dans un tribunal. Mais ils ne m'ont jamais fait sentir que j’étais étrangère, donc je me sens bien. Pourquoi n’y a-t-il plus cet office d’insertion? Ce système d'action de réinsertion a disparu parce qu'il n’y avait plus de budget, le chômage payait le salaire durant la première année, le chômage était notre employeur. Ils n'ont plus de budget. Quand j’ai commencé à y travailler c'était un service du chômage dans lequel les organismes publics ou privés pouvaient y demander des gens et le chômage les envoyaient. Le poste que j’occupe est le même que celui que j’avais au départ lorsque j’ai commencé. 141 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 J’imagine que vous avez des amis qui sont au chômage… croyez-vous qu’il y a quelque chose à changer? En tant qu’étrangère, je pense que les portes s’ouvrent plutôt à des personnes des autres pays que ceux qui vivent en Suisse et que n’ont pas de travail. Je pense qu’on devrait leur fermer les portes. D’abord, il faut donner à manger citoyens suisses et ensuite à ceux qui vivent à l’extérieur de la Suisse, dans une certaine manière je me sens Suisse, donc j’ai le droit de dire que la charité commence par prendre soin de sa propre maison. Il y a énormément de gens que je connais qui sont au chômage et qui ne trouvent pas de travail. 142 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 10: DAVID Date d’arrivée: 2004 Date de naissance: 1954 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. On arrive ici en pensant intégrer rapidement le monde de travail, mais on se retrouve vite freiné par différents aspects, d'abord par les conseillers de l’office Cantonal de placement puis par le grand fossé linguistique produit par la méconnaissance de la langue. Personne ne t'informe de rien, tu es en désinformation totale. Après beaucoup de temps tu te rends compte que les conseillers qui t’ont interviewé au début, ne sont pas réellement des professionnels dans le domaine du social, comme ils devraient normalement l’être. Ce sont uniquement des gens qui sont placés politiquement. Alors on subit de la discrimination et du "chauvinisme" ridicule par le simple fait d’être latino. Ils sont une mauvaise image et des préjugés contre les latinos. Cela je l'ai vu et vérifié dans mon cas et également dans celui de mes amis. Par exemple, prenons un péruvien avec des traits différents... dans son cas il y a de la discrimination... cela tombe dans le racisme. Par ailleurs, au début, dans les séances d'information, ils te disent qu’ils ne sont pas une université, que toi, tu n’es pas là pour suivre une formation, qu’ils sont là pour t’aider à trouver un emploi et à t’insérer sur le marché de travail. Dans le cas ou l’on rencontre des difficultés au niveau de sa profession, comme par exemple la langue, ils te donnent alors quelques mois de cours de français. En revanche, si on veut se former, ce n'est pas possible. De plus, ils prétendent que cette étape, les gens la passent rapidement, tout en laissant le travail d’insertion ainsi que la question des subventions aux mesures cantonales et à l’Hospice général. Après avoir vécu 6 ans ici, tu te rends compte de comment cela fonctionne, parce que ce qui se passe vraiment avec cette histoire de la contreprestation c’est que le gouvernement en lieu de perdre de l'argent gagne beaucoup grâce aux gens qui sont au chômage. Ils t'obligent à faire des contreprestations dans les bureaux cantonaux de l'état. Par exemple, l'office cantonal de la population, je t'assure que plus d’un 60 % des gens qui travaillent là-bas gagnent moins que le minimum légal. Pourquoi moins que le minimum ? Parce qu'ils te paient théoriquement 80% de ton dernier salaire. Dans le cas des étrangers qui arrivent et qui sont des professionnels, ils leur paient le minimum qui est de CHF 3'300.- brut et finalement ils reçoivent mensuellement environ CHF 2'700.-. C'est ce que tous les professionnels qui viennent de l'étranger reçoivent comme salaire pour la première fois. Dans le cas de ceux qui travaillent 1 ou 2 ans ici, il y a possibilité de s’inscrire au chômage et ils paient le 80 % de ton dernier salaire, donc, si un professionnel gagne entre CHF 4'000.- ou 5'000.-, le calcul sera 80% sur ça. Des sociologues, des psychologues, des analystes de marché, ils arrivent tous dans les offices cantonaux et ils ne reçoivent que le 80%, ils doivent faire vivre toute leur famille avec ce montant. Ils n'ont aucune possibilité de progresser parce qu'ils ne vont pas être engagés. J'ai un ami qui est avocat, Il est allé travailler à l’office de poursuites une fois, la première, à travers le chômage, il gagnait que CHF 2'700.- La seconde fois, comme il avait quitté la 143 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Suisse puis finalement il y était revenu, il a dû de nouveau s'inscrire au chômage, il gagnait moins de ce qu’il gagnait la première fois. Il est maintenant obligé de travailler au service cantonal des impôts. Lui, c'est un avocat, il pourrait s’épanouir, s’intégrer. Ma première question a consisté à lui demander pourquoi il n’avait pas fait la démarche pour valider son titre chez CRUS, j’avais essayé également de le faire. Tu sais pourquoi? pour la simple raison que la formation dans son pays est complètement différente à celle d’ici. Il avait demandé au chômage de faire les démarches pour valider son titre, il leur avait demandé d'étudier une année à l'Université, mais ils n’ont pas accepté. Ils ne te payent pas pour que tu étudies, mais pour que tu cherches un emploi. Et comme tu ne trouves pas d’emploi, à cause de tous les facteurs que nous connaissons, comme la langue, l'âge, la personnalité, puis finalement ton expérience. Malgré que tu aies plusieurs années d'expérience dans ton domaine, cela ne sert à rien, parce que tu ne connais pas le contexte. Il y a des carrières spécifiques, surtout en ingénierie, en droit, en sociologie, où le champ opérationnel est complètement différent à celui d’ici. Par exemple, un ingénieur civil en Suisse doit savoir repasser les murs avec du plâtre, ailleurs il n’a jamais appris à faire cela, il connait la théorie, là-bas il supervise quelqu’un d’autre pour le faire, ici non, c’est lui qui doit le faire, il doit le faire. Un ingénieur en bâtiments serait comme un ingénieur civil là-bas, il doit apprendre à coller les mosaïques au sol, il doit le faire personnellement, alors qu’un ingénieur civil ne devrait pas venir ici, même s'il possède des années d'expérience. Venir d'Amérique et prétendre s’insérer sur le marché de travail au même niveau que les ingénieurs suisses, n’est pas possible, à moins qu'il ait beaucoup d'amis dans le secteur des entreprises privées. Surement, il serait engagé comme chauffeur, c'est le cas pour beaucoup d'ingénieurs qui travaillent ici dans des entreprises de construction. La discrimination, la désinformation qui existe, dans quelles portes, quels touches, quels mécanismes dois-tu accéder pour arriver à avoir la même place que tu occupais dans ton pays? Finalement ça se transforme en mure, tu te conformes, si on te donne un travail de chauffeur ou de nettoyage, tu le prends, tu accepte n’importe quel poste. La plupart des gens essayent de tromper le chômage, pourquoi? Parce qu’ils ont un travail au noir. Si tu fais l’adition entre le travail au noir et l’indemnisation du chômage, même si c’est peu, tu te fais un salaire plus élevé qui te permet de vivre. Le gouvernement a découvert un grand pourcentage de gens sans emploi ayant un double travail… Comme ces personnes travaillent au noir, l'état perd de l’argent. Donc il a choisi de faire la chose à l'envers, il canalise ces gens et il les met à travailler à 80% ou moins, là où il décide. Les offices gouvernementaux ont un personnel insuffisant qui collaborent, pas dans les postes pour des gens qualifiés, car les professionnels sont payés avec des salaires à barème normal. Ces offices ont besoin de gens pour faire ce que les autres ne font pas comme par exemple être à la porte pour accueillir les gens qui entrent à l'office cantonal de la population, cette tâche est donnée à quelqu’un qui est au chômage au maximum il y reste une année et ensuite ils remettent une autre personne à ce même poste. De cette manière le gouvernement contrôle la fuite du capital, ces personnes ne peuvent pas travailler au noir, comme c’est le cas pour le travail de nettoyage, de chauffeur, de livraison. Presque tous les gens que je connais travaillent comme livreur, ils obtiennent une voiture et ils travaillent au noir. Pour éviter cela, le gouvernement les maintien occupés. 144 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Maintenant dis-moi, de quelle intégration professionnelle parlons-nous? Ces gens ne vont jamais arriver à s'intégrer, il y a toujours des exceptions, il y a des gens, très peu, qui ont de la chance et on réussit à échapper au système entre guillemets « corrompu », ils échappent et ils réussissent à s’insérer véritablement dans le marché du travail suisse, quand tu réussis à entrer dans le marché du travail local, c’est parfait. D’autre part, j’ai un ami dont la femme était au chômage. Il a profité de ces deux, trois ou quatre années exclusivement pour se former. À présent, il travaille dans une banque et touche un très bon salaire pouvant atteindre CHF 9 000.- par mois et qui est totalement compatible avec le marché suisse. Il peut gagner CHF 9 000.- par mois et c’est peut-être peu mais au moins il est déjà plongé dans ce système. Mon ami démontre ce que je dis, le manque de formation, il n'y a pas de formation pour les gens qui viennent d'Amérique latine ni pour les gens plus âgés. Par contre, les jeunes ont toutes les possibilités du monde, parce qu'il y a des mécanismes et des portes qu’ils peuvent pousser et ainsi se former. Si tu regardes, les besoins des jeunes, ils sont moins nombreux que ceux des vieux, les vieux d’une manière ou d'une autre sont obligés de subvenir au besoin d’une famille, un appartement et pas une petite chambre comme le font les illégaux ou les jeunes. Les besoins des personnes plus âgées sont beaucoup plus grands. Alors, l’aide que te donne le RMCAS, ou le chômage, est faible, restreinte. Il y a cet obstacle qui ne te laisse pas te former si tu es au chômage. Quelle était votre activité avant de venir vivre en Suisse? J’avais une entreprise d'ordinateurs, je montais et j’installais des ordinateurs. Ici, je me suis adressé auprès d'une grande compagnie qui monte les ordinateurs, je me suis dit : « ici j’envoie mon CV, je me présente pour parler et j’ai un travail ». J’ai envoyé deux, trois fois mon CV et pour les trois fois la réponse était négative. Jusqu'à ce qu'un jour je suis allé acheter deux ordinateurs pour un client. Je leur ai parlé et je leur ai dit que je serais ravi de travailler là-bas, que se soit 8, 12 ou 15 heures, car j’aime beaucoup ça, que c’est mon monde. Ils m'ont dit que ce n’était pas possible, que tous ceux qui travaillent là bas sont au chômage, ils travaillent gratuitement. C'est-à-dire qu’il s’agit d’une entreprise créée par le chômage qui a l’apparence d’une entreprise privée, c’est une entreprise satellite du chômage qui occupe tous ceux qui sont experts en informatique pendant une année, ils entrent à REALISE, c'est le nom de cette entreprise. Donc, tu prétends pouvoir entrer dans cette entreprise et tu ne le peux pas, tu dois être au chômage, faire une contre-prestation. Alors, évidemment, qu'ils peuvent vendre un ordinateur à CHF 250.-, puisque la main d'œuvre est gratuite dans cette entreprise. Le chômage n’a pas l’intention de perdre de l'argent avec la vente des produits. Comment fonctionne cela au niveau de la société et surtout avec les conseillers du chômage? Je n'en ai aucune idée, je pense qu’il y a de la corruption. Comment tu expliques qu'une entreprise qui est privée puisse seulement employer des gens envoyés par le chômage? C’est une question que je me pose, la figure juridique est peut-être d’une autre manière. L'employé m’a conseillé de parler avec le directeur, qui je pense m’enverrait sûrement balader d'une façon diplomatique, il va me dire attendez d'être au chômage et nous vous rappellerons. 145 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 Pour toucher le chômage je dois d’abord avoir travaillé 1 ou 2 ans n’importe où, dans le nettoyage, la livraison etc. Je pense donc, que celui qui essaye de s'intégrer finit par faire de la fraude. Parce que s’il ne le fait pas, il ne pourra pas s’insérer dans le marché du travail réduit, pour moi le fait de trouver un travail pour y rester une année et pour ensuite aller au chômage afin de faire une contre-prestation, c’est de la triche. Trouver un travail que tu aimes, qui te passionne, dans lequel tu veux rester et t’épanouir professionnellement, cela n'existe pas, c'est une utopie. Quelle a été votre expérience ici? Mon expérience ici a été négative, totalement frustrante, je dirais même très négative. Pour commencer à mon arrivée je n'étais pas Suisse, j’ai fait la naturalisation ici. La loi fonctionne différemment pour moi, c'est différent parce que celui qui n'est pas suisse n'a pas le droit au chômage, même en étant que professionnel. J’avais un permis B et donc, je pouvais m’inscrire à l’OCE, mais ils ne m’ont octroyé que quatre mois de cours de français. Je peux déjà me considérer heureux car, c’est bien plus que ce qu’ils donnent aux Suisses de retour de l’étranger. Alors, c’est une différence intéressante… Ceux qui possèdent un permis B, ceux qui ne sont pas Suisses, mais qui sont mariés avec des Suisses ont plus d’avantages quant à l’apprentissage de la langue que ceux qui sont réellement suisses Ils te donnent plus de temps pour étudier, parce que les obligations ne sont pas les mêmes, les lois sont différentes pour les Suisses de retour de l’étranger. Pour faire ma naturalisation, entre parenthèse j’aurais pu l’a avoir faite beaucoup d'années auparavant, je l'ai demandée ici et la procédure a duré deux ans. Une fois que j'ai eu mon passeport suisse je me suis inscrit de nouveau au chômage pour pouvoir « jouir des bénéfices », entre guillemets. Cependant, je n'y ai pas le droit parce que je n’ai pas travaillé, c’est comme si j’avais un permis B, je dois d’abord travailler. C’est pour cela que je dis que c'est de la triche de trouver un travail en ayant comme objectif de toucher le chômage. J’aspire à avoir un travail qui me permettra de gravir les échelons et par conséquent de m’épanouir au niveau professionnel. Je ne souhaite pas rester dans la médiocrité et devoir nettoyer des rues, balayer des hôpitaux, etc. Je pense que les gens qui ont une formation académique ont le droit à une opportunité d'une certaine manière. Je suis au courant qu’il y a une Association qui se préoccupe des femmes professionnelles venant d'Amérique latine, au moins là ils te guident et te donnent un panel d'information laquelle ils ne te donnent pas à l’OCE, tu sais pourquoi? Parce que les conseillers ne savent même pas ces informations, ils sont de simples administrateurs de gens, ils sont de simples administrateurs de nombres. C'est un peu comme les explorateurs portugais qui jettent 10 par ici, 10 par là, 10 dans ce pays. Je ne veux pas comparer ni dire qu'il y a de l'esclavage mais je dis qu'ils sont des administrateurs de personnes. Votre expérience professionnelle ici? Je n'ai eu aucun emploi, au maximum j’allais chercher un petit enfant pour qu'il vienne manger chez-moi. Imagine toi comment puis-je m'épanouir professionnellement? Le soir, je donne des cours de français en tant que bénévole aux illégaux qui viennent la plupart 146 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 d’Amérique latine, c'est à l'église catholique espagnole, bénévolement je fais ça depuis 4 ans, on va là-bas parce qu'on veut. J’ai profité au maximum des cours de français qui m’ont été donnés par le chômage, je pense plus que la majorité des personnes, j’ai approfondi la grammaire, du coup j’ai bien compris et je peux la transmettre. Maintenant les cours que je donne sont au niveau débutant, plus avancé je n’oserais pas le donner. Ce sont des gens qui ne savent pas dire bonjour, même pas donner son numéro de téléphone ni se présenter, au moins ce travail m’aide à développer ma vocation pour l'enseignement. Ce "travail" je l’ai eu à travers d’une immigrante italienne, nous n’étions pas compatibles, nous ne nous saluions même pas. Une fois nous avons discuté et elle m’a proposé ça, qui n'est pas un travail mais plutôt un hobby. Maintenant je continue à faire des dépannages d'ordinateurs, comme je ne peux pas faire de plans, puisque ma profession est celle d’ingénieur en géomantique et qu'en Europe tout est fait. Un géomaticien n'a rien à faire ici. Là où il pourrait peut-être être utile c’est à l'Université pour pouvoir transmettre cela aux étudiants. Ce qui est dommage c’est que le temps passe et surtout on perd son temps car il y a tant d'obstacles administratifs. J'ai cherché du travail par internet, dans le journal mais je ne trouve jamais rien, toutes les places en général ont déjà été octroyées. Quand tu envoies ton CV à un endroit qui t’intéresse vraiment, il y aura 100 personnes qui vont aussi envoyer leurs offres, ils ont les mêmes compétences que toi, normalement le 50% des ces personnes aura plus d'avantages que toi, parce qu’ils ont été formé ici, qu'ils parlent deux ou trois langues ou qu'ils sont plus jeunes que toi. Alors par politesse les employeurs t'envoient une lettre dans laquelle ils te disent que regrettablement tu n'as pas été choisi. Cela te frustre chaque fois plus. Avec ma femme même une fois nous nous sommes présentés dans une entreprise de nettoyage, ils ont été effrayés en voyant nos cartes d'identité suisses et ils ne nous ont jamais appelés. 147 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 11 : HUGO Date d’arrivée : 2002 Date de Naissance: 1955 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. Avant de venir en Suisse je me suis présenté à l'ambassade, ils m'ont demandé pourquoi je voulais venir en Suisse, je leur ai dit que j’étais importateur de camions européens et je leur ai présenté tous mes papiers et passeports, j’ai montré où j’avais été en Suisse et en Suède. Tous les visas étaient d'affaires et ils m'ont aussi donné un visa d'affaires pour venir ici. Ils pouvaient m’avoir dit qu’en étant marié avec une suissesse (ma conjointe et mes fils étaient suisses) j'avais aussi des droits et que je pouvais solliciter ma nationalité. Malheureusement, ils ne m’ont jamais rien dit, donc je suis venu en tant qu’homme d'affaires. Quand je suis arrivé en Suisse en 2002, c’était pendant un rude hiver, j'attendais à l'aéroport un Suisse marié avec une Bolivienne, il devait venir me chercher, on avait fait un accord comme quoi il allait me donner un studio à partager avec quatre personnes et je devais payer CHF 250.-. J’ai rencontré cette personne, elle m'a dit qu’elle était désolée mais que l’appartement n’existait pas et que je n’avais pas où vivre, elle m'a dit qu'elle allait m'amener dans un hôtel en France ou ici, tout dépendrait de l’argent dont je disposais. Je lui ai dit qu’on avait fait un accord, que j’avais les CHF 250.-. J’étais très fâché, je n’avais nulle part où aller, elle a parlé à sa femme, ils se sont disputés et finalement ils m’ont amenés chez eux seulement durant une nuit. L’appartement était réellement très petit, c’était un studio. Ils ne m'ont rien expliqué, rien informé… comme par exemple que je pouvais recevoir un petit déjeuner gratuit, des habits, des vêtements d'hiver. Ils sont partis à l'aube et sont revenus la nuit, j'avais une fièvre terrible et j’ai dû quant même sortir, je ne savais pas quoi faire. Ils m’ont dit que j’allais connaître une Bolivienne qui travaillait à la Croix Rouge, elle apporte des aliments et des vêtements en Bolivie, elle allait m’orienter. Je suis resté ce 1er week-end avec eux, nous sommes allés dans un bistrot où j’ai vu beaucoup de gens illégaux qui avaient envie de s’amuser et d’oublier leurs problèmes. J’ai rencontré la présidente des « Boliviens » mais cela n’a abouti à rien. Cependant, j’ai eu de la chance et j’ai rencontré la dame de la Croix Rouge, quand nous avons parlé, je lui ai raconté que ma femme était Suisse, elle m'a dit qu'avec le certificat de mariage je pouvais arranger ma situation. J’ai rencontré une Colombienne qui m’a amené à l'Armé du Salut, où on paye CHF 15.- par jour, tu peux seulement rester 30 jours. Il s’agit de petites cabanes. J’ai rencontré un berger de la Croix Rouge qui m'a beaucoup aidé et qui m’a payé quatre mois, il a renouvelé mon contrat à chaque mois. Je n'ai jamais été très dévot mais j’allais à l'église tous les dimanches, ils me donnaient une maison et un repas. Je partageais ma chambre avec un alcoolique ou un drogué, la police amenait toujours une personne à deux ou trois heures du matin. 148 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 L'armé du Salut m'a présenté un avocat, un chilien. Il a fait mes premiers papiers à Caritas, il a demandé à la confédération mon acte de mariage. Ils ont dit que j’avais des droits et que je pouvais amener ma famille. Caritas a fait ce qui était possible, pour payer les billes d’avion mais ils n'ont pas pu obtenir les fonds. Ils m'ont sorti de l’Armé du Salut, ils m'ont trouvé un endroit où vivre et ils m'ont donné CHF 500.-. Ce que je gagnais en travaillant je l'envoyais à ma famille. A Noël j'ai gagné une tombola, c'était un panier de nourriture. L’entreprise dans laquelle j’envoyais de l’argent à fait un concours et ils ont livré le prix à ma femme en Bolivie. Ma conseillère m'a dit que je pouvais chercher un appartement de CHF 1'000.- au maximum. Je ne pouvais pas continuer à vivre avec des toxicomanes, j’avais besoin d’un permis de séjour, c’est une démarche très lente, mais après beaucoup de temps je l'ai obtenu et j’ai pu déménager dans un hôtel. Malheureusement comme je ne connaissais pas, je suis allé dans un Hôtel de prostitués aux Pâquis, là je n’arrivais vraiment pas à dormir… Par hasard, j’ai rencontré une amie à Plainpalais, ma famille me manquait tellement… elle est Bolivienne mais ça faisait beaucoup d'années qu’elle vivait ici. Elle m'a soutenu dans tous les sens du terme, je me sentais plus utile, elle s’appelle Edith. Elle m'a demandé où est-ce que je vivais et elle quant elle a su, elle m'a offert une chambre chez elle pour CHF 800.-. Elle vivait avec sa fille dans une maison de sept pièces, je suis resté dans cette maison un mois. J'ai rencontré Rita, qui est une Suissesse de retour, j'ai aussi rencontré son conjoint et ses fils, ils ont été gentils, ils m'ont expliqué mes droits et ils m’ont beaucoup orienté. J’ai parlé avec ma conseillère et ma famille est venue en Suisse, nous avons obtenu un prêt pour les billets. L’Hospice Général a payé l'Hôtel pour ma famille et après nous avons vécu deux ans tout près du Salève. Ils nous payaient des cours de français et l'alimentation. Mes fils sont entrés à l’école. Évidement, ils ont eu de la peine avec le changement, pour le plus petit qui est arrivé à neuf ans ça été très difficile, jusqu'à là nous enchaînions les écoles. J'ai aussi voulu aller à Zurich puisque c'est le canton de la famille de ma femme. Je n'ai eu aucun appui, la famille de ma femme ne m'a pas aidé. L'avocat Chilien qui m'avait aidé à faire mes papiers, m’avait dit que je pouvais aller timbrer au chômage, que j’avais le droit aux cours de français et aussi d’avoir une vie normale. Je devais payer mes impôts, etc. Alors, je me suis inscrit au chômage, je voulais m’intégrer. Malheureusement, je n’avais pas le droit aux indemnisations car je n’avais pas travaillé un an en Suisse. Ils m’ont donné quant même des cours de français puisque pour pouvoir obtenir un travail il est fondamental de parler la langue. Je devais remplir les feuilles de recherche d'emploi tous les mois. J’avais beaucoup de pression sur moi d’une certaine manière mais en le voyant d'une autre façon, c’était pour mon futur, pour mon intégration, pour mon épanouissement. J'ai travaillé beaucoup d'années comme chauffeur de car et de grands véhicules et ceci a été la première formation que j'ai demandée au chômage. Je me suis présenté au Service de l'automobile, j'ai présenté mon permis de conduire professionnel, catégorie C, de poids lourd et ils me l'ont rejeté. Je ne me suis pas rendu compte mais j’ai signé un compromis où il disait que je renonçais à la catégorie C professionnelle. Avec cette catégorie j’aurais pu entrer dans le système d'apprentissage suisse et ainsi obtenir une équivalence ou passer un examen. A 149 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 l’office cantonal ils m’on dit que je devais signer un document pour pouvoir faire un examen, c’était une erreur, je n’aurais pas dû signer ce compromis… ils m’ont dit que je devais me présenter dans un an. Quand je suis retourné, je leur ai dit que je me sentais capable, puisque je pouvais me débrouiller avec le français, ils m'ont dit que je n’avais plus qu’a entrer dans une école et faire la formation de poids lourd mais cela coûte très cher, ils me demandaient CHF 6'000.- environ pour faire l'école. L’assistante sociale, qui est toujours la même depuis que j’ai commencé, est maintenant une petite vielle… elle m’a toujours fermé les portes dans tous les sens du terme. Elle me disait que j’étais catastrophique et qu’elle ne pouvait pas me donner ladite formation, d’une part car elle était très chère et d’autre part, car cela ne la concernait pas. Ils ne pouvaient pas payer une formation de cette ampleur. Moi, je sais qu’ils ont financé plusieurs formations beaucoup plus chères. Je lui réitérais ma requête à plusieurs reprises, mais elle n’a jamais accepté. Une fois, elle m’a dit de lui amener des devis de plusieurs entreprises et que l’OCE allait me payer la moins chère. Quand je lui ai montré les différents prix proposés par différentes écoles, elle m’a dit qu’elle était désolée, mais qu’ils ne pouvaient pas me la payer. Dès lors, ils ont rejeté ma demande continuellement J’ai travaillé en 2006, c’est le seul travail que j’ai eu formellement en Suisse, en tant que chauffeur, livreur et monteur des meubles de bureau. Je conduisais des petits camions, je travaillais avec la douane, j’ai pu démontrer que j’avais les connaissances nécessaires. J’étais fière. L'entreprise s’appelait Forme et Fonction. Un an après mon engagement, j’avais très mal au dos et j’ai finit à la clinique… les meubles étaient très lourds. A la fin j'ai dû démissionner parce que je ne pouvais plus continuer, c’était trop dur. Ce travail je l’ai eu à travers une agence de placement qui cherche des maçons, des travailleurs, etc. ils te trouvent un travail, tu dois leur payer une commission. L’entreprise s’appelle Iteriman, ils m'ont engagé là parce que j’avais de l’expérience en tant que chauffeur et monteur des meubles. Ils ont été très satisfaits avec mon travail et ils ont appelé Interiman pour leur dire que je leur intéressais, que j’avais de très bonnes références et qu’ils ne voulaient pas me perdre. Je gagnais très bien, je gagnais jusqu'à CHF 7'000.-, dans mon contrat il était indiqué un salaire de CHF 4'500.-, mais je faisais des heures supplémentaires puisque j’étais toujours disponible. Cette entreprise installait tous les meubles de différentes entreprises, aux Nations Unies, à l'Ambassade, nous travaillons très bien, malheureusement à la fin j'ai dû me retirer. Ensuite, j’ai commencé à timbrer au chômage pour la première fois car j’avais travaillé une année en Suisse. Ils me donnaient 80% de mon dernier salaire, je suis resté un an et demi, j'ai essayé de chercher quelque chose, de me réinsérer dans mon activité mais ils ne pouvaient pas m'aider non plus. Ils m’ont proposé de trouver un contrat de travail et comme ça ils pourraient payer la formation de CHF 6'000.- ou CHF 8'000.-, le prix n’importait pas. J’ai envoyé mon dossier à beaucoup d'entreprises, je suis une personne possédant beaucoup d'expérience dans les camions, je pouvais travailler gratuitement jusqu'à ce qu'ils voient mes capacités… je leur ai offert de travailler gratuitement, parce que j’avais un salaire de 80% du chômage. Je pouvais me permettre de travailler gratuitement un ou deux mois mais même comme ça ils n’ont pas accepté, ils me demandaient le brevet. Ils m'ont alors offert un Emploi de Solidarité, puisque le chômage forme des gens pour ce genre de travail où ils te payent le 50% de ton salaire et le chômage te verse l'autre 50%. Je 150 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 travaille actuellement à Partage, comme chauffeur livreur, j’ai un salaire réellement bas, ça fait presque trois ans que j’y travaille. Bon, je suis encore là, je ne peux pas faire ma formation, je suis plus vieux, les années passent… le gens ne me reçoivent pas. Ils ne me le disent pas directement mais je me rends compte, pour les gens plus âgés les entreprises doivent payer des prestations qui sont plus élevées par rapport à celles d’un jeune. Alors, évidemment ils vont regarder d’abord par rapport à leur propre intérêt. Mon brevet, je le laisse pour plus tard, en le laissant de côté, il y a beaucoup de choses que je pense, comme retourner au pays… mais qu’est-ce que tu ferais là-bas ? Tu n'as plus de futur, tu n'as pas cotisé à l’AVS, ici au moins tu as une retraite qui est garantie et tu ne mourras pas de faim. Dans mon pays la situation est très mauvaise, je ne serais pas capable de recommencer à nouveau, je ne peux pas regarder en arrière. L’entreprise Partage, qui est une association, récupère des aliments d’Aligro, de la Coop, de la Migros, etc. et les distribue à des gens qui n’ont pas de quoi manger. C'est une activité très intéressante mais je suis à nouveau avec le même genre des personnes qu’au départ lorsque je suis arrivé. J’apporte de la nourriture aux lieux où moi je mangeais. J’ai commencé à y travailler en 2008 et je continue, toujours dans le système des emplois de solidarité. Cependant, j’ai eu une réunion la semaine passée et ils m’ont dit que je ne pouvais pas continuer, que je devais chercher un autre travail parce qu’ils travaillent avec le chômage et qu’il y a d'autres personnes à réinsérer. Ils m’ont demandé comment je peux vivre avec un salaire tellement bas. Chose qui est vraie… j’ai le droit à l’aide sociale parce que mon salaire n’est pas suffisant. Pour faire le brevet, j'ai besoin actuellement de CHF 11'000.-. Partage m'a donné des cours de français, j’ai été formé comme cariste, c’est une formation qui coûte CHF 3'500.- qui a été payée à tous les employés. Une fois, j'ai envoyé une lettre à Ikea, c’était quand j’habitais près du Salève, parce qu’ils donnent la priorité aux gens qui habitent le quartier. J’ai reçu récemment une lettre me demandant de me présenter, j'ai immédiatement envoyé mes papiers, malheureusement ils me demandaient le brevet, je leur ai dit que je ne l’avais pas, ils l'ont aussi regretté. Ma conseillère du chômage, Mme Maria Pia France, c’est elle qui m'a envoyée chez Partage pour travailler comme chauffeur, elle m'a dit que si j’acceptais ou si je refusais, que de toute façon, ce n’était pas son problème parce que mon fin de droit état proche et que j’allais être dans la rue. Pour moi le travail était intéressant, donc je l’ai accepté. 151 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N°12 : FANY Date d’arrivée : 2004 Date de Naissance : mars, 1960 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. Toute juste arrivée à Genève en 2004, j’avais dans mon bagage beaucoup d’espoir pour pouvoir m’établir et trouver un bon travail. En Bolivie, j’ai travaillé dans une ONG pendant 21 ans comme manager et comme chargée de projets. Grâce à cela, j’ai effectué toute la planification financière, la gestion de fonds de l’institution et la préparation des rapports financiers, notamment pour de nombreux projets financés par la coopération internationale. Malgré la problématique économique de mon pays, nous avions un travail stable et un bel avenir. Cependant, nous avons du quitter le pays a cause de problèmes d’insécurité. Ici, premièrement je me suis inscrite au chômage. En tant que Suisse de retour de l’étranger, nous avons la possibilité de se réinsérer au niveau professionnel. Malheureusement, je ne parlais pas le français, c’est donc pour cela que j’ai vécu les premiers mois en apprenant la langue et en essayant de surmonter les obstacles de la diversité culturelle. En fait, les plus grands défis pour les étrangers sont, l’apprentissage de la nouvelle langue, une adaptation rapide aux traditions culturelles, coutumes, etc. Quand je suis arrivée en Suisse, je pensais que ce serait normal d’être à l’Hospice général et au chômage, pour moi ça faisait partie du programme pour les Suisses de retour de l’étranger, mais après, je me suis rendue compte que c’était très dévalorisant, et qu’il était vraiment difficile de s’en sortir. Pendant ma deuxième année ici, je suivais les mesures cantonales. Avec eux, j’ai pu travailler dans une fondation, celle-ci s’appelle Transport Handicap, elle s’occupe des personnes âgées, comme par exemple, les amener chez le médecin, faire les courses, aller à l’hôpital, etc. Pour moi ce fût une activité vraiment gratifiante mais totalement différente de mon métier. Le problème que je constate c’est que, si on m’envoie travailler dans une entité où il n’existe pas de possibilité d’engagement, cela veut dire qu’il n’y a pas de place et qu’on ne peut pas attendre d’avoir un contrat. Pour moi, ce sont des postes qu’on nous propose pour nous maintenir occupés. Par conséquent, nous nous distançons de nos aspirations. La troisième année je suis retournée au chômage, là-bas je me suis rendue compte que les conseillers font un travail de caissiers et d’administrateurs. J’ai senti que nous ne représentons rien pour eux, que tout ce que nous avons appris et tout ce que nous avons obtenu dans le milieu professionnel ne sert à rien. Par exemple, une fois que j’ai postulé à l’administration de la ville de Genève, comme gestionnaire administrative, j’ai envoyé mon CV, j’ai reçu une réponse comme quoi ma candidature avait été retenue et que j’aurais des nouvelles pour un rendez-vous. Sur le moment, j’ai été heureuse. La semaine d’après, j’ai reçu une autre lettre qui m’indiquait que mon profil ne correspondait pas au poste. J’ai montré la lettre à ma conseillère et je lui ai 152 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 demandé pourquoi je n’avais pas eu de chance. Elle m’a répondu, comment j’avais pu envoyer mon CV pour un poste niveau 12, comme le sien. Puis elle m’a demandé également « est-ce-que vous connaissez les lois sociales suisses ? Est-ce-que vous connaissez les lois des salaires ? ». J’ai dit, que j’étais désolée mais que je ne connaissais pas ces lois, je lui ai également dit que ce qu’ils demandaient dans le descriptif correspondait à mes compétences basiques. Après cette altercation, elle se fâchée avec moi et notre relation s’est rompue. Après cela j’ai eu la possibilité de travailler à l’OMS, (mon ancien chef avec lequel j’ai travaillé 21 années, m’avait recommandée), alors j’ai parlé avec une de chefs de l’OMS, elle a admis que mon CV correspondait au poste, mais qu’il me fallait parler anglais. Malheureusement, ma conseillère a refusé de m’envoyer aux cours d’anglais. Par contre, elle m’a envoyée faire un cours de recherche d’emploi que j’ai trouvé une perte de temps. Beaucoup de professionnels d’origine suisse, en émigrant perdent leur expérience professionnelle acquise dans leur pays. Ils sont peut-être recours précieux dont la Suisse ne profite pas et cela crée de la discrimination au travail et baisse la valeur des leurs qualifications; parce que, à mon avis, il y a beaucoup d’employeurs et d’institutions suisses qui sous-estiment la formation et l’expérience professionnelle de ces personnes. Ceci fait en sorte que la reconnaissance des diplômes soit relative et subjective. Une étude de l’Université de Neuchâtel reflète que pour accéder à un poste de travail, la nationalité n’est pas ce qui compte le plus. Une personne avec un passeport helvétique, mais de nom étranger, à la même difficulté que n’importe quel étranger qui dispose uniquement d’un permis B. Personnellement, je pense que cette situation te rend peu à peu dépressif, tu commences à te sentir dévalorisé, surtout quand tu ne trouves pas l’occasion de montrer tes connaissances et tes compétences. Pourtant, il est bien connu qu’un parcours d’études en Amérique latine est aussi bon qu’en Suisse. Pendant l’année 2009, j’ai travaillé dans un nouveau journal à Genève, lequel est édité en français et en espagnol. Je me suis sentie vraiment très bien, car j’ai pu apporter mes connaissances et particulièrement je me suis rendue compte de quoi j’étais capable de faire. Malheureusement cette activité n’avait pas futur pour moi, parce que le journal dépend financièrement de la ville de Genève et donc les salaires sont plus bas que le minimum légal. Maintenant je bénéfice du RMCAS qui travaille avec le « mesures cantonales », je suis actuellement un cours à « SwissNova », qui est une société de services de ressources humaines. Ils ont un programme de retour à l'emploi rapide et ils s’appuient sur un réseau de professionnels du marché du travail ainsi que sur un partenariat ciblé avec des entreprises et agences de placement de la région. Avec eux… avec mon conseiller je me sens très valorisée, il me remonte le moral, il dit qu’avec mon parcours, il va faire mon de la publicité, pour que je travaille de manière indépendante. C’est surtout parce qu’il a vu mes recherches d’emplois et que je cherche toujours un poste d’aide comptable alors que c’est moi qui devrait avoir des aides comptables. Selon lui... j’étais « une star » et maintenant je ne suis personne, mais je me demande maintenant, si je trouve quelque chose, est-ce-que je serais capable de le faire? 153 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Le problème c’est qu’après mon rendez-vous, je reviens à ma routine ce qui me fait voir la réalité en face. C’est difficile de trouver une opportunité pour démontrer ce qu’on sait faire… jusqu’à ce jour je n’ai toujours pas eu d’entretien d’embauche, je suis sûre que c’est à cause de mon âge. 154 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N° 13 SARA Date d’arrivée : 2001 Date de naissance: 1952 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou vous insérer sur le marché de l’emploi. Je suis arrivée il y a 10 ans, au début c’était difficile, à cause de la langue et de l'âge. Quand je suis arrivée j’avais 48 ans, c’est très difficile d’apprendre la langue, aux habitudes du pays. Parce que c'est un pays qui a des coutumes très différentes à celles des nôtres. J'ai commencé à travailler presque immédiatement grâce à une connaissance, une tante. J'ai obtenu un emploi en tant que femme de ménage et je prenais également soin de personnes âgées, elles parlaient aussi en espagnol et ce sont elles qui m'ont appris en premier un peu le français jusqu'à ce que mes papiers soient arrivés. Quand je suis arrivée, je n'avais pas de papiers, ça a pris une année pour l'obtention du permis. Je me suis inscrite au chômage immédiatement après, ils m'ont donné trois semaines de cours parce que je n'avais pas le droit au chômage. L’hospice général m'a envoyé travailler comme serveuse dans un tea-room pendant un certain temps, j'ai rencontré plus de personnes et j'ai osé parler un peu plus le français. Après j'ai travaillé dans une station d’essence et quand mon patron m'a viré, je me suis inscrite au chômage pendant deux ans, ils m’ont donné des cours de français, écrit et parlé, des cours d'informatique et des cours pour apprendre à faire mon CV. J’ai eu le travail dans la station essence grâce à une Colombienne qui était une connaissance de ma fille. Après j’ai été deux ans au chômage et quand mon droit était sur le point de finir, on m’a envoyé travailler à la Croix-Rouge, au travers des mesures cantonales. Quand j’ai fini cette mesure, je mes suis inscrite de nouveau au chômage, j'étais très déprimée parce que je ne trouvais pas de travail. Encore une fois, j’ai trouvé un travail grâce à une amie de ma fille Nancy, qui avait son mari qui travaillait dans une horlogerie où ils avaient besoin d’une personne âgée. Ils étaient fatigués des filles qui tombaient enceintes, qui commençaient le travail pour ensuite partir. Donc, ils ont demandé aux employés si quelqu'un connaissait une personne âgée, c'est alors comme ça que ce gars-là a demandé à ma fille et ainsi j’ai trouvé cet emploi. Maintenant depuis trois ans, je calibre les diamants et je les mesure. Ils ne m'ont jamais donné de formation, mais j'ai un contrat fixe. Quelle était votre occupation avant de venir en Suisse? Les 10 dernières années, j'ai été femme au foyer, mais avant j'ai fait de tout ; vendeuse, secrétaire, dans des usines... de tout. Les 10 dernières années je les ai consacrées à mes filles et à ma maison. La même chose, mon ex-mari avait mis en place une petite entreprise de télévision et il m'a appris à souder, à l'étalonner une radio, à connaitre les résistances, donc je sais aussi faire tout cela. Avez-vous la nationalité ? Oui, j'ai la nationalité, je l'ai grâce à ma maman, elle est Suissesse, elle est née ici comme toute sa famille, mes grands-parents, etc. 155 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Pour quoi a-t-il fallu autant de temps pour me donner le permis B? Je ne comprends pas, c’est une loi ici pour les gens qui viennent après 32 ans, comme moi par exemple, j'avais le droit parce que ma mère est suisse mais comme je suis arrivé après 32 ans, je devais attendre un an pour le permis B. Après être trois ans avec le permis B, je pouvais enfin demander la nationalité, nationalité qui est par le sang. Quand ma fille est arrivée, je n’avais pas encore ma nationalité, alors elle n'avait aucun droit pour avoir le permis B, elle est restée une année sans permis. Quand j’ai eu ma nationalité, ma fille a eu son permis. Quel a été le rôle de l’Etat dans votre réinsertion professionnelle? Aucun. L’État m’a seulement aidé c’est qu’au début, mais c’est moi qui ai payé mon cours de français de 3 semaines, comme je ne pouvais plus le payer, le chômage m'a payé 6 mois de cours intensifs de français : Cela m’a été d’une grande aide, car je pouvais apprendre et je ne devais pas payer. Ce qui m’as été bien utile est que, comme j'avais plus de 50 ans et que le chômage était en train de finir, grâce aux « mesures cantonales ». Grace à celle-ci j’ai pu être réinsérée, et j’ai eu l’opportunité de me réinscrire au chômage après. Je ne sais pas ce qui se passe lorsque tu retournes au chômage après avoir bénéficié des mesures cantonales durant une année car j’ai trouvé mon travail juste après m’être réinscrite. Avez-vous commencé directement avec un poste fixe? Oui, j'ai eu mon contrat à durée indéterminée, J'ai fait un test, ils étaient satisfaits, un mois après j’avais un contrat à durée indéterminée. Au chômage, vous ont-ils proposé de faire une formation? Je voulais faire la formation pour avoir une patente de cafetière et ainsi pouvoir ouvrir un tearoom. Cela a posé de nombreux obstacles, c’était trop coûteux, ils ne savaient pas si j'allais le faire, ils ont mis de nombreuses entraves. Ils ne m’ont donné que des cours de français et d’informatique, la base. Tous les postes que j'ai trouvé c’est grâce à des amis, je pense que c'est cela qui t’aide le plus. Si l'on vient comme moi c'est difficile de trouver un travail tout seul car ils te demandent de l'expérience, des diplômes. On doit commencer comme tout le monde: de zéro. C’est seulement si tu es un médecin ou un avocat ou quelque chose comme ça, tu peux valider ton titre. Je pense ainsi. Êtes-vous satisfaite de votre situation professionnelle ? Je vais bien, j'aime bien mon travail mais j’aimerai progresser. Malheureusement ils mettent beaucoup d’obstacles, j'ai 58 ans, je suis vielle. J’aimerai faire du sertissage mais il n’y a personne qui peut m’apprendre, j’aimerai savoir, c’est très intéressant. 156 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 14: JAIME Date d’arrivé: 2002 Date de naissance: 1958 Racontez-moi votre parcours migratoire, toutes les démarches que vous avez suivies afin de vous intégrer ou insérer sur le marché de l’emploi. Nous sommes arrivés en Juin 2002 et comme tout le monde nous étions à la recherche d'un logement pour vivre. Tout de suite s’est présenté le problème de la langue et des papiers. Petit à petit nous avons ouvert un chemin, la première barrière était la langue, ensuite les documents et puis le travail. Êtes-vous arrivés avec un permis ou avec un passeport ? Avec rien d'autre qu’avec le passeport d’Amérique latine, nos origines sont d'ici, de Suisse, chose qui facilite un peu la démarche des papiers, du permis de séjour, de tout cela. Et puis bon... ce que je veux dire c’est qu’il à été pour nous plus facile d’obtenir un permis de séjour. Il a fallu 6 mois pour avoir le permis et encore 6 mois pour avoir la nationalité. Pendant cette période en général on cherche un emploi, j'en ai trouvé un six mois après mon arrivée. J'ai travaillé en tant que chauffeur pour un espagnol mais il m’exploitait... comme les papiers que j’avais étaient provisoires. Une fois que j'ai obtenu le permis B, j’ai fait plusieurs travaux de nettoyage, d'un côté à l'autre jusqu’à acquérir un peu plus la langue, trouver un endroit pour vivre. Enfin j’ai trouvé un emploi fixe dans un laboratoire comme concierge grâce à une annonce dans le journal. C'était en 2004, j'avais acquis une expérience dans le nettoyage et la conciergerie. Comment avez-vous appris le français? Dans la rue un peu, puis ils m’ont donné un cours d’un mois et demi, deux fois par semaine, de trois heures, c’était l'hospice général qui me l’a donné. Après, ces dernières années, c’est l'entreprise même qui offrait des cours d’anglais et de français, j’en ai profité. Est-ce que vous avez été au chômage? Après avoir travaillé en tant que chauffeur durant 9 mois, je suis allé au chômage, mais je n’avais pas travaillé plus de temps, j’avais besoin d'une année de cotisation. Lorsque j'ai travaillé avec l’espagnol c’était déclaré, j'ai travaillais sept jours sur sept et je gagnais CHF 3'000.-. Puis, je n’avais plus ce travail, heureusement que mon épouse travaillait et nous avons pu survivre grâce à cela. Un salaire de CHF 3'000.- c’est très peu et on avait des dettes. Combien de temps êtes-vous resté sans travail ? Environ deux mois, mais je faisais du nettoyage, deux heures le matin, deux heures l'aprèsmidi, je prenais tout ce qui venait. J'ai vraiment appris le français dans la rue, puis après avec les cours que j'ai suivis grâce à mon employeur, aujourd'hui je ne parle pas parfaitement, mais avec le travail actuel c'est plus facile. 157 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Quelle était votre occupation en Argentine ? En Argentine, j'ai travaillé pendant 18 ans dans une banque, après dans une banque Espagnole, la banque a fermé à cause de la crise. Pour combler le tout j'avais 36 ans… alors avec ma femme, nous avons monté un pressing et nous l'avons géré jusqu'a l'année 2000. Finalement nous avons aussi dû fermer l'affaire et j'ai tout fait par exemple chauffeur de taxi dans une entreprise privée. Après cela nous sommes venus ici. Dans la banque Argentine j’étais le chef, j’avais monté les échelons mais avec la crise ils ont commencé à réduire les effectifs et nous n'avons pas pu trouver un autre emploi. Ici j’ai essayé d'obtenir un emploi dans une banque, mais la langue a toujours été un obstacle, alors nous avons tout fait pour survivre et nous avons fait ce qu'on pouvait. Pour le travail que j'ai actuellement, j’ai vu l'annonce dans le GHI et j'ai envoyé mes documents, j'ai eu un entretien et ils m’ont engagé. J’y travaille depuis sept ans et cela fait neuf ans qu'on vit à Genève. Quels sont les facteurs qui ont favorisé votre accès à l’emploi ? Je crois que c’est la chance, oui… aussi grâce au fait que nous étions forcés par la langue, en parlant un peu le français nous avions plus de possibilités de trouver quelque chose. Comme toujours, comme partout dans le monde, la chance, tu peux être très compétant, mais si tu n’as pas un ami, une connaissance qui te pousse un peu, c’est plus difficile, c’est universel. Il ne faut jamais baisser les bras, avec ma femme, nous avons toujours cherché à aller de l'avant, avec l'âge à laquelle nous sommes venus et avec une famille construite, ce n'est pas facile. Pour une couple seul c’est une autre chose, les enfants ont besoin d'espace pour dormir et pas tout le monde comprend la situation. Si vous êtes seul, vous pouvez aller chez quelqu'un et vous installer longtemps, les enfants voulaient venir avec nous, même s’ils ont posé des questions mais nous avons tout fait pour qu’ils puissent avoir quelque chose. Nous sommes descendus de cheval pour qu’ils puissent y monter. Etes-vous satisfait de votre situation professionnelle ? Oui je suis satisfait, il y a eu quelques changements, il y a maintenant de nouveaux propriétaires et ils sont plus strictes mais je suis content avec mon horaire, mes vacances, etc. A ce stade, je préfère rester comme je suis, dans ces tâches que je sais faire, c'est quelque chose que je connais déjà, les gens me connaissent, j'ai 51 ans et je ne prétends rien, en étant bien et que les enfants soient bien, je me contente. 158 Entretiens en espagnol 159 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 1: MONICA Fecha de llegada: 5.12.2002 Fecha de nacimiento: 26. 08.1957 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Inmediatamente me he puesto en contacto con el Departamento de Asistencia Social de la Ville de Genève, del departamento de Suizos de retorno del extranjero, ya que soy SuizaBoliviana Inmediatamente me han dado autorización para comenzar cursos de francés porque no sabía nada del idioma y era un cambio radical porque era un camino totalmente diferente al que yo había vivido. Entonces comencé mis clases de francés durante tres meses, dos veces por semana y mientras tanto me dedique a buscar donde vivir, de forma definitiva, porque justamente en suizos de retorno del extranjero me daban el departamento para mí y mi familia, hasta que saliera mi desempleo en el chômage. La búsqueda de departamento es una parte muy difícil en Ginebra, totalmente diferente que en Bolivia y bueno había que cumplir muchos requisitos, los cuales no teníamos y se hacía cada vez más difícil. Al cabo de ocho meses, empezado el trabajo que me había propuesto el Estado en el ámbito social, que es un campo que a mi me gusta y además he tenido experiencias laborales en Bolivia en ese ámbito. He trabajado en casa de los ancianos, mi trabajo era ayudar en general, en los pequeños huecos que existen entre enfermeras y ayudas soignantes. Mi trabajo era ayudar a comer a las personas que están limitadas, acompañarlas al hospital, cambiarles los lentes, ir a diferentes lugares médicos para que sigan su tratamiento. Ha sido una experiencia agradable porque he practicado francés y he ganado experiencia laboral en el nuevo sistema, en Ginebra. Fue “Mesuras Cantonales” que me enviñ, hice un contrato de un aðo, en el cual he tenido la práctica laboral, pude relacionarme con el equipo laboral, fue una experiencia extremadamente buena y los resultados de mi trabajo han sido tan buenos, que mi asesora del chômage me ha preguntado si necesitaba algo especial, entonces yo he pedido cursos de conversación pero que este limitado al lenguaje cotidiano que yo debería emplear en el trabajo. Me hizo notar que era un premio, entonces yo tenía una profesora dos veces por semana en la noche que solo se dedicaba a mí. Después de cumplir mis 8 horas de trabajo tenía que asistir a estas clases, y ha sido excelente porque he mejorado muchísimo. Ahí he trabajado un año, y después he tenido derecho de nuevo al chômage. Ahora ya no existe Mesuras Cantonales, es uno que tiene que buscar esos trabajos. Después que finalizó mi derecho con el chômage, entre al RMCAS que era lo que me correspondía porque no tenía otra opción de vida. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Al tercer mes de mi llegada he trabajado en una Asociación Frigan de ropa de segunda mano como benévola dos veces por la tarde. Después de un tiempo el RMCAS me ha propuesto hacer un trabajo de contraprestación, de un año, trabajar 20 horas a la semana, entonces ahí he trabajado en Genève Solidarité, con jóvenes hasta los 25 años, les distribuíamos comida, hacían gimnasia, pero no había la posibilidad de un salario, entonces yo he cortado porque yo quería encontrar un trabajo fijo. He terminado mi trabajo ahí y he comenzado de nuevo clases, con el chômage y mi cheque de formación de francés por tres meses. Como sigo en el RMCAS me han propuesto hacer un trabajo de contraprestación, pero que yo me busque alguna alternativa. Entonces he tenido la suerte de contactarme con una anciana colega de Butini, de la casa de ancianos, es un contacto, una ex colega que me dijo que si alguna vez sabía algo me iba avisar, ella encontró el trabajo de la misma manera, con una contraprestación. Trabajo en la cocina en la escuela de En Sauvy é la Ville de Lancy, en el comedor escolar., como contraprestación, es como si me pagaran mi salario, pero la diferencia es que no tengo aportes al chômage y al AVS, lo mìnimo… no realizo tampoco las 8 horas diarias. De todas maneras tenemos un tratamiento muy especial con los asesores del RMCAS, entonces he comenzado mi trabajo en el escuela, el equipo es magnífico, y tengo un contrato hasta marzo. A partir de marzo tengo la posibilidad de tener una plaza fija. Me han anunciado así, así que sigo esperando. Yo podría cortar ahora de hacer mi contraprestación, ya que mi situación ha cambiado, ya que mi marido ha encontrado trabajo fijo, pero mi asesor me aconseja que termine el contrato, ya que así tengo más posibilidades de tener una plaza fija. Entonces esas han sido mis actividades en Suiza, aparte de eso, siempre he estado vinculada a la “maison del cartier” des Acacias, con actividades culturales y todo eso, multiculturales digamos, asistencia a diferentes eventos que tienen ahí, Uno recibe una convocación a mi siempre me ha gustado compartir, conocer más gente, el 19 hay el cambio climático con Bolivia y todos esos países, entonces yo voy a ir. En general yo no he tenido ningún problema de adaptarme, extraño, obviamente, ya que he dejado cosas muy bellas a las que me estaba dedicando en Bolivia, y el cambio ha sido fuerte, pero han sido decisiones familiares. Pero me siento bien, estoy creo integrada, estoy acostumbrada y me gusta. En Bolivia estaba de directora, gerente del proyecto textil de Aldeas Infantiles SOS, los últimos 7 años, hasta 2 días antes de venirme. Cuál es el sentimiento que usted tiene con respecto a lo que hace ahora? Mi filosofía de vida y de trabajo y de aceptar el momento que tengo que vivir, es completamente diferente, no hay un punto de comparación, en el sentido que mi formación , mi capacidad, y mis ganas de hacer las cosas que he hecho y que he visto resultados , pero el contexto es completamente diferente. Yo sé que puedo dar muchísimo más, pero como canalizar para encontrar donde yo pueda realmente aprovechar, los que me contraten y yo de los que se y de lo que soy capaz de dar. 161 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Yo estoy feliz con lo de la escuela ahora por lo del horario, porque he arreglado en cierto modo una cuestión familiar, porque estoy apoyando a mi hija con mis nietos, y es una etapa hermosa, y que a mí me encantaría mantener ese horario porque así puedo estar con ellos, disfrutar de ellos que también me nutre y me gusta. Según usted, qué debería modificarse? Que el Estado canalice como antes, yo he encontrado el sistema de mesuras cantonales que te daban la posibilidad de que aportes a tu seguro de desempleo por un año, por lo menos a partir de los 50 años, que es evidentemente mas difícil conseguir un trabajo, entonces que el estado se ocupara de conseguirte un trabajo, canalizarte ese trabajo, así tienes también la posibilidad de aportar y además demostrar en un campo laboral de 8 horas pleno tiempo, tus capacidades, pero dirigir la cosa hacia lugares donde si haya la posibilidad, a la persona que si se merece el trabajo, de que tenga un contrato fijo, porque estaría beneficiando tanto al estado, al sistema como a la persona, para reintegrarse, para ganar, para levantar la moral, para aportar con lo que realmente sabe, entonces se ganaría de ambos lados , reforzar. No conozco otro tipo de forma, pero ese me parecía bueno. 162 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N°2: GABRIEL Fecha de llegada: 2002 Fecha de nacimiento: 1953 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Decidimos venir a Suiza el año 2000, pero recién vine solo en junio del 2002, nací en julio de 1953 Lo primero que hicimos fue ponernos en contacto con el “Hospice général”, y me fijaron una cosa minima para pagar alquiler, seguro y cosas mínimas en forma personal, yo he estado 6 meses con el Hospicio, mientras hacia el trámite de la radicatoria en Ginebra, en la oficina cantonal de “populación” para sacar la libreta de estadía y tramites con el Cantón de origen. He comenzado hacer la naturalización de mi señora, ya que mis hijos tenían la nacionalidad, no ella, ese trámite ha durado tres o cuatro meses, as ellos han llegado acá el 2 de diciembre 2002, 5 meses después. Mientras tanto, me inscribí al chômage, ya que yo he trabajado toda mi vida en Bolivia, me dieron una subvención, y me daban lo básico, creo que 3.300 y comencé ha aportar al AVS, fue el inicio del aporte al AVS. Paralelamente el chômage me dio un asistente, que no debería estar ahí, ya que ellos deberían ayudarte a conseguir trabajo, ayudar a establecerse, a integrarse, pero lamentablemente hay algunos asistentes que no saben para lo que están, creo que para ganar plata. Esta persona ni siquiera me permitió pasar cursos de francés en forma seguida, me dio 4 meses de francés y seria todo, el dijo que bastaba, sin embargo yo he constatado de otras personas que han estado 1 año, 1 y medio con otros asistente y a ellos les ha ido mucho mejor, ya que tenían una buena ortografía, una buena pronunciación. Después me puse a buscar trabajo, pero el primer problema era la edad, hay mucha discriminación con la edad, entre los 20 y los 40 es fácil conseguir hay trabajo para todos, pero después de los 40 hay problemas. Pero después de los 40 hay problemas. Yo tengo 57 años y m siento muy capaz para trabajar, yo soy químico, me he desenvuelto como químico toda la vida, y acá creo que tienen miedo de tomar personas mayores, porque el salario tendría debería ser superior, ya que nuestro curriculum es realmente muy buen curriculum y ellos tienen que pagar algunos tipos de categorías., entonces prefieren tomar gente joven, sin experiencia, porque el problema es básicamente la plata. He estado 1 año con el chômage y posteriormente he entrado a un trabajo con Mesuras Cantonales, en Valflory, ahí he trabajado como ayudante de cocina, lavar, limpiar, es una OMS con muchas personas de edad, mas de 300 personas, trabajábamos 60 personas en la cocina, entre los que atendían la cocina, restauración, etc., todo lo que tenía que ver con la comida. Éramos un grupo que lavábamos 3 veces al día, a través de maquinas, no es un trabajo manual, pero si es cansador ya que uno está parado 8 horas al día haciendo este trabajo, pero me he acostumbrado, lo más importante es que he logrado integrarme, mejorado el francés, he tenido muchos amigos allá, pero un año pasa rápido, así que volví al chômage. 163 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Con mi familia logramos conseguir una vivienda amoblada, era una fantasía el alquiler, 3600 por mes, pero el Hospice no se hizo problema. Hemos estado 3 años allá, después nos inscribimos a la Oficina de logement y hemos conseguido un HLM en Onex que es donde vivimos actualmente, obviamente el alquiler es caro, no es amoblada, son departamentos muy mal construidos, porque no tienen una distribución adecuada, entonces yo no estoy contento, ni ninguna familia pero no hay de otra y es caro, son 2000 francos por mes. Pero desgraciadamente en Ginebra sobre todo es muy difícil encontrar vivienda. En lo que respecta el trabajo, he estado 2 años en el chômage, pero siempre buscando trabajo y las respuestas fueron negativas, pero jamás he podido conseguir, han pasado 2 años y hemos entrado al revenu mínimo cantonal, que es donde actualmente nos encontramos toda la familia y este año como 2 de mis hijas tienen la mayoría de edad, ellas han salido del grupo de ayuda del Hospicio, tienen que pelear y nosotros también para pagar sus “assuranzas de maladie”, no pagan por ellas el alquiler, bueno la ayuda sigue habiendo , siempre vamos agradecer a Suiza, pero creo que falta algo, el engranaje aquí. He tenido oportunidad de conocer a otros asesores en SwissNova, ellos son realmente asesores, es gente muy dinámica, muy capaz. Si estos asesores yo hubiera tenido cuando he llegado el 2002, sería otra la historia, hubiera conseguido trabajo inmediatamente. Pero después de 8 años que tengo estos asesores y realmente es la calidad de gente que se necesita y deberían tener este tipo de gente en el chômage, todo tipo de asistencia social. Ese es el panorama en el que vivimos, al día, no hay posibilidad de otros ingresos, pero creo que el problema de la edad es básico. Que formaciones ha hecho desde su llegada? Yo hice dos formaciones, una de “Cafetier” a través de Mesuras Cantonales y lo termine el curso por completo, me faltan los exámenes, pero no he podido darlos hasta ahora por falta de plata, había que pagar 700 francos para la inscripción, y Mesuras Cantonales no pagaba, ni tampoco el Hospicio, pero pienso hacerlo. Después he estado en la OTO, donde he logrado hacer un proyecto de un restaurante, donde pude integrar a todos mis hermanos, pero nuevamente el problema fue la plata. Aquí el fondo de comercio es demasiado grande: 100.000, 200.000, sin que sea una venta de nada, ese dinero puedo recuperar posiblemente de aquí a 15 años, Pero es muy difícil comenzar algo con algo tan fuerte, porque el costo real del restaurante no es ni de 50.000 francos, y sin embargo entre capital de operación y fondo de comercio es casi 30.000 francos Qué trabajos ha tenido desde su llegada? Ahora estoy haciendo una contraprestación por el Hospicio general, pero solo los jueves y viernes que hago algunos proyectos, actualmente estoy haciendo un proyecto de lana, pero todo es contraprestación. Mi búsqueda de empleo es Internet, Job up, Edison, Anibis, donde uno se inscribe y manda por Internet el curriculum y la carta de presentación, eso ha sido durante ocho años la forma de buscar trabajo en forma general, pero también en forma personal a través de amigos, buscando algunos contactos, pero nunca he tenido nada concreto. 164 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Básicamente el problema es la edad, yo tengo muy buen curriculum, tal vez es demasiado para una empresa, y tal vez por eso no quieren contratarme, deben creer que me tienen que pagar mucho., soy especializado en curtiembres, mataderos, plantas de tratamiento de agua, etc. Yo me he presentado a la planta de tratamiento en Ginebra para trabajar, en principio termine calificado, pero no funcionó. Por mi parte he mandado cartas a la Bayer, a la BASP... porque tenía relaciones con ellos, pero la misma respuesta. Yo comulgo mucho con la UDC, no por la parte política, sino en las cosas que hacen, si se evitara tener tanto frontalier como en este caso, y las empresas estarían obligadas a hacer una oferta solamente para suizos durante un tiempo determinado y demostrando después que no ha habido gente que se ha presentado, recién lanzar la oferta a todos los frontaliers, cosa que no hace ninguna empresa. Las empresas directamente prefieren hacer las ofertas a frontaliers, ya que el frontalier gana 3.000 francos es una fantasía para ellos, porque en Francia no van a ganar ni 1.000 eruros. Entonces es una diferencia abismal, en cambio para un suizo que vive aquí 3.000 es lo básico, y todos tratan de ganar mucho más. Entonces hay empresas que quieren ganar mucha plata y prefieren tener frontaliers. Todas las enfermeras que hay en el hospital, 98% son francesas, el hospital Cantonal por ejemplo 90% francés, portugués, Suizos uno que otro médico, pero enfermeros, todos son frontaliers. Deberían dar una preferencia a los suizos, deberían convocar solo a los suizos, después para los demás. Alguna vez he preguntado a algún político, pero dicen que no pueden hacerlo por el permiso Schengen, pero creo que Suiza debería hacerlo, si no queremos tener tanta gente en el chômage. Para terminar también es importante que sepan, que como estamos solamente con la ayuda del estado, una cantidad mínima, que permite pagar el alquiler, algo de la comida y los seguros, toda la gente, pero casi todos buscamos un trabajo que no sea declarado, un trabajo a la negra, sobre todo en limpieza, livrason, y es lo que nos ayuda, son 200 o a veces 1.000 francos extras que se gana, pero es la única formar de pelear un poco, esta discriminación como yo la llamo, por el hecho de la edad. Cuáles son las características de los consejeros de SwissNova? Son excelentes por la dinámica, ellos por ejemplo desde el 1er. día que los he conocido, inmediatamente llaman por teléfono, te inscriben a miles de agencias, Te enseñan hacer una presentación óptica de tu curriculum, no es curriculum que es grande porque tienes 10.000 trabajos, ellos son puntales. Yo no soy químico, yo soy un técnico en curtiembre, enfatizan en lo que más sobresale de vos. Todo ese trabajo lo hacen con uno y logras cantidad de contactos y ellos están ahí, te están llamando, te están escribiendo, te hacen un seguimiento completo. 165 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Es una empresa privada que la ha contratado Mesuras Cantonales, para la gente del RMCAS, para ver si a través de ellos uno puede conseguir trabajo. Yo he conocido dos consejeros excelentes, si esta misma calidad de gente tendría el chômage, sería muy diferente, porque realmente saben, motivar, son dinámicos y te enseñan muchas cosas. Ha tratado de homologar su titulo? En mi caso por ejemplo, como no hice ningún trámite en la cancillería allá, tendría que hacerlo en Berna, pero de que serviría si no tengo posibilidad de conseguir trabajo, y hasta que salga la convalidación voy a tener 60 años, quizás en la retrete 65, no tiene sentido. Por eso busca trabajo en lo que sea, químico, librador, etc. 166 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 3: AURORA Fecha de llegada: 2003 (7 ans) Fecha de nacimiento: 1960 (50 ans) Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Cuando yo llegue, yo vine con muchas ideas, como yo tengo mi profesión como institutriz de la petite enfance como se llama aquí, y vine con mucha experiencia de mi país, yo había trabajado muchos años, primero en una guardería, luego en una escuela durante 8 años, 4 años en una escuela primaria y 4 años en un aula de recursos de educación especial, dentro de la misma escuela. Entonces hice 2 años de psicología también para trabajar en esta aula y trabajaba con una Psicóloga. Así que pensé que llegando aquí iba a poder trabajar, hacer algo con respecto a mi profesión, pero me equivoque. Si es verdad que uno llega acá con toda la experiencia, con tu profesión, pero eso no sirve de nada aquí. La experiencia fuera de aquí no te sirve de nada, tu profesión tiene que ser revalidado el titulo y yo he tenido problemas, hasta el día de hoy no logro revalidar mi título en la Universidad, yo me gradué en el 82 , tengo la licenciatura. Me decían que estaba todo en orden y además por mi experiencia, Me dijeron que lo único que me faltaba era el idioma, así que estudie francés. Pero cuando di mi examen estaba en Intermedio y entonces me dijeron que tenía que dominar el francés. La persona encargada era Madame Jaccard, en esa época era la encargada de legalizar los títulos de la petite enfance. Entonces yo continué estudiando pero ya me vi que cada vez era algo diferente. Hice un stage en Zone Bleue, una guardería en la Universidad Obrera de 6 meses, estuvieron muy contentos, quisieron contratarme, pero el presupuesto fue reducido y tenían 2 locatrices y el personal estaba completo. Que puesto le querían dar? Auxiliar para comenzar y luego para que siga en los tramites como educatrice, pero no fue posible, yo quería hacerlo como benévola pero también necesitar vivir, Dicen que hay un poco de racismo, yo realmente no lo he sentido aquí, sino que siempre te ponen que está lleno y que te desean suerte, tal vez sea la edad yo decía, pero me veían trabajar yo hacia un stage y veían que tenía experiencia y conocía la materia. Hice otro stage en una guardería cerca de mi casa y también me dijeron que no podían contratarme porque no tenía legalizado mi título, que lo que me daban era la oportunidad para que vaya y haga un stage mas largo, pero no me pagaban nada y era tiempo completo, así que les agradecí mucho y lo deje., eso me desanimo mucho. Entonces comencé a buscar trabajo, seguí estudiando francés, y lo que nos toca a todos, trabajo de limpieza en oficinas, eso me ayudo un poco en la parte económica, pero tampoco es que hacía tiempo completo, sino por horas y luego comencé a dar cursos de español en forma privada y también envié cartas para trabajar en escuelas, no envié a INECLA. 167 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Pero me decían que necesitaba tener el BFFA (Module 1 du Brevet fédéral de formateur et formatrice d'adultes) o alguna otra cosa. Entonces leí lo de la Universidad Popular en el periódico, llamaban benévolos y otra cosa, así que dije voy a ir a ver porque igual era de educación y a mí me gusta mucho ensenar. Entonces fui ha hablar y me dijeron que si que podía entrevistarme con la Directora, hable con ella, le conté mi experiencia y me dijeron que tenía que ir a observar un curso para ver si me gustaba y si yo podría hacerlo, así que fui, hice eso, me gusto, hable y es como un contrato moral que te hacen ahí. Entonces comencé a trabajar ad honorem una vez por semana, estoy así casi seis años, y entonces al tener ya la experiencia en la Universidad Popular, al año volví a mandar mi CV, insistía todo el tiempo, creo que he mandado 300 a las guarderías a escuelas y recibía el no gracias, tenía una colección de cartas con el no, no. He continuado insistiendo, así que con el CV y la Experiencia en la Universidad Popular eso me ayudo mucho. Volví a mandar a los que me habían dicho que no, y en eso recibí una llamada. Lo primero que me preguntaron era si yo trabajaba en la Universidad Popular, yo le dije que si, entonces me dijeron venga necesitamos hacerle una entrevista si está interesada. Así que fui y me contrataron Eso cambio mi status, así que comencé a trabajar en INLINGUA, mandé también a INECLA y me llamaron también para hacer un curso para niños mi experiencia., fui hable con el director y me contrataron también, luego de otra escuela de ALTERLINGUA también me llamaron, porque tenía una amiga que viajaba y necesitaban reemplazo, así que me quede como remplazo, luego ella se quedo en EEUU, así que me preguntaron si quería quedarme y me quede ahí. No piden un diploma? El certificado del BFFA, para formación de adultos no, pero la formación que hice en la universidad me ayudo, pero yo decidí hacerlo, se que ahora lo van a pedir, van a exigir, no sé si ya han comenzado, pero yo decidí hacerlo, ya era un reto conmigo misma a nivel profesional. Siempre me ha gustado estar en cursos, ir buscando, renovar, no quedarme ahí. Entonces fue un poco a nivel personal que yo lo hice. Hice la formación de adultos, pero fue muy duro porque hacerla en francés primero, para mí fue terrible, pero bueno lo logre, lo hice con la Universidad Obrera e IFAGE, los dos juntos tienen la formación que duro un año, en realidad es viernes y sábado en la tarde, en realidad no es un año corrido, sino 6 meses, luego te dan u tiempo para hacer los trabajos. Entonces saque el Modulo 1 que tengo que te ayuda aquí en Suiza para trabar con adultos, y aquí me tienes, sigo luchando yo por encontrar algo fijo, pero ya la edad, no se sigo mandando carpetas, quisiera tener algo estable. Le gustaría trabajar otra vez con niños? A veces quisiera, pero luego comencé a trabajar con adultos y me parece que es un reto, es muy bonito. Yo había trabajado en mi país con niños en guardería 11 años y aquí me interesaba hacer la formación y te hacen la equivalencia, pero es prácticamente como volver hacer lo mismo, si hago quiero hacer algo diferente y ahí fue que decidí hacer la Formación de Adultos. 168 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Cuál ha sido el rol del estado en el proceso de su inserción? Mi marido es suizo , entonces yo me case con un suizo, cuando yo vine acá, automáticamente yo me inscribí al chômage , pero como yo no había aportado aquí en Suiza jamás, entonces yo no tuve ninguna ayuda económica , lo que me dieron fue 8 meses de cursos de francés y también me pagaban el transporte, no tuve derecho a nada ni a un stage, ni mesuras cantonales porque yo no soy suiza, si yo hubiera tenido la nacionalidad suiza, tal vez me habrían ayudado de otra forma, como suizos de retorno del extranjero, al final podía estar en el chômage de por vida, al final dije ya estoy 2 años y medio aquí, ya no me querían dar más cursos, quise hacer en esa época formación de adultos, pero me dijeron que no que tenía que luchar por la petit enfance, integrarme a eso, pero ellos veían que era como un circulo vicioso. Porque para poder validar mi título necesitaba estar trabajando dentro una crèche y parad trabajar ahí necesitaba el titulo reconocido en Ginebra. Fue muy difícil porque incluso yo pedí que me dejaran entrar a la cocina como auxiliar, limpieza, porque lo importante era entrar. Pero no tuve puertas abiertas, realmente me desmotivé totalmente. Entonces comencé con adultos y trabajo aquí 3 años, y en la Universidad serian 5 años, comencé el sexto año. Mi contrato es por horas, desgraciadamente no es un contrato fijo, entonces tienes que sostenerte de algún lado, yo de hecho sigo trabajando todas las mañanas en una joyería de 7 a 9 de la mañana porque es un trabajo fijo, yo hago la limpieza de las vitrinas con un equipo de limpieza. Cada vez digo ya voy a dejar, pero continuo. Desgraciadamente los sueldos como profesoras, no me quejo estoy ganando bien, pero me hago un sueldo regular, entonces varía. Me he puesto como limite este año para dejarlo. Es en una joyería y no es difícil, encontré eso y me quede, además comenzó la época de crisis en las escuelas, comenzaron a recortar los cursos, fue duro. Ahí intente entrar al chômage porque nos quedamos sin cursos aquí y en INLINGUA, entonces tenía 2 escuelas menos, pero fue un lío lo del chômage, me desanime, porque como no tienes 8 horas o más de 8 horas, entonces tienes que justificar un montón de cosas, pedir papeles por aquí y por allá, y nadie sabía si tenía derecho o no, entonces dije gracias me voy. Trabajo a la semana Tengo 4 cursos en ALTERLINGUA que son de una hora y media, son 6 horas, aquí 6 horas, en INLINGUA estoy con 4 horas, pero que termino también ahora en Diciembre porque también se van los alumnos, entonces van hacer 10 horas y cada uno con sueldo diferente, pero bueno…para tener un tiempo completo necesitas mìnimo 16 horas semanales. Cómo encontraste un empleo, cuáles han sido los factores que han permitido esto? La insistencia, estar ahí, no desanimarme, la Universidad Popular, para mi es algo que me ayudo mucho y otra cosa creo que como el Estado no me ha ayudado a mí, con una pensión, todo eso, a mi me movió mas porque necesitaba, era sobrevivo o sobrevivo, tenía el sueldo de mi marido, pero yo nunca he sido dependiente, además un sueldo aquí en Ginebra no te alcanza. Entonces dije “no, yo tengo que salir” y comencé a buscar, creo que eso básicamente. 169 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 No sé… si el Estado me hubiera ayudado tal vez mas, en el chômage no quisieron pagarme la formación , de hecho no me la pagaron, cuando yo hice mi formación del FCA, hice la mitad con el cheque de formación y la otra mitad pague yo. El Estado lo que me dio es francés, nada más, me decían que tenía que insistir con la petite enfance y tenía que logarlo. Nunca me propusieron pagarme la formación de la petit enfance, nunca tuve tanta ayuda. Yo pienso que ese fue un factor que me movió a mí a salir, a tener esa rebeldía. Yo valgo mucho, yo he estudiado, yo sé, y tengo que salir adelante, luchar por eso. Pero que ha sido duro, ha sido duro, y hasta ahora, no es fácil, yo continúo en esa lucha. Recién he escuchado de una Asociación Bustamante para ayudar a gente con titulo, inmigrante, con capacitación calificada. En esa época cuando yo llegue no había eso, pero en la guardería Ensemble, la directora trataba de ayudarnos y me ayudaron también a levantarme la moral, nos decían sigan adelante, busquen, y ella decía que si no se puede en la petite enfance vamos a buscar otra cosa que les gusta. estuve tentada de aprender también ha hacer masajes , estudiar algo diferente, otra carrera. Bueno y gente que te da la maño y te dice fuerza. Yo he tenido mas que nada ayuda moral y mi amiga que me pidió que la reemplazara y enviando carpetas. En el chômage le dieron a una amiga la formación, a esta amiga que se fue, y a mi me lo negaron, yo hable con mi Consejero, pero no podía dar el nombre de mi amiga, sino le hubieran quitado. El me dijo que el chômage no estaba para eso, usted tiene que moverse, y por otro lado usted es éducatrice de la petite enfance, entonces te marcan también en algo y si uno quiere hacer otra cosa no te dejan. Mi carpeta se ha perdido ahora de la petit enfance, cuando yo pedí el cheque de formación ellos insistían para que yo no haga la formación de educadora de adultos, sino la formación de la petit enfance, porque es ahí mismo. Entonces ese rato me dieron cita con el nuevo director de la oficina de Orientación Profesional, ya no está Madame Jaccard, fui, hable con él, y el rato de buscar mi carpeta no había, se ha perdido la carpeta y no tenían constancia de nada, me tocaba de nuevo hacer los papeles, empezar de cero, Entonces dije no. 170 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 4: TEO Fecha de llegada: 19.04.1955 Fecha de nacimiento: 15.07.2002 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Yo llegué sin saber ni leer, ni escribir francés. Lo primero que yo hice fue inscribirme al chômage, ir al hospicio para tener una entrevista. El chômage me dio cursos de francés durante tres meses nada más, porque ellos decían que tenía que trabajar, que en mi campo había mucho trabajo. Yo soy técnico industrial especializado en construcciñn de edificios. Pero eh… mi asesor me consiguiñ un trabajo en Copilart donde trabajé tres meses. Copilart es una empresa que hace carruseles, te acuerdas del carrusel del lapin?. Es una fundaciñn que depende de la “Ville de Genève” que sirve para inserciñn de trabajo…como que he trabajado con borrachos, drogos… Mi asesor del chômage me dio eso y se acabo porque sólo duraba tres meses la inserción. Después cuando entré a mesuras cantonales me conseguí una cita en el museo de arte e historia y empecé a trabajar y trabajé un año en el museo de arte e historia. Nunca le propusieron una formación? Yo le dije “que tal si valido mis certificados” y él me dijo “seamos realistas” chômage usted tiene casi 50 años y hasta que mande sus papeles a Berna y haga traducir para que le den un CFC va a pasar casi un aðo… va a tener 51 dependiendo que es lo que dice Berna va a tener que esperar un año a lo mejor le piden que haga unas materias y eso va a ser dos años tres aðos… es decir que usted tendrá 53 aðos con titulo y… Dñnde va a conseguir un trabajo con 53 aðos, un tìtulo y sin experiencia en Suiza, no es válido para usted… tal vez si tuviera 25 aðos 30 aðos… y… tenìa razñn… no me dio ninguna formaciñn… me dieron dos cursos para actualización en soldadura de un mes cada curso. Y trabajé en el Museo de Arte e Historia como serruirier un año no había posibilidad de quedarme aunque postule a muchos puestos pero nunca… depende mucho de la edad. Y después volví ahí y estuve sin trabajo bueno tenìa algún trabajito a la negra con “Epsilon” para distribuciñn de propaganda a cope… eso duro un aðo dos aðos… y bueno estuve sin trabajo hasta que alguien me dio un número de teléfono, un “postero”, alguien de la posta que venía a dejar correo. Un amigo? No, un chileno, la persona que venía a dejar el correo, lo conocía porque venía a dejar el correo. El me dijo “mira tengo este número no sé de quién es, me han dado” Llamé y me dieron una cita para el día siguiente. Fui a la cita, era una reunión con el jefe y tres personas más, y al final nos dijo vayan a buscarse una gain intermediare a una agencia de empleo para firmar contrato y empieza mañana. La posta directamente no contrataba, tenías que entrara por Kelly por Adeco con cualquiera de ellas. Que ellos te pagaban y tú trabajabas para ellos pero para la posta. La “Poste” hace eso? Si… hay otros que no, depende… si tienes muðeca, si tú conoces a alguien ahí te pueden dar contrato inmediatamente, pero como yo no conocìa nadie…siempre con agencia de empleo 171 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Yo fui con la tarjeta del jefe del “poste logistique” y le dije bueno… tengo que hacer contrato… ellos ya trabajaban con la posta, así que ya sabían. Así que firmé el contrato y al DIA siguiente empecé a trabajar a medio tiempo, 50%. Y al mes mi jefe me ofreció hacer un trabajo… hacer el shop de Migros y al mes me dijo si quería hacer las OP que llaman en la poste (ordenes permanentes) que es exclusivamente con clientes, lo único es que me dijo que me tenìa que levantar a las 4 de la maðana y yo le dije “sì” entonces ahì aumente un 70% y al año de estar ahí me ofrecieron el trabajo para ir a Zurich con el Credit Suisse que acepte también para ir en la noche y llegue al 100% 120% de trabajo siempre por medio de la agencia de empleo. La agencia de empleo me paga y ellos facturan a la posta… por decir ellos me pagan 25 la hora y la poste les da… más… no se cuanto será, asì funciona, pero la poste está libre de problemas, de seguridad social nada de eso, de eso se encarga la agencia y después de dos años me ofrecieron el contrato con la posta, ya eliminé la agencia de empleo y firmé con la posta hace tres meses en septiembre y es un contrato de 6 meses y en 6 meses debería venir el contrato indeterminado, fijo al 100% porque ahora he firmado un contrato al 90% nada más… pero trabajo al 120% o sea que tengo muchas horas. Según usted, cuál ha sido el rol del estado en el proceso de su inserción? Ninguno, nada, o sea yo he ido a unos cursos ofrecidos por el RMCAS porque tenía que ir boquee no declaraba este trabajo con la agencia “Kelly” entonces para RMCAS yo seguìa sin trabajo, de todas maneras he asistido a esas charlas me he sacrificado porque de mi trabajo me tenía que ir ahí. Qué factores son los que han permitido que usted encontrara un empleo? Responsabilidad, no llegar nunca atrasado, no faltar, saber trabajar. El chileno no pudo entrar a la poste… asì que fue también surte que justo llame cuando necesitaban y sin conocerme me han llamado a mí. El chileno llamó después. El chileno tenía permiso de estudiante y trabajaba igual que yo por medio de una agencia de empleo a 50 % pero trabajaba para la poste de Carouge, pero le pagaban como estudiante. La suerte ha sido que necesitaban… ese dìa necesitaban, a lo mejor llamaba al dìa siguiente y ya no necesitaban…Hemos entrado tres el mismo dìa y quedo yo solo, los otros se fueron… y eran jóvenes los otros dos, uno lo ha querido pegar al jefe y el otro… no sé se fue, no le gustñ. Esta contento con su trabajo? Es trabajo…hay cosas buenas hay cosas malas, no es lo ideal, no gaðo lo ideal tampoco, pero es un trabajo, es muy difícil conseguir trabajo y con 56 años ahora peor. Según usted, por qué es tan difícil? Idioma que no dominamos, falta de experiencia en suiza, para mi trabajo es completamente distinto lo que se hace en Bolivia a lo que se hace aquí. O sea no tengo la experiencia aquí para trabajar… para ser un maestro de obra… lo que llamarían acá en Ginebra no tengo la experiencia, es imposible, mi edad. Son tres factores preponderantes. El estado no puede conseguirte trabajo, no es el estado, es la persona que tiene que conseguir trabajo, el estado nunca te va a conseguir trabajo, para eso tenemos el chômage. 172 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Ningún sistema te va a conseguir trabajo, te pueden asesorar, darte cursos pero no Irán a buscarte trabajo. Hay gente que hace sus búsquedas de empleo pero jamás busca trabajo, no busca en serio, no se si es miedo a empezar de nuevo o miedo a un nuevo arranque o comodidad… yo he caìdo en eso también, yo he estado mucho tiempo presentando mis búsquedas de empleo sin buscar empleo, sólo porque yo tenía que cumplir. Por qué?, porque por ejemplo mi asesor quería que fuera como soldador… he estudiado soldadura pero no soy soldador, no tengo experiencia como soldador, pero él quería que fuera a trabajar como soldador, yo sabía que no iba a dar resultado porque no tengo experiencia como soldador, puedo soldar, pero no soy experto en soldadura y el querìa que fuera… y me ofrecieron buen sueldo pero en Berna, pero no podía aceptar algo que yo sabía que no iba a poder hacer. Es que es distinto como se trabaja en Bolivia y como se trabaja aquì… entonces esa época yo hacía mis búsquedas de empleo sin buscar empleo. Después ya me puse las pilas y empecé a buscar empleo pero en otras áreas, separando los campos… porque uno llega aquì hecho al “capísimo”, porque uno llega de su país con mucha experiencia y poco a poco te van bajando los humos porque te das cuenta de que no puedes trabajar en lo que has estudiado allá. Porque no tienes experiencia, tienes que empezar de abajo, poco a poco ya… y es muy difìcil que te den la oportunidad sino tienes el titulo el “CFC”. Entonces poco a poco te vas dando cuenta de que no podrás trabajar en tu campo y que es muy relativo el campo que tienes. El estado más de eso no puede hacer porque el estado no te va a llevar de las orejas a buscar un trabajo o a una entrevista, depende de cada uno, por eso es que están acortando el chômage, porque hay gente que no quiere trabajar directamente y no hace su… una búsqueda real de empleo. Según usted, que hay que hacer para encontrar un empleo? Llamar, ir a entrevistas, insistir, perder el miedo, el problema para nosotros que tenemos cincuenta y tantos es el idioma, nunca vamos a poder hablar francés como hablan ustedes los jóvenes, imposible, entonces tenemos nuestra limitación ene l francés, para ustedes es más fácil, están con amigos suizos, en cambio nosotros no… yo he comenzado hablar mucho en francés ahora que estoy en la posta… pero también trabajo todo el dìa solo no estoy mucho con la gente. 173 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 5: MELINA Fecha de llegada: 2.11.2004 Date de nacimiento: 19.01.1959 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Nací el 19 de enero 1959 en Tarija, me case a los 15 años en el 54, he hecho múltiples actividades, teníamos un surtidor y distribuyamos gasolina y diesel en toda la parte sur, y una propiedad donde mi marido se dedicaba a la siembra, en principio pusimos algodón y después soya, en 500 a 660 hectáreas., era mediano productor. Nos iba muy bien, pero desgraciadamente debido al cambio social, comenzaron nuestros problemas y nos vimos obligados a salir de Bolivia. Como soy Suiza, descendiente de suizos, dije, bueno me voy a vivir a lo que considero que es mi país. Exactamente hemos llegado el 2 de noviembre 2004, el periodo de instalación que es muy duro, conseguir donde vivir, ni siquiera sabía decir buenos días en francés, ya que la enseñanza básica allá es el inglés, no el francés, no necesitas saber. En la escuela yo elegí francés, pero eran lecciones básicas, entonces llegue aquí y no sabía nada. Me inscribí al chômage, y allá me dieron dos cursos, uno elemental y escrito, y otro solo escrito, y por mi cuenta tome cursos particulares, y aprendí muchísimo. He estado en el chômage 1 años y después entre a Mesuras Cantonales. El 2006 hice una Mesura cantonal en el TPG, ahí he adquirido muchísima experiencia, no sólo en la lengua, sino emocional, no ha sido agradable porque he visto mucho dolor, mucha soledad, ya que es una trabajo con ancianos que no pueden valerse por sí mismo. Pese a que Bolivia es una país pobre, un país donde el 80% está limitado en sus conocimientos, pero la parte sentimental y emocional es superior a cualquiera, podría decir que aquí ganas y allá vives, para mí fue una experiencia tremendamente chocante, que ha hecho que me prepara para una vejez fuera de Suiza. Suiza es un país maravilloso, paisajes idílicos, tranquilidad, pero tiene sus falencias, que no solo es en Suiza sino todos los países desarrollados. Además con la edad que yo vine, difícil que puedas cambiar las ideas. Gracias a la Suiza como, tengo donde vivir, pero hace que me prepare para una vuelta. Termino mi Mesura Cantonal, volví al chômage y me volvieron a dar cursos de francés, presentaba mis búsquedas de empleo siempre en la parte contable, es mi fuerte, yo he estudiado eso en Bolivia. Pero siempre me pedían experiencia en Suiza, o la edad entre 35 a 40 que no me la puedo quitar, o el idioma inglés, o haber trabajado un año en Suiza siempre ha habido algo por lo que nosotros no hemos podido entrar a trabajar aquí. 174 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Eso también es comprensible, en lo que se refiere a la parte patronal, ellos están obligados a cubrir ciertos gastos de personas mayores, entonces no van a recibir personas, aunque hayas sido un genio en otro país, aquí no vale, si has hecho 10.000 doctorados, aquí no vale. Entonces con tantas limitaciones, es difícil encontrar algo, y por supuesto no voy aceptar un trabajo de ir a limpiar vidrios, yo no me he preparado para eso, o hacer una cosa que yo no estoy dispuesta hacerlo. Quisiera que se me dé una oportunidad de hacer lo que se hacer. Entonces, ese es el problema con el que me he tropezado y no he podido conseguir trabajo. Yo por mi cuenta he sacado mi título contable aquí, yo he pagado el 2008 al 2009, eso me ha costado a mí, lo hice en IFP. Pero tampoco me ha servido de nada, realmente me he roto estudiando, me he esforzado 10 veces más, súmale el idioma que no entiendes bien, entonces me ha costado muelas, horas de sentarme, Internet, diccionarios, aparte que me ha costado una fortuna, dime para que. Me he inscrito a varias agencias, he tenido respuestas muy interesantes, una decía que lamentaban mucho pero tenía la edad un poco avanzada, y buscaban una persona más joven, sin experiencia laboral. Aquí me tienes, estoy inscrita en el RMCAS, esperando encontrar algo, pero no voy hacer cualquier trabajo, sino lo que sé hacer. Espero que digan algún momento alto a los frontaliers, para que tengamos trabajo los que vivimos aquí. En Bolivia estamos preparadas para hacer todo, pero aquí es otra cosa, no voy hacer lo que me impongan, sino lo que estoy preparada para hacer. Hizo alguna contraprestación? Mi marido está haciendo, ya que estamos en un solo dossier, el hace la contraprestación, tal vez con el nuevo cambio de leyes, me ofrezcan algo, pero en mi ramo, sino, no lo hago. Tengo esperanzas de encontrar trabajo, mando CVs, casi nunca recibo respuestas, sigo esperando, en muchos casos a instituciones que ya he mandado hace siete u ocho meses para refrescarles la memoria. Cuál es su objetivo? No puede haber un objetivo, si no tienes experiencia, pero siempre busco dentro de la rama contable. Cuando llegó, fue al Hospicio general? Hemos llegado dentro de un programa de suizo de retorno del extranjero, pero hemos estado ahí sólo 28 días, ya que inmediatamente tuvimos el chômage. Ha tratado de homologar su titulo? Tengo que hacer por lo menos un año de Universidad, para la equivalencia, dar los exámenes correspondientes, y en base a eso hacer la convalidación, pero yo termine la Universidad en Bolivia, pero no hice la tesis, lo que complica más las cosas, tendría que ir allá y terminar. La formación que hice en IFP en Suiza duró un año. 175 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 A parte, trabaja en algo más? No tendría problema de hacer limpieza, he hecho 2 meses, estaba limpiando, me sentía en el cielo porque había conseguido algo para hacer, pero también me sentía mal, ya que allá yo pagaba para que hagan, pero he visto que no es una cosa que mata, eso me ha servido de mucho para mí, pero lamentablemente te limita, ya que te piden el AVS, y es declarado, entonces prefiero ganar haciendo lo que se. Me sentía en el cielo porque había conseguido algo para hacer, pero mi frustración fue, jamás yo utilice esas maquinas de limpieza, cuando hablé con ellos para trabajar más horas, me dijeron solo dos horas, ya que después pasara a formar parte de la planilla. Por 2 horas de trabajo, yo no puedo arriesgar mi situación con el RMCAS, ya que lamentablemente cuando trabaje esos dos meses me pillaron y tuve que devolver ese salario que gane, así que aprendí. El sistema te obliga a depender del sistema, ellos te obligan al no darte posibilidad de trabajo, yo quería poner una cafeteríaa, pero es imposible, el curso cuesta más de CHF 4.000.- a CHF.- 5.000, el dinero que te da el RMCAS, te limita, es una miseria, raspas la pobreza no te alcanza para el mes, entonces yo entiendo porque mucha gente trabaja al negro, pero si tu declaras que has ganado CHF 600.-, te los quitan, entonces no puedes declararlos, eso obliga a la gente hacer cosas que incluso va contra los principios de esa persona, pero no queda otra. Gasto 160 francos en mi hija solo en comida y 60 en pasaje de bus, y por ella me dan 250 al mes, ella come en el College dos veces a la semana, ella necesita muchas cosas más, ya que es mujercita, lo que nos dan, no nos alcanza, pido allocation de estudios y nunca me dan una respuesta. Entonces es el medio que te obliga hacer cosas que uno mismo piensa que está mal. Cuando uno entra al chômage, te exigen muchas cosas y uno hasta tiene que inventarse, no te ayudan a encontrar trabajo, para mí la apertura de Fronteras, ha sido el pecado de Suiza a la destrucción de nosotros, no tenemos opción. Ves a un suizo haciendo trabajos de limpieza o recogiendo viejitos, distribuyendo periódicos, y ves a un francés de director de oficina. Un francés viene aquí, gana CHF 3.200.- y vive excelente en Francia, nosotros con 3.200 no nos alcanza para nada porque vivimos en Suiza. Ellos están muy enfrascados en sus cosas, sus políticas están paralizadas, persona que tu hablas están en las mismas condiciones, todos pataleando hasta fin de mes, yo que pensé que suizos de retorno iban a venir a trabajar aquí, pero es imposible. Conozco un Argentino, también suizo de retorno, que ha terminado divorciado, ya que tenia un trabajo de lavaplatos y antes el trabajaba de administrador de empresas, se ha divorciado y su mujer se ha quedado aquí por los hijos, y así como ellos tengo muchos amigos que están entrando en depresión. Y uno piensa que esta situación está acabando con la gente. Es difícil hablar estas cosas en francés, es difícil decir exactamente lo que uno quiere decir, si no hablo perfectamente francés, opciones de conversar no hay. En una de la entrevistas con mi consejero, yo le pedí que me ayudara a entrar a la Migros, y él me dijo que no era para mí, era para gente más joven, me dijo que trabajo de limpieza podía 176 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 encontrarme inmediatamente, le dije que no había hecho 5 años de universidad para dedicarme ahora a limpiar, que ya tenía mi casa para eso. El me dijo que posteriormente yo iba tener que bajar la cabeza y hacer la limpieza, porque no te va a quedar otra, porque tú no tienes futuro, y eso que él me hablaba como amigo, yo creo que ha sido el que me ha hecho revelarme, no es que tenga vergüenza de hacerlo, sino que no me da la gana, el me ha dicho que no tenia opciones aquí. 177 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIENT N° 6: MARIA Fecha de llegada: 2003 Fecha de nacimiento: 1958 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo He llegado a Suiza el año 2003 con mi familia, a los seis meses conseguí trabajo de limpieza y actualmente sigo ahí pero al 50%, he buscado otras cosas , he tratado que la empresa me contrate 100% pero nunca tuve suerte, he hecho otros lados también de limpieza. Actualmente tuve la suerte de conseguir un trabajo en la mañana en el aeropuerto, mande mi CV y me contrataron, de esa menara estoy trabajando hace seis meses en el aeropuerto al 100%. Porque en una empresa de limpieza, es muy difícil que te contraten al 100 %, hay que tener mucha suerte o también muñeca. El trabajo que hago ahora sinceramente me gusta mucho, no me puedo quejar, he tenido mucho trabajo en la misma empresa que estoy hace 8 años, pero iba decayendo y esperando que me den más cosas. Que hacía en Argentina? Yo tuve suerte, como mi esposo trabajaba en un Banco, yo me dedicaba a los chicos, y recién empecé a trabajar cuando el dejo el Banco. Pusimos un negocio y empecé a trabajar con él y las cosas fueron más o menos y por eso decidimos venir a Suiza y comenzar todo de nuevo. Sinceramente pienso que las cosas, mal no nos está yendo, hay que luchar como todo el mundo, ha sido un buen año, pero hay que seguir adelante. Cómo encontró empleo? A través de una Agencia, me anoté, y el mismo día me llamaron, empecé a trabajar 2 horas de 6 a 8, y en la misma semana me ofrecieron si quería trabajar de 4 a 8, un 50 %, yo dije que si. El trabajo me gustaba, y me interesaba conocer todo el lugar, había colegas que yo reemplazaba también, estuve 7 meses, 8 meses y trabajaba más del 50%. Cómo está su francés? El francés es muy difícil para mí, yo fui por el Hospice dos meses a la escuela, pero como conseguí trabajo inmediatamente, dejé el francés, no hablo casi nada, pero si lo entiendo, también fui 1 mes a la escuela de la Migros, pero en mi trabajo casi todas eran portuguesas y no se hablaba nada de francés. Ahora en el aeropuerto tengo que hablar el idioma y me estoy esforzando por hablar francés, ya que es totalmente diferente, me hago entender, pero te obligan a hablar francés, ahí me sirve mucho, para mí. Le gustaría hacer otra cosa? No, porque no me molesta, no me siento incomoda haciendo este trabajo, es un trabajo de limpieza pero no es sacrificado, el horario es muy cómodo, pero el ambiente es bueno, pasan rápido las horas, donde estoy yo, hubiera estado 100% uno por el ambiente y otro por el trabajo. 178 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Ha estado en el chômage alguna vez? Nunca, porque cuando yo estaba trabajando 50%, a los 9 o 10 meses, fui al chômage y me faltaban 2 o 3 meses, y como yo estaba al 50%, el chômage no me aceptó, tiene que ser al 100%, , entonces vi el anuncio en el periódico, presenté mis papeles e inmediatamente me llamaron para un entrevista y empecé a trabajar. Cuánto tiempo le dio cursos de francés el Hospicio general? Dos meses, los cursos normalmente duran dos meses, después como estudiante o por necesidad, te pueden dar dos meses más, según como rinde uno. 179 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N° 7: PEDRO Fecha de llegada: 20.01.2008 Fecha de nacimiento: 1966 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Llegamos el 20 de enero 2008, al día siguiente fuimos a la OCE, a nosotros nos facilito todo el hecho de que mi cuñada vivía acá hace seis años, entonces obviamente nos facilito mucho el trámite de papeles. Primero avisamos que llegamos, mi mujer es originaria del cantón de Ginebra, mi mujer y mis 2 hijos venían con papeles suizos, a mi me dieron el permiso de residencia, es decir el permiso B, durante esa semana hicimos todos los tramites. Como mi mujer había aportado en Argentina a la caja de jubilaciones, entonces tenía derecho al chômage, pero empezamos básicamente con el Hospice. Empezamos los trámites y vivíamos con mi cuñada. Nos asignaron una asesora que nos ayudaba en todo lo económico, al ver las condiciones, pero nos asesoro bastante mal, pienso que se quería deshacer de nosotros, nos dijo que no teníamos derecho a buscar HLM, etc., que buscáramos cualquier cosa. Después empecé a buscar trabajo, vivienda conseguimos a los 2 meses, y eso fue un alivio para todos, no es el ideal de departamento, pero es difícil encontrar otra cosa. Buscamos ayuda en cuanto a cursos, sobre todo yo que no tenía el idioma, con mis hijos no hubo problema, los inscribimos inmediatamente a la escuela: Me dieron un curso de francés por 3 meses , y después no me dieron mas, ellos no te dan más cursos sino hasta el nivel siguiente con el que entras al país, como yo llegue en nivel 0, ellos me dieron hasta el nivel 1, y se acabo, pienso que es una política del gobierno que han tomado últimamente. Es un poco compleja la infraestructura del gobierno, en cuanto a la cantidad de oficinas, instituciones que hay, mucha burocracia, que el que llega sin saber nada, no sabe a dónde ir. Pero en definitiva es para el bien de uno mismo, pero hay muchas cosas que ellos no te dicen que uno puede hacer, y por la ignorancia, por no saber sus derechos, sus obligaciones perdemos oportunidades. Yo de hecho hubiera pedido continuidad de cursos de francés. Después de 3 años yo pregunte, como es el tema del cheque de formación, y en definitiva yo tenía derecho a ese cheque, y hoy en día estoy haciendo un curso de francés, gracias a ese cheque, que si yo no preguntaba (insisto), no hubiera sabido. Yo sabía que existía ese cheque, pero no sabía si me correspondía a mí, me entere en una reunión con el Hospice, y pregunte si tenía derecho, me dijeron que tenía que vivir en Ginebra un año. Pero si no preguntas, no te enteras. Ahora también es muy limitado, ya que hay cursos que cuestan muy caro. 180 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 Todavía dependemos del estado, a mi mujer está trabajando con un empleo de solidarité, y tiene un contrato ilimitado, el Estado no la obliga, pero la incitan a que siga buscando otro trabajo, el problema es como es el estado que cubre una gran parte, y el empleador paga muy poco, el problema es que ella no tiene un aumento salarial, y uno tiene ambiciones. El problema es que como yo llegue como pareja de una Suiza , tenía permiso B, yo podía tramitar mi nacionalidad en Argentina ya que estoy casado hace 15 años, pero no lo hice, acá estaba con el limbo, me dieron ese curso, pero después no tenía otra ayudas mas, yo no recibo ayuda. Yo recibo ayuda indirectamente por ser integrante de un grupo familiar que recibe ayuda, pero yo cuando llegue acá no era suizo y cuando recibí la nacionalidad suiza, no llegue a aportar un año de impuestos, entonces para el Estado tengo obligaciones, pero no derechos. Dónde trabajaba en la Argentina? En Argentina… me dedique básicamente al Marketing, comunicaciones, relaciones públicas, específicamente la comunicación los últimos años. En una Agencia de publicidad. Mis estudios y mi profesión es marketing, asesoría, relaciones públicas y comunicación. Es una ventaja ya que el marketing es universal, y cuando se estudia es global, es una ventaja, pero al mismo tiempo es una desventaja, ya que la competencia es fuerte, hay mucha gente que está preparada como yo, pero los jóvenes salen mejor preparados , de lo que salí yo en Uruguay, además hablan varios idiomas. Ha tratado de hacer la homologación de su titulo? Es muy difícil, los planes son muy diferentes y las carreras distintas, es como estudiar otra cosa, está muy segmentado hoy día, en los papeles es muy difícil argumentar la capacitación, no todo es compatible. Aparte es una carrera más profesional, lo que yo valoro hoy en día no es un diploma, sino la experiencia. Cuáles son las dificultades que usted ha tenido para encontrar empleo? Varios, y puedo caer en la trampa de decir, que acá no se dan cuenta de toda la experiencia que traemos. Lo que traemos de Latinoamérica es muchas ganas de trabajar, venimos muy preparados en cuanto a experiencia y cultura general, pero es muy difícil demostrarlo, y aparte los latinoamericanos somos extranjeros y estamos un escalón más abajo que los suizos, según ellos., que en algunos aspectos pueden ser verdad y en otros no. Entonces eso es, primero tratar de identificar lo que tienen en mente los suizos , no tanto los suizos, sino los que están en cargos de decisión, que en su mayoría no son suizos, pero han adoptado la cultura suiza, siendo eso peor, El Extranjero cuando toma la cultura suiza es mucho más perverso que el propio suizo mismo. Incluso los latinoamericanos que han adoptado la cultura suiza, te diría que hasta en ciertos aspectos son un poco “neonazis”, quizá por sus propios orígenes, básicamente eso. Y por otro lado la edad que es complicada, yo tengo más de 40 años, y compito con jóvenes que salen más preparados, que han estudiado acá, tienen mucho más cultura, o sea la cultura que se busca para acá, no tengo el idioma perfectamente hablado como ellos, si tengo la base en 3 idiomas, español, inglés y francés, pero no como los jóvenes acá, y básicamente es eso, 181 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 poder llegar a convencer a alguien, y también la crisis, y aparte la instancia de llegar a una persona que te de una entrevista es muy difícil. Entonces yo veo varios aspectos el primero es el prejuicio, después es una realidad la preparación y competencia, con otros que tienen más preparación, después la coyuntura que es difícil conseguir empleo porque las empresas rechazan, aun teniendo el trabajo. Mi punto de vista personal es que pretendo por lo menos utilizar mi experiencia por lo menos en el entorno de lo que yo hacía, entonces si yo realmente quisiera podría empezar de cero, hasta lo podría conseguir, pero en un principio hasta que la necesidad no me pase por .arriba, pretendo un cierto nivel de exigencia, basado un poco en mi edad, en mi experiencia y en todos los antecedentes que tengo. Como te decía, hay mucha más gente preparada que yo, pero también hay gente que está igual o peor que yo que han conseguido ciertos trabajos, entonces me he llegado a decir porque yo no, y también para cerrar el círculo de la dificultad de encontrar trabajo, otro punto es el desconocimiento del mercado, porque acá hay una puerta impresionante del marcado, pero es muy difícil centralizarte y cruzarte con la demanda del trabajo en el momento indicado, entonces hay varios aspectos. Uno siempre viene con la expectativa de trabajar con lo que uno conoce, en ese entorno para arriba, el día que la necesidad nos apriete, si abriré mi horizonte hacia otras tareas, no tendría problema, pero sería empezar de cero otra vez, y ya no tengo la edad. Cómo busca empleo? Básicamente por Internet y por contactos, en Uruguay uno se conoce con casi todos y hasta se puede llegar al presidente de la republica por amigos, acá es diferente, acá tienes que abrir los distintos círculos sociales y los círculos primero se te tienen que abrir a ti para que tu entres, y poder escuchar lo que se habla, esto lo he aprendido en los últimos meses, a fuerza de golpes, y entonces hemos empezado a abrir círculos con la política, en el colegio, comisión de padres. Hemos empezado abrir un espectro de amistades y conocidos, eso te trae mucho más conocimiento del mercado y es invaluable. Una vez que te enteras de algo, es porque a alguien le interesa que uno participe en el trabajo, después si uno puede llegar o no eso depende de uno , una vez que te abren la puerta es importante, en todo el mundo pasa lo mismo, las relaciones, el “pistonear” funciona, Por otro lado buscar trabajo en Internet es muy perverso, ya que llegan curriculums de todas partes del mundo, y por otro lado hay muchas empresas que están obligadas a publicar trabajos que ya están dados antes, entonces uno se ilusiona con algo que es irreal. Es muy importante la recomendaciones, también llamo muchas veces por teléfono en la medida que el puesto corresponde a mi perfil, pero hay muchas organizaciones que se toman mucho tiempo en tomar una decisión, son impersonales donde gran parte de la veces uno termina olvidándose donde postuló. Yo he aprendido que las agencias de empleo son un cáncer, ya que juegan con la gente, así que en general no lo utilizo. Lo principal es hacerse un círculo, y tener paciencia. 182 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Porqué vinieron aquí? Hay varios motivos, el principal es que de 4 personas que integran la familia, 3 son suizos y yo podía serlo, entonces teníamos que intentarlo, tener los papeles suizos y no intentarlo era muy malo, podemos rebotar contra la pared pero lo hemos hecho y no el día de mañana decir cómo nos hubiera ido si nos hubiéramos ido a Suiza? Y por otro lado la seguridad y la falta de perspectiva que hay en Uruguay, más que problemas económicos, el problema de mentalidad. Entonces si nos venimos fue sobre todo por los niños, sabemos que acá ellos tienen un futuro. Nosotros también tenemos un presente, porque si yo tuviera esta realidad en Uruguay, no podría estar viviendo, de hecho yo lo pase, yo me quede sin trabajo y sufrí muchísimo, sufrí más que acá estando sin trabajo. Yo sabía que el nivel de vida me iba a costar mucho adaptarme, y me está costando, socialmente no, pero laboralmente sí, pero poniendo los pros y contra, yo sabía que en Suiza teníamos mucho más para ganar que perder, sobre todo por los niños, ya que nosotros estamos ya en la vuelta de la vida, y para ellos es fundamental, uno cuando tiene hijos, vive la vida de ellos. El que emigra, casi siempre es por lo hijos, acá les damos mucho mas a nuestros hijos, que lo que les podríamos dar allá. Suiza es un país muy solidario, estoy muy agradecido, y quiero empezar a devolver a Suiza lo que me ha dado. 183 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 8: ROSA Fecha de llegada: 2.11.2003 Fecha de nacimiento: 01.02. 1966 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Voy a cumplir 46 años y llegué a Ginebra el 2 de noviembre 2003 con mis tres hijos y mi esposo. Llegue aquí con mi esposo que es suizo, lastimosamente yo no tenía el pasaporte suizo, por eso no tuve derecho al chômage, pero tuve derecho a 1 año de cursos de francés, que para mi fue una ventaja para mí, pero desgraciadamente no pude encontrar un trabajo porque no pude perfeccionar el francés. He trabajado un año en limpieza, declarado, y después al año me dedique a cuidar niños en mi casa. Al no llegar como suiza no tuve derecho al chômage, tuve durante dos años el permiso B y después la nacionalidad. Trabajé a los dos años de llegar acá, con mi permiso B, en limpieza, pero lo dejé porque era muy duro. Después de haber trabajado un año, no tenía derecho al chômage? No, no me han dado nada de eso, nunca fui a pedir. Durante ese periodo de trabajo, usted lo declaraba? Fue declarado pero lamentablemente estábamos en el Hospice, y si yo me inscribía al chômage, ellos se hubieran enterado, y hubiera perdido la ayuda del Hospice, fue por eso que no avise. Hasta el día de hoy continuo con el Hospicio, en realidad ya no toda mi familia, ya que dos de mis hijas son mayores de edad, entonces ahora solo somos 3 que recibimos la ayuda del RMCAS. Después solo me he dedicado a cuidar bebes. Cuando estuve en el chômage realice mis búsquedas de empleo, pero solo ese año cuando me dieron los cursos de francés, actualmente no tengo ningún contacto con el chômage. Mi búsqueda de empleo la realizaba como Secretaria contable, ya que trabajaba como secretaria contable en Bolivia, después me case y deje de trabajar. Está buscando un empleo? Si, por las noche tenía un trabajo de limpieza que era declarado, trabajaba 3 horas en la noche y en el día cuidando bebes. El trabajo de limpieza lo encontré gracias a mi hija, ella trabaja en la empresa en la parte de contabilidad. 184 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Cuando estuvo en el chômage, pidió alguna formación? Sí, yo pedí una formación de Peluquera, pero no me aceptaron, ya que no tenía un titulo en Bolivia, entonces me dijeron que iba a ser muy largo y además no tenía derecho. Lo que me molesta es que yo conozco una persona más joven que yo, en las mismas condiciones, que pidió una formación en estética y se la dieron. Su formación duró un año y medio. Yo tengo mucha experiencia en peluquería, hasta ahora yo corto a bastante gente. Cómo encontró sus diversos trabajos? Primero a través de una amiga y ahora de mi hija, primero fue un reemplazo, les gusto mi trabajo y me dieron varias temporadas de remplazo. Los trabajos con niños a través del periódico y también de amistades, por algunas amigas. Qué dificultades encontró a la hora de buscar empleo? Mi edad, el francés… y la falta de experiencia en Suiza. Básicamente eso… Qué hacía en Bolivia? Fui secretaria algunos años, porque hice un certificado e secretariado y después, cuando nacieron mis hijos ama de casa. 185 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N°9: ANA Fecha de llegada: 2002 Fecha de nacimiento: 1966 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Cuando llegué, tuve el permiso de trabajo rápidamente porque yo había hecho la visa de trabajo en la Argentina. , así que a la semana yo tenía permiso con la visa. Inmediatamente hice los papeles de nacionalización porque ya tenía seis años de casada. Lo primero que hice fue ir al chômage para anotarme para los cursos de francés, porque me di cuenta que era primordial el tema de la lengua, era fundamental, lo mismo con inglés, uno se puede desenvolver, pero es necesario el francés. Yo trabajaba como secretaria de un tribunal de faltas hasta que me vine, y había trabajado en el ministerio de Educación en liquidación de sueldos, yo soy abogada. Me dieron 2 años de cursos, no tuve ningún problema, mi último curso fue con una profesora particular que me dio el chômage, después me dieron dos cursos más de francés en la IFAGE y pude dar el examen en la Alianza francesa. El tema del trabajo me pareció un poco complicado, el hecho de no haber trabajado acá antes, me inscribí a un servicio del chômage que es para reinserción profesional, me enviaron a este lugar donde entregué mi CV, y al tiempo me contactaron, en la Ville de Genève, haciendo lo mismo, liquido sueldos, esta institución del chômage ya no existe más. Pasé el entretien y me contrataron, primero un año de prueba y después fijo. Me embaracé y ya no buscaba trabajo con el mismo ímpetu. Ha hecho la homologación de su título? No tuve necesidad de hacer ninguna equivalencia, porque el trabajo que hago no es de abogado es de salarios. Hace cuánto tiempo? Yo empecé trabajar en junio 2005, yo llegue en noviembre 2002 à Genève, quedé embarazada de mi 2do. hijo el 2do. Año, yo no tenía indemnizaciones del chômage, solo tenía cursos de francés. Cómo buscas empleo? Antes de encontrar este trabajo, yo me dispersaba, había un montón de cosas que no correspondían a mi perfil laboral, buscaba la misma dinámica de trabajo que el de la Villa de Genève, buscaba en las agencias de empleo, pero nunca tuve suerte. Así que no había tenido ninguna entrevista de trabajo, hasta que encontré aquí, después paso el año y mi objetivo no era entrar al chômage, no me interesaba, hice todo lo posible para demostrar lo que sabía, no falté ni un día, la responsabilidad, etc. 186 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Según tú, cuáles son los factores que permitieron que fueras contratada después del año de pasantía? Después que paso el año, mi objetivo no era entrar al chômage, pero me interesaba quedarme en este trabajo , hice todo lo posible para demostrar lo que sabía, no falte ni un día, la responsabilidad, aprendí el trabajo rápidamente, fui metódica, etc. y mostrar que no era trabajar un año y después ir al chômage. El tema de no caer en el chômage, con el tema que no quería estar angustiada, vi montón de gente llenando las búsquedas de empleo sólo por satisfacer al chômage, yo dije tengo que salir de esto, no rendir cuentas de mi trabajo a nadie, no obstante yo creo que nadie está exento de caer en el chômage, porque es un año o año y medio, y es una prestación excelente donde uno puede reevaluar su vida si tiene un problema profesional. Cuál fue el rol del estado en el tu proceso de inserción profesional? Yo diría que el estado me ha ayudado acá, realmente yo sentí que estaba apoyada, yo mande mis papeles, ellos fueron objetivos, me preguntaron si me interesaba el trabajo y yo les dije que sí, el rol del estado acá es impresionante. Hay otra realidad que yo veo, yo vine con 37 años, no es lo mismo que tener 20, yo venía realmente con 20 años de trabajo, estoy muy contenta con mi trabajo, no me siento totalmente realizada, si pudiera elegir, yo haría otra cosa, estar en un tribunal, pero jamás me hicieron sentir que no era de acá, así que me siento bien. Estas contenta con tu trabajo? Estoy muy contenta con mi trabajo, no me siento totalmente realizada, si pudiera elegir, yo haría otra cosa, estar en un tribunal, nunca me hicieron sentir que no era de acá, así que me siento bien. Por qué no existe más esta oficina de inserción? Ese sistema de acción de reinserción ha desaparecido porque tenía una partida presupuestaria, y el sueldo lo pagaba el chômage el primer año, uno era empleado del chômage y no tienen más partida presupuestaria. Cuando yo entré a trabajar era un servicio del chômage donde las entidades públicas o privadas podían pedir gente y ellos mandaban, la función que hago es la misma que cuando entre. Qué crees que podría facilitar el acceso al empleo? Creo que como extranjera, pienso que se abren las puertas a personas de otros países, y que los adentro no tienen trabajo, pienso que se debería cerrar la puerta para los de afuera. Hay que dar la comida a los nuestros y después a los de afuera, en cierta manera me siento suiza, y me siento con un poco de derecho para decir que la caridad empieza por casa. Hay muchísima gente que yo conozco que está en el chômage y no encuentra trabajo. 187 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTREVISTA 10: DAVID Fecha de llegada: 2004 Fecha de nacimiento: 1954 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Llegas acá con la idea con la idea de penetrar rápidamente al mundo laboral, pero te vez frenado en diferentes aspectos, primero por los consejeros de la Oficina Cantonal de placement, por el gran abismo que existe del lenguaje, nadie te informa nada, es una desinformación total, después de mucho tiempo te vienes a enterar que los consejeros que te entrevistaron al principio, no son realmente profesionales en el área social, como debería ser normalmente, sino son gente colocada políticamente, y te tocas con discriminación y chauvinismo ridículo contra los latinoamericanos , existe la mala creencia, el prejuicio contra los latinos. Eso yo lo he visto y comprobado, y no solo en mí caso sino con amigos, por ejemplo un peruano con diferentes rasgos a los de ellos y te discriminan, eso cae en el racismo. Por otro lado en las sesiones de información de entrada te dicen que eso no es una universidad que no vas ahí para darte una formación, sino para ayudarte a encontrar un empleo, que te ayuden a insertarte en el mercado laboral. Independiente si uno tiene falencias o deficiencias orientadas hacia tu profesión, como por ejemplo la lengua, si te dan unos meses de curso, pero si uno pretende capacitarse, no se puede, además que ellos pretenden que la gente pase rápido por ahí, dejando todo el trabajo a Mesuras Cantonales y al Hospice général para el asunto de remuneración. Después de vivir 6 años acá, te das cuenta de cómo funciona, porque esta historia de la contraprestación, porque el Gobierno en vez de perder plata, gana mucha plata con la gente que está en el desempleo. Te obligan a prestar una contraprestación en las oficinas cantonales, que son del estado. Tienes el ejemplo de la Oficina Cantonal de la Populación, que yo te aseguro que más del 60% de la gente que trabaja ahí, gana menos que el mínimo, porque menos que el mínimo, porque teóricamente te pagan el 80 % de tu último sueldo. En el caso de los extranjeros que llegan que son profesionales, igual les pagan el mínimo que son 3.300 francos bruto y llegan a recibir unos 2.700 más o menos cada mes, eso es lo que reciben todos los profesionales que vienen por primera vez En el caso de los que trabajan 1 o 2 años acá, se pueden inscribir al chômage y les pagan el 80% de lo que estaban ganando, o sea que si un profesional ha estado ganando entre 4,000 o 5,000, el cálculo es el 80 %. Sociólogos, Psicólogos, Analistas de mercado, todos vienen a parar a estas oficinas cantonales y les pagan el 80%, con lo cual tienen que vivir toda su familia., y no tienen ninguna posibilidad de progresar porque no los van a recontratar. Yo tengo un amigo que es abogado y lo han contratado en la Oficina de Porsuites, una vez con el sueldo del chômage que era 2.700, y una segunda vez después de hacer muchas gestiones, porque salió un tiempo del país y volvió a entrar, a la segunda instancia que entro 188 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 al chômage, tuvo menos sueldo que la primera vez y lo están obligando a trabajar en la Oficina de Impuestos. El es un abogado podría desarrollarse aquí, integrarse. Mi primera pregunta fue porque no había hecho el trámite de validación de titulo en CRUS, que yo también intente hacerlo, simplemente sabes porque, la compatibilidad de la carrera aquí en Suiza es completamente diferente a lo que se estudia en derecho allá. Entonces él para poder validar su titulo, le pidió al chômage de estudiar un año en la Universidad, pero no se lo aceptaron, porque ellos no te pagan para que entres a estudiar sino para que tu busques empleo, y como no encuentras empleo por los factores que todos conocemos; el idioma, la edad, presencia personal, por ultimo tu experiencia, que si bien puedes tener muchos años de experiencia en tu campo, acá no sirve, porque tu no estás empapado del asunto logístico. Hay carreras específicas, sobre todo en Ingeniería, en leyes, en sociología, que es completamente diferente. El campo operaciónal que tiene la carrera es otro no es lo mismo que acá. Un ingeniero civil acá tiene que saber planchar las paredes con yeso, allá no ha hecho nunca, sabe en teoría, allá supervisa a otro para que lo haga, acá no es el mismo que lo hace, el tiene que hacerlo. Un ingeniero de edificios, como allá seria un constructor civil, tiene que aprender a pegar los mosaicos al piso, tiene que hacerlo él personalmente, entonces mal podría un constructor civil o un Ingeniero civil venir de allá aunque tenga años de experiencia. Venir de Latinoamérica y pretender entrar al mercado laboral al mismo nivel que los Ingenieros Suizos no lo va conseguir, excepto si tuviera muchos amigos en el sector de la Empresa privada, que lo contratarían como chofer, como es el caso de muchos ingenieros que trabajan aquí en empresas constructoras. La discriminación del profesional, la desinformación que existe, en que puertas, teclas que mecanismos tienes tú que presionar para llegar a tener el mismo o el equivalente rango que tenias en tu país. Finalmente eso se convierte en una valla, te conformas, si te dan un trabajo de chofer lo tomas, un trabajo de limpieza también, finalmente te agarras del trabajo que sea. La mayoría tratando de engañar al chômage, porque es así, tener un trabajo a la negra y que te pague el chômage por un lado y uno tener un trabajo, aunque sea poquito, sumas los 2 y haces un tremendo sueldo que te da para vivir. Y debido a eso es que el gobierno al descubrir ese gran porcentaje de gente sin empleo que tiene un doble trabajo. Si esas personas trabajan en el mercado a la negra, es una fuga de capitales que tiene el gobierno, entonces ha optado por hacerla cosa al revés, los canaliza y los enfoca acá y los mete a trabajar al 80% y menos del 80% donde ellos quieran. Las Oficinas gubernamentales tienen gran deficiencia en gente que colabore, no en profesionales, ya que los profesionales son pagados por ellos, a los sueldos normales de acuerdo a sus categorías. Y los meten hacer trabajos que no van hacer ellos como atender la puerta en la Oficina Cantonal de Populación por ejemplo, no eso lo hace un tipo que esta con el seguro de desempleo y puede estar un año ahí y después traen otro a otro. De esa forma el gobierno ha controlado la fuga de capital, esas personas ya no pueden trabajar a la negra, hacer trabajos de limpieza, de chofer, medio tiempo, distribución. Casi toda la 189 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 gente que yo conozco han hecho trabajos de livraison, se consiguen un auto y trabajan a la negra, entonces para evitar eso es que los tienen ocupados. Ahora dime, de que integración profesional estamos hablando, esa gente jamás va ha llegar a integrarse, siempre hay excepciones, hay gente, muy poca, que ha tenido la suerte de escaparse de ese sistema entre comillas corrupto, se escapa y logra ingresar al verdadero mercado laboral suizo, cuando logras entrar al mercado laboral suizo, lo haces perfecto. Por otro lado yo tengo un amigo, que como su mujer tenia chômage, el aprovecho esos dos, tres o cuatro años exclusivamente para formarse, resultado de eso trabaja en un banco con un excelente sueldo que es totalmente compatible con el verdadero mercado suizo y que puede ganar 9.000 francos por mes y eso es poco y el está inmerso ya en ese sistema. El demuestra, lo que yo digo que está faltando que es la Formación, no hay formación para la gente que viene de Latinoamérica, para la gente mayor. Ahora la gente joven tiene todas las posibilidades del mundo, porque hay mecanismos y puertas que si se pueden tocar para formarse. Si tú te fijas las necesidades de la gente joven, son menores que de la gente vieja, la gente vieja de una u otra manera está obligada a mantener una casa, un departamento y no un cuartito como hace la gente ilegal o joven, las necesidades que se crean la gente mayor son mucho más grandes, entonces el ingreso que te da el RMCAS, o el chômage, son escasos, reducidos, y esta la traba que si te dedicas a formar a estudiar, no puedes estar en el chômage. Que hacía antes de venir a Suiza? Yo tenía una empresa de computadoras, ensamblaba y armaba computadora... Yo he ido aquí a una gran empresa que ensambla compradoras, yo dije: “aquì envìo mi curriculum me presento hablar y tengo trabajo” he enviado 2, 3 veces mi curriculum las 3 veces negativo. Hasta que un día fui a comprar dos computadoras para un cliente, y hablé y les dije que yo trabajaría encantado aquí, más de 8 horas, 12 o 15 horas, ya que me apasiona, es mi mundo. El me dijo no creía, ya que todos los que trabajamos aquí estamos en el chômage, trabajamos gratis aquí. O sea una empresa creada por el chômage que tiene la careta de Empresa privada, que es una empresa satélite del chômage donde ocupa a todos los que son expertos en informática por una año, y entran a Realise que es esta empresa, tu pretendes entrar a trabajar a esta empresa y no puedes, tienes que estar en el chômage, hacer una contraprestación. Entonces obviamente si ellos pueden vender una computadora en 250 francos, ya que la maño de obra es gratis para esa empresa porque al chômage no le interesa perder plata en la venta de los productos. Como funciona eso a nivel de sociedad, conexión con los asesores del chômage? yo no tengo idea, pienso que hay corrupción, sino como te explicas que una empresa que es privada pueda solamente emplear a gente que la manda el seguro de desempleo, es una interrogante que tengo, quizás sea de otra forma la figura jurídica. Entonces el empleado me aconsejo que hable con el director, que seguramente me mandaría al diablo, pero de una forma diplomática y me diga espérese que entre al chômage y lo traemos para acá. Yo para entrar al chômage tengo que haber trabajado uno o dos años en lo que sea, puede ser limpieza, entrega de productos, etc. Entonces pienso que el que trata de integrarse a la larga 190 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 termina haciendo trampa, porque si no hace trampa no se integra al mercado laboral reducido, porque estar buscando un trabajo solamente por un año para entrar al chômage y recién ir hacer una contraprestación para mi es una trampa, encontrar un trabajo que te guste, que te apasione, y que tú quieras quedarte ahí, o tú quieras desarrollarte profesionalmente, no hay, no existe, es una utopía. Cuál ha sido su experiencia aquí? Mi experiencia aquí, ha sido negativa, totalmente frustrante, súper negativa. Para empezar cuando llegue yo no era suizo , yo me naturalice acá , la ley funciona diferente para mi , diferente porque el que no es suizo no tiene derecho al chômage por mas profesional que uno sea, yo tenía permiso B y la opción de inscribirme al chômage, pero lo máximo que me dieron fueron 3 o 4 meses de cursos de francés , que en algunos casos es más de lo que le dan a los suizos de retorno del extranjero entonces es una diferencia interesante, que los que entran con permiso b, los que no son suizos pero vienen casados con suizas , tienen más ventaja en cuanto al aprendizaje de la lengua, que los que son realmente suizos . Te dan más tiempo para estudiar, porque no tienes obligación, no te obligan con las leyes que tiene que cumplir un suizo de retorno del extranjero. Para hacer mi naturalización que entre paréntesis la podría haber hecho mucho antes, la empecé hace acá y se demoro 2 años, una vez que tuve mi naturalización me volví a reinscribir al chômage para gozar de los beneficios, entre comillas, pero tampoco me correspondía porque no he trabajado, es lo mismo que tenga permiso B, primero tengo que trabajar, es por eso que yo digo que es una trampa, si yo consigo trabajo con el único objetivo de entrar al chômage. Mi interés no es ese, seria tener un trabajo para progresar y subir profesionalmente, y no para quedarme ahí en la mediocridad, de tener que limpiar calles, barres hospitales, etc. Yo pienso que la gente que tiene Formación Académica, tiene derecho a una oportunidad, de alguna forma. Me he enterado que hay una Asociación que se preocupa de las mujeres profesionales que vienen de Latinoamérica, por lo menos para que te guíen y te den la gama de información, que en la Oficina de desempleo no tienen por qué darte a conocer, sabes por qué? porque ni siquiera los asesores saben eso, son unos simples administradores de gente, simples administradores de números. Son como los negreros portugueses que tiran 10 para acá, 10 para allá, 10 para este país, no quiero comparar ni decir que hay esclavitud, sino lo que estoy diciendo es que son administradores de personas. Su experiencia profesional aquí? No he tenido ninguna actividad laboral , máximo recoger a un niñito y traerlo a comer a mi casa, imagínate cómo puedo realizarme profesionalmente , por las noches, doy clases de francés a los ilegales en la Iglesia Católica, gratuitamente, que normalmente son latinoamericanos, como benévolo hace 4 años, uno va ahí porque quiere. En los cursos de francés que da el chômage yo le saque el jugo a la parte formación, más que otras personas yo me metí con la gramática, entonces entendí bien y lo puedo transmitir. Ahora los cursos que doy son a nivel básico, más avanzado no me atrevería a dar, es gente 191 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 que no sabe decir buenos días o el numero de su teléfono o presentarse, por lo menos te desarrolla la vocación de enseñar. Este trabajo lo conseguí a través una inmigrante italiana, no éramos compatibles, ni siquiera nos saludábamos, y una vez que charlamos me propuso, pero es un trabajo que no es un trabajo, es un hobby. Ahora yo continúo hacer dépanage de computadoras, ya que mapas no puedo hacer, ya que mi profesión es Ingeniero Geomensor, ya que en Europa está todo hecho, donde un geodesta no tiene nada más que hacer. Donde sí podría tal vez sería en la Universidad, poder transmitir eso a las personas, pero es lamentable ya que se te va pasando el tiempo con tantas trabas administrativas. Yo he buscado trabajo por Internet, por el periódico nunca, ya que todos los anuncios están otorgados, cuando mandas realmente tu curriculum a un trabajo que realmente te interesa, normalmente se van a presentar 100 personas con las mismas capacidades que uno, normalmente 50% va a tener más ventajas que uno, porque han sido formados acá, hablan 2 o 3 lenguas, tienen menos edad que uno. Entonces por cortesía te mandan una carta donde te dicen que lamentablemente no has sido elegido, entonces eso te va frustrando cada vez más. Inclusive con mi señora una vez nos hemos presentado en una empresa de limpieza, pero se asustaron al ver nuestros carnets suizos, y no nos llamaron jamás. 192 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N° 11: HUGO Fecha de llegada: 2002 Fecha de nacimiento: 1955 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Antes de venir a Suiza yo me presente a la embajada, donde me preguntaron por qué yo quería venir a Suiza, les dije que era importador de camiones de Europa y presente todos mis papeles y pasaportes donde yo había estado en Suiza, Suecia, y siempre todas las visas eran de negocios y también me dieron una visa de negocios para venir acá. Pudiendo decirme que al estar yo casado con una suiza, mi esposa y mis hijos eran suizos, que yo también tenía derechos y podía haber solicitado mi nacionalidad. Pero nunca dijeron nada., así que me vine como hombre de negocios. Cuando llegue a Suiza el año 2002, con un invierno fuerte, yo esperaba en el aeropuerto a un Suizo casado con una boliviana que tenía que recogerme y habíamos acordado que el me iba a dar un estudio compartido con 4 personas y yo tenía que pagar CHF 250 .-. Me encontré con la persona y me dijo que lo sentía mucho pero que no había el departamento y que no tenia donde vivir, me dijo que me iba llevar a un hotel en Francia o si quería quedarme aquí, todo dependía de mis economías, yo le dije que teníamos un trato y que yo tenía los 250 fr. que habíamos quedado, yo me moleste mucho, ya que no tenia adonde ir, hablo con su mujer, discutieron y me llevaron a su casa solo por esa noche. Realmente era muy pequeño el departamento, un estudio. No me indicaron absolutamente nada, que yo podía recibir desayuno gratis, ropa de vestir, ropa de invierno. Se fueron de madrugada y volvieron en la noche, yo estaba con una fiebre terrible, y así tuve que salir, no sabía qué hacer. Me dijeron que iba conocer una señora que trabaja en la Cruz Roja que era boliviana, lleva alimentos y ropa a Bolivia, ella te va orientar. Me quede fin de semana con ellos, fuimos a un local, donde vi. a mucha gente ilegal que tenía ganas de divertirse y olvidarse de sus problemas. Conocí a la presidenta de bolivianos, pero no logramos nada, pero por suerte conocí a la Sra. de la Cruz Roja, cuando hablamos y le conté que mi mujer era Suiza, me dijo que con el certificado de matrimonio yo podía arreglar mi situación. Conocí a una Colombiana que me llevo a la Armé de Salud, donde se paga 15 francos cada día y solo puedes estar 30 días, son unas cabañas, conocí a un pastor de la Cruz Roja que me ayudo mucho y pagaron por mi durante 4 meses, me renovaban el contrato cada mes. Nunca fui muy devoto, pero iba a la Iglesia todos los domingos, me daban casa y comida, compartía mi cuatro con un alcohólico o un drogado, la policía siempre me traía una persona a las 2 o 3 de la mañana. La Armé de Salud me presentó un abogado , chileno que me hizo los primeros papeles en Caritas, pidieron a la Confederación el registro de mi matrimonio, dijeron que tenía derechos y podía traer a mi familia, Caritas hizo lo posible, para pagarles el pasaje pero no pudieron 193 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 conseguir los fondos. Me sacaron de la Armé de Salud, me consiguieron donde vivir y me dieron 500 francos. Lo que ganaba trabajando se lo enviaba a mi familia y en navidad gané una rifa, era un canastón lleno que la empresa que enviaba dinero le entregaron en Bolivia a mi mujer. Mi asesora me dijo que busque un departamento hasta 1.000 francos, que no podía seguir viviendo con drogadictos…Yo necesitaba el permiso de séjour, que es un trámite muy lento, pero que después de mucho lo recibí y ahí pude trasladarme a un hotel, pero lamentablemente como yo no conocía, me fui a un Hotel de prostitutas en Paquis, ahí si que no dormía nada. Casualmente conocí a una amiga en Planpalais, yo siempre aðoraba a mi familia… ella era Boliviana pero vivía muchos años aquí, ella me prestó su apoyo en todo sentido, me sentía más útil, se llamaba Edith, ella me preguntó que dónde vivía y ella me ofreció por 800 francos una habitación en su casa, ella vivía con su hija en una casa de 7 piezas, me quedé en su casa 1 mes, Conocí a Rita que es Suiza de retorno, conocí también a su esposo e hijos, se portaron muy bien, me explicaron mis derechos y me orientaron bastante. Hablé con mi asistente y se vino mi familia, conseguimos un préstamo para los pasajes. El Hospice général pago el Hotel para mi familia, y después vivimos otros 2 años en el Salève, y nos daban los cursos de francés y la alimentación. Mis hijos entraron al Colegio, y lógicamente les costó el cambio, para el menor que llegó a los 9 años fue muy difícil, hasta ahora arrastramos las secuelas... Quise también irme a Zúrich ya que es el Cantón de la familia de mi esposa, pero no tuve ningún apoyo, ya que la familia de mi esposa no me ayudo. El abogado Chileno que me ayudó a hacer los papeles, me dijo que yo podía entrar al chômage, tener derecho a cursos de francés, a tener una vida normal, pagar mis impuestos, etc. Entonces me inscribí al chômage, yo quería integrarme, lamentablemente ellos no podían pagarme, ya que no tenía derecho ya que yo debía haber trabajado un año en Suiza y me dieron la formación del francés ya que para poder conseguir trabajo es fundamental hablar el idioma. Tenía que cumplir con las hojas de búsqueda de empleo por mes, me sentía presionado en cierta forma, pero viéndolo de otra manera era para mi futuro, por mi integración, para mi desarrollo. Yo he trabajado muchos años como chofer de flotas y vehículos grandes, y esa fue la primera formación que pedí al chômage , me presenté al Servicio del Automóvil, presenté mi permiso de conducir profesional , categoría C , de poids lourd, y me rechazaron, yo no me di cuenta, pero firmé un compromiso donde decía que yo renunciaba a mi categoría C profesional, para poder entrar al sistema de aprendizaje suizo y que pudieran darme un equivalente o un examen, me dijeron que debería firmar para poder dar un examen , pero fue un error, no tenia que firmar ese compromiso, me dijeron que tenía que presentarme en un año, cuando regresé al año yo le dije que me sentía capacitado, ya que podía defenderme con el francés, me dijeron que ahora yo tenía que entrar a una escuela y hacer la formación de pois-lourd, pero eso es muy caro, me pedían como 6.000 francos en la escuela. 194 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 La asistente social la cual es la misma desde que empecé, hasta el día de hoy, ahora ya es viejita, siempre me cerró las puertas en todo sentido. Me decía Sr. Hurtado usted es catastrófico, y me decía que no podían darme la formación, uno porque es muy caro y que no les correspondía, que no podían pagar una formación de esta magnitud. Yo se que han tenido formaciones mucho más caras, distintas, que han pagado. Toda mi vida he ido pidiéndole, pidiéndole y nunca me ha aceptado. Después me dijo muy bien tráigame cotizaciones de varias empresas y vamos a ver cuál es la más económica y vamos a pagar, cuando lleve 4 cotizaciones, me dijo que lo sentía mucho, pero no podían pagar. Entonces me rechazaron continuamente. Trabajé el año 2006 , el único y formalmente en Suiza , como chofer, librador y montador de muebles de oficina, conducía pequeños camiones, trabajé con la Aduana, demostré que tenia conocimiento de de trámites aduaneros, y eso me hacía sentir bien , la empresa se llamaba Forme y Fonction, al finalizar al año quede muy mal de la espalda y termine en la Clínica, los muebles eran muy pesados, que al final tuve que renunciar a ese trabajo, porque no podía continuar, era demasiado duro. Ese trabajo lo conseguí porque había una empresa que busca albañiles, obreros, etc., y ellos te consiguen trabajo y te cobran una comisión, se llama Interiman, me llevaron allá por experiencia en montar muebles, conductor, y quedaron muy satisfechos con mi trabajo que llamaron a Interiman y dijeron que yo les interesaba, que tenía muy buenas referencias y no querían perderme, yo ganaba muy bien, ganaba hasta 7.000 francos, mi contrato era por 4.500, pero como teníamos horas suplementarias , ya que siempre estaba dispuesto. Esta empresa instalaba todos los muebles a diferentes empresas, a Naciones Unidas, la Embajada, trabajábamos muy bien, pero al final tuve que retirarme. Después entre al chômage a por primera vez, ya que cumplía un año de trabajar en Suiza, que ellos me dan el 80% de mi último salario, estuve un año y medio en el chômage tratando de buscar algo, de integrarme en mi actividad, pero tampoco podían ayudarme, me propusieron que si tenía un contrato de trabajo ellos podían pagar la formación de 6.000, 8.000 lo que sea. Mande a muchas empresas mis papeles, una persona con mucha experiencia en camiones, podía trabajar gratuitamente hasta que vean mi capacidad , me ofrecí gratuitamente a trabajar, porque tenía un salario del 80% del chômage, y podía darme ese lujo de trabajar gratuitamente uno o dos meses., pero ni así me aceptaron, siempre me pedían el brevet. Entonces me ofrecieron un Empleo de Solidarité, ya que el chômage está formando gente para esos trabajos, donde ellos pagan el 50% de su salario y el chômage el otro 50%. . Actualmente estoy trabajando en Partage, como chofer librador, con un sueldo realmente muy bajo .ahora estoy entrando al tercer. año de trabajo en la empresa. Bueno, sigo acá, no puedo hacer mi formación, estoy más viejo, se me van los años, la gente no me recibe, no me dicen directamente pero yo me doy cuenta, porque las empresas tienen que pagar las prestaciones que son muy elevadas con relación a un joven, entonces obviamente ellos buscan sus intereses. Mi brevete lo estoy prácticamente posponiendo, dejándolo de una lado y hay muchas cosas que uno piensa, retornar al país, pero que haces allá, no tienes un futuro, no tienes aportes, acá por lo menos tienes una retraite mas civilizada, y al menos no te morirás de hambre, En mi país la situación está muy mala, y no podría volver a empezar, no puedo mirar atrás. 195 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 En la empresa Partage, que es una asociación de Alimentos, que recupera alimentos de Aligro, la COOP, Migros, etc, y distribuye a gente que no tiene que comer, es una obra muy interesante, pero vuelvo a estar con gente que cuando yo había llegado, y llevo la comida a lugares donde yo he comido cuando llegue.. Empecé a trabajar el 2008 y aun continuo con el mismo sistema de empleo de Solidarité, pero lamentablemente tuve una reunión la semana pasada y me dijeron que no podía continuar, y que tenía que buscar otro trabajo, ya que ellos trabajan con el chômage y hay otra gente que tiene que reinsertarse, me dijeron que como podía vivir con un sueldo tan bajo, y realmente estoy con ayuda social porque no me da. Para hacer el brevet actualmente necesito 11.000 francos, Partage me ha dado cursos de francés, he sido formado como “Carista”, una formación de 3.500 francos que han pagado a todos los empleados. Una vez he mandado una carta a Ikea cuando vivía en el Salève, porque para ellos hay prioridad para la gente que habita el quartier, he recibido recién una carta invitándome a presentarme, inmediatamente he enviado mis papeles y me pedían el brevete de “carista”, y le dije que no tenia, también lo sintieron. Mi asesora del chômage, María Pia France fue la persona que me envió al trabajo de transporte, ella me dijo si lo aceptaba o no, no era su problema, porque yo ya no tendría más chômage y me quedaría en la calle. Para mí era interesante así que lo acepté. 196 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 ENTRETIEN N° 12: FANY Fecha de llegada: 2004 Fecha de nacimiento: marzo, 1960 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Cuando yo llegué a Ginebra el año 2004, yo venía con muchas esperanzas de establecerme y encontrar un buen trabajo. Dónde trabajaba en Bolivia? En Bolivia, yo trabajé en una ONG durante 21 años como Administradora y encargada de Proyectos. También remplace la gerencia durante varios periodos, también realicé la planificación financiera, la gestión de fondos y la preparación de informes financieros por muchos proyectos financiados por la cooperación internacional. A pesar del problema económico del país, nosotros teníamos un trabajo estable y un buen avenir. Independientemente, nosotros tuvimos que dejar el país por problemas de inseguridad. Aquí, en primer lugar yo me inscribí al chômage. Ya que como Suizos de retorno del extranjero, yo tenía la posibilidad de una reinserción profesional. Lamentablemente yo no hablaba francés, es por eso que pase los primeros meses aprendiendo la lengua y tratando de pasar los obstáculos culturales. De hecho el más grande desafío para los extranjeros es: el aprendizaje de una nueva lengua, adaptación rápida a las costumbres y tradiciones. Durante el segundo año, pase a Mesuras cantonales y pude trabajar en una Fundación que se llama Trasport Handicap, ellos se ocupan de personas mayores, como por ejemplo, acompañarlas al médico, hacer sus compras, ir al hospital, etc. Para mí ha sido realmente una actividad gratificante, pero totalmente diferente a mi trabajo. El problema que yo veo es que nos mandan a trabajar a entidades, donde no existe ni la mas minima posibilidad de seguir trabajando después, quiero decir que no hay plazas y uno no puede esperar tener un contrato. Para mis esos son puestos solo para mantener a la gente ocupada. Por consecuencia. Comenzamos a distanciarnos de nuestras aspiraciones El tercer año yo volví al chômage, allá yo me di cuenta que los consejeros hacen sólo trabajo de cajeros y administradores, yo sentí que ellos eran extremadamente celosos de sus trabajos. Yo sentí que para ellos, nosotros no somos nada, que todo lo que nosotros hemos aprendido y todo lo que hemos obtenido dentro el medio profesional no sirve para nada. Por ejemplo, una vez yo postule para un trabajo en la administración en la Ville de Ginebra, como gestionaria administrativa, yo envíe mi curriculum, y recibí una respuesta positiva, que mi candidatura había sido retenida y me citarían para una entrevista. En el momento yo me sentía muy contenta, la semana posterior yo recibí otra carta que decía que mi perfil no correspondía. 197 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 En mi cita yo le mostré a mi consejera y le pregunte, porque yo no había tenido suerte, ella me dijo que ¿cómo yo podía enviar mi curriculum para un puesto nivel 12 como el de ella?. Después ella me ha preguntado; es que usted conoce las leyes sociales suizas? ¿es que usted sabe las leyes de salarios?, etc. Yo le dije que lo sentía, que yo no sabía absolutamente de niveles, pero si de leyes y que lo que ellos demandaban en la descripción correspondía a mis competencias básicas. Después de este altercado, ella se enojo conmigo y nuestra relación se rompió. Después de eso, yo tenía la posibilidad de trabajo en la OMS, el gerente de la ONG donde yo trabajaba me recomendó, así, yo hable con la persona indicada y ella me dijo que mi curriculum correspondía al puesto, pero que tenía que hablar inglés. Lamentablemente mi consejera me rechazo hacer cursos de inglés y me envío hacer un curso de búsqueda de empleo. Personalmente yo pienso que eso es una pérdida de tiempo. Muchos profesionales de origen suizo que llegan a Suiza, pero están fuera de la Unión europea, que con la emigración pierden la fuerza del trabajo calificado, son posiblemente un precioso recurso que sin ninguna duda Suiza no aprovecha y crea la discriminación laboral y baja el valor de la calificaciones, porque según yo hay muchos empleadores e instituciones suizas que subestiman la formación y experiencia profesional de estas personas, esto engendrando que el reconocimiento de diplomas sea sin una coordinación y subjetiva . Un estudio de la Universidad de Neuchatel indica que para poder acceder a un puesto de trabajo, la nacionalidad no es todo lo que cuenta. Una persona con un pasaporte suizo, pero con un apellido extranjero, tiene la misma dificultad que cualquier extranjero que dispone únicamente de u permiso B. Personalmente yo pienso que esta situación de va poniendo poco a poco depresivo, uno comienza a sentirse desvalorizado, sobre todo que uno no encuentra la posibilidad de mostrar sus conocimientos y sus competencias. Y es bien sabido que los estudios en América Latina son tan buenos como en Suiza. Durante el año 2009, yo trabaje en un nuevo periódico en Ginebra, editado en francés y español, Yo me sentí verdaderamente bien, porque pude aportar mis conocimientos y particularmente uno siente de lo que es capaz de hacer. Lamentablemente esta actividad no tenía futuro para mí, porque dependía de financiamiento (Lotería Nacional, Villa de Ginebra) y no siguió adelante. Ahora estoy en el RMCAS que trabaja en relación con Mesuras Cantonales, yo hago actualmente un curso en SwissNova que es una sociedad de servicios de recursos humanos y tienen un programa de retorno al empleo rápido y ellos se apoyan en una red de profesionales y con empresas intermediarias de trabajo en la región Con ellos yo me siento muy bien, en especial con mi asesor, el me levanta la moral, dice que con mi experiencia él va hacer mi propio marketing para que yo trabaje independientemente. Sobre todo porque él ha visto mis búsquedas de empleo donde yo busco siempre trabajo como ayuda contable, y él dice que yo debería tener mis ayudas contables, según el yo soy una star y yo sé que no soy nada, y yo me pregunto, si yo encuentro ahora algún trabajo es que yo seré capaz de hacerlo?. El problema es que después de mi cita yo vuelvo a la rutina que me hace ver la realidad. 198 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Cuando yo llegue a Suiza yo pensé que era normal estar en el Hospicio general o en el chômage, para mí era parte del programa para suizos de retorno de extranjero, pero después yo me di cuenta que eso desvaloriza a la gente y que verdaderamente es muy difícil salir. 199 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 13: SARA Fecha de llegada: 2001 Fecha de nacimiento: 1952 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Llegué hace 10 años, al principio fue difícil, por la lengua, también por la edad, yo llegue y tenía 48 años, adaptarse a la lengua, a los hábitos de país, es muy difícil. Porque es un país que tiene costumbres muy diferentes a las nuestras. Empecé a trabajar casi inmediatamente por contacto, a través de una tía, que me consiguió trabajo como femme de menage y ocuparme de unos viejitos, ellos hablaban también español y fueron ellos que me enseñaron un poco de francés, hasta que llegaron mis papeles , cuando yo llegué no tenia papeles , tardaron un año en darme el permiso B y me inscribí inmediatamente, después me dieron 3 semanas de cursos porque no tenía derecho al chômage. El Hospice géneral me envío a trabajar un tiempo como serveuse en un tea- room, ahí conocí más gente y me animé a hablar un poco más de francés, De ahí trabajé en una estaciñn de servicio y cuando mi patrñn me despidiñ me inscribì al “chômage” por 2 aðos , me dieron cursos de francés, de escritura y conversación, cursos de informática, cursos para hacer mi CV. El trabajo en la estación de Servicio lo conseguí a través de una colombiana que era conocida de mi hija, estuve 2 años en el chômage y cuando se estaba por terminar me enviaron a trabajar a la Cruz Roja para que trabaje un año en Mesuras Cantonales. Cuando termine mi trabajo al año en la Cruz Roja, nuevamente me reinscribí al chômage, yo estaba muy deprimida porque no conseguía trabajo y otra vez por una amiga de mi hija Nancy, que su marido trabaja en una casa que hace relojes, justamente precisaban una persona, y querían que sea una persona mayor, ya que estaban cansados de las jovencitas que quedaran embarazadas, aprenden el trabajo y se van. Entonces preguntaron si alguien conocía una persona mayor, Entonces este muchacho le preguntó a mi hija y así encontré este trabajo, hace 3 años, yo calibro los diamantes, los mido. Nunca me dieron una formación pero tengo contrato fijo. Que hacía antes de venir aquí? Los últimos 10 años yo estuve como ama de casa, pero antes trabajé de todo, vendedora, secretaria, en usinas, de todo, los 10 últimos años me dediqué a mis hijas y a mi casa. Lo mismo mi ex marido instaló una pequeña empresa de televisión y el me enseño a hacer las soldaduras, calibrar una radio, las resistencias, así que también se hacer eso. Usted tiene la nacionalidad? Sí, tengo la nacionalidad la tengo por mi mamá, ella es suiza, ella nació aquí y al igual que toda su familia, mis abuelos, etc. Porque tardaron en darme el permiso B?, no entiendo, es una ley aquí, las personas que vienen después de los 32 años, como yo por ejemplo que tenía derecho porque mi mamá es Suiza, pero yo vine después de los 32, tenía que esperar un año a que me den el permiso B, 200 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 estar 3 años con ese permiso B para después solicitar la nacionalidad, que es una nacionalidad por sangre. Cuando llegó mi hija, yo todavía no tenía mi nacionalidad, entonces ella no tenía derecho a tener permiso B, ella estuvo un año sin permiso. Cuando salió mi nacionalidad, salió el permiso de mi hija, salió todo, Cuál cree que es el rol del estado, del chômage en su proceso de reinserción profesional?. Ninguna, lo que si me sirvió, es que yo pagué mi curso de francés de 3 semanas, porque no podía pagar más, el chômage me pagó 6 meses de cursos de francés intensivos, y eso me sirvió porque yo pude aprender y no era yo que pagaba. Lo que si me sirvió es que como yo tenía más de 50 años y se estaba acabando, Mesuras Cantonales me reintegraron para no dejarme sin nada, así tenía derecho à volverme a inscribir al chômage que yo no sé qué pasa después esos 2 años de contrato, justo cuando yo me reinscribí, yo conseguí este trabajo. Empezó directamente con puesto fijo? Si tuve mi contrato fijo, me tomaron una prueba, quedaron contentos y al mes ya tenía mi contrato fijo. Y en el chômage alguna vez le ofrecieron algo, o usted tenia aspiración de hacer una formación? Yo quería hacer la formación para tener la patente de Cafetería, para abrir un “tea-room”, me pusieron muchas trabas, que era muy caro, no sabían si yo lo iba a hacer, me pusieron muchas trabas. Solo me dieron cursos de francés e informática, la base. Todos los trabajos que he conseguido ha sido a través de amistades, pienso que eso es lo que más mueve aquí. Si uno viene como yo es difícil encontrar un trabajo solo, ya que piden experiencia, diplomas, entonces hay que empezar como todo el mundo de abajo, solo si uno es médico o abogado o algo así que hace validar su titulo, yo pienso eso. Está contenta con su trabajo? Estoy bien, el trabajo me gusta, pero quisiera progresar, pero me ponen muchas trabas, tengo 58 aðos, soy vieja, quisiera hacer “sertissage” no hay nadie que me pueda enseðar, me gustaría para saber, es muy interesante. 201 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 ENTRETIEN N° 14: JAIME Fecha de llegada: 2002 Fecha de nacimiento: 1958 Cuénteme cuál ha sido su recorrido migratorio, todas las cosas que ha hecho para integrarse y para buscar un empleo Llegamos en junio 2002, y como todo el mundo, buscando un lugar para vivir. Se nos presentó el problema de la lengua y hacer papeles. Poco a poco nos abrimos el camino, la primera barrera es el idioma y después papeles y después buscar trabajo Ustedes llegaron con permiso o pasaporte? Con nada, sólo pasaporte latinoamericano, nuestros orígenes son de acá, de Suiza, eso facilita un poco la cuestión de hacer papeles, permiso de sejour, todo eso. Y este, bueno, o sea, se facilita un poco porque para darnos permiso de sejour tardaron 6 meses y para la nacionalidad otros 6 meses. Entre ese año y medio que uno busca trabajo, yo trabajé a partir de los 6 meses de haber llegado, encontré un trabajo de chofer para un espaðol, pero el me explotaba, como los papeles que tenia eran provisorios… Cuando me dieron el permiso B, hice varios trabajos de limpieza, de un lado a otro, hasta tener un poquito más el idioma, hasta instalarnos. Hasta que encontré un trabajo fijo en un laboratorio de Conserje a través de un aviso en el diario. Eso fue en el 2004, yo había adquirido experiencia en limpieza y de conserje. Cómo aprendió a hablar francés? De la calle un poquito, después me dieron un curso de 1 mes y medio, dos veces por semana, creo que 3 horas, y fue el “Hospice” que me lo dio. Después en los últimos aðos la misma empresa ofrecía cursos de inglés, francés y yo aproveche. Usted estuvo en el chômage? Después que trabaje de chofer, yo trabaje 9 meses, fui al chômage, pero no tenía antigüedad suficiente, necesitaba un año de aporte. Cuando yo trabajé con el español era trabajo declarado, yo trabajaba de lunes a lunes y ganaba 3.000 francos, después que me quede sin ese trabajo, por suerte mi señora trabajaba y pudimos sobrevivir con eso, pero un salario de 3.000 fr. es poco, teníamos deudas también. Después, cuántos meses estuvo sin trabajar? Estuve unos dos meses, pero haciendo limpieza, 2 horas en la mañana, 2 horas en la tarde, todo lo que me salía. Yo aprendí el francés realmente en la calle, y después con los cursos que me dieron en el trabajo, ahora no lo hablo perfectamente, pero con el trabajo es más fácil. 202 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 Qué hacía en la Argentina? En la Argentina trabajé durante 18 años en un Banco, después en un banco de España, el banco se fue con la cuestión de la crisis, para colmo yo tenía 36 años, entonces con mi señora pusimos un lavadero, y estuvimos con eso hasta el 2000, y después el lavadero también nos fue mal, y yo hice de todo, taxista, era un trabajo privado, y después de eso nos vinimos aquí. En el banco en la Argentina era jefe, fui ascendiendo, pero con la crisis fueron reduciendo personal, así que no pudimos conseguir otro trabajo. Aquí trate de conseguir un trabajo en el banco, pero el idioma siempre fue una traba, así que hicimos todo para sobrevivir, y haciendo lo que se pudiera. Para el trabajo que tengo vi. el anuncio en el GHI, y mandé mis papeles, me hicieron una entrevista y quede, trabajo ahí 7 años, y vivo en Ginebra 9 años. Cuáles fueron los factores que lo ayudaron a encontrar trabajo? Yo creo que suerte, si porque un poco que estábamos forzados por el idioma, al hablar un poco francés, teníamos más posibilidades de encontrar algo, y de ahí como siempre como en todas partes del mundo, suerte, puedes ser muy capacitado pero si no tienes un amigo, un conocido, que te impulse un poquito , es más difícil, es universal. Nunca hay que bajar los brazos, con mi señora siempre hemos tratado de salir adelante, con la edad que hemos venido con una familia armada y no es fácil, otra cosa es una parejita, que necesita espacio para dormir, y no todo el mundo comprende la situación, si uno está solo puede ir a la casa de alguien e instalarse mucho tiempo, y los chicos que quisieron venir con nosotros, aunque nos cuestionaban el porqué, todo lo hicimos lo dejamos para que ellos tengan algo, nosotros nos bajamos del caballo, para que ellos suban. Se siente satisfecho con su trabajo? Si estoy satisfecho, hubo algunos cambios, hay nuevos dueños ahora y son más duros, pero estoy conforme con mis horarios, vacaciones, etc. A esta altura prefiero estar como estoy, dentro de lo que yo sé hacer, es algo que ya conozco, la gente me conoce, y tengo 51 años, ya no pretendo nada, ya con estar bien y que los chicos estén bien, me contento. 203