Les omoplates gravées d`Altamira : contexte archéologique et

Transcripción

Les omoplates gravées d`Altamira : contexte archéologique et
L'arl pléistocime dans le monde / Pleistocene arl 01 the world / Arle pleistoceno en el mundo
Actes du Congrés llrao, Tarascon -sur-Ariége, septembre 2010
Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée
découverte a Altamira
Carmen de las HERAS, José Antonio LASHERAS, Pedro RASINES,
Ramón MONTES, Pilar FATÁS, Alfredo PRADA, Emilio MUÑOZ
Cet article concerne une omoplate de cerf
présentant une tete de biche gravée , découverte au
cours des fouilles archéologiques actuellement réalisées
a I'extérieur de la grotte d'Altamira . L'intéret de sa
chronologie réside dans la similitude de ces gravures
avec d'autres, pariétales, réalisées sur le meme theme et
selon les memes technique et style, auxquelles la me me
datation peut etre attribuée et qui sont présentes sur le
meme territoire.
En 2008/09, des fouilles ont été réalisées
á I'extérieur de la grotte pour localiser les niveaux
paléolithiques susceptibles de se trou ver ensevelis sous
le grand éboulement qui détruisit la partie externe de la
grotte, il y a quelques 13 000 ans . Un unique niveau
archéologique fut découvert et c'est la qu'est apparue
une nouvelle omoplate gravée de biches. Cent ans aprés
la découverte d'Alcalde del Río, on obtenait enfin une
référence de la position stratigraphique de ces objets á
Altamira .
Historique
En 1902, Cartailhac et Breuil , découvrent dans
la grotte d'Altamira des figures de biches, toutes gravées
selon la meme technique du trait multiple et d'aspect ou
de style similaires. Un an plus tard , Alcalde del Rio trouve,
dans le gisement archéologique, sept omoplates gravées
de biches similaires a celles découvertes précédemment
sur les parois.
Le meme Alcalde del Río aperyoit également, sur
les parois de la grotte du Castillo, des biches analogues
a celles d'Altamira . En 1911, Obermaier, découvre
330moplates gravées dans le niveau magdalénien du
Castillo. En 1977, un nouvel exemplaire est découvert dans
la grotte de El Cierro, puis divers fragments d'omoplates
gravées le furent dans la grotte de El Mirón.
Dans I'art pariétal , les parallélismes, dans plusieurs
grottes du nord de I'Espagne , mettent en évidence
d'indubitables liens culturels et chronologiques entre ces
sites, propres a une époque et un es pace communs .
Les omoplates gravées : contexte archéologique
et problématique chronologíque
Les omoplates gravées permettaient de faire le
lien entre leur position stratigraphique et la chronologie
des figures pariétales semblables. Toutes les omoplates
gravées proviennent des niveaux du Magdalénien inférieur,
bien que celles d'Altamira aient initialement été attribuées
au Solutréen par Alcalde del Río. Aprés sa trouvaille,
aucu ne autre omoplate gravée n'a été découverte a
Altamira jusqu'en 2009 .
La date obtenue par datation directe de I'omoplate
est la deuxiéme pour ce type d'objets. Jusqu'alors, le seul
objet daté était une autre omoplate appartenant á la série
découverte par Alcalde del Río, toujours a Altamira, dont
la datation de 14480 ± 250 BP I'attribuait au Magdalénien
inférieur. La découverte de 2009 est, elle, datée de 14 830
± 60 BP, soit une date proche de la précédente et de celle
de 14 910± 60 BP obtenue au contactentre le niveau 1 et 2
de la stratigraphie intérieure. Ces dates donnent un cad re
chronologique restreint pour les omoplates d'Altamira,
que I'on ne peut étendre - du moins provisoirement - á
I'ensemble des omoplates décorées d'autres sites, datées
par le niveau archéologique ou elles ont été découvertes.
Le niveau magdalénien récemment découvert a I'extérieur
a fourni trois dates qui le situent dans une fourchette
d'environ 15300-15700 BP, compatible avec les
niveaux 2 a 4 conservés a I'intérieur de la grotte.
11 ne peut etre fait que peu de comparaisons
chronologiques avec les autres omoplates : celles de El
Juyo sont du niveau 8, non daté, bien que pour le niveau 7,
I'on posséde une date de 14440 ± 180 BP. Quatre dates
ont été obtenues pour le niveau 17 d'EI Mirón, mais celle
de 15 700 est la plus proche du tronyon ou a été trouvée
I'omoplate. Les dates du niveau 17 de El Mirón et du
niveau magdalénien d'Altamira ci té sont trés voisines .
Les deux omoplates d'Altamira olfrent des dates
similaires entre elles. Le décalage entre les datations
provenant des omoplates elles-memes et celles obtenues
pour le contexte stratigraphique ou elles furent découvertes
est évidenl. Cet état de fait laisse ouvertes deux voies
d'interprétation :
270
L'art mobilier pléistocéne
1) Les datations directes des omoplates á trait multiple sont
le témoignage le plus fiable et reflétent leur chronologie
précise, entre 14200---14900 BP enviran (17 300---17 950
cal BP enviran). La présence des omoplates dans des
contextes archéologiques plus anciens pourrait s'expliquer
comme un phénoméne d'intromission stratigraphique
ou d'enterrement anthrapique délibéré. Les versions
pariétales seraient alors contemporaines de la réalisation
des Polychromes.
2) Les omoplates ornées de biches ont leur prapre
cadre chranologique identique á celui de leur niveau
o
archéologique. Dans ce cas, les gravures -pariétales et
sur omoplates- auraient été exécutées au cours de la plus
grande partie du Magdalénien inférieur, d'environ 14 200 á
15900 BP (17 300---19 000 cal BP environ).
Pour finir, les localisations de gravures de tetes
de biches a traits multiples et autres manifestations
artistiques mobiliéres et pariétales dans la partie centrale
de la Corniche cantabrique au cours du Magdalénien
inférieur pourraient etre des marqueurs de I'identité d'un
graupe ou de leur mobilité sur un territoire concret, au
cours d'un intervalle chronologique précis.
3cl"1
Figure. Dessin des gravures de la nouvelle omoplate gravée. (© Museo de Altamira.)
~
AM03-09 Heras et al
Article intégral sur CD, p. 1571-1588,
20 fig ., 3 tabl. , 2 graph .
271
CLOTTES J. (dir.) 2012. — L’art pléistocène dans le monde / Pleistocene art of the world / Arte pleistoceno en el mundo
Actes du Congrès IFRAO, Tarascon-sur-Ariège, septembre 2010 – Symposium « Art mobilier pléistocène »
Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate
gravée découverte à Altamira
Carmen de las HERAS, José Antonio LASHERAS, Pedro RASINES,
Ramón MONTES, Pilar FATÁS, Alfredo PRADA, Emilio MUÑOZ*
Résumé
Cet article concerne une omoplate de cerf présentant une tête de biche gravée, découverte au cours
des actuelles fouilles archéologiques réalisées à l’extérieur de la grotte d’Altamira. Cette omoplate a
été datée directement grâce au radiocarbone.
Les omoplates gravées au trait multiple représentant des têtes de biche sont caractéristiques d’un
cadre spatial et temporel limité à la zone centrale de la côte nord de l’Espagne et au Magdalénien
inférieur cantabrique, bien que leur intervalle chronologique concret puisse encore être un motif de
discussion.
L’intérêt que présente la connaissance de leur chronologie réside dans la similitude de ces gravures
avec d’autres, pariétales, réalisées sur le même thème et selon les mêmes technique et style,
auxquelles la même datation peut être attribuée et qui se trouvent présentes sur le même territoire.
Mots clé : grotte d’Altamira ; Magdalénien inférieur ; art mobilier ; biches.
Historique
En 1902, Émile Cartailhac et Henri Breuil, sont venus à Santillana del Mar pour
étudier la grotte d’Altamira, une fois reconnues officiellement son antiquité et son
originalité. Ils ont découvert des figures de biches, représentant pour la plupart des
têtes, gravées selon la même technique du trait multiple et arborant toutes un aspect
ou un style similaire. Ces figures se situent tant sur le Plafond des polychromes, près
de l’embouchure, que sur les parois d’autres portions de la grotte. Au bout de la
galerie la plus profonde, à la limite de l’accessibilité, se trouve un panneau sur lequel
on peut observer un ensemble de diverses têtes juxtaposées, ultime manifestation
artistique.
Peu après, dès 1903, Hermilio Alcalde del Río, peintre et directeur de l’École des
Arts et Métiers de Torrelavega (ville voisine de Santillana del Mar), commence à
étudier l’art de la grotte d’Altamira et à réaliser des fouilles sur le site archéologique.
Il y trouve sept omoplates de cerfs gravées avec des traits enchevêtrés et des biches
(fig. 1-7), similaires à celles découvertes précédemment sur les parois et sur le
* Museo Nacional y Centro de Investigación de Altamira 39330 Santillana del Mar, Cantabrie, Espagne
– [email protected]
Symposium Art mobilier
plafond de la grotte. En 1906, il publia quatre d'entre elles, trois dans sa propre
publication (fig. 1-2 et 4), et une autre dans le chapitre inclus dans la Monographie
de Cartailhac et Breuil sur la grotte d'Altamira, également de 1906 (fig. 3). Celle qui
apparaît sur la figure 4 est la plus connue et présente les canons artistiques et des
conventions standardisées de la représentation du pelage, des oreilles et de l’œil. On
ignore où se trouvent actuellement les objets 1 à 3. Les omoplates correspondant
aux figures 5 à 7 sont ensuite rendues célèbres par I. Barandiarán dans son étude
de l’art mobilier cantabrique (1972, p. 69-70). Données par Alcalde del Río au Musée
d’Altamira, elles correspondent probablement à celles qui n’avaient pas été rendues
publiques en 1906, car selon ses propres dires : « Provenant de ce même site, j’en
possède d’autres de style analogue mais leur reproduction est difficile. » (1906,
p. 32).
Fig. 1
Fig. 2
Fig. 3
Fig. 1-3. Omoplates gravées de la grotte d’Altamira de la collection Alcalde del Río (actuellement disparues).
CD-1572
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
Fig. 4. Omoplate gravée de la grotte d’Altamira de la collection Alcalde del Río (actuellement conservée au
Musée d’Altamira). (© Cliché P. Saura pour Museo de Altamira.)
Fig. 5
Fig. 6
CD-1573
Symposium Art mobilier
Fig. 7
Fig. 5-7. Omoplates gravées de la grotte d’Altamira de la collection Alcalde del Río (actuellement conservées au
Musée d’Altamira). (© Museo de Altamira.)
C’est Alcalde del Río qui découvre également la grotte d’El Castillo (Puente
Viesgo, Cantabrie), en 1903. Sur ses parois, on peut voir des biches gravées (fig. 12)
comme à Altamira, ce qui, pour lui, constitue la preuve sans équivoque de contacts
entre ces sites au cours de la Préhistoire : « L’on observera, après bref examen de
toutes ces figures, qu’elles ont été exécutées selon la même technique, car elles ont
en commun les mêmes caractéristiques et accentuations ; il n’y a donc rien de
surprenant à ce que les exemples que nous traitons ici puissent être attribués à un
même artiste ou à une même école d’apprentissage, ce qui prouve […] que les deux
localités vécurent une période de relations directes » (Alcalde del Río 1906, p. 69)
Quelques années plus tard, en 1911, H. Obermaier, lors des fouilles menées sur le
vaste site archéologique de cette grotte, découvre 33 omoplates gravées dans le
niveau qu’il dénomme Magdalénien beta et qui correspond au niveau 8 de la révision
de V. Cabrera (1984). Malgré le grand intérêt que présentent ces pièces singulières,
elles restent ainsi inédites jusqu’à l’étude réalisée par Almagro Basch en 1976
(fig. 8).
Fig. 8. Omoplate gravée du niveau magdalénien de la grotte d’El Castillo. (© Cliché P. Saura pour Museo de
Altamira.)
Pendant de nombreuses années, les omoplates gravées représentant des biches
semblent être l’exclusivité d’El Castillo et d’Altamira. En 1974, durant la fouille de la
grotte du Rascaño (Miera, Cantabria) (González-Echegaray & Barandiarán 1981), il
est apparu, hors contexte archéologique, une omoplate sur laquelle l‘arrière-train
d’un quadrupède avait été gravé, un cerf peut-être, avec la représentation du poil du
ventre faite de traits multiples (fig. 9). Peu après, en 1977, un nouvel exemplaire fut
CD-1574
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
découvert dans la grotte asturienne d’El Cierro (Ribadesella, Asturies) dans le niveau
Magdalénien inférieur (Gómez Fuentes & Bécares 1977) (fig. 10). Elle portait la
représentation d’une biche gravée avec les caractéristiques déjà citées. Des
fragments de diverses omoplates gravées avec de multiples traits non figuratifs sont
en effet identifiées dans les années 90 dans le niveau 8 (Magdalénien inférieur) de la
grotte d’El Juyo (Camargo, Cantabrie). En 2000, pendant la révision des matériaux
fauniques de la grotte du Pendo (Camargo, Cantabrie), les fouilles de J. Martinez
Santa-Olalla (1953-1957) mirent au jour deux nouvelles omoplates hors contexte
stratigraphique. L’une était gravée de l’arrière-train d’un quadrupède, l’autre d’une
tête de biche (Montes & Muñoz, 2001). L’avant-dernière découverte fut celle de la
grotte du Mirón (Ramales, Cantabrie), où dans le niveau 17 sont apparus plusieurs
fragments d’omoplates gravées, l’une d’elles ornée d’une magnifique représentation
de tête de biche (fig. 11) (González Morales et al. 2006).
a
b
Fig. 9. Omoplate gravée de la grotte du Rascaño. (© Museo de Altamira.)
a
Fig. 10. Omoplate gravée de la grotte du Cierro : a. détail ; b. vue générale. (© Museo de Altamira.)
Dans l’art pariétal, des comparaisons avec les biches gravées dans les grottes de
Llonín (Asturies) et El Castillo (fig. 12), Altamira (fig. 13), Las Aguas (fig. 14), La
Garma et Cobrante (ces dernières en Cantabrie) mettent en évidence d’indubitables
liens culturels et chronologiques entre tous ces sites, propres à une époque et à un
espace communs. Dans d’autres grottes cantabriques, la gravure à trait multiple est
également employée, comme pour les deux chamois et le cerf bramant de la grotte
CD-1575
b
Symposium Art mobilier
de San Román de Candamo, qui arborent la représentation caractéristique du pelage
au niveau de la face et du cou, pour un cerf de la grotte d’El Buxu ou encore pour
d’autres figures identifiées à Les Pedroses ou Tito Bustillo (toutes situées dans les
Asturies). On trouve aussi ce type de gravures sur certaines figures de la galerie B
de La Pasiega ou dans la grotte de Los Emboscados (toutes deux en Cantabrie)
(fig. 15).
Fig. 11. Omoplate n° 1 de la grotte du Mirón. (© Cliché et dessin in González Morales & Straus 2009.)
Fig. 12. Tête de biche gravée sur une paroi de la grotte du Castillo.
CD-1576
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
Fig. 13. Biche gravée sur la paroi de la grotte d’Altamira. Le trait noir, au-dessous de la gravure, a été daté
au 14C de 14 650 ± 140 BP (GifA-96059).
Fig. 14. Biche gravée dans la grotte de Las Aguas. (© Museo de Altamira.)
CD-1577
Symposium Art mobilier
Fig. 15. Plan de situation des sites cantabriques présentant des figures à trait multiple : 1. San Román de
Candamo ; 2. Les Pedroses ; 3. El Cierro ; 4. Tito Bustillo ; 5. Llonín ; 6. Las Aguas ; 7. Altamira ; 8. El Castillo ;
9. La Pasiega ; 10. El Juyo ; 11. El Pendo ; 12. La Garma ; 13. Rascaño ; 14. Emboscados ; 15. Cobrante ;
16. El Mirón. (© Museo de Altamira.).
La caractéristique commune à ce type de représentations et qui les singularise est
la façon de dessiner le pelage pour reproduire de façon réaliste son aspect naturel.
Pour les cerfs et les biches, le poil est plus clair au niveau de la face, sur la partie
correspondant au maxillaire inférieur, et sur la partie avant du cou, celle de la gorge
et de la trachée, tandis que le pelage est plus foncé sur le front et sur la partie arrière
du cou, qui correspond à l’encolure. Cette différence de couleur est représentée de
façon normalisée par la gravure d’une multitude de petites lignes fines partant de la
base du cou, juste au devant et au-dessus du sternum, et allant jusqu’à l’une des
oreilles, et d’autres, transversales, remplissant la face depuis la mâchoire jusqu’à la
bouche. La confluence de ces deux faisceaux de hachures délimite une ligne
verticale coïncidant avec le masséter et permet la reproduction de l’orientation
différente du poil, et ce avec une grande fidélité par rapport au modèle vivant.
Tant sur les omoplates que sur les gravures pariétales, l’œil est bien détaillé et
porte la marque du canal lacrymal des femelles (ou la glande lacrymale des mâles, si
notable pendant le rut). La réduction corporelle à la tête et au cou ne peut s’expliquer
comme étant le résultat du conditionnant forcé que constituent la forme et la taille du
support ; il s’agit d’un choix délibéré qui se répète systématiquement dans l’art
pariétal et dans l’art mobilier sans que le support ne justifie cette abstraction. En
effet, tant à El Castillo qu’à Altamira, on a retrouvé quelques gravures de biches
entières sur omoplate, de même que parmi les représentations pariétales. Le cerf
gravé de la grotte de La Peña (Candamo, Asturies), le grand cerf gravé du plafond
des polychromes et d’autres sur différents panneaux d’Altamira, d’autres cerfs mâles
gravés trouvés dans différentes cavernes pourraient bien être dotés de la même
valeur symbolique que ces biches ou en constituer le complément.
Les omoplates gravées d’Altamira : contexte archéologique
et problématique chronologique
Les omoplates gravées provenant de contextes archéologiques contrôlés sont
apparues dans les niveaux du Magdalénien inférieur, alors que celles d’Altamira ont
initialement été attribuées au Solutréen par H. Alcalde del Río, ce qui a donné lieu à
quelque doute quant à leur chronologie. Comme c’est le cas pour d’autres fouilles
CD-1578
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
anciennes, leurs références spatiales et stratigraphiques sont aussi peu nombreuses
qu’imprécises. On assimile la zone principale de ses fouilles à la tranchée qui
traverse actuellement le vestibule de la grotte dans le sens est-ouest, fermée à sa
base par les grands blocs qui l’empêchèrent de continuer à approfondir ses
recherches. Il identifia deux niveaux archéologiques, l’un d’époque magdalénienne et
l’autre d’époque solutréenne, présentant des différences marquées sur le plan de la
sédimentologie et dans l’aspect du travail lithique et osseux de chacun de ces
niveaux (Alcalde del Río 1906). Cela dit, le chercheur lui-même ne manqua pas de
souligner que le dépôt archéologique se trouvait situé entre les espaces vides qui
séparaient les blocs éboulés avant l’occupation humaine (Alcalde del Río, in
Cartailhac & Breuil 1906, p. 258), d’où la difficulté de réaliser des fouilles dans ces
conditions. Il indiqua aussi que les omoplates provenaient de la couche supérieure
du niveau inférieur, en contact direct avec les pointes solutréennes typiques (Alcalde
del Río, dans Cartailhac & Breuil 1906, p. 267). Obermaier (1925, p. 183) attribua les
omoplates d’Altamira au Magdalénien ancien. Pour Breuil, les omoplates gravées
étaient un gage de sécurité pour la datation de l’art pariétal car elles permettaient de
faire le lien entre leur position stratigraphique et le moment d’exécution de figures
pariétales semblables. Au sein de sa systématique de l’art rupestre paléolithique, il
leur accorda une chronologie allant de la fin du Solutréen au Magdalénien inférieur
(Breuil & Obermaier 1935, p. 188 ; dans des termes similaires, note de bas de page
p. 177), de manière à concilier ainsi les différentes attributions des découvertes
d’Altamira et du Castillo.
Ni les fouilles réalisées à Altamira par Obermaier (1924), dans une zone contiguë
à celle étudiée par Alcalde del Río, ni celles exécutées par González Echegaray &
Freeman (1980/1981), qui travaillèrent localement près de la zone observée par
Obermaier, ne livrèrent de nouvelles omoplates gravées de biches.
En 2006, le Musée d’Altamira a fait la révision de la seule coupe stratigraphique
conservée dans le vestibule intérieur de la grotte, fruit des fouilles précitées ; un
échantillonnage a eu lieu pour effectuer une analyse sédimentologique et obtenir une
batterie de datations au 14C AMS, ce qui a permis de redéfinir la séquence
chronostratigraphique du gisement et de la dater. On trouve maintenant au moins
huit niveaux, contre les deux dont faisait état l’interprétation traditionnelle. En ce qui
concerne l’occupation humaine pendant le Magdalénien inférieur à l’intérieur de la
grotte, on peut aujourd’hui la situer chronologiquement au moins entre 14 910 ± 60 et
15 580 ± 70 BP (Heras et al. 2008 ; Rasines et al. 2009 ; Lasheras et al. sous
presse).
En 2008/2009, des fouilles ont été réalisées à l’extérieur de la grotte d’Altamira
pour situer les niveaux paléolithiques susceptibles de se trouver encore ensevelis
sous le grand éboulement qui détruisit la partie externe de la grotte, il y a quelques
13 000 ans (fig. 16). Cette intervention initiale fut conçue comme un sondage
prospectif limité à une surface de 3 m². À deux mètres de profondeur, un unique
niveau archéologique très noir, d’une épaisseur moyenne de 20 à 22 cm et
présentant d’abondants restes de coquillages et de faune ainsi que des vestiges
d’industries lithique et osseuse (fig. 17), a été découvert. C’est le niveau que nous
appelons ci-dessous sous saillie. On a retrouvé une omoplate gravée dans la coupe
verticale de la zone des fouilles, à la confluence des carrés L16 et M16. Cent ans
après la découverte d’Alcalde del Río, on obtenait enfin une référence exacte de la
position stratigraphique de ces objets à Altamira.
CD-1579
Symposium Art mobilier
Fig. 16. Localisation du niveau magdalénien sous saillie, à l’extérieur de la grotte d’Altamira (fouilles 2008-2009).
(© Cliché P. Saura pour Museo de Altamira.)
Fig. 17. Vue du niveau magdalénien où est apparue la nouvelle omoplate gravée.
(© Cliché P. Saura pour Museo de Altamira.)
CD-1580
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
La nouvelle omoplate décorée : description
La nouvelle omoplate décorée trouvée à Altamira mesure 123 mm de long, 42 mm
de large sur son côté le plus étroit - celui qui coïncide avec la zone articulaire de
l’omoplate - et 48 mm sur son côté le plus large ; son épaisseur maximum est de
26 mm. Elle présente 5 fissures, dont quatre traversent la pièce en diagonale et en
sens contraire, ce qui rend difficile la lecture du décor (fig. 18). Sur la partie
supérieure de l’os, on note une tache causée par l’action du feu tandis que le reste
de la pièce en présente d’autres, uniquement visibles à la loupe.
Fig. 18. Nouvelle omoplate gravée trouvée dans la grotte d’Altamira. (© Museo de Altamira.)
Les gravures, réalisées sur la face plane de l’os, sont extrêmement fines et à
peine visibles sans l’aide d’une loupe binoculaire et d’une lumière rasante ; et même
ainsi, on ne les voit que difficilement (fig. 19).
À la base de cet enchevêtrement de traits, apparaissent quelques lignes
décousues, non figuratives et difficiles à interpréter. Dessus, la gravure d’une figure
complexe, que l’on a pu interpréter en toute sécurité comme étant une tête de biche
doublée d’une deuxième tête. La figure que l’on distingue le mieux est celle qui se
trouve au premier plan : on en distingue le front, les oreilles, le cou et le museau, ce
dernier brusquement achevé, tout droit, comme cela est par ailleurs habituel dans
ces représentations (voir l’omoplate de la grotte de El Mirón et tout particulièrement
celle de la grotte de El Cierro). Le pelage est représenté selon la convention
habituelle par des traits perpendiculaires allant du cou aux oreilles et transversaux
sur le reste de la face (fig. 20).
CD-1581
Symposium Art mobilier
Fig. 19. Vue de détail du décor de l’omoplate. (© Museo de Altamira.)
Fig. 20. Dessin des gravures, avec le détail des deux figures identifiées. (© Museo de Altamira.)
Sous cette figure et parallèlement à elle, se trouve une seconde biche, plus
grande que la première. Il s’agit d’une représentation plus diffuse mais de plus
grande taille, qui présente aussi le museau droit et le tracé strié caractéristique au
niveau du cou et du menton.
Sur le plan de la composition, on ne peut écarter la possibilité d’une superposition
délibérée ou la recherche d’un certain effet de perspective de la part de l’artiste,
comme c’est le cas sur l’une des omoplates de la grotte d’El Castillo, qui présente
plusieurs têtes superposées en enfilade. Quoi qu’il en soit, l’effet obtenu ici est
nettement plus maladroit et l’état de conservation de la pièce et l’extrême finesse de
la gravure ne permettent pas non plus d’apporter de plus amples précisions.
CD-1582
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
Datations 14C par AMS
Le principal intérêt de cette pièce ne réside pas dans son iconographie mais dans
l’extrapolation des données culturelles et chronologiques que l’on peut en déduire,
particulièrement en ce qui concerne sa datation directe.
Jusqu’alors, le seul objet à avoir été daté était une autre omoplate (fig. 4),
également trouvée à Altamira, parmi celles découvertes par Alcalde del Río, et qui
avait donné une date de 14 480 ± 250 BP (Valladas et al. 1992), soit au cours du
Magdalénien inférieur. Il ne faut pas oublier qu’il s’agissait d’une pièce dont
l’extraction remonte au début du siècle, exempte donc de toute référence
stratigraphique précise. Mais le résultat était malgré tout acceptable et résolvait le
problème de la chronologie de ces objets dans la grotte d’Altamira.
La découverte, en 2009, de l’omoplate décorée dans la zone dite sous saillie a eu
lieu dans un contexte archéologiquement contrôlé et précis. Un échantillon d’os
prélevé sur la crête centrale a été daté de 14 830 ± 60 BP, soit une date proche de la
précédente.
Concernant la chronologie de ces gravures, il faut aussi prendre en considération
une troisième datation, indirecte celle-ci : celle provenant d’un trait noir sous-jacent à
la gravure d’une biche typique réalisée par traits multiples, ornant l’une des galeries
de la grotte d’Altamira (fig. 13) (Moure Romanillo et al. 1996). Le trait noir a permis
d’obtenir un âge de 14 650 ± 140 BP, terminus post quem de la gravure, qui suggère
pour cette biche une chronologie proche des datations des omoplates décorées.
14
14
14
Matière
Réf. Lab.
Objet
Niveau
Date C
BP
Date C
cal BP
Date C
cal BC
Charbon
GifA96059
Trait noir
–
14 650
± 140
17 800
± 80
15 850 ± 80
1990
Os
GifA90057
Omoplate
gravée
Solutréen
supérieur
(Alcalde del
Río)
14 480
± 250
17 570
± 250
15 620
± 250
2009
Os
GrA-44928
Omoplate
gravée
Sous saillie
14 830
± 60
17 900
± 40
15 950 ± 40
Année
1996
Tabl. 1. Datations des omoplates portant des gravures de biche et d’un trait peint, dans la grotte d’Altamira.
Le niveau Magdalénien sous saillie, soit ce qui est maintenant l’extérieur de la
grotte, a été daté au 14C AMS. Des échantillons d’os ont été prélevés sur la partie
supérieure et inférieure du niveau, puis envoyés au laboratoire Centrum voor
Isotopen Onderzoek de Groningen tandis qu’un troisième échantillon, également
d’os, a été expédié à un autre laboratoire (Beta Analytic de Miami), à titre d’analyse
de comparaison. Les trois dates obtenues pour le niveau la situent dans une
fourchette d’environ 15 300-15 700 BP, soit au cours du Magdalénien inférieur, et
dans un cadre chronologique compatible avec les niveaux 2 à 4 conservés à
l’intérieur de la grotte (tabl. 2).
CD-1583
Symposium Art mobilier
14
14
14
Année
Réf. Lab.
Objet
Niveau
Date C
BP
Date C
cal BP
Date C
cal BC
2009
GrA-44927
Os
Sous saillie
(inférieur)
15 370 ± 60
18 610 ± 50
16 660 ± 50
2009
GrA-44926
Os
Sous saillie
(supérieur)
15 400 ± 60
18 630 ± 40
16 680 ± 40
2009
Beta-257006
Os
Sous saillie
15 610 ± 80
18 740 ± 50
16 790 ± 50
2006
GrA-27777
Os
1 intérieur
14 070 ± 70
17 230
± 110
15 80 ± 110
2006
GrA-32766
Os
Contact 1/ 2
intérieur
14 910 ± 60
18 150
± 250
16 200 ± 250
2006
GrA-30329
Os
2 intérieur
15 420 ± 70
18 640 ± 40
16 690 ± 40
2006
GrA-30326
Os
4 intérieur
15 580 ± 70
18 720 ± 40
16 770 ± 40
Tabl. 2. Datation du Magdalénien inférieur de la grotte d’Altamira (zone sous saillie et ancienne stratigraphie
intérieure).
Graph. 1. Calibrage des dates du Magdalénien et des gravures à traits multiples de la grotte d’Altamira
(CalPal Hulu, version de mars 2007).
Arrivés à ce stade, la relation objet/niveau ne semble pas aussi évidente que l’on
aurait pu s’y attendre, tout du moins en ce qui concerne la grotte d’Altamira. Les trois
dates (tabl. 1) tracent un cadre chronologique restreint pour les omoplates
d’Altamira, qui ne peut pas être étendu à l’ensemble des omoplates décorées
d’autres sites, dont la datation est celle du niveau archéologique où elles ont été
CD-1584
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
découvertes. Actuellement, la comparaison chronologique que l’on peut effectuer
entre les omoplates est minime : celles des grottes de Rascaño (fig. 9) et Pendo
n’ont pas été trouvées en stratigraphie ; celles de la grotte d’El Juyo sont apparues
au niveau 8, qui n’a pas été daté, bien que pour le niveau 7 on possède une date de
14 440 ± 180 BP. Seules les fouilles de la grotte d’El Mirón (fig. 11) permettent une
mise en relation fructueuse ; l’omoplate n° 1 a été trouvée dans le niveau 17 pour
lequel quatre dates ont été obtenues, mais avec la nuance suivante : « d’un point de
vue stratigraphique, la date de 15 700 est la plus proche du tronçon où a été trouvée
l’omoplate n° 1. » (González Morales, Straus, Marín 2006, p. 493). Nous avons
calibré les dates d’El Miron avec le même programme que celui utilisé pour celles
d’Altamira (CalPAL Hulu, version de mars 2007) (tabl. 3, graph. 2). On peut voir que
les dates du niveau 17 d’El Mirón et du niveau magdalénien sous saillie d’Altamira
sont très voisines et coïncident largement. La moyenne d’El Mirón est de 15 498 BP,
dans une fourchette d’environ 15 300-15 900 BP, et celle d’Altamira est de
15 460 BP, dans une fourchette d’environ 15 300 – 15 700 BP.
Matière
Date
14
C BP
Date
14
C cal BP
Date
14
C cal BC
Os
15 470 ± 240
18 460 ± 330
16 510 ± 330
Os
15 450 ± 160
18 440 ± 290
16 490 ± 290
Charbon
15 700 ± 190
18 870 ± 170
16 920 ± 170
Charbon
15 370 ± 80
18 410 ± 260
16 460 ± 260
Tabl. 3. Datations calibrées du niveau 17 de la grotte de El Mirón.
Graph. 2. Calibrage des dates du niveau 17 de la grotte de El Mirón (CalPal Hulu, version de mars 2007).
CD-1585
Symposium Art mobilier
Discussion
Les deux omoplates d’Altamira (fig. 4 et 18-20) datées directement offrent des
dates similaires entre elles avec une valeur moyenne de 14 655, dans une fourchette
d’environ 14 200-14 900 BP, quelques 800 ans plus récentes que celles
correspondant au niveau sous saillie d’Altamira ou au niveau 17 d’El Miron. Cet état
de fait laisse ouverts deux axes d’interprétation :
1) Les datations directes des omoplates et la date du trait noir sur lequel a été
gravée la biche striée reflètent leur chronologie précise et sa découverte dans des
contextes archéologiques plus anciens pourrait s’expliquer comme étant un
phénomène d’intromission stratigraphique ou d’enterrement anthropique délibéré.
Cette hypothèse ne saurait être négligée, si l’on prend en considération les
circonstances de la trouvaille de la collection d’omoplates d’Alcalde del Río, en
contact direct avec les pointes solutréennes. Bernaldo de Quirós (1994, p. 266)
faisait déjà allusion à cette possibilité lorsqu’il affirmait qu’au cours des fouilles
menées par González Echegaray et Freeman dans la grotte d’Altamira, divers
puits ont été découverts dans le niveau magdalénien. Il n’y aurait donc rien de
surprenant à ce que les omoplates d’Alcalde del Río se trouvent à la base de l’un
d’entre eux, et par conséquent dans la partie supérieure du niveau solutréen.
González Morales et Straus (2009, p. 270) indiquent que le bon état de
conservation de l’omoplate décorée d’El Mirón pourrait être dû à son enterrement
rapide, dans un contexte où des pierres soumises à l’action du feu ont été
retrouvées. Ce qui nous renvoie à la nouvelle omoplate d’Altamira et à ses taches
de brûlé, qu’ont également observées Freeman et González Echegaray (1995)
dans la grotte d’El Juyo.
Si cette hypothèse est la bonne, ce style artistique – également présent sur le
« Plafond de Polychromes » – pourrait être chronologiquement proche de la
réalisation des célèbres « polychromes » d’Altamira et trouver correspondance
dans les occupations humaines de la base du niveau 1 du site archéologique (voir
sa date tabl. 2) (Heras et al. 2008 ; Rasines et al., 2009 ; Lasheras et al. sous
presse).
2) L’autre axe d’interprétation attribuerait aux omoplates ornées de biches et gravées
de traits multiples leur propre cadre chronologique et celui de leur niveau
archéologique. Par conséquent, les gravures – pariétales et sur omoplates –
auraient été exécutées au cours de la plus grande partie du Magdalénien inférieur,
à une date d’environ 14 200-15 900 BP (17 300-19 000 cal BP environ). Les dates
les plus récentes des omoplates obéiraient à un phénomène aléatoire et
casuistique.
Conclusions
La localisation de gravures de têtes de biches à traits multiples et autres
manifestations artistiques mobilières et pariétales affines dans la partie centrale de la
Corniche cantabrique au cours du Magdalénien inférieur, porte à les voir comme
étant des marqueurs de l’identité d’un groupe ou de leur mobilité sur un territoire
limité au cours d’un intervalle chronologique précis. Le cadre géographique des
omoplates gravées dans la région cantabrique présente un front côtier de 150 km
d’est en ouest, depuis El Mirón (vallée du fleuve Asón) jusqu’à El Cierro (vallée du
fleuve Sella), doté de quelques 20 km de fond vers l’intérieur des vallées. On pourrait
CD-1586
HERAS C. et al., Datation et contexte archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira
penser à un territoire de mobilité, d’identité ou d’une certaine communauté culturelle
pour les groupes auteurs de ces représentations, si homogènes qu’elles en sont
presque standardisées, à une époque concrète du Magdalénien inférieur.
Chronologiquement, si l’on applique un critère de datation restreint - les dates
fournies par les deux exemplaires d’Altamira directement datés -, leur chronologie se
situerait à environ 14 200-14 900 BP (environ 17 300-17 950 cal BP). En revanche,
si l’on considère la totalité des dates obtenues dans les niveaux archéologiques qui
contenaient des omoplates, le cadre chronologique s’étend d’un millénaire
supplémentaire, soit environ 14 200-5 900 BP (environ 17 300-19 000 cal BP). Dans
un cas, comme dans l’autre, il semble nécessaire d’accroître le nombre de datations
au 14C AMS des niveaux archéologiques qui contiennent des omoplates, et surtout
d’en obtenir des datations directes.
BIBLIOGRAPHIE
ALCALDE DEL RÍO H. 1906. — Las pinturas y grabados de las cavernas prehistóricas de la provincia de Santander.
Santander : Imprenta Blanchard y Arce, 90 p., 10 ill.
ALMAGRO BASCH M. 1976. — Los omóplatos decorados de la cueva de “El Castillo”, Puente Viesgo (Santander). Madrid :
Museo Arqueológico Nacional, 99 p., 12 pl. (Monografías Arqueológicas ; 2).
BARANDIARÁN MAESTU I. 1972. — Arte mueble del Paleolítico cantábrico. Zaragoza : Universidad de Zaragoza, 369 p.
BERNALDO DE QUIRÓS F. 1994 — Reflexiones en la cueva de Altamira. In : LASHERAS J.A. (ed.), Homenaje al Dr.
Joaquín González Echegaray, p. 261-267. Santander : Museo y Centro de Investigación de Altamira. (Monografías del
Museo de Altamira ; 17)
BREUIL H. & OBERMAIER H. 1935. — La Cueva de Altamira, en Santillana del Mar. Madrid : Tipografía de Archivos,
236 p., 56 pl.
CABRERA V. 1984. — El yacimiento de la cueva de "El Castillo" (Puente Viesgo, Santander). Madrid : Centro Superior de
Investigaciones Científicas, Instituto Español de Prehistoria, 485 p. (Biblioteca Praehistorica Hispana ; 22).
CARTAILHAC É. & BREUIL H. 1906. — La caverne d’Altamira à Santillane près Santander (Espagne). Monaco : Imprimerie
de Monaco, 287 p., 37 pl.
FREEMAN L.G. & GONZÁLEZ ECHEGARAY J. 1995. — The Magdalenian site of the Juyo (Cantabria, Spain): Artistic
documents in context. Bolletino del Centro Camuno di Studi Preistorici, XXVIII, p. 25-42.
GÓMEZ FUENTES A. & BECARES PEREZ J. 1977. — Un hueso grabado en la cueva de “El Cierro” (Ribadesella, Asturias).
In : Actas del XV Congreso Nacional de Arqueología, Lugo, 1977, p. 83-94. Zaragoza.
GONZÁLEZ ECHEGARAY J. & BARANDIARÁN I. 1981. — El Paleolítico superior de la cueva de Rascaño (Santander).
Santander : Dirección General de Bellas Artes, Archivos y Bibliotecas, 359 p. (Monografías del Museo Nacional y Centro
de Investigación de Altamira ; 3).
GONZÁLEZ MORALES M.R. & STRAUS L.G. 2009. — Extraordinary Early Magdalenian finds from El Mirón Cave,
Cantabria (Spain). Antiquity, 83, p. 267-281.
GONZÁLEZ MORALES M.R, STRAUS L.G., MARÍN ARROYO A.B. 2006. — Los omóplatos decorados magdalenienses de
la cueva de El Mirón (Ramales de la Victoria, Cantabria) y su relación con las cuevas de Altamira, Castillo y El Juyo.
Zona Arqueológica, 7 (1), p. 482-491.
HERAS C., MONTES R., LASHERAS J.A., RASINES P., FATÁS P. 2008. — Nuevas dataciones de la cueva de Altamira:
revisión de la cronología artística tradicional. Cuadernos de Arte Rupestre de Moratalla, 4, p. 117-129.
LASHERAS CORRUCHAGA J.A., FERNÁNDEZ VALDÉS J.M., MONTES BARQUÍN R., RASINES DEL RÍO P., BLASCO
E., SOUTULLO B., HERAS MARTÍN C., FATÁS MONFORTE P. sous presse. — La cueva de Altamira: nuevos datos
sobre su yacimiento arqueológico (sedimentología y cronología). In : Actas de la 1ª Mesa Redonda sobre Paleolítico
Superior Cantábrico. San Román de Candamo (Asturias), 26-28 Abril de 2007. Santander, Universidad de Cantabria.
(Monografías del Instituto Internacional de Investigaciones Prehistóricas de la Universidad de Cantabria)
MONTES R. & MUÑOZ E. 2001. — Omóplatos grabados de la cueva de El Pendo (Escobedo de Camargo, Cantabria). Nivel
Cero, 9, p. 63-69. Santander.
CD-1587
Symposium Art mobilier
MOURE ROMANILLO J.A., GONZÁLEZ SÁINZ C., BERNALDO DE QUIRÓS F., CABRERA VALDÉS V. 1996. —
Dataciones absolutas de pigmentos en las cuevas cantábricas: Altamira, El Castillo, Chimeneas y Las Monedas. In :
MOURE ROMANILLO J.A. (ed.), “El hombre fósil” 80 años después: volumen conmemorativo del 50 aniversario de la
muerte de H. Obermaier, p. 295-324. Santander : Universidad de Cantabria.
OBERMAIER H. 1925. — El hombre fósil [2ª ed. aum.]. Madrid : Museo Nacional de Ciencias Naturales, 457 p., XXVI pl.
RASINES DEL RÍO P., MONTES BARQUÍN R., LASHERAS CORRUCHAGA J.A., MUÑOZ FERNÁNDEZ E., HERAS
MARTÍN C., FATÁS MONFORTE P. 2009. — Los Tiempos de Altamira: un proyecto de investigación de la cueva de
Altamira y su entorno paleolítico. In : Medio Siglo de Arqueología en el Cantábrico Oriental y su entorno, Actas del
Congreso Internacional del Instituto Alavés de Arqueología, Vitoria-Gasteiz, 27-30 Noviembre 2007, p. 709-728. Álava :
Diputación Foral de Alava, Instituto Alavés de Arqueología.
VALLADAS H. 1992. — Direct radiocarbon dates for prehistoric paintings at the Altamira, Castillo and Niaux caves. Nature,
357 (6367), p. 68-69.
WENINGER B., JÖRIS O., DANZEGLOCKE U. 2004. — Glacial radiocarbon age conversión. Cologne radiocarbon
calibration and palaeoclimate research package <CALPAL> User manual. Köln : Universität zu Köln. Institut für Ur- und
Frühgeschichte.
Citer cet article
HERAS C., LASHERAS J.A., RASINES P., MONTES R., FATÁS P., PRADA A., MUÑOZ E. 2012. — Datation et contexte
archéologique de la nouvelle omoplate gravée découverte à Altamira. In : CLOTTES J. (dir.), L’art pléistocène dans le
monde / Pleistocene art of the world / Arte pleistoceno en el mundo, Actes du Congrès IFRAO, Tarascon-sur-Ariège,
septembre 2010, Symposium « Art mobilier pléistocène ». N° spécial de Préhistoire, Art et Sociétés, Bulletin de la
Société Préhistorique Ariège-Pyrénées, LXV-LXVI, 2010-2011, CD : p. 1571-1588.
CD-1588

Documentos relacionados